Les amateurs de réflexion et de dialogue initiatique sont invités à marquer leur calendrier pour le dernier volet des Entretiens d’Été 2025, organisé par le Collège Maçonnique. Ce jeudi 4 septembre 2025 à 19h30 (CEST), l’événement intitulé Migrations… Odyssées du Vivant s’achèvera sur une note profonde avec la conférence Du Profane à l’Initié, animée par deux figures emblématiques de la pensée maçonnique : Catherine Quentin et Jean Dumonteil.
Cette session, accessible gratuitement via Zoom, promet d’explorer les voyages symboliques qui jalonnent le chemin initiatique, une thématique qui résonne avec les mutations contemporaines et les quêtes de sens.
Une exploration des migrations et des voyages initiatiques
Catherine Quentin
Depuis le début de l’année, les Entretiens d’Été 2025 ont offert un voyage intellectuel à travers les notions de migrations, d’évolutions et de transformations, examinées sous divers angles : les avancées médicales, l’intelligence artificielle, les mutations sociétales et l’évolution de l’éthique. Ce cycle s’est enrichi d’une dimension maçonnique en s’intéressant aux « voyages » symboliques proposés aux francs-maçons, une errance intérieure qui invite à un changement de perspective et de manière d’être. Ces voyages, bien que qualifiés d’imaginaires, soulèvent une question essentielle : ne sont-ils pas plutôt une quête inlassable de sens, une exploration d’une réalité plus profonde que le quotidien ?
Jean Dumonteil
Catherine Quentin et Jean Dumonteil, experts reconnus dans leurs domaines respectifs, apporteront leur éclairage sur cette transition du profane à l’initié. Leur conférence promet de dépasser la simple métaphore pour interroger la profondeur de cette démarche, un thème central dans la tradition maçonnique qui invite à repenser l’existence à travers l’initiation.
Les intervenants : une alliance de savoir et d’engagement
Catherine Quentin, issue d’une formation classique et philosophique, a débuté sa carrière comme enseignante d’allemand avant de se tourner vers la communication stratégique. Après avoir collaboré avec des figures comme Michel Baroin et dirigé la communication de structures telles que la CAPEB, l’ANCV et PRO-BTP, elle a rejoint la Grande Loge Féminine de France. Actuellement Grand Commandeur du Suprême Conseil Féminin de France, elle est une voix respectée, enrichissant les travaux maçonniques par ses planches et articles.
Jean Dumonteil, quant à lui, apporte une perspective complémentaire avec ses études en théologie morale et exégèse biblique, suivies d’une carrière en journalisme et développement social. Membre de la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française, il a été Vénérable Maître de la loge nationale de recherche et promeut une spiritualité active à travers des ouvrages comme Éloge du local (Éditions de l’Aube, 2023) et Au Centre de la Loge, les symboles maçonniques restitués (Numérilivre, 2025).
Une clôture inspirante avec Christian Roblin
Christian Roblin
La soirée du 4 septembre s’achèvera par les conclusions de ce cycle 2025, prononcées par Christian Roblin, Président du Collège Maçonnique. Sous la médiation d’Alain-Noël Dubart (Ancien Grand Maître de la Grande Loge de France) et Marie-Thérèse Besson (Ancienne Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France), cette session offrira un moment de synthèse et de prospective, fidèle à l’esprit ouvert et fraternel des Entretiens d’Été.
Un accès universel et gratuit
Conformes à leur vocation inclusive, toutes les conférences des Entretiens d’Été sont gratuites, ouvertes à tous, enregistrées et disponibles en replay sur le site du Collège Maçonnique www.collegemaconnique.fr ou via https://collegemaconnique.fr/entretiens-dete/videos-des-conferences-entretiens-dete/. Cette accessibilité permet à chacun, profane ou initié, de s’immerger dans ces réflexions profondes, prolongeant ainsi le dialogue au-delà de la soirée.
Une invitation à la réflexion
À l’aube de cette nouvelle étape des Entretiens d’Été, le 4 septembre 2025 à 19h30, Catherine Quentin et Jean Dumonteil nous invitent à embarquer dans une odyssée intérieure, où les migrations du vivant rencontrent les voyages symboliques de l’initiation. Que vous soyez novice ou familier de la pensée maçonnique, cette conférence promet d’ouvrir des perspectives nouvelles sur la quête de sens dans un monde en mutation. Inscrivez-vous dès aujourd’hui pour ne pas manquer ce moment de partage et de lumière.
De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz
« Le problème du monde, c’est que les gens stupides sont certains de tout, et les gens intelligents sont pleins de doutes. »
Ces mots de Bertrand Russell résonnent comme une mise en garde intemporelle contre les pièges de la certitude absolue. Dans la continuité de notre réflexion sur la quête de vérité, cet article explore la tension entre certitude et doute, et leur rôle dans le chemin initiatique, en s’appuyant sur des perspectives philosophiques, historiques et spirituelles. À l’heure où le dogmatisme et le fanatisme continuent de marquer nos sociétés, comment la franc-maçonnerie, en particulier au sein de l’Ordre maçonnique mixte international Le Droit Humain, peut-elle nous guider vers une sagesse équilibrée, mêlant humilité et discernement ?
L’illusion de la certitude : un obstacle à la fraternité
La certitude, lorsqu’elle devient inflexible, peut se transformer en un frein à l’épanouissement individuel et collectif. Comme l’illustre Russell, l’arrogance de croire « j’ai toujours raison » est l’apanage des dictateurs, non des leaders. Un véritable leader maçonnique, incarne une approche différente : il propose, écoute et analyse en équipe, favorisant le dialogue et la collaboration. La certitude, lorsqu’elle est érigée en dogme, devient l’ennemie du travail d’équipe, essentiel à la démarche maçonnique qui prône l’union pour le bien commun.
Le dogmatisme et le fanatisme, souvent nés d’une quête de sécurité psychologique, prospèrent sur des certitudes absolues. L’histoire en témoigne tragiquement : de la Sainte Inquisition, qui brûlait les hérétiques au nom de vérités religieuses, aux régimes totalitaires du XXe siècle – Hitler, Mussolini, Staline – qui ont semé la guerre et la souffrance pour imposer leurs idéaux, la certitude mal placée a causé des ravages. Ces exemples montrent que le problème n’est pas la certitude en soi, mais son maintien aveugle, dépourvu d’humilité et de remise en question.
L’humilité épistémologique : une arme contre le dogmatisme
L’humilité épistémologique, qui consiste à reconnaître les limites de notre savoir, est une discipline essentielle pour distinguer une connaissance valide d’une croyance infondée. Comme l’écrivait Thomas Hobbes dans Leviathan (1651), les êtres humains sont mus par un désir incessant de pouvoir, et la certitude devient souvent une arme pour asseoir ce pouvoir. Karl Popper, défenseur de la société ouverte, affirmait quant à lui que le dogmatisme étouffe la pensée critique, annihilant toute possibilité de progrès. Le danger réside non dans la croyance, mais dans l’étroitesse d’esprit, comme le soulignait Protagoras :
« La pire forme d’ignorance est d’être certain de ce que l’on ignore. »
Un bol tibétain, pour faire du son méditatif
Dans le bouddhisme, l’attachement aux opinions est considéré comme une source de souffrance. Cette idée trouve un écho dans le chemin initiatique maçonnique, où le doute est sacré. La vérité ne s’impose pas comme une révélation figée ; elle se découvre à travers une quête dynamique, faite d’exploration et de questionnement. Georges Ivanovitch Gurdjieff, mystique et créateur de la Quatrième Voie, allait jusqu’à dire que « le rêve des certitudes est le plus grand ennemi de l’éveil ». Pour le maçon, abandonner le besoin de certitudes absolues revient à retirer des feuilles sèches d’un étang, laissant place à la clarté de l’introspection.
La justice : entre certitude des principes et doute dans l’application
La justice humaine illustre parfaitement cette tension entre certitude et doute. Le Code d’Hammourabi, avec son principe d’« œil pour œil », était considéré comme juste en son temps, mais apparaît aujourd’hui comme une rigidité excessive. Comme l’expliquait Aristote, « l’équité corrige la rigidité des lois », tandis que John Rawls, dans sa théorie de la justice comme impartialité, soulignait que la justice ne repose pas sur une vérité absolue, mais sur une approximation raisonnée. Une justice humaine, imparfaite par nature, exige des principes clairs – comme l’égalité devant la loi – mais aussi une humilité dans leur application, prenant en compte les circonstances et les nuances.
