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La Rencontre : une issue contre les dogmes en Franc-maçonnerie ? Lorsque l’Épée flamboie

Lorsque l’ Épée flamboie est le terme de cette série de cinq articles ayant pour titre La Rencontre : une issue contre les dogmes ? Le symbolisme est un fil de Soi fragile oscillant entre « l’ex(-)time » et « l’in(-)time ». Il me semble que son mouvement nous ramène à la Source de notre Expansion. De l’inspire à l’expire chaque Moment est intriqué dans et avec le réel, comme le fil de trame et le fil de chaîne tressés donnent vie à la soie de nos Tabliers, comme l’ Épée flamboyante donne à la Pierre cachée la possibilité de Sa Rencontre et à l’humain le choix de son épure.

Lorsque j’ai commencé à écrire cette série d’articles sur la rencontre comme issue contre les dogmes, j’étais loin de me douter que l’actualité sociétale lui donnerait une autre r(é)(ai)sonnance. Le symbolisme est une ligne de vie oscillant entre « l’ex(-)time » et « l’in(-)time ». Le symbolisme nous éclaire par delà notre inconscience en ramenant nos désirs de vie à notre réalité incarnée. Selon nos rituels, intuition et raison doivent être les prémisses de nos actions éclairées. Elles sont la réalisation du mouvement de la Vie. Le symbolisme est un choix de l’intime. Ainsi, dans ce choix de l’intime, c’est à chacun d’agir selon son âme, sa conscience et la cohérence inhérentes à son engagement initiatique.

Le Franc-maçon et paradoxal. C’est une individualité ayant affirmé le choix de travailler à une Œuvre commune qui le dépasse. C’est là toute la difficulté de cette entreprise qui devrait théoriquement le séparer plus que le réunir. Ce Travail commence par une rencontre entre soi et l’autre. Le Franc-maçon s’est engagé dans une voie parfois vertigineuse et difficile qui transmutera ses certitudes en convictions en « marchant son équilibre » sur le chemin de crête qui sépare ce qu’il connaît de son abîme, « son connu » de « son inconnu ». C’est dans le pari qu’il fait sur la Lumière dans l’Ombre, cette espérance dans sa marche sur l’Infini, qu’il fera peut-être sa Rencontre avec le Sacré… et si les augures lui sont favorables, c’est en marchant sa Parole qu’il révélera, dans chacune de ses rencontres cette différence, cette part de Sacré que l’être humain possède en lui et qui pourtant semble lui échapper, cet ultime rempart contre les dogmes.

Le Rituel comme méthodologie universelle ?

En Franc-maçonnerie, on rencontre le Sacré dans nos Rituels… enfin… les rituels sont plutôt des modes d’emploi pour révéler, ignitier, célébrer le Sacré. Les nôtres ont leur temporalité de Midi à Minuit, leurs points cardinaux propres définissant leur espace, leurs invocations délimitant leurs Temps, leurs outils et artefacts. Cependant nous n’avons pas obligation d’un lieu physique particulier et un « simple tracé » suffit à ramener cet espace de sa dimension imaginale dans notre monde sensible, le monde intelligible en point de mire de ce théodolite.
Si l’univers est un Temple, ce sont le Vénérable Maître ainsi que son Collège des Officiers qui lui donnent la possibilité d’une Présence. Cependant, c’est une œuvre contrainte au collectif et c’est de la présence assidue et l’intention de chacun que dépend sa profondeur et de l’attention de tous que dépend La Rencontre.

FLEUVES, ROCHERS, FORÊTS, SOLITUDES SI CHÈRES UN SEUL ÊTRE VOUS MANQUE ET TOUT EST DÉPEUPLÉ

L’isolement
Alphonse de Lamartine

Pour être au rendez-vous avec le Sacré il faut lâcher prise sur le réel par une vraie Présence à l’Instant dans l’instant. Il faut quitter le « chronos » pour vivre le « kaïros ».

Être « présence en Loge » commence par une intention exprimée par le Verbe en répondant « Présent ! En Loge » à l’appel de son nom.

