jeu 18 décembre 2025 - 19:12
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La méditation qu’en attendre ?

Je médite depuis un certain nombre d’années et suis des enseignements de différentes écoles bouddhiques (tradition tibétaine et tradition theravada d’Asie du sud-est) depuis plus d’une trentaine d’années. J’ai également suivi des cours sur l’histoire du bouddhisme, avec l’Institut d’Etudes Bouddhiques de Paris.

Je ne pense pas être une théoricienne de la méditation mais plutôt une pratiquante qui conceptualise à partir de sa pratique.

Mon intervention d’aujourd’hui est un « témoignage » de ce que la méditation m’a apportée et les leçons que j’en ai tirées.

La méditation s’appuie sur une connaissance du fonctionnement de l’esprit, des émotions et de la souffrance et c’est cela qui m’a intéressée, c’est une vision non dualiste du corps et de l’esprit.

« Dukkha » en pâli signifie « le mal-être », « la souffrance existentielle » si prégnante dans nos sociétés et qui l’était d’autant plus pour moi qui ai rencontré de graves problèmes de santé il y a quelques années. Ce sont les enseignements et la méditation, ainsi que d’autres techniques comme le yoga et la psychanalyse, qui m’ont aidée à m’en sortir.

Dans ma recherche pour comprendre la maladie et tenter une guérison, il était important que cette pratique ne me serve pas uniquement à sortir de la maladie mais qu’elle soit également une leçon de vie, et une pratique altruiste allant vers les autres. Je ne souhaitais pas uniquement m’enfermer dans un « bien-être personnel ».

La méditation m’a aidée à prendre conscience de mon fonctionnement mental, à prendre de la distance avec ce corps malade et à aller de l’avant plutôt que de me morfondre sur les conséquences de la maladie. La méditation m’a permis d’acquérir un état d’esprit, peut-être une forme de distance avec un corps qui ne répondait plus à mes attentes d’une jeune femme d’une trentaine d’années.

Elle m’a aidée au quotidien à « tenir le coup » même lorsque mon corps faiblissait, mais également à faire des projets pour l’avenir immédiat, alors qu’à certains moments, aller chez l’épicier d’en face me demandait un effort surhumain.

Aujourd’hui, que je suis « sortie » de cette maladie, non pas guérie, est-on jamais guérie d’un sillon que l’on a creusé à un moment donné, sans le

vouloir consciemment ? Aujourd’hui donc, la pratique de la méditation m’aide à voir le monde tel qu’il est et à assumer le mieux possible mon humanité, en tous cas je l’espère.

Comme le disait Swami Prajnanpad qui fut le maître d’Arnaud Desjardins :

« Vous ne vivez pas dans LE monde, vous vivez dans votre monde ».

Les enseignements du Bouddha abordent depuis plus de 2500 ans ces notions par le biais de deux de ses principes essentiels, complémentaires et indissociables : l’interdépendance des êtres et des phénomènes et l’impermanence : penser et vivre en prenant conscience que tout ce qui existe est en mutation et transformation constante. Cette attitude pragmatique, donne une grande adaptabilité à ce que nous ressentons, aux êtres et aux circonstances.

En ce qui me concerne, au bout de quelques années de « maladie », bien que mon état se fût amélioré, je restais fragile. J’avais perdu de vue que je pouvais guérir. Mais comme le disait Rainer Maria Rilke « il faut savoir que les choses sont sans espoir, et tout faire pour les changer ».

Je continuais ma vie en souhaitant seulement pouvoir prendre encore un peu de plaisir, pas uniquement le plaisir des sens qui est un plaisir égocentrique et superficiel, mais trouver en moi-même une certaine JOIE: le simple fait de vivre et de goûter les choses…. En fait le yoga m’a appris une chose importante : le dépassement de soi et j’avais et ai toujours une devise : trouver du plaisir dans la contrainte.

Nous ne pouvons pas prévoir ou changer les évènements qui arrivent dans notre vie, que ce soit personnel ou collectif, mais ce que nous pouvons changer, c’est notre façon de les percevoir, de les accueillir.

Ainsi, la manière dont nous appréhendons la réalité conditionne notre vision de nous mêmes, des autres, de l’existence. La voie bouddhiste apprend à s’en tenir aux faits, rien qu’aux faits et la méditation nous permet d’appréhender nos émotions, non pas de nous en détacher mais de ne pas les laisser nous envahir ni de « rester » sur leurs conséquences, voir d’être dans un mode répétitif voir obsessionnel.

Il ne s’agit pas de ne plus éprouver d’émotions mais de ne pas se laisser envahir par elles. Cette maîtrise induit au fur et à mesure des états intérieurs différents qui changent notre vision du monde. Nous avons moins de peur et de ce fait devenons plus ouverts aux autres, plus altruistes, plus coopératifs pour créer en commun.

Notre altruisme nous amène vers tout ce qui est VIVANT, humains et non humains, nous avons une plus grande conscience de notre environnement.

Nous sommes des êtres émotionnels, ces émotions venant des cinq sens nous permettent d’une certaine façon d’appréhender le monde, mais ces sensations peuvent nous amener dans une spirale qui ne nous permet pas toujours d’en sortir.

Méditer c’est aussi mettre fin à un flot incessant d’idées, à un assaut de jugement que l’on est toujours prompt à appliquer à ce que l’on observe, biaisant aussi notre capacité de perception en la soumettant à des préjugés, à des concepts dont on n’a même plus conscience et pour certains dont on n’a même pas vérifié l’authenticité.

La méditation change notre rapport au monde, nous permet d’appréhender et sentir notre place dans l’univers, de nous concentrer de manière plus intense, d’être plus lucide.

La seule vraie question qu’il faut se poser c’est : dans quel but ?

Est-ce uniquement pour moi personnellement ? ou est-ce aussi dans un but altruiste ?

Le danger aujourd’hui, dans la rapidité avec laquelle se diffuse « la méditation de pleine conscience » c’est qu’elle risque de perdre son sens car coupée de ses racines bouddhistes ce qui veut dire coupée de l’altruisme et de l’éthique.

« Le risque est qu’elle soit instrumentalisée de manière opportuniste ou utilisée comme un produit. Il est de la responsabilité de tous ceux qui sont impliqués dans ce mouvement de veiller à ce que l’intégration de la pleine conscience se fasse de manière éthique, afin qu’elle contribue pleinement à l’apaisement dont nos sociétés ont besoin ». Je cite ici Jon Kabat-Zinn, professeur émérite de médecine, à l’université du Massachussets et fondateur d’une méthode « la méditation de pleine conscience » destinée à la réduction du stress. Jon Kabat-Zinn a suivi des enseignements de maîtres zen ainsi que de moines de la tradition Theravada – moines de la forêt (bouddhisme du Sud-Est asiatique).

En effet, le danger est grand, de nos jours où le « tout, tout de suite » et le « prêt-à-porter » spirituel sont à la mode, que très peu de personnes comprennent ce qu’implique un travail intérieur en pratiquant régulièrement la méditation. C’est un long cheminement, parfois semé d’écueils et de difficultés à surmonter, qui tend vers un accomplissement transcendant notre vision ordinaire de l’existence. Vouloir mettre la méditation à la portée de tous participe d’une excellente motivation, mais cette bonne volonté doit aller de pair avec une réflexion de fond : se rappeler que cette technique est issue d’une spiritualité et que ce n’est pas saupoudrer la vie mondaine ou séculière de quelques outils spirituels en vue d’un développement personnel ou de l’optimisation de performances. L’enjeu véritable est celui d’un changement radical de notre vision de l’esprit, du monde et des autres.

Méditer, c’est mettre une certaine distance vis-à-vis de l’acte de consommer ou de l’idée de compétitivité, en cultivant l’empathie avec les êtres humains et je dirais même avec les êtres non humains.

Méditer c’est donc retrouver le sens du don, de l’échange, de l’écoute.

Pour parvenir à une certaine émancipation, le bouddhisme propose ainsi un grand nombre de méthodes ou de moyens appropriés, qui tous se regroupent au sein des trois entraînements :

  • la discipline éthique (sila) qui modifie le comportement du pratiquant à l’égard de lui-même et d’autrui,
  • le recueillement méditatif (samadhi) qui concerne la maîtrise de l’esprit et de ses fonctions,
  • et la connaissance éminente de la nature de la réalité qui en résulte.

