ven 27 décembre 2024 - 17:12
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AMPHIS VDR : une rencontre interobédientielle autour des Lumières

Depuis janvier 2017, une initiative interobédientielle rassemble chaque année les membres des principales obédiences maçonniques françaises pour célébrer les 300 ans de la Franc-Maçonnerie. Cette rencontre, baptisée “Les Amphis VDR”, est devenue un rendez-vous annuel incontournable, où les francs-maçons discutent autour d’un thème spécifique. Pour cette année, le thème choisi est : « Les Lumières Principales ; Quelles sont-elles ? Leur Symbolisme ? ».

Un Plateau de Haute Volée

La rencontre de cette année se tiendra avec la participation de personnalités éminentes :

  • Christophe Rozen pour la Grande Loge Nationale Française (GLNF), ancien Député Grand Orateur National et ancien 1er Grand Surveillant de la Loge de Recherches Villard de Honnecourt.
  • Jean Michel Gelin pour le Grand Orient de France (GODF), rédacteur en chef de la revue d’étude du Grand Chapitre Général de Rite Français, la revue JOABEN.
  • Philippe Charuel pour la Grande Loge de France (GLDF), ancien Grand Maître.
  • Dominique Gagliardi pour la Grande Loge Féminine de France (GLFF), Vénérable Maîtresse de la Loge Nationale de Recherches.
  • Claudine Fradet pour le Droit Humain (DH), Très Illustre Sœur et ancien Très Puissant Grand Commandeur de la Fédération française du DH.
  • Luc Ruynat pour la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra (GLTSO), Très Illustre Frère, Souverain Grand Inspecteur Général du Suprême Conseil Pax Opéra, ayant également participé à la table ronde des RCML 2024 sur la Spiritualité.

Réservations et Participation

Les participants peuvent réserver leur place pour la table ronde seule ou en incluant l’agape qui suivra, via le site : https://www.billetweb.fr/inter-obedience. Cet événement promet d’être un moment d’échange enrichissant autour des symboles et significations des Lumières dans la tradition maçonnique.

Une Tradition qui Grandit

Les Amphis VDR” renforcent les liens entre les différentes obédiences tout en offrant une plateforme pour le débat et l’approfondissement des connaissances maçonniques. Cette réunion annuelle témoigne de l’engagement des francs-maçons envers la fraternité, la réflexion philosophique et la quête de lumière, au sens propre comme au figuré.

Pour plus d’informations ou pour toute demande de presse, vous pouvez contacter Christian Lallement, Président des Amphis.

Cet article vise à informer et à encourager la participation à un événement qui célèbre la diversité et la profondeur de la pensée maçonnique, en mettant en avant le dialogue interobédientiel sur des questions essentielles de notre temps.

Les ordres de sagesse du rite français : une quête de connaissance et de sagesse

La franc-maçonnerie, riche en traditions et en symboles, propose une multitude de rites et d’enseignements destinés à accompagner l’initié dans sa quête de perfection. Parmi ces voies, les ordres de sagesse du rite français occupent une place particulière. Ces degrés supérieurs, aussi appelés “grades de perfection”, offrent un approfondissement des principes déjà explorés dans les loges bleues (Apprenti, Compagnon, Maître) et ouvrent la porte à une réflexion plus subtile sur la connaissance, la sagesse et la nature humaine.

Une architecture unique : des degrés au service de l’éveil spirituel

Les ordres de sagesse du rite français se distinguent par leur structure en cinq étapes :

Régulateur des Chevaliers Maçons (Source Wikipedia – Kagaoua)
  1. L’Ordre du secret (ou quatrième ordre) : Il invite à la méditation sur les mystères cachés et les enseignements voilés du rite.
  2. L’Ordre de la parfaite harmonie (ou cinquième ordre) : Ce grade approfondit la quête d’unité intérieure et universelle.
  3. L’Ordre du grand prieuré (ou sixième ordre) : L’accent est mis sur les valeurs chevaleresques et la recherche d’un idéal moral et spirituel.
  4. L’Ordre du temple de Salomon (ou septième ordre) : Ce degré explore les liens entre la tradition biblique et la quête maçonnique.
  5. L’Ordre du sacré verbe (ou huitième ordre) : Considéré comme le sommet du rite, il confronte l’initié à la recherche ultime de la vérité et de la lumière.
GCGGO Rite Français (Source Wikipedia – Kagaoua)

Cette progression reflète un cheminement graduel, où chaque étape enrichit la compréhension de l’initié et approfondit sa capacité à vivre selon les valeurs maçonniques.

Une quête de connaissance au cœur des enseignements

Les ordres de sagesse se démarquent par leur accent mis sur la connaissance ésotérique et philosophique. Chaque degré introduit des textes anciens, des légendes, et des symboles qui incitent à une réflexion sur les grandes questions de l’existence :

  • Quel est le but ultime de la vie ?
  • Comment atteindre l’harmonie entre soi-même et le monde ?
  • Quelle est la nature de la vérité et de la lumière ?

Cette quête n’est pas seulement intellectuelle ; elle est aussi spirituelle. L’initié est appelé à travailler sur lui-même, à polir sa pierre intérieure, et à incarner les idéaux maçonniques dans sa vie quotidienne.

La sagesse comme objectif ultime

Bijou du 4e ordre du RFM (Source Wikipedia – Kagaoua)

Le terme “sagesse” ne doit pas être interprété de manière superficielle. Dans le cadre des ordres de sagesse, elle désigne une connaissance illuminée par une expérience intérieure profonde. Cette sagesse n’est pas seulement théorique ; elle se manifeste dans la manière dont l’initié agit dans le monde, avec justice, équilibre et amour pour l’humanité.

En ce sens, les ordres de sagesse du rite français dépassent le cadre de la simple transmission de savoirs. Ils offrent un cadre pour une véritable transformation intérieure, où l’initié devient non seulement un chercheur, mais aussi un porteur de lumière.

Un héritage universel

Alexandre Louis Roëttiers de Montaleau (1748-1807) Source Wikipedia – Kagaoua

Bien que ces ordres soient particulièrement liés au rite français, leurs enseignements s’inscrivent dans une tradition universelle. Ils puisent dans des sources multiples : la philosophie antique, les enseignements bibliques, les traditions chevaleresques et les courants ésotériques de l’Europe.

Cette richesse témoigne de l’ambition du rite français : unir les héritages spirituels de l’humanité dans une quête commune de connaissance et de sagesse.

Une voie d’accomplissement personnel et collectif

Claude Antoine Thory (Source Wikipedia – Kagaoua)

Les ordres de sagesse du rite français ne sont pas une fin en soi, mais un moyen d’approfondir les principes fondamentaux de la franc-maçonnerie. Ils offrent une voie pour ceux qui souhaitent aller au-delà des enseignements des loges bleues et explorer des horizons philosophiques et spirituels plus vastes.

À travers cette quête de sagesse, l’initié découvre que le véritable savoir ne réside pas dans l’accumulation de connaissances, mais dans la capacité à les vivre pleinement et à les partager avec ses frères et avec l’humanité. Ainsi, les ordres de sagesse du rite français continuent d’inspirer ceux qui aspirent à unir la connaissance à la sagesse, et la sagesse à l’amour universel.

Tablier du IVe Ordre du RFM (Source Wikipedia – Kagaoua)

Les ordres de sagesse du rite français illustrent parfaitement la finalité ultime de la franc-maçonnerie : contribuer à la construction d’un être humain éclairé, capable de penser par lui-même et de rayonner autour de lui. Ils ne se limitent pas à une transmission mécanique de rituels ou de symboles, mais encouragent une véritable introspection, un questionnement perpétuel sur les mystères de l’existence.

Un apport à la société

Tablier du IIe Ordre du RFM (Source Wikipedia – Kagaoua)

Au-delà du développement personnel, ces enseignements trouvent une résonance dans l’engagement des initiés envers la société. En cultivant les vertus de sagesse, de justice et de fraternité, les membres des ordres de sagesse sont incités à devenir des exemples vivants de ces valeurs dans leurs communautés. Leur quête spirituelle ne s’arrête pas aux portes du temple : elle se prolonge dans leurs actions quotidiennes, qu’il s’agisse d’œuvrer pour le bien commun ou d’apporter leur soutien aux plus démunis.

Un cheminement intemporel

Tablier du Ier Ordre du RFM (Source Wikipedia – Kagaoua)

Dans un monde souvent marqué par l’incertitude et la fragmentation, les ordres de sagesse rappellent l’importance des traditions initiatiques comme source de stabilité et d’inspiration. Bien que ces enseignements aient été formulés il y a plusieurs siècles, ils restent d’une pertinence étonnante, offrant des réponses aux questionnements existentiels modernes. En mettant en avant des principes universels, ils transcendent les époques et les cultures, faisant écho à une quête humaine intemporelle.

La transmission, un devoir sacré

Pour que ces enseignements perdurent, la transmission reste au cœur des préoccupations des initiés. Chaque génération a pour responsabilité de préserver les rituels et les symboles tout en adaptant leur interprétation aux défis contemporains. Cette dynamique de renouvellement garantit que les ordres de sagesse continuent d’inspirer et d’éclairer les esprits, sans perdre leur essence originelle.

L’expérience intérieure avant tout

Enfin, il convient de souligner que le véritable trésor des ordres de sagesse ne peut être pleinement saisi par une simple description externe. Il s’agit d’une expérience profondément intime et intérieure, que chaque initié vit de manière unique. Les rituels, les textes et les symboles ne sont que des clés, invitant à ouvrir les portes d’une compréhension personnelle et à marcher sur un chemin de transformation.

En guise d’épilogue

Les ordres de sagesse du rite français nous rappellent que la quête de la sagesse est un voyage, et non une destination. Ils montrent que le véritable pouvoir de la franc-maçonnerie réside dans sa capacité à éveiller les consciences, à nourrir les âmes et à offrir une boussole pour naviguer dans le tumulte de l’existence.

La fidélité au serment : Pilier de la tradition maçonnique

La fidélité au serment est le fondement essentiel de l’engagement maçonnique, un acte sacré qui relie l’initié à la Tradition et à ses Frères et Sœurs dans une quête commune de vérité et de lumière. Elle transcende la simple promesse pour devenir une alliance vivante avec le Grand Architecte de l’Univers, exigeant vigilance, sincérité et dépassement de soi. Enracinée dans la symbolique ancestrale du Métier, elle invite chaque maçon à incarner pleinement les valeurs de l’Ordre par ses pensées, ses paroles et ses actes.

