Accueil Blog Page 2

Les origines du christianisme -1

Je vous propose à la lecture 10 articles qui paraîtront, à partir d’aujourd’hui et tous les jours suivants à 12h, retraçant l’origine du christianisme. Ils reprennent, documentent et résument les interventions de nombreux théologiens et spécialistes chrétiens et juifs enregistrées par Arte en 2022.

Contexte historique et question centrale : Jésus a-t-il fondé le christianisme ou l’Église ?

Vers l’an 30 de notre ère, Jésus est crucifié par les Romains sous l’accusation d’être le « roi des Juifs ». Trois siècles plus tard, l’empereur Constantin se convertit au christianisme, qui devient rapidement la religion officielle de l’Empire romain. Aujourd’hui, le Vatican est le siège de l’Église catholique apostolique et romaine, supplantant Jérusalem comme centre spirituel. Cela pose la question fondamentale : Jésus est-il à l’origine du christianisme ? A-t-il fondé l’Église ?

Jésus a vécu à l’intérieur d’Israël, a pensé sa théologie – son image de Dieu – au sein du judaïsme et pour Israël ; même s’il a fallu attendre le Concile Vatican II pour que l’Église lui rende sa judaïté (paragraphe 4 de Nostra Aetate): « Elle rappelle aussi que les Apôtres, fondements et colonnes de l’Église, sont nés du peuple juif, ainsi qu’un grand nombre des premiers disciples qui annoncèrent au monde l’Évangile du Christ.»

Jésus n’est pas un fondateur de schisme. Jésus n’a pas fondé l’Église au sens institutionnel. Il n’a pas mis en place un dispositif organisationnel qui servirait de base à ce que l’Église est devenue.

Dans le judaïsme palestinien du Ier siècle, extraordinairement diversifié avant la destruction du Temple en 70, Jésus représente, comme Jean le Baptiste, une forme particulière de croyance, mais totalement intégrée au judaïsme. Il est un fils d’Israël, juif, et propose une relecture de la tradition juive, avec une image de Dieu miséricordieux et quelques signes d’ouverture vers les païens (représentés par les publicains et les pécheurs), bien que cela soit amplifié après la résurrection.

Se demander si Jésus a fondé une Église est anachronique et dépourvu de sens. Jésus visait le renouveau d’Israël, un Israël renouvelé et eschatologique (lié à la fin des temps), inclusif et prêt à accueillir ceux que d’autres partis juifs réprouvaient. Il n’y a pas de « christianisme » du vivant de Jésus ; son but était de rassembler un Israël véritable.

Une conscience chrétienne naît plus tard, relativement rapidement, vers la fin du Ier siècle, lorsque le mouvement se positionne de manière autonome. Le terme « christianisme » est donc anachronique pour le Ier siècle ; on parle plutôt de groupes de fidèles de Jésus, et ce n’est qu’au IVe siècle que la religion se distingue et s’institutionnalise.

La propagation du christianisme : mystères et lacunes documentaires

On ignore en grande partie comment le christianisme s’est propagé.

Par exemple, on apprend l’existence d’une communauté chrétienne déjà développée en Égypte, à Alexandrie, mais le Nouveau Testament ne dit rien sur comment l’Évangile est passé de Jérusalem à Alexandrie. Le développement du mouvement à l’intérieur de la Judée et jusqu’au bassin méditerranéen est mal documenté. Ce qu’on peut dire c’est que là où il y avait des synagogues, des communautés chrétiennes émergent, parfois non juives, mais c’est extrêmement difficile à reconstruire à partir des récits du Nouveau Testament.

Les historiens soulignent une absence de documentation précise sur les mois et années suivant la mort de Jésus. Les points fixes proviennent du Nouveau Testament : la sortie de Jérusalem, la formation d’une communauté à Antioche (décisive pour le développement ultérieur).

Au début, on parle de « juifs messianiques » ou « juifs chrétiens », adoptant la foi en Jésus comme Messie. Il faut attendre des dizaines d’années pour parler d’un christianisme autonome. L’expression « chrétiens » est utilisée par simplification pour désigner ceux qui croient en Jésus-Christ comme agent eschatologique envoyé par Dieu pour le salut de l’humanité, mais au départ, ce sont des juifs professant que Jésus est le Christ, mort et ressuscité, le Sauveur. Ces catégories (Messie, Christ) sont purement juives, incompréhensibles pour les païens ; « Christ » signifie « oint » en hébreu (messie), un rôle particulier, sans la connotation dogmatique accumulée sur vingt siècles.

L’invention du christianisme commence par voir en Jésus le Christ ressuscité.

Cette confession de foi donne naissance à l’Église, mais à l’origine, l’Église n’est pas une institution structurée. C’est un ensemble de communautés unies par la même foi, sans organisation centralisée. On parle de petits groupes de fidèles se retrouvant dans des maisons (30-40 personnes), très différent du christianisme comme religion mondiale.

Au Ier siècle, le mot « ecclesia » (église) signifie simplement « assemblée », au sens politique ou synagogal, sans connotation institutionnelle.
C’est seulement au chapitre 5,11 des Actes des Apôtres que ce mot désigne la communauté : «  Une grande crainte saisit toute l’Église et tous ceux qui apprenaient cette nouvelle ».  Auparavant, on parle de « communion » ou « disciples ». Influencé par la tradition juive (ecclesia pour l’assemblée d’Israël dans la Bible grecque) et le monde grec (assemblée des hommes libres), le terme s’impose progressivement. Paul, dans ses lettres, l’utilise pour des communautés locales (ex. : l’église des Corinthiens, ou celle chez Priscille et Aquilas).

La distance entre le Royaume annoncé par Jésus et l’Église : le rôle de Paul

Selon une formule célèbre, Jésus a annoncé le Royaume, et c’est l’Église qui est venue. Cette distance sépare-t-elle Jésus de Paul, vu comme l’inventeur de la nouvelle religion ?

Le Royaume annoncé par Jésus est très différent de l’Église naissante. Après la mort de Jésus, l’Église s’éloigne du judaïsme originel. Si Jésus revenait, il ne reconnaîtrait probablement pas la religion développée par Paul.

Cependant, il n’y a pas de « blanc » entre la crucifixion/résurrection et Paul.

Les écrits de Paul aident des communautés païennes à vivre le christianisme. Son apport est fondamental pour façonner le christianisme actuel, mais pas comme inventeur radical.

Avec vingt siècles de recul et peu de sources, Paul ressort énormément car on a ses épîtres (le plus de renseignements). Son succès vient du christianisme qu’il propose, séducteur : un homme (Jésus) a prêché le salut, est mort et ressuscité. Paul est le grand apôtre des Gentils (non-Juifs), qui deviennent majoritaires, le rendant central.

Le christianisme qui émerge est paulinien : il réfute la Loi juive, critique la circoncision, refuse le casher et les fêtes juives. Jésus s’est transformé en Jésus-Christ, personnalité divine, éloignée du prophète messianique juif. Au fil du temps, on s’éloigne du Jésus terrestre, juif, pour un Jésus spiritualisé, fils de Dieu dès l’origine (au lieu de fils de David, messie d’Israël). Les Évangiles montrent ce doublement : Jésus humain (marchant sur l’eau, calmant la tempête comme Dieu). Le nœud est là : Jésus devient homme et Dieu, Verbe incarné.

Jésus évolue dans le judaïsme, même s’il peut être vu comme un grand hérésiarque. Le christianisme se forme quand on professe « Jésus est Dieu », nouveauté absolue. Les conciles des IVe-Ve siècles débattent de cela : Jésus est-il totalement homme, totalement Dieu, ou les deux ? On accepte la double nature.

La crucifixion et la résurrection : fondement de la foi

L’exécution de Jésus sur la croix marque la ruine des espoirs de ses disciples. La croyance en sa résurrection permet de surmonter cela. La crucifixion prend les disciples au dépourvu ; ils attendaient une ère triomphale. Dans Luc, ils changent leurs espérances via des apparitions ou un processus intime. Les premières confessions de foi : « Il est mort et ressuscité » – une mort infamante (croix pour esclaves, abominable pour Juifs et païens).
C’est un scandale pour les Juifs (messie crucifié introuvable dans les Écritures), une folie pour les Grecs. Les Évangiles montrent un désarroi : trahison (Judas), reniement (Pierre), fuite des disciples ; seules des femmes regardent de loin. Le groupe se reconstitue car Jésus se manifeste. Quelque chose s’est passé : résurrection pour les croyants, expérience religieuse pour d’autres.  

Les apparitions en Galilée ou Jérusalem, correspondant à des groupes : Paul (vers 50) dit que le corps ressuscité n’est pas de chair ; les Évangiles (80-100) insistent sur le corporel (toucher, manger du poisson). Il y a donc des divergences dès les traditions anciennes

Les croyances en immortels existaient déjà (ex. : Platon sur Socrate enlevé aux cieux), mais elles ne sont pas universelles. Dans «Matthieu, certains doutent même face au ressuscité. Paul liste les témoins : Pierre d’abord, puis les Douze, 500 frères, Jacques, apôtres, et lui-même (comme avorton). C’est une tradition des années 30, un credo liturgique.
L’historien ne juge pas la vérité, mais constate les effets : cet événement fonde le christianisme.