On en est venu à parler de « méditation laïque », terme pour le moins étrange. Qu’y-a-t-il en effet de laïc ou de non laïc dans le fait de méditer ? La laïcité est un concept moderne occidental impliquant en principe l’existence d’un espace public neutre à l’égard des religions instituées, sans hostilité, ni phobie. Est-ce pour se démarquer de la tradition bouddhique que l’on a ajouté ce terme, comme pour s’assurer qu’il ne s’agit plus là d’une pratique spirituelle ou religieuse ? Et dans quel but ?

Il me semble qu’il faut se poser les vraies questions…. Comme je l’ai proposé plus haut : quelles sont mes réelles motivations ou mes réelles intentions pour pratiquer la méditation ? Car celle-ci n’est pas une technique de plus à « consommer » mais un véritable outil de travail

L’intention qui est un dessein délibéré d’accomplir un acte, par la volonté qui est très importante dans la démarche de méditer régulièrement.

Peut-être faudrait-il parler de méditation universelle comme le préconise Sofia Stril River, ce qui pourrait englober toute forme de méditation, qu’elle émane d’une religion, d’une spiritualité ou d’un monde athée ?

Alors pour en revenir à la question : la méditation qu’en attendre ?

Je serais tenter de dire de ne RIEN attendre, car être en attente n’est peut-être pas la meilleure posture dans la méditation.

Elle requiert du lâcher-prise. Il peut y avoir des méditations inspirantes qui laissent une trace dans les heures, voir les jours à venir. Mais il peut y avoir également des méditations qui n’apportent rien sur le moment, en tous les cas c’est l’impression que nous en avons. Rien n’est moins sûr car en fait un « travail » continue à se faire dans la persévérance de méditer régulièrement.

Cette régularité permet au mental parfois de lâcher prise et nous pouvons au fur et à mesure du temps comprendre que ces « petits lâchers prises » se cumulant nous amènent à plus de sérénité dans la vie au quotidien. Nous pouvons nous surprendre à être plus serein (e) dans certaines situations où auparavant nous aurions réagi très rapidement. AGIR et non REAGIR est préférable comme le spécifiait Ajahn Medhino – moine de la tradition theravada, moine de la forêt.

Ce « confort » personnel (le lâcher prise dans la vie quotidienne) se diffuse autour de nous et permet le plus souvent d’apaiser des situations où le conflit n’est jamais très loin. Nous vivons dans une époque où les rapports de force sont très présents. Nous n’avons pas toujours envie d’y entrer ou nous n’en avons pas toujours les moyens, nous trouvant débordés par l’émotionnel. La méditation au fur et à mesure de notre travail régulier instaure intérieurement un état plus calme qui permet de ne pas entrer systématiquement dans des rapports de force.

Ces rapports de force, peuvent exister également avec un corps malade, la dualité corps-esprit s’instaure alors qu’en dépassant cette dualité il semble possible de trouver une harmonie. C’est souvent la douleur à répétition qui soutient cette dualité, l’esprit pourrait-être plus calme s’il n’y avait pas cette douleur bien souvent répétitive. La douleur existe, bien évidemment mais si le mental est plus apaisé nous réagirons différemment.

Je tente au travers de ces lignes, de vous donner une approche différente de la méditation, il ne s’agit pas seulement de s’en servir comme un objet de consommation qui permet « d’être mieux dans sa peau » mais d’un véritable travail intérieur pour aller vers une autre dimension qui nous permet d’être plus lucide dans LE MONDE et de ce fait d’AGIR en conséquence.

Dans mon chemin de vie, J’avais perdu de vue depuis un bon moment l’idée de guérir, mais je souhaitais continuer encore un bout de ce chemin de vie, difficile certes mais si exaltant. Je dis bien souvent que la vie est bien plus créative que nous, qu’elle nous amène à vivre des évènements auxquels nous n’aurions même pas pensé. Des évènements bénéfiques et d’autres beaucoup moins, « l’art de cet amour de la vie » c’est de comprendre ce qui est en jeu et d’y plonger afin de vivre en pleine conscience ce qui se présente avec un regard bienveillant, envers soi mais aussi envers les autres. C’est une gymnastique un peu difficile mais qui permet bien souvent de mieux passer les épreuves.

Ce regard bienveillant permet la rencontre avec les autres, que ce soit dans le domaine familial, professionnel, également dans le domaine de la santé. J’ai été soignée, aidée, accompagnée pendant plusieurs années par un médecin et son équipe, et nous avions alors des rapports de bienveillance les uns par rapport aux autres. Ce n’était pourtant pas une époque qui les facilitaient. Il est toujours possible même lorsque nous sommes envahis par nos peurs, de tenter de changer de vision et par là-même de comportement.

Et pour terminer et clarifier mes propos, je voudrais citer un maître du bouddhisme tibétain : Chogyam Trungpa qui parle de la médiation en ces termes :

« La méditation ne consiste pas à essayer d’atteindre l’extase, la félicité spirituelle ou la tranquillité, ni à tenter de s’améliorer. Elle consiste simplement à créer un espace où il est possible de déployer et de défaire nos jeux névrotiques, nos auto-illusions, nos peurs et nos espoirs cachés. Nous produisons cet espace par le simple recours à la discipline consistant à ne rien faire »

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La pierre de comparaison

On ne peut pas la prendre dans sa main immédiatement car il faut du temps, beaucoup de temps pour appréhender justement la comparaison, l’intime conviction. Comment comparer et qui suis-je pour comparer ? Comparer ce que la nature à créé ? Impossible puisque évidemment, le « tout » est harmonie.

D : Quels sont les trésors des bons cousins ?

R : La forêt, la hache et la pierre de comparaison.

C’est la dernière demande de l’instruction des fendeurs.

En préambule, la simple information que je voudrais préciser, concerne le rite de forestier en général et l’origine de notre rituel des modernes, en particulier, qui n’a rien de moderne mais plutôt enraciné dans des valeurs ésotériques, initiatiques, occultes, des choses de l’intérieur, réservés aux seuls adeptes et hermétiques, alchimiques, issu d’hermès trismégiste, de Thot.

En effet, il se fixe vers l’année 1723. Ce qui veut dire qu’il existe quelques fondements avant cette date, puisque d’inspiration celte, donc d’avant la christianisation de la gaule, à coût de massacres et de malheurs pour ce qui concerne les femmes et les hommes en relation direct avec les éléments de natura naturumda, à savoir les guérisseurs et les rebouteux de tout poil, des druides et de tout homme issu du paganisme; bref, tous ceux qui n’acceptaient pas cette « ingénue flexion ».

Notre rite est donc mis en œuvre par John Tallent et compères comme Cagliostro et autres. Il apparaît nettement que le premier mouvement maçonnique forestier fut en fait bien loin d’une revendication de filiations dite de métiers et encore plus de tout ce qui pourrait être chevaleresque. Nous sommes en face d’un vaste mouvement d’émancipation de l’individu par le développement intellectuel et moral et une meilleure diffusion des sciences. C’était le rêve de Roger Bacon, Paracelse, Agrippa, Francis Bacon, en leur temps… et le temps était venu. La Royal Society brillait de mille feux sous la direction d’Isaac Newton et tous les obscurantismes médiévaux étaient remis en question par la science. Puis, Villermoz, avec d’autres, font circuler. Ces bons cousins travaillent leurs connaissances  intimes sans téléphone, sans Internet et sans télé. « Je suis un homme libre et de bonnes mœurs », disaient-ils.

Donc, quels sont ces trésors des bon cousins ?

D’abord, nous avons deux mots principaux :

trésors : fortune, caché, secret, valeur, conservation, grande qualité …

et bons cousins, c’est nous ; Bons cousins en général : fendeur, charbonniers ou forgeron.

Mais quels sont ces trésors ?

Notre rituel peut se lire au premier degré, compréhensible à tous les forestiers débutants ; peut se lire au deuxième degré, puis en un troisième degré. Il faut se souvenir que le sens des mots et des phrases ainsi que leur construction et le vocabulaire usité cachent toujours un ou deux sens cachés.

Si je suis la ligne de pensées de nos ancêtres cousins, je m’oriente vers les valeurs dites nobles. A savoir :

la forêt : c’est le lieu où l’on se sent protégé. Un lieu apaisant où l’on peut tout dire. Notre arbre écoute, en silence. Cette mère sagesse, la foret, entend son enfant. C’est la valeur immuable de la pensée du commencement de la création.

