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Sororité et Fraternité : un débat de 58:00 sur Radio France

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De notre confrère radiofrance.fr

La fraternité et la sororité sont des mots métaphores, qui désignent le plus souvent ce qui excède le cadre de la famille. Universelle ou choisie, cette solidarité horizontale occupe une place fondamentale dans l’histoire militante et littéraire contemporaine.

Avec :

  • Alexandre de Vitry Maître de conférences en littérature française du XXe et du XXIe siècles à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université
  • Florence Rochefort Chercheuse au CNRS, spécialiste d’histoire des féminismes, des femmes et du genre

Fraternité et sororité sont les vedettes du jour. Tant et tant de mains qui se serrent, de franches poignées, ou, main dans la main pour former une immense ronde qui pourquoi pas ferait le tour du monde ; ou alors posée sur l’épaule, la main amicale, celle de l’accolade. Comment représenter la fraternité ? Comment représenter la sororité ? L’un est omniprésent dans notre univers, par la devise officielle et par ses mentions dans la littérature. L’autre est sans doute plus rare, mais tous les deux racontent une histoire, celle d’un sentiment d’affection qui a tellement évolué : frères de plume et sœurs de lutte, l’amitié comme étendard.

Fraternité et sororité, des notions anciennes

Dès l’Antiquité gréco-romaine, le lien fraternel sert de métaphore pour désigner un idéal relationnel entre les membres d’une société plus large que celle de la famille. Le terme devient synonyme de relations solidaires, bienveillantes et harmonieuses, qui seraient constitutives d’une cité idéale. Cet usage profondément métaphorique s’accentue encore à l’ère du christianisme, où le mot « fraternité » se pare d’une dimension sacrée et mystique. Alexandre de Vitry, chercheur en littérature, remonte aux origines du mot latin frater, dérivé d’une racine indo-européenne, brater, qui a donné bruder en allemand ou brother en anglais : « Ce brater ne désigne pas ce que nous appellerions des frères et sœurs de sang ou d’un parent commun, mais une fraternité du clan, d’un groupe spirituel étendu. » Ce sens est antérieur à l’apparition d’une signification du mot « fraternité » plus resserrée et circonscrite à la famille. Pour le chercheur, « il y a une sorte de virtualité ouverte dans ce vocabulaire qui vient du fond des âges. »

De la même façon, le concept de sororité a une vraie place dans la pensée et la littérature du Moyen Âge et de la Renaissance, de la Cité des dames de Christine de Pizan, où des femmes, réelles ou imaginaires, se coupent du monde pour s’assurer une existence paisible et protégée, à Rabelais qui utilise le mot sorores pour désigner la « communauté des femmes », dans un moment où l’humanisme repense profondément l’idée d’universel.

Où sont les femmes dans la fraternité ?

La Révolution fait de la fraternité un idéal politique. Cependant, le mot de Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort, « sois mon frère ou je te tue », s’avère prophétique : l’idéal d’une fraternité émancipée de la verticalité d’Ancien Régime dégénère rapidement en un fratricide violent lors de la Terreur : choisir ses frères, c’est aussi désigner un ennemi, un non-frère.

Il faut attendre 1848 pour que la fraternité revienne au premier plan des discours et des pratiques de la vie politique. La proclamation de la Deuxième République marque la victoire théorique d’une fraternité entre ouvriers et bourgeois, catholiques et républicains. Là encore, cette fraternité idéale s’avère imparfaite et les répressions du mois de juin 1848 marquent un nouvel échec. De plus, la mise en place d’un suffrage universel réservé aux hommes coupe les femmes de la communauté politique et annonce une nouvelle exclusion au sein de la communauté nationale. En réaction à cette injustice, les militantes féministes commencent à se penser et à se désigner comme des « sœurs ». L’historienne Florence Rochefort insiste sur l’idée de ce lien, qui ne serait pas familial, mais politique, avant même que le mot sororité ne se répande. Ce serait « l’idée d’une communauté imaginaire qui permettrait aux femmes de s’exprimer par rapport aux frères qui monopolisent la parole, les droits et qui conçoivent les liens politiques sans les femmes, avec des universaux qui les effacent. » Pour l’historienne des féminismes, ces femmes réagissent à l’exclusion en même temps qu’elles redécouvrent et mettent en valeur un lien susceptible de les unir.

Le féminisme s’internationalise et s’inspire des modèles syndicaux de la lutte ouvrière naissante. L’idée que des droits ne peuvent être obtenus que par l’avènement d’une lutte collective et d’une solidarité horizontale entre toutes les femmes se fait de plus en plus présente.

Un concept militant

Durant les années 1970 et 1980, la sororité occupe une place centrale dans les luttes et les discours féministes. Inspiré du terme anglais sisterhood, popularisé par l’ouvrage de Robin Morgan, Sisterhood is Powerful, publié en 1970, la sororité est au centre des logiques du Mouvement de libération des femmes (MLF). Le terme devient synonyme d’expériences communes et de moyen de s’émanciper de la sphère domestique par l’action collective. La sororité se fait le mot d’ordre pour une action commune et pour un dépassement des rivalités féminines, jugées contre-productives.

Ainsi, les concepts de fraternité et de sororité ont essuyé bien des critiques. Faut-il penser une sororité ou une fraternité universelles, ou au contraire choisir ses camarades de lutte ? Désigner des frères et des sœurs, n’est-ce pas toujours en exclure d’autres ?

Pour en savoir plus

Alexandre de Vitry est maître de conférences en littérature française du 20e et du 21e siècles à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université.
Il a notamment publié :

  • Le Droit de choisir ses frères ? Une histoire de la fraternité, Gallimard, 2023
  • Sous les pavés, la droite, Desclée De Brouwer, 2018
  • Conspirations d’un solitaire : l’individualisme civique de Charles Péguy, Les Belles Lettres, 2015
  • La Conquête de l’Alsace, Lattès, 2014

Florence Rochefort est chercheuse au CNRS, spécialiste de l’histoire des féminismes, des femmes et du genre.
Elle a notamment publié :

  • Histoire mondiale des féminismes, Que sais-je ?, Presses universitaires de France, 2022
  • Ne nous libérez pas, on s’en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, codirigé Bibia Pavard et Michelle Zancarini-Fournel, La Découverte, 2020
  • Les Lois Veil. Contraception 1974, IVG 1975, codirigé Bibia Pavard et Michelle Zancarini-Fournel, Armand Colin, 2012

Références sonores

  • Archive d’André Malraux, Ocora, 1967
  • Lecture par Jeanne Coppey d’un extrait de La Cité des dames de Christine de Pizan, 1405
  • Extrait de la série documentaire Révolution ! de Hugo Nancy et Jacques Malaterre, écrite par Adila Bennedjaï-Zou et Hugo Nancy, France Télévisions, 2021
  • Chanson Abel et Caïn de Léo Ferré, d’après le poème de Charles Baudelaire, 1967
  • Extrait du film Les Misérables de Robert Hossein, 1982
  • Lecture par Daniel Kenigsberg de « Fraternité » de Victor Hugo, L’Art d’être grand-père, 1877
  • Musique du générique : Gendèr par Makoto San, 2020

On fait un petit tour dans l’antiquité ?

Déjà à l’époque, Parménide d’Élée (vi-ve avant j-c) se demande si le monde est une perfection, un « ordo ab chaos » ou l’homme joue un rôle de co-gérant, ou si le cosmos reste un abominable « tohu bohu » aux mains de la nature face à un homme impuissant dont la seule « sagesse » serait de se soumettre à ses diktats ?

« Au centre est la divinité qui gouverne tout, car en tout elle est le principe du redoutable enfantement et de l’union envoyant la femelle s’unir au mâle et en retour aussi le mâle à la femelle, le premier de tous les dieux, c’est Eros qu’elle conçut » (Parménide)

Notre réflexion débutera par cette étrange et contradictoire déclaration de Parménide : au centre, se tiendrait une divinité qui assurerait un ordre reposant notamment sur l’union du mâle et de la femelle. Cette union serait animée par le dieu Eros qui, comme nous le savons, est par excellence le dieu du chaos amoureux, du désordre des sens et du bon sens ! Le philosophe prend ainsi conscience que l’ordre, intellectuel et collectif par nature, se trouve vaincu par l’anarchie du sentiment et de l’instinct sexuel qu’il a lui-même mis en œuvre en créant Eros comme le dieu qui met en miettes la belle ordonnance des choses. Nous assistons là à la mise en place d’une double monarchie : ordo et chaos s’affrontent mais aucun ne gagne !