Le rôle de Pierre : une figure complexe

Pierre est le premier à voir le ressuscité, cela l’introduirait-il comme successeur ? Dans «Matthieu 16:18 (« Tu es Pierre, sur cette pierre je bâtirai mon église ») , cela pourrait remonter à la communauté primitive de Jérusalem, où Pierre en était le représentant. Mais Marc et Luc l’omettent, et cela est impensable si c’est historique.
Cela réfère à une symbolique juive : la pierre cosmique du Temple (jonction ciel-terre). Pierre reçoit les clés du Royaume, mais son portrait est ambivalent : fonceur, gaffeur, impulsif, douteur, reniant trois fois Jésus (récupéré dans Jean 21 par triple affirmation d’amour).

Pierre est porte-parole des Douze, mais mal comprenant (paroles, passion). la Tradition ne l’idéalise pas ; il illustre le croyant faillible par de multiples portraits : impulsif, inconstant, reconnaissant Jésus comme Christ, mais remettant en cause sa mort.

D’autres figures comme Pierre, Paul, Jacques (frère de Jésus) sont emblématiques, variant selon les textes. Pierre symbolise plus qu’il n’exerce un pouvoir ; proche de Jésus, continuant en Palestine, puis ailleurs (Corinthe, Rome ?). Cependant, il n’est pas désigné chef unique par Jésus ; dans Matthieu,16, le pouvoir est, certes, donné à Pierre, il l’est aussi aux autres (Matthieu. 18,4).

Ce contre-sens historique a influé sur l’Église catholique.

À Jérusalem (années 30-40), la communauté lutte pour survivre. La famille de Jésus, menée par Jacques le frère du Seigneur (ainsi nommé par Hégésippe, Épiphane de Salamine, Eusèbe de Césarée et même par Paul de Tarse), s’oppose au groupe des disciples mené par Pierre.
Jacques le Juste, est appelé frère du Seigneur par Paul et frère de Jésus par Flavius Josèphe. La question de son identité historique ne rencontre pas un accord unanime chez les historiens. Traditionnellement identifié à un frère de l’Apôtre Jude, on voit en lui non point l’un des Douze, mais un parent de Jésus.

Alors, « Jésus avait-il un frère ? »comme l’écrit aussi Matthieu en 13,55 :  « N’est-ce pas le fils du charpentier? n’est-ce pas Marie qui est sa mère? Jacques, Joseph, Simon et Jude, ne sont-ils pas ses frères? »

Lire la suite n°2

La Franc-maçonnerie dans le monde séfarade (suite) : un héritage vivant et symbolique

Du site enlacejudio.com – Par Maria José Arevalo Gutierrez

(Suite de l’article n°1 sur le même thème)

Dans la continuité de notre exploration de la franc-maçonnerie dans le monde séfarade, cette troisième partie s’attarde sur l’empreinte durable de cet ordre initiatique dans les communautés séfarades, non seulement à travers les loges, mais aussi dans les symboles, les cimetières et les traditions culturelles qui transcendent les frontières géographiques et temporelles. De l’introduction du Rite Écossais dans le Nouveau Monde à l’héritage architectural et funéraire, la franc-maçonnerie séfarade illustre une quête d’universalité et de fraternité, marquée par une riche interaction entre identités culturelles et spirituelles.

L’Expansion du Rite Écossais et les « Sociétés de Pensée »

Yucatan - Mexique
Yucatan – Mexique

Dès le XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie s’est implantée en France et en Espagne, portée par des idéaux de liberté et d’égalité. Le Rite Écossais, introduit dans le Nouveau Monde par Morín, voyagea de France aux Antilles, puis se diffusa progressivement en Amérique latine, notamment au Mexique. Les origines de la franc-maçonnerie mexicaine remontent à des « Sociétés de Pensée », fondées à la fin du XVIIIe siècle en Espagne et dans ses colonies. Ces cercles intellectuels, précurseurs de l’ordre maçonnique, attiraient des esprits éclairés, dont certains deviendraient plus tard francs-maçons. La première trace documentée d’une loge au Mexique remonte au 24 juin 1791, établie par des résidents français récemment arrivés, marquant le début d’une présence maçonnique durable dans la région.

Dans le monde séfarade, ces loges ont souvent servi de refuge pour des communautés en quête d’intégration. À Thessalonique, par exemple, la première loge, fondée en 1904 sous le patronage du Grand Orient de France, fut initiée par des dirigeants juifs. Rapidement, des Grecs, des Arméniens et des musulmans rejoignirent l’initiative, bien que les Juifs séfarades restèrent majoritaires. Cette diversité reflète l’universalité de la franc-maçonnerie, qui transcendait les clivages religieux et ethniques, tout en s’appuyant sur des liens linguistiques et culturels forts, notamment l’usage du ladino dans les loges hispanophones.

Une fraternité forgée dans l’adversité

Les loges séfarades étaient souvent composées de réfugiés ou d’immigrants ayant fui des persécutions, comme les Cubains luttant contre le régime espagnol au XIXe siècle. Ces loges, unies par la langue et des idéaux communs, offraient un espace de solidarité face aux oppressions, qu’elles soient religieuses ou politiques. Manuel Creso, directeur d’une loge séfarade, soulignait cette fraternité en déclarant :

« Parce que leurs ancêtres ont fondé de vastes colonies en Espagne au XIe siècle, ou ont épousé des femmes indigènes, ils pourraient être considérés comme nos frères de sang, fiers d’être appelés Espagnols, et nous sommes heureux de les appeler frères. »

Synagogue of Bayonne (France) – Inside.

Ce sentiment d’appartenance, renforcé par une langue commune, a permis aux Juifs séfarades d’Orient de s’intégrer dans des loges hispanophones, malgré les persécutions historiques subies par les francs-maçons de la part de l’Église catholique et de certains gouvernements.

Cependant, la franc-maçonnerie séfarade ne se limitait pas aux travaux des loges. Les traditions extra-logiales, comme les coutumes alimentaires, ont parfois souffert d’un relâchement, conduisant à des conséquences dramatiques. En Galice, par exemple, la consommation excessive de maïs, presque exclusif dans l’alimentation, a provoqué des épidémies de pellagre, ou « mal de rosa », au XIXe siècle. Ce laxisme dans la transmission des pratiques culturelles montre comment l’oubli des principes fondamentaux peut avoir des répercussions sociales profondes, un enseignement que les francs-maçons, attachés à la mémoire et à la symbolique, s’efforcent de préserver.

Un héritage gravé dans la pierre : les cimetières séfarades

L’influence maçonnique dans le monde séfarade ne s’éteint pas avec la mort. Les cimetières juifs, comme celui de Coro au Venezuela, témoignent de cette pérennité. Fondé en 1832 par Joseph Curiel et Débora Levy Maduro, ce cimetière, considéré comme le plus ancien d’Amérique utilisé sans interruption, abrite 182 tumulus, dont 16 portent des symboles maçonniques tels que le sablier, l’ouroboros, les fleurs, les griffes de lion ou le pavé à damier. La tombe d’Abraham de Meza Myerston, ornée d’une colonne commémorative, concentre plusieurs de ces symboles, illustrant l’importance de l’appartenance maçonnique, même dans l’au-delà.

Ce phénomène n’est pas unique au Venezuela. À Guadalajara, au Mexique, comme dans de nombreux cimetières à travers le monde, les pierres tombales révèlent des symboles maçonniques, non seulement comme marque d’appartenance, mais aussi comme témoignage de l’importance accordée à la fraternité. En Espagne, ces traces se retrouvent dans l’architecture quotidienne : sur les façades des maisons, les balcons, les linteaux ou les vitraux, voire dans les plans polygonaux d’églises flanquées de colonnes, rappelant les temples maçonniques. Ces détails, souvent discrets, invitent à une lecture attentive du paysage, où l’héritage maçonnique dialogue avec l’histoire séfarade.

Une symbiose culturelle et spirituelle

La franc-maçonnerie séfarade incarne une symbiose unique entre identité culturelle et quête spirituelle. Les Juifs séfarades, en rejoignant les loges, ont non seulement trouvé un espace d’intégration, mais ont également enrichi l’ordre maçonnique de leur héritage kabbalistique et de leur langue. Le ladino, langue des Séfarades d’Orient, a joué un rôle clé dans la cohésion des loges hispanophones, renforçant les liens entre membres d’origines diverses. Cette fraternité linguistique et culturelle a permis à la franc-maçonnerie de prospérer dans des contextes parfois hostiles, où les Juifs et les maçons étaient stigmatisés comme des menaces par les autorités religieuses et politiques.

Pourtant, cet héritage n’est pas sans défis. La transmission orale des traditions maçonniques, qu’il s’agisse des rituels ou des coutumes, a parfois conduit à leur oubli, comme dans le cas des pratiques alimentaires.

Un héritage vivant

La franc-maçonnerie dans le monde séfarade, du XVIIIe siècle à nos jours, illustre une histoire de résilience, de fraternité et de dialogue interculturel. Des premières loges fondées par des réfugiés aux symboles gravés dans les cimetières, cet ordre initiatique a offert aux communautés séfarades un espace de liberté et d’émancipation, tout en laissant une empreinte durable dans l’architecture, les traditions et les mémoires collectives.

Relire le volet de cette série de 2 articles

Les entretiens d’été 2025 : clôture en beauté avec « Du profane à l’initié »

Les amateurs de réflexion et de dialogue initiatique sont invités à marquer leur calendrier pour le dernier volet des Entretiens d’Été 2025, organisé par le Collège Maçonnique. Ce jeudi 4 septembre 2025 à 19h30 (CEST), l’événement intitulé Migrations… Odyssées du Vivant s’achèvera sur une note profonde avec la conférence Du Profane à l’Initié, animée par deux figures emblématiques de la pensée maçonnique : Catherine Quentin et Jean Dumonteil.