Je me demande si les sociétés animistes, qui perçoivent et croient en la manifestation de l’Unité et/ou du Divin partout, de l’invisible au visible, n’auraient pas un abord plus intuitif et épuré de la Rencontre avec le Sacré ? A ce que j’en perçois, elles sont cependant elles-aussi extrêmement codifiées et ritualisées.

Ainsi pour qu’il y ait Rencontre et Dialogue avec le Sacré, il faudrait un rituel comme méthodologie de mise en œuvre, une intention, une ouverture, un lâché-prise, une espérance… et au moins un écho comme rempart contre la solitude…

Quitter Ithaque - Photographie © Stefan von Nemau
Quitter Ithaque – Mes moires – Photographie © Stefan von Nemau

Le Voyage Initiatique : Libérer l’Instant décisif

Au Rite Ecossais Ancien et Accepté, pas très loin de Minuit lors du grand « re-comme-en-semant », les sifflements du Serpent sont renvoyés au silence lorsqu’il est pris par la gueule d’une main gauche guidée par le Verbe. Son corps sinueux de Lumière est posé sur la fontanelle du néophyte. Maillet en main droite, le Rituel est accompli en transmettant les pulsations vitales en suivant le rythme et l’intensité de ce moment d’Unité atemporelle et de Reliance temporelle au flot de Lumière éternelle.

Ainsi l’ouverture de la chrysalide de Pierre libère la Lumière Sacrée de l’épicentre Numineux où elle était dissimulée. La libération de cette pulsion vitale transporte alors le néophyte dans un autre Espace-Temps consacré lui aussi… et la Pierre répond au Maillet

Toute action revêt une part ineffable de conséquences inconnues.

Par cette intrication des Sphères le néophyte débute son conscient voyage de retour « en Ithaque ». Il sera un Initié ignitié lorsqu’il aura franchi toutes les étapes de sa quête après que les Trois aient relevé la « Pierre couchée » par cette « odyssée de l’Un révélée ».

Ce soir là, grâce à la rencontre avec le merveilleux, avec l’intention transmutée en volonté, s’ignitiera une autre perception de la Lumière : elle prendra vit en Verbe qui prendra vie en chair dans la chaire du Nouveau Né.

C’est ainsi que cette « quête de La Vision » libérera peu à peu le Vieil Homme de la sisyphéenne érection de sa précieuse église de pierre.
Avec l’Enfant rencontré ils danseront alors le Sacre de la Vie et ils se raconteront les histoires de l’aube qu’ils réinventeront à chaque cercle de pierre jeté dans l’eau de l’étang où Narcisse se transcenda.

Du « même » à « l’autre » : la Chaîne d’Union

Il se peut que l’apparente neutralité des artefacts symboliques puissent éclairer sous un autre jour l’espace Sacré où s’épanouit La Rencontre. Nous sommes tous des individualités travaillant à une Œuvre commune. C’est là tout le paradoxe de cette entreprise qui devrait plus facilement nous séparer plutôt que nous réunir.

Dans l’intimité de mes impuissances j’ai peu à peu compris ce nouvel enseignement que La Lumière me proposait par ses Voi(e)(x) Initiatiques : même si l’on espère rencontrer ou retrouver le « même », notre interlocuteur sera toujours « l’autre » que nous espérons et ce, même lorsque c’est à nous-même que nous parlons par l’intercession de nos symboles et dans le silence de la Chaîne d’Union.

C’est dans l’espace précieux et intime qui se situe dans les silences de deux entités qui échangent, que se noue parfois un Secret sacré, ineffable. Cet espace en creux est l’invisible révélant « l’Un-visible »…

Mais… cet Intime, tout ineffable soit-il, est-il pour autant un Tabou ? Pour permettre La Rencontre, cet « in(-)time » (venu du cœur du kaïros) doit-il ou peut-il se transporter en « ex(-)time » (royaume du chronos) ? Doit-il changer de tessiture et de temporalité pour atteindre les rives de la compréhension et du partage ? Doit-il revêtir les atours d’une supposée sacralité de papier ornée d’ors et de velours pour exprimer cette « antre-dimension » que l’on nomme : Le Sacré ?