Étymologie et signification

Main sur la Bible lors du serment

Pour saisir la portée spirituelle de la fidélité et du serment en Franc-Maçonnerie, il est essentiel de revenir à l’étymologie de ces termes, porteurs de significations profondes.
Fidélité vient du latin fidelitas, dérivé de fides, qui signifie « foi », « confiance » ou « loyauté ». Elle exprime un attachement profond et indéfectible à une promesse, une idée ou une personne. La fidélité dépasse l’obéissance mécanique : elle est un engagement moral et spirituel, une communion avec une cause transcendante.

Serment provient du latin sacramentum, qui renvoie à un engagement sacré. Ce terme évoque une promesse solennelle faite en présence d’une entité supérieure, qu’il s’agisse de Dieu, de l’Ordre ou de principes universels. Le serment, par son caractère sacré, établit un lien indissoluble entre le profane et le sacré.

Ensemble, ces deux notions constituent les piliers sur lesquels repose la Maçonnerie : une fidélité qui engage l’initié à vivre selon les principes supérieurs, et un serment qui scelle son appartenance à la Tradition.

Le serment dans la tradition du métier

Dans la Franc-Maçonnerie opérative, le serment a toujours occupé une place centrale. Dès les premiers documents maçonniques, comme le manuscrit Regius du XIVᵉ siècle, le serment apparaît comme un acte fondamental. Il représente l’entrée dans une alliance sacrée, conditionnant l’accès aux secrets du Métier et aux enseignements de la confrérie.
Le Manuscrit d’Édimbourg (1696), texte rituel de transition entre maçonnerie opérative et spéculative, souligne l’importance du serment. Ce document, le plus ancien de caractère rituel, décrit un candidat agenouillé prêtant serment sur la Bible, associant cet acte à la transmission des mots sacrés des premiers degrés. Dans ce contexte, le serment est bien plus qu’une formalité : il est un acte de consécration, marquant l’entrée dans une communauté unie par des principes supérieurs.

Fidélité : une alliance sacrée

La fidélité, en Maçonnerie, est une vertu qui transcende les relations humaines pour s’étendre aux principes et aux idéaux. Dès le 1er degré, cette fidélité prend plusieurs dimensions :

• Fidélité à l’Ordre : Respect des constitutions du Rite, des Règlements Généraux et des principes fondamentaux qui structurent la Maçonnerie.
• Fidélité au serment : Un engagement sacré qui unit l’initié à la Tradition, au Grand Architecte de l’Univers, et à ses Frères et Sœurs.
• Fidélité à soi-même : L’initié est appelé à vivre en cohérence avec ses principes, à aligner ses actions sur les idéaux maçonniques.

La fidélité n’est pas une simple obéissance ; elle exige un engagement volontaire, un éveil de la conscience, et une quête continue de transformation intérieure.

Le Serment : portée spirituelle et historique

Main sur la bible. Serment
Main sur la bible. Serment

Le serment, par sa nature sacrée, lie l’initié au Volume de la Loi Sacrée et au Grand Architecte de l’Univers, qui agissent comme garants de sa validité. Cet engagement revêt une dimension spirituelle unique, car :

Il unit le profane et le sacré : En prêtant serment, l’initié passe du monde profane à celui de l’initiation, établissant une connexion avec le divin.
Il fonde l’identité maçonnique : Dans la Maçonnerie opérative, le serment était la preuve nécessaire et suffisante de la qualité de Maçon. Aujourd’hui encore, il constitue le cœur de la cérémonie initiatique.

Il donne un sens à la fidélité : Sans référence au Grand Architecte de l’Univers et au Volume de la Loi Sacrée, le serment perd sa dimension transcendantale et devient une simple promesse.


Les déviations : menaces pour l’unité de l’ordre

L’histoire de la Maçonnerie montre que l’affaiblissement du sens traditionnel du serment engendre des dérives. Lorsque le serment est vidé de sa substance spirituelle, il laisse place à :

• Une prolifération de règlements et de contrôles, souvent pesants et profanes.
• Une dilution des principes fondamentaux, où la quête initiatique est remplacée par des considérations individualistes.

La fidélité au serment, dans sa forme traditionnelle, est donc essentielle pour préserver la cohérence de l’Ordre et la profondeur de la démarche initiatique.

Fidélité et liberté : une relation paradoxale

En Maçonnerie, la fidélité n’est pas une contrainte, mais une voie vers la véritable liberté. Cette liberté se manifeste dans l’alignement entre les actions de l’initié et les principes supérieurs auxquels il a prêté serment. Comme le montre la Tradition du Métier :

• La règle et les outils sont des guides qui structurent l’œuvre de l’architecte.
• La fidélité à ces guides libère la créativité et permet d’atteindre la perfection dans l’action.

Lien sacré et quête spirituelle

La fidélité au serment est bien plus qu’une simple loyauté ou une obligation formelle. Elle constitue le cœur vivant de l’engagement maçonnique, une promesse solennelle qui transcende le temps et l’individu. Ce serment, prêté en toute liberté devant le Volume de la Loi Sacrée et sous l’égide du Grand Architecte de l’Univers, devient un lien sacré entre l’initié, la Tradition et l’Ordre.

Être fidèle à son serment, c’est s’imposer une vigilance constante sur son propre cheminement. C’est accepter que la quête spirituelle ne soit jamais achevée et que chaque étape franchie exige de nouvelles responsabilités. Cette fidélité appelle à une introspection permanente, à une sincérité dans l’action, et à une recherche continue de l’équilibre entre le devoir envers soi-même, ses Frères et Sœurs, et l’Ordre universel.

Dans le cadre de la Maçonnerie, la fidélité au serment n’est pas un fardeau, mais une source d’inspiration et de libération. Elle lie l’initié à des valeurs intemporelles et l’élève au-delà des contingences profanes. Le serment devient alors le socle d’une vie initiatique, où chaque pensée, parole et action doivent refléter les idéaux de la Maçonnerie : justice, vérité, fraternité et lumière.

Comme le souligne la sagesse initiatique : « L’homme fidèle à son serment n’appartient pas seulement à lui-même. Il est une pierre vivante dans l’édifice universel. »
Ainsi, la fidélité au serment est une invitation à dépasser les frontières du soi, à s’inscrire dans une quête collective, et à honorer, par son comportement, l’essence même de l’Ordre maçonnique. Elle est à la fois un engagement spirituel et une voie de réalisation, reliant l’initié au mystère sacré du Grand Architecte de l’Univers.

La Grande Loge nationale de Madagascar distinguée à Paris

un événement notable a récemment mis en lumière la Grande Loge Nationale de Madagascar (GLNM). Le 14 décembre dernier, la GLNM a été honorée à Paris par la Grande Loge Nationale Française (GLNF), marquant ainsi un rapprochement symbolique et une reconnaissance importante pour son Grand Maître nouvellement élu, Tiana Rasamimanana.

Un homme aux multiples casquettes

Tiana Rasamimanana, figure influente dans le monde des affaires malgaches, a été élu à la tête de la GLNM pour la mandature 2021-2024. Lors de la Consécration du Grand Chapitre de l’Arche Royale de Madagascar par la GLNF le 13 décembre, il est devenu tout naturellement Grand Maître de Madagascar et a été installé comme Premier Grand Principal. Cette cérémonie à Paris renforce non seulement ses liens avec la franc-maçonnerie française mais positionne également la GLNM sur la scène internationale de la maçonnerie régulière. Rasamimanana est connu pour ses nombreuses casquettes, naviguant entre le monde des affaires et celui de la spiritualité maçonnique.

Renforcement des liens franco-malgaches

Tiana Rasamimanana

Cette distinction à Paris n’est pas simplement honorifique; elle représente une étape significative dans le renforcement des relations entre les loges maçonniques malgaches et françaises. La GLNM, fondée en 1996 sous la houlette de la GLNF, est reconnue pour son attachement à la régularité maçonnique, insistant sur la croyance en un Grand Architecte de l’Univers et la prestation de serment sur la Bible, éléments centraux de sa pratique maçonnique. Cette reconnaissance parisienne vient souligner ce lien historique et spirituel, en des temps où la diplomatie maçonnique prend une nouvelle dimension dans un contexte mondial de plus en plus interconnecté.

Implications et perspectives

La cérémonie à Paris a eu lieu dans un contexte où Madagascar se prépare aux prochaines échéances électorales. La franc-maçonnerie malgache, souvent en retrait des projecteurs, joue un rôle discret mais influent dans la société, prônant des valeurs de fraternité, de justice, et de tolérance. Les francs-maçons malgaches, à travers la GLNM, sont actifs dans des initiatives de lobbying pour une élection présidentielle sereine et juste, comme l’indique le rassemblement des loges sous l’égide de la Fraternelle des Bâtisseurs de la Cité (Frabaci).

Histoire et présence de la Franc-maçonnerie à Madagascar

La franc-maçonnerie a une longue histoire à Madagascar, remontant au XIXe siècle avec l’arrivée des premières loges sous la colonisation française. Cependant, c’est après l’indépendance que les loges se sont véritablement implantées, avec la création de la GLNM en 1996. La franc-maçonnerie malgache compte aujourd’hui un millier de membres, reflétant une diversité d’obédiences et de pratiques mais unies par une quête commune de lumière et de progrès.

La reconnaissance de la GLNM à Paris est un témoignage de l’universalité des valeurs maçonniques et de l’importance de la fraternité au-delà des frontières. Pour Tiana Rasamimanana et la GLNM, cet honneur est une occasion de réaffirmer leur engagement dans la construction d’une société plus juste et éclairée à Madagascar. Ce rapprochement illustre également comment la franc-maçonnerie, malgré son caractère souvent mystérieux, peut jouer un rôle actif et positif dans le dialogue international et le développement sociétal.

Références :

L’existence de la franc-maçonnerie à Madagascar remonterait à la fin du XIXe siècle.

La loge malgache renforce ses liens en France. Une reconnaissance importante pour son grand maître récemment élu, Tiana Rasamimanana, un dirigeant aux multiples casquettes.

La Grande Loge Nationale de Madagascar a été fondée en 1996 sous l’égide de la Grande Loge Nationale Française.

Le Symbolisme et le Sacré, Piliers de la Franc-Maçonnerie

Depuis ses origines, la Franc-Maçonnerie invite à la réflexion et à l’exploration intérieure. Cette noble institution, perçue comme un chemin vers l’éveil et l’accomplissement de l’être, semble s’appuyer sur deux piliers essentiels : l’étude et la pratique du symbolisme, qui développe les facultés humaines, et la reconnaissance du sacré. Ce qui pourrait bien être le cœur même de toute quête spirituelle. Ces fondements, à la fois universels et profonds, méritent d’être contemplés et élargis pour mieux saisir la portée et la résonance aujourd’hui.