Parménide voit le jour dans la cité d’Elée, appartenant à la « Grande Grèce » (Sicile et Italie du sud) vers le VIe siècle avant J.C. Cette ville se situe à quelques jours de marche de Pompéi. Elée sera le berceau d’une école philosophique dite « Eléatique » où figureront, entre autres, Parménide, Xénophane et Zenon. Ces « Eléates » seront englobés dans ce que nous appellerons par la suite les « Présocratiques » (Entre les VIIe et IVe siècles), débordant donc sur la période où Socrate et Platon vivaient. Ce sont ces différentes écoles présocratiques, fondées par Thalès de Milet, Pythagore de Samos et Parménide d’Elée qui vont profondément avoir de l’influence sur la pensée socratique et platonicienne en autorisant la liberté d’exposer l’entendement spéculatif sur la nature du monde physique et la création d’un espace métaphysique sans avoir recours à l’intervention d’une justice divine, selon la complexité des mythes religieux. Parménide fut le premier à affirmer que la terre avait une forme sphérique et qu’elle occupait le centre du monde, nous apprend Diogène Laërce. Conception que l’Église adoptera et défendra durant un très long temps, au prix de persécutions nombreuses (l’affaire Galilée par exemple)

Il va ouvrir un espace dans le monde des connaissances et des passions humaines à travers son poème « De la Nature » et va proposer un enseignement dans une approche philosophique à l’image de la Renommée d’une déesse ou de celle du pouvoir issue de la richesse de l’enseignement grec qui repose sur le questionnement de la perfection par rapport à soi. La tradition philosophique considère Parménide comme le père fondateur de la métaphysique par son affirmation de la réalité d’un Être, ainsi que de l’inséparabilité entre cet Être, la pensée et l’agir. Platon se réclamera de cette conception de Parménide, et c’est ce qui amènera l’idée qu’en philosophie, il y a un avant et un après Parménide (1). Lui-même fut influencé par Anaximandre de Milet, mais il ira beaucoup plus loin que lui dans le symbolisme et la poétique pour définir la nature du sujet.

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A la différence de la philosophie d’Anaximandre où la nature serait l’ « Arché », l’origine de tout, et qui soulève l’image d’un langage infranchissable dont la nature seule possède la clef de l’idée de la perfection (« la parole perdue »), Parménide, lui, prend l’initiative de nous resituer dans un monde immanent, en greffant dans le volume de notre univers, l’idée de sa sacralisation par l’action et les pensées de l’Être dans sa permanence, dans le dévoilement de la vérité donnée aux conceptions humaines dans la recherche de ce qui peut être juste en révélations de sa liberté soutenue par les désirs de son amour du ciel et de la terre, un juste milieu, le monde de l’Eros.

Dans cette approche, les vertus comme la justice, le courage, la prudence et la tempérance sont les seules sources de la vérité et elles représentent l’opposition entre la renommée de la divinité, ayant créé le dialogue de l’Eros, en ouvrant d’une certaine manière le bonheur du voyage terrestre et du céleste ouvert à tous comme la perfection en soi à s’identifier à la Renommée elle-même, comme dévoilement initiatique de la vie. Parménide veut rompre l’ultime cercle d’une dimension abstraite, en ramenant la clef de l’idée de la perfection du monde au monde des idées dans des devoirs comme la source réelle de la perfection du monde, des hommes et de la nature, et ce, à-travers les mondes souterrains, terrestres et célestes. Dans ce sens, il renforce la notion d’Être et ce qui en découle comme source d’inspiration en de multiples voyages initiatiques dans la pensée, à-travers des vérités et des opinions plurielles baignant dans une lumière venue d’ailleurs, comme une grâce, comme un éclair vivifiant la nature du combat du « bien être » ou de la tentation de ne « plus être ».

temple du parthénon acropole d'Athènes
temple du Parthénon

Parménide ne cherche pas la nature physique du Principe mais il expose le Principe comme idée intelligible, une et plurielle. Il veut franchir les limites du langage, dans la transmission de vérités dont la principale seraient le sens et la réalité à donner au mot « Être », en utilisant une correspondance avec penser et agir comme seules réalités de la perfection du monde des hommes qui tentent de vivre une expérience collective et individuelle qui les font participer à l’idée de l’existence d’une source in-engendrée et présente en toute chose. Il s’agit de réveiller les muses de l’âme, de libérer les corps, en faisant de chaque quête, « une résonance du coeur de l’universel », comme l’écrit Parménide dans une formulation de voyage initiatique et poétique dans « De la Nature », s’adressant à l’apaisement du pouvoir des sens : « Les cavales m’ont conduit aussi loin que mon coeur pouvait le désirer puisqu’elles m’ont entraîné sur la route abondantes en révélations de la divinité, qui franchissent toutes cités, porte l’homme qui sait. Il faut que tu sois instruit de tout, sans tremblement de la vérité. Apprends aussi comment la diversité qui fait montre d’elle-même devait déployer une présence digne d’être reçue, étendant son règne à travers toutes choses ». Notons que le mot cavales est employé dans le sens de l’inconscient dont la force dépasse toute contrainte.

Parménide, au-delà du temps passé, nous adresse une réflexion au présent sur ce qui est mesurable, en traçant un horizon sous forme d’une divinité métaphysique afin d’exalter la diversité des connaissances et des désirs pour établir et déployer la stature de la liberté et de la noblesse qui se donne de l’ UN dans l’être, non pas absolu, mais double par sa filiation d’Être au sens de l’ UN ! Pour lui, cette divinité est notre liberté de penser par des opinions et des vérités spéculatives liées aux apparences et qui donnent ainsi au paraître la forme géométrique d’une spirale sans fin (Le « Tout ce qui monte converge » de Pierre Teilhard de Chardin), sans exigence absolue. Elle symbolise un monde d’idées et d’illusions sur notre devenir, à l’image d’un temple inachevé. Cette divinité ressemblerait assez à ce que nous entendrions du concept de « Grand Architecte de l’Univers ». Ce que le philosophe veut démontrer, ce n’est pas l’indiscrétion de la question posée à l’adresse de la divinité (ou de la déesse !), mais les révélations que l’on attend sur l’indiscrétion de sa propre nature et qui viendrait déstabiliser la question du miroir aveugle comme une divinité en soi. En fait, la renommée de la divinité, ne serait que le reflet de notre propre désir d’être et notamment du vécu des désirs impérieux. D’une certaine manière, le raisonnement dissous en nous une conception de la pensée unique, comme vérité et seule perfection du monde et nous projette dans un au-delà de visions utopiques, en soulignant l’harmonie entre les connaissances de la nature terrestre et célestes, en donnant naissance à « ce qui est juste ».

Parménide, d’une certaine façon, est proche d’une pensée maçonnique.Un certain nombre de ses idées nous sont communes :

– L’acceptation d’un Principe de régulation du Cosmos dans lequel nous pouvons vivre notre croyance, en lui laissant le champ de la liberté de conscience d’une évolution possible et sans doute souhaitable, y compris celle de ne plus croire. Un Être qui ne réclame pas une théologie, ni même une philosophie, mais relève plutôt de l’ « Apeiron » (2) : l’illimité, l’indéfini, l’indéterminé, à la manière de la définition du Tao chez Lao-Tseu. Il est le principe et l’élément de tout ce qui existe.

– La volonté de ne pas imaginer que l’homme peut bâtir l’immuable (la construction et les deux démolitions du temple de Jérusalem sont là pour nous le rappeler !) : tout devient parce que tout coule (Le « Panta Rhei » d’Héraclite), d’où l’abandon au dynamisme cosmique comme le « Wou Wei », s’abandonner, taoïste ou le « Gelassenheit », le « laisser tomber » de Maître Eckhart. Seul l’Être existe, donc il serait la seule réalité intelligible. Mais est-il en concept ou l’image de l’immense dynamisme permanent de la nature dans lequel nous sommes partie-prenante ? Donc, notre vie-même ne ferait-elle pas de nous des dieux ?

– Pas de catéchisme, juste des questions. La foi réside en l’abandon au réel pour Parménide et à l’acception de la question comme destin de l’homme. En cela, existe un parallèle avec Hérodote (-484,-425 avant J-C) quand il écrit : « La connaissance humaine, semble t-il, est semblable à une toile d’araignée : chaque fil que nous filons, chaque parcelle que nous découvrons, n’est qu’une partie d’un tout que nous ne pouvons jamais embrasser dans sa totalité ». Humilité qu’un Maçon partage sur le chantier de sa vie personnelle et collective.

Cet aléatoire, ce va et vient entre raison et désirs, entre ordre et désordre, ne peut nous conduire qu’à la tolérance qui n’est qu’un partage de l’égalité devant l’incertitude Et, si on veut, aller même jusqu’à la fraternité comme conséquence de notre liberté métaphysique trouvée ou retrouvée…

Tiens, on va même, au-delà des siècles, inclure Parménide dans notre chaîne d’union !

 NOTES

– (1) Platon : Le Parménide in « Oeuvres complètes » . Paris. Ed. Flammarion. 2011. (pages 1105 à 1170)

– (2) Apeiron : Concept présenté par Anaximandre au VIe siècle avant J.C, pour désigner ce principe originel que recherchaient les tenants de l’école milésienne.

 BIBLIOGRAPHIE

– Balaudé Jean-François : Le vocabulaire des Présocratiques. Paris. Ed. Ellipses. 2011.

– Bloch Raymond : La divination dans l’Antiquité. Paris. PUF. 1984.

– Bruit Zaidman et Schmitt Pantel Pauline : La religion grecque. Paris. Ed. Armand Colin. 1989.

– De Romilly Jacqueline:La Grèce antique à la découverte de la liberté. Paris. Ed. De Fallois.1989.

– Dumont Jean-Paul : Les écoles présocratiques. Paris. Ed. Gallimard. 1991.

– Dumont Jean-Paul: La philosophie antique. Paris. PUF. 1974.