La hache : pour nous, cousins, et à ce stade de la formation, nous pourrions la voir comme instrument des travaux opératifs des bûcherons. Essayons plutôt de percevoir l’outil qui va nous servir à trancher, à fendre en deux ou trois parties égales ou non (on fait ce que l’on peux) un ou plusieurs problèmes qui pourraient survenir. Voici un précieux appareil de justice. Trancher pour savoir si notre jugement est bon ou moins bon : mais en fonction de quoi et surtout de qui. La justice ? Avec cette arme tranchante, être juste ? Comment oserai-je l’espérer ? Quel merveilleux exercice pour se regarder en face. Ma conscience face à ma conscience sans l’influence des livres des lois écrits par des hommes aux desseins orientés, et des jurisprudences. Alors, me direz vous, cette hache n’est qu’un instrument, un accessoire, un objet, une fantaisie . Oui mais, si on la retourne, le filet vers notre père ciel, cette hache devient le fil du rasoir, l’axe de la balance de la justice, de la vérité-justice, la pesée.

Vient, pour achever cette trilogie ou cette triade,

la pierre de comparaison. Naturellement, il ne faut pas voir une pierre minérale, mais plutôt le scarabée que l’on posait sur le corps du pharaon à la place du cœur momifié. Ce cœur qui nous sert à vivre du mieux possible, pour notre bien et celui de notre famille, de notre territoire et peut-être pour les autres. Par contre, si cette pierre est de pierre, je vous conjure que celui qui la possède en tant que tel à la place de son cœur de justice et d’amour, n’a rien à faire parmi nous. Cette pierre pourrait-être d’émeraude. Pierre alchimique ; un grall, le grall. Cette pierre qui transforme le plomb en or, pierre qui élève l’esprit, pierre de l’utopie. On ne peut pas la prendre dans sa main immédiatement car il faut du temps, beaucoup de temps pour appréhender justement la comparaison, l’intime conviction. Comment comparer et qui suis-je pour comparer ? Comparer ce que la nature à créé ? Impossible puisque évidemment, le « tout » est harmonie.

Ce que je viens de vous dire n’est que ce que je ressens d’un enseignement précieux, que j’essaie de conserver chaque seconde dans mes deux vies, profane et initiatique et qui, je le crois, est accroché en mon ADN.

En conclusion, ces trois mots, qui passent dans le rituels, sont quasiment invisibles. Il nous informe de ces petites choses futiles qui changent la vie pour celui qui sait observer avec attention. Chaque ligne de notre rituel transmet de intentions à méditer, à sentir, à digérer, à distiller et surtout à transmettre.  

Lisons notre rituel car le bonheur est dans les lignes …. et dans la

forêt ….

J’ai bûché

Cousin Maître Thierry BUISINE

Toujours mieux se connaître?

SE CONNAÎTRE TOUJOURS MIEUX

Enrichissons- nous grâce à la méthode du  dialogue intérieur entre les Sœurs, et les Frères

Au début de notre quête, « connais-toi toi-même ».

L’introspection ? Oui, nous pouvons désormais être plus pénétrants !  Grâce à une méthode qui se répand comme une trainée de poudre, le Dialogue Intérieur ; j’en ai mesuré, en trois week-ends, toute la puissance sur ma connaissance de moi-même et la déconcertante facilité apparente. Elle est née aux États-Unis, dans les années 80, de la recherche d’un couple de psychologues, Hal et Sidra Stone. Voici comment ils présentent leur enfant : « outil de communication à la simplicité trompeuse mais au pouvoir puissant »  Plusieurs livres ont déjà paru sur cette pratique, traduits en français. Ce qui est pour nous, Maçons, extraordinaire, c’est l’aisance avec laquelle elle dévoile notre approche initiatique. Elle nous fait passer de notre conscience ordinaire, fonctionnelle à la vision lucide de celui, celle que nous sommes vraiment.. C’est notre chance, à nous, Francs-maçons qui honorons le « connais-toi toi-même » comme première, permanente et fondamentale étape de notre voyage spirituel. Impossible de la passer sous silence. D’où cet article.

Serions-nous emprisonné-e-s dans nos rôles ?

Pour que tu saisisses le mieux possible, je vais te résumer les étapes du Dialogue intérieur en quelques lignes. Ce n’est pas bien compliqué ! Ensuite, je passerai à son adaptation à notre belle Voie.
Les Stone posent que nous sommes tous composés de plusieurs personnages qui forment plus ou moins harmonieusement notre personnalité : le protecteur, l’activiste, le perfectionniste, le critique, le téméraire et d’autres, une dizaine environ, plus spécifiques à chacun(e). Or ces personnages ses sont développés dès la naissance pour protéger notre Enfant vulnérable. Il s’agit de le retrouver absolument. Car si nous ne parvenons pas à notre Enfant vulnérable, tous nos efforts pour mieux nous connaître donc mieux accepter les autres resteront vains. La finalité ? Libérons-nous progressivement des rôles que nous jouons souvent à notre insu. Ils sont apparus, au cours des ans pour protéger notre Enfant vulnérable L’idée de base c’est qu’un « facilité » apprend à être plus lucide sur lui-même, grâce à un « faciliteur »  qui l’écoute et le relance Dans le langage des symboles, débarrassons-nous des chaînes qui nous entravent.

Voici un exemple résumé des étapes d’une séance de Dialogue intérieur qui peut durer plus d’une heure. Il y faut plusieurs séances pour parvenir à la libération progressive des rôles qui nous enferment. Dans notre langage, plusieurs tenues sur deux, trois ans pour chaque degré.

Le faciliteur et le facilité(e) sont assis face à face, à quelques mètres l’un de l’autre. Le facilité(e) commence là où il(elle) veut et le sent Le faciliteur le-la relance sur un personnage, un rôle qui apparaît dans le discours du facilité(e). Par exemple, une dizaine de minutes permettent d’ identifier le personnage de la victime. Alors le facilité(e), spontanément ou aidé le plus discrètement possible par le faciliteur, évoque le personnage opposé qui finit toujours par se révéler : « Ah ! si je n’étais pas si souvent la cible… » Ce serait, dans l’exemple, le conquérant, approfondi à son tour. Et ainsi de suite pour les autres personnages qui apparaissent dans les propos du facilité(e).À chaque fois le facilité(e) change de chaise, à chaque nouveau personnage. Puis au bout d’une heure au moins, le facilité(e) vient à côté du faciliteur écouter le résumé neutre que celui-ci présente. Alors peu à peu, le facilité(e) identifie ses personnages dominants, opposés, reniés…et son Enfant vulnérable. Moment souvent émouvant et qui demande quelques séances. C’est en écoutant son faciliteur que le facilité prend du recul, se positionne en pleine conscience pour chaque personnage. Ainsi se développe la « vision lucide ». Il pense : « Je ne suis plus dupe des jeux de mes personnages. Je sais désormais exprimer mon Enfant vulnérable quand il le faut. » Voilà j’ai résumé tout le processus En taisant les qualités qu’un faciliteur doit avoir : plus que de l’empathie, de la « résonance affective ». Ce sera également un point d’accroche pour la Voie maçonnique.

Sept personnages qui décrivent le Maçon idéal.

