dim 07 décembre 2025 - 06:12
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La main droite et la main gauche dans la chaîne d’union

Je vous avais parlé il y a quelques semaines des gants chez certains maçons plus sales que leurs chaussettes. Tout naturellement, je me devais ensuite de vous entretenir des mains qui les enfilent.

Si vous le voulez bien, nous allons donc discuter aujourd’hui de la Chaine d’Union. Vous savez, ce moment béni du GADLU (enfin pour ceux qui y croient) où tous les Frères et Sœurs qui s’aiment peuvent se donner la main dans un pur moment de fraternité.

Lorsqu’on arrive pour la première fois en Loge, avouez quand même que c’est troublant. On vous remet des gants tout neuf pour ne rien faire de vos dix doigts pendant deux heures. Puis, vous les enlevez précisément au moment où ils pourraient vous protéger des microbes des autres. C’est alors là que les problèmes commencent. Chaines courte ou chaine longue ? Certains croisent les bras, d’autres les écartent. Qui croire dans tout cela ? Parlons maintenant des mains, certains se les tordent pour qu’elles restent accrochées à celles du voisin. On n’y comprend plus rien et il convient de remettre de l’ordre dans tout cela au plus vite. J’ai appelé un vieux maçon qui a réponse à tout et j’ai l’immense honneur de vous annoncer que j’ai enfin la réponse à toutes ces questions. Je vais donc partager avec vous le sens car il y en a un ! Pour garder l’anonymat du vieux maçon en question, nous l’appellerons donc Roger D.

Commençons par les mains : Roger D. m’explique que la main gauche est paume vers le haut et la main droite paume vers le bas. Car il semblerait qu’il y ait une main qui reçoit (paume vers le haut) et une main qui donne (paume vers le bas). Ainsi on reçoit de la droite pour que l’énergie tourne dans le sens des aiguilles d’une montre, et on donne vers la gauche. Le problème avec la chaine longue c’est que l’énergie tourne dans le mauvais sens, il faut donc croiser les bras pour inverser le sens de circulation et retrouver l’harmonie du sens dextrogyre.

La minute culture passée, vous devez vous demander pourquoi je vous parle de tout cela ? En fait, j’ai été interpelé par cette histoire de main qui reçoit et de main qui donne.  Cela voudrait dire qu’un maçon équilibré est un Frère ou une Sœur qui sait donner aux autres et qui sait aussi recevoir des autres.

  • Mais alors pourquoi la solidarité en Loge est-elle aussi mole ? : « Il existe les services sociaux qui font cela très bien» me direz-vous.
  • Pourquoi les Obédiences sont toutes Charlie, Londres, Nice, Barcelone… si elles ne réussissent pas à être tout simplement Roger, Christian ou Michel dans leurs propres rangs ? : « Ben, je n’ai pas vraiment de réponse à vous donner pour cela»

En fait, tout le monde doit utiliser sa main droite pour payer sa capitation. Les Loges et les Obédiences utilisent bien leur main gauche pour encaisser. Mais quand il s’agit de créer des structures sociales pour aider les Frères et les Sœurs dans la mouise, les doigts sont tous engourdis.

C’est dingue ce truc. Moi j’avais cru que la Chaine d’Union, c’était une répétition générale pour l’entraide et la fraternité. En réalité, elle est aux structures maçonniques, ce que la masturbation est à l’amour, un moyen de se faire la main quoi.

Décidément, je vais retourner voir Monsieur Roger D. car je ne suis pas certain d’avoir bien tout compris à la Franc-maçonnerie.

Bonsoir à bientôt.

Bougies électriques en loge

Depuis quelque temps, la mode en Loge consiste à remplacer les bougies de cire par des bougies électriques. Quelle en est la raison ? La sécurité tout simplement.

Une légende urbaine raconte qu’une grande maison maçonnique de la capitale aurait failli flamber à cause des petites chandelles allumées durant les travaux. On se demande bien comment c’est possible, car depuis 3 siècles, jamais aucun Temple au monde n’a pris feu durant une Tenue et pour cause…  toute la Loge à les yeux rivés sur les piliers. Ce serait bien une étourderie si le sautoir du Vénérable Maitre s’enflammait sans que personne ne réagisse.