Cette session, accessible gratuitement via Zoom, promet d’explorer les voyages symboliques qui jalonnent le chemin initiatique, une thématique qui résonne avec les mutations contemporaines et les quêtes de sens.

L’inscription est obligatoire sur https://us06web.zoom.us/webinar/register/WN_VVSVEmjERd-YrFf8QdKxyQ.

Une exploration des migrations et des voyages initiatiques

Catherine Quentin

Depuis le début de l’année, les Entretiens d’Été 2025 ont offert un voyage intellectuel à travers les notions de migrations, d’évolutions et de transformations, examinées sous divers angles : les avancées médicales, l’intelligence artificielle, les mutations sociétales et l’évolution de l’éthique. Ce cycle s’est enrichi d’une dimension maçonnique en s’intéressant aux « voyages » symboliques proposés aux francs-maçons, une errance intérieure qui invite à un changement de perspective et de manière d’être. Ces voyages, bien que qualifiés d’imaginaires, soulèvent une question essentielle : ne sont-ils pas plutôt une quête inlassable de sens, une exploration d’une réalité plus profonde que le quotidien ?

Jean Dumonteil

Catherine Quentin et Jean Dumonteil, experts reconnus dans leurs domaines respectifs, apporteront leur éclairage sur cette transition du profane à l’initié. Leur conférence promet de dépasser la simple métaphore pour interroger la profondeur de cette démarche, un thème central dans la tradition maçonnique qui invite à repenser l’existence à travers l’initiation.

Les intervenants : une alliance de savoir et d’engagement

Catherine Quentin, issue d’une formation classique et philosophique, a débuté sa carrière comme enseignante d’allemand avant de se tourner vers la communication stratégique. Après avoir collaboré avec des figures comme Michel Baroin et dirigé la communication de structures telles que la CAPEB, l’ANCV et PRO-BTP, elle a rejoint la Grande Loge Féminine de France. Actuellement Grand Commandeur du Suprême Conseil Féminin de France, elle est une voix respectée, enrichissant les travaux maçonniques par ses planches et articles.

Jean Dumonteil, quant à lui, apporte une perspective complémentaire avec ses études en théologie morale et exégèse biblique, suivies d’une carrière en journalisme et développement social. Membre de la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française, il a été Vénérable Maître de la loge nationale de recherche et promeut une spiritualité active à travers des ouvrages comme Éloge du local (Éditions de l’Aube, 2023) et Au Centre de la Loge, les symboles maçonniques restitués (Numérilivre, 2025).

Une clôture inspirante avec Christian Roblin

Christian Roblin
Christian Roblin

La soirée du 4 septembre s’achèvera par les conclusions de ce cycle 2025, prononcées par Christian Roblin, Président du Collège Maçonnique. Sous la médiation d’Alain-Noël Dubart (Ancien Grand Maître de la Grande Loge de France) et Marie-Thérèse Besson (Ancienne Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France), cette session offrira un moment de synthèse et de prospective, fidèle à l’esprit ouvert et fraternel des Entretiens d’Été.

Un accès universel et gratuit

Conformes à leur vocation inclusive, toutes les conférences des Entretiens d’Été sont gratuites, ouvertes à tous, enregistrées et disponibles en replay sur le site du Collège Maçonnique www.collegemaconnique.fr ou via https://collegemaconnique.fr/entretiens-dete/videos-des-conferences-entretiens-dete/. Cette accessibilité permet à chacun, profane ou initié, de s’immerger dans ces réflexions profondes, prolongeant ainsi le dialogue au-delà de la soirée.

Une invitation à la réflexion

À l’aube de cette nouvelle étape des Entretiens d’Été, le 4 septembre 2025 à 19h30, Catherine Quentin et Jean Dumonteil nous invitent à embarquer dans une odyssée intérieure, où les migrations du vivant rencontrent les voyages symboliques de l’initiation. Que vous soyez novice ou familier de la pensée maçonnique, cette conférence promet d’ouvrir des perspectives nouvelles sur la quête de sens dans un monde en mutation. Inscrivez-vous dès aujourd’hui pour ne pas manquer ce moment de partage et de lumière.

Inscription :

https://us06web.zoom.us/webinar/register/WN_VVSVEmjERd-YrFf8QdKxyQ

Certitude ou Vérité (suite) : Le chemin de l’humilité et du doute initiatique

De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz

« Le problème du monde, c’est que les gens stupides sont certains de tout, et les gens intelligents sont pleins de doutes. »

Ces mots de Bertrand Russell résonnent comme une mise en garde intemporelle contre les pièges de la certitude absolue. Dans la continuité de notre réflexion sur la quête de vérité, cet article explore la tension entre certitude et doute, et leur rôle dans le chemin initiatique, en s’appuyant sur des perspectives philosophiques, historiques et spirituelles. À l’heure où le dogmatisme et le fanatisme continuent de marquer nos sociétés, comment la franc-maçonnerie, en particulier au sein de l’Ordre maçonnique mixte international Le Droit Humain, peut-elle nous guider vers une sagesse équilibrée, mêlant humilité et discernement ?

Suite de l’article d’hier que vous trouverez sur ce lien

L’illusion de la certitude : un obstacle à la fraternité

La certitude, lorsqu’elle devient inflexible, peut se transformer en un frein à l’épanouissement individuel et collectif. Comme l’illustre Russell, l’arrogance de croire « j’ai toujours raison » est l’apanage des dictateurs, non des leaders. Un véritable leader maçonnique, incarne une approche différente : il propose, écoute et analyse en équipe, favorisant le dialogue et la collaboration. La certitude, lorsqu’elle est érigée en dogme, devient l’ennemie du travail d’équipe, essentiel à la démarche maçonnique qui prône l’union pour le bien commun.

Le dogmatisme et le fanatisme, souvent nés d’une quête de sécurité psychologique, prospèrent sur des certitudes absolues. L’histoire en témoigne tragiquement : de la Sainte Inquisition, qui brûlait les hérétiques au nom de vérités religieuses, aux régimes totalitaires du XXe siècle – Hitler, Mussolini, Staline – qui ont semé la guerre et la souffrance pour imposer leurs idéaux, la certitude mal placée a causé des ravages. Ces exemples montrent que le problème n’est pas la certitude en soi, mais son maintien aveugle, dépourvu d’humilité et de remise en question.

L’humilité épistémologique : une arme contre le dogmatisme

L’humilité épistémologique, qui consiste à reconnaître les limites de notre savoir, est une discipline essentielle pour distinguer une connaissance valide d’une croyance infondée. Comme l’écrivait Thomas Hobbes dans Leviathan (1651), les êtres humains sont mus par un désir incessant de pouvoir, et la certitude devient souvent une arme pour asseoir ce pouvoir. Karl Popper, défenseur de la société ouverte, affirmait quant à lui que le dogmatisme étouffe la pensée critique, annihilant toute possibilité de progrès. Le danger réside non dans la croyance, mais dans l’étroitesse d’esprit, comme le soulignait Protagoras :

« La pire forme d’ignorance est d’être certain de ce que l’on ignore. »

Un bol tibétain, pour faire du son méditatif
Un bol tibétain, pour faire du son méditatif

Dans le bouddhisme, l’attachement aux opinions est considéré comme une source de souffrance. Cette idée trouve un écho dans le chemin initiatique maçonnique, où le doute est sacré. La vérité ne s’impose pas comme une révélation figée ; elle se découvre à travers une quête dynamique, faite d’exploration et de questionnement. Georges Ivanovitch Gurdjieff, mystique et créateur de la Quatrième Voie, allait jusqu’à dire que « le rêve des certitudes est le plus grand ennemi de l’éveil ». Pour le maçon, abandonner le besoin de certitudes absolues revient à retirer des feuilles sèches d’un étang, laissant place à la clarté de l’introspection.

La justice : entre certitude des principes et doute dans l’application

La justice humaine illustre parfaitement cette tension entre certitude et doute. Le Code d’Hammourabi, avec son principe d’« œil pour œil », était considéré comme juste en son temps, mais apparaît aujourd’hui comme une rigidité excessive. Comme l’expliquait Aristote, « l’équité corrige la rigidité des lois », tandis que John Rawls, dans sa théorie de la justice comme impartialité, soulignait que la justice ne repose pas sur une vérité absolue, mais sur une approximation raisonnée. Une justice humaine, imparfaite par nature, exige des principes clairs – comme l’égalité devant la loi – mais aussi une humilité dans leur application, prenant en compte les circonstances et les nuances.

Dans le cadre maçonnique, cette réflexion s’applique à la manière dont les loges abordent les questions éthiques et sociétales.

Le doute initiatique : une voie vers la sagesse

Sur le chemin initiatique, la certitude absolue est un obstacle, car elle ferme les portes du discernement. Le maçon, en quête de lumière, apprend à embrasser le doute comme un outil sacré. Comme le suggère l’adage hermétique

« Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas »

la vérité n’est pas une loi immuable, mais une invitation à explorer les correspondances entre le microcosme et le macrocosme. Croire « je sais déjà » équivaut à stagner spirituellement, car, comme le souligne Gurdjieff, l’égo spirituel est un frein à l’éveil.

