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Boisson d’oubli, Boisson de mémoire, Aubépine et Gentiane

Lors de l’exploration des thèmes propres au parcours initiatique en franc-maçonnerie, l’utilisation des boissons d’oubli et de mémoire, associées aux plantes aubépine et gentiane, se révèle comme un sujet d’une richesse symbolique remarquable. Ces éléments, profondément ancrés dans les rituels, reflètent une quête de transformation spirituelle, de purification et de renaissance, en résonance avec la devise socratique « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les dieux ».

Ce thème, chargé d’enseignements ésotériques et historiques, invite à une analyse approfondie. Cet article enrichit cette réflexion avec des recherches complémentaires sur la botanique, la mythologie, les pratiques maçonniques et les traditions alchimiques, offrant une perspective élargie et détaillée.

I. Les Fondements Symboliques des Boissons dans l’Initiation

La Boisson d’Oubli : Un Passage par la Dépersonnalisation

Aubépine et Gentiane durant l’initiation

Dans les rituels maçonniques, notamment ceux du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, la boisson d’oubli constitue une étape clé. Elle symbolise la mort symbolique du profane, une dépersonnalisation essentielle pour effacer les attaches du monde extérieur et préparer l’impétrant à une renaissance spirituelle. Cette pratique s’inspire des mythologies anciennes, en particulier grecque, où le fleuve Léthé, dans les Enfers, efface les souvenirs des âmes avant leur réincarnation. Le rituel utilise une infusion froide d’aubépine, plante associée à la chasteté et à la purification, qui calme les passions et prépare l’âme à un nouveau commencement.

L’aubépine, appartenant à la famille des Rosacées, est une plante courante dans les haies européennes, formant des clôtures naturelles protectrices. En pharmacopée traditionnelle, elle est reconnue pour réguler les arythmies cardiaques et apaiser les émotions, un rôle qui soutient sa fonction rituelle de pacification intérieure. Dans la culture celtique, elle figure parmi les trois arbres féeriques (avec le chêne et le frêne), symbolisant la transition entre les mondes. Cette dualité – protection physique et purification spirituelle – en fait un choix symbolique pertinent pour marquer la rupture avec l’ancien soi.

La Boisson de Mémoire : La Renaissance Consciente

Renaître, Atuntaqui, Équateur

Après la dépersonnalisation, la boisson de mémoire, préparée avec de la gentiane, permet à l’impétrant de renaître dans une conscience élargie. La gentiane, plante médicinale aux racines amères, est traditionnellement utilisée pour drainer le foie, organe de purification dans de nombreuses traditions. Son goût amer, évoquant le Cocyte des Enfers grecs, symbolise une épreuve initiatique qui raffine l’âme. Cette infusion libère de l’oubli et restaure une mémoire sacrée, intégrant l’impétrant à la fraternité maçonnique universelle.

La gentiane, avec ses variétés aux teintes vives (violet, jaune, rose), est également associée à l’amour et à la protection contre les malédictions dans certaines cultures occultes. En Égypte ancienne, elle était liée à Hathor, déesse de l’amour et de la musique, tandis que l’aubépine évoquait Nou, personnifiant l’eau primordiale. Ces correspondances végétales avec des divinités renforcent leur rôle dans les rites de transformation.

II. Contexte Mythologique et Rituels Initiatiques

Les Fleuves des Enfers et l’Inspiration Grecque

Le texte fait référence aux cinq fleuves des Enfers grecs – Phlégéton (feu), Cocyte (lamentations), Styx (mort), Achéron (douleur) et Léthé (oubli) – que l’âme traverse pour se réincarner. Le Léthé, en particulier, est central, car il efface les souvenirs passés, préparant l’âme à une nouvelle existence. Cette idée est reprise dans le rituel maçonnique, où la boisson d’oubli mime ce passage par l’oubli pour permettre une régénération. La boisson de mémoire, en revanche, s’apparente à une traversée du Styx ou de l’Achéron, où l’âme, purifiée, retrouve une mémoire sacrée liant le néophyte à la fraternité.

Dans la mythologie égyptienne, le Livre des Morts décrit des épreuves similaires, où l’âme est jugée et purifiée avant d’accéder au domaine d’Osiris. Le parallèle avec les phases d’eau, d’air et de feu dans le rituel maçonnique – symbolisant purification, élévation et transformation – renforce cette connexion. L’Expert des Ombres, évoquant Seth (dieu du chaos et de l’oubli), guide cette transition, modifiant le destin de l’impétrant sans détruire sa personnalité, mais en la sublimant.

Le Rite de Memphis-Misraïm

Le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, influencé par des traditions égyptiennes, hermétiques et alchimiques au XIXe siècle, intègre ces éléments dans une structure initiatique complexe. Les boissons d’oubli et de mémoire reflètent le processus alchimique de solve et coagula (dissoudre et coaguler), où l’ancien état est déconstruit pour renaître sous une forme purifiée. Le nombre neuf, associé à la prudence et à l’Ermite du Tarot (selon le Livre de Thoth d’Aleister Crowley), symbolise cette perfection atteinte après les épreuves.

III. Rôle des Plantes dans les Traditions Initiatiques

Aubépine : Symbole de Transition

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L’aubépine, avec ses épines et ses fleurs blanches printanières, incarne la dualité entre protection et renouveau. En Europe, elle était plantée autour des cimetières pour marquer la frontière entre vie et mort, un rôle repris dans les rituels pour symboliser la chasteté initiatique. En alchimie, elle est parfois associée au mercure philosophal, principe de transformation. Sa capacité à calmer les sens en fait un outil pour apaiser les passions profanes avant l’entrée dans le temple.

Gentiane : Purification et Éveil

Gentiane

La gentiane, avec ses racines amères, est une plante de purification dans la médecine traditionnelle européenne, notamment pour stimuler le foie et l’appétit. En occultisme, elle sert à briser les ensorcellements, alignant son rôle rituel avec la libération des chaînes du passé. Sa couleur vive et son amertume évoquent les épreuves nécessaires à l’éveil spirituel, un thème récurrent dans les mystères antiques où l’amertume précède la lumière.

Autres Plantes dans les Rites

D’autres plantes jouent des rôles similaires dans les traditions maçonniques et ésotériques. L’acacia, symbole de résurrection, est central dans la légende d’Hiram. Le laurier, associé à Apollon, représente la victoire sur l’ignorance. Ces végétaux, souvent consacrés à des divinités (comme l’églantine à Vénus ou le myrte à Perséphone), renforcent l’idée d’une connexion entre nature et spiritualité, un héritage que la franc-maçonnerie perpétue.

IV. Le Rituel d’Initiation : Une Quête de Perfection

Les Phases de Purification

Le voyage initiatique – eau, air, feu – correspond aux éléments alchimiques de purification. L’eau lave les impuretés physiques et spirituelles, l’air élève l’âme vers la contemplation, et le feu la forge dans une nouvelle identité. Ces étapes, associées à Purus (pur) et Mundus (nettoyé), culminent dans le nombre neuf, symbole de sagesse et de complétude dans de nombreuses traditions, y compris le Tarot.

La Coupe de Mémoire et l’Intégration Fraternelle

Lors de la cérémonie, la Vénérable Maître prononce des paroles solennelles, marquant le passage de l’impétrant à une conscience universelle. La boisson de mémoire, l’« Eau de Mémosymée », efface les ombres de l’oubli pour intégrer l’âme à la fraternité maçonnique. Ce moment, loin d’être anodin, est un acte de fusion spirituelle, où l’impétrant devient un « Enfant de la Veuve », prêt à porter les valeurs de tolérance et d’unité.

V. Implications Philosophiques et Spirituelles

Une Transformation Consciente

La palingénésie, ou renaissance, est au cœur de ce rituel. Elle ne vise pas à détruire la personnalité, mais à la transcender, permettant à l’initié de dialoguer avec les « dieux » – entendus comme des principes universels. Cette idée s’aligne avec la devise socratique, où la connaissance de soi ouvre la voie à une compréhension cosmique.

Héritage Universel

En reliant ces pratiques aux mythes égyptiens, grecs et celtiques, la franc-maçonnerie s’inscrit dans une tradition millénaire de quête initiatique. Les plantes, comme pont entre nature et esprit, incarnent cette continuité, offrant un langage symbolique accessible à ceux qui cherchent à dépasser les limites du profane.