Dans le cadre maçonnique, cette réflexion s’applique à la manière dont les loges abordent les questions éthiques et sociétales.
Le doute initiatique : une voie vers la sagesse
Sur le chemin initiatique, la certitude absolue est un obstacle, car elle ferme les portes du discernement. Le maçon, en quête de lumière, apprend à embrasser le doute comme un outil sacré. Comme le suggère l’adage hermétique
« Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas »
la vérité n’est pas une loi immuable, mais une invitation à explorer les correspondances entre le microcosme et le macrocosme. Croire « je sais déjà » équivaut à stagner spirituellement, car, comme le souligne Gurdjieff, l’égo spirituel est un frein à l’éveil.
Le véritable initié ne craint pas le doute ; il redoute l’arrogance de penser qu’il n’y a plus rien à découvrir. Avant chaque méditation, le maçon est invité à se défaire de son besoin de certitudes, répétant mentalement :
« Je ne cherche pas des réponses, mais de la profondeur dans les questions. »
Cette démarche, empreinte d’humilité, permet de cultiver un équilibre entre certitude et doute, où la première donne du sens à l’action et le second garantit l’ouverture d’esprit.
Vers une sagesse dynamique
Fil a plomb au dessus du Pavé moisaïque
La certitude, lorsqu’elle est dénuée d’humilité, est un piège qui enferme l’esprit dans l’illusion de la vérité absolue. Le doute, loin d’être une faiblesse, est une force qui ouvre les portes de la découverte et de la fraternité. En franc-maçonnerie, cette dialectique entre certitude et doute est au cœur de la quête initiatique. Comme le souligne Protagoras, l’ignorance véritable réside dans la certitude aveugle.
En cultivant l’humilité et en embrassant le doute, le maçon s’engage sur un chemin dynamique, où la vérité ne s’impose pas, mais se révèle à travers la patience, le dialogue et la quête incessante de lumière.
La Fontaine Saint-Michel de Paris attire comme un aimant les parisiens et les touristes depuis son inauguration en 1860, un succès qui semble aller de soi puisqu’elle est située au carrefour de voies parisiennes majeures de circulation traçées par le baron Haussmann. Les passants aiment à se croiser en ce lieu particulier donnant à la vie en mouvement une autre densité et au temps présent le sens d’un rendez-vous avec les autres et avec soi-même. Puis ils passent leurs chemins et redeviennent les badauds d’une vie ordinaire, loin de ce lieu et de ce moment insaisissables pour des esprits rationnels accrochés à l’aspect extérieur des choses.
Saint-Michel Dragon Portrait à Paris
Ce monument semble tout faire pour désorienter les badauds par une composition d’ensemble et des motifs éclectiques sans cohérence, tout au moins en apparence. Dès son inauguration, les critiques s’en prirent à la polychromie de ses matériaux, à la profusion de statues de sculpteurs différents annulant leur talent individuel, et même à l’emplacement du monument devant un mur, et non au centre de la place.
Pourtant, la coloration des volumes de la fontaine conçue par l’architecte Gabriel Davioud permet de la distinguer des immeubles monochromes qui l’entourent, tout en répondant au cahier des charges d’une composition chromatique précise. Ainsi, les vasques et le bassin sont en pierre de Saint-Ylie (Jura) d’un gris jaune nuancé de rouge ; le rocher de l’archange en pierre bleue de Soignies (Belgique) ; le reste de l’élévation en pierre blanche de banc royal de Méry (Oise). Les marbres sont aussi utilisés en abondance : rouge, blanc ou vert. Et Davioud joue avec les patines du bronze : claire pour l’archange, plus foncée pour le diable.
L’archange Saint-Michel Portrait
Les férus de symbolisme qui voient au-delà des apparences soupçonnent derrière cette polychromie d’ensemble une composition symbolique racontant une histoire aux chapitres illustrés par des couleurs différentes, une base en forme de vasque d’eau et un sommet couronné donnant un sens global à l’histoire. Cette symbolique offerte aux regards des passants avertis les projette dans la verticalité dès qu’ils suivent la direction indiquée par le doigt levé de l’archange Saint-Michel. Mais aussitôt après, l’archange ramène les regards à lui, à l’épée flamboyante qu’il tient en main droite, au démon qu’il terrasse, et globalement au combat victorieux du bien contre le mal qu’il incarne et symbolise. Car Saint-Michel en occident est plus qu’un symbole et incarne la conscience spirituelle active face au chaos.
Saint-Michel Dragon Portrait
Le christianisme n’a jamais représenté Saint-Michel triomphant définitivement de ses ennemis, mais comme le témoin actif d’une tension permanente entre lui et un dragon vivant prêt à le blesser à mort, et avec lui les chevaliers à la conscience spirituelle endormie. Mais cette tension intérieure est aussi une source d’énergie mise à profit par les adeptes de l’alchimie spirituelle pour se battre contre leurs propres dragons et se transformer intérieurement. L’issue positive de ce combat glorifiée par les artistes alchimistes de la Renaissance, tel Albrecht Dürer, est le terrassement de ce dragon intérieur. Même si ce combat se prolonge indéfiniment et son issue se fait attendre désespérément, tous les coups donnés au dragon marquent la mémoire des chevaliers combattants, comme est intégrée en soi-même « la geste » de Saint-Michel à l’issue nécessairement positive.
La Fontaine Saint-Michel représente la progression et les stades successifs de ce combat des chevaliers par un ensemble de symboles alchimiques. Les étages de pierres successivement lisses et rugueuses des deux pans latéraux et de la niche où œuvrent Saint-Michel et les chevaliers qui s’y reconnaissent et s’y projettent, symbolisent cette succession de vécus intérieurs faciles et difficiles accompagnant leur transformation intérieure.
Macarons du couronnement
Les colonnes de marbre rouge et blanc, aux châpiteaux corinthiens, encadrent deux macarons circulaires et leurs motifs de bronze vert, symboles du lion rouge et du lion vert et du moment où le lion vert mange le soleil et devient le lion rouge. Une tête de lion solaire surmonte chaque colonne pour célébrer ce triomphe solaire, et à l’aplomb des têtes de lions, sur des socles prennent place les quatre vertus cardinales : la Prudence, la Force, la Justice, et la Tempérance, emblèmes actifs de l’Œuvre alchimique encadrant dans la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes le tombeau de François II de Bretagne et de Marguerite de Foix.
Macarons gauche et droit
Ces vertus encadrent deux écus où s’enlacent les deux lettres majuscules M et S, initiales des éléments clés de l’Œuvre, le Mercure et la Soufre, qui après s’être combattus aux stades précédents des pierres lisses et rugueuses, sont à présent en paix et prêts à donner naissance au REBIS androgyne. Des pommes de pin, symboles universels de la glande épiphyse et du troisième œil des êtres éveillés spirituellement, encadrent aux angles supérieurs des écus des visages d’angelots contemplant avec bienveillance l’œuvre accomplie. En bas des écus, des cornes d’abondance gratifient les « œuvrants » des fruits matériels et spirituels de leur travail intérieur, offerts à présent sans compter par la vie.
Frise Saint Jacques
Cette vie gratifiante des alchimistes épanouis intellectuellement, mentalement, et spirituellement, est célébrée par la frise centrale entre les écus et les vertus, et symbolisée par des boucles en rotation, symboles des pensées en mouvement se croisant avec intelligence et harmonie, véritables générateurs de beauté et d’énergie. Des angelots volent et se laissent porter avec joie dans ces courants d’air et ces tourbillons, le tout dans dans une profusion de feuilles d’acanthe, symboles d’immortalité et de résurrection. Cet état bienheureux pourrait même faire tourner la tête des alchimistes s’ils n’avaient pas la maîtrise de l’Art Royal, l’art de fixer certaines limites à ces tourbillons, comme ici par un cadre aux proportions définies ; une allégorie du « fixe » et du « volatil » des alchimistes qui fixent le volatil, avant de rendre volatil le fixe, et ceci indéfiniment.