– Frontisi-Ducroux Françoise : L’ABCdaire de la mythologie. Paris. Ed. Flammarion. 1999.

– Mazel Jacques : Socrate. Paris. Ed. Fayard. 1987.

– Nietzsche Friedrich : Philosophie à l’époque tragique des Grecs. Paris. Ed. Gallimard. 1990.

– Richir Marc : La naissance des dieux. Paris. Ed. Hachette. 1995. – Vernant Jean-Pierre : Religions, histoires, raisons. Paris. Ed. Maspero. 1979.

Au cœur des valeurs républicaines, le regard d’une franc-maçonne

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« Liberté, égalité, fraternité » est la devise républicaine de la France, symbolisant les valeurs fondamentales sur lesquelles repose notre République.

Source, site de la Présidence de la République

Ces trois mots incarnent les idéaux révolutionnaires et ont été adoptés au fil du temps pour représenter les principes directeurs de la nation. À ces trois notions, les français ajoutent, bien volontiers, ceux de laïcité et solidarité, qui sont également des valeurs profondément ancrées dans la société française et qui complètent l’idéal républicain.

Nous en voulons pour preuve l’action récente du maire d’Étampes. Une démarche symboliquement forte, mettant en avant l’importance de la laïcité comme pilier de la société française, en particulier dans le contexte éducatif. La décision de marquer physiquement les espaces éducatifs avec le principe de laïcité réaffirme l’engagement de la ville envers la neutralité religieuse et le respect de toutes les croyances dans l’espace public, en accord avec les lois françaises sur la laïcité.

La mise en avant de la laïcité devant les écoles souligne l’importance de transmettre aux jeunes générations les valeurs de la République française, incluant la liberté de conscience et le principe selon lequel l’école publique doit rester neutre en matière religieuse. Cette initiative peut être vue comme une extension de l’engagement de la République envers la protection de l’espace public contre les influences partisanes et en faveur de la promotion d’un environnement éducatif inclusif et respectueux de la diversité.

L’ajout du terme laïcité à la devise républicaine par le maire d’Étampes a suscité des discussions et des débats, reflétant la place centrale et parfois contestée de la laïcité dans la société française. Elle rappelle que la laïcité est à la fois un principe de liberté, permettant à chacun de vivre selon ses convictions, et un principe de vivre-ensemble, garantissant que l’espace public reste un lieu de neutralité et de respect mutuel.

Revenons aussi sur ces différentes notions :

La liberté fait référence à la liberté individuelle et collective, permettant aux citoyens de vivre selon leurs choix, tant que cela ne nuit pas aux autres. Cela englobe la liberté d’expression, la liberté de religion, et la liberté de pensée ;

L’égalité concerne l’égalité devant la loi pour tous les citoyens, sans discrimination basée sur l’origine, la race, le genre, ou toute autre caractéristique personnelle. Cela vise à garantir les mêmes droits pour tous et à promouvoir une justice équitable ;

La fraternité encourage le sentiment de solidarité et de soutien mutuel entre les citoyens, promouvant une communauté unie où chacun contribue au bien-être collectif et se préoccupe du sort des autres.

Quant à la laïcité, c’est un principe clé de la République française, établi par la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. La laïcité garantit la liberté de conscience, permet à chacun de pratiquer sa religion ou de ne pas en pratiquer, et assure la neutralité de l’État vis-à-vis de toutes les croyances religieuses. Cela crée un espace public où toutes les croyances sont respectées et où l’État ne favorise ni ne discrimine aucune religion.

Quant à la solidarité, elle renforce l’idée de soutien mutuel et de responsabilité partagée au sein de la société. Cela se manifeste par des systèmes de protection sociale, des initiatives communautaires, et un engagement envers les plus vulnérables. La solidarité est fondamentale pour construire une société plus inclusive et résiliente.

Ensemble, ces valeurs forment un socle éthique et moral qui guide le fonctionnement de la société française et exprime son idéal de vivre ensemble. Elles sont essentielles à la cohésion sociale, à la justice, et à la liberté dans le pays, reflétant l’aspiration à un équilibre entre les droits individuels et le bien-être collectif.

Après avoir clairement défini ces cinq notions, concepts ou principes, nous développerons ce que le travail de réflexion du franc-maçon dans le temple et dans la cité peut apporter à la société française sur ces thématiques.

Le travail de réflexion du franc-maçon, tant dans le temple maçonnique que dans la société (la cité), offre une perspective unique sur l’interprétation et l’application des valeurs républicaines de la France : liberté, égalité, fraternité, laïcité, et solidarité. La franc-maçonnerie, avec ses idéaux de perfectionnement de l’individu, de quête de la vérité, et d’engagement envers le bien commun, peut jouer un rôle significatif dans la promotion et la réalisation de ces principes fondamentaux. Voici comment :

Liberté, Égalité, Fraternité
Liberté, Égalité, Fraternité

La liberté

Les francs-maçons valorisent la liberté de pensée et d’expression comme un droit fondamental de l’être humain, ce qui résonne avec la notion républicaine de liberté. Dans leurs loges, ils encouragent le dialogue et l’échange d’idées dans un esprit d’ouverture et de respect mutuel. En dehors du temple, ils peuvent agir en faveur de la liberté en défendant les droits individuels, en soutenant les initiatives qui promeuvent la liberté d’expression, et en luttant contre toutes les formes de censure et de discrimination. Leur engagement pour la liberté contribue à maintenir un espace public vibrant et diversifié, essentiel au fonctionnement démocratique de la société.

L’égalité

L’égalité est au cœur des valeurs maçonniques, avec un accent particulier sur l’égalité des chances et le mérite individuel. En interne, les francs-maçons pratiquent l’égalité en traitant tous les membres avec le même respect, indépendamment de leur statut social, de leur race, ou de leur religion. Cette pratique renforce le principe d’égalité dans la cité en inspirant des actions qui visent à réduire les inégalités sociales et économiques, et à promouvoir l’accès égal aux opportunités pour tous. Les francs-maçons peuvent s’engager dans des initiatives éducatives et sociales qui favorisent l’inclusion et l’équité, contribuant ainsi à une société plus juste.

La fraternité

La fraternité est l’une des pierres angulaires de la franc-maçonnerie, se manifestant par une forte solidarité entre ses membres et un engagement envers le bien-être de la communauté. Cette valeur trouve un écho dans la notion républicaine de fraternité, qui appelle à une solidarité plus large entre tous les citoyens. En pratiquant la bienveillance et le soutien mutuel, les francs-maçons peuvent inspirer des actions concrètes pour renforcer le tissu social, en aidant les plus vulnérables et en promouvant un esprit de coopération et de soutien communautaire.

La laïcité

La laïcité, principe fondamental de la République française, trouve une résonance particulière dans la franc-maçonnerie, qui prône la liberté de conscience et la séparation des églises et de l’État. Les francs-maçons travaillent à promouvoir un espace public neutre, où toutes les croyances sont respectées et où l’État agit de manière impartiale envers toutes les religions. En soutenant la laïcité, les francs-maçons contribuent à maintenir un équilibre délicat entre liberté de religion et préservation de l’espace public comme lieu de rencontre pour tous, indépendamment des croyances individuelles.

La solidarité

La solidarité est profondément ancrée dans les pratiques maçonniques, qui encouragent l’aide et le soutien aux membres de la loge ainsi qu’à la communauté élargie. Cela complète la vision républicaine de la solidarité comme fondement d’une société cohésive et résiliente. Par leur engagement social et caritatif, les francs-maçons peuvent apporter une contribution significative à la construction d’une société où le soutien mutuel et la responsabilité partagée sont valorisés et pratiqués.

En résumé, le travail de réflexion et d’action des francs-maçons, dans le temple comme dans la cité, enrichit et approfondit l’application des valeurs républicaines. Leur engagement envers ces principes contribue non seulement à leur réalisation concrète dans la société française, mais aussi à la promotion d’un idéal de vivre ensemble qui est à la fois respectueux des différences individuelles et engagé envers le bien commun.

Les valeurs de la République à l’école

La vison d’une sœur sur ces 5 principes…

Une franc-maçonne peut apporter une réflexion profonde sur la liberté, non seulement en termes de liberté individuelle mais aussi en matière de libération des stéréotypes de genre. En mettant l’accent sur la liberté de choix et d’expression pour tous, y compris les femmes et les minorités, elle peut contribuer à élargir la compréhension et l’application de cette valeur dans tous les aspects de la société.

L’égalité est un domaine où la vision féminine est particulièrement cruciale. Les femmes franc-maçonnes, confrontées aux défis de l’égalité de genre au sein et en dehors de la loge, peuvent promouvoir des politiques et des pratiques qui visent à réduire les inégalités sous toutes leurs formes. Leur expérience unique peut éclairer les discussions sur l’égalité des chances, l’équité salariale et la lutte contre la discrimination.

Bien que traditionnellement exprimée en termes masculins, la notion de fraternité bénéficie grandement d’une interprétation inclusive qui embrasse la sororité. Une franc-maçonne peut réinterpréter cette valeur pour souligner l’importance des liens de solidarité et de soutien entre toutes les personnes, indépendamment de leur sexe, en promouvant un sens élargi de la communauté et de l’entraide.

