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L’éducation maçonnique comme modèle de la Ré-Éducation Nationale ?

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Une laïcité restrictive, basée sur de bonnes intentions, a réduit le système éducatif à n’être plus aujourd’hui que le plus petit commun multiple (p.p.c.m.) de la logique pédagogique. Bien des Francs-maçons n’ont pas échappé à cette vision. Ainsi a-t-on pu lire sous la plume de Paul Gourdot : « Un service public d’enseignement unifié et laïque constitue pour tous un centre de l’union en raison de son caractère laïque parce que fondé sur la liberté, la tolérance, l’indépendance envers tous les dogmes, qu’ils soient philosophiques, métaphysique ou politiques ».

L’idée est belle et tout à fait dans la lignée de ce que nous affirmons sur le plan de la liberté, de la tolérance et de la laïcité… Mais le danger n’est pas là. Il est dans « l’unification de l’enseignement ». Le rejet a priori – comme il est sous-entendu – de « tous les dogmes, qu’ils soient philosophiques, métaphysiques ou politiques » est un principe qui a besoin de fondements pour s’établir : il faut savoir ce que l’on rejette. Nous prétendons condamner l’ignorance. Mais pour condamner, il faut d’abord instruire (et donc être instruit sur ce que l’on condamne).

La laïcité n’est pas synonyme d’uniformité dans l’éducation (c’est le rôle de l’instruction, quand elle prétend fournir une base commune), mais d’enrichissement des individualités par une approche différenciée de l’enseignement : c’est en cela qu’autrefois l’éducation revenait aux parents et aux proches qui élevaient l’enfant (le Second Surveillant remplit un rôle comparable à l’égard des apprentis en loge – qui n’ont que « trois ans »).

Avec l’Éducation Nationale, en transférant l’éducation à la Nation – transfert accru par la démission de plus en plus marquée des parents et le rôle de plus en plus prégnant des « auxiliaires d’éducation » (les bien nommés !) dans la formation à l’école (et non de l’école) -, cette uniformisation s’est aussi reportée sur l’éducation des enfants, au détriment de leur personnalité. La banalisation du savoir s’est faite aux dépens de l’enrichissement des connaissances.

Mais qu’entend-on par « connaissance » ? “Par ce mot” [de connaissance], Saint Denys l’Aéropagite stipule “qu’il faut entendre ce que nos maîtres inspirés ont transmis à leurs disciples par une sorte d’enseignement spirituel”.

Les rites maçonniques proposent une démarche initiatique par la voie d’une connaissance traditionnelle. L’initiation maçonnique fait appel à l’expérience d’un vécu personnel. Elle rend libre de ses choix, en proposant une méthode comme guide d’expérimentation de ses propres voies de recherche. Elle vise une prise de conscience psychique par l’expérimentation d’épreuves physiques sensées éveiller progressivement l’esprit, par étapes (qualifiées de degrés). Le Franc-maçon doit donc dépasser le champ des savoirs pour atteindre celui de la connaissance. Par rapport au discours logique et rationnel de la science, il s’appuie sur les analogies, les symboles, les mythes et les rites pour s’élever d’un monde fini et relatif vers un univers infini et absolu.

Il n’y a pas de connaissance sans appropriation du savoir. Et pour qu’il y ait appropriation, il faut qu’il y ait participation active de l’individu au savoir qu’il acquiert. S’il y a participation active, il n’y a plus simplement conscience de ce savoir, mais conscience d’être dans le savoir… ou prise de conscience. Autrement dit, la connaissance c’est l’em-prise de la conscience quand elle expérimente le savoir. Le savoir s’enseigne, la connaissance s’a(p)-prend. Le meilleur exemple pour commenter la relation entre savoir et connaissance… c’est encore celui de l’initiation : elle fait prendre conscience de valeurs au moyen d’un savoir (que porte le rituel). Les épreuves, qui permettent d’expérimenter ce savoir en se l’appropriant dans un vécu, le transforment en co-naissance, c’est-à-dire en finalité : rechercher dans le savoir ce qui fait sens pour sa vie. La pensée s’inscrit dans le tracé ; elle guide la main de l’artisan : l’outil donne forme à l’idée dans la création. Ce qui s’appelle pratique pour le compagnon et l’enseignement opératif, s’appelle maïeutique pour le franc-maçon et l’enseignement spéculatif.

Discipline et maîtrise de soi, respect et dignité de l’autre, tolérance et apprentissage en groupe sont des valeurs humaines (et humanistes) qui devraient être systématiquement mises au cœur de tout système éducatif.

Dans cet esprit, l’éducation devrait pouvoir répondre à la fois aux impératifs du savoir (par une approche théorique) et aux aspirations de la connaissance (par une approche opérante) ; afin de conduire les apprenants, à côté des repères civiques, moraux ou religieux qui devraient leur être enseignés, à s’engager personnellement sur les plans social, éthique et spirituel. Mettre des valeurs dans sa vie, c’est aussi mettre sa vie en valeur.

L’esprit critique, par la pratique du doute méthodique, permet de remettre en cause le champ des savoirs au profit d’une recherche qui expérimente de nouvelles connaissances. Relativiser le savoir, c’est rejeter les vérités toutes faites, les certitudes commodes, les idéologies faciles pour s’interroger sur ce qu’elles valent et sur ce que l’on veut… et l’on vaut.

Pierre PELLE LE CROISA, le 27 avril 2015

 

L’action du Franc-maçon a-t-elle un sens dans le monde d’aujourd’hui ? (2)

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Si les réseaux sociaux permettent de rassembler les communautés ethniques entre elles, ils permettent aussi de fédérer des êtres aux pensées, aux goûts et aux intérêts proches – ceux que Maffesoli appelle les « tribus » : dès lors, par rapport aux autres, dans la multitude, chacun se définit par ses similitudes. Selon son expression, nous sommes passés d’une société qui distinguait les individus dans la masse à une « société individualiste de masse ». Comme en chimie dans la relation qui unit les éléments atomiques aux molécules qui les organisent, les éléments humains s’agrègent en structures sociales complexes.

Bachelard rappelle comme une évidence que l’homme a forcé la nature à aller aussi loin que son esprit. En technicisant son univers, il l’a centré sur lui-même. Il l’a fait passer du réel et du factuel au fabriqué et au factice. Ex « deus machina », il est devenu un « homo artifex ». Ce sont à présent ses artifices qui humanisent le naturel ; et ses images virtuelles qui virtualisent sa perception des êtres et des choses. Le monde numérique, avec ses avatars et sa cyberculture, envahit le monde réel, celui de la vie et de la culture. Nous vivons aujourd’hui à l’ère des choix somatiques (avec la contraception, l’euthanasie, la procréation médicalement assistée, la gestation par autrui), à l’ère des choix bioéthiques (avec les progrès génétiques, bio-, nano- et neurobiologiques), à l’ère des choix ontologiques (avec les visées post- et trans-humanistes) et à l’ère des choix téléologiques (avec les recherches quantiques, informatiques, électroniques, connectiques et cosmiques). Notre rapport au monde, la place de nos valeurs dans ce monde et notre manière de vivre le monde s’en trouvent profondément transformés.

