mer 10 décembre 2025 - 00:12
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Gloire au Travail? Mon oeil (II)

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J’étais en Loge hier et aux agapes, nous avons évoqué et analysé le dernier discours de notre Président (celui du 11 janvier). Une phrase m’a particulièrement choqué : «les français sont réfractaires à l’effort ». Certes. La quête du Franc-maçon étant celle de la Vérité, il me paraît important de rappeler quelques faits. Contrairement aux idées reçues véhiculées par une certaine élite d’obédience chrétienne, les français ne sont pas des fainéants, ni des tire-au-flanc et encore moins des paresseux. Des études très sérieuses montrent que les travailleurs français comptent parmi les plus productifs d’Europe voire de l’OCDE, devant les travailleurs allemands ou les travailleurs britanniques. Il suffira de se reporter aux récentes études Eurostat et à leurs analyses publiées dans Challenges ou les Echos, ou encore aux ouvrages de Jacques Généreux, Frédéric Berr ou Thomas Porcher. On notera, étant donné le fort taux de vacances d’emploi qu’avec une telle productivité, le travailleur français risque de rentrer plus facilement dans la spirale de l’épuisement professionnel, mais au fond, avec tant de chômeurs prêts à remplacer le travailleur devenu inapte, quelle importance? C’était ma minute de cynisme.

En tant que citoyen et franc-maçon, je suis très inquiet qu’un président de la République puisse énoncer une telle contre-vérité (ou fake news pour rester dans le jargon contemporain). Quand on sait que ce qu’on appelle vérité est un énoncé répété par le plus grand nombre, j’ai peur. J’ai peur qu’une attaque ne soit en cours contre le travail et l’emploi. J’ai peur que la confiance des français en eux-mêmes ne soit entamée quand un chef d’état profère une telle invraisemblance, qui va servir de prétexte à durcir un monde déjà très inhospitalier.

Une autre attaque est en cours, cette fois-ci sur les chômeurs. Le décret publié le 31 décembre 2018 au Journal Officiel renforce les contrôles et contraint les chômeurs à accepter un emploi salarié même si le salaire est inférieur, voire très inférieur à celui de l’emploi précédent. Outre le fait de durcir les conditions d’accès à un droit auquel tout salarié contribue, un problème va se poser : la dévalorisation potentielle de l’emploi. Cette disposition va permettre aux entreprises peu scrupuleuses de passer outre les conventions collectives et de baisser les salaires au recrutement. En poussant plus loin, il pourrait être possible de recruter un cadre en haut niveau, tel qu’un X ou un centralien en le payant au SMIC, avec la bénédiction du Pôle Emploi…

Au 2e degré, nous disons « Gloire au Travail ». Certes, tout dépend de la définition du travail. Pour moi, le travail est la quantité d’énergie dépensée pour un processus de transformation. Ainsi, faire bouillir de l’eau représente un travail, de même que déplacer une commode ou écrire un billet de blog. Dans la même optique, élever ses enfants ou prendre soin d’un proche constitue aussi un travail. Toutefois, le travail est à différencier de l’emploi, qui consiste à vendre son temps de vie en échange d’une rémunération. Trois chercheuses britanniques ont mis en valeur le fait que plus un emploi est utile à la société, moins il est reconnu, moins il est considéré et donc, moins il est payé (Lawlor, Kersley, Steed. A bit rich. Calculating the real value to society of different professions. Neweconomics.org). Parallèlement à ces travaux, l’anthropologue David Graeber a fait une observation similaire, tout en étudiant le phénomène des bullshit jobs. Si je résume avec ma mauvaise foi coutumière, l’automatisation des tâches a fait disparaître une partie de l’emploi ouvrier. Les travailleurs manuels sont donc moins sollicités et moins employés. Cependant, nos structures sociales et légales n’ont pas évolué avec la technique, ce qui nous oblige à être employés 35h par semaine, mais sans avoir nécessairement une tâche à accomplir. Ainsi, l’innovation technique qui aurait pu être un progrès et ainsi nous libérer de la nécessité du travail (oh, la belle révolution marxiste que voilà) ne fait que nous asservir davantage : nous sommes amenés à remplir des cases dans des tableaux, répondre à des messages sur des réseaux sociaux ou des e-mails, bref traiter des données dont l’intérêt est somme toute, très limité. D’ailleurs, qui n’a jamais rempli un tableau de base de données pour justifier de ses tâches, voire du suivi de ses tâches ?