La solidarité, vue à travers les yeux d’une femme franc-maçonne, englobe une sensibilité accrue aux questions de justice sociale, notamment en ce qui concerne les droits des femmes, des enfants et des familles. Par leur engagement dans des œuvres caritatives et sociales, elles peuvent mettre en lumière des aspects de la solidarité souvent négligés, comme le soutien aux victimes de violence domestique ou la promotion de l’éducation pour les filles.

La perspective féminine peut également enrichir la compréhension et l’application de la laïcité. Les femmes, y compris celles qui sont franc-maçonnes, ont souvent une approche nuancée de la religion et de la spiritualité. En promouvant une interprétation de la laïcité qui respecte la liberté de conscience tout en maintenant la neutralité de l’espace public, elles peuvent contribuer à un dialogue constructif sur la coexistence pacifique des diverses croyances et convictions dans une société pluraliste.

Une vision féminine, en général, et d’une franc-maçonne, en particulier, sur les valeurs de liberté, égalité, fraternité, solidarité et laïcité peut catalyser l’évolution de ces principes vers une application plus inclusive et équitable. Cette perspective peut aider à remettre en question les normes établies, à promouvoir une plus grande empathie et compréhension mutuelle, et à enrichir le tissu social en intégrant les voix et expériences de toutes les parties de la société.À mes sœurs, le combat pour l’égalité et la justice continue, inlassablement. Il ne s’est jamais vraiment interrompu; il se réinvente, se transforme et gagne en force à chaque étape franchie. Ensemble, nous avons traversé des tempêtes, fait face à des défis immenses, et pourtant, notre détermination reste indéfectible. Ce chemin que nous parcourons ensemble est pavé de solidarité, d’espoir et d’une résilience qui nous est propre. N’oublions jamais la puissance de notre union et la force qui réside en chacune de nous. Debout, le combat continue, et c’est ensemble que nous ferons face aux obstacles, avec la conviction profonde que notre cause est juste et notre victoire inévitable.

Voyage initiatique : Comment cheminer au Rite Émulation…

Alors qu’à l’automne dernier, nous vous rendions compte de l’ouvrage de Gérard Mayau1 Émulation-Le troisième degré-Au cœur de la Franc-Maçonnerie spirituelle, cette fois-ci, la bonne nouvelle du printemps est celle de la publication de Émulation-Le premier degré-Fondations du Maçon.

Pour les maçons ou nos amis(ies) non initiés(iès) ne pratiquant pas le Rite Anglais de Style Émulation, faisons un bref rappel historique.

Le Rite Émulation, également connu sous le nom de Rite Anglais de Style Émulation ou Rite d’Union, dit Émulation ou encore Emulation Working a été constitué par la Grande Loge Unie d’Angleterre (GLUA) – mère de toutes les grandes loges dites « régulières et de tradition » – entre 1813 et 1816. Cette formation est le fruit d’un effort pour unifier les pratiques maçonniques sous une seule autorité après des années de division et de diversité dans les rituels. L’unification a été achevée avec la fusion des deux Grandes Loges concurrentes – les « Anciens » et les « Modernes » – en Angleterre, marquant une étape significative dans l’histoire de la Franc-Maçonnerie.

Le Rite Émulation est reconnu pour son approche strictement structurée et codifiée de la cérémonie maçonnique, mettant l’accent sur la mémorisation précise et la récitation exacte des rituels. Ce rite ne prescrit pas seulement les mots et les gestes, mais aussi le ton et le rythme de la parole, ce qui le distingue d’autres pratiques maçonniques où une plus grande liberté peut être accordée aux membres dans l’exécution des rituels.

Colonnettes terrestre et céleste

Ce rite met en avant l’importance de l’éducation et de la formation morale des francs-maçons, en utilisant les outils et symboles de la maçonnerie – le Craft, le Métier – comme métaphores pour des leçons de vie. L’objectif est d’inciter chaque membre à l’amélioration personnelle et à la recherche de la vertu, en s’appuyant sur le mimétisme et l’émulation des qualités respectables. La structure formelle et le sérieux avec lequel le Rite Émulation aborde l’enseignement de ses valeurs attirent de nombreux membres qui cherchent une expérience maçonnique plus formelle et disciplinée.

Le Rite Émulation joue un rôle crucial dans le paysage maçonnique, non seulement en conservant les traditions mais aussi en mettant l’accent sur une pratique rigoureuse et méthodique. Du par cœur par le cœur !

Gérard Mayau explore en profondeur le rituel d’Émulation au sein de la Franc-Maçonnerie. Il apporte une expertise unique en abordant la pratique maçonnique à travers un prisme à la fois historique et contemporain.

DETRAD – Tablier d’apprenti

Dans son avertissement, l’auteur rappelle que l’historien, tout comme le juriste – qu’il est d’ailleurs –, travaille sur des documents qu’il convient de comprendre puis d’interpréter. Il rappelle aussi comment la maçonnerie est née à Londres au début du XVIIIe siècle. Mais c’est dans son avant-propos « Franc-maçonnerie et spiritualité » qu’il précise que le modèle Émulation organise le premier pas régulier en franc-maçonnerie. Un rite placé sous l’emblème de cette valeur cardinale au premier grade qu’est la force, établissant ainsi les fondations d’une construction qui conduira l’initié jusqu’au 3e degré. Gérard Mayau rappelle aussi que « la Maçonnerie devient le centre de l’Union et le moyen de promouvoir la véritable Amitié entre des Personnes qui eussent dû en rester perpétuellement séparées », reprenant l’article 1er des Constitutions dites d’Anderson de 1723. Il n’hésite pas à mettre en avant la phrase Goethe, initié en 1780, qui écrivait « le but, c’est le chemin » dont l’idée encapsule la notion que la poursuite d’un objectif est aussi important que l’atteinte de l’objectif final. Cela reflète l’enseignement maçonnique selon lequel le voyage personnel de chaque individu—son perfectionnement, son éducation et son développement moral et spirituel—est crucial. En franc-maçonnerie, ce cheminement est symbolisé par les divers degrés d’initiation et les rituels qui marquent le passage et la croissance de ses membres.

La louve – Suisse, 1420 ; louve : instrument de levage des pierres taillées Site francmaconcollection.fr

Cet ouvrage commence donc par le premier garde…

Le livre se divise en deux parties principales. La première partie se concentre sur la « Loge Émulation », traitant de son histoire, de son importance pour les initiés, des officiants, et surtout des symboles, éléments clés de l’identité maçonnique. Ces chapitres détaillent comment les symboles et les rôles au sein de la loge contribuent à l’éducation morale et spirituelle des membres.

La seconde partie est dédiée à « L‘initiation au premier degré », décrivant minutieusement le chemin vers l’initiation et le processus d’apprentissage qui s’ensuit. Gérard Mayau met en lumière les étapes spécifiques de l’initiation, enrichies par des « Emulation Lectures » qui approfondissent la compréhension et l’engagement des nouveaux membres.

Rudyard Kipling Lodge – Le mot Lewis ou Louve signifie « Force »

L’ouvrage se distingue par sa capacité à lier les racines historiques de l’art royal, notamment ses fondations chrétiennes et ses influences des Lumières, à des applications modernes qui restent pertinentes dans le monde actuel. Gérard Mayau argumente que malgré les changements séculaires, les principes de base de la franc-maçonnerie et particulièrement du rituel d’Émulation restent vitaux pour fournir un cadre de paix et d’harmonie.

En somme, ce dernier opus de Gérard Mayau est une lecture essentielle pour ceux qui s’intéressent non seulement à la pratique maçonnique spécifique de l’Émulation, mais aussi à l’évolution de la franc-maçonnerie à travers les siècles. L’ouvrage sert de guide pour comprendre comment les traditions anciennes peuvent toujours servir de fondations solides à la croissance personnelle et collective dans le contexte moderne.

Gérard Mayau offre un ouvrage à la fois riche en enseignements et accessible, indispensable pour les maçons cherchant à approfondir leur compréhension et pratique du premier degré.

Gérard Mayau

1Sur le plan académique, Gérard Mayau possède un parcours multidisciplinaire remarquable. Après avoir complété un deuxième cycle en histoire, il a poursuivi ses études dans plusieurs domaines spécialisés, obtenant des diplômes de troisième cycle en droit, en sciences économiques, en sciences politiques, et en criminologie. Cette formation éclectique lui a fourni une base solide pour naviguer dans divers secteurs professionnels.

Sa carrière professionnelle est tout aussi impressionnante et variée. Gérard a débuté comme directeur juridique et des affaires immobilières pour la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, où il a acquis une expertise significative en gestion immobilière et juridique. Il a ensuite rejoint Cogedim, une société de développement immobilier, où il a occupé les postes de Secrétaire Général, de Président de filiales régionales et de directeur général adjoint. Sa trajectoire ascendante l’a conduit au Groupe Ribourel, où il a assumé la fonction de Président Directeur Général, avant de prendre des responsabilités encore plus étendues chez Dumez Immobilier et Dumez Real Estate North America, où il a servi en tant que Président Directeur Général et Chairman CEO, respectivement. Plus récemment, il a été Président de la Compagnie Générale d’Engineering Immobilier, consolidant ainsi sa réputation dans le secteur de l’immobilier et de l’ingénierie.