Dans un entretien de Dialogue intérieur, les personnages sont issus du facilité ; ce sont les siens. Dans la Voie maçonnique, ces personnages qui constituent la personnalité d’un Maçon idéal sourdent, sans cesse, de nos arcanes, les mythes, ritèmes et symboles. Ils incarnent notre idéal.
 Mon expérience m’amène à en compter 7. Mais sans doute en sens-tu moins ou plus, au fond de toi
Voici les 7 personnages que j’ai trouvés et qui sont inlassablement présentés dans nos cérémonies et nos tenues. Au bout de 7 ans, sois sûr qu’ils sont en nous, composant notre personnalité maçonnique. Les voici, avec, pour chacun d’eux, les références à nos pratiques pédagogiques:

• Le Frère, la Sœur Amour. La fraternité est exigée dès le serment. Ce qui invite à travailler sur sa réserve et ses reculs à l’égard de certains membres de la loge. C’est très difficile parce que cela ne se décrète pas. Il y faut le temps ! C’est aussi l’estime de soi dont certain(e)s sont cruellement dépourvu(e)s
• La Sœur le Frère, Bâtisseur. L’allégorie de la construction du temple de Salomon nous est servie à toute occasion. Ce qui nous est soufflé : nous nous construisons, nous nous sculptons, pour tendre vers le Maçon idéal.
• Le Frère, la Sœur Silence. Nous nous y entraînons sans cesse : un seul, en tenue, parle à la fois et pour que les élans soient mesurés, chacun(e) demande la parole dans les formes requises. Attention ! Ce n’est pas simplement pour bien écouter ; c’est aussi une invitation à faire taire la conscience ordinaire en soi.
• La Sœur, le Frère, Obéissant. Ne faut-il pas apprendre, dans un parcours initiatique tel que le nôtre, que nous devons accepter notre nature profonde parce qu’elle est plus puissante que ce que notre volonté le voudrait ? Le serment à l’initiation nous le rappelle
•Le Frère, la Sœur, Membre du groupe-loge. C’est ce personnage qui donne à la fraternité sa plus grande résonance. Dès l’initiation, sur les parvis, chacun(e) vient embrasser le nouvel Apprenti(e). Encore un point pour la fraternité. Et je suis émerveillé quand je sens la très bonne entente qui règne dans la bonne majorité des loges que je visite.
• La Sœur, le Frère Transmetteur. Les Maîtres s’entendent dire sans cesse qu’ ils doivent (c’est, en effet, un devoir) transmettre dans le monde profane, par l’exemple de leurs actes, les valeurs qu’ils ont acquises. Cette transmission s’effectue aussi à l’intérieur de la loge, par les plus anciens aux génération qui les suivent.

Quand je rencontre mon Enfant vulnérable

Peu à peu de tenue en tenue, année après année, ces six premiers personnages m’imprègnent. J’arrive à la pleine conscience. Je sais à présent de quoi ma personnalité est composée. Et je comprends la grande leçon du Dialogue intérieur : ces personnages, quels qu’ils soient, je les ai forgés, pour protéger le petit être que je fus, fragile et soumis aux désirs comme aux peurs. 
 Alors je parviens enfin à mon Enfant vulnérable. Cette rencontre est un grand moment. Je me retrouve en mon centre, éperdu de manque et de demande d’amour.
Tous les parcours initiatiques, des Dogons aux chrétiens, des Aborigènes d’Australie aux Inuits des vastes plaines gelées du Canada… remontent ainsi à la naissance. Pour renaître, libéré du poids des personnages et disponibles pour une nouvelle vie. Le génie maçonnique a magnifié cet événement d’une manière admirable. Tu auras reconnu la cérémonie d’initiation. Tout commence là. L’initiation est bien, selon les sensibilités, un accouchement dans la loge-mère ou une remontée dans le ventre maternel. Ni nu ni vêtu évidemment pour rappeler la nudité du nouveau-né.
Dès la fin de la cérémonie, le néophyte a appris les premiers pas hésitants, les premiers baisers et son âge sera de trois ans. Alors le chemin des tenues et celui des degrés amènent le déploiement de la fraternité et la croissance jusqu’à sept ans. Ne sait-on pas que « tout se joue avant six ans » comme l’assène, dans un livre essentiel, F. Dodson. Je reste ébahi par cette intuition superbe et pénétrante, des ancêtres de notre chaîne d’union.
Continuons notre introspection.
Se libérer en chaleureuse fraternité.

Comme nous l’avons vu plus haut, nous apprenons à identifier nos personnages. Mais ce n’est pas suffisant pour en avoir une vraie vision lucide. On sait qu’au fur et à mesure que se construit, dans notre esprit, un personnage, son opposé est évoqué,, par nous-même, comme un repoussoir. Par exemple, celui qui a un personnage d’activiste considèrera de facto que le personnage du paresseux (comme il le perçoit) est à fuir à tout prix. Tandis que celui qui est décontracté et prend son temps se méfiera comme de la peste de celui, celle qui est agité(e). En bref chacun(e) est prisonnier de ses représentations et tombe dans le gouffre sans fond du dualisme qui induit le désespoir et l’isolement. La méthode du Dialogue intérieur prend ce danger en charge : le faciliteur aide le facilité à reconnaître ses opposés, voire ses personnages reniés..
Et là, encore un coup de génie de notre Voie maçonnique, qui, décidément, a tout compris : En effet, le rite avec ses arcanes met en évidence les opposés, parfois reniés, des six personnages. Mais que l’on reconnaît vite chez les autres, puisque nous les taxons de faiblesses voire de défauts. Il s’agit des personnages Haine, Démolisseur, Bavardage, Rébellion, Isolement et Égocentrisme. En les reconnaissant, nous apprenons à situer chaque rôle à sa juste place. Par exemple : Où est-ce que je me situe réellement entre la haine et l’amour ? Faut-il encore que le faciliteur m’y amène. Chez nous, c’est le rituel qui joue ce rôle :il nous présente les si au cours de nos cérémonies. À nous de les mettre en rapport avec nos personnages qui les mettent, de près ou de loi, en scène dans notre vie.

Le Haineux (Amour) est évoquée de loin à l’initiation avec les épreuves. Le Démolisseur (Bâtisseur)Un peu aussi au degré de Maître et plus au-dessus. Le Bavard (Silence) quand des Frères, des Sœurs prennent la parole et refont une planche, dans l’impatience générale. Rebelle (Obéissant) à l’élévation à la Maîtrise bien sûr. L’Isolé quand, sur les parvis, personne ne lui adresse la parole et qu’il-elle fait de même. L’Égocentrique quand les anciens ne transmettent plus….
Mais cette découpe à la hache des qualités et des défauts humains nous fait tituber dans l’illusion Personne n’est totalement ceci ou cela. Deux parades : d’abord chaque personnage dont nous avons pris conscience se situe, dans notre réalité entre les deux pôles. Et ce sont les autres qui nous en font prendre conscience. Ensuite chaque pôle a ses forces et ses faiblesses, tout en nuances. Voyons cela plus précisément en deux temps.

Quand Jacques et Marie-Paule se découvrent mutuellement

Progressivement, le Frère, la Sœur va voir de plus en plus clairement en lui ses personnages et leur opposé positivé. Les uns et les autres forment des continuum sur les quels la Sœur, le Frère se positionnent désormais avec plus de réalisme que le sinistre dualisme des qualités et des défauts, si prisé naguère chez les Francs-maçons
Un exemple : Le Frère Jacques, compagnon, jusqu’à peu, se glorifiait d’être attaché à la qualité de ses productions .Il ne laisse rien en plan. Il trouve, sans grande conscience de son jugement à la hache, que la Sœur Marie-Paule ne finit jamais rien, ne se prépare pas beaucoup, d’ailleurs, pour y arriver. Vraiment pour lui, c’est du laisser-aller. Et puis, il commence à assimiler son degré de Compagnon fait de rencontres, de partage et de fraternité. Le Premier Surveillant lui a expliqué qu’il avait intérêt, et sa Sœur Marie-Paule aussi, à chercher et à trouver, les bons aspects de ce « laisser-aller ». Au cours d’une tenue, la réponse lui est venue soudain : Sa Sœur est à l’aise, calme et détendue et lui, souvent sous tension.
 Du coup il est revenu du jugement qu’il porte sur le personnage qu’il croit être soi., le Perfectionniste. En fait il est mu par ce personnage et les rôles qui en dépendent. Lui aussi, comme sa Sœur, se situe quelque part entre la lune et le soleil. Il voit désormais clair dans sa position. Entre le Perfectionniste et le Détendu. Grâce à cette vision lucide, il devient moins exigent vis-à-vis des personnes très détendues. Il a bougé. Conséquence : sa fraternité s’est accrue.
 On peut faire la démonstration à partir des yeux de Marie-Paule. Et cela pourrait donner ceci en miroir. Le Frère Jacques est « pointilleux, il n’est jamais satisfait… ». Elle s’efforce de positiver : elle trouve que ce Frère est, en fait, soigné, attentif à ce qu’il fait. Elle comprend que son jugement était faussé par son propre côté détendu. C’est la vision lucide qui l’enjoint de revoir sa position : il y a à prendre des deux côtés. Désormais cette Sœur non seulement ne sera plus agacée par le perfectionnisme du Frère Jacques mais, en plus, elle s’en inspirera pour faire bouger une détente qui, parfois, confine au laisser-aller.