Bref, l’innovation a engendré la création d’emplois qui n’apportent rien à qui que ce soit, si ce n’est un salaire à l’employé (et encore, même ce point peut se discuter…). Et encore, David Graeber a émis une hypothèse audacieuse : le travail salarié ne serait jamais que la continuité de l’esclavage selon une structure de déracinement observée sur le commerce triangulaire. Ainsi, l’esclave est amené à travailler loin de chez lui par ses marchands et mis au service d’un maître. Graeber pense que le travail salarié est structuré de même, avec l’illusion de liberté promise par le néolibéralisme, à la différence que le salarié prend le train de banlieue au lieu de la mer… Et preuve du mensonge des tenants du libéralisme: il est difficile voire impossible de s’enrichir avec le travail salarié. La différence vient du capital hérité, mais chut, il ne faut pas le dire trop fort!

En fait, la vision que nos dirigeants tentent d’imposer est que les français sont paresseux et profitent de la manne de l’Etat-providence et par conséquent, les chômeurs doivent être sanctionnés et remis au travail, sans égard pour leurs études et aspirations à un poste y correspondant. On pourrait croire que nos dirigeants pensent les français irresponsables… Dans ce cas, on peut se demander pourquoi l’Etant ne responsabiliserait pas les chômeurs en les laissant réellement libres de leurs modalités de recherche comme l’annonce l’intitulé de la loi «sur la liberté du choix de son avenir professionnel», intitulé qui a un ton très orwellien en fait.

Comme toujours, cette vision n’est pas la réalité. Elle correspond à un modèle de société basée sur la microéconomie, qui est incompatible avec les faits sociaux et politiques. Cette discipline biaise la vision et fait prendre des décisions contraires à l’intérêt public, comme la destruction du code du travail, ou la chasse aux chômeurs.

En fait, il est rare de choisir délibérément le chômage. Très rare, dans notre société où le prêt bancaire est basé sur la stabilité des revenus. Si j’étais mauvaise langue, je dirais que faciliter les licenciements serait contre-productif pour nos amis les banquiers…

Le fait de mettre tout le monde au travail est un héritage de l’Empire. Napoléon pensait discipliner le peuple en le mettant au travail. Vision qui s’est renforcée avec l’avènement de la société industrielle et le capitalisme protestant… Avec l’innovation qui pourrait devenir un progrès, peut-être est-il temps de repenser profondément nos structures économiques et sociales? Partager plus équitablement le temps du travail pour que chacun ait accès à l’emploi, par exemple? Abdennour Bidar, Pierre Larroutouru et Dominique Méda ont déjà écrit sur la question, peut-être est-il temps de les écouter?

A l’heure d’un grand débat national se déroule en même temps que la disparition programmée des enquêtes publiques, à l’heure de la révolte qu’engendrent le ressentiment contre une élite déconnectée et la terreur du déclassement, peut-être que nos dirigeants devraient ouvrir les yeux et écouter les signaux faibles pour ne pas être submergés par une vague de colère qu’ils n’auront pas voulu voir, en créant et renforçant des outils eux-mêmes générateurs de ressentiment.

Gloire au travail quand même.

J’ai dit.

Gloire au Travail? Mon oeil!

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J’étais en Loge hier soir et sur le chemin du Temple, j’ai failli me faire renverser à plusieurs reprises par les coursiers à vélo ou scooter estampillés de ces plates-formes de livraison de repas. Plates-formes dont on voit régulièrement la publicité sur les affiches en ville. Si j’ai bien compris le principe, ces jeunes gens qui font du vélo s’inscrivent sur une plate-forme et attendent que le programme de distribution de ladite plate-forme leur attribue une livraison, qu’ils vont chercher au restaurant et livrer au client. Le client paie la plate-forme et leur donne une note. Intéressant, ça, l’évaluation permanente, ça inspirera un billet ultérieur à l’enfant de profs que je suis !