Dans ce contexte, que deviennent les valeurs maçonniques ? Ne sont-elles pas périmées avec leur langage suranné (« creuser des cachots pour les vices ») et plus encore avec leurs pensées désuètes, fortement marquées de « Positivisme », comme le « perfectionnement de l’humanité » (pour le « culte social » de Comte), le « Grand Architecte de l’Univers » (pour la « religion du Grand Être »), « l’amour » pour principe, « l’ordre » pour base, « le progrès » pour but, « le cœur » pour guide et « l’intelligence » pour compagnon ?

Pour le savoir, commençons par récapituler ces valeurs ; ce sont :

  • les valeurs ontologiques (le respect de la vie, l’harmonie de l’être, l’humilité, la sérénité et la sagesse, les « bonnes mœurs » et le bonheur),
  • les valeurs éthiques (la quête de sens, la recherche de la vérité, la foi en l’homme, l’amélioration individuelle et le perfectionnement intellectuel et moral de l’humanité),
  • les valeurs humaines (l’honneur, la dignité, la loyauté, l’humanisme, l’altruisme, la tolérance, la solidarité, la compassion, la bienfaisance, la générosité),
  • les valeurs sociales (la laïcité, le travail, la justice, l’équité, les droits et les devoirs),
  • les valeurs républicaines (la liberté, l’égalité et la fraternité – qu’il décline en amour : s’aimer soi-même comme un frère, aimer les autres comme des frères, aimer ses frères comme un autre soi-même).

Pour les conforter, l’enseignement maçonnique induit l’initié à :

  • se questionner pour interroger le monde,
  • s’accepter avec ses défauts et ses qualités,
  • se transformer pour changer son regard,
  • se dépasser pour s’élever,
  • expérimenter pour comprendre,
  • agir pour penser,
  • connaître plutôt que savoir,
  • apprendre pour concevoir,
  • s’éduquer par les autres,
  • rechercher sa vérité,
  • être un « Fils de la Lumière »,
  • responsable de son univers,
  • et « témoin exemplaire »[1] de l’humanité.

La symbolique de la construction du temple (tant extérieur qu’intérieur à l’homme) est la pierre angulaire de la méthode maçonnique. Elle utilise les outils opératifs pour en faire symboliquement des outils spirituels : construire le temple, c’est construire à la fois le temple intérieur de l’homme et le temple extérieur de l’humanité.

En ce cas, pourquoi ne pas se contenter de la pensée et de l’action qui se suffisent à elles-mêmes ?[2]

 

Pierre PELLE LE CROISA, le 27 avril 2015Ó

 

[1] Voir l’article « Pourquoi être exemplaire dans un monde qui ne l’est pas ? » dans la rubrique : « La Franc-maçonnerie actuelle et de demain éclairée par celle d’hier ».

[2] Voir l’article précédent : « L’action du Franc-maçon a-t-elle un sens dans le monde d’aujourd’hui ? »(1) dans la rubrique : « La Franc-maçonnerie actuelle et de demain éclairée par celle d’hier ».

L’action du Franc-maçon a-t-elle un sens dans le monde d’aujourd’hui ? (1)

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Quelles sont ces valeurs qui sont primées dans le monde profane, aujourd’hui ? L’étude des principes, chartes et codes de conduite des organisations et des entreprises donne un éclairage significatif sur le contenu de ces valeurs et sur leur évolution dans le temps : en 2004, l’humanisme et la solidarité prenaient le pas sur toute autre considération. Dix ans plus tard, le leadership, l’innovation, la qualité et l’intégrité font autorité. Le respect arrache péniblement la 9ème place, alors que l’humanisme et la solidarité sont renvoyés aux oubliettes.

Pourquoi y a-t-il un tel décalage entre le référentiel des valeurs du monde profane et celui du monde maçonnique ? Il serait assez tautologique de répondre que c’est parce qu’il s’agit de deux mondes différents. Nous devons aller plus loin, en nous interrogeant sur « l’en-dehors du temple », la nature de ce monde profane dans lequel, bien qu’initiés, nous sommes immergés.

Par suite, intéressons-nous à notre réel sociétal.

Dans le cadre de l’« Évolution », l’homme est passé progressivement de l’outil à l’ustensile, du moyen à la méthode et de la technique à la technologie. Nos sociétés ont évolué rapidement. Trop peut-être. En à peine un siècle, les sciences et la technologie ont fait plus de progrès qu’elles n’en avaient fait au cours des millénaires passés. Dans ces conditions, comment voulez-vous que l’homme, pourtant responsable de ces bouleversements, puisse s’adapter à cette fulgurante évolution qu’il a lui-même créée, alors qu’il lui a fallu des millions et des millions d’années pour devenir l’« homo sapiens » qu’il est aujourd’hui ?

En tant qu’« homo sapiens », il appartient à la famille des primates : c’est un hominidé, autrement dit un animal qui pense – mais qui reste un animal, malgré sa pensée qui voudrait le lui faire oublier. Il suffirait de dresser l’inventaire à la Prévert de quelques-uns de ses méfaits pour montrer que, parmi les bêtes, il est la pire de toutes et qu’en matière de prédation, il n’a pas son pareil : pollution, déforestation, désertification, famine, violence, crimes, terrorisme, conflits, guerres. Même sans aller jusqu’à ces extrémités, les pays les plus épargnés n’échappent pas aux zones de non droit, aux atteintes aux droits de l’homme, à l’irrespect, au rejet des valeurs et au manque d’éducation ; si bien que l’on pourrait avancer sans risque de se tromper que l’ignorance, le fanatisme et l’ambition règnent en mauvais compagnons partout dans ce monde où, nous autres Francs-maçons, nous voudrions mettre bon ordre pour le plus grand bonheur de l’humanité. Eh bien, moi je vous le dis, il y a du boulot, et pour longtemps !

Je viens d’évoquer la « Déclaration universelle des Droits de l’Homme », à laquelle nous sommes si attachés. À bien y regarder, elle ne concerne qu’une minorité d’hommes et de femmes. La plupart des peuples l’ignore, et son universalité… se réduit surtout au petit univers des Occidentaux ! Nombre de traditions et de cultures, à défaut d’outrager nos droits, s’en tiennent au mieux à les exclure.

Mais, avec l’intégration économique, la libéralisation des échanges et l’internationalisation des transactions qui accompagnent la globalisation des biens, des personnes et des savoirs, ne serait-il pas envisageable que nos valeurs d’hommes civilisés prévalent à terme sur les pratiques archaïques des autres peuples – vous savez, ceux qui occupent les pays que nous appelons, par euphémisme, les pays « en voie de développement » ? Certes pas. La mondialisation n’est pas une universalisation. De grands explorateurs comme Malaurie condamnent cette approche : « Je suis convaincu » écrit-il, « que la mondialisation, l’internationalisation des peuples est un malheur, une punition des dieux. Je suis convaincu que le pluralisme culturel est la condition sine qua non du progrès de l’humanité. »

Et en effet, en réaction à l’uniformisation politique voulue par les États, les ethnies répondent par le pluralisme sociétal des replis identitaires. Le nationalisme et le communautarisme sont les deux faces opposées d’une même forme de retrait clanique. L’individu revendique sa différence dans son identification au groupe : qui se ressemble s’assemble. La « mimesis »  de Girard règne partout et en tout : les stéréotypes imitent les archétypes, les slogans les pensées, et les vies des modèles les modes de vie : être jeune, beau, sportif et intelligent, voilà les normes que standardisent les canons véhiculés par les médias. Alors, que devient l’universalité du Franc-maçon dans un monde où les stéréotypes, les slogans et les vies des modèles chassent ses archétypes, ses pensées et son mode de vie ?[1]

 

Pierre PELLE LE CROISA, le 27 avril 2015

 

[1] Voir la suite de l’article dans « L’action du Franc-maçon a-t-elle un sens dans le monde d’aujourd’hui ? »(2), rubrique : « La Franc-maçonnerie actuelle et de demain éclairée par celle d’hier ».