La chaîne d'union - Photographie © Stefan von Nemau
Les « ré-unis-vers-sel » – Mes moires – Photographie © Stefan von Nemau

L’unicité en partage

Comme pour se retrouver, pour se rencontrer ne faut-il pas accepter de se perdre un peu ? En écrivant ces lignes, je me rends compte que je ne peux expliquer ou définir La Rencontre Sacrée avec sa profondeur, son intensité et ses nuances. Comment transmettre l’ineffable ? Il ne reste que le partage de l’unicité du témoignage, ce « particulier contenant l’universel » premier pas avec « les ré-unis-vers-sel »…

Alors, avec la précaution et la pudeur dues à la manipulation des choses précieuses je vous parlerai de cet Unheimlich, cette inquiétante étrangeté, où le temps qui se compte (Chronos) s’étire le Temps du moment (Kaïros)… dans cet espace-temps (Aiôn) où « Je » est aussi « l’Autre »… Par delà ma mémoire je me « sous-viens »…

Le Sacré et la Rencontre se retrouvent parfois dans les confins de l’abstraction mentale…

Je vous parlerai de ces moments où « le Profane » (l’en dehors) rencontre « le Sacré » (l’en dedans) pour ne plus faire qu’Unité, dans l’entendement de la dualité d’un pavé mosaïque par exemple… Par delà ma mémoire je me « sous-viens »…

La Rencontre et le Sacré se trouve parfois incarnés dans nos symboles…

Je vous parlerai de ces moments intenses et fugaces d’abandon à l’évidence de la Vie où notre Raison ne peut que se forger dans le Silence consacré de l’Apprenti… Par delà ma mémoire je me « sous-viens »…

La Rencontre et le Sacré sont Présence dans le recueillement et l’écoute…

De ce moment ineffablel’univers entier m’est apparu dans le regard de ma fille, le jour de sa naissance, dans la pénombre intime, secrètement préservée, d’une salle de maternité… Par delà ma mémoire je me « sous-viens »…

La Rencontre et le Sacré Sacré se trouvent dans la Lumière de l’Amour inconditionnel…

Et puis, je vous parlerai aussi de cette jeune droguée famélique rencontrée dans mes jeunes années de policier… au cœur des nuits des bas-fonds parisiens. Avec sa lampe de mineur allumée sur le front elle nous disait : « Oh… tu sais… j’touche déjà l’fond… alors autant avoir un peu de lumière ! »… Par delà ma mémoire je me « sous-viens »…

La Rencontre et le Sacré nichent aussi au cœur du chaos, au milieu des combats…

Et nous parlerons de ces moments là où nous sommes plongés dans l’Éternité de l’Instant des retrouvailles, celles de l’Unité de cette Lumière que rationnellement nous postulons séparée. Mais… Dieu a t-il créé l’homme à son image ou bien est-ce l’homme qui a créé Dieu à son image ?
Mon intuition me murmure que peut-être est-ce l’intention dans l’acte de création qui importe… dans ce cas, la Rencontre et le Sacré seraient-il volonté circonstancielle ou simple conséquence ? Les retrouveraient-on alors en avançant pour traverser le gué du doute sans revenir en arrière ? Par delà ma mémoire je me « sous-viens »…

La Rencontre et le Sacré se trouvent dans « l’effort du lâché-prise » je crois… peut-être derrière la Porte de l’Orient ou bien derrière le mur du 33ème kilomètre pour les plus marathoniens d’entre nous !

Mais là, dans cet inventaire à la Prévert, c’est ma Raison qui a repris le dessus… heureusement qu’il nous reste le doute avec ses sacrées questions !

Objectivement… c’est une ascèse que de marcher sa Parole. Los avait vu(e) juste : la Rencontre comme le Sacré relèvent de l’intime, du secret, du lien, du caché, de l’ineffable… cependant… « Le Cœur a ses raisons que la Raison ignore » nous murmure la rose

La Rencontre avec Le Sacré est ce qu’il nous reste en traversant l’abîme de la mémoire éphémère sur le pont de singe de l’oubli… Par delà ma mémoire je me « sous-viens »…

Le son des couleurs - Photographie - © Stefan von Nemau
Les couleurs de l'(au)(o)raison – Mes moires – Photographie © Stefan von Nemau

Au delà de la Raison : les voi(e)(x) de l'(Aur)(O)raison

Comme une couleur, Le Sacré et La rencontre ne s’expliquent pas. Nous nous les racontons par « nos reflets d’absinthe » parfois et nous les percevons seulement lorsque le sucre fondu, nos sens enivrés « voient flou ». Qui peut expliquer ce qui ne peut que se montrer par ses manifestations ?