Fronton Puissance et modération
Car après ce triomphe solaire, l’Œuvre se poursuit sous d’autres influences et d’autres cieux figurés par la partie supérieure de la fontaine où trônent la Puissance et la Modération soutenant les armes de Paris, le tout sous une puissante couronne, droit dans l’axe vertical central de la fontaine. Mais ce niveau spirituel de l’Œuvre échappe aux alchimistes qui doivent juste entretenir une tension intérieure pour se laisser aspirer par un au-delà qui les transcende. Les boucles et les entrelacs qui s’enchaînent verticalement de part et d’autre du panneau central supérieur où est inscrite la dédicace de la fontaine, traduisent cette aspiration individuelle dans un autre espace-temps. Les lacs d’amour des tableaux de loges maçonniques tracés horizontalement en sont le prélude collectif. Tout le symbolisme ultime de cette élévation spirituelle est ainsi déjà présent dès les premiers degrés des rites maçonniques, comme est présente la lumière dans la « pierre noire » initiale de l’Œuvre alchimique frappée de son épée par l’archange Saint-Michel pour en faire jaillir une fontaine.
Vierge noire Portrait
Le travail sur la Pierre des Maçonnes et Maçons équivaut ainsi à la recherche et la préparation de la pierre intérieure par les alchimistes, symbolisée par les « vierges noires » en occident. « C’est la « vierge » et la « mère des métaux » que les textes décrivent comme un corps noir, d’aspect peu attirant, un individu déshérité de la grande famille des minéraux. Elle est pourtant à l’origine de la « fontaine de jouvence » dont l’eau dispense aux êtres des trois règnes « vie, force, et santé ». Traditionnellement, la première opération des travaux du « premier œuvre » consiste à frapper ce « rocher », considéré comme le « patient » avec une verge de fer, pour en faire sortir l’eau mercurielle qu’il contient avec abondance. Cette réalité expérimentale est voilée dans les traités, l’iconographie et les légendes, sous les images de chevaliers combattant des dragons, ou du jaillissement miraculeux de sources sortant d’un rocher ou du pied d’un vieux chêne.
Griffons Fontaine Saint-Jacques
« Le produit ainsi obtenu a reçu le nom de « griffon », animal fabuleux, mi-lion mi-aigle, à la fois fixe et volatil, qui passait pour veiller sur les trésors (comme les deux griffons veillant sur la fontaine devant les vasques). Ce vocable désigne aussi l’endroit précis d’où jaillit une source d’eau minérale. Dans la fontaine Saint-Michel, l’eau sortant de la roche tombe successivement dans trois vasques superposées où elle subit trois décantations, image des trois purifications requises pour la réussite de l’opération canonique. Si la roche noire qui donne naissance à la source figure le patient ou la « femelle » (mercure), l’agent ou le « mâle » (soufre) est évidemment Saint-Michel lui-même, et son instrument est le feu sidéral représenté ici par l’épée dite « flamboyante » parce que sa lame imite les ondulations de la flamme. » (Paris et l’Alchimie, Bernard Roger)
La Fontaine Saint-Michel est ainsi l’allégorie de l’Œuvre alchimique dans son ensemble, de son commencement à des fins spirituelles qui dépassent les œuvrants eux-mêmes. Chaque phase y est magnifiée sous les ciseaux de sculteurs inspirés et guidés par Gabriel Davioud, et sans doute aussi par des maîtres anonymes. Il y a encore beaucoup à dire sur les correspondances entre cette eau de source et l’eau du corps des alchimistes, sur le sens alchimique des armoiries de Paris « un écu dont le champ est de gueules, à la nef d’argent, au chef d’azur, semé de fleurs de lys d’or », sur les volutes baroques et les projections verticales de la conscience dans la partie supérieure de la fontaine, sur les cornes d’abondance et leurs cascades de fruits gratifiant chaque projection en son au-delà spirituel …
Pour développer ces points et prolonger cet exposé écrit,
Patrick Carré donne rendez-vous à ses lecteurs devant la Fontaine Saint-Michel le samedi 11 ocobre 2025 à 10h, pour une conférence interactive (durée 2h).
Un groupe WhatsApp sera créé à cette occasion pour accueillir les participants, après demande par mail à l’adresse patricarre@orange.fr
Il sera demandé aux participants d’apporter un livre du conférencier pour participation aux frais.
Les livres « Francs-Maçons Alchimistes », « Dürer Alchimiste », « Nous sommes tous Androgynes », « L’Epopée alchimique (poèmes), incluant le CD Le Flambeau », sont à commander chez les libraires et les grands distributeurs sur internet, ou directement à l’éditeur LiberFaber à l’adresse (avancer dans la page vers le bas et choisir parmi les auteurs) :
(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)
Déjà septembre et le temps de reprendre le chemin des Loges. Certaines et certains s’interrogent et songent à suspendre leur fréquentation. Un peu de lassitude, des soucis personnels, des changements dans leur vie. La motivation s’essouffle. Il faut dire que le climat général est assez déboussolant, de quelque côté que l’on se tourne, d’aussi près et d’aussi loin que l’on considère le monde. On peut, dans ces circonstances, avoir tendance à se replier sur soi-même. Il faut réagir.
Tout d’abord, la pratique régulière de la Franc-maçonnerie demeure un puissant antidote au coup de blues et un bon traitement d’appoint des mélancolies plus profondes.
J’évoquais une pratique régulière, non point au sens des obédiences qui se seraient à elles seules arrogé une reconnaissance exclusive de régularité, mais au sens d’une pratique qui suit fidèlement son calendrier.
La régularité renvoie, certes, ensuite, à la constance que l’on met dans la recherche comme dans l’application des règles que l’on entend suivre. Il s’agit d’une saine discipline de l’esprit, même s’il arrive que l’on n’en perçoive pas toujours, dans l’instant, une portée concrète possible, surtout quand on traverse personnellement ou dans son environnement des périodes troublées, bref quand on se sent un peu démuni face aux événements que l’on subit. Cependant, ce travail sur soi qui ne s’interrompt pas aide à ne pas sombrer davantage et à conserver une conscience mieux adaptée aux situations qu’on est appelé à vivre et, si possible, à transformer.
Enfin, la régularité englobe et couronne les deux acceptions précédentes quand elle en vient à qualifier cette patience qu’on appelle parfois équanimité voire à revivifier en soi ce fonds de sagesse que les traditions immémoriales n’ont cessé d’enseigner aux hommes, avec, on le sait, de trop modestes succès. Et c’est pour cette raison que l’on ne peut concéder à la barbarie, à la sottise et à l’aveuglement le déplorable abandon d’un idéal que sont parvenus à conserver, malgré tout, des êtres sur lesquels se sont abattues d’immenses calamités. C’est là, d’ailleurs, que se noue le lien avec la fraternité.
La fraternité résulte, primo, de cette solidarité originelle sans laquelle l’espèce humaine n’aurait pu apprendre ni progresser, forgeant et perfectionnant des outils de siècle en siècle et sur plusieurs millénaires.
Groupe de Femmes massai alignée dans le désert avec des robes coloorées
C’est ainsi, d’ailleurs, secundo, que l’on ne saurait restreindre cette fraternité aux seuls liens de parenté naturelle ou d’étroite amitié unissant des personnes qui se connaissent mais qu’au-delà, on souhaiterait la voir régner entre les tribus et les peuples dans une aspiration commune à la justice et à la paix – jusqu’à ce rêve qui nous parcourt intimement d’être capable d’aimer tous les hommes ou d’accepter, du moins, que ce soit possible, indépendamment des cultures, des croyances et des convictions, sachant qu’irréductiblement, l’autre est notre semblable dans les aspects fondamentaux de sa vie.
C’est pourquoi, tertio, nous ne pouvons mieux employer notre intelligence qu’à cultiver les conditions de l’entente et de l’harmonie, c’est-à-dire à nous respecter mutuellement et à vivre ensemble dans un monde par nature divers mais dans un esprit de clémence et de concorde. Est-ce naïf de s’y employer sans relâche, d’autant plus que nous n’oublions pas – cruelle évidence – que l’œuvre de civilisation, à toutes époques et sous tous les cieux, n’a cessé d’être accompagnée de guerres ?
Pour finir, je vous dois une confidence sur mon inspiration de ce jour : un des premiers frères, déjà aguerri, avec qui j’avais noué des liens d’amitié quelques mois même avant mon initiation, il y a plus de quarante ans, avait énoncé avec gravité qu’il y avait trois règles en franc-maçonnerie : « la régularité, la régularité et la régularité ! », m’invitant à y réfléchir tout au long de mon parcours. Quand, vingt-cinq ans plus tard, alors qu’à soixante-seize ans, il traversait encore tout Paris en métro pour venir en loge, je rappelais à ce cher Robert D. sa sentence ternaire, il fit mine de s’en étonner et fredonna comme on le ferait d’un refrain, en adoucissant sa voix :
« Aujourd’hui, je dirais : la fraternité, la fraternité et la fraternité ! »
Je dédie cette chronique à sa mémoire car, non seulement, je la lui dois, mais, surtout, vous imaginez bien que ses simples mots, encadrant un quart de siècle, continuent de me guider.