Le véritable initié ne craint pas le doute ; il redoute l’arrogance de penser qu’il n’y a plus rien à découvrir. Avant chaque méditation, le maçon est invité à se défaire de son besoin de certitudes, répétant mentalement :

« Je ne cherche pas des réponses, mais de la profondeur dans les questions. »

Cette démarche, empreinte d’humilité, permet de cultiver un équilibre entre certitude et doute, où la première donne du sens à l’action et le second garantit l’ouverture d’esprit.

Vers une sagesse dynamique

Fil a plomb au dessus du Pavé moisaïque

La certitude, lorsqu’elle est dénuée d’humilité, est un piège qui enferme l’esprit dans l’illusion de la vérité absolue. Le doute, loin d’être une faiblesse, est une force qui ouvre les portes de la découverte et de la fraternité. En franc-maçonnerie, cette dialectique entre certitude et doute est au cœur de la quête initiatique. Comme le souligne Protagoras, l’ignorance véritable réside dans la certitude aveugle.

En cultivant l’humilité et en embrassant le doute, le maçon s’engage sur un chemin dynamique, où la vérité ne s’impose pas, mais se révèle à travers la patience, le dialogue et la quête incessante de lumière.

Relire le volet n° 1 de cet article

La Fontaine Saint-Michel Alchimique

La Fontaine Saint-Michel de Paris attire comme un aimant les parisiens et les touristes depuis son inauguration en 1860, un succès qui semble aller de soi puisqu’elle est située au carrefour de voies parisiennes majeures de circulation traçées par le baron Haussmann. Les passants aiment à se croiser en ce lieu particulier donnant à la vie en mouvement une autre densité et au temps présent le sens d’un rendez-vous avec les autres et avec soi-même. Puis ils passent leurs chemins et redeviennent les badauds d’une vie ordinaire, loin de ce lieu et de ce moment insaisissables pour des esprits rationnels accrochés à l’aspect extérieur des choses.

Saint-Michel Dragon Portrait à Paris

Ce monument semble tout faire pour désorienter les badauds par une composition d’ensemble et des motifs éclectiques sans cohérence, tout au moins en apparence. Dès son inauguration, les critiques s’en prirent à la polychromie de ses matériaux, à la profusion de statues de sculpteurs différents annulant leur talent individuel, et même à l’emplacement du monument devant un mur, et non au centre de la place.

Pourtant, la coloration des volumes de la fontaine conçue par l’architecte Gabriel Davioud permet de la distinguer des immeubles monochromes qui l’entourent, tout en répondant au cahier des charges d’une composition chromatique précise. Ainsi, les vasques et le bassin sont en pierre de Saint-Ylie (Jura) d’un gris jaune nuancé de rouge ; le rocher de l’archange en pierre bleue de Soignies (Belgique) ; le reste de l’élévation en pierre blanche de banc royal de Méry (Oise). Les marbres sont aussi utilisés en abondance : rouge, blanc ou vert. Et Davioud joue avec les patines du bronze : claire pour l’archange, plus foncée pour le diable.

L’archange Saint-Michel Portrait

Les férus de symbolisme qui voient au-delà des apparences soupçonnent derrière cette polychromie d’ensemble une composition symbolique racontant une histoire aux chapitres illustrés par des couleurs différentes, une base en forme de vasque d’eau et un sommet couronné donnant un sens global à l’histoire. Cette symbolique offerte aux regards des passants avertis les projette dans la verticalité dès qu’ils suivent la direction indiquée par le doigt levé de l’archange Saint-Michel. Mais aussitôt après, l’archange ramène les regards à lui, à l’épée flamboyante qu’il tient en main droite, au démon qu’il terrasse, et globalement au combat victorieux du bien contre le mal qu’il incarne et symbolise. Car Saint-Michel en occident est plus qu’un symbole et incarne la conscience spirituelle active face au chaos.

Saint-Michel Dragon Portrait

Le christianisme n’a jamais représenté Saint-Michel triomphant définitivement de ses ennemis, mais comme le témoin actif d’une tension permanente entre lui et un dragon vivant prêt à le blesser à mort, et avec lui les chevaliers à la conscience spirituelle endormie. Mais cette tension intérieure est aussi une source d’énergie mise à profit par les adeptes de l’alchimie spirituelle pour se battre contre leurs propres dragons et se transformer intérieurement. L’issue positive de ce combat glorifiée par les artistes alchimistes de la Renaissance, tel Albrecht Dürer, est le terrassement de ce dragon intérieur. Même si ce combat se prolonge indéfiniment et son issue se fait attendre désespérément, tous les coups donnés au dragon marquent la mémoire des chevaliers combattants, comme est intégrée en soi-même « la geste » de Saint-Michel à l’issue nécessairement positive.

La Fontaine Saint-Michel représente la progression et les stades successifs de ce combat des chevaliers par un ensemble de symboles alchimiques. Les étages de pierres successivement lisses et rugueuses des deux pans latéraux et de la niche où œuvrent Saint-Michel et les chevaliers qui s’y reconnaissent et s’y projettent, symbolisent cette succession de vécus intérieurs faciles et difficiles accompagnant leur transformation intérieure.

Macarons du couronnement

Les colonnes de marbre rouge et blanc, aux châpiteaux corinthiens, encadrent deux macarons circulaires et leurs motifs de bronze vert, symboles du lion rouge et du lion vert et du moment où le lion vert mange le soleil et devient le lion rouge. Une tête de lion solaire surmonte chaque colonne pour célébrer ce triomphe solaire, et à l’aplomb des têtes de lions, sur des socles prennent place les quatre vertus cardinales : la Prudence, la Force, la Justice, et la Tempérance, emblèmes actifs de l’Œuvre alchimique encadrant dans la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes le tombeau de François II de Bretagne et de Marguerite de Foix.

Macarons gauche et droit

Ces vertus encadrent deux écus où s’enlacent les deux lettres majuscules M et S, initiales des éléments clés de l’Œuvre, le Mercure et la Soufre, qui après s’être combattus aux stades précédents des pierres lisses et rugueuses, sont à présent en paix et prêts à donner naissance au REBIS androgyne. Des pommes de pin, symboles universels de la glande épiphyse et du troisième œil des êtres éveillés spirituellement, encadrent aux angles supérieurs des écus des visages d’angelots contemplant avec bienveillance l’œuvre accomplie. En bas des écus, des cornes d’abondance gratifient les « œuvrants » des fruits matériels et spirituels de leur travail intérieur, offerts à présent sans compter par la vie.

Frise Saint Jacques

Cette vie gratifiante des alchimistes épanouis intellectuellement, mentalement, et spirituellement, est célébrée par la frise centrale entre les écus et les vertus, et symbolisée par des boucles en rotation, symboles des pensées en mouvement se croisant avec intelligence et harmonie, véritables générateurs de beauté et d’énergie. Des angelots volent et se laissent porter avec joie dans ces courants d’air et ces tourbillons, le tout dans dans une profusion de feuilles d’acanthe, symboles d’immortalité et de résurrection. Cet état bienheureux pourrait même faire tourner la tête des alchimistes s’ils n’avaient pas la maîtrise de l’Art Royal, l’art de fixer certaines limites à ces tourbillons, comme ici par un cadre aux proportions définies ; une allégorie du « fixe » et du « volatil » des alchimistes qui fixent le volatil, avant de rendre volatil le fixe, et ceci indéfiniment.

Fronton Puissance et modération

Car après ce triomphe solaire, l’Œuvre se poursuit sous d’autres influences et d’autres cieux figurés par la partie supérieure de la fontaine où trônent la Puissance et la Modération soutenant les armes de Paris, le tout sous une puissante couronne, droit dans l’axe vertical central de la fontaine. Mais ce niveau spirituel de l’Œuvre échappe aux alchimistes qui doivent juste entretenir une tension intérieure pour se laisser aspirer par un au-delà qui les transcende. Les boucles et les entrelacs qui s’enchaînent verticalement de part et d’autre du panneau central supérieur où est inscrite la dédicace de la fontaine, traduisent cette aspiration individuelle dans un autre espace-temps. Les lacs d’amour des tableaux de loges maçonniques tracés horizontalement en sont le prélude collectif. Tout le symbolisme ultime de cette élévation spirituelle est ainsi déjà présent dès les premiers degrés des rites maçonniques, comme est présente la lumière dans la « pierre noire » initiale de l’Œuvre alchimique frappée de son épée par l’archange Saint-Michel pour en faire jaillir une fontaine.

Vierge noire Portrait

Le travail sur la Pierre des Maçonnes et Maçons équivaut ainsi à la recherche et la préparation de la pierre intérieure par les alchimistes, symbolisée par les « vierges noires » en occident. « C’est la « vierge » et la « mère des métaux » que les textes décrivent comme un corps noir, d’aspect peu attirant, un individu déshérité de la grande famille des minéraux. Elle est pourtant à l’origine de la « fontaine de jouvence » dont l’eau dispense aux êtres des trois règnes « vie, force, et santé ». Traditionnellement, la première opération des travaux du « premier œuvre » consiste à frapper ce « rocher », considéré comme le « patient » avec une verge de fer, pour en faire sortir l’eau mercurielle qu’il contient avec abondance. Cette réalité expérimentale est voilée dans les traités, l’iconographie et les légendes, sous les images de chevaliers combattant des dragons, ou du jaillissement miraculeux de sources sortant d’un rocher ou du pied d’un vieux chêne.