Ce qui me tracasse avec ces plates-formes, c’est que ces livreurs, ces manutentionnaires ne sont pas des salariés. Ils ne dépendent ni du restaurant, ni de personne d’autre… qu’eux-mêmes ! J’ai appris qu’ils étaient en effet sous le statut d’autoentrepreneurs, utilisant leur propre deux-roues. Très intéressant pour l’employeur, car il n’y a pas de charges à payer, prétendument intéressant pour l’employé car il serait libre et employable. Dommage qu’il n’ait ni assurances, ni couverture sociale, ni sécurité sociale. Et dommage que tout accident soit considéré comme de sa propre responsabilité ! Et malheureusement, l’accident est une probabilité forte. Parce que, pour ces coursiers-là, le feu rouge, la priorité à droite, bref, le respect du code de la route est une option. Ben oui, le client ne doit pas attendre, alors tant pis pour la sécurité routière et tant pis pour le passant qui aura le malheur de se trouver sur le chemin du coursier, comme un trottoir. Hum, ça fait réfléchir sur le prix du tacos ! « C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe » écrit Voltaire dans Candide, quand celui-ci découvre les conditions de vie des esclaves. Dans le fond, rien n’a changé malgré les smartphones. A moins que le smartphone ne soit un instrument de servitude volontaire…

Pour aller plus loin, je vous invite à lire cette enquête : Boulots de merde ! Du cireur au trader, enquête sur l’utilité et la nuisance sociales des métiers des journalistes Julien Brygo et Olivier Cyran. Les deux auteurs dressent un tableau inquiétant de la dégradation des conditions de travail : détricotage du droit du travail par les instances au pouvoir, précarisation croissante des salariés, durcissement des conditions de travail dans tous les secteurs pour les mêmes salariés, etc. En quelques mots, tout l’héritage du Front Populaire et du Conseil National de la Résistance est attaqué par une élite intéressée par le seul appât du gain. Le philosophe Marc Crépon résume très bien l’origine de cette violence : la réduction du coût du travail. Cet objectif de réduction du coût du travail (et donc de rentabilité accrue) entraîne la destruction des protections du travailleur, et une organisation tayloriste dans des secteurs où la rentabilité n’a pas lieu d’être. Il n’y a qu’à aller aux urgences ou admirer les infrastructures routières pour s’en rendre compte…

Lors de l’ouverture des Travaux, le Vénérable demande au Premier Surveillant : « Frère Premier Surveillant, pourquoi êtes-vous placé ainsi ?
-Vénérable Maître, pour fermer la Loge, payer les ouvriers et s’assurer que chacun a reçu le salaire qui lui est dû ». Autrement dit, au-delà des considérations symboliques et spirituelles, le rituel nous rappelle combien il est important de bien rémunérer l’effort consenti. Il est dommage que ce principe fondamental soit de plus en plus oublié : déconstruction du droit du travail, transformation progressive du salarié en intermittent du travail, augmentation de la charge du travail pour le même salaire (tiens, j’ai déjà vu ça, chez Max Weber dans son texte de 1919 : Éthique protestante et esprit du capitalisme). En fin de compte, on est en train de revenir au travail journalier, comme l’a dit la ministre du travail en septembre. Si l’histoire humaine se compose de cycles, je crains que nous ne soyons dans une phase de régression…


Moralité : tiens, je n’ai pas fait les courses et il est un peu tard. Et si je me commandais une pizza ou des sushis ?

Post catholicisme (suite)

Un commentateur de mon article m’objecte gentiment qu’une certaine presse catholique possèderait encore de beaux restes. Je n’en disconviens pas, encore qu’il faudrait vérifier par exemple ce qu’il en est de l’évolution de la diffusion du quotidien La Croix, par exemple. Il faudrait donc s’interroger sur ce que sera à partir de 2035, une église catholique sans prêtre où les quelques dizaines de prélats survivants se partageront entre ceux qui seront de sensibilité conciliaire-moderniste et ceux qui se réclameront d’un traditionalisme – intégrisme.

Cela ressemblera quoi qu’il en soit à une sorte de post-protestantisme, dans la mesure où cela tirera probablement dans tous les sens, entre une très probable nostalgie, une volonté de poursuivre coûte que coûte l’aventure catholique dans une nouvelle configuration et l’installation d’un catholicisme culturel, tout cela étant à observer de près.

Ce post catholicisme s’exprimera pour partie par la manière dont seront pris en mains les nombreux lieux à forte dimension historique, mémorielle, architecturale, abandonnés par les moines ou les religieuses, lesquels, en attendant de voir disparaître leurs nombreuses institutions, procèderont à d’indispensables regroupements. Pourquoi ne pas en faire des temples maçonniques avec réfectoires transformés en salles d’agapes ? Je plaisante à peine.