Cependant… le Sacré et la Rencontre se reconnaissent parfois par l’émotion qu’ils manifestent dans le Corps et l’incompréhension bouleversante qu’ils suscitent dans la Raison.

Le son du poète - Photographie - © Stefan von Nemau
La Montagne Sacrée – Mes moires – Photographie © Stefan von Nemau

A toi, Poète, si tu fais le choix d’exprimer ainsi ce Particulier qui est ton propre « Feu Sacré » garde-toi bien de ta Raison. Suis plutôt ton Intuition… il se pourrait bien que Raison et Intuition mènent au même sommet de la Montagne Sacrée mais pas par les mêmes versants… Même si Raison et Intuition pourraient même être réunies par les reflets d’émeraude il te faut choisir ta Voi(e)(x) et par là même renoncer à ce Tout qui t’obsède pour mieux l’embrasser dans l’Autre-temps. Observe bien le Compas, il nous apprend les limites mais cache-toi sous la table pour écouter Hermès. Il nous donne des mystères pour construire des portes réunissant nos mondes engoutis…

Alors poète enivre-toi et danse tes mots… laisse les s’envoler librement sans espoir de retour… La Rencontre est éphémère…

A la poursuite du Rayon Ver(t)(s) – Mes moires – Photographie © Stefan von Nemau

A toi qui as choisi une voie plus intellectuelle, n’oublie pas de jouir pleinement de ces si rares moments d’illumination. Aies confiance en tes Doutes et ta Raison. Surtout, si tu te sens perdu, reviens-en aux faits, au vérifiable et au reproductible. Et puis questionne les livres, donne aux morts le pouvoir de contredire et de te perdre. C’est ainsi que l’essence de leur Vie se distille au delà du Temps…

Assieds-toi en haut de la montagne et peut-être qu’au Levant ou au Couchant tu percevras l’ultime récompense cachée au cœur du Rayon Vert. Même si elle semble lui échapper, la Lumière n’est jamais bien loin du philosophe qui danse ses idées en sincérité…

La Rencontre est sou(s)venir…

La Vie danse sa Lumière – Mes moires – Photographie © Stefan von Nemau

Cher pèlerin de la nuit, si c’est la Voie mystique qui t’appelle, sache que comme celle du Sacré-cœur, elle ne peut que sexpérimenter. L’Art-royal permet parfois de l’exprimer ou de la partager lorsqu’il y a Rencontre. L’Intuition est son guide et de l’Expérience terrestre vient son ancrage, sa Raison d’Être.

Alors danse ta Lumière comme le soufi ou le cabaliste dansent la Lune, le Soleil et l’Arbre : la tête accrochée aux étoiles mais avec l’ongle d’un orteil toujours incarné dans le sol de la Taire car si la Clef est le Chemin, le Mystère son portail, le Secret est sa Serrure.

La Rencontre est un espoir de Vie arraché à la non-vie…

Marcher sa propre Voi(e)(x) est un Chemin parfois aride, unique à chacun, et pourtant… commun à tous que l’on soit Initié ou Profane.

L’Initié, par son engagement et ses actes a fait le serment de marcher sa Parole. Cette Parole il la consacre par son Silence.

Peut-être est-ce sans s’embarrasser des dogmes que la Vie danse son Sacre, danse sa Présence universelle.

La Vie danse l’évidence – Mes moires – Photographie © Stefan von Nemau

L’embrasement perpétuel

Cette Quintessence humaine me paraît être une étape obligatoire qui mène à la Rencontre du Vieil Homme avec le Nouveau Né. Cette Rencontre pourrait même être l’apex du Chemin Initiatique ; une étape capitale et ineffable sans laquelle l’embrasement, l’ignition du néophyte, ne serait qu’un feu-follet parmi tant d’autres… Serait-ce ici le point K de la rencontre entre l’immanence et la transcendance ?