Saint Exupéry – Le voyage du Petit Prince

La boisson d’oubli et de mémoire, enrichie par l’aubépine et la gentiane, transcende le simple rituel pour devenir une métaphore de la transformation intérieure. En s’appuyant sur des symboles botaniques, mythologiques et alchimiques, la franc-maçonnerie propose un chemin vers la purification et l’unité. Ce voyage, jalonné d’épreuves et de renouveaux, invite chaque néophyte à renaître, conscient de sa place dans l’univers fraternel. Que ces enseignements continuent d’illuminer les travaux des loges, reliant passé et avenir dans une quête éternelle de lumière.

Les 10 secrets des loges maçonniques en Argentine… que peu de gens connaissent

De notre confrère argentin lagaceta.com.ar

Découvrez les liens avec les présidents, les clubs de football emblématiques et leur impact sur l’architecture, l’éducation et la culture.

Toujours entourée de mystère et de secret, la franc-maçonnerie a été une partie fondamentale de l’histoire argentine , avec ses symboles, ses rituels et ses figures illustres qui ont laissé une marque profonde sur la construction du pays. Dans cet article, nous nous penchons sur les curiosités les plus fascinantes qui décrivent l’histoire et les mystères de la franc-maçonnerie en Argentine, démêlant ses liens avec les présidents et les clubs de football emblématiques, et révélant son impact sur l’architecture et la culture. 

Présidents de loge : les dirigeants maçonniques d’Argentine

Général Jose San Martin
Général José San Martin

La présence de présidents argentins au sein des loges maçonniques a été une constante tout au long de l’histoire. De José de San Martín à nos jours, plusieurs dirigeants ont été des membres actifs de la franc-maçonnerie, soulignant l’influence de cette société sur la sphère politique du pays.

Vicente López y Planes , auteur de l’hymne national argentin, était un franc-maçon renommé. Des personnalités telles que Justo José de Urquiza , Hipólito Yrigoyen et Bartolomé Mitre étaient également membres de cet ordre mystérieux. Même sous le gouvernement de Perón, des spéculations circulent quant à la présence de ministres francs-maçons dans ses administrations.

L’initiation et la lutte contre les mythes obscurs 

Malgré ses contributions à l’histoire, la franc-maçonnerie a été entourée de mythes et de légendes, alimentés par son symbolisme sombre caractéristique. L’association avec des fantasmes imaginaires du culte de Lucifer a suscité suspicion et méfiance, même pendant la dictature argentine. Cependant, son influence a perduré au fil du temps. La Franc-Maçonnerie est régie par des rites d’initiation, des cérémonies célébrées dans ses temples. L’hermétisme et le symbolisme sont au cœur de ces rencontres, où sont abordés des sujets réservés aux membres. 

La Constitution nationale est présentée comme un symbole de respect et un rappel que la franc-maçonnerie respecte les lois du pays.

Entrée ouverte à tous

Contrairement à la croyance populaire, la franc-maçonnerie soutient que n’importe qui peut être franc-maçon, quelle que soit sa profession, son âge ou ses croyances religieuses. 

Bien qu’initialement seuls les hommes étaient admis, la première loge féminine d’Argentine a été fondée en 1997, attirant un nombre croissant de femmes intéressées par l’amélioration intérieure et le progrès.

Les 10 secrets des loges maçonniques en Argentine que peu de gens connaissent

La franc-maçonnerie dans l’éducation argentine

La franc-maçonnerie a laissé une marque indélébile sur l’éducation argentine. La loi 1420 sur l’éducation laïque, gratuite et obligatoire a été promue par les francs-maçons en 1884. Des personnalités comme Sarmiento, défenseur de l’éducation, ont démissionné de la présidence de la franc-maçonnerie pour assumer la présidence de l’Argentine.

L’énigme péroniste : entre spéculation et franc-maçonnerie

La relation entre Juan Domingo Perón et la franc-maçonnerie était sujette à spéculations et à mystère. Bien qu’il n’existe aucune confirmation définitive de son appartenance, certains éléments suggèrent que Perón aurait conservé des liens avec l’ordre maçonnique. Durant ses trois mandats, il aurait eu des ministres francs-maçons, et la rumeur court qu’il serait même mort maître maçon.

Zenón Pereyra : une ville marquée par la franc-maçonnerie

La ville de Zenón Pereyra , fondée par un propriétaire foncier et maçon, est un exemple clair de l’influence maçonnique sur l’architecture et le symbolisme urbain. 

Les rues numérotées selon les degrés maçonniques et les bâtiments remplis de symboles révèlent le lien profond entre la franc-maçonnerie et l’identité de la ville.

Franc-maçonnerie et pouvoir politique

Bien que la franc-maçonnerie ait toujours été liée au pouvoir politique, les francs-maçons insistent sur sa nature philanthropique, philosophique et progressiste. Influençant divers aspects sociaux, ils ont défendu des lois telles que le divorce et se sont opposés à l’enseignement religieux dans les écoles publiques.

Symboles dans le sport : River-Boca

La rivalité entre Boca Juniors et River Plate dépasse les frontières du terrain de jeu. La franc-maçonnerie a laissé son empreinte sur les deux équipes. Dans le cas de River Plate, la bande rouge qui orne son maillot a un lien symbolique avec la franc-maçonnerie. Inspirée du symbolisme maçonnique, elle ajoute une touche maçonnique intrigante à l’un des clubs les plus titrés d’Argentine. De plus, Antonio Vespucio Liberti, ancien président de River Plate et franc-maçon, a laissé son héritage : le stade du club porte son nom.

De l’autre côté de la rivalité, à Boca Juniors, Carlos Wilson se distingue. Franc-maçon, il a atteint le 33e degré, le plus haut degré de la franc-maçonnerie. Bien qu’il ne fût pas une star sur le terrain, sa présence maçonnique ajoute une touche unique à l’histoire de Boca.

Les 10 secrets des loges maçonniques en Argentine que peu de gens connaissent

Personnages illustres de la Confrérie : la Franc-Maçonnerie et ses figures célèbres

Les destins de personnages illustres qui ont marqué durablement l’histoire du pays sont étroitement liés à la franc-maçonnerie argentine. Du fervent patriote José de San Martín, dont l’épée de libération fut également brandie dans les loges maçonniques, à l’urbaniste visionnaire Carlos Thays, la franc-maçonnerie a été un creuset d’esprits brillants et d’esprit progressiste.

D’autres personnalités célèbres qui ont partagé la fraternité maçonnique incluent Juan Bautista Alberdi , architecte de la Constitution nationale ; José Hernández , l’auteur de Martín Fierro ; et Leandro Alem , un éminent dirigeant politique.

La franc-maçonnerie dans l’urbanisme

La ville de La Plata, où la franc-maçonnerie a marqué l’urbanisme, révèle une curiosité unique. Des symboles maçonniques, tels que des triangles et des diagonales, s’entremêlent dans le quadrillage urbain, révélant un lien direct avec les loges.

Le Rite Écossais Ancien et Accepté en France

Le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) est un des rites de la franc-maçonnerie les plus populaires dans le monde.

Il a été fondé officiellement aux Etats-Unis, plus précisément  à Charleston (Caroline du Sud)   par quelques Frères pratiquant le Rite du Royal Secret ou rite « de Perfection » en 25 degrés, rite d’origine française importé par Etienne Morin et son continuateur Henry Andrew Francken. Les 11 fondateurs du REAA, sous l’impulsion de John Mitchell et Frederic Dalcho, ont donc créé le rite en 33 degrés tel que nous le connaissons aujourd’hui  en remaniant l’ordre des degrés du Rite du Royal Secret et en y ajoutant huit degrés supplémentaires, également d’origine française.

Il est important de savoir que c’est avec des patentes de ce premier Suprême Conseil que furent progressivement constitués tous les autres Suprêmes Conseils du monde, comme le Suprême Conseil du 33e degré en France en 1804, mais aussi le Suprême Conseil de la Juridiction Nord des États-Unis, en 1813 voire le Suprême Conseil d’Angleterre et du Pays de Galles, en 1845.

Parmi les 11 « gentlemen de Charleston » se trouvaient deux français, le comte Auguste de Grasse-Tilly, , et son beau-père Jean-Baptiste Delahogue. C’est ce dernier réveillera le Suprême Conseil des Isles d’Amérique qu’avait fondé en 1802 son gendre de Grasse-Tilly,

De Grasse-Tilly a été fait prisonnier par les Anglais juste avant la capitulation de Saint-Domingue et est conduit à Kingston. Libéré début février 1804, il rejoint sa famille et son beau-père à Charleston. Embarqué avec eux pout la France en même temps que les prisonniers résidant à Charleston, il débarque à Bordeaux le 29 juin 1804. Il rejoint Paris où, peu de temps après le Maréchal Kellermann fera de lui son aide de camp. Il le suivit donc dans toutes les campagnes que Kellermann mena aux côtés de l’Empereur Napoléon Ier.