 

Il n’y a pas de reconnaissance des obédiences

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Il n’y a pas de reconnaissance des obédiences. Il n’y a de reconnaissance que des frères : « Mes frères me reconnaissent comme tels », parce qu’ils sont eux-mêmes reconnus par d’autres.

Et par qui ? Par ceux qui partagent le même rite, donc qui ont vécu la même initiation. Il s’ensuit que c’est seulement par le rite, et donc par le rituel qui initie, que la reconnaissance se fait.

Et comment se fait-elle ? Comme Franc-maçon d’une loge, c’est-à-dire comme homme qui abandonne son statut exotérique (de « exoterikos », « en-dehors »), celui de profane (de « pro-fanus », « hors du temple »), pour celui d’initié (de « ab initio », « celui qui commence ») qui aborde la voie ésotérique (de « esoterikos », « au-dedans, de l’intérieur »). En conséquence, il s’agit de quitter son être d’apparence pour rechercher l’essence de son être.

Mais si ce sont les frères – parce que rattachés à un rite – qui ont toujours la reconnaissance et non pas les obédiences, alors, les obédiences, que sont-elles ?

Eh bien, elles sont seulement légitimes (de « lex, legis », la « loi »).

Elles sont d’abord légitimes parce qu’elles sont des associations légales, dont le régime social est reconnu par la législation nationale dont elles dépendent ; en ce sens, elles sont légitimées par l’État au même titre que tout groupement humain déclaré.

Ensuite elles sont légitimes car elles se soumettent aux lois du pays dans lequel elles se trouvent (leurs constitutions les y obligent).

Voilà pour la légitimité externe, c’est-à-dire vis-à-vis de leur citoyenneté.

Mais qu’en est-il à l’intérieur des obédiences ?

Ce qui les légitime sur le plan spirituel, ce sont les patentes des rites qu’elles ont reçues, c’est-à-dire « l’écrit qui établit le droit ou le privilège du corps » [social] qui les constitue (définition du « Robert », 2011).

De là se tire leur légitimité sur le plan structurel par la constitution, les lois et les règlements internes dont elles se dotent.

En bref, seules les patentes des rites légitiment la reconnaissance des obédiences qui les possèdent et des frères qui les composent ; ce qui revient à dire que toute obédience n’est reconnue que par « les écrits [des rituels qui donnent] droit ou privilège » à pratiquer les initiations et les élévations aux grades considérés. Paul Naudon écrit : « La vraie légitimité n’est pas dans les textes administratifs qui ont créé et organisé les rites et les obédiences. […] Sa manifestation tangible réside dans le contenu initiatique des rituels et dans la pratique qui en est faite. » (« Histoire, rituels et tuileur des Hauts Grades Maçonniques », éd. Dervy, coll. Bibliothèque de la Franc-Maçonnerie, 2002, p. 128).

Par suite, qu’en est-il de cette fameuse régularité qui fait tant débat ? La régularité se définit comme « ce qui est conforme à la règle ».

Il en résulte que, sur le plan structurel, est reconnue comme régulière toute obédience qui obéit non seulement à une légitimité externe, mais aussi à une constitution, à des lois et des règlements qui lui confèrent sa légitimité interne : c’est le cas de la quasi-totalité des obédiences !

Sur le plan spirituel, est reconnue comme régulière toute obédience qui obéit aux patentes des rites dont elles disposent : c’est aussi le cas de la plupart des obédiences.

Dès lors, pourquoi accorder tant de prix à la régularité qu’octroie une obédience (parmi les autres) – je veux parler de la Grande Loge Unie d’Angleterre ?

D’abord parce qu’historiquement elle s’est autoproclamée référence à l’égard de la corporation maçonnique (elle s’appuie sur ses « landmarks », qui sont sa doxa).

Mais nous avons vu que la reconnaissance est attachée aux rites et non à la légitimité de la structure qui les conserve (l’obédience).

Ensuite parce que, politiquement, ce critère permet de différencier les obédiences qui opèrent dans le même cadre de pensée de celles qui sont rejetées comme incompatibles.

Dans cette perspective, nous sommes plus en présence d’un concept d’adoption que de régularité : sont uniquement reconnus ceux qui appartiennent à la même « famille spirituelle » ; d’où les notions de « Grande Loge Mère » et de « Grande Loge Fille » (comme il y a des loges-mères et des loges-filles au niveau des ateliers).

Cette approche n’est pas sans rappeler le « limes » latin, la frontière que les Romains avaient établie entre eux et les « barbares » !

Enfin parce que la régularité n’est attribuée qu’à une seule obédience par pays – ce qui permet de déléguer son autorité à un foyer reconnu comme « centre de l’union » pour la nation visée.

Curieusement, l’obédience reçoit ainsi une reconnaissance dite « universelle », alors quelle se cantonne à un noyau de frères qui se considèrent comme privilégiés. En l’occurrence, et de manière plaisante, cette conception de l’universalité maçonnique exclut toute possibilité d’universalisation pour les autres frères ! à méditer…

Que voilà bien du bruit pour des querelles de mots (maux) ! Car, du moment que mes frères me reconnaissent comme tel, que je les reconnais aussi, et que nous travaillons tous ensemble, quelles que soient les obédiences, à notre perfectionnement pour l’amélioration matérielle, spirituelle et morale de l’humanité, qu’importe la nature sexuelle, la couleur de peau, les convictions politiques, la croyance religieuse et le rite auquel chacun de nous adhère, du moment que, dans la chaîne humaine, nous nous tenions les mains pour œuvrer dans le même sens !

Pierre PELLE LE CROISA, le 5 juin 2015Ó

Du perfectionnement de l’homme au perfectionnement de l’humanité (Suite)

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À la question : « Qui suis-je aujourd’hui ? », la Franc-maçonnerie en subroge une autre : « Qui dois-je être demain ? » Pour parcourir le chemin de la première à la seconde, elle en pose une troisième : « Que dois-je faire pour y arriver ? » Par cette dernière interrogation, l’homme se propose de réfléchir aux meilleurs comportements pour y parvenir. Dans son vécu, il les expérimente ; il en déduit une conduite de vie qui confirme ou modifie sa façon d’être. Ainsi peut-il passer de ses propres ténèbres à la lumière de l’esprit, et devenir un homme de bien ; un « homme d’honneur et de probité » disent les Francs-maçons.