Le Symbolisme : Clé de Lecture de l’Univers

Les pères fondateurs de la Franc-Maçonnerie, héritiers de traditions séculaires, ont perçu dans le symbolisme une grammaire universelle, un langage capable de transcender les mots pour atteindre le cœur des réalités cachées. Le symbole, dans sa nature profonde, n’est pas une simple représentation d’idées abstraites. Il est une porte, une invitation à explorer les multiples strates de la réalité et à découvrir ce qui gît au-delà des apparences.

Dans les loges maçonniques, chaque élément est porteur d’une signification qui appelle à une interprétation active. L’équerre et le compas, la pierre brute et la pierre taillée, la lumière et les ténèbres : autant de symboles qui incitent l’initié à un travail de réflexion et de transformation. En se plongeant dans ces images puissantes, l’être humain affine sa perception, développe son intuition, et éveille des facultés jusqu’alors endormies.

Le Sacré : Une Connexion au Temple Intérieur

L’autre pierre angulaire de la Franc-Maçonnerie est le sacré. Dans son essence initiatique, le sacré peut s’entendre, en langage volatile, comme “ça crée”. Cette expression révèle un secret fondamental : l’initié devient, par son travail intérieur, le créateur de son propre devenir. Il se fait l’architecte de son temple intérieur, façonnant chaque pierre de son édifice spirituel par ses pensées, ses actes et ses choix.

Le sacré n’est pas une abstraction éloignée, mais une force vivante qui invite à une responsabilisation profonde. En devenant créateur de soi-même, l’initié comprend que chacun de ses pas est un acte sacré, une manifestation réfléchie et nourrie de compassion. Ainsi, chaque décision, chaque action devient une offrande à l’univers, un témoignage de l’harmonie entre l’être humain et le grand œuvre cosmique.

Un Temple Intérieur, Miroir de l’Univers

Dans ce contexte, le temple maçonnique, lieu physique des rituels, devient également une métaphore du sanctuaire intérieur de l’âme. À travers les symboles et les rites, l’initié est invité à reconnecter le terrestre au céleste, à devenir un canal entre ces deux dimensions. Le temple n’est pas seulement un espace sacré ; il est un miroir du cosmos. Chaque pierre posée dans cet édifice spirituel, chaque symbole étudié et compris est une étape vers une union plus intime avec le Grand Architecte de l’Univers.

Un Engagement Vers la Lumière

La pratique du sacré dans la Franc-Maçonnerie rappelle que l’homme n’est pas un être figé, mais une potentialité en perpétuelle évolution. Le sacré confère aux travaux maçonniques une mission sublime :

Éveiller cette étincelle divine qui sommeille en chaque individu.

Ainsi, l’initié apprend que son chemin est une co-création avec les forces universelles. Il devient le bâtisseur conscient d’un monde meilleur, à commencer par lui-même.

Cette approche du sacré, empreinte de symbolisme et de création, invite à une transformation profonde. Elle enseigne que la vraie maîtrise réside dans l’art de vivre chaque instant comme une opportunité de création et de connexion, en harmonie avec les lois universelles et dans le respect du mystère de l’existence.

Une Invitation à l’Introspection

Où en sommes-nous aujourd’hui, dans cette quête séculaire de lumière et de sagesse ? Sommes-nous encore les bâtisseurs conscients de nos temples intérieurs, ou avons-nous laissé s’effacer les contours du sacré dans les méandres de l’ordinaire ? Le symbolisme continue-t-il à parler aux âmes et à éveiller les esprits, ou n’est-il désormais qu’un langage oublié, vidé de sa puissance initiatique ?

Ces deux piliers, le symbolisme et le sacré, sont-ils encore les gardiens du temple, ou bien les avons-nous relégués au rang de reliques silencieuses ? Ces questions, comme autant de miroirs, invitent à une réflexion profonde : sommes-nous toujours à la hauteur des idéaux des pères fondateurs ? Le cheminement initiatique est-il encore une véritable alchimie de transmutation, ou est-il devenu une marche mécanique, dépourvue de sa flamme originelle ?

Peut-être est-ce dans ces interrogations mêmes que réside la clé, cette clé d’ivoire précieuse et lumineuse, soigneusement enfermée dans une boîte d’os… Les poser avec humilité, y répondre avec sincérité, c’est tenter d’ouvrir cette boîte, retrouver ce qui est perdu, et se rappeler que chaque génération porte la responsabilité de raviver la Lumière. Chaque pas sur ce chemin, lorsqu’il est empreint de réflexion et nourri de compassion, peut à nouveau devenir un acte sacré !

Webzine : Les Amis d’Hermès

Message de Noël à la Lumière des valeurs maçonniques

« Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup. »

(Matthieu 20:28)

Noël, célébration de la naissance du Christ, incarne une symbolique universelle qui résonne profondément avec les valeurs et idéaux de la Franc-maçonnerie. Plus qu’un événement religieux, la naissance de Jésus à Bethléem est une allégorie de la lumière naissante au cœur des ténèbres, un appel au renouveau, à l’espoir et à la fraternité universelle.

Pour les Francs-maçons, Noël peut être perçu comme une métaphore de la quête intérieure et du cheminement spirituel. La lumière qui surgit dans la nuit représente l’initiation maçonnique, ce moment où l’individu, symboliquement plongé dans l’obscurité, trouve l’éclat intérieur qui illumine son chemin. Cette lumière est aussi celle de la vérité, de la sagesse et de la connaissance, qui guide chaque initié sur la voie de l’amélioration morale et spirituelle.

La naissance du Christ, dans son humilité et sa simplicité, rappelle également aux maçons l’importance des vertus de modestie, de compassion et de service envers autrui. Le message christique d’amour universel et de fraternité trouve un écho dans la devise maçonnique de liberté, égalité et fraternité, qui invite à reconnaître en chaque être humain un frère ou une sœur, digne de respect et de solidarité.

En tant qu’artisans de leur propre temple intérieur, les Francs-Maçons peuvent voir en Noël une invitation à renouveler leur engagement envers eux-mêmes et envers la communauté. Tout comme la lumière du Christ s’adresse à toute l’humanité, l’initiation maçonnique enseigne l’universalité des valeurs humaines et la nécessité de construire un monde plus harmonieux.

Noël devient ainsi, pour les Francs-maçons, une période propice à la méditation sur les idéaux d’amour, de paix et de fraternité. Il rappelle que la lumière, aussi petite soit-elle, peut dissiper les plus grandes ténèbres, et que chaque individu, dans son parcours initiatique, a le pouvoir de contribuer à un monde meilleur.

En cette période de fête, où la lumière triomphe de la nuit, que chacun puisse, à l’image du Christ et dans l’esprit maçonnique, porter cette lumière au sein de ses actes et de ses pensées, pour que la fraternité rayonne et que l’humanité avance ensemble vers une plus grande harmonie.

Nouvelle année… nouveau Grand Maître pour le GOI : la querelle est (presque) résolue

De notre confrère italien lospiffero.com – Par Stefano Rizzi

Le conservateur spécial a accepté ses thèses, dans le domaine qui l’oppose au Seminario calabrais. La sentence est attendue en janvier. Une histoire qui s’éternise depuis les élections de mars dernier.

Le sceau de la cour manque toujours, mais  Léo Taroni  peut déjà se préparer à porter le tablier et le col de Grand Maître du  Grand Orient d’Italie. En fait, la controverse maçonnique semble sur le point d’être résolue, atterrissant rapidement devant une justice profane, issue des élections contestées de mars dernier pour désigner  le successeur de Stefano Bisi  à la tête de la principale obédience maçonnique du pays.

Le curateur spécial Raffaele Cappiello , désigné par le tribunal pour donner au Goi un représentant légal en attendant de résoudre le problème qui oppose Taroni de Romagne à  Antonio Seminario de Calabre  et leurs factions respectives après la contestation du vote, a accepté les demandes des partisans de Taroni, décrétant en substance la validité de son mandat pour le quinquennat 2024-2029. La position du conservateur spécial était accompagnée d’un signal clair : la démocratie interne doit être respectée, même lorsqu’il s’agit d’associations historiques comme le Goi. À notre connaissance, le principe du vote favorable, invoqué par les avocats de Taroni, a été au cœur de la décision. 

Près d’un an de recours superposés, de papiers tamponnés, d’avis juridiques, etc., il a écrit une page inédite et à bien des égards peu édifiante de l’institution maçonnique. Même une décision de justice donnant raison à Taroni ne lui a pas permis d’accéder à la tête du Goi où, temporairement, reste Stefano Bisi, fervent partisan du Seminario comme successeur, bien qu’il soit désormais ancien Grand Maître dans un contexte juridique très précaire.

Une position, à tel point que tous les documents qu’il avait signés avaient été gelés. D’où la décision de nommer un mandataire spécial, mais certainement pas pour l’activité ésotérique, uniquement pour toutes les nombreuses tâches administratives et juridiques du Goi.

Il gère un patrimoine non négligeable, notamment immobilier, et dispose d’un pourcentage des capitations, c’est-à-dire des parts payées par les Frères dans chaque Loge individuelle à laquelle ils appartiennent.

La position prise par le curateur en faveur de Taroni, décevante par rapport aux attentes du camp adverse où l’on espérait une réponse négative aux demandes du Romagne, est un prélude au jugement du tribunal dont le verdict est attendu en janvier. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’on pourra dire que l’affaire sera effectivement conclue et que Taroni pourra prendre pleinement ses fonctions de Grand Maître.

Pourquoi sommes-nous des loges de Saint-Jean ?

« D’où venez-vous ? », interroge le Tuileur. « D’une Loge de Saint Jean », répond le Frère. C’est ainsi que traditionnellement s’identifie celui qui frappe à la porte du Temple. Lorsque l’Expert, à l’invitation du Vénérable Maître, ouvre sur l’autel des serments le Volume de la Loi sacrée, c’est à la première page de l’Evangile selon Saint-Jean que se trouve le signet.

Pourquoi sommes-nous une Loge de Saint-Jean, et pourquoi considérons-nous les premiers mots de l’Evangile de Jean comme emblématiques de notre Foi maçonnique ?

La Franc-Maçonnerie, même si elle s’affirme universelle, est née dans un environnement judéo-chrétien.

Au degré d’Apprenti nous savons identifier des marques de cet héritage judéo-chrétien : le Mot Sacré rappelle le portique d’entrée du Temple de Salomon, et provient de l’Ancien Testament, tandis que la Bible sur notre Autel est ouverte sur un passage majeur du Nouveau Testament. Même si nous considérons la Bible sur l’Autel, sous l’Equerre et le Compas, non pas comme un livre religieux mais comme le symbole de la Tradition, il se trouve que le livre que nous appelons Volume de la Loi Sacrée est la Bible, c’est-à-dire l’Ancien et le Nouveau Testament. C’est de cette partie de l’héritage biblique que nous allons essentiellement parler ici. Faisons d’abord un point d’histoire, plus précisément en évoquant ici deux Ordres chevaleresques liés à Saint Jean.