En 1804, la Grande Loge Générale Ecossaise de Rit Ancien est créée pour administrer les loges symboliques ayant refusé de fusionner avec le Grand Orient de France dans les conditions souhaitées par Napoléon Ier. Cette Grande Loge sera cependant supprimée par l’Empereur au bout de deux mois, pour opérer un rapprochement forcé avec le Grand Orient.

C’est à de Grasse-Tilly que l‘on doit d’avoir créé, le Suprême Conseil de France, puissance maçonnique indépendante et souveraine.

En ces temps quelque peu agités, tandis que l’Empereur voulut une franc-maçonnerie à son service et privilégia le Grand Orient, le Suprême Conseil de France ne tarda pas à protéger ou à créer des loges symboliques, c’est-à-dire elles des trois premiers degrés.  Ces Loges symboliques devinrent indépendantes quelques décennies plus tard, donnant naissance à la Grande Loge de France,  obédience de la Franc-maçonnerie traditionnelle, .

Conformément à la Tradition, les travaux des Loges de la Grande Loge de France s’effectuent en présence des Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie : le Volume de la Loi Sacrée (la Bible), le Compas et l’Équerre, «  à la gloire du Grand Architecte de l’Univers ». La  Grande Loge de France laisse à ses membres, le soin d’interpréter le Grand Architecte de l’Univers, principe créateur, selon leur propre sensibilité ou conviction.

En 1815, la rupture est consommée entre le SCDF et le Grand Orient, et le Suprême Conseil de France reprend tous ses droits sur le Rite Ecossais Ancien et Accepté.

Mais jusqu’en 1821, les Loges symboliques du Rite Ecossais Ancien et Accepté fonctionnaient conformément au concordat de 1804, probablement avec le rituel intitulé « Guide du maçon écossais « .

Le 6 juin 1821, la Loge de la Grande Commanderie regroupant tous les Souverains Grands Inspecteurs Généraux ainsi que « les autres maçons écossais qui, par leurs grades, leurs services et autres considérations majeures, obtiendront la faveur d’y être admis. ».

Le 29 juin 1821, est célébrée au sein de cette Loge, sous la présidence du Grand Commandeur – Grand Maître comte de Valence, une pompe funèbre à la mémoire notamment des Très Illustres Frères François Kellermann, duc de Valmy, pair et maréchal de France, François-Joseph Lefèbvre, duc de Dantzig, pair et maréchal de France, André Masséna, duc de Rivoli, prince d’Esling, maréchal de France…

La Loge de la Grande Commanderie porte le N°1. Elle est riche de soixante-trois membres en 1821 et susceptible d’être portée à 81 membres sans pouvoir dépasser ce nombre.

Un décret du 21 septembre prévoit de délivrer aux membres du Suprême Conseil, un certificat d’activité et une vignette particulière qui sera un aigle à deux têtes, les ailes ouvertes, tenant dans ses serres une épée antique sur laquelle est posé un large ruban formant légende avec cette devise : DEUS MEMQUE JUS ; au-dessus de l’aigle, en exergue demi-circulaire, ces mots : SUPRÊME CONSEIL DU 33e DEGRE POUR LA FRANCE.

Les années passent, et les changements de régime se succèdent.

En 1829, le Suprême Conseil met en application dans ses Loges symboliques ses premiers rituels, « REAA – Rituel des trois premiers degrés selon les anciens cahiers – 5829 ».Ce nouveau rituel de 1829 a ensuite été transmis d’abord sous les auspices du Suprême Conseil pour la France jusqu’à la fin du 19ème  siècle, puis de la Grande Loge de France (GLDF) jusqu’à ce jour, et cela avec plus ou moins d’évolutions.

La Grand Loge Nationale Française (G.L.N.F.), après avoir hérité du REAA. en 1965, le retiendra comme élément de base de son premier rituel du REAA. (dit « Cerbu ») à partir de janvier 1973.

La Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (G.L.-A.M.F.) fera de même lors de sa création en 2012.

L’année 1875 est marquée par le convent des Suprêmes Conseils écossais réunis à Lausanne du 6 au 22 septembre. La convocation d’un convent universel faisait partie des possibilités prévues par le Traité d’Union, d’Alliance et de Confédération maçonnique de Paris de 1834. Le choix final du pays organisateur s’était finalement et naturellement porté sur le dernier Suprême Conseil en date, celui de Suisse, en retenant la date du premier lundi de septembre 1875.

Le Convent de Lausanne réunissait 11 délégations . Les travaux de la séance inaugurale sont ouverts par le L’année 1875 est marquée par le convent des Suprêmes Conseils écossais réunis à Lausanne du 6 au 22 septembre. La convocation d’un convent universel faisait partie des possibilités prévues par le Traité d’Union, d’Alliance et de Confédération maçonnique de Paris de 1834.

Le choix final du pays organisateur s’était finalement et naturellement porté sur le dernier Suprême Conseil en date, celui de Suisse, en retenant la date du premier lundi de septembre 1875.

Les travaux de la séance inaugurale sont ouverts par le Très Puissant Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de Suisse, le Très Illustre Frère Jules Besançon, assisté de ses Officiers. La délégation du Suprême Conseil pour la France était présidée par  le Très Puissant Souverain Grand Commandeur Adolphe Crémieux.

Plusieurs décisions importantes sont prises par les participants au convent : la révision des Grandes Constitutions de 1786, l’approbation d’un manifeste incluant une « Déclaration de principes » rédigée par le Grand Commandeur français Crémieux conciliant à la fois l’affirmation d’un Principe créateur et le respect de la liberté de conscience, mais aussi le maintien de la devise universelle des Suprême Conseils « Deus Meumque Jus », avec la possibilité d’y adjoindre une devise nationale de son choix. On notera que le Suprême Conseil de France choisit « Liberté – Egalité – Fraternité « .

C’est également sur proposition de la France qu’est dressée une liste des Juridictions des Suprêmes Conseils en amitié (dont la régularité est reconnue) : Etats-Unis d’Amérique (Nord), Etats-Unis d’Amérique (Sud), Amérique Centrale, Angleterre-Pays de Galles et Dépendances, Belgique et Hollande, Canada, République du Chili, Colon, Ecosse, Etats-Unis de Colombie, France et ses dépendances, Royaume de Grèce et les îles sous sa domination, Royaume de Hongrie, Irlande, Italie-Sicile et autres îles Italiennes, Etats-Unis de la République Mexicaine, République Péruvienne, Portugal et ses colonies, République Argentine, Confédération Suisse, République orientale de l’Uruguay, Etats-Unis du Venezuela.

Les Suprêmes Conseils présents et représentés s’engagent à ne reconnaître qu’un seul Suprême Conseil par Juridiction.

Ils refusent aux Grands Orients le droit de conférer des hauts grades mais chaque Suprême Conseil peut tolérer dans le pays de sa juridiction des visiteurs qui auraient été élevé à de hauts grades par d’autres « Obédiences » de ce pays et à régulariser ceux qui les auraient obtenus irrégulièrement.

Pour être complet, il faut ajouter qu’aux Etats-Unis, le Grand Commandeur de la Juridiction Sud, Albert PIKE, est mécontent : il proteste contre la décision du Convent de reconnaître au Suprême Conseil de France le droit de juridiction territoriale sur les îles Sandwich ! Cette affaire le conduira à suspendre ses relations d’amitié avec le Suprême Conseil de France ; celles-ci ne seront rétablies qu’en 1887. Plus sérieusement, Pike refuse, ainsi que les Suprêmes Conseils de la juridiction Nord des Etats-Unis, d’Ecosse et de Grèce la définition du Grand Architecte de l’Univers adoptée à Lausanne.

Deux ans plus tard, en septembre 1877, ces juridictions se réunissent à Edimbourg. Elles rédigent une autre Déclaration de principe qui proclame « nécessaire et fondamentale la croyance en l’existence de Dieu vrai et vivant » mais « laissant à chacun le soin d’adorer Dieu dans la forme qu’il juge en sa conscience devoir lui être le plus agréable ».

En 1894, le Suprême Conseil de France accorde leur autonomie aux loges symboliques des trois premiers degrés. AInsi se crée,  la Grande Loge de France, auquel le SCDF n’accordera son autonomie administrative complète qu’en 1904 lorsqu’il renonce à délivrer les patentes constitutives des nouvelles loges. Le SCDF reste cependant garant de la cohérence dès 33 degrés du rite et conserve des relations étroites avec la GLDF.