Dès lors, l’éthique individuelle déborde sur la morale collective. Elles induisent toutes deux le concept de solidarité : Il s’agit d’être dévoué et compatissant au regard de la communauté humaine à laquelle nous appartenons : « La vertu d’humanité – édicte Confucius -, c’est élever autrui comme on souhaiterait l’être soi-même ; c’est le faire parvenir là où on le voudrait soi-même. » Et puisque, par définition, « la vertu, dans sa quintessence, expose la morale dans toute sa pureté », intéressons-nous maintenant aux valeurs morales que la Franc-maçonnerie préconise.

Elle prétend d’abord à l’universalité. Elle va donc reprendre les valeurs universelles que les religions, les philosophies, les sagesses et les cours d’instruction civique de l’« Éducation Nationale » dispensaient naguère. Elle n’a pas de valeurs en propre, elle a simplement un regard sur ces valeurs qu’elle intègre dans ses enseignements. S’il y a un écart, il faut le corriger : soit en adaptant son existence au référentiel de ses valeurs (parce qu’elles sont essentielles à l’individu), soit en adoptant un autre référentiel quand le décalage entre ses valeurs et son mode d’existence est trop grand. Car il faut toujours être convaincu pour adhérer à la vertu.

En fait, la Franc-maçonnerie demande à ses membres d’être plus que « libres et de bonnes mœurs » ; elle leur demande aussi d’être « loyaux et fidèles à leurs engagements » – dont celui de s’approprier, de respecter et de transmettre les valeurs fondamentales qui font sa raison d’être. Si elles éclairent l’initié dans le temple, c’est pour qu’il les fasse rayonner à l’extérieur.

« Fuir le vice », obéir à la loi morale, s’imposer des devoirs, y accorder ses comportements et tenter d’être vertueux en respectant les valeurs universelles de notre confraternité (qu’elles soient ontologiques, éthiques, humaines, sociales ou républicaines)[2], voilà un beau programme qui s’offre aux Francs-maçons pour qu’ils l’incarnent.

La société s’est fixée pour modèle le « souverain bien ». Pour être reconnu comme « être exemplaire »[3], l’homme doit donc répondre à des péremptions morales, à des principes déontologiques, à des références éthiques, à une moralité sans faille et à une vertu absolue.

Hélas ! Ce programme, s’il est beau en théorie, paraît irréaliste pour les hommes et les femmes imparfaits que nous sommes ! C’est pourquoi, pour nous aider à le réaliser, il n’est de meilleur moyen de nous convaincre que de le représenter : l’exemple des êtres qui les ont personnifiées va servir à l’illustrer.

Mais dans quel but ? Pour distinguer ainsi l’action de l’initié de celle du profane. Le profane, au mieux, s’évertue à être meilleur que les autres ; l’initié, par la vertu, s’ingénie à être meilleur que lui-même. L’épreuve le révèle : le succès le rassure et il s’efface ; l’échec le stimule et il se dépasse. Tout ce qui est vil l’avilit, tout ce qui est grand le grandit. Si la perfection n’est pas de ce monde, la perfectibilité l’est – en tant que but –. Or, pour se perfectionner, il faut non seulement se référer à une idée de la perfection et à un idéal de perfectibilité pour l’accomplir, mais il faut aussi les matérialiser, donc se référer à un guide de perfectionnement pour conduire ses actions : le Franc-maçon appelle « grands initiés » ces hommes qui servent de modèles à ses comportements : « Pour être frère, il faut accepter d’être fils, il faut accepter d’avoir un père adoptif, il faut se reconnaître une transcendance, une autorité » infère Régis Debray.

Nous pouvons – et nous devons – chercher autour de nous des hommes remarquables par leur conduite et leur haute valeur morale, non plus au niveau idéal d’identification ou d’imitation à des modèles passés mais au niveau sociétal, dans l’inspiration d’exemples présents : s’ils n’ont ni le renom ni l’envergure des « grands initiés », ils peuvent eux aussi nous accompagner et nous guider dans notre démarche.

 

Pierre PELLE LE CROISA, LE 27 AVRIL 2015Ó

 

[1] Voir l’article précédent « Du perfectionnement de l’homme au perfectionnement de l’humanité »(1), rubrique : « Des clés pour hier et aujourd’hui ».

[2] Voir l’article « L’action du Franc-maçon a-t-elle un sens dans le monde d’aujourd’hui ? »(2) dans la rubrique « La Franc-maçonnerie actuelle et de demain éclairée par celle d’hier ».

[3] Voir l’article « Pourquoi être exemplaire dans un monde qui ne l’est pas ? » dans la rubrique : « La Franc-maçonnerie actuelle et de demain éclairée par celle d’hier ».

Du perfectionnement de l’homme au perfectionnement de l’humanité (1)

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L’homme est un être fini, relatif qui tend vers l’infini, l’absolu. Régis Debray l’affirme : « Si l’individu est finitude, rien de ce qui est humain n’est jamais fini, ni même défini ». Son imperfection lui révèle sa perfectibilité. S’il n’est pas achevé, c’est pour qu’il réalise lui-même son propre achèvement. Il donne du sens au monde parce qu’il y est, parce qu’il le pense, par ce qu’il y fait. L’activité qu’il exerce sur son milieu le transforme – et il se transforme.

Oui, mais dans quel sens ? Quel sens donner à sa vie ? Sur quoi la fonder ? Qu’est-ce qui la guide ? En un mot, qu’est-ce qui donne du sens au sens[1] ?

Si, pour le Chrétien le Christ fait sens puisqu’il est « la Voie, la Vérité et la Vie », pour l’agnostique c’est le sens qui donne une voie à la vérité de sa vie. En lui indiquant une direction, elle lui montre un chemin de vie, elle oriente son destin. C’est donc bien l’être qui donne un sens à sa vie. Mais sans la vie, il n’y aurait pas d’être. Elle donne aussi son sens à l’être. Ainsi n’y a-t-il d’être de sens que parce qu’il y a d’abord un sens à la vie.

Toute vie est un combat pour le sens ; un combat que le Franc-maçon entreprend. Sa démarche commence par la maîtrise de ses sens. Elle se poursuit par la quête spirituelle d’un sens. Elle s’achève par l’accession à son essence – la lumière de son être intime. « Deviens ce que tu es », conseille Nietzsche. Par cette sentence, il recommande de passer d’une vie subie à une vie choisie. Comment ? En se donnant un sens à vivre – encore et toujours.

La Franc-maçonnerie se fait un devoir d’accompagner ses membres dans leur démarche en leur proposant une méthode. Cette méthode leur présente des archétypes de vies exemplaires[2] pour que, sur leurs modèles, ils puissent adopter un mode d’existence ; à charge pour eux de l’adapter à ce qu’ils sont, à ce qu’ils veulent, à ce qu’il font. Donner un sens à sa vie, c’est donner un sens aux actes de son existence ; c’est concevoir des projets, les soutenir et les réaliser. C’est en se perfectionnant que l’homme progresse vers l’idéal qu’il s’est fixé. Et de proche en proche, d’initié à initié, la Franc-maçonnerie s’assigne ainsi pour but « le perfectionnement de l’humanité ». Pour elle, chaque homme a son rôle à jouer sur terre. Il a sa pierre à tailler pour la faire entrer dans l’édifice de l’humanité…

Mais comment passe-t-on du perfectionnement de l’homme à celui de l’humanité ? C’est Montaigne qui répond en rappelant que « chaque homme porte [en lui] la forme entière de l’humaine condition. » Cette définition est celle de l’humanisme, qui fait de l’homme une fin et non un moyen.