La franc-maçonnerie, depuis sa fondation officielle à Londres en 1717, s’est positionnée comme un espace d’union pour des individus de diverses origines, transcendant les barrières raciales, religieuses et idéologiques. Cet idéal d’universalité a particulièrement résonné dans le monde séfarade, où les Juifs d’origine espagnole et portugaise ont trouvé dans les loges maçonniques un moyen d’intégration sociale et d’émancipation dans des sociétés souvent restrictives à leur égard.
Les origines et l’influence séfarade en Angleterre
Dès le XVIIe siècle, les Juifs séfarades, majoritaires parmi les communautés juives britanniques, ont joué un rôle notable dans l’histoire maçonnique. Un personnage clé, le rabbin Yehuda Yacob León (1603-1675), surnommé le « Temple du Lion », a contribué à l’élaboration de plans pour la reconstruction du Temple de Salomon. Ces plans, adoptés par la Grande Loge des « Anciens » en 1751, ont marqué le blason de cette institution et, plus tard, celui de la Grande Loge Unie d’Angleterre. Ce symbole illustre l’influence des idées séfarades dans les débuts de la franc-maçonnerie moderne.
Avec la publication du Livre des Constitutions en 1723 par le pasteur James Anderson, la franc-maçonnerie anglaise a établi des principes universels, attirant des membres de diverses confessions, y compris des Juifs séfarades comme Francis Francia, considéré comme le premier franc-maçon juif connu en Angleterre. Pour les Juifs, la franc-maçonnerie offrait une opportunité d’intégration dans une société anglaise encore marquée par des restrictions contre les non-chrétiens.
L’expansion maçonnique et les juifs séfarades
L’universalité de la franc-maçonnerie a également attiré des membres d’autres confessions, comme les musulmans en Égypte, où les loges ont prospéré, intégrant des élites sociales. En Terre Sainte, la franc-maçonnerie a marqué son retour symbolique en 1868 avec la fondation de la Loge de Réclamation par l’Américain Robert Morris dans la grotte de Sédécias, marquant le rétablissement de l’ordre dans une région considérée comme son berceau spirituel.
Le mythe judéo-maçonique et la propagande
Cependant, l’association entre les Juifs et la franc-maçonnerie n’a pas toujours été perçue positivement. Dès le début du XIXe siècle, en France, l’idée d’une conspiration judéo-maçonnique a émergé, associant les Juifs et les francs-maçons comme des forces menaçant l’ordre établi. Ce mythe, amplifié dans l’Europe catholique, notamment pendant la « Question romaine » à la fin du XIXe siècle, a trouvé un écho particulier en Espagne sous le régime franquiste. Entre la guerre civile espagnole et la Seconde Guerre mondiale, la propagande franquiste a diabolisé les Juifs et les francs-maçons, les accusant d’être responsables des maux du pays. Cette rhétorique antimaçonnique, souvent teintée d’antisémitisme, présentait les deux groupes comme une menace unifiée.
La Kabbale et les racines juives de la Franc-maçonnerie
La Kabbale dans la franc-maçonnerie en Russie avant et après 1800
Les liens entre la franc-maçonnerie et le judaïsme, en particulier la Kabbale, ont souvent été soulignés, parfois de manière controversée. Des figures comme Joseph Lehmann, prêtre catholique converti au judaïsme, et le rabbin Isaac Wise ont affirmé que la franc-maçonnerie était profondément influencée par le judaïsme, voire par une forme « pervertie » de celui-ci. Wise, en 1855, déclarait que « la franc-maçonnerie est une institution juive », tandis que l’archevêque de Port-Louis à Madagascar soutenait que la Kabbale était la clé philosophique de l’ordre maçonnique. Même Théodore Herzl, en 1897, voyait dans les loges maçonniques un outil stratégique pour le projet sioniste, bien que leur « but ultime » restât, selon lui, incompris des non-Juifs.
Les loges séfarades et leur rôle
Les francs-maçons séfarades, en raison de leur héritage linguistique et culturel, rejoignaient naturellement les loges hispanophones, où les rituels étaient pratiqués dans leur langue. Ces loges, imprégnées des enseignements kabbalistiques, ont renforcé l’idée d’une connexion profonde entre la franc-maçonnerie et le judaïsme séfarade, bien que cette relation ait souvent été exagérée ou déformée par les discours antisémites.
Conclusion
La Franc-maçonnerie dans le monde séfarade illustre un croisement fascinant entre universalisme et identité culturelle. En offrant un espace d’intégration et de dialogue, elle a permis aux Juifs séfarades de naviguer dans des sociétés souvent hostiles, tout en alimentant des mythes conspirationnistes qui ont perduré dans l’histoire. Cette dualité – entre émancipation et stigmatisation – fait de l’histoire de la franc-maçonnerie séfarade un sujet riche et complexe, révélateur des tensions et des aspirations des communautés juives dans le monde moderne. (à suivre…)
Lire La Petite Histoire de la franc-maçonnerie de Roger Dachez, c’est entrer dans un récit où l’érudition se fait flamme vive, où l’histoire documentée dialogue sans cesse avec le mythe fondateur.
La Petite Histoire de la franc-maçonnerie
Ce livre ne se contente pas de restituer des faits ou des dates, il nous fait éprouver ce moment mystérieux où la pierre brute du passé devient pierre cubique dans le Temple de notre mémoire.
Roger Dachez, médecin, professeur agrégé et universitaire, président de l’Institut Maçonnique de France (IMF) et directeur de la revue Renaissance Traditionnelle (RT), a consacré plus de trente ans à explorer ce continent symbolique. Ses ouvrages innombrables, de Des maçons opératifs aux francs-maçons spéculatifs – Les origines de l’Ordre maçonnique, (EDIMAF, coll. « L’Encyclopédie maçonnique », 2001) à La Véritable Histoire du grade de Maître – Hiram et ses Frères (Dervy, 2023) et
De Salomon à James Anderson-L’invention de la franc-maçonnerie
De Salomon à James Anderson – L’invention de la franc-maçonnerie (Dervy, 2023) en passant par Les premiers hauts grades écossais – L’énigme des origines (1730-1800),coécrit avec John Belton (OE), forment déjà une constellation essentielle pour qui veut comprendre la tradition initiatique.
Nous avions déjà eu l’occasion, sur 450.fm, de chroniquer son précieux ouvrage Les mots essentiels pour comprendre… La franc-maçonnerie(Cairn, coll. Les mots essentiels pour comprendre, 2024), qui proposait une claire introduction à travers un lexique raisonné et éclairant. Dans cette nouvelle synthèse, il met à la portée du lecteur un cheminement complet, comme si nous suivions pas à pas les Frères et Sœurs qui ont édifié cette mystérieuse construction fraternelle depuis les bâtisseurs de cathédrales jusqu’aux loges contemporaines.
Dès les premiers chapitres, surgissent les images des chantiers médiévaux. Dans l’effort d’hommes voués à une existence brève et rude, travaillant souvent à une œuvre dont ils ne verraient pas la fin, se dessine une vision bouleversante de la condition humaine tendue vers l’infini. Cette cathédrale intérieure, où la pierre équarrie devient symbole de l’âme façonnée, constitue la première matrice de l’Art royal. Les Anciens Devoirs, les Statuts de William Schaw en Écosse, l’énigmatique Masonry du XVIIᵉ siècle anglais viennent ensuite tisser le passage de l’opératif au spéculatif. L’auteur y montre comment se prépare, à travers ces expériences, la naissance d’un ordre initiatique destiné à transformer le métier en tradition spirituelle.
Un pas décisif survient avec l’année 1717 et la création à Londres de la Grande Loge. Ce qui aurait pu demeurer une confrérie confidentielle devient, à la faveur des Constitutions d’Anderson, une institution porteuse d’un message universel. L’événement, modeste dans ses formes, est gigantesque dans ses conséquences. Roger Dachez en restitue les acteurs, de Désaguliers à Newton, et révèle la manière dont l’esprit de tolérance et de réconciliation de l’Angleterre hanovrienne a façonné le visage de la franc-maçonnerie moderne.
La greffe française, dès 1725, confère à la Maçonnerie une tonalité singulière. Nourrie par les Lumières, par le souffle des philosophes et par le discours de Ramsay, elle devient un espace d’expérimentation spirituelle et fraternelle, où l’universalisme s’allie à une quête de régénération sociale. Condamnée par l’Église, suspectée par le pouvoir, elle n’en attire pas moins les élites, les artistes et les penseurs, révélant l’évidence d’une sève nouvelle circulant dans le corps de la société.