En 1964, le Souverain Grand Commandeur Charles Riandey fut exclu par le Suprême Conseil de France et avec 400 à 500 membres de la Juridiction du Suprême Conseil quitta le Suprême Conseil de France et rejoignit la Grande Loge nationale française.
Il se fit ensuite ré-initier à Amsterdam aux 33 degrés du rite puis fonda avec l’appui du Suprême Conseil de la Juridiction Sud des États-Unis un nouveau Suprême Conseil, le « Suprême Conseil pour la France ».

Régulièrement depuis, le Suprême Conseil de France organise diverses manifestations, publiques ou réservées aux francs-maçons.
Le SCDF rappelle que tous les Suprêmes Conseils du monde régulièrement constitués sont régis par les mêmes textes. Ils possèdent donc un fonctionnement identique et des caractères communs.

Est ainsi postulé  le principe selon lequel il ne peut exister qu’un seul Suprême Conseil par pays, le premier constitué. Toute création postérieure est une usurpation qui est contraire aux Principes constitutionnels des Suprêmes Conseils.
Le Suprême Conseil de France crée, selon les besoins, des ateliers de différents degrés afin de permettre aux Frères de travailler rituellement. Conformément à ses coutumes, le Suprême Conseil de France installe et place sous son autorité juridictionnelle de la Juridiction formée des Loges de Perfection du 4e au 14e, Chapitres du 15e au 18e, Aréopages du 19e au 30e, Tribunaux 31e, Consistoires 32e et enfin Conseil Suprême 33e
Ce Suprême Conseil élève aux degrés supérieurs du Rite des Maçons qu’il en juge dignes par leurs mœurs, leur caractère, leur comportement, leurs vertus maçonniques et leurs aptitudes.

En fait, il existe en France plusieurs Suprêmes Conseils, qui élèvent jusqu’au 33ème degré les Maîtres Maçons des diverses obédiences pratiquant le REAA.

Ainsi, le GODF a créé le Suprême Conseil du 33ème degré en France, composante du Grand Collège des Rites Ecossais. Il existe aussi des Suprêmes Conseils liés aux diverses obédiences pratiquant le REAA , tel par exemple le Suprême Conseil du R.E.A.A. pour la Juridiction Maçonnique Française qui coopte ses membres au sein de la Grande Loge Traditionnelle & Moderne de France, ou le Suprême Conseil National De France, qui se définit  comme « gardien et conservateur du Rite, [s’inscrivant] pleinement dans la Franc-Maçonnerie de Tradition, et [n’acceptant] en son sein que des Francs-Maçons membres d’une Obédience régulière reconnue comme telle par la communauté maçonnique internationale., ou encore le Suprême Conseil des Cultures et de  la Spiritualité  qui se définit comme vitrine exigeante et précieuse de notre engagement initiatique, spirituel, respectée et reconnue au sein des Obédiences amies.

D’aucuns pourraient regretter voire dénoncer une telle diversité. Mais le nombre croissant de Suprêmes Conseils présents lors des Rencontres internationales, ouvertes depuis 1996 à tous les Suprêmes Conseils à condition qu’ils répondent aux critères de la régularité, démontre que la stricte observance du Rite Écossais Ancien et Accepté est le ciment de cette unité.

Luc Stéphane

Passage à la maîtrise !

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La Franc-maçonnerie nous apprend-t-elle à garder la maitrise de soi ? 

« A priori oui car notre parcours maçonnique conduit a la sagesse. »

 Nous sommes en permanence en réflexion et en interaction avec nos soeurs et nos frères avec qui nous partageons et avec qui nous évoluons. Bref nous avons toutes les bases nécessaires à notre épanouissement. Nous admirons et nous envions la réussite des soeurs et des frères de qualité. Ils sont les exemples et la preuve que nous avançons dans le perfectionnement que nous recherchons. 

Ah quel beau démarrage, à m’écouter j’ai l’impression d’entendre un discours de politicien!

A ce stade nous ne sommes plus dans le domaine de la franc-maçonnerie mais plutôt dans le monde de la vie « profane » qui nous propose de bien faire si nous le souhaitons. On commence par dire bonjour et l’on poursuit en s’interessant aux autres, le tout sans se poser de questions car on croit en certaines valeurs. La franc-maçonnerie va nous aider a « peaufiner » ce cursus en lui donnant plus de consistance, en y ajoutant une force spécifique et et des éléments qui ont fait leurs preuves et que nous allons intégrer dans notre démarche. 

« force est de constater que de nombreux franc-maçons se distinguent alors dans la vie »


 De plus nous n’avançons pas tous au même rytme et nous admirons celles et ceux qui nous surpassent par leurs qualités d’assimilation plus efficaces que les nôtres.

Aussi quand une faille peut intervenir dans ce tableau si bien huilé, nous nous en trouvons fort déçu, un peu comme dans la vie lorsque ami vous déçoit ou vous trompe. La déception est parfois forte. 

Pardonner a un proche est un acte difficile a mettre en pratique, tout comme est dur le chemin à faire pour le « repenti » qui a causÉ le trouble…

Personnellement, j’avoue que j’ai plus d’indulgence pour les personnes qui nous jouent du « pipo » avec humour, un peu comme ces personnages qui nous endorment dans la vie: mode Pagnol, Marseille, pétanque, pastis et accent du sud qui vous bercent pour mieux vous endormir, surtout quand cet art est pratiqué avec talent. Le tout est d’avoir la bonne volonté et une foi bien aiguisée que sait pratiquer le charmeur de serpents…

Pour conclure je dirai que les quelques soeurs et frères qui dominent parfois ce que nous appelons les hautes sphères, mème chez nous en franc-maçonnerie, ont parfois un talent énorme, au point de nous faire partager le son des sirènes qui nous font basculer dans ce monde de rêves. Allez, Franc-maçonnerie je vous aime, mais on en est pas pour autant moins perfectible…

Et comme pourrait dire Le Grand René dans la vidéo ci-dessous : Attention de ne pas prendre la grosse tête ! 

L’énigme des Maîtres – Épilogue

Pour lire l’épisode précédent : ici

Dans une école maternelle internationale

L’heure du déjeuner à servir à la cantine approchait.

De la fenêtre de la cuisine ouverte parvenait les senteurs  des rayons du soleil de cette matinée printanière s’odorant sur les feuilles des arbres de la proche place Puvis de Chavannes ; charmant jardin portant le nom du célèbre peintre français figure importante du mouvement symboliste au XIXe siècle.

L’employée de la restauration, patiente, discrète mais surtout affectueuse préparait un quatre-quarts qu’elle servirait en dessert accompagné des premières fraises fraîches à ses petits venus de tous pays.

La recette était facile et rapide : beurre, œufs, farine, levure, vanille et sucre allaient dans leurs relations et grâce au feu faire émerger un délicieux et moelleux gâteau. Les ingrédients avaient été préparés avec soin sur le plan de travail de la cuisine. Le couvercle du bocal en verre du sucre en poudre était déjà ouvert.

Se tournant pour prendre le moule de cuisson dans le placard, elle ne vit pas que soudain, dans le bocal, une lumière semblant exister par elle-même se mit à scintiller parmi les cristaux du sucre tout en les faisant tourbillonner en s’y mêlant avant de disparaître à toute vue.

Les enfants trouvèrent au gâteau un goût divin.

FIN

Pour vous remercier de l’intérêt et de votre persévérance à suivre les différents épisodes du feuilleton, nous vous livrerons, la semaine prochaine, quelques clefs du roman qui vous donneront, peut-être, envie de les relire.

Mort et renaissance définissent la palingénésie – Mythe fondateur de la Franc-maçonnerie

Lors de la sélection des thèmes proposés pour une réflexion maçonnique, celui de la mort s’est imposé comme un sujet d’une profondeur particulière, souvent abordé dans les travaux initiatiques. Ce thème, récurrent dans les traditions philosophiques et spirituelles, occupe une place significative dans le cadre de la franc-maçonnerie, où il se lie naturellement à la notion de renaissance. Ces deux concepts, enrichis par le terme de palingénésie, offrent une occasion unique d’explorer des dimensions universelles de l’existence humaine.

Cet article se propose d’examiner ces notions à travers une approche équilibrée, s’appuyant sur des perspectives historiques, mythologiques et symboliques, sans prétendre à une interprétation exhaustive, mais invitant à une méditation collective.