Gérard Mayau se distingue par sa capacité à allier expertise juridique, gestion d’entreprise et leadership, ce qui fait de lui une figure de proue dans son domaine, tout en conservant un engagement profond envers les principes éthiques et éducatifs de la franc-maçonnerie.

Émulation-Le premier degré-Fondations du Maçon

Gérard MayauCépaduès, Coll. de Midi, 2024, 256 pages, 26 €

Disponible dans toutes les bonnes librairies de France et de Navarre. Achetez dans votre zone, chez votre libraire préféré, pour qu’il continue à vous conseiller, à vous inspirer, à vous faire rêver et, surtout, à animer votre quartier !  

Logo de la région Occitanie

Lieu symbolique : La vallée de Chevreuse, ses forêts secrètes, ses croyances et légendes fabuleuses…

La vallée de Chevreuse, nichée dans le cœur de la région Île-de-France, est un lieu empreint de mystère et de légendes, où le patrimoine naturel et historique se mêle à des récits séculaires.

Dans l’écrin mystérieux de vallons enveloppés de brume et au cœur de nos forêts recelant des secrets, les contes, les légendes et les récits ancestraux ont gravé leurs marques indélébiles… Entrons dans les voies qui nous sont désormais pénétrables.

Le dolmen de la Pierre Ardoue à Saint-Léger-en-Yvelines

Ce monument mégalithique, témoin silencieux d’une époque révolue, est enveloppé de mystère. Le dolmen de la Pierre Ardoue, avec ses imposantes pierres dressées, est souvent associé à des rites ancestraux et à des croyances en des forces telluriques. La légende raconte que ce lieu était un site sacré pour nos ancêtres, où ils se rassemblaient pour des cérémonies liées à la fertilité de la terre et à la vie après la mort.

Plus prosaïquement, la Pierre Ardoue, avec ses variantes de nom Pierre Ardroue ou Pierre Ardoué, est un site fascinant de par son histoire et sa description. Côté histoire, la première mention de ce dolmen remonte à 1764 sur une carte de Berthier. Et à la fin du XVIIIe siècle, il a été vidé et modifié pour servir d’abri pour des animaux pour être finalement classé monument historique le 23 mai 1906, avec un classement confirmé en 1924.

Situé au cœur de la forêt de Rambouillet, près du village de Saint-Léger-en-Yvelines et des Buttes Rouges, il est constitué d’une table en grès, avec les dimensions actuelles de la table étant de 3 m de long sur 3,60 m de large d’un côté et 2,40 m de large de l’autre, avec une épaisseur moyenne de 0,55 m. La table était plus grande à l’origine mais a été réduite d’environ un cinquième de son volume à la fin du 18e siècle. Ce dolmen représente donc un élément important du patrimoine historique et archéologique de la région, malgré les modifications qu’il a subies au fil du temps et l’absence de découvertes significatives en termes d’artefacts ou de restes humains. Son emplacement et sa structure restent des sujets d’étude précieux pour comprendre la préhistoire de cette partie de la France.

Le Lavoir de la source aux Fées à Saint-Forget

Le Lavoir de la source aux Fées, caché au creux d’un écrin de verdure, est réputé pour ses eaux cristallines censées avoir des propriétés curatives. Selon la légende, des fées bienveillantes habiteraient ces lieux, offrant protection et guérison à ceux qui viennent y puiser de l’eau. Ce site enchanteur continue d’attirer les curieux, désireux de ressentir la magie des lieux.

Sainte Anne et la fontaine vertueuse à Bullion – Hameau de Moutiers

La fontaine vertueuse, dédiée à Sainte Anne, est réputée pour ses vertus miraculeuses, notamment pour guérir les maladies des yeux. La tradition veut que l’eau de cette source sacrée, bénie chaque année lors d’un pèlerinage, possède des pouvoirs de guérison transmis par Sainte Anne elle-même. Ce lieu de recueillement attire les pèlerins en quête de soulagement et de bénédiction.

La fontaine vertueuse à Bullion

Qualifiée de source druidique, la fontaine Sainte-Anne était aussi réputée pour guérir la stérilité et protéger les récoltes. On lui prête aussi la faculté d’exaucer les vœux en lançant une pièce dans le bassin.

Le taureau et la statue de la Vierge / Abbaye Notre Dame de la Roche à Lévis-Saint-Nom

Près de l’abbaye Notre-Dame de la Roche se trouve une statue de la Vierge, au cœur d’une légende fascinante liant le sacré et le profane. On raconte qu’un taureau, en labourant le sol, aurait découvert cette statue, la rendant ainsi aux fidèles. Ce récit symbolise la révélation divine cachée dans la simplicité de la nature, unissant les croyants dans leur foi.

La Fontaine Saint-Thibaud, source de fertilité à l’Abbaye des Vaux de Cernay

La Fontaine Saint-Thibaud est réputée pour être une source de fertilité. Les couples désireux d’avoir des enfants viennent y puiser de l’eau, espérant que la bénédiction du saint patron de la fertilité exauce leurs vœux. Entourée d’un cadre paisible, cette source est un lieu chargé d’espoir et de foi pour de nombreux visiteurs.

L’eau miraculeuse de la source Saint Fort à Poigny-la-Forêt

La source Saint Fort est connue pour ses eaux miraculeuses, ayant le pouvoir de guérir et de protéger. Selon la légende, Saint Fort, par ses prières, fit jaillir cette source dans un geste de compassion pour les habitants de la région. Les eaux de cette source sont depuis lors synonymes de guérison et de protection divine.

Chacun de ces lieux, ancré dans les traditions et les croyances locales, témoigne de la richesse culturelle et spirituelle de la vallée de Chevreuse, faisant de cette région un véritable livre ouvert sur l’histoire et les mystères de la France.

Prieuré des Moulineaux et fontaine oratoire Saint-Fort

En savoir + sur les sites légendaires du parc naturel de la vallée de Chevreuse.

Cambodge : Création d’une nouvelle loge à Phnom Penh

De notre confrère lepetitjournal.com – Par  Lepetitjournal Cambodge

Raoul Jennar souhaite créer une loge, en adéquation avec les idées du Grand Orient de France (GODF). Il est à la recherche de trois autres frères maîtres, qui souhaiteraient le rejoindre et s’investir pleinement.

Il existe actuellement à Phnom Penh deux loges francophones appartenant à deux obédiences différentes de la Franc-Maçonnerie : la Grande Loge de France (GLDF) et la Grande Loge Nationale Française (GLNF). La Grande Loge de France (GLDF) et la Grande Loge Nationale Française (GLNF) sont deux des principales obédiences maçonniques en France qui partagent plusieurs similitudes. Notamment dans le fait qu’elles poursuivent des buts similaires en termes de développement personnel, de recherche spirituelle et morale, et de contribution aux progrès de valeurs humanistes. cette nouvelle loge entend accorder la primauté à la liberté de conscience et à la laïcité.

En 1894 se crée ainsi la Grande Loge de France. La seconde voit le jour en 1913 sous le nom Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies Françaises (GLNIR) prenant le nom de Grande Loge Nationale Française en 1948. Elle est reconnue dès sa création par la Grande Loge Unie d’Angleterre (GLUA). Il s’agit, avec des degrés divers dans les deux cas, de maintenir une référence à Dieu, Grand Architecte de l’Univers. Elles travaillent toutes deux sur des questions philosophiques et symboliques. Rappelons-nous qu’en 1877, le Grand Orient de France abandonne l’obligation de croire au GADLU, le GODF ouvre ainsi ses portes à une approche plus humaniste et met l’accent sur les valeurs éthiques et morales sans souffrances les ancrer dans un contexte théiste.

Ces deux obédiences sont exclusivement masculines contrairement au Grand Orient qui est mixte et au sein duquel on débat à la fois de questions spirituelles, mais aussi de sujets de société.

Raoul Jennar souhaite créer une loge , en adéquation avec les idées du Grand Orient de France. Mais pour que la loge puisse être reconnue par le Grand Orient de France, il faut qu’elle regroupe dix maîtres (un grade propre à la franc-maçonnerie). Or, il n’est pour l’instant accompagné que de sept maîtres. Il est donc à la recherche au moins de trois autres maîtres, qui souhaiteraient les rejoindre et s’investir pleinement.

Cette loge portera le nom de Filles et Fils de Chatomouk et sera donc mixte. 

 

Raoul Jennar, un érudit belge amoureux du Cambodge

Raoul Jennar est né en 1946 en Belgique. Il a suivi des humanités gréco-latines, puis des études de littérature et d’histoire ainsi que de science politique. De 1968 à 1988, il est professeur de français, puis conseiller au gouvernement et au parlement belge. À la suite d’une visite dans les camps de réfugiés de plusieurs pays du sud-est asiatique, il se familiarise avec l’histoire et les enjeux politiques des pays de la péninsule indochinoise. 

De 1989 à 1999, il part vivre au Cambodge en tant que consultant pour des ONG, ensuite pour l’Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge (APRONUC), puis pour l’UNESCO, où il a été chargé de mettre en œuvre le programme Culture de Paix. En 1997, il fut appelé à servir comme consultant auprès de l’Union européenne, suite aux événements politiques de cette année-là.