Le premier est l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem.

Vers l’an 1050, des marchands italiens avaient obtenu du calife d’Egypte l’autorisation de bâtir à Jérusalem un hôpital, qu’ils placèrent sous l’invocation de Saint Jean, afin d’héberger les pauvres pèlerins qui venaient visiter la Terre Sainte. La maison de Saint-Jean devint peu après un ordre monastique non cloîtré, auquel le pape Pascal II accorda divers privilèges.

Outre les trois vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, les Hospitaliers de Saint Jean devaient joindre l’exercice des armes à la pratique des devoirs de l’hospitalité, afin de défendre le royaume de Jérusalem contre les entreprises des infidèles. Ils étaient donc à la fois hommes de guerre et hommes de Dieu. Ils protégeaient les lieux saints de la Chrétienté, sur la même terre que celle des lieux saints de l’Islam et bien sûr des Juifs demeurés attachés à l’espérance de voir un jour rebâti le Temple de Salomon.
Sur cette terre sacrée, des contacts se nouèrent entre cherchants, tous attachés au service du même Dieu, celui d’Abraham. Et les initiés d’Orient transmirent quelques uns de leurs enseignements mystérieux aux religieux d’Occident, qui purent en incorporer quelques uns à leur propre savoir. Certains de ces enseignements étaient réputés venir des Johannites, un courant très discret de disciples de Saint Jean associés à un noyau d’Israélites descendants des Cohanim, les prêtres du Temple deux fois détruit, dont ils entretenaient les mystères.

Au terme de luttes et de querelles épiques, ils s’établirent à Acre, et adoptèrent le nom de Chevaliers de Saint-Jean d’Acre. Expulsés encore une fois de leur nouvelle résidence par les Sarrasins, les Hospitaliers déménagèrent à Limassol, dans l’ile de Chypre. Plus tard, en 1310, et dans des conditions aussi difficiles que rocambolesques, ils quittèrent Chypre pour Rhodes, avant de s’établir définitivement à Malte en 1530.
Ainsi, les Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem étaient devenus les Chevaliers de Malte, qui poursuit aujourd’hui encore ses actions hospitalières et caritatives.
Voilà pour le premier Ordre de Saint Jean.

Mais revenons aux premières années du 12ème siècle. Vers l’an de grâce 1115, neuf chevaliers français s’embarquèrent pour la Terre Sainte, où ils s’installèrent à Jérusalem, alors tenue par les Croisés. Ils assurent tenir leur légitimité du patriarche Théoclètes, 67ème successeur de Saint-Jean, auquel ils vouent une particulière dévotion.

Le 27 décembre 1118, le jour de la Saint-Jean l’Evangéliste, ces neuf chevaliers font part de la fondation de l’Ordre des Pauvres Chevaliers Du Christ.
Baudouin II, roi chrétien de Jérusalem, est séduit par leur projet de protéger les Chrétiens en pèlerinage à Jérusalem, et constate leur dénuement. Il leur octroie une partie de son palais, construit à l’emplacement du Temple de Salomon, détruit 17 siècles plus tôt. Du fait de cet emplacement symbolique, ils prennent alors très rapidement l’appellation de Chevaliers du Temple ou Templiers.

Dans leur invocation à Saint-Jean, les Templiers ne différenciaient pas l’Apôtre et le Précurseur. Ils organisaient des réjouissances populaires avec de grands feux allumés le 24 juin par le Grand Maître ou les Commandeurs.

Soyons réellement des hospitaliers.

Comme les Hospitaliers de Saint Jean, mais sans doute avec davantage d’intensité, ils ont des échanges spirituels avec les initiés locaux, notamment les Johannites, qui leur révèlent certains de leurs mystères. Ceux-ci venaient tant de l’héritage juif des continuateurs du culte du Temple de Salomon que de l’héritage gréco-romain des perpétuateurs byzantins de la pensée pythagoricienne et des collèges romains, eux-mêmes dépositaires de la tradition mystérieuse de l’Egypte antique ou encore de la pensée islamique très élaborée des Assashim.

Peu à peu, les Templiers vont acquérir une puissance réelle, qu’ils employèrent à la défense de la religion chrétienne, soit en Terre Sainte, soit dans tous les royaumes où ils allèrent fonder des commanderies. Régulièrement en querelle avec les Hospitaliers de Saint-Jean, pendant près de deux siècles, les Templiers vont accroître leur aura avant de revenir définitivement en Occident en 1291 après le chute de Saint-Jean d’Acre… Leur raison d’être initiale avait disparu.

Les rois et les princes que les templiers avaient largement aidés sont bientôt inquiets de l’accroissement de l’Ordre et de sa splendeur qui menaçait de concurrencer l’organisation féodale. Ils cherchent aussi à combler les trous laissés dans leurs finances royales par les guerres incessantes de l’époque. Dès lors, ces rois et ces princes ne songent qu’à trouver les moyens de confisquer à leur profit la fortune des Templiers.

Le 13 octobre 1307, Philippe IV le Bel donne l’ordre de procéder à l’arrestation des membres de l’ordre du Temple, accusés d’impiété et d’hérésie
Après un procès inique, un grand nombre de chevaliers sont condamnés à être brûlés vifs.
En 1314, Jacques de Molay, le 22ème et dernier Grand Maître de l’Ordre, est livré aux flammes du bûcher.
Il faut savoir que la majeure partie des biens Templiers, particulièrement pour la France, sont transférés aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

La plupart des Templiers qui ont pu échapper aux poursuites ou qui ont été mis en liberté en profitent pour entrer dans l’ordre de Saint-Jean, en conservant leurs dignités.
Ce qui est devenu aujourd’hui l’Ordre de Malte a donc recueilli une bonne part de l’héritage humain et matériel de l’ancien Ordre du Temple.

Mais quel lien avec notre Ordre maçonnique ?

Après les forts et châteaux forts, les fameux kraks, érigés en Palestine, les Templiers ont fait construire en Europe de multiples bâtiments de tous types. D’innombrables églises et chapelles (la fameuse chapelle de Fleet Street !), plus de dix mille manoirs, des ouvrages militaires de toutes tailles, portent dans toute la chrétienté les couleurs de l’Ordre.
Toutes les chapelles, les Commanderies et autres résidences des Templiers sont placées sous l’invocation de Saint Jean.
De nombreux ouvriers maçons, groupés pour la plupart dans « l’Ordre du Saint Devoir de Dieu des honnêtes compagnons », y avait travaillé.

Il faut rappeler que les Maçons opératifs, ou Maçons de métier appartenaient à des confréries de métiers libres, également dits métiers francs, par opposition aux professions rattachées à des corporations. Chaque Métier se réclamait d’un saint patron, car à l’instar de tout ce qui réglait la vie sociale, les confréries étaient d’inspiration religieuse.
Ce privilège de franchise dont se réclamaient les Francs-Maçons opératifs était essentiellement accordé sur le domaine des abbayes, et en particulier sur les domaines appartenant aux Templiers. Ces derniers attiraient dans leurs commanderies de nombreux artisans, auxquelles ils garantissaient leur protection afin qu’ils puissent librement circuler d’une commanderie à l’autre. Or les Templiers, nous l’avons vu, portaient à Saint-Jean l’Evangéliste une particulière vénération. Au demeurant, une certaine confusion existait avec Saint-Jean Baptiste, puisque c’est le jour de la fête de ce dernier, le 24 juin, qu’ils organisaient de grandes célébrations.

La disparition de l’Ordre du Temple et la dispersion de ses biens ne mirent pas fin aux privilèges que représentaient les franchises. Ainsi, tous les métiers francs continuèrent au cours des siècles à célébrer le culte de Saint-Jean. Les bâtisseurs opératifs étaient regroupés au sein des confraternités de Saint-Jean.

En 1326, le Concile d’Avignon condamne les fraternités et les confréries, dont les pratiques, les insignes et le langage secret lui paraissent menacer l’orthodoxie de la foi.
A peine quelques dizaines d’années plus tard, en 1390, est rédigé le manuscrit Régius, premier document connu, mais peut-être pas premier document écrit, attestant en tous cas l’existence de la Franc-maçonnerie opérative, avec l’histoire de la fondation de la Maçonnerie par Euclide en Egypte, la règle du Maçon en 15 Devoirs et 15 points et le développement sur les Arts libéraux.

170 ans plus tard, lors d’une St Jean d’hiver, le 27 décembre 1561, à York en Angleterre, a lieu une grande tenue solennelle et initiatique présidée par Thomas Sackville, Grand Trésorier d’Angleterre, et Grand Maître sous le règne d’Elizabeth Ière. On retrouve dans son compte-rendu la première référence à Saint-Jean dans un écrit maçonnique.

Encore 160 ans passent, durant lesquels les Maçons opératifs continuèrent de jouir de leurs privilèges et de protéger les secrets de leur Art. Peu à peu, ils vont entrouvrir leurs cercles, leur ateliers – car ils y traçaient leurs plans et façonnaient leur outils-, leurs loges – car ils y logeaient le temps que durait le chantier sur lequel ils étaient appelés -, à des clercs, c’est-à-dire des prêtres-, des nobles, des bourgeois riches et érudits. Ces membres non opératifs, intéressés à la découverte des Mystères de l’Art Royal, étaient ainsi les premiers Francs-maçons admis parmi les opératifs, d’où leur dénomination de Francs-Maçons acceptés.

C’est le jour de la Saint-Jean-Baptiste de 1717 que quatre loges londoniennes où opératifs et spéculatifs se côtoyaient s’unirent pour constituer la première Grande Loge.

A dire vrai, la tradition solsticiale remonte bien au-delà de l’époque chrétienne, et s’étend à des pays et à des cultures qui ignorent tout des Evangiles.
Le cycle Solaire et en particulier les deux positions particulières du Soleil qui éclaire notre planète et lui donne la vie sont connus et vénérés depuis l’âge de pierre. Carnac ou Stonehenge, Baalbek et cent autres sites mégalithiques en témoignent.
Mais la chrétienté a su adopter la fête du dieu romain Janus le dieu au double visage des Romains, qui symbolise le passé et l’avenir, l’année qui finit et celle qui commence. L’adaptation chrétienne s’est faite en accolant à chacune des célébrations solsticiales la commémoration d’un Saint Jean, Saint-Jean-Baptiste, le 24 juin lorsqu’au solstice d’Eté le soleil est à son apogée, et Saint-Jean l’Evangéliste, le 27 décembre juste après le solstice d’hiver, alors que le soleil est le plus bas dans le ciel et donc juste avant que ne réapparaisse la lumière.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : le solstice d’été, c’est une vieille fête païenne, que l’on célèbre encore chez nous avec les feux, et dans les pays Scandinaves, à la Ste Lucie, Sainte Lux, la fête de la Lumière. Et la lumière, c’est la Connaissance. Le jour de l’initiation, un franc-maçon reçoit la Lumière. Et l’on nomme parfois les Francs-Maçons les fils de la Lumière, comme avant eux les Esséniens.
Telle est en quelques mots l’explication la plus courante pour justifier l’invocation que nous continuons de pratiquer.