Soit. Mais alors comme fin, comment valorise-t-il sa vie ? En lui ajoutant de la valeur, en lui conférant une valeur ajoutée. La vie ne vaut que par les valeurs qu’on y inscrit. Les valeurs sont donc ce quelque chose qui s’ajoute à la vie pour lui donner un sens ; et l’axiologie est l’étude (« logos ») de ce que vaut (« axios ») ce quelque chose qui s’ajoute à la vie. Ces valeurs lui montrent la direction du sens à prendre (ou de la voie à suivre) : celle de son monde intérieur (ésotérique). Il va y chercher sa pierre de vérité pour la faire briller dans le monde extérieur (exotérique). Seulement, le temps lui manque. La mort l’aspire et il passe ; il ne se dépasse que si des valeurs l’inspirent. Elles trans-figure(nt) celui qui se les approprie. Le sage clarifie : « Les qualités de l’un me serviront de modèle, les défauts de l’autre d’avertissement. » Fuir le vice et pratiquer la vertu est l’un des premiers enseignements de l’apprenti. La Franc-maçonnerie ajoute le principe qui en découle : « Fais aux autres tout le bien que tu voudrais qu’ils te fissent à toi-même. »

La conscience morale en tant que démarche sociale à l’égard de ses semblables est donc le moyen de valoriser sa vie. Et Alain en déduit que « toute conscience est d’ordre moral, puisqu’elle oppose toujours ce qui devrait être à ce qui est ». Dans ses « Constitutions » de 1723, Anderson approuve : « Un Maçon est obligé par sa tenure d’obéir à la loi morale ». L’homme est responsable de ses actes devant lui-même et devant les autres.[3]

Pierre PELLE LE CROISA, le 27 avril 2015

[1] Voir l’article précédent « Faut-il donner un sens à sa vie ? » dans la rubrique « Des clés pour hier et aujourd’hui ».

[2] Voir l’article « La Franc-maçonnerie : Exemplarité ? Valeurs ? « Grands initiés » ? » dans la rubrique : « La Franc-maçonnerie actuelle et de demain éclairée par celle d’hier ».

[3] Voir la suite dans l’article « Du perfectionnement de l’homme au perfectionnement de l’humanité »(2), rubrique : « Des clés pour hier et aujourd’hui ».

Pavillon jaune

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Je voulais aller en Loge hier, mais en raison des circonstances, les obédiences ont du fermer leurs locaux (de même que les musées et théâtres du centre de Paris, sur rive droite) en raison des éventuels débordement de la manifestation dite des «Gilets jaunes». Je ne crois pas utile de revenir sur les débordements de ces événements prétendument inédits. Plusieurs morts et plusieurs centaines de blessés, des actes de violence et même des incendies… Bref, un avant-goût de révolution, mais aussi de quelque chose de plus noir.

J’aimerais partager une analyse, qui n’engage bien évidemment que moi (et qui me vaudra sûrement de me faire encore des amis).
Le mouvement serait né sur ces fichus réseaux sociaux, du ras-le-bol de quelques-uns qui se sentent (sûrement à juste titre) étouffés par l’augmentation des taxes sur le diésel et qui pour manifester leur colère, ont décidé de bloquer les routes, du moins les ronds-points sur différents axes routiers. Soit. On appréciera la logique: l’essence est trop chère, donc bloquons les automobilistes. Hum, il y a quelque chose qui m’échappe, mais soit.
Nous nous sommes bien évidemment fait bloquer ma compagne et moi sur la route. La gamine qui nous a arraisonnés (car c’en était une, vu que j’aurais pu être son père) nous a reproché de ne pas arborer le gilet jaune. Soit. Mais au nom de qui ou de quoi peut-on se permettre de bloquer un rond-point? Pour qui se prennent ces gens, dont l’action grotesque n’aura pas d’autre effet que de nuire à d’autres citoyens qui font ce qu’ils peuvent pour s’en sortir? 
Par ailleurs, j’ai appris que dans la région de mes parents, certains manifestants réclameraient, je cite, une «contribution volontaire» à leur mouvement. Du racket? Quelle mauvaise foi! Plutôt un genre de péage indépendant, en fait. J’espère que ce n’est qu’une rumeur, sinon, la situation serait très grave. Certes moins grave que les incendies. Mettre le feu n’est pas un acte anodin, loin de là, et en dit long sur la mentalité des gilets jaunes.

Donc, nous avons un mouvement sans leader connu, né spontanément sur les réseaux sociaux de gens très mécontents qui bloquent la liberté de circuler au nom de leur ressentiment ou de leur colère. Le problème est que sans leader, il n’y a pas de responsable, ni de responsabilité. Donc, du point de vue de la philosophie, les «casseurs» arborant un gilet jaune sont donc assimilables au mouvement des gilets jaunes. Non, ce n’est pas une tautologie. Le fait qu’il y ait dilution de la responsabilité porte la responsabilité sur chacun des membres. Et comme il n’y a pas de responsabilité, il n’y a personne avec qui dialoguer… Pas pratique, n’est-ce pas?
Certes, les personnes interrogées par les journalistes condamnent bien ces violences, et sont présentées comme de braves gens. Interrogeons Freud, et sa Psychologie des Masses et analyse du Moi. En très gros, des braves gens mis ensemble peuvent rentrer dans un délire collectif et faire des choses que leur surmoi (NB: Freud n’avait pas encore défini le surmoi à cette époque) réprouve, parce que la responsabilité est diluée. Tiens, tiens, c’est intéressant, ça. Allons donc plus loin: le savant Boris Cyrulnik expliquait dans De chair et d’âme sensiblement la même chose, avec des arguments de neurologie. Un individu plein de ressentiment entre dans la masse, et partage son ressentiment avec les autres, qui sont dans le même cas. Le ressentiment entre dans un phénomène d’auto-entretien, très valorisant pour les individus constituant la masse. Avec la dilution de la responsabilité, leur surmoi s’effondre et ils se retrouvent à exprimer leur pulsion de mort ou à croire les rumeurs les plus folles qui les confortent dans leur position de victime. Il y a déjà eu des phénomènes similaires à travers l’Histoire, comme le lynchage atroce d’Alain de Moneys, à Hautefaye (en Dordogne), dont l’histoire est racontée par Jean Teulé.

Comme les raisins, la colère a sûrement ses raisons. Et je crains qu’elles ne manquent pas: baisse du niveau de vie, insertion toujours plus dure dans le monde professionnel, exacerbation de la violence, à tous les niveaux, et fiscalité lourde pour les classes moyennes et populaires. Les inégalités s’accroissent, au point que certains polémistes voient en la France un futur pays du Tiers-monde. Diagnostic excessif, mais selon les lieux, on peut se poser la question…
Il devient en effet très difficile de se faire soigner à l’hôpital, l’école est en crise grave -en fait, elle l’a toujours été, mais suite à l’indiscrétion d’un élève, ça se sait officiellement. 
On évoque le durcissement de la société, surtout en partie urbaine, alors que le lien social se résume de plus en plus à une relation marchande, telle que celle, très pratique mais ô combien déshumanisée établie par le service «Lulu dans ma Rue», à Paris.