Le récit de Roger Dachez embrasse alors les grandes convulsions du temps. La Révolution française et l’Empire montrent combien la Maçonnerie épouse les bouleversements politiques, oscillant entre effondrement et survie, entre loges fermées et loges refuges. Le XIXᵉ siècle fait de l’Ordre une puissance internationale, mais aussi un terrain de tensions idéologiques, jusqu’à la rupture entre obédiences. La IIIᵉ République incarne pour beaucoup un âge d’or, où l’influence des loges irrigue la vie intellectuelle et politique, mais où s’élève aussi la haine tenace d’un antimaçonnisme virulent, qui connaît son apogée avec l’affaire des fiches et les campagnes de dénigrement.
Le XXᵉ siècle est celui de la tourmente. La franc-maçonnerie subit l’oppression totalitaire, la dissolution et la clandestinité, avant de renaître à la Libération. Roger Dachez décrit avec justesse ce moment de recommencement, où l’Ordre doit à la fois restaurer sa mémoire et s’interroger sur sa place dans un monde nouveau. Viennent alors les débats contemporains qui l’animent encore : régularité et reconnaissance, dialogue avec les religions, fidélité aux traditions initiatiques face à une modernité incertaine.
La Petite Histoire de la franc-maçonnerie
Ce parcours n’est jamais une simple chronique historique. Il révèle la respiration profonde d’un ordre à la fois institution et mythe, histoire et légende, miroir de la société et chemin initiatique. L’auteur met en garde contre les fausses pistes – illusions templières, confusions avec le compagnonnage – pour mieux faire apparaître la véritable nature de la Maçonnerie : une métamorphose continue, une transmission toujours réinventée, un travail inlassable de l’homme à la recherche de sa propre lumière. Nous lisons ces pages comme nous entrerions dans une loge, en franchissant un seuil, en acceptant de nous perdre dans un labyrinthe où chaque salle en ouvre une autre, où la lumière ne se découvre qu’à mesure que nous avançons.
Ainsi La Petite Histoire de la franc-maçonnerie devient une grande méditation sur la tradition initiatique elle-même. Elle nous rappelle que la Maçonnerie ne vit pas seulement dans ses mythes et ses rituels, mais dans la fidélité à une quête : celle de l’homme qui taille la pierre de son être pour trouver la juste proportion entre l’ombre et la clarté. À ce parcours, Roger Dachez ajoute une chronologie finale, brève et limpide, qui n’est pas un simple appendice documentaire mais une pierre de fondation offerte au lecteur. Elle constitue un outil pédagogique essentiel, permettant de situer les étapes, d’ordonner la mémoire et de poursuivre le voyage avec des repères sûrs.
Cairn
La Petite Histoire de la franc-maçonnerie
Roger Dachez – Cairn, coll. La Petite Histoire, 2025, 232 pages, 14,50 €
De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz
Dans l’ombre vacillante des chandelles d’une loge ou sous la lumière crue de nos questionnements modernes, une interrogation résonne avec une force intemporelle : la certitude est-elle la vérité, ou un voile qui nous éloigne de celle-ci ? Inspiré par l’épître aux Hébreux (11:1) –
« La foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas »
Ce texte explore ce duel philosophique, religieux et psychologique, avec un regard particulier porté sur la franc-maçonnerie. Alors que le monde vacille entre certitudes imposées et doutes salvateurs, plongeons dans cette quête de sens où l’humilité et la raison tracent le chemin vers la lumière.
Une relativité universelle
Portrait d’Albert Einstein (Photo d’Oren Jack Turner, Princeton, N.J.)
Nous vivons dans un monde où tout est relatif. Albert Einstein, avec sa théorie de la relativité, a bouleversé notre perception de l’espace et du temps, prouvant que même les lois physiques sont malléables. Les juristes interprètent les lois humaines, les philosophes dissèquent les mots, et pourtant, quand quelqu’un parle avec une assurance inébranlable, nous sommes tentés de le croire. Mais de quelle certitude parlons-nous si tout est sujet à révision ? Cette question, fascinante, traverse les sphères religieuses, où la foi s’appuie sur l’invisible, philosophiques, où le doute est roi, et psychologiques, où la certitude devient un outil de persuasion.
La certitude : un masque d’autorité
Dans le discours quotidien, la certitude projette une aura de pouvoir. Un patron qui hésite perd son autorité ; un politicien qui doute est vite écarté. Cette illusion de vérité, souvent déguisée en commandement, sert à manipuler, à dominer. Dans les arènes politiques et exécutives, elle est récompensée, tandis que le doute est perçu comme une faiblesse. Les religions, parfois, encouragent cette posture, étouffant l’esprit critique des fidèles. Pourtant, comme le rappelle l’inscription du temple de Delphes – « Je sais seulement que je ne sais rien » –, cette certitude peut masquer une ignorance profonde.
La vérité : une quête au-delà des opinions
La Vérité
Contrairement à la certitude, la vérité échappe aux qualifications et aux opinions. Elle est, simplement. Mais comment y accéder ? La franc-maçonnerie, loin de s’ancrer dans des dogmes, privilégie le doute comme moteur de la connaissance. Son enseignement central – l’existence d’un « Être supérieur » – n’est pas une certitude imposée, mais une intuition à explorer. En méditant sur les symboles – l’équerre, le compas, la pierre brute –, le maçon transcende la raison pour atteindre l’intuition, cet « organe spirituel » qui guide vers la lumière. Ici, la certitude cède la place à une quête humble et ouverte.
Le doute : porte d’entrée de la sagesse
Friedrich Nietzsche
Socrate, avec son humilité intellectuelle (« Je sais seulement que je ne sais rien »), et Nietzsche, critique des certitudes dogmatiques, nous enseignent que le doute est le berceau de la connaissance. Une étude de l’Université Harvard (2019) révèle que ceux qui utilisent des mots comme « peut-être » ou « probablement » inspirent davantage de confiance à long terme. La science elle-même progresse en remettant en question ses acquis, proclamant à chaque découverte : « Voilà ce que nous savons jusqu’à présent. » Ceux qui en savent le moins s’accrochent aux certitudes avec une précision aveugle, tandis que la sagesse s’épanouit dans la reconnaissance de ses limites.
À première vue, certitude (conviction absolue) et humilité (acceptation de l’ignorance) semblent opposées. Une certitude sans humilité glisse vers l’arrogance et le fanatisme, tandis qu’une humilité sans ancrage devient inefficace. Jorge Luis Borges le dit avec éclat : « Le doute est l’un des noms de l’intelligence. » La véritable sagesse réside dans un équilibre dynamique : savoir quand s’appuyer sur une certitude pour agir, et quand laisser le doute ouvrir de nouvelles portes. En loge, cette danse entre les deux façonne l’initié, qui apprend à tailler sa pierre avec assurance mais sans présomption.
Enjeux initiatiques pour les Francs-maçons
Pour le maçon, ce débat est une invitation à l’introspection. La certitude, si elle manipule dans le monde profane, doit être tempérée en loge par le travail symbolique. Le Fil à Plomb, ancré dans la gravité, rappelle l’alignement avec le réel, tandis que le doute, comme le Réseau Activateur, ouvre à de nouvelles perspectives. Les symboles – V.I.T.R.I.O.L., l’équerre – enseignent que la vérité émerge du questionnement, non de l’imposition. Face aux défis modernes – désinformation, polarisation –, la franc-maçonnerie peut guider vers une sagesse qui allie action et humilité, rejetant l’arrogance pour embrasser l’évolution.
Une réflexion contemporaine
Alors que les réseaux sociaux amplifient les certitudes tranchantes, cette leçon résonne avec urgence. Les leaders qui s’accrochent à des vérités figées risquent de nous éloigner de la lumière. En revanche, ceux qui osent douter, comme les scientifiques revisitant leurs théories, tracent un chemin vers l’avenir. La Franc-maçonnerie, avec son appel à l’intuition et à la fraternité, offre un refuge où la quête de vérité prime sur l’illusion de la certitude.
Vers une Lumière humble
Certitude ou vérité ? Ni l’une ni l’autre ne s’impose seule. La franc-maçonnerie nous enseigne que la sagesse naît de l’harmonie entre une certitude ancrée dans l’expérience et un doute qui éclaire le chemin.