Quant à la comparaison avec le GODF, elle ne me semble pas adéquate, dans la mesure où cette obédience, comme beaucoup d’autres, n‘est absolument pas en déshérence et n’est pas de plus directement concernée par la clientèle spiritualiste post-religieuse. Cela ne veut pas dire qu’en ses publications, à moins que cela m’ait échappé, on s’interroge sur le nouveau paysage. Il est vrai que pour certains, dont je ne m’exclus pas culturellement parlant, ne plus avoir de curé à bouffer peut créer la disette.

Sur les ruines du catholicisme – L’avenir du spiritualisme

Nous avons eu l’occasion à plusieurs reprises, notamment  dans la revue Critica masonica (numéro 13, à paraître février 2019), sur le blog éponyme http://criticamasonica.over-blog.com, sur le site Fragments  sur les temps présent https://tempspresents.com de démontrer que l’Eglise catholique française se mourrait à petits feux. On nous permettra d’expliciter cette affirmation quo peut sembler étonnante par une petite démonstration mathématiquement simplissime. On compte aujourd’hui environ en France 11.700 prêtres en France, dont la moitié est âgée de plus de 75 ans et est considérée comme étant à la retraite.  Quelque 800 de ces prélats disparaissent chaque année, alors que moins d’une centaine sort des séminaires. Le différentiel, la perte, sont donc, à peu de chose près, de 700 par année, ce qui nous  donne les prévisions suivantes, de cinq ans en cinq ans : 2024 : 7.700 prêtres ; 2029 : 4300 ; 2024 : 800.  A une ou deux années près, la messe sera définitivement dite dans une quinzaine d’années, autant dire demain.

A l’échelle d’une demi-génération, c’en sera donc fini d’un catholicisme structuré sur un clergé verticalisé, sachant que les effectifs des moines non prêtres et des religieuses suivent la même pente descendante. Une telle constatation que nous avons martelée ad nauseam pour certains sceptiques, n’a été reprise ni par les milieux religieux, ni par les publications rationalistes et athées. N’en tirons aucune acrimonie, l’histoire quasi immédiate tranchera.

Cela pose en tout état de cause une question qui nous semble mériter d’être étudiée, celle du paysage post-religieux en voie de construction. L’athéisme progresse imperturbablement en  France et  dans d’autres pays européens, mais il le fait moins vite que ne s’écroulent le catholicisme, le luthériano-calviniste et le judaïsme libéral à dominante ashkénaze. Seuls sont en relatif maintien l’islam et le protestantisme évangéliste qui touchent principalement les milieux les plus populaires.

Pour ce qui tient à la masse de celles et ceux dont les parents étaient souvent  de culture catholique, protestante ou juive, une bonne partie ne pourra donc pas  être considérée comme athée. Dans le continent qui va de l’agnosticisme à une vague croyance, un boulevard nous semble en conséquence ouvert pour des formes variées de spiritualisme, dont une partie de la franc-maçonnerie à la française est porteuse, qu’elle travaille au REAA, au RER, au Rite émulation ou à l’une des variantes de la mouvance dite égyptienne.

Dans un paysage que nous poserons comme post-religieux, la concurrence promet d’être vive. De plus, une caractéristique majeure doit être prise en compte, l’individualisation des convictions, des croyances et des pratiques. Ce ne devrait donc pas être essentiellement les structures préconstituées qui porteront ce spiritualisme, mais celles-ci devront accueillir en leur sein une demande d’autant plus importante que le référent religieux de certains rituels se trouvera en décalage avec la disparition de leur traduction sociale. Pour des obédiences comme la GLNF et celles qui en sont issues, équation GADLU=Dieu pourrait être de plus en plus difficile à tenir. On peut prévoir en effet une crise de la transcendance au profit de la juxtaposition des immanences, des petites dieux personnels.