I. Définir les Concepts Fondamentaux

Une Compréhension Intuitive

Le feu de la renaissance

Les termes « mort » et « renaissance » résonnent intuitivement dans l’esprit de chacun. La mort est généralement perçue comme la cessation définitive des fonctions vitales d’un organisme biologique, un état où il ne peut plus maintenir son équilibre face aux contraintes extérieures – un phénomène scientifique connu sous le nom d’homéostasie. La renaissance, en revanche, évoque un renouveau, qu’il soit physique, spirituel ou symbolique, un retour à la vie sous une forme transformée. Pour approfondir cette réflexion, il convient d’éclaircir le concept de palingénésie, un terme introduit par les philosophes stoïciens pour désigner la reconstitution ou l’apocatastase du monde après sa destruction par le Feu, dans une vision cyclique plutôt que linéaire. En grec, palingénésie signifie « naissance à nouveau » ou « régénération », suggérant un Éternel Retour. Cette idée trouve un écho dans la mythologie chinoise avec le phénix, cet oiseau légendaire qui renaît de ses cendres, incarnant un cycle de destruction et de renouveau.

Perspectives Philosophiques et Mythologiques

La mort a inspiré de multiples interprétations à travers les âges. Chez Platon et Pythagore, elle est vue comme une étape dans le cycle des âmes, liées au corps comme à une prison imposée par une force divine punitive. Ces âmes migrent d’un corps à l’autre, subissant une purification qui, si elle réussit, les libère vers un état de félicité – une vision parallèle aux croyances hindouistes de réincarnation, où la résilience face aux épreuves trouve sa source. Epicure, quant à lui, propose une perspective stoïque : « Le plus effrayant des maux, la mort, ne nous est rien ; quand nous sommes, la mort n’est pas là, et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes pas », invitant à dépasser la peur par une acceptation rationnelle.

Persephone Chez Hades

Dans les textes sacrés, la mort apparaît comme une figure puissante : le quatrième cavalier de l’Apocalypse dans la Bible, accompagné d’Hadès et de l’Ange du Seigneur faucheur de 185 000 hommes dans un camp assyrien. Dans le Tarot de Marseille, l’arcane XIII, réduit numérologiquement à IIII (l’Empereur), symbolise une transformation entre Taureau et Scorpion, possession et dépossession. Les mythologies, elles, lui attribuent une multitude de noms : Ankou en Bretagne, La Camarde, Izanami dans le shintoïsme, Mictlantecuhtli chez les Aztèques, Morrigan en Irlande, Pluton chez les Romains, Mot chez les Cananéens, Odin chez les Vikings, Anubis ou Anpu en Égypte, Shemal chez les Sémites, Sielulintu en Finlande, Atropos et Thanatos chez les Grecs, Yama dans l’hindouisme, Yanluowang en Chine… Cette diversité reflète l’universalité de la mort comme expérience humaine.

Cependant, ces approches, si riches soient-elles, ne capturent qu’une facette de la mort. Celle qui intéresse la franc-maçonnerie n’est pas seulement l’instant final, mais une réalité omniprésente, intimement liée à la vie.

II. La Mort comme Processus Continu : Une Leçon d’Équilibre

Une Présence Permanente

La culture occidentale tend à considérer la mort comme un événement isolé, une transition vers un au-delà, qu’il soit profane ou initiatique, souvent teinté de promesses spirituelles. Pourtant, une perspective plus large invite à la voir comme une composante intrinsèque de la vie, aussi essentielle que son souffle. Chaque seconde, des milliers de cellules meurent et renaissent dans un corps humain. En sept ans, l’ensemble des cellules se renouvelle, démontrant que le corps d’une décennie passée n’existe plus : il est mort, remplacé par un autre. Cette alternance constante de mort et de vie est une vérité biologique et symbolique. Ignorer cette réalité – qu’elle soit physique, temporelle ou métaphorique – revient à se priver de l’instant présent, seul moment véritablement existant. Le passé s’est dissipé, le futur reste incertain ; seul le « ici et maintenant » offre une ancre à l’existence.

Une Parabole Naturelle : L’Aigle et le Phénix

Pour illustrer cette dynamique, une histoire tirée des traditions orales mérite d’être évoquée. L’aigle, doté d’une espérance de vie de 70 ans, atteint à 40 ans un seuil critique : ses serres s’enroulent, son bec se replie, ses plumes s’usent, le rendant incapable de chasser ou de voler. Face à ce dilemme – muer ou périr –, il entreprend un rite initiatique. Avec son bec, il arrache ses plumes et ses serres, puis brise son bec contre un rocher, se retirant ensuite 150 jours pour se régénérer. Ce processus, symbole de sacrifice et de renouveau, reflète la palingénésie naturelle, évoquant le phénix renaissant de ses cendres. Il illustre la nécessité d’accepter la mort d’un état pour accéder à une nouvelle vie.

Aigle

Dans la franc-maçonnerie, ce principe se retrouve dès l’entrée en loge. L’Apprenti, rédigeant son testament dans le cabinet de réflexion, accepte symboliquement la mort de son état profane pour renaître initié. Les trois degrés – Apprenti, Compagnon, Maître – incarnent ce cycle de transformation, une palingénésie spirituelle intégrée au cœur du travail maçonnique.

III. La Palingénésie en Maçonnerie : Un Rite de Passage Universel

Une Parenthese sur la Métempsycose

Buste de Platon. Marbre, copie romaine d’un original grec du dernier quart du IVe siècle av. J.-C.

Avant d’approfondir, une clarification s’impose concernant la métempsycose, souvent associée à la palingénésie dans la tradition orphique de Platon. Cette croyance en la migration des âmes d’un corps à l’autre jusqu’à la perfection peut offrir un réconfort à ceux qui s’accrochent à l’idée d’une vie répétée. Cependant, une vision intégrant mort et vie comme deux faces d’une même pièce invite à les aborder simultanément, sans dissociation. L’essentiel réside dans une incarnation totale dans l’instant présent, une intégrité que des rites de passage – naissance, puberté, crise de milieu de vie – viennent jalonner. Dans des sociétés obsédées par le risque zéro, ces rites sont souvent édulcorés, privant l’individu de son accomplissement. Un accompagnement par les anciens, facilitant ces transitions, reste essentiel pour gravir les degrés de la sagesse.

Les Origines Mythiques : De Seqenenre Tao à Hiram

La maçonnerie spéculative a puisé dans les rites de passage universels, notamment à travers la légende d’Hiram Abiff, architecte du Temple de Salomon. Cette parabole trouve des racines encore plus anciennes dans la mythologie égyptienne, avec Seqenenre Tao, dernier roi de Thèbes avant l’ère des Pharaons, exposé au Musée du Caire. Vaincu par les Hyksos, qui usurpaient le pouvoir civil sans le divin, Seqenenre fut assassiné – frappé au front, derrière l’oreille et à la tempe – pour les rituels de renaissance et de couronnement, perdus avec sa mort. Ces textes, partiellement reconstitués via le Livre des Morts, restent incomplets, laissant planer un mystère sur les incantations stellaires.

Le mythe d’Hiram reprend cette trame : assassiné par Jubela, Jubelo et Jubelum pour le secret des rituels, il incarne le cycle vie/mort/renaissance. Les trois coups – règle de 24 pouces au sud (Jubela), équerre au cœur à l’ouest (Jubelo), maillet à la tête à l’est (Jubelum) – symbolisent les degrés maçonniques. Hiram perd sa vie physique, sentimentale et spirituelle, mais renaît via l’acacia, représentant savoir, tolérance et détachement. Cette légende, enrichie par le lien entre « Giblim » (maçons d’élite dans la Geneva Bible) et les assassins, suggère une unité des protagonistes comme facettes d’une même conscience.

Le Mécanisme de la Substitution

L’initiation maçonnique repose sur ce principe de substitution. L’entrée en loge, yeux bandés, marque une transition entre mondes. Les épreuves des trois grades reflètent la légende d’Hiram : le salut pénal rappelle Jubela, le signe de fidélité Jubelo, et le coup final de Jubelum ouvre la voie à la lumière. Cette substitution successive – signes et symboles remplacés par le postulant – induit une dynamique initiatique, guidant vers la connaissance. Le V.I.T.R.I.O.L. (Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem) invite à rectifier, non à rejeter, mais à intégrer toutes les facettes de soi, menant à l’harmonie par l’amour et le pardon.

IV. Enseignements et Perspectives

Une Leçon pour l’Humanité

Que nous enseigne ce mythe ? Au-delà du maçon, il semble une clé universelle de l’apprentissage humain. Limité aux trois premiers grades, on observe une difficulté croissante à concentrer l’esprit, perturbé par les distractions modernes – médias, travail, consommation. Comme Ulysse résistant aux chants de Calypso, le maçon doit focaliser ses vertus sur un travail profond. La racine latine de « connaissance » (con, avec, et naissance) suggère une renaissance initiatique, un dévoilement progressif, comme les couches d’un oignon. Même sans atteindre la sagesse, participer au Grand Œuvre, guidé par des valeurs humaines, justifie l’effort.