Je me suis donc renseigné auprès des intéressés. Que nenni, la vraie raison du départ de l’incendie en question trouve sa cause dans un tableau électrique. Décidemment, comme aurait pu le dire Mark Twain “Un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette son tablier et ses gants.

Le mal était donc fait, il fallait maintenant trouver un coupable. La sanction tomba, plus de feu en Loge. J’ai cru un moment qu’il s’agissait d’un lobbying actif de l’industrie des fabricants d’ampoules qui après avoir anéanti en 2012 le marché de l’ampoule à filament, s’attaquait maintenant au marché de la bougie. Dans un élan de parano, j’ai même pensé qu’on voulait finir d’achever nos amies les abeilles déjà mise à mal par Monsanto et sa production diabolique.

En réalité, il n’en était rien. Cela partait d’un bon sentiment, puisqu’il s’agissait tout simplement de nous protéger. Avouez que c’est quand même amusant d’imaginer remplacer les traditionnelles bougies symboliques par des petites merveilles de technologie qui marchent à l’électricité ; qui entre nous soit dit, font tourner l’industrie nucléaire, ce qui n’est pas très citoyen pour des FF :. et SS :. qui œuvrent pour le bien de l’Humanité, mais bon, passons.

Une idée m’est alors venue : lors de la prochaine gastroentérite en Loge, devra t’on en déduire que l’eau est dangereuse et qu’il faut immédiatement la remplacer par un brumisateur d’eau aseptisée lors des Initiations ?

Sachant que l’air transporte elle aussi de nombreux microbes et bactéries, l’épreuve de l’Air pourrait peut-être subir quelques aménagements ? Je me suis aussitôt mis en quête d’un substitut. Merci au GADLU d’avoir guidé ma recherche, puisque nous sommes sauvés. Il existe dans le commerce des humidificateurs de purification d’air, électrique eux aussi ça va de soi.

Bon résumons-nous, nous nous sommes protégés du feu, de l’eau et de l’air. Sauf en cas de panne électrique où nous risquons de devoir suspendre nos travaux, nous voila désormais protégés des risques majeurs de la Loge.

Il va rester ensuite à installer un portique de sécurité pour remplacer le couvreur à la Porte, car ce dernier oublie trop souvent les mots de semestre, et je ne parle pas des risques de contagion microbienne à force de se faire susurrer des choses aux oreilles.

Puisque nous sommes dans la marche vers le progrès en fraternité, une idée me vient à l’esprit. Et si nous utilisions Itune, vous savez l’application musique d’Apple, pour remplacer les lectures monotones du Rituel des surveillants et du Vénérable Maitre, nous pourrions ainsi nous assurer d’une qualité sonore infaillible, non ?

Je ne sais ce que vous en pensez, mais moi je trouve que nos ancêtres prenaient de sacrés risques en venant en Loge. Avouez quand même que les maçons sont téméraires, ils ont échappés à l’église catholique romaine, à Pétain, à la famille Lepen et maintenant… ils s’opposent avec efficacité aux fléaux de la nature.

Bon, je dois vous laisser, je vais prendre mon traitement, mes antibiotiques et mes gouttes et je fonce retrouver mes Frères de Loge… on a Tenue ce soir.

Bonsoir à bientôt.

A comme Acclamations en Franc-maçonnerie : la voix joyeuse et solennelle de la Loge

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1. Définition et fonction rituelle

Les acclamations sont des interjections collectives, prononcées à voix haute et en chœur par l’ensemble des Frères et Sœurs présents, immédiatement après la batterie (série de coups de maillet) qui marque l’ouverture ou la fermeture des travaux.

Elles constituent la réponse sonore et enthousiaste de la Loge au Vénérable Maître et sont l’un des moments les plus vibrants d’une tenue.

Leur triple rôle :

  • Marquer solennellement l’entrée ou la sortie du temps sacré.
  • Renforcer l’unité et la communion fraternelle.
  • Exprimer la joie d’être ensemble et l’approbation des travaux accomplis.