Les opposés ne le sont pas tant que ça…

Reprenons les opposés que nous avons découverts. Par la raison ou, mieux, par l’imagination et grâce à cette fraternité qui est l’alpha et l’oméga de la Voie , traduisons-les en attitudes positives. Nous obtenons alors les conversions suivantes : La Haine devient le combat pacifique pour la paix, le refus de la soumission ; le Démolisseur devient la capacité de se remettre en cause ; le Bavardage devient l’enthousiasme à partager ses points de vue ; la Rébellion nous aide à marquer les limites de la tolérance ; l’Isolement nous rappelle qu’in fine, on ne s’initie que par soi-même ; l’Égocentrisme débouche sur cette estime de soi, défaillante chez plusieurs…Tu auras remarqué que ces opposés positifs sont favorisés par le rituel et notre morale.. Nous sommes arrivés à cette constatation : il n’y a pas de mauvais et de bons côtés mais une continuité entre deux pôles qui ne sont que des repères. Pour aller plus loin.

Œuvrons pour demain

La démarche maçonnique est prodigieuse : elle est lisible avec les outils de compréhension de l’Homme les plus récents et qui annoncent déjà demain. Cette Voie initiatique est un des plus beaux présents que l’Homme s’est forgé pour s’approfondir, grandir et aimer.
Je te propose, pour terminer, une belle phrase annonciatrice de Philippe, Orateur d’une de mes loges, qui chante la labilité de nos personnages : Chacun de nous sera prêtre et fidèle en même temps ; il sera, en même temps citoyen et métèque, croyant et athée. Il sera le premier, il sera le dernier. Ici même il sera la Terre, il sera le Ciel, il sera l’Eau, il sera le Feu. Il sera la houle, il sera le rivage.

Il sera la Mort, il sera la Vie. Mais qui ou quoi qu’il soit, quoi qu’il fasse, il devra garder les yeux grand ouverts sur lui-même, pour voir tel qu’en lui-même l’initiation le change.

Des portes pour passer

Extrait de mon ouvrage La gestuelle maçonnique, Édition Ubik, 2021

Toute initiation est un cheminement de passages qui, pour symboliques qu’ils soient, se réalisent par un passage matériel que le rite va mettre en scène, la porte en est l’exemple.

Ouverture dans l’enceinte sacrée du temple, elle est à la fois élément de séparation et de protection face à l’extérieur et moyen de passage liminaire.

Du torii[1], précédant l’entrée des temples shintoïstes, au portique grec, des portes de pierre égyptiennes, dans les mastabas, improprement appelées fausses portes  alors qu’elles sont des portes de vérité, au jubé des cathédrales, chacune de ces représentations est une invite à tenter un passage. Le symbole propose une incitation à changer de nature, à savoir : oser franchir le seuil et passer dans une nature inconnue, oser affronter un monde invisible non exempt de dangers.

«Janus est d’abord le dieu de toutes les portes : des portes publiques (jani), sous lesquelles passaient les routes, et des portes privées. Il a donc pour insignes la clé qui ouvre et ferme la porte, et la baguette (virga) dont les portiers se servent pour écarter tout ce qui ne doit pas franchir le seuil. Ses deux visages (Janus bifrons) lui permettent de surveiller le dehors et l’intérieur du logis, comme l’accès et la sortie des portes publiques» (Le dieu des portes et des passages : <truthlurker.over-blog.com/article-3847290.html#_ftnref1>).

Lors de la cérémonie d’initiation, le récipiendaire, sous le bandeau, entend le bruit de chaînes qui tombent avant que la porte ne lui soit ouverte. Ces chaînes sont les gardiennes du seuil. Devenu franc-maçon, il comprendra à quelle invite ce geste l’engage : à se libérer lui-même de ses chaînes, à s’émanciper. Si la liberté de conscience est aisée en loge, il faut aujourd’hui beaucoup de courage au prix de la vie (que certains ont donnée, ou plutôt qui leur fut prise) pour porter dans le monde profane le combat pour la liberté de conscience.

L’entrée de la basilique de la Nativité à Bethléem est une porte basse, pour interdire l’entrée des cavaliers mais aussi parce qu’il faut se faire petit pour entrer dans le mystère de Jésus :  à partir de 9’ :

Les portes des églises sont placées selon des points cardinaux de l’édifice

Celle du Nord, par laquelle on entre dans le temple, donne accès à la plénitude. Elle est parfois appelée celle des alchimistes. Elle filtre les métaux déposés devant elle pour être transmutés et préserve ainsi l’espace sacré de tout conditionnement. Elle révèle les origines et portait au Moyen âge des scènes de l’Ancien Testament. L’impétrant est passé par-là. L’ouverture est alors très basse, rappelant l’humilité et le courage nécessaires pour entamer le chemin comme pour le poursuivre.

Celle du Midi est source d’éveil, de lumière révélée en action. Au Moyen Âge, elle portait des scènes du Nouveau Testament. Elle permet de voir et comprendre les mystères de la création.

Celle d’Occident, entre les colonnes, récupère l’énergie accumulée dans le temple et charge d’énergie  la communauté qui sort vers la salle du banquet. Le Verbe régénéré par l’Œuvre va pouvoir illuminer cette salle puis le monde extérieur à la fin du processus alchimique. Cette porte, souvent dite de la mort (elle portait au Moyen Âge des scènes de la résurrection des morts et du jugement dernier), permet de rejoindre l’Océan des origines d’où nous venons. Chaque initié y passe au jour de son décès, accueilli par la Veuve, pour affronter une ultime épreuve qui le fera soit retourner à l’indifférenciation, soit retourner à sa cause pour s’y fondre et participer de la lumière éternelle. C’est donc aussi la porte de la Veuve en tant que grande gestatrice, matrice de la vie, à la fois mère et mort (deux mots anagogiquement synonymes).

L’incréé est derrière celle d’Orient. De là jaillit la lumière primordiale, d’une intensité si puissante qu’elle est insoutenable à la conscience humaine. Elle est l’ouverture du ciel que l’on déverrouille par les rituels pour rendre présent le divin. Il n’y a pas d’accès direct à l’Orient Éternel. Elle est infranchissable humainement. Elle ne peut laisser passer ce qui est né, ce qui est fini, ce qui est corporel. (Extrait à compléter sur la page : hiram-rite.fr/detail.php?idDoc=162&idCat=3).

En hébreu, le mot porte, daleth  (ת ל ד), montre avec ses lettres : l’ouverture avec daleth ד (lettre en forme d’équerre, qui indique la rectitude.), le cheminement avec lamed ל (signe altier qui se déroule vers le haut, lamed est l’envol de la connaissance par l’étude et l’enseignement qui ne sont jamais terminés) et l’aboutissement  avec tav ת (d’après la kabbale, la lettre tav est composée de deux lettres, daleth ד et noun נ: elle aurait ainsi comme sens immédiat, la porte de la connaissance primordiale oubliée).

«Baissez-vous, la porte est basse» est une rituélie introduite en Franc-Maçonnerie en 1895.

Si le récipiendaire, aveuglé par le bandeau, se baisse pour passer, il y a alors une relation de qualité, de sujet à sujet, qui échange des informations constructives. Il n’est plus seul comme dans le cabinet de réflexion. En se baissant pour passer la porte basse, il rend sensible sa confiance sous forme d’un acte qui n’est pas obéissance mais entendement et compréhension. Il se met en relation avec une forme du monde qui l’environne ; il s’y adapte, il tient compte de ce qui lui est extérieur en se modifiant pour se conformer à une unité harmonique. Ainsi l’humilité vécue par l’impétrant n’est pas une humiliation, mais une épreuve de savoir-faire par une réponse de réalité adaptée à une parole qui ne commande pas mais qui recommande.

Cette notion de porte basse n’existe pas aux RER, RÉ, RY, RSE/RÉÉ.

Connaître la porte, c’est connaître le chemin. On ne sait ce qu’il y a derrière. Le Secret est donc un concept lié à elle. Mais elle détermine une direction et la nature de ce qui s’ouvre devant soi. Son nom révèle le sens de ce qu’il y a au-delà d’elle. L’intelligence du cœur est le seul moyen de la nommer. En Franc-Maçonnerie, celui que l’on est appelé à découvrir derrière la porte n’est rien d’autre que soi-même, c’est-à-dire l’être vrai. Les degrés sont des avancées dont l’attribution est une porte ouverte sur ce chemin pour une possibilité féconde d’appréhender la vie.