Une Acceptation Apaisée

Cette quête mène à une sérénité : « Je ne sais pas », voire « je ne sais rien », devient une joie lorsque l’esprit s’apaise. À un stade de quiétude, les coups symboliques d’Hiram perdent leur emprise sur les peurs.

Accepter la mort imminente intensifie la vie, offrant une rencontre avec soi-même – un ami, un amour, jadis perçu comme un ennemi dans le miroir initiatique. Ce jour, espéré avant l’Orient éternel, marquera la réalisation d’une existence pleinement vécue.

Lumières d’été à la Grande Loge de France

Un cycle de conférences publiques pour penser la Tradition dans le monde d’aujourd’hui

Blason GLDF
Blason GLDF

Chaque été, la Grande Loge de France ouvre les portes de ses Temples à toutes celles et ceux qui souhaitent découvrir la Franc-Maçonnerie de Tradition ou approfondir une quête déjà engagée. Fidèle à l’esprit d’ouverture qui l’anime depuis plus d’un siècle, l’Obédience propose un cycle de conférences publiques estivales, portées par des Frères éminents et enracinées dans la spiritualité du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Temple Pierre Brossolette, Grand Temple GLDF
Temple Pierre Brossolette, Grand Temple GLDF

Trois conférences exceptionnelles, dans deux temples emblématiques de l’Hôtel de la Grande Loge de France, donneront corps cette année au thème :
« Être Franc-maçon en Grande Loge de France aujourd’hui, entre Tradition et Modernité »

Mardi 1er juillet – Grand Temple Pierre Brossolette

Brice Châtel : Une Tradition qui éclaire l’avenir

C’est au Très Respectable Frère Brice Châtel, Conseiller Fédéral, qu’il reviendra d’ouvrir ce cycle. Dans le Grand Temple Pierre Brossolette, le 1er juillet à 20h, il proposera une méditation lumineuse autour de la pérennité symbolique et de l’efficacité intérieure de la voie maçonnique.

Sa conférence intitulée « Une Tradition qui éclaire l’avenir » rappellera combien la Franc-Maçonnerie, loin de s’enfermer dans une nostalgie, propose une éthique de vie, une lecture du monde et une sagesse fondée sur les symboles, le travail sur soi et le dépassement de l’ego. Une parole pour l’époque, enracinée dans la profondeur du Rite.

Entrée libre et gratuite – Inscription obligatoire : https://www.gldf.org/evenement/tenues-dete-avec-brice-chatel-le-01-07-25-a-paris/

Mardi 29 juillet 2025 – Grand Temple Pierre Brossolette

Au cœur du cycle des Tenues d’été, la Grande Loge de France accueillera le mardi 29 juillet à 20h une conférence de François Bénétin, Ancien Grand Officier de l’Obédience, sur le thème :

« Quel Humanisme pour notre Temps ? »

Cette rencontre, qui se tiendra dans le Grand Temple Pierre Brossolette, s’inscrit dans la volonté constante de la GLDF de faire résonner la Tradition initiatique à l’écoute des grandes interrogations contemporaines.

Interrogeant les fondements et les devenirs de l’humanisme à l’ère des bouleversements technologiques, sociaux et écologiques, François Bénétin invitera à penser un humanisme renouvelé, nourri de spiritualité, de fraternité et de conscience. Un moment rare, porté par l’expérience maçonnique d’un Frère engagé et la profondeur du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Entrée libre et gratuite – Inscription obligatoire sur https://www.gldf.org/evenement/tenues-dete-avec-francois-benetin-le-29-07-25-a-paris/

Mardi 26 août – Grand Temple Pierre Brossolette

Jean-Raphaël Notton, Grand Maître de la Grande Loge de France
Jean-Raphaël Notton, Grand Maître de la Grande Loge de France

Jean-Raphaël Notton : Une parole fondatrice, à l’aube d’un mandat

La clôture du cycle, le mardi 26 août à 20h, sera confiée au Très Respectable Frère Jean-Raphaël Notton, nouveau Grand Maître de la Grande Loge de France, élu le 21 juin dernier lors de l’Assemblée Générale de l’Obédience.

Sa conférence publique, intitulée « Osez pousser les portes », constitue sa toute première prise de parole officielle en tant que Grand Maître. Ce rendez-vous exceptionnel ne saurait être manqué.

Âgé de 69 ans, initié en 1986 au sein de la Loge « Jean Jaurès » à Paris, Jean-Raphaël Notton est médecin, ancien attaché parlementaire, colonel de réserve de l’armée de Terre et figure reconnue de l’action sociale en France, notamment dans le domaine du handicap et de l’accessibilité.
Grand Orateur en 2017, puis Second Grand Maître Adjoint en 2021, il a également présidé la Commission du Futur de nos Loges et porté de nombreuses réflexions stratégiques sur l’avenir de l’Obédience.

Sa conférence incarnera l’esprit d’un mandat qui s’ouvre sous le double signe de la fidélité aux valeurs initiatiques et du dialogue avec le monde contemporain. En appelant à « oser pousser les portes », le Grand Maître invite chacun à franchir le seuil de la transformation intérieure, un geste éminemment maçonnique, éminemment humain.

Lien d’inscription – obligatoire – pour la conférence du Grand Maître https://my.weezevent.com/conference-publique-du-grand-maitre-jean-raphael-notton-osez-pousser-les-portes

Trois soirées pour franchir le seuil

Trois rendez-vous, trois voix, trois manières d’habiter la Tradition dans le temps présent. Les conférences publiques d’été à la Grande Loge de France sont bien plus que des moments de culture ou de réflexion : elles sont des portes ouvertes sur une expérience initiatique, une invitation au voyage intérieur, dans un esprit de fraternité, d’humanisme et de liberté.

Grande Loge de France (GLDF), rue Louis Puteaux, Paris 17e arr.
Grande Loge de France (GLDF), rue Louis Puteaux, Paris 17e arr.

1er juillet, 29 juillet, 26 août 2025 – à 20h
Hôtel de la Grande Loge de France – 8, rue Louis Puteaux, Paris 17e (Métro Rome)
Entrée libre et gratuite sur inscription préalable

Hiérarchie maçonnique : axe vivant ou structure morte ?

Approche comparative et symbolique des 33 degrés comme système axial de transmutation

Et si la hiérarchie des 33 degrés du REAA, souvent perçue comme une construction pyramidale, était en réalité l’image d’un axe vivant — un itinéraire de transmutation spirituelle, culminant non dans le pouvoir, mais dans le silence du Principe ?

La structure hiérarchique du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) est à la fois un objet d’admiration, de critique et de malentendus. Certains y voient une codification lourde et administrative ; d’autres un escalier symbolique vers une lumière plus haute. Mais rares sont ceux qui y reconnaissent une véritable ontologie de l’être en voie de réintégration.

Une architecture de l’être, non du paraître

Les 33 degrés du REAA ne sont pas des titres, mais des étapes de transmutation. Loin d’un cursus honorum, il s’agit d’un déploiement du Moi vers le Soi, du centre de l’homme vers le Principe. Dans cette perspective, la hiérarchie n’est plus une organisation mais une colonne de lumière, un axis mundi traversant les trois plans de l’existence : métier, chevalerie, contemplation.

Ce triple ternaire — loges symboliques (1-3), loges de perfection/chapitres/aréopages (4-30), tribunaux/consistoires/conseil suprême (31-33) — s’articule selon une progression ascendante, mais se renverse au sommet : au 33e degré, il ne s’agit plus de monter, mais de rayonner.

« La véritable autorité est toujours impersonnelle ; elle ne s’impose pas, elle rayonne. »

Ananda K. Coomaraswamy

Trois lectures superposées

Ce travail s’est appuyé sur deux modèles complémentaires :

  • Taçarrûf : gestion cosmique, stratification fonctionnelle de l’ordre sacré. Les degrés expriment une correspondance entre castes spirituelles (Vaïshya, Kshatriya, Brahmane) et états de conscience.
  • Sulûk : cheminement mystique de l’être, fondé sur les structures du cerveau humain selon les six couches corticales décrites par Dominique Aubier. Ce modèle dévoile une spirale d’expansion, de rupture, de réintégration.

Ainsi, du grade 1 au grade 30, l’initié monte, progresse, s’épure. Mais au 30ᵉ degré surgit un seuil : la barrière infranchissable. Ce n’est plus l’effort personnel qui ouvre la voie, mais le renoncement. Le 33ᵉ degré est alors le retour au Principe.

