jeu 12 décembre 2024 - 16:12

Pour une science en toute conscience  

Les célèbres expériences de Milgram montrent la facilité à obtenir la soumission de l’humain à l’autorité. Restait à décortiquer le mécanisme précis à l’œuvre : c’est chose faite, et la science y joue un rôle. Nous, les maçons, apprenons à devenir conscients des dangers et y résister lorsque nécessaire. 

Nous avons tous été informés des expériences de Stanley Milgram à Yale en 1963. Un homme en blouse blanche donnait l’ordre à des bénévoles d’infliger des chocs électriques à d’autres personnes. Étonnement : ces bénévoles obéissaient « aveuglément » ! La majorité de ces participants à l’expérience acceptaient même d’aller jusqu’aux tensions électriques maximales ( 450 volts ).   Milgram en déduisit ce qu’il appelait « l’état agentique », dans lequel une personne se sent entièrement déchargée de ses responsabilités et obéit sans résistance. Comment se fait-il que notre sens moral se dissolve si rapidement et entièrement ? Serions-nous encore devant cette « banalité du mal » décrite par Hanna Arendt après le procès de Nuremberg ?

La question résonne particulièrement fort en nos esprits de francs-maçons, qui gardons nos valeurs plus présentes à l’esprit que quiconque . Enfin c’est ce que nous avons très envie de croire, n’est-il pas ?

Choquée par ces résultats, la communauté scientifique s’est beaucoup penchée sur ces résultats, et les expériences ont été moult fois reproduites, avec de bons scores de reproductibilité. Le laboratoire recrutait ses cobayes sous le prétexte d’une étude sur les processus d’apprentissage. Les chocs électriques étaient inexistants et la souffrance des personnes les subissant était feinte.

Les chocs étaient soi-disant progressivement augmentés et si un sujet hésitait avant d’augmenter le voltage, le « scientifique » en blouse blanche ordonnait toujours de continuer .

Un premier doute exprimé par les collègues de Milgram concernait la possibilité que le cobaye croie que le sujet ne reçoive pas vraiment les chocs ? C’est pourquoi des expériences similaires furent  réalisées avec des chiots. Devant les aboiements et hurlements du chiot ( lorsqu’il faisait une erreur :  tout ceci était toujours sous prétexte d’apprentissage ), plus de doute possible. Résultat : Les trois quarts des sujets allaient jusqu’à la dose maximale !

Il est temps pour quelques bonnes nouvelles. En analysant en détail les expériences , il faut noter que de nombreux participants expriment un fort soulagement en apprenant que les chocs étaient factices et leurs effets simulés. Autre point :  une bonne partie des participants argumente avec le « scientifique » avant d’augmenter la dose.

Et enfin, il est fréquent que le participant cherche à aider la personne subissant les chocs en lui soufflant les bonnes réponses.

Il faut en conclure que l’état agentique, caractérisé par une «  abdication idéologique » permettant l’acceptation du contrôle total par la personne hiérarchiquement supérieure, est loin d’être aussi net qu’initialement pensé. Les preuves se trouvent dans ces diverses nuances de rébellion feutrée observée.

« Indignez-vous », criait Stéphane Hessel en 2010.

Une autre faille dans la vision simpliste d’une soumission totale réside dans le fait qu’à l’issue de l’expérience , les participants déclarent souvent se sentir responsables d’avoir infligé des souffrances.  

Des expériences récentes ont été menées à Grenoble par les équipes de Laurent Bègue-Shankland. Elles montrent des réactions comparables lorsqu’on remplace le complice humain par un animal , même un poisson, supposé avoir un niveau de conscience plus bas que les mammifères.

Dans le cas du poisson ,on administrait des doses croissantes d’un soi-disant médicament en cours d’étude. On utilisait un robot imitant parfaitement le poisson réel. 30% des participants ont annoncé refuser d’administrer un poison au poisson, mais 53% ont accepté d’aller jusqu’à la dose censée le tuer.

Bien sûr, les mentalités ont évolué depuis les expériences initiales, aussi les chiffres sont à manipuler avec précaution.

Le sésame de la compréhension de cette sociologie humaine, comme si souvent, réside dans nos croyances. Ceux qui acceptent de se soumettre à une autorité le font parce qu’ils y voient du sens, et par la suite ils assument leurs actes. Souvenons-nous des exactions commises au nom des religions, qui n’ont d’ailleurs pas encore été éradiquées de notre vieille terre. Elles étaient et sont toujours commises par des gens qui se soumettent volontairement à leur vérité. Le fil rouge de tout ce qui est ici relaté est une croyance massivement partagée dans nos pays. Cette croyance, c’est que la science poursuit des intérêts supérieurs et qu’il faut contribuer à cet objectif. Le symbole :  la blouse blanche.

Cet état d’esprit autour de l’expérimentation avait été décrit par Claude Bernard comme suit.

« Le physiologiste … savant, c’est un homme qui…n’entend plus les cris des animaux, ne voit plus le sang qui coule, il n’aperçoit que des organismes qui lui cachent des problèmes qu’il veut découvrir ».

Nous les maçons sommes de permanents cherchants de Vérité ; nous sommes aussi en quête de Progrès. Il peut s’agir de progrès personnel comme de progrès collectif, peu importe. Dans ces recherches, la science est un allié de choix, d’où son importance dans nos rituels, surtout au grade de compagnon. Sa force réside dans l’expérimentation et la reproduction possible de l’expérience, permettant au Réel de prendre le pas sur nos envies de croire ceci ou cela. Placée comme telle, la science est bien un moyen et non un but. Mais, serait-elle même un but, que cela ne justifierait toujours pas d’omettre de considérer les conséquences négatives possibles des expérimentations.

Pas question pour nous les maçons de retomber dans des croyances passéistes infondées, mais respectons tous les humains et tout l’environnement.

Rendons hommage à cet humaniste libre-penseur qu’était François Rabelais et son « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » !

1 COMMENTAIRE

  1. Tout cela vient encore d’être illustré par l’obligation “vaccinale” prescrite par des autorités en blouse blanche. Cette expérience médicale (toujours en cours) a produit des millions d’effets secondaires sans empêcher les “vaccinés” d’attraper le virus. Et les plus vaccinés étaient ceux qui voulaient le plus vacciner les autres !

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Patrick Van Denhove
Patrick Van Denhovehttps://www.lebandeau.net
Après une carrière bien remplie d'ingénieur dans le secteur de l'énergie, je peux enfin me consacrer aux sciences humaines ! Heureux en franc-maçonnerie, mon moteur est la curiosité, et le doute mon garde-fou.

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