L’Épure, c’est le Sacré à hauteur « d’être humain »

Cette épure est un embrasement perpétuel et sa perception est une synchronicité éphémère extraordinaire. Le Sacré EST tout simplement… dans le Souffle d’un silence… comme l’épure laisse à Los la possibilité du murmure en contraignant Urizen au Silence dans la mesure de l’écart du doute

La mesure du doute – Détail de « La Rencontre : une issue contre les dogmes en Franc-maçonnerie © Stefan von Nemau

La Voie Initiatique symbolique de la Rencontre Sacrée

La Voie Initiatique, dans son premier mouvement, nous ramène vers la Source de notre « in(-)time » au cœur de l’expansivité de notre « ex-time », ce point K de mon travail artistique.

Je crois que ce Point d’Origine est La Porte, à la foi(s) But et Chemin. La franchir c’est s’affranchir du joug de nos certitudes égotiques. C’est oser sortir du cadre après en avoir déconstruit la Porte pour en extraire l’Essence. C’est avoir transmuté ce symbole ultime en Choix véritable et affirmé. C’est une fois notre quintessence distillée en brûlant nos oripeaux de « faire-blanc » que viendra le Serment des serre(-)ments libérateurs.

Celui du Phénix chtonien né en Taire et transcendé par le Feu et l’O en Aigle maître de l’R. C’est par ce serment et tout ce qu’il dévore, que l’Aigle de l’R se transmutera en Dragon de l’Æther des confins. Ce dragon nommé « AB » est « l’Unique ».

Il est « le Serpent Flamboyant » manœuvrier de l’Ordre et du Chao.

La Voie du Singe en Hiver – Mes moires – Photographie © Stefan von Nemau

C’est par la Rencontre des contraires que naîtront les oppositions fécondes qui enfanteront leur ré(-)union.

Au Royaume du Symbole, être un homme ou une femme n’est pas une question de genre, de sexe, de gamètes ou de sexualité. Ici masculin et féminin sont principes, nuances, causalités, désunion, union…

Leurs corps doivent bien se rencontrer pour faire Humanité. Pour ce faire ils doivent bien cheminer à partir de directions opposées afin de rejoindre le Centre de cette humanité perpétuellement en cours d’achèvement.

Ils doivent même vivre le risque du désaccord des corps, le risque des passions tristes, celui de LA Passion et même… celui de l’Amour Universel comme terreaux de nos oppositions fécondes.

Ainsi, marchant leurs oppositions « f(a)(œ)tales », ils cheminent dans « l’uni-vers-celle » direction où « celle » n’est pas « elle »1 .

De leur Rencontre au Cœur du Silence sacré naîtra alors l’ultime et unique enfantement d’une Rencontre avec Le Sacré… au delà des symboles ils seront à la fois Goutte, Nuage, Source, Ruisseau, Torrent, Lac, Rivière, Fleuve et Océan l’un pour l’autre. « Ils se seront apprivoisés » nous murmurerait un Renard de ma connaissance.

Mon Très Cher Frère, Ma Très Chère Sœur, quel son fait une Pierre que l’on porte à son oreille ?

As-tu déjà essayé de l’écouter ? Non ?

Pourtant, enfant, le son du coquillage ne te ramenait-il pas vers ta Rencontre originelle avec l’Immensité ?

Le son des coquillages – Mes moires – Photographie © Stefan von Nemau
  1. mais Le Lieu du possible « ב » ↩︎

Résumé des épisodes précédents : après avoir consulté la carte (lien vers le premier épisode de la série) nous avons évoqué son territoire en survolant l’Universel (lien vers le deuxième épisode) avec sa Voie Royale et sa spiritualité métaphysique. Nous avons ensuite entr’ouvert la porte du Particulier (lien vers le troisième épisode) et son chemin de quintessence incarné dans le laboratoire de la vie, pour enfin aboutir à l’Individuation (lien vers le quatrième épisode) postulant la Loge comme lieu de recréation du Monde et la Voie Initiatique comme chemin permettant de voyager au delà du cadre de nos certitudes sur le chemin de nos hypothèses.