« Plus on monte dans la lumière divine, plus on devient invisible à soi-même. »

Réginald Garrigou-Lagrange

L’état du 33ᵉ degré : une couronne vide

Au sommet du système se trouve un état d’effacement actif, à l’image de Melchisédech, prêtre sans commencement ni fin. Le Maçon devenu Souverain Grand Inspecteur Général n’a plus rien à acquérir. Il doit transmettre, non accumuler ; bénir, non juger ; disparaître, non régner.

« L’humilité parfaite n’est pas de se voir petit, mais de n’avoir plus besoin de se regarder. »

Dom André Louf

Dès lors, le 33ᵉ degré se conçoit non comme un dernier grade, mais comme le retournement de la couronne, la conversion de la verticalité en service invisible. Il n’y a plus d’ascension à accomplir, seulement un rayonnement à laisser passer.

En guise de conclusion

À l’heure où la société désacralise la hiérarchie, où l’autorité suscite rejet ou soupçon, la maçonnerie écossaise offre un modèle alternatif : non une pyramide à gravir, mais un axe à incarner. Une verticalité qui commence dans la pierre brute et s’accomplit dans le silence du sommet.

Le Maçon du 33ᵉ degré n’est pas un dépositaire de pouvoir, mais un veilleur au bord de l’invisible. Il n’a plus d’autre fonction que d’être, et d’aimer dans la justice. Son autorité est de celles qui s’évanouissent dans la lumière.

Le symbolisme de la plume : entre liberté et paradoxes

Un emblème chargé de significations

Depuis l’Antiquité, la plume est un symbole universellement associé à des valeurs profondes. Elle incarne la vérité dans l’Égypte ancienne avec Maât, l’honneur et la liberté pour les peuples amérindiens, et dans le christianisme, elle représente la pureté et la protection divine. Cette image de refuge et de guidance se retrouve notamment dans le Psaume 91:4, où Dieu « couvre de ses plumes » et offre ainsi une protection quasi maternelle.

Mais au-delà de ces connotations sacrées, la plume est aussi un instrument de communication et d’expression. À la fois canal entre le monde terrestre et spirituel dans les traditions chamaniques, elle devient également le symbole des écrivains, poètes et philosophes qui l’utilisent pour coucher leurs pensées sur le papier.

La plume et la franc-maçonnerie : un paradoxe d’expression

Bien que la plume ne soit pas un élément central des rituels maçonniques, elle incarne plusieurs valeurs propres à cette organisation : la quête de vérité, le savoir et la transmission des idées. Mais une ironie se dessine autour de cette liberté d’expression théorique.

Bien que la plume ne soit pas un élément central des rituels maçonniques, elle incarne plusieurs valeurs propres à cette organisation : la quête de vérité, le savoir et la transmission des idées. Mais une ironie se dessine autour de cette liberté d’expression théorique.

  1. La plume du sage, le silence des loges
    La franc-maçonnerie prône la réflexion et l’élévation intellectuelle, mais en même temps elle cultive le secret et la discrétion. Si la plume représente la connaissance, elle semble bien silencieuse dans un espace où le non-dit prime.
  2. Promesse d’ouverture vs réalité de la censure
    Les valeurs maçonniques célèbrent le dialogue et l’émancipation de la pensée. Pourtant, les membres doivent parfois s’adapter à une forme de conformité implicite. Écrire librement devient un exercice délicat lorsque l’encre est parfois indissociable de l’autocensure.
  3. Les rituels écrits, mais interdits à la lecture
    Parmi les plus grandes ironies, on trouve le paradoxe des textes maçonniques : soigneusement rédigés, mais jalousement protégés. Un effort littéraire déployé pour produire des documents que seuls quelques initiés auront le privilège de parcourir.
  4. Le pouvoir des mots dans un monde de gestes
    Dans la franc-maçonnerie, les gestes symboliques et les rites muets ont souvent plus d’importance que les discours écrits. Dans ce cadre, la plume perd de son éclat face aux actions silencieuses, soulevant la question : que vaut la parole dans un monde où tout se comprend sans mots ?
  5. La plume comme instrument de contrôle
    Bien que vue comme un symbole de liberté, la plume peut aussi être un outil de pouvoir. Certains écrits maçonniques orientent le discours et limitent la diversité des opinions, renforçant ainsi une forme d’exclusivité élitiste sous couvert de démocratie et d’égalité.

Le secrétaire et l’orateur : deux figures de l’écriture invisible

Le secrétaire : écrivain du mystère

Au cœur de cette mécanique, on trouve le secrétaire, véritable incarnation vivante du paradoxe de la plume. Son rôle est fondamental, mais souvent discret, tel un écrivain de l’ombre.

  • Auteur de manuscrits invisibles : Ses écrits doivent être précis et réfléchis, mais au final, peu nombreux seront ceux qui les liront.
  • Un chroniqueur sans lecteurs : Il documente les réunions, prend des notes cruciales… mais ces documents sont souvent consultés par un cercle restreint. Il pourrait aussi bien écrire dans le vide.
  • Le paradoxe du mot enchaîné : Ce qui est rédigé ne sera pas forcément partagé, et ce qui est partagé ne reflète pas toujours la totalité des échanges.
  • L’humour d’un rôle sérieux : Et si le secrétaire troquait parfois sa plume pour une plume d’oie, histoire de chatouiller ceux qui prennent les choses trop au sérieux ?

L’orateur : une plume sans plume, mais un écrivain sans papier

Si le secrétaire grave les mots dans les archives, l’orateur les sculpte dans l’air, composant une œuvre dont la seule trace est l’écho de sa voix.

  • Un écrivain sans brouillon : Contrairement au secrétaire qui peut réécrire, l’orateur doit être impeccable dès la première prise de parole. Sa plume est un acte instantané, sans filet ni retouche.
  • Le drame des discours éphémères : Il soigne son texte, cherche les mots les plus élégants, mais au final, son audience retiendra surtout la qualité de l’agape.
  • L’illusion de la liberté d’expression : Il semble libre de parler, mais entre les impératifs traditionnels et les attentes implicites, il jongle plus avec les non-dits qu’avec les vérités.
  • Un grand auteur… sans lecteurs : Son discours est magnifique, vibrant d’intelligence… mais personne ne le relira jamais. Il est un dramaturge qui ne laisse aucune trace matérielle.
  • L’homme qui écrit dans l’air : Si le secrétaire possède une plume, l’orateur, lui, écrit directement dans le vent. Son art réside dans l’instant, et peut-être que c’est là la plus grande liberté : celle de ne jamais être enfermé dans l’encre et le papier.
Icare et Dédale, par Charles Paul Landon (1799) au musée des beaux-arts et de la dentelle.

La plume d’Icare et la plume d’Hermès : sagesse ou farce ?

L’histoire d’Icare nous rappelle que la quête du savoir et de l’élévation est précieuse, mais l’excès peut être fatal. Peut-être pourrait-on voir en lui le secrétaire trop audacieux, écrivant des vérités qui ne devraient pas être couchées sur le papier… ou l’orateur trop passionné, s’emportant dans des discours flamboyants sans penser aux conséquences.

Quant à Hermès, dieu des messagers et des voleurs, il serait un secrétaire rédigeant des textes énigmatiques ou un orateur captivant son auditoire sans jamais tout dévoiler. Sa plume est celle du mystère, celle qui écrit sans jamais être totalement comprise.

Conclusion :

Ainsi, la plume, censée incarner la liberté d’expression et la sagesse, se retrouve dans un paradoxe maçonnique où elle oscille entre un symbole d’ouverture et un instrument de contrôle. Et au centre de ce paradoxe, le secrétaire, écrivain du mystère, l’orateur, poète sans traces, Icare, rêveur trop ambitieux, et Hermès, maître du double sens… Quatre figures fascinantes, unies par une même mission : écrire sans toujours être lus, dire sans jamais totalement être entendus… et pourtant, influencer bien plus qu’on ne le pense.

Mais au fond… ne serait-ce pas là une farce symbolique de la plume elle-même ? Elle nous promet la vérité, mais ne livre que des fragments. Elle semble offrir la liberté, mais pose des limites. Elle donne du pouvoir, mais jamais sans ironie. Et peut-être que dans cette danse entre écriture, parole et silence, c’est la plume qui mène réellement le jeu, laissant chacun croire qu’il en est le maître… alors qu’il n’en est que le serviteur.