Comme Socrate, osons dire « Je ne sais rien » pour mieux apprendre. Que cette réflexion inspire vos travaux en loge et au-delà – la lumière jaillit de l’humilité !
Sources :
Épître aux Hébreux (11:1), Harvard Study (2019), pensées de Socrate, Nietzsche, Borges.
Chroniques discrètes d’un apprenti qui écoute (et qui commence à comprendre)
Il est tard. L’écran me regarde avec son œil froid, comme un miroir sans tain. Je suis là, seul, devant des mots que je ne comprends pas toujours, des symboles qui me glissent entre les doigts, des phrases qui semblent écrites pour d’autres. Mais je reste. Parce que quelque chose me dit que derrière ce vernis, il y a une vérité. Une lumière. Ou du moins, une chandelle.
On m’a parlé de la franc-maçonnerie comme d’un monde ancien, mystérieux, codé. Des tabliers, des colonnes, des mots perdus. Des hommes qui se réunissent dans des temples sans dieux, pour parler de choses qu’on ne dit pas. Et moi, apprenti lecteur, je suis là. Je lis. J’écoute. Je ne suis pas initié, mais je suis curieux. Et parfois, c’est suffisant.
1 – La pierre brute : le commencement est toujours rugueux
On commence toujours par une pierre. Une pierre brute, informe, un peu comme moi. Les anciens bâtisseurs la taillaient pour élever des cathédrales. Les maçons modernes la polissent pour élever l’âme. Enfin, c’est ce qu’on dit. Moi, je suis encore à l’étape où je me demande si je tiens le bon outil. Est-ce une truelle ? Un compas ? Un dictionnaire symbolique ? Je lis les textes. Je vois des références à Hiram, à Salomon, à des temples que je n’ai jamais visités. Et je me dis : “Mais pourquoi tout commence toujours par un meurtre ?”
2 – Le Livre des Morts : ou le Livre de la Vie
Avant les colonnes du Temple, avant les versets de la Genèse, il y avait les papyrus. Les anciens Égyptiens ne parlaient pas de mort comme d’un effacement, mais comme d’un voyage. Le Livre des Morts, qu’on devrait peut-être appeler « Livre de la Vie », est un guide pour l’âme. Un manuel de navigation pour traverser l’invisible.
Chaque formule, chaque invocation, chaque image est une clé. On y parle de pesée du cœur, de jugement, de vérité. Mais surtout, on y parle de passage. De transformation. De dépouillement.
Et moi, apprenti lecteur, je découvre que ce livre n’est pas si éloigné de mon propre chantier. Car tailler la pierre, c’est déjà mourir un peu à ce que l’on croyait être. Et lire les symboles, c’est apprendre à se lire soi-même.
Dans le Livre des Morts, l’âme doit répondre à quarante-deux juges. Elle doit dire : “Je n’ai pas menti. Je n’ai pas volé. Je n’ai pas tué.” Mais elle doit surtout prouver qu’elle a vécu en vérité. Et cette vérité, dans la franc-maçonnerie comme dans la vie, ne se mesure pas en dogmes, mais en actes silencieux.
Le papyrus devient miroir. Le cercueil devient berceau. Et la mort devient initiation.
3 – Maât : la pesée de l’âme et le jugement silencieux
Il y a des soirs de tenue où le silence pèse plus que les mots. Où les regards échangent des vérités que les colonnes ne peuvent contenir. Ce soir-là, un frère a présenté une planche sur la justice. Pas celle des tribunaux, mais celle du cœur. Il a parlé de Maât, la déesse égyptienne de l’ordre cosmique, de la vérité, de l’équilibre. Et moi, assis dans l’ombre, j’ai senti que quelque chose se pesait en moi.
Plume et Pierre dans une balance
Dans le Livre des Morts, l’âme du défunt est placée devant une balance. D’un côté, une plume, celle de Maât. De l’autre, le cœur du défunt. Si le cœur est plus lourd que la plume, l’âme est dévorée. Mais si elle est légère, elle peut continuer son voyage.
Et je me suis demandé : que pèserait mon cœur ce soir ? Pas en fautes, mais en silences. Pas en erreurs, mais en vérités non dites. Pas en savoirs, mais en actes.
La franc-maçonnerie ne juge pas. Elle ne condamne pas. Mais elle invite à se peser soi-même. À déposer son cœur sur l’autel intérieur, et à le regarder sans détour. À se demander si l’on vit selon Maât, non pas selon des lois, mais selon une justesse intime.
Dans cette loge, ce soir-là, la balance n’était pas visible. Mais elle était là. Dans le silence après la planche. Dans le regard du Vénérable. Dans le battement discret de mon propre cœur.
Et je me suis dit : peut-être que l’initiation, c’est cela. Apprendre à peser son âme. Et à l’alléger, jour après jour, jusqu’à ce qu’elle puisse voler.
4 – La Bible : entre mythe fondateur et manuel d’architecture divine
L’arche de Noé
La franc-maçonnerie aime la Bible. Pas pour prêcher, mais pour symboliser. Le Temple de Salomon, c’est le chantier idéal. Hiram, l’architecte assassiné, c’est le martyr du secret. Et moi, je découvre que la Genèse est aussi un plan de construction :
“Que la lumière soit.” Premier acte maçonnique. Et puis il y a les nombres. Les mesures. Les alliances. Les noms qui résonnent comme des mots de passe. Noé, l’initié du déluge. Moïse, le législateur du désert. Et Salomon, bien sûr, celui qui bâtit avec sagesse, mais dont le temple finit par tomber. Comme quoi, même les plans divins ont besoin de révisions.
5 – La Kabbale : quand les lettres deviennent des briques
Et puis, au détour d’un texte, je tombe sur la Kabbale. Pas celle des grimoires poussiéreux, mais celle des lettres qui dansent. Chaque mot devient un monde. Chaque lettre, une porte. Le nom de Dieu, imprononçable, devient un chantier à lui seul. On me dit que le monde a été créé avec 22 lettres. Moi, j’ai du mal à finir un paragraphe sans me perdre. Mais je sens que derrière ces jeux de chiffres et de formes, il y a une logique. Une géométrie sacrée. Et peut-être, un peu de poésie.
Et je comprends que dans la franc-maçonnerie, chaque mot prononcé est aussi une pierre posée sur le chantier du sens, une lettre vivante dans l’édifice intérieur.
6 – La lumière : elle ne vient pas toujours d’en haut
On parle beaucoup de lumière. Celle de Prométhée, celle des Lumières, celle du chandelier. Mais moi, je découvre une autre lumière. Celle qui vient quand on comprend enfin une phrase obscure. Celle qui naît d’un regard échangé dans le silence. Celle qui éclaire non pas le monde, mais le coin de notre esprit qu’on n’avait jamais exploré.
7 – Maître Eckhart : le silence au cœur de la lumière
Et puis, au détour d’un silence, je tombe sur une phrase. Elle ne vient ni d’un rituel, ni d’un traité, ni d’un temple. Elle vient d’un homme qui parlait peu, mais qui disait l’essentiel :
« L’œil avec lequel je vois Dieu est le même œil avec lequel Dieu me voit. »
Statue de Socrate
Maître Eckhart ne cherchait pas à bâtir des cathédrales. Il cherchait à les faire tomber, celles que nous construisons en nous, avec nos certitudes, nos titres, nos savoirs. Il ne parlait pas de lumière comme d’un flambeau, mais comme d’un dépouillement. Et moi, apprenti lecteur, je comprends que la quête n’est pas d’ajouter, mais d’enlever. Pas d’accumuler des symboles, mais de les traverser. Pas de comprendre, mais de consentir à ne pas comprendre.
Eckhart rejoint Socrate dans le doute, Spinoza dans l’unité, Camus dans l’acceptation. Et la franc-maçonnerie, dans sa forme la plus nue, devient alors ce qu’elle a toujours été : Un espace pour se taire ensemble. Un lieu pour écouter ce qui ne s’écrit pas. Un chantier où l’on apprend à ne plus construire, mais à être.
8 – Le Château de l’âme : franchir les demeures intérieures
Chateau d’Arginy
Et dans ce silence, une autre voix résonne, celle de Thérèse d’Avila. Elle parle du Château de l’âme. Elle nous invite à entrer en nous-mêmes, à franchir les demeures intérieures, jusqu’à ce centre où Dieu attend sans bruit. Ce château n’est pas à conquérir, mais à habiter. Et chaque pierre retirée, chaque mur tombé, nous rapproche de la chambre la plus secrète, celle où l’âme ne fait plus qu’un avec la lumière.