Mais il convient d’aller, bien entendu, un peu plus loin, et tout d’abord de rappeler qui sont ces deux Saint-Jean dont nous nous réclamons quelque peu confusément.

Evoquons d’abord, dans l’ordre chronologique, Saint-Jean-Baptiste.

Ce Jean-là, de son prénom hébreu Johanan, ce qui signifie « D. a fait grâce », est considéré comme le dernier prophète de l’Ancien Testament, et le premier prophète, ou plutôt le précurseur du Nouveau Testament.

Selon la tradition chrétienne, Dieu lui commande, alors qu’il a près de 30 ans, d’aller au désert afin de s’y préparer. Il y mène une vie rude, ascétique, enseignant la rigueur, la pénitence, et prêchant le repentir et la confession des fautes.

Jean – Johanan propose aux pêcheurs de les baptiser, en vue de leur rémission. L’histoire se souviendra de lui sous le nom de Jean le Baptiste car il proposait la purification par l’eau, qui symbolisait pour lui la purification morale qu’il faut rechercher par une véritable conversion de son cœur et de son âme. Il annonce à ceux qu’il baptise ainsi qu’un autre viendra bientôt, plus puissant que lui, qui sera le Messie et qui les baptisera non seulement dans l’eau, comme lui-même le fait pour leur salut, mais dans ce qu’il appelle l’Esprit Saint.
Et un matin, son parent Yeoshoua se présente avec une foule de candidats pour recevoir le baptême collectif. Jean-Johanan proclame alors à la foule que le Messie, le Rédempteur, est là, et qu’il faut le suivre.

Jean-Baptiste continue de prêcher avec rigueur, tout en s’effaçant peu à peu devant Jésus, qui se met à baptiser à son tour, et à faire de plus en plus de disciples.
Le gouverneur-roi Hérode Antipas, agacé par ces guides spirituels qu’il tient pour des agitateurs et qui craint qu’ils ne profitent de leur ascendant sur le peuple pour fomenter une sédition, fait arrêter Jean – Baptiste et le fait enfermer dans une forteresse sur les bords de la Mer Morte, avant finalement de le faire décapiter.

Parmi ses disciples, qu’on appelait les Esséniens, arrêtons-nous sur un autre Johanan, fils de Zébédée et qui deviendra l’Evangéliste.
Jean était un pêcheur du lac de Tibériade, vivant avec sa famille dans une petite localité du nom de Capharnaüm.

Lorsqu’ils entendent Jean-Baptiste proclamer que Jésus est le Messie Rédempteur, l’Agneau de Dieu, Jean et son frère Jacques décident d’abandonner leurs filets et de devenir pêcheurs d’âmes, en se mettant au service du nouveau Maître.

Et de tous ses disciples, c’est Jean que Jésus, si l’on en croit les Evangiles, aimait le plus.
Jean devait survivre de longues années à Jésus. Il semble qu’il se serait fixé à Ephèse, capitale de l’Asie mineure romaine. Après diverses vicissitudes, il aurait été un temps déporté à Patmos, où il rédigea probablement son premier ouvrage majeur, l’Apocalypse. Il revint finir sa vie à Ephèse, où l’on vénère aujourd’hui encore son tombeau. C’est là qu’il aurait écrit le livre aujourd’hui considéré comme Evangile canonique.
Que Jean ait écrit de sa main la totalité des écrits qu’on lui attribue, à dire vrai, peu importe, puisqu’ici aussi tout est symbole.

Le livre auquel nous nous référons est la résultante d’une tradition que chacun s’accorde à considérer comme d’inspiration johannique. Il développe, par sa manière d’évoquer la mort et la renaissance, l’alternance de la Lumière et des ténèbres, le cycle de leur lutte incessante, qui articule toute la démarche à laquelle se vouent les Francs-Maçons de REAA.

Revenons, si vous le voulez bien sur ce que dit l’Evangile de Jean, et singulièrement sur le sens qu’il faut donner à son Prologue.
Je dois à cet égard insister sur le fait que les quelques phrases auxquelles nous nous référons ne font aucune référence à Jésus, ni plus généralement à rien qui soit spécifique de la foi chrétienne. Elles sont une reprise du début de la Genèse, Bereshit, ce qui signifie précisément « Au commencement ».

Que dit en effet le Prologue du Livre de Jean ?

« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement avec Dieu.
Tout a été créé par lui, et rien de ce qui a été créé ne l’a été sans lui.
En lui était la Vie, et la vie était la Lumière des hommes.
La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point comprise
»

Que puis-je comprendre de ce texte ?

D’abord que la Parole est créatrice du monde. C’est le grand symbole du souffle primordial, celui que les Dogons du Mali ou certaines tribus du Mexique identifiaient comme le souffle qui anime l’univers à son commencement. Le vieux symbole de l’anima.
Celui qui au tout début de la Genèse, le premier livre de l’Ancien testament, planait à la surface de l’abîme au sein des ténèbres, jusqu’à ce que Dieu dise « Que la lumière soit » et que la lumière fût.

Qui souffle ainsi sinon le Grand Architecte de l’Univers, celui-là même qui a conçu le projet du monde et qui lui donne mouvement, c’est-à-dire Vie ?

Dieu est-il le Grand Architecte de l’Univers ? Il suffit de considérer que dire “Dieu” ne veut pas nécessairement dire “religion”, “dogme” ni “pratique religieuse”. Convenons donc ensemble que « Dieu » est l’une des manières, la manière religieuse, ou plutôt déiste, de nommer le Grand Architecte. C’est ce que l’on appelle le déisme, par opposition au théisme, qui comporte la croyance en un Dieu révélé.

Pour les théistes, Dieu a une existence personnelle et une action dans l’univers. Contrairement à la vision déiste, le théisme affirme clairement l’ingérence du divin dans les affaires humaines, ingérence qui peut être directe, ou passer par des intermédiaires (prophètes et institutions religieuses).

Le déisme affirme l’existence d’un dieu et son influence dans la création de l’univers, sans pour autant s’appuyer sur des textes sacrés ou dépendre d’une religion révélée.
Le déisme prône une « religion naturelle » qui se vit par l’expérience individuelle, et permet au croyant d’avoir une relation directe avec Dieu, par la prière spontanée, la méditation, ou la réflexion.
Pour la pensée déiste, Dieu, « l’Architecte suprême », a un plan pour l’Univers sans pour autant intervenir dans le détail des affaires humaines, mais qui s’exprime au travers des grandes lois naturelles qui régissent l’Univers. Dieu est ici l’Absolu, universel et intemporel.

Il n’y a aucune incompatibilité entre le fait de croire en Dieu, quelle que soit sa religion, et le fait d’adhérer au principe créateur, Grand Architecte de l’Univers. Il n’y a pas non plus incompatibilité entre le fait de ne pas croire en Dieu et le fait d’adhérer au Grand Architecte de l’Univers, principe créateur.

Voici donc en tous cas que pour nous, comme l’a affirmé le Convent de Lausanne en 1875, le Grand Architecte est proclamé comme le Principe qui a animé le monde, qui lui a donné mouvement et sens, qui a engendré l’évolution qui conduit à la vie telle que nous la partageons et qui nous donne l’occasion et le moyen de nous interroger sur l’Univers dont nous participons à notre échelle infinitésimale et pourtant incommensurable.

Tel est le sens du Principe créateur qu’évoque, pour tout Franc-Maçon de REAA, le prologue de Jean. Au-delà même de la Religion naturelle, du Noachisme, un principe qui a pour dimension l’Absolu, l’Universel, le Un-Tout.

Dès lors, quelle que soit notre Foi personnelle, nous pouvons ici faire nôtre sans dogmatisme aucun, en toute liberté, le contenu de Prologue de l’Evangile de Saint Jean.

Le Prologue de l’Evangile de Jean proclame la gloire de ce que nous traduisons comme le Verbe de Dieu. En fait, le mot employé dans le texte grec original est Logos, ce qui signifie la Parole, mais aussi la Raison. Dans ce monde gréco-romain, les deux idées étaient conjointes, au sens où une parole dénuée de raison n’est qu’un vain bruit.
Or on sait que les stoïciens faisaient de la raison, d’inspiration divine, l’âme, le fondement même de l’Univers.

Quant à l’emploi du mot “theos”, traduit par Dieu, une acception plus ésotérique, proposée il y a quelques années par le Souverain Grand Commandeur du SCDF Hubert Greven, conduit à le comprendre comme “La Lumière”.
« Au commencement était la Parole, et la Parole était accompagnée de la Lumière, et la Parole était la Lumière »

De fait, de nombreux auteurs antiques assimilaient déjà volontiers la parole divine à l’éternelle sagesse, celle-là même par laquelle est créé et gouverné le monde, celle là même qui dirige, enseigne et protège les hommes.

Pour Philon d’Alexandrie, au 1er siècle, le Logos serait un être spirituel intermédiaire entre Dieu et sa création. C’est de ce positionnement, entre créé et incréé, que devait naître la gnose.

Le Prologue de Jean amène une vision plus simple, plus directe.
Le Verbe est pleinement divin, puisqu’il est contemporain de Dieu, de génération divine.
Mais le Verbe est aussi totalement humain, puisqu’il est incarné.
Ainsi, l’humanité est-elle projetée en son créateur comme le créateur est projeté en elle.
Le Grand Architecte et sa construction ne font qu’un.

Il est temps de conclure pour revenir à nos Loges, en nous interrogeant sur le sens de la filiation johannique dont nous nous réclamons.
Il faut noter, au passage, que l’appellation de Loge de Saint-Jean est essentiellement une spécificité de la maçonnerie française ou d’inspiration française et même du Rite Ecossais Ancien et Accepté français.

Jean 1:1. In principio erat Verbum… sont les premiers mots en latin de l’Évangile selon Jean, Évangéliaire d’Æthelstan, folio 162 recto, v. Xe siècle.

L’Evangile de Saint-Jean, en revanche, semble largement plus répandu. Il est mentionné dès la fin du 17ème siècle, puisque le Manuscrit d’Edimbourg, qui date de 1696, énonce que « le Maçon doit prêter serment sur Saint-Jean ».
Dans le Manuscrit Sloane, qui date de 1700, il est dit que la Loge s’est réunie « dans une chapelle dédiée à Saint Jean ».