2. Les principales acclamations selon les rites

Rite / ObédienceAcclamation d’ouvertureAcclamation de fermetureParticularités
Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA)« Houzzé ! Houzzé ! Houzzé ! » (3 fois)« Houzzé ! Houzzé ! Houzzé ! » (3 fois)Prononcé avec vigueur, accent sur la première syllabe « Houz– ». Origine incertaine (hébreu ? cri de guerre écossais ?).
Rite Français (GODF, tradition)« Vivat ! Vivat ! Semper Vivat ! » (3 fois)« Vivat ! Vivat ! Semper Vivat ! » (3 fois)« Qu’il vive ! Qu’il vive ! Qu’il vive à jamais ! » – souhait de pérennité à la Loge et à la Franc-maçonnerie.
Rite Français moderne (GODF depuis 1877)« Liberté ! Égalité ! Fraternité ! » (3 fois)« Liberté ! Égalité ! Fraternité ! » (3 fois)Remplace le Vivat après la suppression du Grand Architecte de l’Univers et l’affirmation laïque.
Rite Écossais Rectifié (RER)« À la Gloire du Grand Architecte de l’Univers ! » (parfois suivi d’un triple « Vivat »)IdemAccent sur la dimension spirituelle et chevaleresque.
Rite d’York / Émulation« So mote it be ! » (réponse aux annonces)« So mote it be ! »Pas d’acclamation hurlée, mais réponse solennelle.
Rite de Memphis-Misraïm« Isis ! Isis ! Isis ! » ou « À la Gloire du Suprême Architecte… »IdemAccent égyptien ou théosophique.

3. Structure rituelle complète (exemple REAA)

  1. Le Vénérable Maître frappe la batterie d’ouverture (ex. : 1 + 3 + 3 + 3 coups).
  2. Il dit : « Frères 1er et 2e Surveillants, annoncez dans vos colonnes que la Loge est ouverte… »
  3. Les Surveillants répètent.
  4. Le Vénérable Maître : « Ensemble, mes Frères ! »
  5. Toute la Loge crie : « Houzzé ! Houzzé ! Houzzé ! »
  6. Le Vénérable Maître : « La Loge est ouverte au nom du Grand Architecte de l’Univers. »

Le même schéma se répète à la fermeture, avec parfois une nuance de ton plus chaleureux.

4. Origine et symbolisme du nombre trois

L’acclamation est presque toujours répétée trois fois :

  • Symbole de la Trinité maçonnique : Sagesse – Force – Beauté.
  • Écho des trois coups de maillet, des trois grades, des trois lumières, des trois piliers.
  • Résonance avec les trois « Vive ! » de la Révolution française.

5. Signification profonde

2 femmes mûres et complices à table pour le thé
  • Joie fraternelle : c’est le seul moment où la Loge peut crier ensemble. Le silence rituel est rompu par une explosion de vie.
  • Unanimité : l’acclamation collective manifeste que tous sont d’accord et en harmonie.
  • Énergie vitale : le cri est un acte de souffle partagé, une sorte d’expiration commune qui scelle l’entrée ou la sortie du sacré.
  • Mémoire historique : le « Houzzé » ou le « Vivat » rappelle les anciens cris de ralliement des bâtisseurs ou des chevaliers.

6. Évolution contemporaine

  • Dans certaines loges très laïques (GODF post-1877), on entend parfois des variantes ironiques ou affectueuses : « Santé ! Santé ! Santé ! » ou « À la bonne vôtre ! » juste avant l’agape.
  • Dans les loges féminines ou mixtes, l’acclamation prend une coloration particulièrement chaleureuse et égalitaire.
  • Certaines loges écologistes ou pacifistes expérimentent des acclamations comme « Paix ! Paix ! Paix ! » ou « Terre ! Terre ! Terre ! ».

7. Citations rituelles célèbres

  • « Que l’acclamation retentisse comme un tonnerre d’amour fraternel ! » (discours d’installation traditionnel).
  • « Par le Vivat, nous affirmons que la Loge est vivante et que la Franc-maçonnerie ne mourra jamais. »
  • « Le Houzzé est le cri du cœur des Maîtres qui ont vaincu la mort symbolique. »

En résumé, les acclamations ne sont pas un simple formalisme : elles sont le battement de cœur sonore de la Loge, l’expression la plus directe et la plus joyeuse de l’unité fraternelle.
Quand la Loge crie « Houzzé ! » ou « Liberté ! Égalité ! Fraternité ! », elle ne fait pas que respecter un rite : elle célèbre qu’elle est vivante, unie et libre.Et c’est peut-être le moment où même le plus discret des Frères sent monter en lui une émotion indescriptible : celle d’appartenir à quelque chose de plus grand que soi.