Ce château ressemble à un temple invisible. Il ne s’élève pas vers le ciel, il descend vers le cœur. Et chaque degré franchi est une chute vers soi. La franc-maçonnerie, dans ses rites, ses silences, ses symboles, propose ce même voyage. Non pas une ascension, mais une immersion. Non pas une victoire, mais une rencontre.
En revanche, le Château de l’âme attribué à Maître Eckhart est un ouvrage distinct, bien que partageant une métaphore similaire.
Il existe donc une correspondance d’idée fondamentale entre les deux œuvres : toutes deux utilisent la métaphore architecturale du château pour représenter l’âme comme un lieu sacré où Dieu habite et où se réalise l’union mystique. Cependant, les nuances sont importantes. Thérèse d’Avila propose un itinéraire structuré en sept demeures, mettant l’accent sur la prière d’oraison, l’humilité comme clé pour chasser les « bêtes venimeuses » du péché, et une expérience progressive de la présence divine. Maître Eckhart, quant à lui, insiste sur une transformation radicale de l’âme, une « naissance » divine qui implique une perte de soi et une union avec le Dieu transcendant, souvent exprimée dans un langage plus abstrait et plus dialectique.
Ainsi, bien que la métaphore du château soit commune, les chemins et les emphases théologiques diffèrent significativement entre les deux auteurs.
9 – Perpignan : la Sanch, ou la marche vers soi
Rue de la Loge, Perpignan (Pyrénées-Orientales).
Et puis, il y a Perpignan. Pas seulement ses pierres chaudes, ses ruelles étroites, ses verres levés en fin de journée. Il y a aussi ce moment suspendu, chaque Vendredi Saint, où le temps semble se retirer. La Procession de la Sanch traverse la ville comme une ombre lente. Des silhouettes encapuchonnées, vêtues de noir ou de rouge, avancent en silence, au rythme d’un tambour sourd. On ne sait plus très bien si c’est une cérémonie, un deuil, ou une prière en mouvement.
Mais pour moi, c’est une initiation. Une marche intérieure, déguisée en tradition. Chaque pas est une question. Chaque silence, une réponse. On ne regarde pas. On ressent. Et dans cette lenteur, dans cette retenue, quelque chose se dépose. Comme une poussière sacrée sur la pierre brute que je suis encore.
La Sanch ne parle pas. Elle ne prêche pas. Elle avance. Et moi, en la regardant passer, je comprends que l’initiation ne se fait pas toujours dans un temple. Parfois, elle se fait dans la rue, au cœur d’un peuple, dans le murmure d’une foi qui ne demande rien, sauf peut-être qu’on marche avec elle.
10 – Le verre de vin : la fraternité en fin de parcours
Coupe sacrée remplie de vin avec du pain
Et puis, il y a le verre. Le verre de Côte du Roussillon, levé entre frères, entre amis, entre compagnons de route. Ce n’est pas le symbole qui compte, ni le rituel. C’est le moment. Le partage. L’humain. On parle de tout. De rien. De ce mot qu’on a perdu, et qu’on ne cherche plus vraiment. Parce qu’au fond, le vrai secret, ce n’est pas le savoir. C’est le lien. Ce n’est pas le silence. C’est le rire discret, celui qui dit : “On est là. Ensemble. Et c’est déjà beaucoup.”
11- Conclusion : Être pierre, être silence, être lumière
Maitre Eckhart jeune
Je suis encore apprenti. Je ne comprends pas tout. Mais je commence à entendre. Et dans ce bruissement, il y a quelque chose qui ressemble à la lumière. Une lumière qui ne parle pas. Une lumière qui ne s’impose pas. Une lumière qui attend.
Maître Eckhart nous murmure : “Dieu est un rien qui est tout.” Thérèse nous montre le chemin : “L’âme est un château, et Dieu y demeure.” La franc-maçonnerie nous donne les outils, mais c’est à nous de les déposer.
Car au bout du chemin, il n’y a pas de savoir. Il y a un consentement. Un dépouillement. Et peut-être, une lumière.
P.S. : Et maintenant je sais que je ne sais pas… Je serai toujours un éternel apprenti.
Notre cerveau sélectionne les informations selon nos croyances, pour en faire notre réalité !
Dans l’univers de la Franc-maçonnerie, la phrase « Je ne vois que ce que je crois et je sais déjà » résonne comme un défi philosophique. Elle met en lumière un duel fascinant entre deux forces intérieures : le Fil à Plomb et le Réticulé Activateur (SAR). Le premier, ancré dans la loi universelle de la gravité, nous ramène au présent, à la rectitude et à la sensation brute du moment. Le second, un filtre cérébral sophistiqué, nous enferme dans nos certitudes passées, optimisant nos choix, certes, mais limitant fortement notre horizon… lorsqu’il ne nous enferme pas parfois dans une radicalisation.
Ce face-à-face, essentiel à la quête initiatique, invite les maçons à explorer leurs croyances et à trouver un équilibre entre ancrage et aspiration. Basé sur des descriptions détaillées, cet article décrypte ces concepts et leurs enjeux pour les Frères et Soeurs, offrant une réflexion profonde sur leur cheminement spirituel.
En préambule il est bon de souligner que l’idée de cet article est venue lorsque quelques lecteurs se sont indignés que notre rédaction « s’acharnait » de manière exclusive et systématique sur un sujet qu’il leur était cher.
L’idée nous est donc venue de réaliser une analyse statistique plus poussée sur cette accusation. Il ressort que le sujet en question (qui ne présente en réalité aucun intérêt) est cité dans 6,10 % des 8 200 articles actuels de 450.fm, avec une information, soit neutre, soit positive. En revanche, il est mentionné dans 0,24 % des cas pour des affaires ou des faits divers. Cela signifie qu’il est valorisé 25 fois plus qu’il n’est critiqué. Pourtant, ces quelques lecteurs qui se sont interrogés n’ont pas fait le tri et sont arrivés à une conclusion totalement erronée. Analysons donc les causes de ce biais cognitif.
Résumons d’abord le rôle symbolique du Fil à Plomb
Le Fil à Plomb, symbole maçonnique emblématique, incarne la loi de la gravité universelle, une force active qui agit sur un outil passif. Présent au-dessus du Naos ou du Pavé Mosaïque selon les rites, mais toujours au centre de la Loge, il orne les sautoirs du Second Surveillant et du Premier Surveillant (Niveau à Plomb). Soumis à l’attraction terrestre, il symbolise la rectitude et l’alignement, rappelant au maçon l’impossibilité de défier les lois naturelles. Il nous ancre dans le présent, loin des illusions du passé ou des espoirs futurs, et nous pousse à nous réconcilier avec l’univers. Si certains veulent voir dans la Franc-maçonnerie un erzats de christianisme ou autre religion, il demeure qu’aucune preuve d’existence divine n’a été donnée à ce jour. Pourtant… la réalité de la loi de la gravité est, et reste, absolument indiscutable. Aucun Franc-maçon à ce jour n’a pas pu démontrer ou contredire ces affirmations.
Résumé du Réseau Activateur (SAR)
Le Réseau Activateur, ou Système d’Activation Réticulaire, est un filtre cérébral situé dans le tronc cérébral, activé par les cinq sens. Il traite des millions d’informations quotidiennes, ne laissant remonter qu’une infime partie à la conscience. En se focalisant sur ce que nous connaissons ou désirons, il attire des opportunités (ex. : recherche d’une voiture) et renforce nos objectifs via un cercle vertueux d’action, de persévérance et d’émotions. Les neurosciences confirment qu’il ne distingue pas l’imaginaire de la réalité, amplifiant ce sur quoi nous nous concentrons. Pour résumer, il fonctionne comme les algorithmes de nos réseaux sociaux. Nous sommes toujours d’accord avec ce que nous lisons puisque ces derniers effectuent un tri pour nous permettre de lire et de voir ce que nous aimons déjà.
Le Fil à Plomb : ancrage et rectitude initiatique
Le Fil à Plomb est bien plus qu’un outil pratique pour les maçons opératifs ; il est une métaphore vivante de la discipline intérieure. En loge, suspendu au-dessus du Pavé Mosaïque, il incarne la loi de la gravité, une force incontournable qui aligne l’âme avec le réel. Comme le Maillet presse le Ciseau pour tailler la pierre, la gravité guide le Fil à Plomb, symbolisant une soumission active à l’ordre cosmique. Ce n’est pas un hasard si le plomb, métal lourd et stable, a été choisi plutôt que l’or éphémère : il représente l’ancrage, la base solide d’une vie alignée.