Dix ans plus tard, le manuscrit Dumfries indique que les maçons doivent célébrer leur unité en se réunissant chaque année à la Saint Jean. C’est ce que rappellent les Constitutions d’Anderson de 1723, qui précise que les Maçons doivent se réunir lors de l’une des deux saint Jean pour élire le Grand Maître, un Député et deux Surveillants.
Enfin, en 1730, Samuel Pritchard publie un ouvrage dans lequel il déclare que « les Loges sont dites de saint Jean parce que Saint Jean Baptiste, le précurseur du sauveur, traça le premier parallèle à l’Evangile ».

En 1736, avançant une autre hypothèse, le chevalier écossais Andrew Michael Ramsay, souvent considéré comme le père de l’écossisme maçonnique, écrit que les Loges prirent le nom de Loges de saint Jean car l’ordre maçonnique était uni aux chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, c’est-à-dire aux chevaliers de Malte et, indirectement, aux Templiers.

En tout état de cause, la Maçonnerie française introduisit dans ses rituels d’initiation dès 1745 le serment prêté sur l’Evangile de Saint Jean, qui doit être embrassée par l’impétrant devant les frères assemblés.

Notre Ordre tire selon toute vraisemblance ses origines d’une tradition vieille de deux millénaires. Deux ou trois décennies avant que ne naissent nos deux Saint Jean, des charpentiers, des maçons, des décorateurs de toutes sortes agrandirent le Temple de Jérusalem, à l’initiative du roi Hérode. C’est à partir de leur savoir que s’est cristallisé l’essentiel de ce qui s’est transmis ensuite aux compagnons bâtisseurs de cathédrales avant de servir de source d’inspiration et de cadre aux fondateurs de la Franc-Maçonnerie spéculative.

Saint-Jean le Baptiste a énoncé la valeur de la vertu, de la rigueur, du respect des autres et de soi-même.

Jean 1:1, Les Grandes Heures d’Anne de Bretagne, XVIe siècle.

Son disciple Saint-Jean l’Evangéliste a mis dans la bouche du Christ avec plus d’emphase qu’elle n’en avait dans l’Ancien Testament, au chapitre 19 du Lévitique, ce fondement de l’harmonie entre les hommes : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Tel est le sens de l’héritage de Saint Jean que nous pouvons partager, au-delà de nos différences et parfois de nos divergences, ces oppositions nécessaires et fécondes comme le dit le rituel d’installation du collège des officiers de nos Loges.

Respect et Amour de l’Autre, mais aussi de soi-même, sont au cœur de l’engagement maçonnique.

Des valeurs universelles qui sont les fondements du comportement d’un Franc-Maçon de Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Des vertus renvoyant aux éléments fondateurs qui sont le patrimoine commun de tous les Francs-maçons répandus à la surface de la Terre.

Et la parole fut perdue…

L’expression la parole perdue apparaît dans des rituels du 3e degré, où l’on parle aussi de la perte des secrets véritable du maître maçon. Il semble toutefois que les deux expressions soient relativement interchangeables ; ainsi le document Prichard de 1743 et l’instruction au 3e degré au rite écossais de la Mère Loge Écossaise de l’Orient d’Avignon de 1774 disent-ils : «Q : Pourquoi vous a-t-on fait voyager ? – R : Pour chercher ce qui a été perdu. Q : Qu’est ce qui a été perdu ? – R : la parole de Maître. Q : Comment la parole fut-elle perdue ? – R : Par la mort de notre respectable maître Hiram.»

Un homme meurt, refusant de livrer un banal mot de passe connu de tous les maîtres pour se faire payer,  et un secret dont il était détenteur, par ailleurs, disparaît. Le secret n’est donc pas le mot de passe. Alors, est-ce un savoir que lui seul possède ? La parole d’Hiram serait-elle autre chose que celle d’un seul homme ? Que peut-être cette parole  pour le franc-maçon d’aujourd’hui ? N’oublions pas que le mot Hiram porte en lui-même des mystères et parmi ses nombreuses traductions de l’hébreu, il peut aussi être lu comme HaReM qui désigne la chose cachée.

Était-ce donc un savoir personnel ?

Quel serait ce savoir ?

Au Rite York, à la mort d’Hiram, il est dit : «Il n’y a pas de plans sur la planche à tracer pour permettre aux ouvriers de poursuivre leur travail, et le Grand  Maître  Hiram a disparu». Sur la planche, le maître d’œuvre modifie le plan selon lequel la construction du Temple devra s’effectuer. Cette planche sert en permanence de point de repère pour l’ouvrage qui va être réalisé au fur à mesure de l’avancée des travaux. Lorsque l’ouvrage est terminé, il doit se superposer exactement au tracé qui est sur la planche. La conception théologique de l’art de la construction peut se résumer en une recherche de médiété parfaite entre la beauté pure qui n’appartient qu’à Dieu et le miroir que doit lui offrir, par son œuvre, l’architecte afin qu’elle se révèle aux yeux des hommes. Il s’agissait d’œuvrer sur la matière pour la laisser être pénétrée par l’énergie universelle afin que cette harmonie soit transmise aux hommes. Concrètement, ce qui fut perdu serait-ce cette capacité architecturale de concevoir l’édifice et de terminer l’œuvre ?

Mais allons plus loin. Hiram, a été envoyé par le roi de Tyr à Salomon pour ses savoirs aussi particuliers que ceux que possédait Betsaléel, le constructeur de l’Arche d’alliance du désert : il était habile pour les ouvrages en or, en argent, en airain et en fer, en pierre et en bois, en étoffes teintes en pourpre et en bleu, en étoffes de byssus et de carmin, et pour toute espèce de sculptures et d’objets d’art qu’on lui donne à exécuter (II Chroniques, 2, 13 et 14).

C’est grâce à 3 vertus que le premier temple fut construit par Betsaléel car il est écrit en Exode 31,3 : «Je [dieu] l’ai rempli de l’esprit d’Élohim en sagesse, en intelligence et en savoir», vertus que l’on retrouve en Hiram dans I Roi 7, 14 «rempli de sagesse, d’intelligence et de savoir». Ces trois vertus, concepts, attributs divins, types de forces, ou niveaux de conscience, sont les processus à l’œuvre des structures vivantes, correspondant aux 3 séphiroth :  Hokhmah, la sagesse ; Tébouna (alias Binah), l’intelligence ; Daath, le savoir, la connaissance.

La somme de leurs valeurs guématriques, après réduction, est équivalente à ce qui relie les 2 colonnes Yakin et Boaz qu’Hiram a fondues. La parole perdue serait-elle l’esprit d’Élohim, cette capacité de création, comme celle du Maharal de Prague avec son Golem, dont aurait été doté Hiram ?

Cependant la connaissance semble avoir été partagée ?

John Yarker, mort en 1913, franc-maçon, occultiste

John Yarker qui, dans un article sur Le rite d’York et l’ancienne Maçonnerie en général, remarque qu’«en vérité, des ouvriers complotèrent illégalement pour extorquer d’Hiram Abif un secret, celui de l’animal étonnant qui avait le pouvoir de couper les pierres.  Le secret qui a été perdu par les trois Grands Maîtres est celui de l’insecte shermah (shamir), qui a été employé pour donner un parfait polissage aux pierres.Considérant cette remarque de Yarker, le secret opératoire du shamir serait-il «ce qui a été perdu» ?

Et si la « parole » était un ensemble d’éléments répartis entre plusieurs détenteurs dont la méconnaissance d’un seul entraînerait l’inefficacité du tout ? Un morceau de code en somme, un morceau de symbole !

Dans la légende, de fait, trois personnes forment un triangle : Salomon, le roi de Tyr et Hiram, les trois grands maîtres, chacun assigné à un rôle particulier et indispensable dans la construction du Temple. La légende dit que le Roi Salomon, Hiram le Roi de Tyr (1 Rois: 7:13), et Hiram Abi de la tribu de Dan (2 Chr.: 2:13) se sont réunis pour concevoir les plans de la construction du Temple, Salomon conçut, Hiram de Tyr fournit les moyens et Hiram réalisa l’œuvre. Nous apprenons que le grand savoir devait être gardé par ces trois personnes jusqu’au parachèvement du Temple. La parole leur aurait-elle été confiée en trois parties. Chaque membre du ternaire serait détenteur du mot sacré ou d’une fraction de celui-ci. Il fallait le concours des « trois premiers Grands-Maîtres », de sorte que l’absence ou la disparition d’un seul d’entre eux rendait cette communication impossible, et cela aussi nécessairement qu’il faut trois côtés pour former un triangle. Cela veut dire que chaque membre du triangle constitue la pointe d’une figure doté d’un centre commun. Ce centre, c’est le point de concordance des trois sensibilités magique, spirituelle et rationnelle qu’ils incarnent. Ce centre est donc l’essence de l’homme et de la nature c’est-à-dire l’essence de la vie qui se traduit concrètement en force de vie ou élan vital.

Comment se fait-il que, sachant que la parole ne pouvait être que par la réunion du 3 (le roi Salomon, le roi de Tyr et Hiram), comment se fait-il qu’aucun d’entre eux n’ait pensé à transmettre sa propre connaissance à un disciple pour que la chaîne ne se brise pas en cas de disparition? Était-ce se croire immortel ?

On peut aussi penser que la parole perdue serait une prononciation rituelle ?

Les exégètes des rituels assimilent la prononciation du Tétragramme à la « parole perdue ». Elle devait être trisyllabique. La syllabe est l’élément réellement indécomposable de la parole prononcée, même si elle s’écrit naturellement en quatre lettres. En effet, quatre (4) se rapporte ici à l’aspect « substantiel » de la parole et 3 à son aspect « essentiel ». Il est d’ailleurs à remarquer que le mot substitué  lui-même, dans sa prononciation rituelle, sous ses différentes formes, est toujours composé de trois syllabes qui sont énoncées séparément. On trouve dans Le vrai catéchisme des frères francs-maçons rédigé suivant le code mystérieux et approuvé de toutes les loges justes et régulières un long développement, à partir de la page 52, par questions/réponses expliquant ce que l’on entend par la parole perdue, la véritable prononciation  de l’éternel et ses mots substitués[1].