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A comme Accepté : l’acte fondateur de la Franc-maçonnerie spéculative

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Accepté : l’acte fondateur de la franc-maçonnerie spéculative

1. Étymologie et sens premier

Le mot « Accepté » (en anglais Accepted Mason) désigne, dans la langue maçonnique ancienne, une personne reçue dans une loge de maçons opératifs sans exercer le métier de tailleur de pierre ou de bâtisseur.

Le verbe to accept (du latin acceptare : recevoir favorablement) souligne ici l’idée d’une réception exceptionnelle, d’une admission par grâce ou par cooptation, en dehors des règles corporatives habituelles qui exigeaient un apprentissage de sept ans et la maîtrise du métier.

2. Contexte historique : XVIIe siècle, Écosse et Angleterre

C’est en Écosse, dès la fin du XVIe siècle, que l’on trouve les premières traces écrites de cette pratique.

  • Statuts Schaw (1598-1599) : William Schaw, Maître des Travaux du roi Jacques VI d’Écosse, réglemente les loges opératives, mais laisse déjà la porte entrouverte à des « gentlemen » ou « théoriciens ».
  • Loge de Kilwinning (1599), Mary’s Chapel à Édimbourg (1599) : les plus anciennes minutes conservées mentionnent des « gentlemen masons » ou « accepted masons » admis aux côtés des maçons de métier.
  • Loge d’Aberdeen (1670) : on y compte jusqu’à 40 % de membres non opératifs.

En Angleterre, le phénomène s’amplifie après 1600 :

  • Sir Robert Moray est initié en 1641 dans une loge écossaise sur le sol anglais.
  • Elias Ashmole, antiquaire et alchimiste, est « accepted » le 16 octobre 1646 à Warrington : c’est la première initiation documentée d’un pur spéculatif en Angleterre.

À cette époque, les loges opératives, confrontées à la raréfaction des grands chantiers gothiques, acceptent des intellectuels, nobles, pasteurs ou savants pour des raisons financières (cotisations), sociales (protection) et philosophiques (échange d’idées).

3. La grande transition : de l’Accepté à la Franc-maçonnerie spéculative

Le mot « Accepté » devient le marqueur même du passage de l’opératif au spéculatif :

  • 1717 : création de la Première Grande Loge de Londres et Westminster. Sur les quatre loges fondatrices, trois sont déjà majoritairement composées de « Accepted Masons ».
  • 1723 : les Constitutions d’Anderson consacrent officiellement cette évolution : « Les maçons sont désormais tenus de se conformer à la loi morale, sans distinction de religion ou de nation » → la porte est grande ouverte aux non-opératifs.
  • 1725 : le terme « Free and Accepted Masons » (F∴ & A∴ M∴) apparaît dans les minutes anglaises, puis devient l’appellation officielle (Freemasons).

Le mot « Free » (libre) vient du fait que le maçon opératif devait être « libre » (non serf) et travailler la « free stone » (pierre franche). Le mot « Accepted » vient s’y ajouter pour désigner ceux qui sont reçus sans appartenir au métier.

4. Les « Accepted Masons » célèbres du XVIIe et XVIIIe siècles

  • Elias Ashmole (1646)
  • Sir Robert Moray (1641)
  • Sir Christopher Wren (peut-être initié vers 1660-1680, bien que contesté)
  • John Locke (présumé)
  • Le comte de Desaguliers (Grand Maître 1719, principal rédacteur des Constitutions modernes)
  • Montesquieu (initié à Londres en 1730)
  • Voltaire (initié en 1778 à la loge des Neuf Sœurs, à 83 ans, en tant que « Accepted » célèbre)

5. Sens symbolique et philosophique du mot « Accepté »

Dans la tradition maçonnique, être « Accepté » signifie bien plus qu’une simple admission :

  • C’est l’acte d’ouverture universelle : la maçonnerie dépasse le corporatisme pour devenir une société de pensée.
  • C’est le refus du privilège de naissance ou de métier : seule la valeur morale et intellectuelle compte.
  • C’est la reconnaissance que le véritable « métier » n’est plus de tailler la pierre physique, mais de tailler l’âme humaine.