Au 3ème degré, trois ouvriers compagnons criminels tentent d’extorquer son secret à Hiram sans attendre de pouvoir le recevoir de manière régulière. Pour cela, ils se postent aux trois portes du Temple. Tous les rituels disent cela, mais ensuite le parcours du maître n’est plus le même selon les rites. Par exemple : le trajet commence, selon le REAA, au sud puisqu’il est écrit : «ayant terminé son inspection des travaux du jour, Hiram allait se retirer par la porte du Midi» puis il se dirige vers la porte d’occident. Mais au Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm comme au Rite Opératif de Salomon: « sa visite terminée, Hiram sortit de la Chambre du Milieu et se dirigea vers la porte d’Occident », puis continua vers la porte du nord. Au style Emulation, ils [les mauvais compagnons] s’embusquèrent respectivement aux entrées ménagées à l’Est, au Nord et au Sud du Temple, où « notre Maître s’était retiré pour faire ses dévotions au Très Haut, ainsi qu’il y était accoutumé à l’heure de midi. Là est porté le premier coup, puis le Maître se dirige vers la porte du nord ». Au rite français philosophique : « Hiram, après avoir visité les travaux, dirigea ses pas vers la Porte Est où il y trouve le premier des Compagnons. Hiram chercha son salut dans la fuite et tenta de s’échapper par la Porte Sud ». Le trajet se finit toujours à l’Orient de la chambre funèbre mais c’est l’ouest sur la reproduction du Temple de Salomon qui est placé au sol sous forme de tapis. La narration du meurtre se rapporte donc à l’orientation du lieu mythique, le Temple de Salomon et non à celle la loge.

Pour ouvrir une porte, une clef peut être indispensable… à suivre dans un autre article

Illustration : à travers le miroir de Victor Korlinov


[1]. Portique érigé à l’entrée d’un sanctuaire shintoïste.

Le Grand Secret Maçonnique

L’histoire que je vais vous raconter, se déroula il y a très longtemps. On venait de créer la première loge maçonnique. Il convenait maintenant de trouver une cachette sûre pour dissimuler durablement le grand secret de la franc-maçonnerie. Les officiers s’étaient donc réunis dans la loge pour décider du lieu.

Le premier à demander la parole fut le  Secrétaire. Il dit : « Je suis la lune, le reflet du soleil, je symbolise le côté féminin, la mémoire, l’écoute. Vous pouvez me le confier, j’en serai digne. »

Le deuxième à demander la parole fut le Maître des Cérémonies. Il dit : « Je suis Mercure, symbole du mouvement, de la communication et du savoir. Vous pouvez me le confier, j’en serai digne. »

Le troisième à demander la parole fut l’Expert. Il dit : « Je suis Saturne, symbole de la connaissance, du travail et des Anciens. Vous pouvez me le confier, j’en serai digne. »

Le quatrième à demander la parole fut le Second Surveillant. Il dit : « Je suis Vénus, symbole de l’harmonie, des relations et de l’équilibre. Vous pouvez me le confier, j’en serai digne. »

Le cinquième à demander la parole fut le Premier Surveillant. Il dit : « Je suis Mars, symbole de la force mais aussi de l’action et de l’engagement. Vous pouvez me le confier, j’en serai digne. »

Le sixième à demander la parole fut l’Orateur. Il dit : « Je suis le Soleil, symbole de l’esprit, du rayonnement, de la force vitale, de l’énergie. Vous pouvez me le confier, j’en serai digne. »

Le septième et dernier à prendre la parole fut le Vénérable Maitre. Plein de sagesse et d’humilité, il dit « Bien que je sois associé à Jupiter, la plus grosse planète du système solaire, symbole de la prospérité, je ne suis pas certain d’être le meilleur refuge pour notre secret. Je reviendrai dans 3 jours, pour vous dire où se trouve la meilleur cachette »

Les travaux furent suspendus, le Vénérable Maitre s’enferma durant 3 jours et 3 nuits dans ce cabinet de réflexion qui l’avait vu naitre. Il en ressortit éclairé et serein. Les travaux purent alors reprendre.

Tous les officiers de la loge étaient suspendus aux lèvres du Vénérable Maitre. Ce dernier, regardant avec amour et bienveillance chacun de ses frères et chacune de ses sœurs déclara : « J’ai puisé dans la sagesse du Grand Architecte De l’Univers la réponse à notre question. Je propose de cacher ce secret au fond du cœur de chaque profane qui frappera à la porte de notre temple. Ce sera sans aucun doute le dernier endroit qu’ils iront explorer ». Cette proposition fut admise à l’unanimité.

Cette tradition semble s’être perpétuée depuis des siècles. Malheureusement, tous les maçons n’ont pas été informés et certains continuent à chercher au dehors.

Remise du Prix du Grand Orient de France décerné à titre posthume à Samuel PATY le 2 décembre 2021

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  ACTUALITÉ
Discours du Grand Maître du GODF à l’occasion du Prix du Grand Orient de France décerné à titre posthume à Samuel PATY le 2 décembre 2021


Madame Paty,
Monsieur le Grand Maître de la Grande Loge de France,
Madame la Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France,
Mesdames et Messieurs dignitaires des Obédiences amies,
Mes Très Chères Sœurs, Mes Très Chers Frères,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Le Grand Orient de France a choisi ce soir, d’honorer la mémoire de Samuel Paty, professeur exemplaire d’histoire géographie et d’enseignement civique, assassiné il y a un an pour avoir enseigné la liberté d’expression et de conscience à ses élèves. 
Merci Madame Paty d’avoir accepté d’être parmi nous pour recevoir, au nom de votre frère disparu, la Marianne du Grand Orient de France dont l’objectif, chaque année, est de célébrer la République en distinguant ses serviteurs les plus dévoués.
Notre République qui nous est si chère même si elle est encore loin d’être parfaite et demeure inaccomplie.

Notre République si belle et si précieuse par ses promesses comme par ses réalisations et dont votre frère, enseignant de l’école publique laïque, était un ardent défenseur. 

Victime de la haine et de l’obscurantisme de l’islamisme politique, ce nouveau fascisme qui arme une religion à des fins totalitaires et liberticides, votre frère, pour ce qu’il était autant que pour ce qu’il représente, est désormais une figure emblématique de la République.

Il nous appartient d’inscrire Samuel Paty dans nos mémoires comme un modèle républicain de courage et d’engagement, animé de la volonté du partage du savoir, de la résistance face à l’obscurantisme et de la lutte perpétuelle de la connaissance contre l’ignorance, mère de toutes les dictatures. 

C’est dans ce sens qu’il exerçait son professorat, afin de donner à chaque élève la faculté de penser par lui-même, de pouvoir exercer sa raison critique et s’émanciper des dogmes et tutelles qui enferment et cloisonnent les esprits et les êtres.
Fils d’instituteurs, son parcours est marqué par la volonté constante de « faire disparaître la dernière, la plus redoutable des inégalités qui vient de la naissance, l’inégalité d’éducation » comme l’avait déclaré Jules Ferry dès 1870.
Habité par sa mission, il choisit de consacrer sa vie à l’enseignement par conviction républicaine.

Son engagement, profond, est inséparable de sa personnalité, simple et authentique, dénuée des oripeaux factices et réducteurs des apparences et libérée des faux-semblants de la modernité.

Votre frère, chère madame, était un enfant des Lumières, au service de la République, de ses principes et de son idéal.
Il exerçait son métier, en conscience, dans la filiation la plus juste et parfaite des préceptes de Condorcet, dont l’objet était de transmettre le savoir et former des citoyens, « Rendre la raison populaire ».
Sa vocation était animée par le sens du devoir et de l’intérêt général, l’amélioration de l’homme et de la société qui commence par l’instruction des nouvelles générations. L’accès à la connaissance est la première des marches qui mènent à la liberté.

La liberté dont la devise républicaine exprime la primauté du dessein, et dont la pleine réalisation, déjà lente et progressive, est freinée, empêchée par les suppôts de l’aliénation et du dogme.
Dans ce combat, la liberté d’expression est une des premières cibles du totalitarisme.
Menacée en permanence, elle est une liberté fondamentale, un indicateur démocratique significatif.