Griffons Fontaine Saint-Jacques

« Le produit ainsi obtenu a reçu le nom de « griffon », animal fabuleux, mi-lion mi-aigle, à la fois fixe et volatil, qui passait pour veiller sur les trésors (comme les deux griffons veillant sur la fontaine devant les vasques). Ce vocable désigne aussi l’endroit précis d’où jaillit une source d’eau minérale. Dans la fontaine Saint-Michel, l’eau sortant de la roche tombe successivement dans trois vasques superposées où elle subit trois décantations, image des trois purifications requises pour la réussite de l’opération canonique. Si la roche noire qui donne naissance à la source figure le patient ou la « femelle » (mercure), l’agent ou le « mâle » (soufre) est évidemment Saint-Michel lui-même, et son instrument est le feu sidéral représenté ici par l’épée dite « flamboyante » parce que sa lame imite les ondulations de la flamme. » (Paris et l’Alchimie, Bernard Roger)

La Fontaine Saint-Michel est ainsi l’allégorie de l’Œuvre alchimique dans son ensemble, de son commencement à des fins spirituelles qui dépassent les œuvrants eux-mêmes. Chaque phase y est magnifiée sous les ciseaux de sculteurs inspirés et guidés par Gabriel Davioud, et sans doute aussi par des maîtres anonymes. Il y a encore beaucoup à dire sur les correspondances entre cette eau de source et l’eau du corps des alchimistes, sur le sens alchimique des armoiries de Paris « un écu dont le champ est de gueules, à la nef d’argent, au chef d’azur, semé de fleurs de lys d’or », sur les volutes baroques et les projections verticales de la conscience dans la partie supérieure de la fontaine, sur les cornes d’abondance et leurs cascades de fruits gratifiant chaque projection en son au-delà spirituel …

Pour développer ces points et prolonger cet exposé écrit,

Patrick Carré donne rendez-vous à ses lecteurs devant la Fontaine Saint-Michel le samedi 11 ocobre 2025 à 10h, pour une conférence interactive (durée 2h).

Un groupe WhatsApp sera créé à cette occasion pour accueillir les participants, après demande par mail à l’adresse patricarre@orange.fr

Il sera demandé aux participants d’apporter un livre du conférencier pour participation aux frais.

Les livres « Francs-Maçons Alchimistes », « Dürer Alchimiste », « Nous sommes tous Androgynes », « L’Epopée alchimique (poèmes), incluant le CD Le Flambeau », sont à commander chez les libraires et les grands distributeurs sur internet, ou directement à l’éditeur LiberFaber à l’adresse (avancer dans la page vers le bas et choisir parmi les auteurs) :

https://www.liberfaber.com/autres

Le livre « Méditations du Sphinx » est à commander directement à l’éditeur GAMAYUN à l’adresse :

https://gamayun-legs.eu/E-Gmn/index.php?id_product=25&rewrite=les-meditations-du-sphinx&controller=product

Régularité ! Régularité ! Régularité ! Fraternité ! Fraternité ! Fraternité !

5

(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)

Déjà septembre et le temps de reprendre le chemin des Loges. Certaines et certains s’interrogent et songent à suspendre leur fréquentation. Un peu de lassitude, des soucis personnels, des changements dans leur vie. La motivation s’essouffle. Il faut dire que le climat général est assez déboussolant, de quelque côté que l’on se tourne, d’aussi près et d’aussi loin que l’on considère le monde. On peut, dans ces circonstances, avoir tendance à se replier sur soi-même. Il faut réagir.

Tout d’abord, la pratique régulière de la Franc-maçonnerie demeure un puissant antidote au coup de blues et un bon traitement d’appoint des mélancolies plus profondes.

J’évoquais une pratique régulière, non point au sens des obédiences qui se seraient à elles seules arrogé une reconnaissance exclusive de régularité, mais au sens d’une pratique qui suit fidèlement son calendrier.

La régularité renvoie, certes, ensuite, à la constance que l’on met dans la recherche comme dans l’application des règles que l’on entend suivre. Il s’agit d’une saine discipline de l’esprit, même s’il arrive que l’on n’en  perçoive pas toujours, dans l’instant, une portée concrète possible, surtout quand on traverse personnellement ou dans son environnement des périodes troublées, bref quand on se sent un peu démuni face aux événements que l’on subit. Cependant, ce travail sur soi qui ne s’interrompt pas aide à ne pas sombrer davantage et à conserver une conscience mieux adaptée aux situations qu’on est appelé à vivre et, si possible, à transformer.

Enfin, la régularité englobe et couronne les deux acceptions précédentes quand elle en vient à qualifier cette patience qu’on appelle parfois équanimité voire à revivifier en soi ce fonds de sagesse que les traditions immémoriales n’ont cessé d’enseigner aux hommes, avec, on le sait, de trop modestes succès. Et c’est pour cette raison que l’on ne peut concéder à la barbarie, à la sottise et à l’aveuglement le déplorable abandon d’un idéal que sont parvenus à conserver, malgré tout, des êtres sur lesquels se sont abattues d’immenses calamités. C’est là, d’ailleurs, que se noue le lien avec la fraternité.

La fraternité résulte, primo, de cette solidarité originelle sans laquelle l’espèce humaine n’aurait pu apprendre ni progresser,  forgeant et perfectionnant des outils de siècle en siècle et sur plusieurs millénaires.

Femmes massai dans le désert
Groupe de Femmes massai alignée dans le désert avec des robes coloorées

C’est ainsi, d’ailleurs, secundo, que l’on ne saurait restreindre cette fraternité aux seuls liens de parenté naturelle ou d’étroite amitié unissant des personnes qui se connaissent mais qu’au-delà, on souhaiterait la voir régner entre les tribus et les peuples dans une aspiration commune à la justice et à la paix – jusqu’à ce rêve qui nous parcourt intimement d’être capable d’aimer tous les hommes ou d’accepter, du moins, que ce soit possible, indépendamment des cultures, des croyances et des convictions, sachant qu’irréductiblement, l’autre est notre semblable dans les aspects fondamentaux de sa vie.

C’est pourquoi, tertio, nous ne pouvons mieux employer notre intelligence qu’à cultiver les conditions de l’entente et de l’harmonie, c’est-à-dire à nous respecter mutuellement et à vivre ensemble dans un monde par nature divers mais dans un esprit de clémence et de concorde. Est-ce naïf de s’y employer sans relâche, d’autant plus que nous n’oublions pas – cruelle évidence – que l’œuvre de civilisation, à toutes époques et sous tous les cieux, n’a cessé d’être accompagnée de guerres ?

Pour finir, je vous dois une confidence sur mon inspiration de ce jour : un des premiers frères, déjà aguerri, avec qui j’avais noué des liens d’amitié quelques mois même avant mon initiation, il y a plus de quarante ans, avait énoncé avec gravité qu’il y avait trois règles en franc-maçonnerie : « la régularité, la régularité et la régularité ! », m’invitant à y réfléchir tout au long de mon parcours. Quand, vingt-cinq ans plus tard, alors qu’à soixante-seize ans, il traversait encore tout Paris en métro pour venir en loge, je rappelais à ce cher Robert D. sa sentence ternaire, il fit mine de s’en étonner et fredonna comme on le ferait d’un refrain, en adoucissant sa voix :

« Aujourd’hui, je dirais : la fraternité, la fraternité et la fraternité ! »

Je dédie cette chronique à sa mémoire car, non seulement, je la lui dois, mais, surtout, vous imaginez bien que ses simples mots, encadrant un quart de siècle, continuent de me guider.

La Franc-maçonnerie dans le monde séfarade : une exploration historique et culturelle

Du site enlacejudio.com – Par Maria José Arevalo Gutierrez

La franc-maçonnerie, depuis sa fondation officielle à Londres en 1717, s’est positionnée comme un espace d’union pour des individus de diverses origines, transcendant les barrières raciales, religieuses et idéologiques. Cet idéal d’universalité a particulièrement résonné dans le monde séfarade, où les Juifs d’origine espagnole et portugaise ont trouvé dans les loges maçonniques un moyen d’intégration sociale et d’émancipation dans des sociétés souvent restrictives à leur égard.

Les origines et l’influence séfarade en Angleterre

Dès le XVIIe siècle, les Juifs séfarades, majoritaires parmi les communautés juives britanniques, ont joué un rôle notable dans l’histoire maçonnique. Un personnage clé, le rabbin Yehuda Yacob León (1603-1675), surnommé le « Temple du Lion », a contribué à l’élaboration de plans pour la reconstruction du Temple de Salomon. Ces plans, adoptés par la Grande Loge des « Anciens » en 1751, ont marqué le blason de cette institution et, plus tard, celui de la Grande Loge Unie d’Angleterre. Ce symbole illustre l’influence des idées séfarades dans les débuts de la franc-maçonnerie moderne.

Avec la publication du Livre des Constitutions en 1723 par le pasteur James Anderson, la franc-maçonnerie anglaise a établi des principes universels, attirant des membres de diverses confessions, y compris des Juifs séfarades comme Francis Francia, considéré comme le premier franc-maçon juif connu en Angleterre. Pour les Juifs, la franc-maçonnerie offrait une opportunité d’intégration dans une société anglaise encore marquée par des restrictions contre les non-chrétiens.

L’expansion maçonnique et les juifs séfarades

L’universalité de la franc-maçonnerie a également attiré des membres d’autres confessions, comme les musulmans en Égypte, où les loges ont prospéré, intégrant des élites sociales. En Terre Sainte, la franc-maçonnerie a marqué son retour symbolique en 1868 avec la fondation de la Loge de Réclamation par l’Américain Robert Morris dans la grotte de Sédécias, marquant le rétablissement de l’ordre dans une région considérée comme son berceau spirituel.