Le mot porte en lui toute la révolution des Lumières : transformer une guilde médiévale en une école de liberté, d’égalité et de fraternité.

6. Traces actuelles du mot « Accepté »

  • L’appellation officielle de la plupart des obédiences dans le monde anglo-saxon reste « Ancient Free and Accepted Masons » (A∴ F∴ & A∴ M∴).
  • En France, le GODF utilise parfois « Francs-Maçons Acceptés » dans ses textes historiques.
  • Le Rite Écossais Rectifié conserve une forte mémoire de cette période de transition et parle encore des « gentilshommes acceptés » dans certaines de ses légendes.

7. Citation emblématique

« La Franc-maçonnerie est née le jour où le premier homme qui ne savait pas tailler la pierre a été accepté parmi ceux qui la taillaient. »
(phrase attribuée à Oswald Wirth, souvent reprise dans les loges)

En résumé, le mot « Accepté » n’est pas un simple détail historique : il est l’acte de naissance de la maçonnerie spéculative moderne. Sans l’Accepté, il n’y aurait pas eu de Lumières maçonniques, pas de Constitutions d’Anderson, pas de loges ouvertes aux philosophes, aux artistes, aux révolutionnaires. Il incarne la plus belle audace de notre tradition : transformer un métier en chemin de liberté intérieure et universelle.

« J’étais étranger, et vous m’avez accepté. »
C’est en cela que le mot « Accepté » reste, aujourd’hui encore, le cœur battant de la Franc-maçonnerie.

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A comme Acacia en Franc-maçonnerie

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Acacia : le plus célèbre et le plus profond des symboles végétaux de la Franc-maçonnerie

1. Origine biblique et légende d’Hiram

L’acacia entre dans la symbolique maçonnique par la porte de la Légende d’Hiram, qui constitue le cœur du grade de Maître au Rite Écossais Ancien et Accepté, au Rite Français, au Rite Émulation, etc.

Lorsque les trois mauvais compagnons frappent Hiram Abiff et le mettent à mort, ils enterrent son corps sur une colline à l’ouest du Temple, puis plantent une branche d’acacia sur sa tombe pour marquer l’endroit.

Plus tard, les neuf Maîtres envoyés à la recherche du corps d’Hiram reconnaissent la sépulture grâce à cette branche d’acacia qui a reverdi, preuve que la vie triomphe de la mort.

Ils déterrent le corps, le saisissent par la prise du Maître (la « prise des cinq points parfaits de la maîtrise ») et l’exclament : « Mac Benac » (en hébreu : « la chair quitte les os » ou, selon d’autres interprétations : « Il est vivant dans le fils du veuf »).
Le mot de substitution « Mahabyn » ou « Mahabone » est alors donné en attendant de retrouver le Mot véritable perdu avec la mort d’Hiram.

L’acacia devient donc immédiatement :

  • le signe de reconnaissance de la tombe du Maître,
  • la preuve de la résurrection de la vie après la mort,
  • le lien entre la mort physique et la renaissance spirituelle.

2. Pourquoi l’acacia et pas un autre arbre ?

Dans la Bible (et notamment dans l’Exode), l’acacia (en hébreu שִׁטָּה / shittâh) est l’arbre dont Dieu ordonne à Moïse de se servir pour construire les éléments les plus sacrés du Tabernacle :

  • l’Arche d’Alliance (Ex 25,10),
  • la Table des pains de proposition,
  • les autels,
  • les barres de transport,
  • les colonnes du sanctuaire.

C’est un bois imputrescible, très dur, résistant aux insectes et au temps, qui pousse dans les déserts les plus arides (Sinaï, Néguev, Arabie). Il symbolise donc :

  • l’incorruptibilité,
  • la pérennité,
  • la capacité à rester vivant même dans les conditions les plus hostiles.