Pour en revenir au Gilets Jaunes, si je devais résumer en deux mots, je parlerais d’injonction paradoxale. Et c’est un phénomène particulièrement destructeur.
Ainsi, on demande à ceux qui n’ont pas le choix de ne pas utiliser leur voiture, on les sanctionne financièrement s’ils le font (on lira à ce propos le scandale du malus écologique) dans un pays qui a fait le choix du tout automobile il y a une quarantaine d’années, donc sans infrastructure de transport suffisamment dense et adaptée aux besoins de la population. Infrastructure qui tend à se dégrader faute d’entretien, voire à fermer pour raisons d’économie… Le ressentiment face à cette violence est réel, mesurable, et la colère compréhensible.
Et pourtant, quelque chose ne va pas avec ce mouvement. Dans la forme et dans le fond.

Dans la forme, faire adhérer des gens quasiment de force et qui n’ont rien à voir avec un mouvement au dit mouvement, ça porte un nom. La violence. Celle-ci est omniprésente en ce moment. Par exemple, violence des plus riches, qui par le biais de la fraude fiscale, ne paient pas l’impôt, avec la complicité de la caste au pouvoir. Violence de l’administration qui compense un manque à gagner sous couvert de taxe pour l’écologie. Violence sociale aussi, puisque de plus en plus de concitoyens ont du mal à joindre les deux bouts et en ont assez de voir augmenter impôts, charges, taxes ou CSG. Violence d’état contre les collectivités, dont les budgets baissent régulièrement, en dépit des paroles des caciques de Bercy. Je ne parlerai même pas des violences faites aux femmes. Donc, une violence de classe dominante sur les autres classes. Et comme toute action entraîne réaction, cela implique donc la violence de la réponse attribuée au peuple: ce mouvement sans réel leader, sans réels idéaux, mais sur lequel planent des ombres politiques aux idéologies rances.
On aurait juste des gens préoccupés par le prix du litre du diésel et qui s’indignent en prétendant vouloir bloquer le pays et donc la libre circulation des citoyens. Le problème, c’est que, bloquer la circulation, c’est un délit, passible de prison. Donc, si l’on suit la loi stricto sensu, ces gens sont des délinquants, non? Et puis, les usagers de la route subissent aussi la hausse du diésel. Un blocage est tout simplement absurde. Je ne reviendrai pas sur les violences urbaines, qui nuisent au tourisme et aux commerçants ou employés, qui souffrent aussi, mine de rien.
Ceci dit, tout ce petit monde se trompe de combat. Si le diésel augmente, c’est que l’Etat a besoin d’argent pour tenter de faire tourner les infrastructures, telles que les hôpitaux, les dernières lignes de train, les écoles. Et l’argent manque. Pourquoi? La réponse se trouve dans un rapport parlementaire, celui rédigé par le sénateur Eric Bocquet (https://www.senat.fr/notice-rapport/2013/r13-087-1-notice.html), qui parle de fraude fiscale. La fraude fiscale coûte à la collectivité 60 à 80 milliards d’Euros par an. Oui, 60 multipliés par 10 élevé à la puissance 9. Ca en fait, des investissements et de l’entretien. Voilà une bonne raison de s’indigner, non?

Même si cette violence, je la subis tous les jours en tant que fonctionnaire (en effet, on nous a augmenté le point d’indice au détriment des primes, mais aussi les impôts, ce qui fait qu’en fait d’augmentation, nous avons subi plutôt une diminution…) et en tant que citoyen quand je vois nos services publics se dégrader lentement, même si je ressens cette colère contre nos institutions que nous avons installée et qui nous détruisent, je ne peux pas adhérer ni même sympathiser avec un mouvement irrationnel, basé sur la colère et dont les représentants, dans le fond, ne valent pas mieux que ceux qu’ils prétendent combattre. Nietzsche disait que «la plus perfide façon de nuire à une cause, c’est de la défendre avec de mauvais arguments». Je pense qu’on est exactement dans ce cas en métropole: bloquer la population, dégrader l’espace public, ou commettre des actes de délinquance au nom d’un problème ou d’une cause ne peut que nuire à ladite cause (n’est-ce pas, les vegans?). Qui plus est, je ne puis pas adhérer à un mouvement dont des militants affichent leur anti-maçonnisme.

Toutefois, cette raison ne me suffit pas. Quelque chose d’autre dans ce mouvement me met mal à l’aise. Plus subtil, plus diffus. Un problème de fond. Je me suis donc renseigné et j’ai relu l’Histoire, oeuvre de l’historien antique Polybe. Polybe, inspiré par Lycurgue, législateur de Sparte avait compris que l’histoire des civilisations fonctionnait par cycles, de trois régimes et de leurs trois perversions (tiens, le chiffre 3, éminemment important pour nous, Maçons). Le premier régime est la monarchie, qui dérive en autocratie ou dictature. La dictature est ensuite suivie par l’aristocratie, issue du renversement de l’autocratie. L’aristocratie dérive elle-même en oligarchie. La démocratie, suite logique de l’oligarchie renversée a elle aussi une dérive: l’ochlocratie. Mais qu’est-ce donc? Tout simplement le gouvernement par une foule déchainée et irrationnelle. Polybe évoque de «régime dans lequel on gouverne par la force et les voies de fait». Tiens, tiens, tiens. Est-ce que ça ne ressemble pas à nos sympathiques gilets jaunes, un mouvement gouverné par la force de quelques uns et agissant par voies de fait?

Je crains que les réseaux sociaux, ainsi que les Mauvais Compagnons de l’homme, à savoir pour nous les Francs-maçons, l’Ignorance, le Fanatisme et l’Ambition ne nous aient fait entrer dans la dernière étape du cycle décrit par Polybe, l’ochlocratie. Un retour à la loi de la jungle.
Si la Franc-maçonnerie a été créée pour rassembler les plus hautes valeurs morales, il serait peut-être temps de sortir de nos temples et de répandre un peu de cette Lumière et de ces valeurs dont nous nous gargarisons.

Dans le roman national, nous avons gardé l’image du peuple opprimé par les nobles et les puissants fermiers généraux, qui eux-même spéculaient sur le prix du blé quand le peuple crevait de faim. Nous avons gardé l’image de l’Affaire du Collier de la Reine, cette fake news du XVIIIe siècle qui a exacerbé la colère populaire. Et on nous a enseigné la révolte du peuple en 1789, symbolisée par la prise de la Bastille. Malgré les efforts de l’Education Nationale, nous avons encore quelques notions d’histoire. Et en période de crise, pour paraphraser Victor Hugo, je dirais que ce ne sont plus des idées qui traversent les têtes du peuple, mais des événements…
Peut-être que les cols blancs qui nous dirigent devraient se rappeler cette maxime attribuée au 3e président des Etats-Unis, Thomas Jefferson: «people should not be afraid of their governments, governments should be afraid of the people». 
Et pour ceux qui veulent vraiment se rebeller, cultivez-vous. Etudiez le système, ses forces comme ses faiblesses, ainsi que son histoire. C’est en le comprenant en subtilité, avec ses interactions complexes qu’on arrivera peut-être à le changer. Pas en détruisant des villes, des vitrines ou en comportant en barbare. Du gilet jaune à la chemise noire, il n’y a qu’un pas. Ne le franchissons pas.