Chômage

Est-ce qu’avant 2050, robotique et apprentissage automatique rendront des milliards de gens économiquement superflus ? Si l’Intelligence Artificielle commence à surpasser les hommes, faut-il encore songer à rallonger leur temps de travail ? Pour faire voler un drone sans pilote au-dessus de la Syrie, les militaires américains font travailler 30 personnes. La montée du chômage n’est donc pas encore pour demain, même si elle affecte, dès aujourd’hui des métiers que la mondialisation risque de supprimer. Face aux métiers devenus inutiles le plus difficile sera probablement de développer nos capacités mentales à accepter les nouveaux apprentissages et les changements nécessaire de métiers dans le cours de nos vies… tout en conservant le nécessaire humour d’un Yvan Audiard qui, déjà,  au siècle précédent,  remarquait que «  le chômage a un seul avantage : les accidents du travail y sont de plus en plus rares »

Tempus Fugit

J’étais en loge hier soir, dans ma Loge-mère et pour la deuxième fois en 8 ans, j’ai passé une très mauvaise Tenue. Vraiment. L’impression d’avoir littéralement perdu mon temps. La première que cela s’est produit en Loge , c’était il y a quelques années. L’obédience était en train de modifier son fonctionnement et de préparer des traités de fonctionnement et avait pour ce faire lancé une série de consultations auprès des Loges pour un vote au Convent. Je vous épargne les détails, mais nous avons passé des heures bien sombres, pendant lesquelles notre beau vernis de fraternité et nos capacités de discernement ont été bien entamées, quand elles ne se sont pas tout simplement volatilisées. Même à l’assemblée de copropriété de mon immeuble, les gens se sont mieux comportés! Il faut dire que cette année là, nous avons consacré 3 à 4 Tenues à ces questions de politique, à la demande de certains Frères partis en croisade contre l’obédience. Ceux-là ont malheureusement oublié de déposer leurs métaux. J’avoue qu’après avoir subi ces Tenues, j’ai failli quitter la Loge. C’était il y a 4 ans.
Mais ce qui s’est passé ce soir-là est d’une toute autre nature. Nous avions un ordre du jour très chargé: présentation d’un morceau d’architecture, un passage sous le bandeau, un débat imprévu de 45 minutes sur le montant de la capitation, puis une planche faite par un vieux Frère de la loge sur le thème de la chasse, et qui aime s’écouter parler… La Tenue a duré 3h45.
Il est très rare que je dise ça, mais j’ai détesté cette Tenue.
Non pas à cause du propos du Frère chasseur et de son apologie de la chasse (bon, pour ma part, je n’aime pas l’idée que des guignols se promènent armés librement, mais ça n’engage que moi), mais à cause de l’ensemble, tout simplement trop long.
Les 45 minutes de débat sur la capitation étaient trop longues, surtout quand les propos tournaient en boucle. Les 80 minutes de planche et débat qui ont suivi étaient tout aussi interminables. Et c’est là que le sablier du Cabinet de Réflexion prend son sens: une Tenue, c’est long et parfois très ennuyeux. Des soirs comme ce soir là, j’en viens à me demander ce qui me motive à venir au moins deux fois par mois au lieu de faire autre chose, comme aller au cinéma, au théâtre, boire un coup à un after-work, ou rester chez moi et liquider ma pile à lire…

J’avais lu dans le Courrier International un dossier très intéressant sur le temps (Courrier International numéro 1466 du 20/12/2018) et une expression a retenu mon attention, le vol de temps.
Ce temps que nous volent les retardataires éternels que l’on attend toujours, ce temps que nous volent les rigolos qui organisent des réunions à leur seule gloire pour assouvir leur besoin d’un public, ce temps en Loge que nous volent des Frères plus soucieux d’étaler leur science que de faire avancer le débat.
Notre temps sur Terre est limité, comme nous le rappelle le sablier du Cabinet de Réflexion. Et pourtant, nous nous le faisons voler à chaque instant, dans le monde profane comme dans le monde maçonnique. Temps de trajet pour aller travailler volé sur notre temps personnel, temps perdu au travail à attendre que nos ordinateurs daignent fonctionner, temps perdu à mettre à jour ces damnées machines, temps perdu à attendre l’avis d’un chef, ou une décision d’une instance quelconque quand ce n’est pas du temps perdu en réunion à entendre les uns et les autres gloser ou pérorer…
A ce propos, je me souviens d’un film à l’argument très intéressant : In Time, sorti en France en 2011 sous le nom de Time Out, où le temps de vie devient monnaie d’échange. On notera que les riches sont immortels et les pauvres ne savent jamais s’ils seront vivants le lendemain… Très capitaliste protestant, tout ça. Après, comme le disait notre Très Cher Frère Benjamin Franklin, time is money…
Marcel Aymé avait eu bien avant l’idée du temps qui se vend et s’achète, mais c’est une autre histoire.