Les Pères de l’Église (Origène, saint Jérôme, saint Augustin) y voyaient déjà un préfigure du bois de la Croix et de la résurrection du Christ. La Franc-maçonnerie spéculative du XVIIIe siècle reprend cette double tradition biblique et chrétienne, mais la laïcise et l’universalise.

3. Significations maçonniques principales de l’acacia

A. L’Incorruptibilité du Maître
L’acacia marque que le vrai Maître reste pur même dans la mort. Le corps physique peut être frappé, mais la partie immortelle (l’âme, la conscience, la lumière intérieure) ne se corrompt pas.

B. L’Immortalité de l’âme
C’est le symbole le plus répandu : « L’acacia me fait connaître que l’âme est immortelle. »
On le retrouve dans presque tous les rituels du 3e degré et dans les discours funèbres maçonniques : on pose une branche d’acacia sur le cercueil ou dans la fosse du Frère défunt.

C. La Résurrection – Renaissance initiatique
Le Maître maçonnique « meurt » symboliquement (passage par le cabinet de réflexion, mort d’Hiram) pour renaître à une nouvelle vie. L’acacia qui reverdit sur la tombe est le signe que la vie spirituelle jaillit toujours du tombeau.

D. La Pureté et l’Innocence retrouvée
Dans plusieurs rites, on dit que l’acacia est « toujours vert », donc toujours pur. Il évoque l’état d’innocence du cœur nécessaire pour accéder aux mystères supérieurs.

E. La Timidité et la Discrétion
L’acacia est un arbre modeste, épineux, qui ne cherche pas à s’imposer. Il rappelle au Maître la nécessité de l’humilité et de la discrétion (« Je suis acacia, je me connais » est une formule que l’on entend parfois dans certaines loges).

4. L’acacia dans les rituels et les décors

  • Au 3e degré : une branchette d’acacia est souvent posée sur le tapis de loge ou sur le cercueil symbolique.
  • Dans les loges de perfection (4e au 14e degré du REAA) : on le retrouve sur les tableaux de loge.
  • Dans les cérémonies funèbres : la branche ou la couronne d’acacia est l’équivalent maçonnique du cyprès antique ou du lys chrétien.
  • Bijoux et sautoirs : de nombreux bijoux de Maître portent une petite branche ou une feuille d’acacia en argent ou en or.
  • Devise célèbre : « L’acacia me fait connaître l’innocence de mon cœur » (Rituel du Maître au Rite Français).

5. Variations selon les rites et les obédiences

  • Rite Écossais Ancien et Accepté : accent très fort sur l’immortalité de l’âme.
  • Rite Français (GODF) : insiste davantage sur l’incorruptibilité morale et la pureté.
  • Rite Émulation / rites anglo-saxons : l’acacia est parfois remplacé ou complété par le « sprig of cassia » (branche de cassier), mais le symbolisme reste identique.
  • Rites égyptiens (Misraïm, Memphis-Misraïm) : l’acacia est parfois rapproché de l’isis végétante ou du sycomore sacré de l’Égypte antique.

6. L’acacia dans la poésie et la littérature maçonnique

Oswald Wirth : « L’acacia est le buisson ardent qui ne se consume pas. »
Albert Pike (Morals and Dogma) : « The acacia, the symbol of resurrection and immortality, teaches us that the soul survives the body. »
Dans les chansons de table : « Que l’acacia nous rappelle / Que l’âme est immortelle… »

7. En 2025 : un symbole toujours vivant

Aujourd’hui encore, dans toutes les obédiences (GODF, GLDF, DH, GLMF, etc.), lorsqu’un Frère ou une Sœur décède, on dépose une branchette d’acacia sur sa tombe.
Dans certaines loges écologistes ou « vertes », on plante réellement un acacia dans les jardins maçonniques en mémoire des défunts.En résumé, l’acacia est bien plus qu’un simple végétal dans la Franc-maçonnerie : il est le témoin silencieux de la mort initiatique, le garant de l’immortalité de l’âme, le rappel de l’incorruptibilité du Maître et le signe que, même au plus profond de l’hiver spirituel, la vie reverdit toujours.

« Je suis acacia : je me connais et je connais mon immortalité. »

C’est sans doute le symbole le plus universellement reconnu et le plus émouvant du 3e degré maçonnique.

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