Le mythe judéo-maçonique et la propagande

Cependant, l’association entre les Juifs et la franc-maçonnerie n’a pas toujours été perçue positivement. Dès le début du XIXe siècle, en France, l’idée d’une conspiration judéo-maçonnique a émergé, associant les Juifs et les francs-maçons comme des forces menaçant l’ordre établi. Ce mythe, amplifié dans l’Europe catholique, notamment pendant la « Question romaine » à la fin du XIXe siècle, a trouvé un écho particulier en Espagne sous le régime franquiste. Entre la guerre civile espagnole et la Seconde Guerre mondiale, la propagande franquiste a diabolisé les Juifs et les francs-maçons, les accusant d’être responsables des maux du pays. Cette rhétorique antimaçonnique, souvent teintée d’antisémitisme, présentait les deux groupes comme une menace unifiée.

La Kabbale et les racines juives de la Franc-maçonnerie

La Kabbale dans la franc-maçonnerie en Russie avant et après 1800

Les liens entre la franc-maçonnerie et le judaïsme, en particulier la Kabbale, ont souvent été soulignés, parfois de manière controversée. Des figures comme Joseph Lehmann, prêtre catholique converti au judaïsme, et le rabbin Isaac Wise ont affirmé que la franc-maçonnerie était profondément influencée par le judaïsme, voire par une forme « pervertie » de celui-ci. Wise, en 1855, déclarait que « la franc-maçonnerie est une institution juive », tandis que l’archevêque de Port-Louis à Madagascar soutenait que la Kabbale était la clé philosophique de l’ordre maçonnique. Même Théodore Herzl, en 1897, voyait dans les loges maçonniques un outil stratégique pour le projet sioniste, bien que leur « but ultime » restât, selon lui, incompris des non-Juifs.

Les loges séfarades et leur rôle

Les francs-maçons séfarades, en raison de leur héritage linguistique et culturel, rejoignaient naturellement les loges hispanophones, où les rituels étaient pratiqués dans leur langue. Ces loges, imprégnées des enseignements kabbalistiques, ont renforcé l’idée d’une connexion profonde entre la franc-maçonnerie et le judaïsme séfarade, bien que cette relation ait souvent été exagérée ou déformée par les discours antisémites.

Conclusion

La Franc-maçonnerie dans le monde séfarade illustre un croisement fascinant entre universalisme et identité culturelle. En offrant un espace d’intégration et de dialogue, elle a permis aux Juifs séfarades de naviguer dans des sociétés souvent hostiles, tout en alimentant des mythes conspirationnistes qui ont perduré dans l’histoire. Cette dualité – entre émancipation et stigmatisation – fait de l’histoire de la franc-maçonnerie séfarade un sujet riche et complexe, révélateur des tensions et des aspirations des communautés juives dans le monde moderne.

La suite de cet article

Source :

Adaptation de l’article d’Enlace Judío, « La masonería en el mundo sefardí » (15 juin 2011).

« La Petite Histoire de la franc-maçonnerie » par Roger Dachez

Lire La Petite Histoire de la franc-maçonnerie de Roger Dachez, c’est entrer dans un récit où l’érudition se fait flamme vive, où l’histoire documentée dialogue sans cesse avec le mythe fondateur.

La Petite Histoire de la franc-maçonnerie
La Petite Histoire de la franc-maçonnerie

Ce livre ne se contente pas de restituer des faits ou des dates, il nous fait éprouver ce moment mystérieux où la pierre brute du passé devient pierre cubique dans le Temple de notre mémoire.

Roger Dachez, médecin, professeur agrégé et universitaire, président de l’Institut Maçonnique de France (IMF) et directeur de la revue Renaissance Traditionnelle (RT), a consacré plus de trente ans à explorer ce continent symbolique. Ses ouvrages innombrables, de Des maçons opératifs aux francs-maçons spéculatifs – Les origines de l’Ordre maçonnique, (EDIMAF, coll. « L’Encyclopédie maçonnique », 2001) à La Véritable Histoire du grade de Maître – Hiram et ses Frères (Dervy, 2023) et

De Salomon à James Anderson-L'invention de la franc-maçonnerie
De Salomon à James Anderson-L’invention de la franc-maçonnerie

De Salomon à James Anderson – L’invention de la franc-maçonnerie (Dervy, 2023) en passant par Les premiers hauts grades écossais – L’énigme des origines (1730-1800),coécrit avec John Belton (OE), forment déjà une constellation essentielle pour qui veut comprendre la tradition initiatique.

Nous avions déjà eu l’occasion, sur 450.fm, de chroniquer son précieux ouvrage Les mots essentiels pour comprendre… La franc-maçonnerie (Cairn, coll. Les mots essentiels pour comprendre, 2024), qui proposait une claire introduction à travers un lexique raisonné et éclairant. Dans cette nouvelle synthèse, il met à la portée du lecteur un cheminement complet, comme si nous suivions pas à pas les Frères et Sœurs qui ont édifié cette mystérieuse construction fraternelle depuis les bâtisseurs de cathédrales jusqu’aux loges contemporaines.

Dès les premiers chapitres, surgissent les images des chantiers médiévaux. Dans l’effort d’hommes voués à une existence brève et rude, travaillant souvent à une œuvre dont ils ne verraient pas la fin, se dessine une vision bouleversante de la condition humaine tendue vers l’infini. Cette cathédrale intérieure, où la pierre équarrie devient symbole de l’âme façonnée, constitue la première matrice de l’Art royal. Les Anciens Devoirs, les Statuts de William Schaw en Écosse, l’énigmatique Masonry du XVIIᵉ siècle anglais viennent ensuite tisser le passage de l’opératif au spéculatif. L’auteur y montre comment se prépare, à travers ces expériences, la naissance d’un ordre initiatique destiné à transformer le métier en tradition spirituelle.

Un pas décisif survient avec l’année 1717 et la création à Londres de la Grande Loge. Ce qui aurait pu demeurer une confrérie confidentielle devient, à la faveur des Constitutions d’Anderson, une institution porteuse d’un message universel. L’événement, modeste dans ses formes, est gigantesque dans ses conséquences. Roger Dachez en restitue les acteurs, de Désaguliers à Newton, et révèle la manière dont l’esprit de tolérance et de réconciliation de l’Angleterre hanovrienne a façonné le visage de la franc-maçonnerie moderne.

La greffe française, dès 1725, confère à la Maçonnerie une tonalité singulière. Nourrie par les Lumières, par le souffle des philosophes et par le discours de Ramsay, elle devient un espace d’expérimentation spirituelle et fraternelle, où l’universalisme s’allie à une quête de régénération sociale. Condamnée par l’Église, suspectée par le pouvoir, elle n’en attire pas moins les élites, les artistes et les penseurs, révélant l’évidence d’une sève nouvelle circulant dans le corps de la société.

Celebration-de-la-prise-de-la-bastille-le-14-juillet-1792-musee-de-la-Revolution-francaise

Le récit de Roger Dachez embrasse alors les grandes convulsions du temps. La Révolution française et l’Empire montrent combien la Maçonnerie épouse les bouleversements politiques, oscillant entre effondrement et survie, entre loges fermées et loges refuges. Le XIXᵉ siècle fait de l’Ordre une puissance internationale, mais aussi un terrain de tensions idéologiques, jusqu’à la rupture entre obédiences. La IIIᵉ République incarne pour beaucoup un âge d’or, où l’influence des loges irrigue la vie intellectuelle et politique, mais où s’élève aussi la haine tenace d’un antimaçonnisme virulent, qui connaît son apogée avec l’affaire des fiches et les campagnes de dénigrement.

Le XXᵉ siècle est celui de la tourmente. La franc-maçonnerie subit l’oppression totalitaire, la dissolution et la clandestinité, avant de renaître à la Libération. Roger Dachez décrit avec justesse ce moment de recommencement, où l’Ordre doit à la fois restaurer sa mémoire et s’interroger sur sa place dans un monde nouveau. Viennent alors les débats contemporains qui l’animent encore : régularité et reconnaissance, dialogue avec les religions, fidélité aux traditions initiatiques face à une modernité incertaine.

La Petite Histoire de la franc-maçonnerie
La Petite Histoire de la franc-maçonnerie

Ce parcours n’est jamais une simple chronique historique. Il révèle la respiration profonde d’un ordre à la fois institution et mythe, histoire et légende, miroir de la société et chemin initiatique. L’auteur met en garde contre les fausses pistes – illusions templières, confusions avec le compagnonnage – pour mieux faire apparaître la véritable nature de la Maçonnerie : une métamorphose continue, une transmission toujours réinventée, un travail inlassable de l’homme à la recherche de sa propre lumière. Nous lisons ces pages comme nous entrerions dans une loge, en franchissant un seuil, en acceptant de nous perdre dans un labyrinthe où chaque salle en ouvre une autre, où la lumière ne se découvre qu’à mesure que nous avançons.

Ainsi La Petite Histoire de la franc-maçonnerie devient une grande méditation sur la tradition initiatique elle-même. Elle nous rappelle que la Maçonnerie ne vit pas seulement dans ses mythes et ses rituels, mais dans la fidélité à une quête : celle de l’homme qui taille la pierre de son être pour trouver la juste proportion entre l’ombre et la clarté. À ce parcours, Roger Dachez ajoute une chronologie finale, brève et limpide, qui n’est pas un simple appendice documentaire mais une pierre de fondation offerte au lecteur. Elle constitue un outil pédagogique essentiel, permettant de situer les étapes, d’ordonner la mémoire et de poursuivre le voyage avec des repères sûrs.