De 1999 à 2007, il est de retour en Belgique où il utilise son expertise au sein du réseau Oxfam International. Il travaille sur de nombreuses problématiques liées à la mondialisation et s’intéresse plus particulièrement aux dossiers de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Il est ensuite rappelé par le gouvernement cambodgien en 2007 et travaille comme consultant pour les questions de frontières. Il s’installe définitivement dans le pays. Il sera expert de l’ONU auprès du tribunal Khmers rouges en 2008-2011.

Son parcours professionnel a ainsi été marqué par son fort engagement, notamment dans la promotion de la paix, ainsi que par sa capacité à naviguer dans des contextes multiculturels et politiquement sensibles.

Raoul Marc Jennar
Raoul Marc Jennar

Un engagement franc-maçon de longue date 

Parallèlement à son parcours professionnel, il a rejoint en 1974 la loge de Bruxelles appelée « Les Amis Philanthropes ». C’est l’une des deux plus anciennes loges de la ville. Fondée en 1798 comme loge militaire, elle fait partie du Grand Orient de Belgique (GOB). Elle est à l’origine de la création de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et notamment de la rédaction de la loi de dépénalisation de l’avortement.

Quand il déménage en France, Raoul rejoint d’autres loges maçonniques du Grand Orient de France. Mais lorsqu’il part vivre au Cambodge, il ne se résigne pas à ne plus fréquenter de loges maçonniques, aucune n’existant qui soit rattachée au Grand Orient.

 

Histoire et idées de l’obédience maçonnique du Grand Orient

L’obédience du Grand Orient de France (GODF) a une histoire riche et complexe qui remonte au début du XVIIIe siècle, dans le contexte philosophique du siècle des Lumières. Fondée en 1728, elle a pris son nom actuel en 1773 à Paris. Elle est l’une des plus anciennes et des plus influentes obédiences maçonniques.

Dès ses débuts, le Grand Orient de France était fortement influencée par les idéaux des Lumières, prônant la tolérance religieuse, la liberté de pensée et le progrès social. Il a joué un rôle clé dans la diffusion de ces idéaux humanistes à travers la franc-maçonnerie en Europe.

Au fil des siècles, le Grand Orient de France a été le théâtre de nombreux débats et controverses internes, notamment sur des questions liées à la spiritualité, à la politique et aux relations avec d’autres obédiences maçonniques. Ces débats ont souvent reflété les tensions et les évolutions sociales de la société française.

Dans les années qui ont précédé la Révolution française, le Grand Orient de France a été un foyer d’activisme politique, comptant parmi ses membres de nombreux philosophes et adeptes des réformes démocratiques. Au début de la Révolution, de nombreux membres de l’obédience ont joué un rôle actif dans les événements qui ont conduit à la chute de l’Ancien Régime, en particulier la création de la première assemblée nationale et la La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

Selon Raoul Jennar, “au cours du XIXe siècle, le Grand Orient de France a continué à jouer un rôle important dans la vie politique et sociale de la France, en soutenant des réformes telles que la laïcité de l’État et la séparation des Églises et de l’État en 1905. Au XXe siècle, le Grand Orient de France a été confronté à de nouveaux défis, notamment pendant la montée du fascisme et la répression par le régime de Vichy qui a envoyé des milliers de Maçons dans les camps d’extermination nazis. Malgré ces défis, il est resté un acteur majeur de la vie publique française, promouvant les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de liberté de conscience. Aujourd’hui, le Grand Orient de France continue de jouer un rôle important dans la société française, en promouvant la laïcité, la démocratie et les droits de l’homme. Bien que son influence puisse avoir fluctué au fil du temps, son héritage en tant qu’institution engagée dans la recherche de la vérité, de la justice et du progrès reste profondément ancré dans l’histoire de la franc-maçonnerie française.”

N’hésitez pas à contacter Raoul Jennar à l’adresse suivante si vous êtes intéressé(e)s pour rejoindre cette nouvelle loge du Grand Orient à Phnom Penh : godfffc@gmail.com

Le mot du mois : « Exil »

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Ce mot étrange et dérangeant s’est vu, dès l’Antiquité, affecté d’une double étymologie. Les Grecs y voyaient un avatar de la racine *el-, qui désigne le mouvement qui pousse quelqu’un, que l’on retrouve dans le prosélyte, celui qui s’ajoute aux habitants du pays. Le latin *ambulare exprime initialement l’idée d’aller de tous côtés. *Exul est, au sens propre le « mouvement hors de-« . Les Latins l’ont rapproché, jusqu’à l’assimiler, de *ex-solium, insistant ainsi sur l’idée de quitter un sol natal, contraint et forcé par un décret juridique d’éloignement prononcé à l’encontre d’un individu présumé dangereux pour la société civile, en raison de ses convictions, de ses prises de position politique, de ses actes subversifs.

Bannissement, ostracisme, expulsion du gêneur. Déportation, exode collectif loin de la servitude, de la misère et de la famine. 

L’exil est toujours une condamnation, celle d’un homme, et l’exode contraint un peuple à fuir la servitude vers un ailleurs douloureux, la catastrophe des éléments naturels ou des ennemis déchaînés. Hors de soi, hors du confort coutumier. Au nom d’une différence, réelle, présumée ou instituée.

Quand on sait combien l’identité, à la différence de nos sociétés contemporaines plus nomades et mixtes ethniquement et géographiquement, passe avant tout par l’insertion de l’individu dans un tissu familial, traditionnel, dans une collectivité locale, on peut imaginer sans peine la douleur de cet éloignement forcé.

Il est à noter que l’allemand Elend, la misère, garde trace de ce sens premier d’exil.

Le pouvoir bannit hors du ban, juridiction féodale protectrice, il exile les gêneurs dont la parole, satirique ou trop bien informée, dévoile les agissements délictueux de personnages influents et corrompus. Ce fut le cas, jusqu’au XVIIIe siècle, des « nouvellistes » à la langue bien pendue. Voltaire prit la route de la Suisse, Victor Hugo celle des îles anglo-normandes. Ovide, ami très proche, trop proche sans doute, de l’empereur romain Auguste, se vit exilé sur les rives ombreuses de la Mer Noire.

Et leur exil offre à la littérature les témoignages de leur nostalgie. Entre autres, Les Tristes d’Ovide.

D’autres, tels Dédale et son fils Icare, fuient la vindicte du roi Minos en prenant le chemin des ciels, quitte à y laisser la vie par intempestif plongeon comme le fils, ou d’autres avatars de labyrinthe comme le père. Mais, toujours, les conquérants du ciel échouent dans leur entreprise. Le roi babylonien Etana lâche l’aigle qui l’emporte. Bellérophon, fils de Poséidon, échappant au roi lycien Iobatès qui l’asservit, tue la Chimère, grâce au cheval ailé Pégase, mais Zeus foudroie l’orgueil de cette monture volante.

Comme si l’exil stigmatisait le privilège de ces hommes en recherche de l’absolu, au prix de la douleur, du tourment de l’esseulement, d’une détresse que rien ni personne ne viendra vraiment consoler.

L’émigré, qui fuit ce qui constitue sa géographie mentale, familiale, historique, linguistique, trouvera peut-être un lieu propice à son immigration, sans toutefois être en mesure de renoncer au plus profond de lui à ce qui a tissé ses attaches. Emigré, immigré, avec un statut peut-être reconnu.

Mais le migrant sera toujours celui qui est « en train de migrer », condamné à l’errance, sans lieu où « poser sa valise », celui qu’on ne voit pas, qui en devient transparent à force de non-identité.

Tel le Poète, que Baudelaire compare à l’Albatros, dans le poème éponyme : « Exilé sur le sol au milieu des huées, / Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. »

Mais tout le monde n’est pas poète…

Annick DROGOU

Comme un manque, une absence. En exil de quoi ? D’un paradis perdu, d’une terre promise ? L’exil suppose un retour, au moins rêvé. Pas d’installation définitive. L’exilé ne plante pas d’arbres pour les générations futures. L’exilé se souvient.

En exil de soi ? Peut-être faut-il accepter des exils volontaires, les espérer et les susciter pour ne pas se satisfaire du mol assoupissement des jours, pour comprendre et savoir que nous resterons nomades, éternellement de passage. Se savoir en exil de soi dans la distance qui interdit l’hubris. Renoncement à l’embourgeoisement satisfait, comme un assèchement, une ascèse salutaire.

Jamais installé, jamais arrivé. Dans l’exil ne garder que la patrie du cœur, celle de l’amour. En écho aux mots de Simone Weill : « Aimer un étranger comme soi-même implique comme contrepartie : s’aimer soi-même comme un étranger. » Dans le proche et le lointain. En partance vers l’horizon jamais atteint mais toujours dépassé.

Tous les exilés, les expatriés, les migrants, se savent en exil de sensations familières, du rythme des saisons, de l’odeur d’une cuisine, de la musique d’une langue. Et pourtant tous reconnaissent le même, le toujours-là des émotions universelles, des mêmes inquiétudes des mères sous toutes latitudes, du même besoin de commerces et de rencontres qui font nos vies uniques et semblables. Dans le ciel de nuit de l’exil, les étoiles ont changé d’adresse mais le mystère demeure. Entier. Où que l’on se trouve, où que l’on se perde. 