Les Grec avaient compris qu’il existait au moins deux types de temps, le temps de la durée, modélisé par Cronos, avec sa faux et son sablier (attention, ce n’est pas le Titan Chronos, le fils parricide d’Ouranos et père de l’Olympien Zeus) et le temps en tant qu’instant opportun, modélisé par Kairos et représenté sous forme d’un petit dieu ailé.
Bien plus tard, Einstein avait compris la relativité du temps (que nous avons tous expérimenté d’une manière ou d’une autre, surtout et y compris en Loge).
Comme notre temps propre est limité, le Temps sacré et symbolique l’est aussi (et je ne parle pas des locaux dans les grandes métropoles où l’on est prié de rendre les temples au bout d’un temps limité), puisqu’il y a une ouverture et une fermeture des travaux. Notre temps de travail est borné, de Midi à Minuit. Le temps commun que nous partageons est une ressource limitée, comme toutes les ressources d’ailleurs. Monopoliser la parole durant un temps certain, imposer des sujets à sa propre gloire constituent des formes de vol de temps pour l’Atelier et ses membres. On retrouve cette forme de vol de temps, et celle-ci est à mon avis plus vicieuse, lors des événements publics tels que les Tenues Blanches Ouvertes. J’ai trop souvent constaté que des maçons anciens avaient tendance à monopoliser la parole, privant ainsi le reste du public de l’occasion de poser des questions ou de dialoguer. Un profane que j’avais amené m’a dit à l’issue d’une Tenue Blanche qu’au vu de ce comportement, devenir maçon ne l’intéressait plus… Ainsi, vouloir montrer l’étendue de sa connaissance est bien préjudiciable à l’intérêt de l’Ordre, puisqu’il peut décourager les volontés.

En fin de compte, c’est au Vénérable de bien répartir ce temps, quitte à avoir le courage d’abréger le temps de parole des uns et des autres, afin que le temps passé ensemble puisse profiter à tous.

Lorsque nous prenons la parole en Loge, n’oublions pas que nous sommes là pour éclairer et non pour briller.

J’ai dit.

Éloge du métissage de l’insu

ÉLOGE DU MÉTISSAGE ET DE L’INSU

Le métissage est celui des classes sociales, conformément à Anderson mais qui n’a pas de réalité actuellement. En cause, le conditionnement universitaire + consumériste : Un exposé avec un plan démonstratif, bien rationnel,  de grandes idées et dont l’écoute fait plaisir, amuse et détend. C’est le contraire que l’on veut pour peu qu’il y ait une spiritualité pour agir.
C’est le métissage des sources où boivent les FF MM : la raison certes car nous sommes en partie des êtres rationnels, à tout le moins conscients du « JE ». Mais aussi l’intuition, les émotions, les sensationsqui sont toutes fondées dans l’insu même si en surface leurs productions peuvent être amenées à la conscience. Or le pont entre les individus, même les scientifiques, s’appuie sur les émotions qui se manifestent par des comportements involontaires et des modifications physiques et physiologiques. (Voir mon dossier sur les Émotions) Leur émergence et leur usage de soutien des cheminements mentaux et conscients trouve dans l’apogée du dogme de la fraternité l’apogée des émotions altruistes (cf ma définition de la fraternité).

 

Le métissage c’est aussi celui des âges entre 40 et la fin de la vie terrestre. Pas avant. On ne rajeunit pas les effectifs. Il faut des arguments manipulateurs pour que la FM , celle d’une spiritualité pour agir, convainque les moins de 40 ans. Cf la mi-vie de Jung. Il y aura sans doute des plus jeunes qui « achèteront » la Voie maçonnique. Alors traitons-les en fonction de leurs besoins, l’action dans  l’engagement politique sinon altruiste.

 

`Le métissage, c’est aussi la richesse engendrée par les genresdéfinissables en trois points :l’anatomie, le psychisme et le choix du partenaire. Soit mâle ou femelle, soit un continuum entrez l’émissif et le réceptif et choix d’un homme ou d’une femme.

Or attention, la lecture la plus immédiate des arcanes favorise les mâles émissifs. La plupart des symboles peuvent avoir une autre lecture, soit réceptive, soit androgyne voire du TOUT.UN. Mais là c’est une des voies d’évolution de la Voie.