Cairn
Cairn

La Petite Histoire de la franc-maçonnerie

Roger Dachez – Cairn, coll. La Petite Histoire, 2025, 232 pages, 14,50 €

Certitude ou Vérité : un voyage initiatique entre doute et sagesse

De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz

Dans l’ombre vacillante des chandelles d’une loge ou sous la lumière crue de nos questionnements modernes, une interrogation résonne avec une force intemporelle : la certitude est-elle la vérité, ou un voile qui nous éloigne de celle-ci ? Inspiré par l’épître aux Hébreux (11:1) –

« La foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas »

Ce texte explore ce duel philosophique, religieux et psychologique, avec un regard particulier porté sur la franc-maçonnerie. Alors que le monde vacille entre certitudes imposées et doutes salvateurs, plongeons dans cette quête de sens où l’humilité et la raison tracent le chemin vers la lumière.

Une relativité universelle

Portrait d’Albert Einstein (Photo d’Oren Jack Turner, Princeton, N.J.)

Nous vivons dans un monde où tout est relatif. Albert Einstein, avec sa théorie de la relativité, a bouleversé notre perception de l’espace et du temps, prouvant que même les lois physiques sont malléables. Les juristes interprètent les lois humaines, les philosophes dissèquent les mots, et pourtant, quand quelqu’un parle avec une assurance inébranlable, nous sommes tentés de le croire. Mais de quelle certitude parlons-nous si tout est sujet à révision ? Cette question, fascinante, traverse les sphères religieuses, où la foi s’appuie sur l’invisible, philosophiques, où le doute est roi, et psychologiques, où la certitude devient un outil de persuasion.

La certitude : un masque d’autorité

Dans le discours quotidien, la certitude projette une aura de pouvoir. Un patron qui hésite perd son autorité ; un politicien qui doute est vite écarté. Cette illusion de vérité, souvent déguisée en commandement, sert à manipuler, à dominer. Dans les arènes politiques et exécutives, elle est récompensée, tandis que le doute est perçu comme une faiblesse. Les religions, parfois, encouragent cette posture, étouffant l’esprit critique des fidèles. Pourtant, comme le rappelle l’inscription du temple de Delphes – « Je sais seulement que je ne sais rien » –, cette certitude peut masquer une ignorance profonde.

La vérité : une quête au-delà des opinions

La Vérité
La Vérité

Contrairement à la certitude, la vérité échappe aux qualifications et aux opinions. Elle est, simplement. Mais comment y accéder ? La franc-maçonnerie, loin de s’ancrer dans des dogmes, privilégie le doute comme moteur de la connaissance. Son enseignement central – l’existence d’un « Être supérieur » – n’est pas une certitude imposée, mais une intuition à explorer. En méditant sur les symboles – l’équerre, le compas, la pierre brute –, le maçon transcende la raison pour atteindre l’intuition, cet « organe spirituel » qui guide vers la lumière. Ici, la certitude cède la place à une quête humble et ouverte.

Le doute : porte d’entrée de la sagesse

Friedrich Nietzsche

Socrate, avec son humilité intellectuelle (« Je sais seulement que je ne sais rien »), et Nietzsche, critique des certitudes dogmatiques, nous enseignent que le doute est le berceau de la connaissance. Une étude de l’Université Harvard (2019) révèle que ceux qui utilisent des mots comme « peut-être » ou « probablement » inspirent davantage de confiance à long terme. La science elle-même progresse en remettant en question ses acquis, proclamant à chaque découverte : « Voilà ce que nous savons jusqu’à présent. » Ceux qui en savent le moins s’accrochent aux certitudes avec une précision aveugle, tandis que la sagesse s’épanouit dans la reconnaissance de ses limites.

Certitude et humilité : un équilibre délicat

La mesure du doute - Détail de La Rencontre : un rempart contre les dogmes ? © Stefan von Nemau
La mesure du doute – Détail de La Rencontre : un rempart contre les dogmes ? © Stefan von Nemau

À première vue, certitude (conviction absolue) et humilité (acceptation de l’ignorance) semblent opposées. Une certitude sans humilité glisse vers l’arrogance et le fanatisme, tandis qu’une humilité sans ancrage devient inefficace. Jorge Luis Borges le dit avec éclat : « Le doute est l’un des noms de l’intelligence. » La véritable sagesse réside dans un équilibre dynamique : savoir quand s’appuyer sur une certitude pour agir, et quand laisser le doute ouvrir de nouvelles portes. En loge, cette danse entre les deux façonne l’initié, qui apprend à tailler sa pierre avec assurance mais sans présomption.

Enjeux initiatiques pour les Francs-maçons

Pour le maçon, ce débat est une invitation à l’introspection. La certitude, si elle manipule dans le monde profane, doit être tempérée en loge par le travail symbolique. Le Fil à Plomb, ancré dans la gravité, rappelle l’alignement avec le réel, tandis que le doute, comme le Réseau Activateur, ouvre à de nouvelles perspectives. Les symboles – V.I.T.R.I.O.L., l’équerre – enseignent que la vérité émerge du questionnement, non de l’imposition. Face aux défis modernes – désinformation, polarisation –, la franc-maçonnerie peut guider vers une sagesse qui allie action et humilité, rejetant l’arrogance pour embrasser l’évolution.

Une réflexion contemporaine

Alors que les réseaux sociaux amplifient les certitudes tranchantes, cette leçon résonne avec urgence. Les leaders qui s’accrochent à des vérités figées risquent de nous éloigner de la lumière. En revanche, ceux qui osent douter, comme les scientifiques revisitant leurs théories, tracent un chemin vers l’avenir. La Franc-maçonnerie, avec son appel à l’intuition et à la fraternité, offre un refuge où la quête de vérité prime sur l’illusion de la certitude.

Vers une Lumière humble

Certitude ou vérité ? Ni l’une ni l’autre ne s’impose seule. La franc-maçonnerie nous enseigne que la sagesse naît de l’harmonie entre une certitude ancrée dans l’expérience et un doute qui éclaire le chemin.

Comme Socrate, osons dire « Je ne sais rien » pour mieux apprendre. Que cette réflexion inspire vos travaux en loge et au-delà – la lumière jaillit de l’humilité !

Sources :

Épître aux Hébreux (11:1), Harvard Study (2019), pensées de Socrate, Nietzsche, Borges.

La suite de l’article…

De la pierre brute à la lumière partagée

Chroniques discrètes d’un apprenti qui écoute (et qui commence à comprendre)

Il est tard. L’écran me regarde avec son œil froid, comme un miroir sans tain. Je suis là, seul, devant des mots que je ne comprends pas toujours, des symboles qui me glissent entre les doigts, des phrases qui semblent écrites pour d’autres. Mais je reste. Parce que quelque chose me dit que derrière ce vernis, il y a une vérité. Une lumière. Ou du moins, une chandelle.

On m’a parlé de la franc-maçonnerie comme d’un monde ancien, mystérieux, codé. Des tabliers, des colonnes, des mots perdus. Des hommes qui se réunissent dans des temples sans dieux, pour parler de choses qu’on ne dit pas. Et moi, apprenti lecteur, je suis là. Je lis. J’écoute. Je ne suis pas initié, mais je suis curieux. Et parfois, c’est suffisant.

1 – La pierre brute : le commencement est toujours rugueux

On commence toujours par une pierre. Une pierre brute, informe, un peu comme moi. Les anciens bâtisseurs la taillaient pour élever des cathédrales. Les maçons modernes la polissent pour élever l’âme. Enfin, c’est ce qu’on dit. Moi, je suis encore à l’étape où je me demande si je tiens le bon outil. Est-ce une truelle ? Un compas ? Un dictionnaire symbolique ? Je lis les textes. Je vois des références à Hiram, à Salomon, à des temples que je n’ai jamais visités. Et je me dis : “Mais pourquoi tout commence toujours par un meurtre ?”

2 – Le Livre des Morts : ou le Livre de la Vie

Avant les colonnes du Temple, avant les versets de la Genèse, il y avait les papyrus. Les anciens Égyptiens ne parlaient pas de mort comme d’un effacement, mais comme d’un voyage. Le Livre des Morts, qu’on devrait peut-être appeler « Livre de la Vie », est un guide pour l’âme. Un manuel de navigation pour traverser l’invisible.

Chaque formule, chaque invocation, chaque image est une clé. On y parle de pesée du cœur, de jugement, de vérité. Mais surtout, on y parle de passage. De transformation. De dépouillement.

Et moi, apprenti lecteur, je découvre que ce livre n’est pas si éloigné de mon propre chantier. Car tailler la pierre, c’est déjà mourir un peu à ce que l’on croyait être. Et lire les symboles, c’est apprendre à se lire soi-même.

Dans le Livre des Morts, l’âme doit répondre à quarante-deux juges. Elle doit dire : “Je n’ai pas menti. Je n’ai pas volé. Je n’ai pas tué.” Mais elle doit surtout prouver qu’elle a vécu en vérité. Et cette vérité, dans la franc-maçonnerie comme dans la vie, ne se mesure pas en dogmes, mais en actes silencieux.

Le papyrus devient miroir. Le cercueil devient berceau. Et la mort devient initiation.