La liberté d’expression est aujourd’hui malmenée par l’islam politique qui rejoint la cohorte des antirépublicains religieux traditionnels, et avec eux, l’extrême droite héritière des mouvements factieux d’avant-guerre, de l’Action Française et de la collaboration dont les remugles sont de plus en plus présents ces derniers mois.
Elle l’est également, paradoxalement, par de nouveaux censeurs, indigénistes décoloniaux et affidés, qui, utilisent le relativisme comme faux-nez du ressentiment, détournent les luttes les plus essentielles telles que l’antiracisme ou le féminisme et, dans un renversement sémantique et conceptuel orwellien dénué de tout fondement, métamorphosent ce qui emprisonne en outils de liberté et ce qui libère en outils d’enfermement.

Ainsi, c’est à l’issue d’un cours sur la liberté d’expression que s’est enclenché le processus délétère qui a produit l’ignominie du crime dont a été victime Samuel Paty.
Une nouvelle fois, la confusion est installée entre la critique et l’offense. L’inacceptable prétexte du blasphème, dans notre république laïque, sert d’injonction au silence de la censure. L’offense, invoquée ad nauseam, est devenue un point d’ancrage pour interdire la critique, soumettre au dogme, et faire porter aux autres les chaînes de croyances, idéologies et bientôt opinions, propres à soi-même.

La loi distingue parfaitement le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, de l’opposition, de la critique et bien sûr de l’humour envers les idéologies, religions et théories, tant que l’outrance ne rejoint pas la haine ou n’appelle pas à la violence.
C’est toute la clarté de l’État de droit, c’est toute la force de la République.
Ceux qui feignent de l’oublier, dessinateurs prudents, hommes politiques opportunistes, intellectuels égarés, chercheurs ou universitaires de « 
haut-rang » militants, en répétant comme un mantra, l’impératif « ne pas froisser », veulent exclure de fait toute critique qui dépasserait le cadre de convenance fixé par ceux-là même dont les croyances et opinions en sont l’objet.
En conditionnant ainsi la liberté d’expression à la subjectivité sinon à la susceptibilité de l’offensé, ils sont clairement les alliés objectifs, d’aucuns disent les « idiots utiles » des obscurantistes qui veulent la restreindre.

Et, restreindre la liberté d’expression, c’est la supprimer.
Telle l’inoculation d’un microbe, l’infiltration lente et insidieuse du virus totalitaire a de nombreuses voies d’entrée.

La violence et l’intimidation sont les plus courantes, les plus simples et les plus répandues. La soumission s’installe ensuite.

Aucun régime ne se crée dans une matière vaporeuse, sans substrat.
« Il existe quelqu’un de pire que le bourreau, c’est son valet » a écrit Mirabeau.
Ce sont ces valets qui font basculer une société hors du champ démocratique.
Si l’attentat perpétré à Conflans-Ste-Honorine a été le produit de la barbarie du fanatisme islamiste, nous devons à la mémoire de Samuel Paty, d’en comprendre la genèse, analyser le processus qui l’a produit à la lumière des évènements qui l’ont précédé.
Cela commence par l’inversion des causes et des effets, par la transformation de la réalité.
D’abord, un cours sur la liberté d’expression et la caricature est présenté comme un discours raciste contre une population.

Le mensonge et le détournement se poursuivent en transformant une proposition bienveillante de s’absenter le temps de la présentation des caricatures, en fait discriminant, le respect de la liberté de conscience devient une exclusion.
À l’instrumentalisation d’élèves adolescents par des intégristes, s’ajoute enfin l’enchainement de peurs, de lâchetés et de compromissions qui dans ce drame ultime, aboutit au passage à l’acte criminel d’un fanatique.
Les responsabilités sinon les complicités sont, comme toujours, diverses, complexes, souvent involontaires ou simplement stupides. Certaines sont bien connues, maintes fois décrites. D’autres, moins apparentes, sont plus insidieuses.

Les premières, les plus claires, celles des intégristes, calomnient ouvertement. Elles accusent de racisme et de discrimination celui dont les paroles et les actes expriment exactement l’inverse, « On avait surement calomnié Joseph K car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin » écrit Kafka dans Le Procès.

Les secondes, plus diffuses et indirectes inversent la suspicion au sein d’un dispositif institutionnel et le font se retourner contre un des siens quand il devrait le défendre.
C’est ce dispositif qui, dans l’affaire Dreyfus, vit le ministère des Armées préférer soutenir la version du traitre plutôt que celle de l’innocent.
La jonction des responsabilités met en place une mécanique inexorable et monstrueuse, celle des procédés les plus sombres des totalitarismes, qui installent, répandent puis exacerbent un climat de peur et d’intimidation propice à tous les reculs démocratiques.
Aujourd’hui, certaines idées sont sous protection policière en permanence, dans le pays des Lumières, celui de Voltaire, Condorcet et Jaurès.
Celui de Charb, Wolinski et Cabu.

Quels seront les ressorts de notre nation ?
Depuis l’assassinat de votre frère, le monde politique et médiatique, et au-delà des apparences, l’École et l’Université, c’est-à-dire les piliers fondamentaux de notre société, appliquent-ils dans leurs cours et leurs programmes, cette volonté exprimée par le Président de la République lors du discours à la Sorbonne du 21 octobre 2020 :
« Nous continuerons professeur, nous défendrons la liberté que vous enseigniez si bien, nous porterons haut la laïcité, nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins même si d’autres reculent, nous continuerons professeur ».

La récente suspension d’un professeur pour avoir mis en cause la responsabilité de sa hiérarchie dans l’assassinat de Samuel Paty, l’arrachage à Sciences Po des affiches annonçant le spectacle de la pièce de Charb « lettre aux escrocs de l’islamophobie » sont-ils les remous d’une vague finissante ou les mascarets d’une lame de fond ?
Il est des évènements dont la portée ne peut se saisir qu’à long terme, mais l’engagement de Samuel Paty et sa disparition tragique nous ordonnent d’agir.

La violence et la terreur, fulgurantes et insupportables, sont sources de peine immense, de chagrin et de douleur. Ils sont faits pour susciter la soumission collective, mais ils peuvent aussi donner lieu à des prises de conscience essentielles.
Prises de conscience qui ne peuvent être sans lendemain.
Il nous appartient de ne pas oublier, comprendre et agir.

Si le Grand Orient de France a choisi d’honorer la mémoire de Samuel Paty, c’est pour que celle-ci nous éclaire et que son engagement exigeant et déterminé nourrisse le nôtre à chaque instant.

La Franc-maçonnerie n’est pas la promesse d’un salut mais la volonté d’un travail au service d’un idéal de solidarité et de fraternité, d’attention à l’Autre, quelles que soient ses origines, sa couleur de peau, sa religion.
C’est pour cet idéal républicain qui relie liberté de conscience, émancipation des esprits et égalité des droits que Samuel Paty s’est dévoué, en plein accord avec lui-même.

D’abord en rappelant la place et le rôle fondamentaux des enseignants, maillons essentiels des forces de progrès que les Francs-maçons du Grand Orient de France et des Obédiences amies accompagnent depuis trois siècles.
Mais également par sa dimension profondément humaine, sans artifice ni posture, celle d’un homme resté fidèle à lui-même et au service de ses idées.
Il est l’exemple éclatant de l’engagement républicain.
Nous n’oublierons pas Samuel Paty.

Il est présent pour toujours dans nos cœurs. Il doit l’être également à jamais dans nos esprits.
C’est en suivant la voie qu’il a tracée avec simplicité et courage que nous vaincrons les obscurantistes et les censeurs dans le combat humaniste et universaliste essentiel qui se joue aujourd’hui.
Alors la République indivisible, laïque, démocratique et sociale restera une idée neuve dont la promesse continuera à se réaliser.
Non, Madame, nous n’oublierons pas Samuel Paty.
 
Georges SERIGNAC
Grand Maître du Grand Orient de France


Lancement de « You Are Ritual Community », la communauté internationale en ligne des francs-maçons & de leurs amis.

Un nouveau réseau est en cours de lancement. You Are Ritual Community est la communauté internationale en ligne des francs-maçons & de leurs amis. Récemment créé, ce réseau social permet de partager des contenus, créer des groupes autour de thèmes, d’obédiences, d’organiser des conférences avec des frères et soeurs sans frontières, de développer votre réseau et tellement plus !

Le Frère Fabrice RAVAUX est le promoteur de https://yar.community
Souhaitons-lui un grand succès

Réflexions sur l’air du temps… à l’occasion de la Saint-Jean

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Il y a quelque chose que la Covid nous a enseigné, c’est que nous passions notre vie à nous souffler dessus, les uns sur les autres… Jamais, je n’avais eu conscience que j’absorbais l’air de mon voisin comme si je me postais sous son nez or nous sommes tous des machines à vapeur qui cracherions notre fumée sous une grande verrière, à la différence près que nous répandons une buée invisible où nos miasmes contagieux restent en suspension. 