Jean DUMONTEIL

« Le château étoilé et la parole perdue-Surréalisme & Franc-maçonnerie », au musée de la franc-maçonnerie

« Le château étoilé et la parole perdue-Surréalisme & Franc-maçonnerie », tel est le thème de cette exposition qui se tient au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France). Elle se tiendra du 26 avril au 22 septembre 2024 et met en lumière la connexion entre le surréalisme et la franc-maçonnerie. Les artistes du mouvement surréaliste d’André Breton y exposeront leurs œuvres.

Nous vous invitons à prendre connaissance de la présentation par Guillaume Trichard, Grand Maître du Grand Orient de France, Président du Musée de la franc-maçonnerie :

« Le 15 octobre 1924, paraissait, sous la plume d’André Breton, Le Manifeste du surréalisme.

L’année 2024 marque donc le centième anniversaire de la naissance de ce grand mouvement artistique et poétique qui a exercé une influence majeure sur la création et la culture du XXe siècle ; en France, bien sûr, mais aussi dans beaucoup d’autres pays. À côté de nombreuses manifestations organisées pour ce centenaire, le Musée de la franc-maçonnerie propose lui aussi une exposition autour du surréalisme. Il s’agit moins de commémorer que de saisir une occasion de comprendre le questionnement essentiel que mettaient sur la table de la modernité André Breton et ses amis, au lendemain du drame de la Première guerre mondiale.

Présente dans notre pays depuis près de trois siècles – et particulièrement active sous la IIIe République – il n’est guère étonnant que des artistes aient, à un moment ou à un autre, croisé la franc-maçonnerie. Mais il y a plus que cela et c’est ce qui donne la matière de cette exposition. L’origine même du terme surréalisme touche un peu à la franc-maçonnerie. C’est en effet, en 1917, dans une lettre de Guillaume Apollinaire au poète Paul Dermée qu’apparaît le mot. Or Dermée (Camille Janssen, 1886-1951) est non seulement franc-maçon mais aussi un des cadres du Grand Orient de France. L’homme est un, et Dermée ne vit pas ses choix artistiques indépendamment de son implication en loge. De même, quelques années plus tard, il y a des résonances entre le travail littéraire de Philippe Soupault, co-inventeur avec Breton de l’écriture automatique, et son engagement au Grand Orient de France.

Grand Maître du Grand Orient de France, Président du Musée de la franc-maçonnerie 

L’exposition s’intéresse à une période moins étudiée – et peut-être même volontairement un peu oubliée – du surréalisme : l’après Seconde guerre mondiale. Dès ses débuts, André Breton témoigne d’une vraie curiosité pour l’hermétisme. Il y voit une approche qui permet d’accéder à des profondeurs méconnues de la psyché humaine et de féconder une création poétique nouvelle. Cet intérêt se manifeste ostensiblement en 1945 avec la publication d’Arcane 17 puis, en 1957, avec ce livre inclassable et fascinant qu’est L’art magique.

Entre 1945 et jusqu’à sa mort en 1966, Breton va rassembler autour de lui de jeunes artistes dont le travail se nourrit des traditions initiatiques et symboliques. Beaucoup d’entre eux sont francs-maçons et font de leur pratique maçonnique une source de leur production poétique.

C’est à la découverte de cette rencontre inattendue entre surréalisme et franc-maçonnerie que nous convions le visiteur. Cette manifestation se situe dans le prolongement de l’exposition « Surréalisme et alchimie » organisée l’été dernier par La Rose Impossible pour l’inauguration de la Maison André Breton à Saint-Cirq-Lapopie. Nous avons été particulièrement heureux et fiers de participer à la réouverture de ce lieu magnifique et dorénavant si important pour l’Histoire de l’art du XXe siècle.

Bienvenue dans ce voyage entre symboles, imaginaire et poésie ! »

Un « musée de France » pour découvrir et mieux comprendre la franc-maçonnerie

Pierre Mollier
Laurent Segalini

Curateurs de l’exposition : Patrick Lepetit/Pierre Mollier & Laurent Segalini, Musée de la franc-maçonnerie/Yoan Armand Gil, Venus d’Ailleurs

Consultants : Emmanuel Bauchard, Camille Coppinger, Marie-Dominique Massoni, David Nadeau

Partenaires de l’exposition : La Rose Impossible et le CISCM

Contact presse : Lucie Masse, chargée des publics et de la médiation – 01.45.23.74.09

Renseignements pratiques : Musée de la franc-maçonnerie – Siège du Grand Orient de France – 16 rue Cadet 75009 Paris Tél : 01.45.23.74.09 – Le musée, le site.

Métros : Cadet (ligne 7) ou Grands Boulevards (lignes 8, 9)/Station Vélib’ : Cadet (24-26 rue Cadet) – Contact musée

Horaires : Le musée est ouvert : – du mardi au vendredi : 10h00-12h30 / 14h00-18h00 – le samedi : 10h00-13h00 / 14h00-19h00 – le dimanche : 10h00-12h30 / 14h00-18h00 – Fermeture les lundis et jours fériés.

Voyage au cœur de l’étrange : Une plongée dans le « Dictionnaire de l’Occulte »

Rien que le titre soulève une véritable gageure. Commençons par voir ce qui peut s’entendre par occulte, insolite et fantastique, un art ou un genre littéraire où dominent des éléments surnaturels ou non vraisemblables…

Occulte, du latin occultus, qui signifie caché ou secret, dans son usage le plus courant fait référence à des connaissances ou des pratiques qui sont cachées ou secrètes, souvent en lien avec le surnaturel ou l’ésotérique. L’occultisme englobe une variété de phénomènes mystiques, magiques ou paranormaux, ainsi que les études et pratiques associées à ces phénomènes (magie, alchimie, astrologie, mysticisme, divination). C’est ainsi que l’occultisme a souvent été associé à des sociétés secrètes et à des écoles de pensée qui préservent des savoirs ésotériques accessibles uniquement à leurs initiés.

Quant à l’insolite, il s’agit d’un terme provoquant l’étonnement, la surprise par son caractère inhabituel, contraire à l’usage, aux règles ou par sa conduite inattendue. Faisant souvent référence à des événements,  des comportements – actions ou des rituels qui semblent étranges ou inexpliqués aux yeux des observateurs non initiés –, lieux étranges se distinguant par leur architecture, leur histoire ou leur environnement naturel, mais aussi aux histoires ou légendes avec des récits qui contiennent des éléments fantastiques souvent racontés pour leur aspect spectaculaire ou mystérieux. L’insolite accentue l’aspect de mystère et de découverte, invitant à une exploration plus profonde de ce qui est peu compris ou peu documenté dans les études de l’occulte.

Vous avez dit fantastique ? Ce terme colporte quelques caractéristiques clés telles que l’intrusion du surnaturel – phénomènes qui ne peuvent être expliqués par les lois naturelles de l’univers –, des sujets explorant fréquemment des thèmes tels que l’identité, la mort, l’inconscient, et les limites de la connaissance humaine, etc.

Tout cela se trouve dans cette réédition de ce passionné depuis l’adolescence par les civilisations disparues, et en tout premier lieu par l’Égypte, qu’est Jean-Louis Bernard1

L’édition de 1998

Une très belle initiative d’Entremises Éditions2 car le Dictionnaire de l’insolite et du fantastique publié au Édition du Dauphin en 1998, dans sa collection Ésotérisme, est désormais épuisé.

Ce Dictionnaire de l’occulte, de l’insolite et du fantastique, publié en 2022 par Entremises Éditions, se présente comme une ressource incontournable pour tous ceux qui cherchent à explorer les dimensions plus mystérieuses et moins tangibles de notre existence. À travers 390 pages, cet ouvrage ambitionne d’ouvrir des portes sur des horizons vastes et exaltants, loin des confinements d’une civilisation moderne souvent perçue comme aliénante.

En cette époque où la philosophie traditionnelle et la religion semblent perdre de leur prégnance, l’occulte, l’insolite, et le fantastique émergent comme des refuges prometteurs pour l’esprit humain, offrant des perspectives renouvelées sur le spirituel et le mystique. Jean-Louis Bernard y voit un nouveau romantisme, qui transcende le sentimental pour plonger dans les profondeurs du spirituel.

Le livre est le fruit d’un quart de siècle de recherches assidues, d’expériences personnelles, de voyages et d’échanges avec des chercheurs opérant aux frontières des connaissances conventionnelles. En excluant soigneusement les égarements de la mythomanie et de l’imposture, l’auteur s’efforce d’apporter une structure à un domaine intrinsèquement complexe et évasif.

L’approche du dictionnaire est flexible, invitant le lecteur à la découverte spontanée par une ouverture au hasard ou à une exploration méthodique via la lecture alphabétique. Les entrées sont conçues pour stimuler l’esprit par des associations de mots et des renvois internes, reflétant la profondeur et l’interconnexion des sujets abordés. Pour ceux désireux d’une exploration plus structurée, l’ouvrage suggère des points de départ spécifiques selon les intérêts du lecteur, qu’ils soient tournés vers l’archéologie fantastique, la philosophie occulte, ou d’autres domaines de la connaissance ésotérique.