3 – Maât : la pesée de l’âme et le jugement silencieux

Il y a des soirs de tenue où le silence pèse plus que les mots. Où les regards échangent des vérités que les colonnes ne peuvent contenir. Ce soir-là, un frère a présenté une planche sur la justice. Pas celle des tribunaux, mais celle du cœur. Il a parlé de Maât, la déesse égyptienne de l’ordre cosmique, de la vérité, de l’équilibre. Et moi, assis dans l’ombre, j’ai senti que quelque chose se pesait en moi.

Plume et Pierre dans une balance
Plume et Pierre dans une balance

Dans le Livre des Morts, l’âme du défunt est placée devant une balance. D’un côté, une plume, celle de Maât. De l’autre, le cœur du défunt. Si le cœur est plus lourd que la plume, l’âme est dévorée. Mais si elle est légère, elle peut continuer son voyage.

Et je me suis demandé : que pèserait mon cœur ce soir ? Pas en fautes, mais en silences. Pas en erreurs, mais en vérités non dites. Pas en savoirs, mais en actes.

La franc-maçonnerie ne juge pas. Elle ne condamne pas. Mais elle invite à se peser soi-même. À déposer son cœur sur l’autel intérieur, et à le regarder sans détour. À se demander si l’on vit selon Maât, non pas selon des lois, mais selon une justesse intime.

Dans cette loge, ce soir-là, la balance n’était pas visible. Mais elle était là. Dans le silence après la planche. Dans le regard du Vénérable. Dans le battement discret de mon propre cœur.

Et je me suis dit : peut-être que l’initiation, c’est cela. Apprendre à peser son âme. Et à l’alléger, jour après jour, jusqu’à ce qu’elle puisse voler.

4 – La Bible : entre mythe fondateur et manuel d’architecture divine

L’arche de Noé

La franc-maçonnerie aime la Bible. Pas pour prêcher, mais pour symboliser. Le Temple de Salomon, c’est le chantier idéal. Hiram, l’architecte assassiné, c’est le martyr du secret. Et moi, je découvre que la Genèse est aussi un plan de construction :

Que la lumière soit.” Premier acte maçonnique. Et puis il y a les nombres. Les mesures. Les alliances. Les noms qui résonnent comme des mots de passe. Noé, l’initié du déluge. Moïse, le législateur du désert. Et Salomon, bien sûr, celui qui bâtit avec sagesse, mais dont le temple finit par tomber. Comme quoi, même les plans divins ont besoin de révisions.

5 – La Kabbale : quand les lettres deviennent des briques

Et puis, au détour d’un texte, je tombe sur la Kabbale. Pas celle des grimoires poussiéreux, mais celle des lettres qui dansent. Chaque mot devient un monde. Chaque lettre, une porte. Le nom de Dieu, imprononçable, devient un chantier à lui seul. On me dit que le monde a été créé avec 22 lettres. Moi, j’ai du mal à finir un paragraphe sans me perdre. Mais je sens que derrière ces jeux de chiffres et de formes, il y a une logique. Une géométrie sacrée. Et peut-être, un peu de poésie.

Et je comprends que dans la franc-maçonnerie, chaque mot prononcé est aussi une pierre posée sur le chantier du sens, une lettre vivante dans l’édifice intérieur.

6 – La lumière : elle ne vient pas toujours d’en haut

On parle beaucoup de lumière. Celle de Prométhée, celle des Lumières, celle du chandelier. Mais moi, je découvre une autre lumière. Celle qui vient quand on comprend enfin une phrase obscure. Celle qui naît d’un regard échangé dans le silence. Celle qui éclaire non pas le monde, mais le coin de notre esprit qu’on n’avait jamais exploré.

7 – Maître Eckhart : le silence au cœur de la lumière

Et puis, au détour d’un silence, je tombe sur une phrase. Elle ne vient ni d’un rituel, ni d’un traité, ni d’un temple. Elle vient d’un homme qui parlait peu, mais qui disait l’essentiel :

« L’œil avec lequel je vois Dieu est le même œil avec lequel Dieu me voit. »

Socrate en penseur vue de face
Statue de Socrate

Maître Eckhart ne cherchait pas à bâtir des cathédrales. Il cherchait à les faire tomber, celles que nous construisons en nous, avec nos certitudes, nos titres, nos savoirs. Il ne parlait pas de lumière comme d’un flambeau, mais comme d’un dépouillement. Et moi, apprenti lecteur, je comprends que la quête n’est pas d’ajouter, mais d’enlever. Pas d’accumuler des symboles, mais de les traverser. Pas de comprendre, mais de consentir à ne pas comprendre.

Eckhart rejoint Socrate dans le doute, Spinoza dans l’unité, Camus dans l’acceptation. Et la franc-maçonnerie, dans sa forme la plus nue, devient alors ce qu’elle a toujours été : Un espace pour se taire ensemble. Un lieu pour écouter ce qui ne s’écrit pas. Un chantier où l’on apprend à ne plus construire, mais à être.

8 – Le Château de l’âme : franchir les demeures intérieures

Chateau d’Arginy

Et dans ce silence, une autre voix résonne, celle de Thérèse d’Avila. Elle parle du Château de l’âme. Elle nous invite à entrer en nous-mêmes, à franchir les demeures intérieures, jusqu’à ce centre où Dieu attend sans bruit. Ce château n’est pas à conquérir, mais à habiter. Et chaque pierre retirée, chaque mur tombé, nous rapproche de la chambre la plus secrète, celle où l’âme ne fait plus qu’un avec la lumière.

Ce château ressemble à un temple invisible. Il ne s’élève pas vers le ciel, il descend vers le cœur. Et chaque degré franchi est une chute vers soi. La franc-maçonnerie, dans ses rites, ses silences, ses symboles, propose ce même voyage. Non pas une ascension, mais une immersion. Non pas une victoire, mais une rencontre.

En revanche, le Château de l’âme attribué à Maître Eckhart est un ouvrage distinct, bien que partageant une métaphore similaire.

Il existe donc une correspondance d’idée fondamentale entre les deux œuvres : toutes deux utilisent la métaphore architecturale du château pour représenter l’âme comme un lieu sacré où Dieu habite et où se réalise l’union mystique. Cependant, les nuances sont importantes. Thérèse d’Avila propose un itinéraire structuré en sept demeures, mettant l’accent sur la prière d’oraison, l’humilité comme clé pour chasser les « bêtes venimeuses » du péché, et une expérience progressive de la présence divine. Maître Eckhart, quant à lui, insiste sur une transformation radicale de l’âme, une « naissance » divine qui implique une perte de soi et une union avec le Dieu transcendant, souvent exprimée dans un langage plus abstrait et plus dialectique. 

Ainsi, bien que la métaphore du château soit commune, les chemins et les emphases théologiques diffèrent significativement entre les deux auteurs.

9 – Perpignan : la Sanch, ou la marche vers soi

Rue de la Loge, Perpignan (Pyrénées- Orientales).
Rue de la Loge, Perpignan (Pyrénées-Orientales).

Et puis, il y a Perpignan. Pas seulement ses pierres chaudes, ses ruelles étroites, ses verres levés en fin de journée. Il y a aussi ce moment suspendu, chaque Vendredi Saint, où le temps semble se retirer. La Procession de la Sanch traverse la ville comme une ombre lente. Des silhouettes encapuchonnées, vêtues de noir ou de rouge, avancent en silence, au rythme d’un tambour sourd. On ne sait plus très bien si c’est une cérémonie, un deuil, ou une prière en mouvement.

Mais pour moi, c’est une initiation. Une marche intérieure, déguisée en tradition. Chaque pas est une question. Chaque silence, une réponse. On ne regarde pas. On ressent. Et dans cette lenteur, dans cette retenue, quelque chose se dépose. Comme une poussière sacrée sur la pierre brute que je suis encore.

La Sanch ne parle pas. Elle ne prêche pas. Elle avance. Et moi, en la regardant passer, je comprends que l’initiation ne se fait pas toujours dans un temple. Parfois, elle se fait dans la rue, au cœur d’un peuple, dans le murmure d’une foi qui ne demande rien, sauf peut-être qu’on marche avec elle.

10 – Le verre de vin : la fraternité en fin de parcours

Coupe sacrée remplie de vin avec du pain
Coupe sacrée remplie de vin avec du pain

Et puis, il y a le verre. Le verre de Côte du Roussillon, levé entre frères, entre amis, entre compagnons de route. Ce n’est pas le symbole qui compte, ni le rituel. C’est le moment. Le partage. L’humain. On parle de tout. De rien. De ce mot qu’on a perdu, et qu’on ne cherche plus vraiment. Parce qu’au fond, le vrai secret, ce n’est pas le savoir. C’est le lien. Ce n’est pas le silence. C’est le rire discret, celui qui dit : “On est là. Ensemble. Et c’est déjà beaucoup.”

11- Conclusion : Être pierre, être silence, être lumière

Maitre Eckhart jeune

Je suis encore apprenti. Je ne comprends pas tout. Mais je commence à entendre. Et dans ce bruissement, il y a quelque chose qui ressemble à la lumière. Une lumière qui ne parle pas. Une lumière qui ne s’impose pas. Une lumière qui attend.

Maître Eckhart nous murmure : “Dieu est un rien qui est tout.” Thérèse nous montre le chemin : “L’âme est un château, et Dieu y demeure.” La franc-maçonnerie nous donne les outils, mais c’est à nous de les déposer.

Car au bout du chemin, il n’y a pas de savoir. Il y a un consentement. Un dépouillement. Et peut-être, une lumière.

P.S. : Et maintenant je sais que je ne sais pas… Je serai toujours un éternel apprenti.