Déchiffrer des maux

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J’étais en Loge hier soir, et nous avons parlé nombres. Il est vrai qu’en Franc-maçonnerie, nous avons un certain nombre de symboles derrière les chiffres en complément des idées derrière la lettre. Et comme souvent, nous avons refait la planche aux Agapes. Et de chiffres, nous sommes passés aux nombres, dont certains donnent un vertige très désagréable. Et ce n’était pas l’infâme piquette que nous sert notre prestataire de restauration collective. Fort des idées échangées, je rentrais chez moi, l’esprit encore en ébullition. Après une nuit agitée de rêves de chiffres, de nombres et d’additions, je me suis levé, et j’ai entendu les nouvelles. Il y était question de gilets jaunes mais aussi de M. Ghosn, arrêté au Japon dans les circonstances que l’on connaît. On pourra se référer à l’analyse du Canard Enchaîné, comme toujours aussi pertinente qu’inquiétante.
Dans le flot continu d’informations, un chiffre a retenu mon attention: le salaire annuel de M. Ghosn. Celui-ci s’élève à 16 millions d’Euros annuels, soit plus d’un million d’Euros mensuels. En termes de jours, incluant dimanches et jours fériés, cela revient à 43 835 Euros quotidiens. Si on ramène ce salaire en termes d’heures (je compte toutes les heures, pas les 35 heures de travail), cela fait 1826 Euros de l’heure. Intéressant quand on sait que le salaire médian mensuel brut est de l’ordre de 1600 Euros et le salaire minimum de l’ordre de 1498 Euros mensuels bruts…
Donc, si mes calculs sont bons, M. Ghosn gagnerait à chaque heure l’équivalent du salaire mensuel d’un français qui gagne plutôt bien sa vie. Autrement dit, M. Ghosn, quand il exécute une fonction organique de type manger, dormir ou toute autre chose de cet ordre là, gagne l’équivalent d’un mois de salaire d’une personne du haut de la classe moyenne. J’ai vraiment du mal à comprendre ce qui justifie que dans notre pays, il puisse y avoir une différence de facteur de l’ordre de 8000, autrement dit qu’un homme puisse gagner 8760 fois le salaire d’un autre.
Allons plus loin et intéressons-nous à une autre population: les doctorants. Vous savez, ces jeunes qui réfléchissent, qui font des découvertes ou réalisent des inventions dont ils ne voient jamais la retombée, comme des recherches historiques, scientifiques ou médicales… Je vous aide : des gens qui cherchent des remèdes contre le cancer ou la maladie d’Alzheimer. 
Ces jeunes ne font qu’augmenter le savoir humain. Occupation bien dérisoire à notre époque, j’en ai peur. Un doctorant, selon la bourse dont il bénéficie (sous réserve qu’il en bénéficie bien d’une) gagne péniblement (en moyenne) 1600 Euros par mois, pendant 3 ans.
Autrement dit, quelqu’un qui travaille à augmenter le patrimoine du savoir de l’humanité gagne en un mois (sans compter ses heures, parce que la recherche, ce n’est malheureusement pas compatible avec les 35 heures) ce que M. Ghosn gagne en une heure. Des chiffres très intéressants, surtout à l’heure où nous devons donner une journée de salaire pour les personnes âgées et dépendantes…
N’allez surtout pas penser que j’accable M. Ghosn. Ce raisonnement est aussi valable avec les superstars du football, les hommes politiques ou d’autres grands patrons du CAC40. Ainsi, M. Bernard Arnault gagnerait 15 000 Euros de la minute (ce qui ferait passer M. Ghosn pour un gagne-petit). De la même façon, Mme Laurence Parly, actuelle aurait gagné 52 000 Euros mensuels pendant son mandat à la SNCF, soit l’équivalent d’une bourse de thèse de 3 ans. J’ai renoncé à faire ce calcul avec le salaire des stars d’Arsenal, du Real Madrid ou du PSG (ma calculatrice n’avait pas assez de chiffres à l’écran).

En Loge, nous avons différentes formules pour désigner le salaire qui est dû à chacun. L’idée est que l’on est payé selon son grade et ses efforts. D’ailleurs, un de nos mythes fondateurs raconte l’assassinat du plus grand des maçons par trois mauvais compagnons qui voulaient s’approprier ses secrets et le mot de passe à donner pour recevoir le salaire des maîtres. Avec ces considérations, on peut réellement se demander pourquoi une heure de la vie d’un patron lui rapporte autant qu’un mois de travail peut rapporter à un salarié de la classe moyenne (salarié homme, car à travail égal, les salariées gagneront toujours moins qu’un salarié).
Ces chiffres, quand on sait les lire, disent des choses graves de notre société: certains gagnent des fortunes simplement en respirant. Ces montants viennent d’une part de la force de travail achetée aux travailleurs, mais aussi de la spéculation boursière, où l’argent crée de l’argent. Ces montants nous parlent de la pulsion de mort des grands patrons, qui ne font que siphonner les ressources disponibles transformées en flux monétaires mais aussi de cette pulsion d’accumulation des richesses, déjà dénoncée par Aristote quand il parlait de chrématistique. Le fric, du fric, du fric, du fric, toujours plus de fric. Si pour certains, avoir assez d’argent pour vivre simplement est devenu difficile, que dire de ces très, (trop?) hauts salaires? Outre la jouissance matérielle, quel est l’intérêt de gagner en une heure autant que ce que des gens ordinaires gagnent en un an?
Ces chiffres nous racontent encore autre chose: travailler à augmenter le savoir de l’humanité n’est ni rentable ni bien vu en France, surtout quand on connaît les difficultés d’un docteur à s’insérer professionnellement. On voit ainsi les priorités de notre société et de ses institutions: des hauts salaires pour les dirigeants et les administrateurs, les miettes pour ceux qui restent, et l’humiliation pour ceux qui essaient de faire avancer les choses comme le savoir ou la transmission. À ce propos, trois économistes avaient tenté une hypothèse (qui semble se vérifier): l’utilité sociale d’un emploi ou d’un travail est inversement proportionnelle à sa considération salariale ou autre. Autrement dit, une femme de ménage qui nous évite de tomber malade par contamination effectue un travail peu rémunéré par rapport à un trader qui va faire fermer une usine pour assurer une rentabilité éclair quelque part et qui va toucher un montant mirobolant pour ça. 
Ces travaux sont disponibles sous la référence: Lavler, Kersky et Steed, «A bit rich. Calculating the real value to society of different professions»)…
Ah, dernier point: oui, je suis marxiste et ouvertement keynesianiste. Et non, ce ne sont pas des gros mots. Contrairement aux âneries de Friedman et des tenants de l’école néo-libérale, les hypothèses de Keynes ont toujours été vérifiées et validées. Mais ça, nous en parlerons plus tard.
En attendant, si certains chiffres peuvent donner le vertige, il en est d’autres qui me donnent la nausée…