Considérant que chez les Hébreux, le grand prêtre, le Cohen Gadol, était seul détenteur de la prononciation recta dictio et totale du mot sacré qu’il vocalisait une fois par an dans le saint des saints, cela pourrait vouloir dire que la parole ne fut pas perdue et que si Salomon la substitua, c’est qu’il pensait que son Maître d’œuvre avait cédé à la pression de ses agresseurs en la dévoilant : il fallut donc changer cette parole. C’est ce que laisse aussi entendre le rituel Misraïm : le roi Salomon qui craignait que le maître dans les douleurs de l’agonie et espérant se soustraire à la mort n’eût laissé échapper les mots et les signes de la maîtrise… Pourtant, cet Hiram-là n’a pas pu avoir l’ultime tentation de prononcer, seul, l’imprononçable. Cela n’a été qu’un artifice psychologique pour nous interroger, car Hiram, en tant qu’initié, sait l’abomination que serait d’enfermer la transcendance dans la prononciation d’un mot. Tous les termes désignant le mystère, l’Esprit, l’être, la substance, le Un, l’Essence, l’alpha et l’oméga, sont des vocables chosifiant ou personnifiant. Seul existe le mystère immanent de l’existence, de l’organisation harmonieuse de l’univers et de l’émotion humaine devant cet aspect mystérieux auquel participe tout ce qui existe réellement (êtres et choses). Le nom «D.ieu», s’il n’est pas abusivement employé, ne signifie-t-il absolument rien d’autre que l’émotion devant l’inexplicable ?

Le degré de Royal Arche indique qu’il s’agirait du code crypté permettant la cantillation du nom divin. Il y est raconté : « avec une recherche systématique fut trouvé, près de l’endroit d’un grand triangle, un morceau de marbre sur laquelle étaient gravés certains hiéroglyphiques dont ils ont pris la possession, et qu’ils ont porté à Salomon. Salomon a envoyé quelques prêtres instruits qui ont déchiffré ces caractères, et  ils ont vérifiés qu’il s’agissait des ruines du temple d’Énoch, construction d’avant l’inondation du déluge qui avait balayé tout sauf ces neuf voûtes .Selon la légende, le haut prêtre a examiné les caractères du socle d’or et les a trouvés pour être le nom inexprimable de Dieu. Les Hiéroglyphes représentent la manière de prononcer le nom du plus haut, et ils ont été composés par Énoch, en souvenance du temps où il avait reçu l’initiation de certains secrets de la signification des trois lettres mystiques. Ce nom a été perdu et maintenant retrouvé. Alors le haut prêtre leur a expliqué que la promesse de Dieu, à Noah, à Moïse et à David, de révéler le nom de dieu sur un socle d’or, avait été accomplie. Mais, qu’il était  interdit de l’écrire, qu’il était seulement permis de le marquer en lettres pour leur consolation, mais qu’en aucun cas il ne fallait le prononcer et le parler. Le haut prêtre a composé un code pour crypter ce nom. Ce code était si complexe que la logique seule ne suffisait pas. Hiram Abif en eut la connaissance transmise par le haut prêtre. Ils furent les seuls à connaître ces messages secrets. En outre, le haut prêtre a donné l’ordre à Hiram Abif de graver cinq autres écrits différents. Les écrits ont été censés être insérés dans le mur du Saint des Saints.  Le peuple utilisa alors un autre nom de dieu. Quelques étudiants juifs, désireux de connaître la nature et la prononciation du nom saint, ont conspiré et ont eu recours à la violence envers l’architecte en chef Hiram Abif pour connaître l’endroit où le trésor est caché, les brutes l’ont frappé avec un coup sur le front, qui l’a étendu sans vie à leurs pieds. Après cet événement, le haut prêtre a fermé le passage.

Dans ce même registre, on remarquera que lors de la destruction du Temple de Jérusalem et de la dispersion du peuple juif, la véritable prononciation du Nom tétragrammatique fut perdue ; il y a bien eu des noms substitués, celui d’Adonaï, El shaddaï, Achem,  mais ils ne furent jamais regardés comme l’équivalent réel de celui qu’on ne savait plus prononcer.

En effet, la transmission régulière de la prononciation exacte du principal nom divin, désigné comme ha-Shem ou le Nom par excellence, était essentiellement liée à la continuation du sacerdoce dont les fonctions ne pouvaient s’exercer que dans le seul Temple de Jérusalem. La destruction du centre spirituel de la tradition hébraïque induit une diaspora ou « dispersion », terme qui définit l’état d’un peuple dont la tradition est privée de son centre normal.

Les circonstances de la perte de la parole maçonnique ne sont pas sans rappeler les secrets des rites initiatiques pour l’intromission des pharaons, véritables mystères de la lignée royale d’Égypte, qui furent définitivement perdus à la mort du roi Sekenenrê Taâ. La découverte de la momie de Sekenenrê Taâ, (en 1881 à côté de celle de Ramsès II plus jeune de quelques 300 ans), a mis en évidence que ce pharaon avait connu une fin violente. Le milieu de son front avait été enfoncé, un autre coup avait fracturé l’orbite de son œil droit, sa pommette droite et son nez, un troisième avait été porté derrière son oreille gauche fracassant sa mastoïde et terminant sa course dans la première vertèbre du cou.

Tête momifiée de Seqenenrê Tâa et indications de ses blessures.

Chistopher Knight et Robert Lomas  auteurs du roman La clef d’Hiram racontent comment les secrets du sacre royal égyptien disparurent avec Sekenenrê, l’homme que les auteurs appellent Hiram Abif (le roi perdu). Le roi Sekenenrê livrait une grande bataille mentale avec Apophis, le roi Hyksos, il avait donc besoin de la pleine puissance du dieu soleil Amon-Ré pour lui donner la force d’être victorieux. Siégeant à Thèbes, il quittait chaque jour le palais royal de Malkata pour se rendre au temple d’Amon-Ré à l’heure du grand midi, quand le soleil était à son zénith et qu’un homme ne projetait pratiquement ni ombre, ni zone de ténèbres sur le sol. À ce moment-là, le pouvoir de Rê atteignait son apex et celui du dieu Apophis, son point le plus bas. Sekenenrê fut probablement tué parce qu’il n’aurait pas voulu révéler les secrets des rituels (transmis par Horus) du sacre royal à Apophis, le roi Hyksos, son ennemi.

En somme, il s’agit de la perte d’une parole, caractérisant une certaine tradition et la représentant en quelque sorte synthétiquement. Ainsi René Guénon explique ; « la substitution d’un nouveau nom remplaçant celui-là marquerait alors le passage d’une tradition à une autre. Quelquefois aussi, il est fait mention de «pertes» partielles s’étant produites, à certaines époques critiques, dans le cours de l’existence d’une même forme traditionnelle : lorsqu’elles furent réparées par la substitution de quelque équivalent, elles signifient qu’une réadaptation de la tradition considérée fut alors nécessitée par les circonstances ; dans le cas contraire, elles indiquent un amoindrissement plus ou moins grave de cette tradition auquel il ne peut être remédié ultérieurement[2].» 

Plus largement, les mystères des sociétés initiatiques de l’Antiquité perpétuaient les premières traditions du genre humain et les nouveaux acquits des corps savants pour élever, au-dessus de leurs semblables, des initiés jugés aptes à en faire un usage utile pour tous. Cet enseignement leur était donné de bouche à oreilles après avoir pris l’engagement, par un serment menaçant, de ne le transmettre à d’autres initiés que sous les mêmes formes et conditions. Il est raconté qu’ils étaient possesseurs de secrets scientifiques redoutables et bienfaisants, dont leur haute morale imposait le respect, mais susceptibles, étant détournés de leur action bénéfique, d’être transformés dans un but malfaisant. Les initiations furent interrompues ; des initiés s’éteignirent, emportant dans la mort les secrets qui leur avaient été confiés. La plupart des hiéroglyphes égyptiens, nous conte le rituel Misraïm des travaux de Maître de 1820, présentaient des êtres animés formés quelquefois de parties appartenant à des êtres forts peu ressemblant par leurs formes extérieures et par leur inclinations ; les combinaisons numériques et géométriques dans leur résultat étaient hiéroglyphique ; les nombres 3, 4, 7, 9, et le générateur Un étaient des emblèmes respectés. Cette Tradition secrète fut transmise par les sages de la Chaldée aux égyptiens, puis à Moïse jusqu’à Salomon. À la suite d’une indiscrétion, il fut convenu que les anciens hiéroglyphes seraient remplacés par des figures d’instruments propres à la construction matérielle.

Toutes les traditions parlent d’un âge heureux où les êtres pensants, dans la paix et dans l’innocence, vivaient dans le sein de la vérité. Dans cet âge, dont nul voile ne couvrait la réalité, une parole universelle pénétrait uniformément tous les degrés de l’intelligence. La quête souvent évoquée de la Parole perdue est celle de la révélation première. Le symbolisme de la langue primordiale en est un autre synonyme. Selon la tradition musulmane, il s’agit de la langue syriaque, ou solaire, expression transparente de la lumière reçue dans le centre spirituel primordial. Il est significatif que la langue paradisiaque ait été comprise des animaux. L’introduction chamanique au langage des animaux est, à l’inverse, un symbole du retour à l’état édénique. Plus précisément encore, cette langue est parfois celle des oiseaux. Or, la langue des oiseaux est une langue céleste ou angélique, symboliquement analogue à la langue syriaque, et qui ne peut être perçue que par l’atteinte de certains états spirituels».

Que peut-être la parole perdue pour un franc-maçon d’aujourd’hui ?

Les remarques que nous venons de faire montrent que la parole perdue serait soit un savoir, soit une prononciation, soit une connaissance spirituelle ou magique soit encore la trace du passage d’une tradition à une autre.

La parole perdue du franc-maçon me paraît un peu différente. Nous ne pouvons faire l’erreur des mauvais compagnons qui croyaient que le secret du maître maçon relevait de la communication d’un savoir ; notre recherche est bien différente puisqu’elle se place sur le plan de la Connaissance, celui de l’être et du spirituel, de l’immanence et de la transcendance.

Dans l’exotérisme judaïque, le mot qui est substitué au Tétragramme qu’on ne sait plus prononcer est un autre nom divin, Adonaï, qui est formé également de quatre lettres, mais qui est considéré comme moins essentiel ; il y a là quelque chose qui implique qu’on se résigne à une perte jugée irréparable, et qu’on cherche seulement à y remédier dans la mesure où les conditions présentes le permettent encore. Dans l’initiation maçonnique, au contraire, le «mot substitué» est une question qui ouvre la possibilité de retrouver la «parole perdue», donc de restaurer l’état antérieur à cette perte[3].

La parole perdue met en relief la nécessité d’une nouvelle perception et d’un nouveau langage relatif à la notion d’essence et de présence au-delà de la forme. Elle n’est pas à comprendre comme uniquement une perte dans la transmission, mais comme le commencement d’un apprentissage d’autres éléments de langages qui mènent à l´Unité du Aleph Divin, pour que du Silence à la parole, nous retrouvions le Souffle de la Création.

Il nous reste à nous interroger sur comment trouver cette parole ou comment lui en substituer une autre de même puissance.