Fil a plomb au dessus du Pavé moisaïque
Pour le maçon, ce symbole est un rappel constant de rester centré. La gravité, impossible à contrer durablement, nous contraint à accepter les lois universelles – temps, espace, mort – et à trouver l’harmonie entre contraires, comme le feu et l’eau. Cette quête d’équilibre, loin des berges extrêmes de la vie (les épreuves qui nous décentrent), est le cœur du travail initiatique. Le péché, dans son sens grec de « tirer à côté de la cible », devient alors une déviation du Fil à Plomb, une perte d’alignement avec soi et l’univers. Ainsi, le maçon est appelé à cultiver la rectitude, à se maintenir au milieu du fleuve de l’existence, enrichi par le passé mais vivant pleinement le présent.
Le Réseau Activateur : filtre des certitudes et potentiel créateur
À l’opposé, le Réseau Activateur (SAR) agit comme un gardien sélectif de notre esprit. Situé dans le tronc cérébral, il filtre les cinq millions d’informations quotidiennes, ne laissant émerger que ce qui correspond à nos croyances et désirs. Cette efficacité, illustrée par l’exemple de l’achat d’une voiture – recherche, essai, émotion – repose sur un principe simple : « Où va l’attention, l’énergie suit ». Les neurosciences, via des IRM sur des athlètes, confirment que simuler une performance active les mêmes circuits neuronaux que la réalité, prouvant le pouvoir de l’imaginaire.
Pour le maçon, le SAR est une clé d’or, mais aussi un piège. En se focalisant sur ce qu’il connaît déjà, il risque de s’enfermer dans un « pilote automatique » – croyances limitantes ou habitudes confortables. Pourtant, activé consciemment avec persévérance (écriture manuscrite d’objectifs, affirmations positives, immersion sensorielle), il devient un outil de transformation. Imaginer une loge idéale ou une fraternité plus inclusive, puis agir concrètement, nourrit ce système, attirant des opportunités alignées avec la vision.
La loi d’attraction quantique, évoquée ici, trouve un écho dans la foi maçonnique en la puissance de l’intention.
Le duel : entre ancrage et aspiration
Le duel entre Fil à Plomb et SAR est au cœur de la quête maçonnique. Le premier nous ramène à la réalité tangible, nous obligeant à renouveler nos croyances face au présent vivant, nourri du passé mais libre des chimères futures. Le second, en triant nos savoirs, nous propulse vers nos aspirations, mais au risque de nous enfermer dans nos préjugés. Où se trouve la vérité ? Ni dans l’un ni dans l’autre seul, mais dans leur synthèse.
Bijou du 2e Surveillant
Pour le maçon, l’enjeu est de conjuguer ces forces. Le Fil à Plomb enseigne l’humilité face aux lois universelles, un ancrage qui stabilise le travail intérieur. Le SAR, quant à lui, offre un levier pour transcender les limites, à condition de guider consciemment son focus – vers la lumière, la fraternité, la sagesse – et non vers l’ego. Ce dialogue intérieur reflète le V.I.T.R.I.O.L. : descendre dans les profondeurs (Fil à Plomb) pour remonter transformé (SAR). Les épreuves, comme les berges du fleuve, testent cet équilibre, exigeant persévérance et foi.
Implications pour la Franc-maçonnerie
Bijou du 1e Surveillant
Ce duel invite les loges à repenser leur pratique. Le Fil à Plomb appelle à une discipline rituelle rigoureuse, ancrée dans les traditions, pour maintenir l’alignement collectif. Le SAR, en revanche, encourage l’innovation – des planches sur le travail du corps et du souffle ou encore l’implication de l’IA dans nos travaux – en s’inspirant des aspirations modernes. Les surveillants, porteurs de ces symboles, incarnent cette tension : le Second veille à la rectitude, le Premier à l’élévation. Un maçon réalisé harmonise ces pôles, évitant le péché de l’écart et utilisant le SAR pour attirer une fraternité plus dynamique, tout en respectant les lois naturelles.
Un équilibre pour la Lumière
Le Fil à Plomb et le SAR ne s’opposent pas ; ils se complètent dans la quête maçonnique. L’un nous ancre, l’autre nous élève. En maîtrisant ce duel, le maçon forge son chemin vers la vérité, alliant passé, présent et futur dans une harmonie universelle.
Que ce débat inspire vos travaux – la lumière jaillit de cet alignement !
Préparez-vous à un voyage fascinant au cœur de l’imaginaire et de la franc-maçonnerie ! Le samedi 27 septembre 2025, à partir de 10h00, le Musée Maçonnique Suisse à Berne ouvre grand ses portes pour une matinée exceptionnelle dédiée à la symbolique maçonnique dans les bandes dessinées. Avec Joël Gregogna, éminent spécialiste d’Hugo Pratt et auteur prolifique, cet événement promet de révéler les secrets cachés dans les cases de Corto Maltese et Le Triangle Secret.
La journée débutera à 10h00 par les mots de bienvenue de Robin Heizmann, directeur du musée, suivis d’un entretien exclusif avec Joël Gregogna. Modéré par Dominique Alain Freymond, commissaire de l’exposition, cet échange explorera le thème « La symbolique maçonnique dans les bandes dessinées d’Hugo Pratt à Didier Convard ». Des discussions interactives avec le public enrichiront cette plongée, avant une visite commentée de l’exposition à 11h30, ponctuée par une séance de dédicaces avec l’auteur. À 12h15, un apéro généreux clôturera la matinée, offrant une occasion idéale de prolonger les échanges, avec une visite facultative de l’exposition permanente pour les plus curieux.
Joël Gregogna : un expert passionné
Avocat de formation et franc-maçon engagé au sein de la Grande Loge de France, Joël Gregogna, né en 1947, est une figure incontournable de l’ésotérisme dans la bande dessinée. Membre des comités de rédaction des revues Les Cahiers de J. Scot Erigène et Points de vue initiatiques, il a publié des essais majeurs tels que Corto l’initié (Dervy, 2008), Les Arcanes du Triangle Secret (Véga-Glenat, 2010), La Venise de Hugo Pratt (Dervy, 2012) et son dernier opus, Pinocchio (2025). Ses travaux décryptent avec finesse le langage symbolique des bandes dessinées, offrant une clé pour comprendre les liens profonds entre art narratif et tradition maçonnique.
Une exposition à découvrir
Cette manifestation s’inscrit dans le cadre d’une exposition remarquable, ouverte jusqu’en 2026, qui explore la franc-maçonnerie dans le 9e art. Six panneaux bilingues retracent l’histoire de la bande dessinée, son processus créatif (une semaine par page A4 en moyenne) et sept approches maçonniques illustrées par 40 BD originales. Quatre bannières détaillent les contributions d’Hergé, Hugo Pratt, Didier Convard et la vogue des polars ésotériques. Une vidéo de 10 minutes, en français et allemand, répond aux questions du grand public, tandis que 67 dessins humoristiques de François Morel (en vente, livraison en juillet 2026) ajoutent une touche légère. Un catalogue illustré (20 CHF) regroupe les analyses d’Arnaud de la Croix, Joël Gregogna, Jack Chaboud et Dominique Freymond, incluant une interview de Didier Convard. Des BD comme Fable de Venise et L’Épopée de la franc-maçonnerie sont également disponibles à l’achat.
Un cycle de conférences exceptionnel
Cet événement s’inscrit dans un cycle de quatre conférences-dédicaces publiques. Après Didier Convard et Denis Falque le 7 juin 2025, Joël Gregogna prendra la parole le 27 septembre, suivi de Manuel Matthys le 21 mars 2026 et Arnaud de la Croix le 25 avril 2026. Chacune offrira un éclairage unique sur les liens entre franc-maçonnerie et bande dessinée, avec des moments d’échange et de signature.
Un appel à la Fraternité et à la curiosité
Organisée par le Musée Maçonnique Suisse (Jupiterstrasse 40, 3015 Berne), cette journée est une invitation à explorer les mystères de l’initiation à travers l’art. Dominique Freymond, commissaire et membre du Conseil des conservateurs, se tient à disposition pour toute information complémentaire. Que vous soyez maçon, amateur de BD ou simple curieux, ce rendez-vous promet de tisser des liens entre imaginaire et sagesse – une expérience à vivre en personne !Réservez dès maintenant sur https://freimaurermuseum.ch et rejoignez-nous pour un voyage initiatique au pays des cases et des symboles !