Carte et Territoire

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J’étais en Loge un soir, et j’ai eu l’occasion d’écouter un Frère faire un exposé aussi brillant que complexe sur la sémantique générale. Mais qu’est-ce donc que cette sémantique générale ? Faisons un peu d’histoire. Nous sommes à la fin de la Première Guerre Mondiale, les Bolcheviks ont pris le pouvoir en Russie et les aristocrates des pays « protégés » par la Russie fuient. Parmi eux, un homme très particulier, le Comte Alfred Korzibsky. Le Comte Korzibsky est un brillant aristocrate, polymathe. Il occupe la difficile position de chef des télécommunications de l’armée prussienne. Autant dire que sa position lui a permis de lire absolument tous les télex, télégrammes, courriers, etc. échangés par toutes les parties. En fuyant l’invasion russe, il emporte le résultat de ses recherches et finit par atteindre la Californie. C’est dans cet Etat qu’il établira ce qu’il pense être les causes de la guerre en Europe. En effet, après avoir analysé l’ensemble des messages échangés, il en déduit que la cause principale de la guerre en Europe est intimement liée au 3e principe d’Aristote, le principe de tiers-exclus. Autrement formulé, c’est le principe qui établit que si un énoncé est vrai, son contraire est obligatoirement faux. Adapté à une position religieuse ou politique, cela peut entraîner la guerre pour la conversion forcée ou l’élimination de celui qui pense différemment… 
Le Comte Korzibsky a également émis l’hypothèse que l’être humain se fonde essentiellement sur ses représentations mentales, qui ne sont pas forcément la bonne perception de la réalité. 
Fort de ses travaux et hypothèses, le Comte Korzibsky a donc créé un système de pensée, écrit ¬A, prononcé « non-A ». Il est ainsi devenu le fondateur d’une discipline nommée Sémantique Générale. Si cette discipline devait être résumée en quelques mots, ces mots seraient « la carte n’est pas le territoire ». Un énoncé simple, mais aux interprétations multiples. En voici une : nos constructions mentales, nos modèles rendent compte de ce que nous percevons, mais notre perception étant limitée, nous ne pouvons pas avoir de carte totale. 
Une autre interprétation est qu’il existe plusieurs manières d’avoir raison, en se basant sur des valeurs propres à chacun. Ce type de postulat suppose d’accepter l’ambivalence de la pensée humaine. Etrangement, en acceptant qu’un énoncé est à la fois vrai et faux, on accepte beaucoup mieux l’hypothèse de la double nature de la lumière (corpusculaire et ondulatoire) et les avancées de la physique quantique.
La bonne question qu’il faut se poser, en tant que Franc-maçon, est : pouvons-nous accepter un tel système de pensée ? La réponse est paradoxalement, oui. Certes, nous réfléchissons et pensons à l’Européenne, nous connaissons la logique, la rhétorique, la poésie, la grammaire, la musique, les mathématiques et la poésie, ce qui ferait plutôt de nous des aristotéliciens. Et pourtant, le devoir de Fraternité nous incite à ne jamais juger notre prochain. En fin de compte, peut-être que la sémantique générale nous permet d’accueillir l’autre en frère, dans son altérité. Elle permet aussi de tous nous mettre au niveau, en nous faisant admettre qu’il n’y a pas non une, mais bien plusieurs façons d’avoir raison. Nos politiques et les leaders d’opinion en général devraient peut-être garder ce paradigme en tête, qui éviterait le recul de civilisation que nous connaissons ces derniers temps…

La liberté? À voir. L’égalité? Personne n’en veut!

La liberté? Que de croyances, voire de certitudes ne mettons-nous pas derrière cette valeur universelle. Stephan Lau, un scientifique vint d’en débusquer une :Plus de choix, moins de liberté ? 

Alors je me pose une question en tant que très ancien Franc-maçon : Le rituel, le règlement de l’obédience (pour ceux et celles pour lesquels, elle est importante) ne laissent aucun choix. Conclusion : ils ont développé chez moi mon  sentiment de liberté! Paradoxe insoutenable; je me sens diminué. Lis plutôt l’expérience de Stephan Lau:

Les  choix variés ou complexes nous laissent le sentiment d’être bloqués ou entravés. À l’inverse les choix très simples dont l’issue est heureuse nous donne l’impression d’être libres comme l’air. Notre sentiment de liberté nous trompe : il correspond généralement à une liberté moins étendue. Lorsque le résultat d’un choix, même trivial, nous est profitable, nous aimons penser que nous avons décidé librement. C’est plus flatteur !.15% de satisfaction en plus pour 80% de liberté en moins. C’est le surcroît de bien-être chez des personnes devant choisir un chocolat parmi 6 au lieu de faire leur sélection dans une boîte de 30. (2000)

Dans les années 80, le neurophysiologiste Benjamin Libet a découvert que le cerveau déclenche nos mouvements avant que nous ayons pris conscience de sa décision, le plus souvent prise à notre insu. L’attente d’un résultat positif contribue au sentiment de liberté.  Ça c’est intéressant pour les trois maillets.

Les personnes qui remettent en question l’existence du libre-arbitre  ont plus souvent des comportements égoïstes, agressifs ou malhonnêtes. Croire au libre-arbitre réduirait le stress et augmenterait la satisfaction globale dans la vie mais pousserait à des jugements plus sévères vis-à-vis des personnes qui enfreignent la loi. En quelque sorte l’important c’est d’y croire.  (Roy Baumeister et Lauren Brewer). En quelque sorte, les inconditionnels du respect sourcilleux du rituel croient au libre-arbitre mais ne laissent pas les autres de la loge l’exercer à leur gré. C’est compliqué, l’Homme! Heureusement je ne veux plus être que Couvreur!

Je suis stupéfait par ces résultats provisoires. Je ressens le contraire !Mais tu n’as pas tout lu. Voici la chasse à la croyance “Nous sommes tous, ou devrions être, tous égaux”.
Et bien non, pas du tout. C’est même l’inverse a étudié Sébastien Bohler :Les inégalités rassurent notre cerveau. Trop c’est trop pour moi, initié qui honore l’égalité. Je me laisserais donc avoir par mes désirs enfouis? Lis plutôt :

La plupart d’entre nous se disent opposés aux inégalités. Mais en réalité nous répugnons à les remettre en question, car elles nous rassurent.

Expérience : un individu, Pierre, a reçu beaucoup plus d’argent que son voisin Paul. Les participants peuvent, s’ils le veulent, corriger cette situation en reversant une partie de l’argent de Pierre à Paul, ce qui produit une solution plus égalitaire mais conduit à attribuer un peu plus de ressources à Paul qu’à Pierre. Ou bien ils peuvent maintenir le statu quo. La plupart des gens s’en tiennent à la situation initiale car elle ne modifie pas l’ordre hiérarchique. (Arquéphilie)

Le maintien des inégalités s’expliquerait par notre attachement aux hiérarchies. Car elles semblent faciliter le traitement de l’information. Nous aurions plus de facilité à mémoriser deux visages si l’un dégage une impression d’autorité et l’autre, une impression de soumission. Les employés ont le sentiment d’être plus efficaces au sein d’entreprises dont ils identifient aisément l’organisation hiérarchique et des tâches collectives indépendantes. Meilleures performances s’il y a une hiérarchie claire. Performances meilleures dans les groupes où certains membres ont un taux de testostérone (marqueur de dominance) élevé et d’autres au taux plus faible. Qui donc, dans ta Loge a-t-il, (elle, plus rarement) un taux de testostérone élevé. Celui qui attend d’éteindre calife à la place du calife?

CERVEAU ET PSYCHO

N° 92 octobre 17