En intégrant une dimension presque kabbalistique à l’agencement des lettres et des mots, Jean-Louis Bernard invite à une réflexion plus profonde sur les liens entre le langage, le savoir, et le mystère. Ce dictionnaire se positionne donc non seulement comme un guide à travers l’étrange et l’inconnu, mais aussi comme une invitation à contempler la richesse infinie de l’univers à travers le prisme de l’occulte.

Dans son introduction Jean-Louis Bernard engage le lecteur dans une réflexion sur l’importance de l’occulte, de l’insolite et du fantastique dans un monde où la philosophie et la religion semblent perdre leur emprise. Il propose que ces domaines offrent à l’homme de la rue une échappatoire – salvatrice ? – face à une civilisation qui écrase les âmes avec ses rythmes implacables.

Jean-Louis Bernard suggère que l’art et la littérature fantastiques nous connectent à un univers d’étrangeté réelle, pleine de paradoxes qui défient la logique conventionnelle, en nous forçant à remettre en question nos perceptions et nos croyances. L’insolite est décrit comme un élément indissociable du quotidien, infusant notre vie de poésie et d’émerveillement dans le banal.

Abeille
Zombi

Le livre – qui nous conduit d’Abeille à Zombi – se positionne comme une clé pour déchiffrer cet univers énigmatique, étant le résultat de vingt-cinq ans de recherches et d’expériences. Bernard écarte délibérément tout ce qui pourrait être jugé comme banal ou frauduleux, cherchant à donner de l’ordre à ce qui peut paraître chaotique.

L’auteur recommande au lecteur d’aborder le dictionnaire de manière ouverte, en choisissant des mots au hasard ou en suivant l’ordre alphabétique, qui lui-même est doté de sa propre magie issue de la kabbale des lettres. Pour une étude plus structurée, des points de départ sont suggérés, orientant les lecteurs vers des thèmes spécifiques tels que l’archéologie fantastique ou la philosophie occulte.

En somme, Jean-Louis Bernard nous invite à embrasser l’insolite comme une fenêtre ouverte sur des horizons plus larges et à voir au-delà des apparences, dans une quête de sens qui nous est intrinsèquement humaine. Il nous exhorte à reconnaître la valeur de l’inexplicable et du mystérieux, et à percevoir le potentiel de ces domaines à enrichir notre compréhension du monde et de nous-mêmes.

Sphinx ensablé, non rénové (1867)

1Jean-Louis Bernard, un homme alsacien de cœur et lyonnais d’adoption, est né à Belfort le 3 novembre 1918. Depuis sa jeunesse, il était fasciné par l’Égypte, un pays qui a grandement influencé ses rêves et ses visions de la vie dans l’ancienne civilisation, le guidant vers une compréhension plus profonde des civilisations disparues et des lois occultes qui gouvernent les sociétés.

Sa carrière professionnelle a commencé dans l’enseignement en tant qu’instituteur après des études à l’École Normale catholique d’Obernai. Son parcours l’a mené à voyager en Afrique du Nord et au Maroc, où il a écrit des nouvelles pour un journal local et a créé une revue ésotérique. Il a également servi dans l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale et a été démobilisé à Mogador en mars 1945.

Après la guerre, Jean-Louis Bernard a poursuivi sa carrière d’enseignant dans le Bas Dauphiné avant d’être invité à enseigner en Égypte, où il a approfondi son initiation au yoga des derviches. De retour en France, il s’est immergé dans les cercles théosophiques et a donné des conférences sur ses sujets de prédilection comme l’égyptologie et l’ésotérisme.

En 1957, il publie son premier livre, L’Égypte ou la genèse du surhomme, et plus tard s’installe à Paris où il continue d’écrire et de contribuer à des revues ésotériques. Il voyage à travers le monde, donnant des conférences et écrivant sur l’occulte et le fantastique.

Toujours attentif aux signes de la vie, Jean-Louis Bernard cherchait à équilibrer les pôles féminin et masculin de l’existence, un équilibre qu’il considérait comme essentiel à la condition humaine. Il est décédé en 1998 après avoir écrit L’Esotérisme politique et Faust et l’éternel féminin, laissant derrière lui un héritage de connaissances et une vie dédiée à la recherche de la vérité spirituelle et historique. Jean-Louis Bernard a notamment été́ publié aux éditions Albin Michel, Guy Trédaniel, comme en 1995 son Mystères égyptiens,et Robert Laffont.

2Entremises Éditions – votre lien de connaissance – est une maison d’édition indépendante qui défend une ligne éditoriale à la fois qualitative et ouverte à un large public : l’idée est de proposer aux lecteurs de tous horizons des ouvrages à la fois profonds et accessibles. Or, seuls des spécialistes, qui donc maîtrisent leur sujet, peuvent rendre compte de la complexité de leurs recherches dans un langage accessible aux profanes : aussi, ce sont leurs livres que nous publions.

Des livres de petits formats, lisibles en deux heures environ/Des essais sur tous les sujets (histoire, philosophie, sciences, spiritualité, géopolitique, société, etc.)/De nombreuses collections déjà existantes/Une collection “ Carte Blanche ” propose des livres de format moyen sans limite de nombre de pages.

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Un ou une heureuse élue sera tirée au sort chaque semaine. Remplissez simplement le formulaire. Les résultats seront annoncés sur la page Facebook d’Entremises.

DICTIONNAIRE DE L’OCCULTE, DE L’INSOLITE ET DU FANTASTIQUE

Jean-Louis BernardEntremises Éditions, 2022, 390 pages, 15,90 €

Disponible dans toutes les bonnes librairies de France et de Navarre. Achetez dans votre zone, chez votre libraire préféré, pour qu’il continue à vous conseiller, à vous inspirer, à vous faire rêver et, surtout, à animer votre quartier !  

01/05/24 : Rassemblement en hommage aux Martyrs de la Commune de Paris, pour la République et la Laïcité

Monument conçu par l’architecte Jean Camille Formigé comprenant un portique double et se développant autour du crématorium avec un total de 26 606 cases pour accueillir les urnes, c’est, comme l’an dernier, au centre du Columbarium du cimetière du Père-Lachaise, à Paris, que rendez-vous est donné à 9h30.

Crématorium
Rassemblement 2023

Les francs-maçons sont traditionnellement associés aux valeurs libérales et républicaines, en harmonie avec les principes de la République et de la laïcité célébrés par les Martyrs de la Commune de Paris. Lors de la Commune, ils ont tenté une conciliation avec le gouvernement, qui a échoué. Par la suite, ils ont ouvertement soutenu la Commune, démontrant leur engagement envers ses idéaux. Le 1er mai, symbole des droits sociaux et des travailleurs, correspond à ces valeurs républicaines et revêt donc une signification particulière pour les francs-maçons qui partagent cet héritage de quête de justice sociale et de gouvernance laïque.

Columbarium
Sépulture Oscar Wilde

Un hommage sera rendu à :

1. Roger Verlomme (1890–1950) : Ancien chef de cabinet de préfet, sous-préfet et préfet, membre de la Résistance. Il fut impliqué dans la gestion administrative et politique de différentes régions françaises ;

2. Léon Richer (1824-1911) : Journaliste libre-penseur et féministe français. Hubertine Auclert le considérait comme le « père du féminisme » et Simone de Beauvoir comme son « véritable fondateur » ;

3. Marie Béquet de Vienne (1854–1913) : Féministe, militante sociale et franc-maçonne. Elle est la créatrice de la société pour l’allaitement maternel et des refuges-ouvroirs pour femmes enceintes en détresse et est à l’origine de la loi Strauss sur la protection et l’assistance obligatoire des femmes en couches ;

4. Oscar Wilde (1854–1900) : Écrivain, dramaturge et poète irlandais, connu pour « Le Portrait de Dorian Gray » et « L’Importance d’être Constant ». Il est une figure emblématique de l’esthétisme et du décadentisme ;

5. Jean Allemane (1843–1935) : Syndicaliste et homme politique socialiste français. Il est un pionnier du syndicalisme et leader ouvrier non marxiste et fut très actif pendant la Commune de Paris et déporté en Nouvelle-Calédonie.

Musée de la franc-maçonnerie - Photo © YG
Musée de la franc-maçonnerie – Photo © YG

La cérémonie se conclura devant le Mur des Fédérés avec un discours du Grand Maître du Grand Orient de France Guillaume Trichard et le Maire du 20e arrondissement, suivis de l’ouverture exceptionnelle et gratuite du musée de la franc-maçonnerie (Musée de France) et des temples, rue Cadet l’après-midi pour les visiteurs.

Si vous êtes intéressés, il faut vous inscrire avant le jeudi 25 avril ICI.

Bannière GODF

Renseignements pratiques : Mercredi 1er mai 2024 de 10h00 à 12h00 – Cimetière du Père-Lachaise 75020 Paris

Entrée la plus proche, par la rue des Rondeaux (entrée Porte Gambetta).

(Métro Gambetta, puis prendre l’avenue du Père Lachaise en direction du cimetière).

Métro Ligne 3 et 3bis, sortie Père Lachaise ; bus 26, 60, 61, 66, 69 et 102 – arrêt Place Gambetta. Illustrations : Yonnel Ghernaouti, rassemblement 2023

Musée de la franc-maçonnerie
Musée de la franc-maçonnerie – Photo GODF