P.S. : Considérez, mes frères et sœurs, cette plume, humble mais puissante, comme un symbole dans notre quête de vérité. Chaque fois qu’elle s’égare sur la page, elle prononce à voix basse : « Que ce qui est écrit soit toujours sous l’œil vigilant du Grand Architecte de l’Univers ! » Et dans son élan créatif, elle murmure à l’encre : « Que chaque mot soit sculpté avec soin, comme une pierre taillée, car même les lettres doivent se conformer à l’harmonie des angles et des lignes. » Ainsi, lorsque vous la saisissez, rappelez-vous : chaque phrase est un acte de fraternité, et chaque essor de l’encre, un hommage à nos rituels sacrés. Que l’écriture soit la lumière guidant nos pensées, comme les étoiles dans le ciel nocturne des Initiés !

Le cerveau du maçon est tyrannique

Le cerveau humain a parcouru une merveilleuse trajectoire évolutive, mais a pour cela posé beaucoup d’exigences. Notre cerveau est tyrannique, ce n’est pas moi qui le dis, mais le paléoanthropologue et auteur d’essais Jean-Jacques Hublin.

A notre époque contemporaine, nous disposons de l’organe qui fait la différence avec tout le reste du vivant, y compris les singes supérieurs. Même ces derniers ont des ratios cerveau/corps qui les placent plus près des autres animaux que de nous. Bref, superbe outil que ce cerveau de Sapiens, mais très énergivore. La nécessité de satisfaire ses besoins sera structurante pour la création de la « Niche Humaine », telle que l’appelle Hublin.

Niche humaine à construire, cela rappelle la construction du Temple maçonnique, non ?

La recherche de ressources exigées par le cerveau a eu plein d’impacts sur l’évolution. Il convient d’observer que l’évolution du rapport cerveau/corps n’est pas linéaire : les Néandertaliens avaient un ratio supérieur. Si finalement Sapiens a emporté la mise, c’est entre autres parce que son ratio était plus efficace, dans leur environnement bien entendu.

Une première réduction de la taille du cerveau s’est produite lors de l’adoption de la locomotion sur deux jambes ( homo erectus ). Cela a optimisé les déplacements dans les savanes, permettant ainsi la chasse aux herbivores «  à l’endurance ». Et nous voilà au néolithique, son agriculture, ses villes, leur structure hiérarchisée et inégalitaire. Division des tâches, spécialisation…tiens on n’a plus besoin de « tout savoir » pour survivre, donc on peut laisser un peu « maigrir » le contenu de la boîte crânienne .  Avec Wikipedia on a continué sur cette pente, et avec l’IA je ne vous en parle même pas. L’humain cherche depuis toujours à atteindre ses objectifs avec une dépense énergétique minimum, c’est cohérent avec les besoins biologiques du cerveau. Donc, soyons prévenus, la capacité et la motivation à faire de belles planches, il va falloir les pousser.  

Et, sans vouloir verser dans le catastrophisme :

 toute compétence déléguée à une machine crée la dépendance correspondante.

Mais revenons à nos aurochs. Les scientifiques ont observé que la réduction progressive de la taille de notre cervelle s’est accélérée sur la période -5000/-3000 ans . Cela fait donc un soupçon de corrélation avec la complexification de l’organisation sociale . La complexité sociale est traitée par une intelligence collective, laquelle fait baisser le besoin au niveau de l’individu. Voyons comment les fourmis arrivent à prendre de bonnes décisions sociales alors qu’individuellement elles sont peu équipées. Même tableau, en plus dystopique, dans « la Proie » de Michael Crichton, avec des drones militaires devenus incontrôlables volant en meute. Il l’a rêvé, nous y sommes.  Complexité sociale, hiérarchies et suiveurs,  wait…nos grands maîtres nous permettront-ils d’arrêter de toujours réfléchir et de devenir bêtes ??  La cordonnite rend elle idiot ? Ne nous prononçons point.

Alors, comment avons-nous construit notre Niche Humaine ?

Notons d’abord que chaque changement implique des coûts, énergétiques entre autres. A la sortie des sauts génétiques, il y aura des perdants, et des gagnants dont on dira qu’ils sont des « succès reproductifs ».  Le premier niveau de la niche concerne l’adaptation à l’environnement. C’est l’évolution qui fait le job ? Oui mais pas que : cela peut se faire aussi en adaptant l’environnement à soi. Plein d’animaux pratiquent couramment ces actions : par exemple le castor, qui avec ses barrages exerce une profonde influence sur les écosystèmes de rivière. L’humain a bouleversé quasiment tous les écosystèmes sur terre, même les jungles que l’on croit primitives.

L’action gagne en efficacité dès l’usage d’outils. Les outils de pierre ont permis de récupérer la précieuse moelle osseuse des proies de nos ancêtres, puis de hacher les viandes afin de simplifier leur mastication. Idem pour la cuisson. Ces évolutions sont des économies, soit de dépense d’énergie quotidienne, soit sur la structure du corps. Les mastications plus faciles  réduisent le besoin d’une mâchoire et des muscles associés surpuissants.

Du coup, l’humain peut se permettre de naître avec un cerveau encore loin d’être mature. Ceci réduit les difficultés de la naissance, avec ce petit bassin des mères du fait de notre bipédie. Mais cela impose, après la naissance, qu’un réseau plus grand que père et mère participe à la protection de l’enfant . Les alloparents ( grands-parents et autres membres du clan ) aideront , mais aussi transmettront.

L’enfance est très longue chez l’humain, à cause du cerveau à finir.

On voit donc que la niche humaine a une composante neurale qui impose le rythme. Une composante plus longue est la niche technique. Les outils se sont améliorés au cours des âges, et là le cerveau humain a permis des progrès impossibles chez les animaux . Les outils sont devenus des prolongements du corps, décuplant la force, repoussant les limites de la fatigue. Ils ont aussi permis l’action à distance ( armes de tir ) . Une troisième classe d’outils caractérise le côté cognitif de la niche humaine : c’est ce qui peut être transmis à distance ou à travers le temps. J’ai nommé : les rituels, images, symboles

Au final, c’est notre cerveau qui a le plus évolué ces 300 000 dernières années.

Pour cela, il a fallu développer et complexifier le langage.  Vous avez dit : «  tradition orale » ? De là découlent mémoire, planification, pensée abstraite ( valeurs républicaines et démocratie ?  ), mise en réseau ( vous êtes de quelle région ou province ? ) . On observe aussi l’élargissement progressif du cercle de l’empathie. On aime son prochain, plus petit à petit son lointain.

Le débat continue autour des mérites respectifs de l’empathie altruiste et de l’individualisme. La franc-maçonnerie n’a pas tranché et utilise conjointement les deux voies. C’est conforme à la pyramide de Maslow. Le socle collectif d’entraide est indispensable et procure de nombreuses satisfactions, la liberté au sommet permet de se réaliser pleinement

Néanmoins, les sociétés subissent le phénomène de différentiation culturelle.

La meilleure preuve est que l’on pratique 7000 langues sur terre. La racine du problème est que les signaux culturels, a priori porteurs de sens, se muent parfois en simples marqueurs d’identité. La culture permet de souder un groupe, mais parfois contre les autres groupes. Et on se retrouve à se focaliser surtout sur les différences. En franc-maçonnerie, on résiste un peu en ressassant qu’il s’agit de rassembler ce qui est épars. Soyons honnêtes, l’universalisme n’est pas encore pour demain.

Les religions sont une astucieuse combinaison d’éléments factuels et une portion d’éléments disons surprenants . Cette combinaison, souvent un narratif attirant, est aisément mémorisable donc facilement transmissible ; les symboles jouent comme renforçateurs de la cohésion du groupe. Cela nous rappelle bien des choses. 

Deux dernières capacités fascinantes de notre cerveau .

La première est la détection des intentions, notamment en observant les yeux de son interlocuteur. Notons en passant que les yeux allongés de l’humain facilitent cette détection . Cette faculté est déjà présente, à divers degrés, chez les mammifères supérieurs. Tout ceci n’empêche pas nos congénères de faire des procès d’intention, souvent basés sur rien d’autre que leur propres préjugés.

La seconde se nomme « théorie de l’esprit ». C’est l’aptitude à attribuer des états mentaux inobservables, à soi mais surtout aux autres. D’une certaine manière, on « entre » dans la tête de l’autre, ce qui permet d’éprouver ses sentiments ( sauf erreur ). Cette capacité joue un rôle capital dans l’empathie, la communication, l’esprit d’équipe, la compétition, etc.   Elle se développe dès l’enfance . Sans elle, nous ne serions pas ce que nous sommes.

J’espère que l’étroitesse du parallèle de l’élaboration de la niche humaine avec la construction de notre temple personnel et collectif vous a impressionnés autant que moi. Soyez fiers et dignes de votre humanité !

Texte rédigé sans IA.