[1] À découvrir dans le Rituel de Luquet

[2] René Guénon,  Parole perdue et mots substitués.  

[3] Rite émulation : V.- (au ler S.) Qu’est-ce donc qui est perdu ? 1er S . – Les véritables secrets des MM. MM. V.- (au 2e S.) Comment se sont-ils perdus ? 2° S. – Par la mort prématurée de notre M. H.A.V. V.- (au ler S.) Où espérez-vous les trouver ?  l er S.- Au Centre. V. – (au 2e S.) qu’est-ce que le Centre ? 2e S.- Un point à l’intérieur d’un cercle qui se trouve à une distance égale de toutes les parties de la circonférence. V.- (au ler S.) Pourquoi au centre ? ler S.- Parce que c’est le point où le M.M, ne peut faillir. V.- Nous vous aiderons à réparer cette perte.

La tâche est longue et difficile pour changer la perception de la Franc-maçonnerie en Espagne

De notre confrère eldiario.es – Par José María Sadia

« Mais c’est une secte, n’est-ce pas ? »

Avec un quart de siècle d’activité, l’exposition du Centre Documentaire de Mémoire Historique de Salamanque, unique dans le pays, tente de faire la lumière sur l’image des francs-maçons, gravement endommagée par la propagande franquiste.

D’abord, les gestes devant les vitrines sont de la curiosité. L’intérêt augmente en lisant les cartouches qui illustrent des documents, des bijoux ou des vêtements. Lorsque les visiteurs de l’exposition sur la franc-maçonnerie du Centre documentaire de mémoire historique de Salamanque (CDMH) accèdent à la salle qui recrée une loge, leurs réactions se déclenchent : surprise, stupeur… et même peur. Peut-être était-ce précisément l’effet que les promoteurs de ce musée anti-maçonnique entendaient provoquer chez le spectateur lorsque l’idée surgit au milieu des années 1940. Nous ne le saurons jamais, puisque l’établissement n’ouvrira ses portes qu’en 1999, bien dans et consolidée dans la période démocratique.

Ce qui peut être confirmé, c’est la persécution que, sans répit ni limites, le régime franquiste a pratiqué contre la franc-maçonnerie, allant jusqu’à faire taire, emprisonner et même fusiller une bonne partie des membres d’une organisation syndicale dont l’idéal se résume dans la recherche de la « perfection de l’homme et progrès de l’humanité », qui trouve ses origines au Moyen Âge et qui a commencé à se développer en Espagne à partir du début du XVIIIe siècle, bien que sa vie ait été souvent interrompue par l’émergence, par exemple, de la guerre civile. Le Vatican interdit la franc-maçonnerie : “On ne peut pas être catholique et franc-maçon

Vatican à Rome. Basilique Saint-Pierre

Dans le cadre de ce harcèlement, le camp franquiste – en pleine guerre civile – et la dictature qui a suivi ont lancé un système de propagande dont l’objectif principal était la diabolisation de l’organisation maçonnique. Différents services, créés pour la saisie des documents et des biens de groupes tels que les francs-maçons, ont convergé en 1944 au sein de la Délégation nationale des services documentaires. A sa tête se trouvait Marcelino de Ulibarri y Eguilaz, « un membre de la Phalange et une personne très catholique qui a mené une lutte personnelle contre la franc-maçonnerie, une lutte qui s’est terminée par la fondation d’un tribunal spécial pour la répression de la franc-maçonnerie et du communisme », détaille Alicia Marqueta, technicienne de musée au Centre Documentaire de Mémoire Historique de Salamanque.

Affiche de propagande nazie de lexposition antimaçonnique de Belgrade 1941-1942

Les centaines de documents, objets et biens saisis aux groupes persécutés par le régime et utilisés pour identifier leurs membres et persécuter leurs activités ont commencé à arriver à ladite délégation, basée à Salamanque, où une attention particulière a été accordée à ceux qui appartenaient à la franc-maçonnerie, qui s’est retrouvé dans une section spécifique. Le volume et la diversité de ces fonds étaient tels qu’Ulibarri eut l’idée de créer un musée dont la pièce maîtresse était précisément la reconstitution d’une loge, c’est-à-dire une salle de réunion pour les francs-maçons imaginée mais avec des objets réels. Le but de ce projet était de « dénigrer et ridiculiser les francs-maçons » en incluant, par exemple, des « éléments parodiques » comme le cas des « poupées à capuche et crânes aux yeux brillants », comme le décrivent les informations proposées par le CDMH dans ses panneaux explicatifs. Une astuce, sans aucun doute, au sein de cette machine à diffamation qui, en revanche, a réussi à créer un courant absolument négatif contre cette organisation en Espagne.

« Comprendre ce qu’était la franc-maçonnerie »

Affiches propagande antimaçonnique
Affiches propagande antimaçonnique

Le projet a fini par être contrecarré. Cette salle inquiétante ne recevra jamais de visiteurs pendant la dictature de Franco. Cependant, le matériel précieux – indispensable sans aucun doute pour connaître le fonctionnement des loges – a été conservé jusqu’en 1999. « À la fin des années 90, la loge a été ouverte, nettoyée, placée et évaluée. Ce musée antimaçonnique”, explique Alicia Marqueta, qui détaille la contribution au complexe d’exposition du Centre Documentaire de Mémoire Historique : “Du centre, à travers les muséologues et les archivistes, ce que “Ce qui a été fait, c’est une sélection des principaux objets de nos fonds, provenant des saisies de l’ancien tribunal.” Une passoire, en réalité, parmi des milliers de biens, puisque ce qui est exposé n’est qu’« une petite partie » de l’ensemble, accessible grâce aux visites guidées programmées par l’institution.

De cette manière, de par la nature des fonds, le CDMH est « une exposition unique dans le pays », qui amène des étudiants, des chercheurs ou des producteurs de documentaires à l’organisation de Salamanque pour documenter ou enregistrer des pièces originales de la franc-maçonnerie. Or, si l’objectif d’Ulibarri et du régime franquiste était de « ridiculiser » les francs-maçons, que poursuit-on aujourd’hui en ouvrant les portes de cette surprenante collection ? « Historiquement, les francs-maçons ont été très importants, non seulement en Espagne, mais dans le monde entier . En effet, entre le XIXe siècle et sous la Deuxième République, une partie des députés et des ministres appartenaient à ce type de groupes, contre lesquels ont subi des représailles sous le régime franquiste, même s’ils ont continué à exister pendant la Transition”, détaille le conservateur du Musée. “Le but de l’exposition est de comprendre ce qu’était réellement la franc-maçonnerie”, ajoute-t-il.

Bijoux et objets visibles dans l’exposition, faisant partie des fonds saisis depuis le début de la guerre civile. JMS

Mais a-t-il été atteint en ce quart de siècle ? “Dans les visites guidées, auxquelles participent de nombreuses personnes, y compris des étudiants de l’ESO ou du Baccalauréat, on peut percevoir la réaction des gens, et beaucoup demandent :mais c’est une secte, n’est-ce pas ?”, révèle Marqueta. “L’idée négative qu’on avait jusqu’à il y a deux jours est toujours d’actualité”, reconnaît le spécialiste. C’est pourquoi “il est très important d’en parler comme de quelque chose de moins négatif car, bien qu’il s’agisse de groupes plus ou moins secrets ou fermés, “Ils ont une certaine importance dans la société, par exemple en collaboration avec des dons, des activités caritatives ou culturelles.” C’est-à-dire que la perception de la franc-maçonnerie comme quelque chose de proche d’une secte survit, avec le doute sur la table quant à savoir si les francs-maçons « sont bons ou mauvais ».

La machine de propagande a fonctionné

Depuis le Centre Documentaire de Mémoire Historique, ils véhiculent l’idée que la caricature actuelle autour de la Franc-Maçonnerie – parfaitement représentée par ces hommes cagoulés qui président la chambre recréée dans l’exposition et qui n’ont rien à voir avec la réalité – est le produit de la puissante propagande, rouages ​​du régime franquiste depuis des décennies. La preuve en est que, lorsque des groupes d’étudiants étrangers – venus de pays comme la France ou les États-Unis – s’approchent de cette collection, la réaction est très différente : « C’est quelque chose qui leur est très normal, ils vous disent eux-mêmes que leur père ou leur grand-père sont maçons, et ils le font naturellement”, révèle Alicia Marqueta, qui offre une clé non inintéressante pour comprendre la situation de notre pays : “La différence avec les Espagnols est qu’ici nous ne parlons pas avec cette liberté, la relation c’est complètement direct avec la propagande franquiste sur la franc-maçonnerie.

Cette stigmatisation est précisément ce qui cache des données frappantes, comme celle de la proclamation de la Deuxième République (1931), une partie importante des députés étaient des francs-maçons (150) ou que le gouvernement comptait à cette époque six ministres issus de ces groupes. eux, celui qui finirait par être le dernier président du régime démocratique : Manuel Azaña. Cependant, à partir de 1933, la situation devint complètement hostile aux francs-maçons, en raison de la persécution promue par des institutions telles que l’Église elle-même ou des partis de l’époque, comme la Phalange espagnole, mais aussi par d’autres d’idéologies les plus diverses. Le résultat de la répression fut la prison et la mort. Le CDMH affirme qu’il existe des documents prouvant qu’une personne peut aller jusqu’à 12 ans de prison pour avoir pratiqué cette école de pensée. Dans une loge de francs-maçons : « Nous avons été anéantis pour nos idéaux »

Cependant, cette persécution – la haine professée par Franco lui-même – n’est pas justifiée par les idéaux de la franc-maçonnerie, auxquels tout citoyen du 21e siècle (et ensuite) pourrait souscrire. L’idéologie maçonnique parle de défense des droits de l’homme ou de laïcité, elle s’est opposée au fascisme, aux dictatures et à la peine de mort, elle a montré son obsession pour la paix et sa préoccupation pour les problèmes coloniaux, tandis que son soutien aux sépharades, aux Juifs, a été évident. Juifs qui durent quitter la péninsule en 1492 (1498 au Portugal). En fait, des personnes ayant fait leurs preuves appartenaient à ces groupes, comme les lauréats du prix Nobel de médecine Severo Ochoa et Santiago Ramón y Cajal. Aujourd’hui, malgré tout, il y a environ 4 000 francs-maçons dans notre pays, dont l’image historique “il reste encore beaucoup à faire”. La technicienne du musée Alicia Marqueta propose différentes idées pour continuer à parcourir ce chemin, depuis des modifications dans l’exposition elle-même pour « que tout soit encore plus clair », jusqu’à la promotion de diverses activités qui, comme en 2023, ont permis aux francs-maçons de montrer les tenants et les aboutissants de votre organisation.