J’ai l’impression qu’il en va de même des idées méphitiques qui prospèrent dans le débat public, jusqu’à former de bizarres traînées de poudre empuantissant l’atmosphère, au risque de bientôt l’embraser. Dommage que les mêmes principes d’expansion opèrent moins promptement quand il s’agit de faire sa place à l’autre et de le laisser respirer…

Il faut bien reconnaître que rechercher la vertu ne nous vient pas facilement. Depuis que l’air a déchiré nos poumons pour la première fois, trouver un souffle commun pour oxygéner l’esprit requiert tout un apprentissage. Avec les batteries que l’on nous prépare, on s’apprête à électriser rapidement une bonne part de la population… dans l’idée peut-être d’en électrocuter quelques-uns, au passage ! Alors, pour nous qui restons de bons vieux moteurs thermiques, apprenons à contrôler nos humeurs et à ne pas nous emballer à la moindre occasion.

N’oublions pas, qu’à compter de la Saint-Jean d’hiver, nous allons remonter vers la Lumière et que notre effort consistera une fois de plus, indéfiniment – car nos mauvais penchants se reconstituent désormais plus facilement que la Nature – à démêler l’écheveau de nos contradictions, pour sortir de la nuit aveuglante de nos peurs et de nos désirs enfouis.

Passez de bonnes fêtes, dans la loi d’Amour !

France culture – Portrait de Catherine Lyautey, présidente de la Grande Loge Féminine de France

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« Divers aspects de la pensée contemporaine » est une émission confiée en alternance aux différentes Obédiences maçonniques et de libre pensée.

L’émission du 5 décembre 2021, dernière de l’année est consacrée à un portrait de Catherine Lyautey, présidente de la Grande Loge Féminine de France.

Catherine Lyautey, Grande Maîtresse de la GLFF

Lors de la dernière Assemblée Générale le 29 mai dernier, Catherine Lyautey a été élue Grande Maîtresse de son Obédience. C’est dans une période perturbée par la pandémie qu’elle est arrivée pour prendre les commandes de la première Obédience strictement féminine.

La Grande Loge Féminine de France occupe en effet une place prépondérante dans le paysage maçonnique mondial, et en particulier de la Franc Maçonnerie féminine.

Les fondatrices ont voulu bâtir une franc-maçonnerie spécifiquement féminine parce qu’elles étaient motivées par une seule conviction : permettre aux femmes elles-mêmes de prendre leur destin en mains en conjuguant leurs forces et leurs idées sans que le débat leur soit confisqué. Être libérée des stéréotypes et des conditionnements est un préalable pour prendre, en toute autonomie, une place consciente dans la société.   

Pour mener à bien la gouvernance de la GLFF, Catherine Lyautey s’est fixée des objectifs. 

Dans un premier temps, il s’est agi de reprendre les travaux suspendus, d’accueillir les femmes en attente d’initiation.

Une seconde étape est d’activer la fraternité et la solidarité pour venir en aide à toutes celles qui sont éprouvées par les crises.

Ensuite il faut œuvrer pour construire un monde meilleur. Ainsi il faut nourrir les liens et jeter des ponts vers les femmes qui partagent les valeurs de liberté, égalité, fraternité, en Europe et dans le monde.

Et se réjouir aussi qu’une femme franc-maçonne vienne, en toute discrétion, d’entrer au Panthéon !

Illustrations :

Sceau de la Grande Loge Féminine de France – Crédits : GLFF

Portait officiel de la Grande Maîtresse – site GLFF :

Écouter en podcast l’émission : https://www.franceculture.fr/emissions/divers-aspects-de-la-pensee-contemporaine/portrait-de-la-presidente-de-la-grande-loge-feminine-de-france

Autour du « Croire »

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Besoin et désir

CROIRE. Toutes nos actions sont basées sur ce verbe, de la croyance en soi et aux autres, aux croyances religieuses. Et aussi du théisme à l’athéisme, quand on croit que l’on ne croit pas! La croyance – en tant que conviction, foi, confiance, certitude – est une œuvre de notre esprit.

Sur le plan philosophique, une différence est à faire et à explorer entre deux particularités très humaines : Le besoin de croire et le désir de croire. Ce qui n’est pas la même chose.

Le besoin de croire est physiologique, donc inné et reçu avec le lait maternel. Notre premier dieu est liquide et se confond avec le sein, cette fontaine miraculeuse! Notre première croyance est de croire à la têtée suivante ! Nous avons besoin de croire ensuite en nos semblables, de la même façon…au risque d’être déçu : C’est la condition humaine !

Le désir de croire est sociologique, donc acquis. Cette envie “d’en savoir plus”, par exemple, sur le mystère de l’univers, c’est elle, née de l’éducation et de l’information, qui nous entraîne, entre autres, vers l’astronomie, l’astrophysique. Vers l’astrologie et la divination aussi ! Et nous fait croire en Dieu ou pas! C’est ce même désir qui nous conduit librement, vers une religion personnelle, à l’église, dans une société philosophique, en franc-maçonnerie, etc. 

Le désir de croire est caractéristique en ce qu’il peut “élargir” notre pensée et notre vision du monde, donc nos savoirs (l’appris) et nos connaissances (l’acquis). Comme tout désir, il peut s’éteindre certes. L’important est de pouvoir changer de désir. Le désir est comme le fer, il faut toujours en avoir un au feu! Celui qui s’arrête de fumer a besoin d’un autre désir de substitution (manger, boire, créer, etc). Parce que nous sommes des êtres de désirs! Le désir, c’est le manque à combler. Et être désirant, c’est être vivant!

Attendre et s’occuper

Par définition, nous n’avons plus à croire quand la chose ou le fait attendu est là ! Ainsi en va-t-il de la croyance au Père Noël, par exemple!

Il n’en est pas de même pour Dieu (une invention utile des hommes). La raison incline à penser que le Messie (libérateur envoyé par Dieu) ne viendra pas mais les « fidèles » continuent de croire qu’il peut venir ! Ceux qui croient par l’intermédiaire d’une “religion-concessionnaire” ont même l’obligation dogmatique de croire! De la sorte, croire c’est attendre! Nous sommes renvoyés ici au bébé qui réclame sa tétée : il est bien dans la croyance qu’elle va venir! La réclamation est une croyance! Parce que désirer, c’est croire. Et donc, nous sommes bien tous des êtres désirants !

De la sorte, nous pouvons même dire que la conscience humaine est caractérisée par l’attente. La conscience, c’est l’attente même! A l’état de veille, nous attendons toujours quelque chose, toujours mieux, toujours plus, mais aussi (consciemment ou inconsciemment) le moment de notre mort ! D’où l’angoisse de l’homme qui doit occuper son temps pour oublier son triste sort. D’où l’existence du travail! De la guerre! D’où, aussi, l’existence des religions qui lui apportent un « consolatum ». Et des sociétés philosophiques. Et de la Franc-maçonnerie. Et des distractions en tous genres, sports compris !

Nous avons le choix pour tromper notre ennui, en attendant le grand passage, l’ultime initiation. La meilleure occupation du temps, parmi les autres, est à mes yeux l’Amour, preuve de notre croyance en l’Homme ! Et c’est bien l’Amour (avec ou sans majuscule) qui assure la perpétuité de l’espèce humaine! Semer, essaimer et s’aimer. Croire en l’Homme, toutefois, c’est croire que nous sommes perfectibles, parce qu’inachevés. Nous sommes encore dans l’enfance de l’esprit : il convient d’en avoir conscience et de nous méfier de nous-mêmes, pour nous corriger et tenter, encore et toujours, de vraiment “grandir” dans notre tête ! En ce sens, j’aime bien cette réflexion philosophique :

Prends garde à tes pensées,

Elles deviendront des paroles,

Prends garde à tes paroles,

Elles deviendront des actes,

Prends garde à tes actes,

Ils deviendront des habitudes,

Prends garde à tes habitudes,

Elles deviendront ton caractère,

Prends garde à ton caractère,

Il deviendra ton destin

              (Franck Outlaw)

 Pendant ce travail sur nous-mêmes, et avant la grande échéance – seule certitude – il est urgent de prendre le temps de vivre !