La Rencontre : une issue contre les dogmes ? – Planche dessinée – Aquarelle et encres sur papier – 50 x 65 cm – © Stefan von Nemau

Le Grand Orient de France donne 5000 € pour identifier le dernier résistant du bois de la Reulle

De notre confrère ladepeche.fr

Le 80e anniversaire de la Libération de la France s’accompagne localement de la commémoration de la mort de quinze résistants dans le bois de la Reulle, exécutés par la 2e division SS Das Reich le 27 juin 1944. Le Groupe de recherches des fusillés du bois de la Reulle continue par ses travaux rigoureux de chercher l’identité du dernier résistant non identifié.

Ces recherches, notamment basées sur l’analyse génétique, nécessitent une aide financière : c’est en ce sens qu’un chèque de 5 000 € a été remis vendredi au Groupe de recherches par la Fondation du Grand Orient de France. Son délégué José Moreira explique : « cela fait quelques années que nous avons au sein de la Fondation un groupe de travail dédié à la mémoire. Nous aidons des associations diverses, pas forcément en lien avec la franc-maçonnerie. Cela sert pour nous une idée de progrès. » Cette somme servira à acquérir une base de données génétiques conçue par une société américaine, qui par analyses effectuées par le laboratoire d’identification génétique de l’université de Strasbourg permettra d’explorer de nouvelles pistes pour enfin donner un nom à ce dernier résistant inconnu.

[NDLR : Le 27 juin 1944, dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, un groupe de quinze résistants français a été capturé et exécuté par la 2e division SS Das Reich dans le bois de la Reulle.

SS Panzer Division

Cet acte fait partie des nombreuses atrocités commises par cette division pendant la campagne de France, notamment lors de leur progression vers la Normandie après le Débarquement allié du 6 juin 1944. La 2e division SS Das Reich était tristement célèbre pour sa brutalité.

Oradour-sur-Glane (87)

Elle a également été responsable du massacre d’Oradour-sur-Glane où, en représailles à des actions de la Résistance, le 10 juin 1944, 642 civils ont été tués. Ces actes de répression visaient à briser le moral de la Résistance française et à terroriser la population locale.

Le bois de la Reulle, lieu de l’exécution des quinze résistants, est devenu un symbole de la lutte et du sacrifice des résistants français. Ce bois est situé dans le département de la Haute-Garonne, en région Nouvelle-Aquitaine. Plus précisément, il se trouve entre Castelmaurou et Gragnague, commune du Frontonnais faisant partie de l’aire d’attraction de Toulouse.

Les actions des résistants ont joué un rôle crucial dans le harcèlement des forces d’occupation allemandes et dans le soutien aux forces alliées. La mémoire de ces résistants exécutés est aujourd’hui honorée par des monuments et des commémorations, rappelant les sacrifices faits pour la libération de la France.

Bois de la Reulle (24)

Ces événements sont un rappel poignant des horreurs de la guerre et de l’importance de se souvenir des sacrifices faits pour la liberté.

La 2e division SS Das Reich est largement reconnue pour ses crimes de guerre. Après la guerre, plusieurs de ses membres sont jugés et condamnés pour leurs actions.]

La voix restituée de Jean Baylot

Les éditions Dervy restituent, auprès de nos contemporains, la voix de Jean Baylot, en republiant son solide et fameux essai : La Voie substituée*. Yonnel Ghernaouti en a donné, dans ces colonnes, une recension plus détaillée que cette présentation. Vu l’importance de l’œuvre, nous souhaitions simplement en administrer une piqûre de rappel, dans un pays frappé d’une torpeur bien plus qu’estivale.

C’est un destin singulier que connut Jean Baylot, né à Pau en 1897 et décédé à Paris en 1976, personnage public que l’on a coutume de présenter comme ancien préfet de police de Paris et ancien député. Curieusement, Gaston Bachelard et lui partagèrent un titre commun, suffisamment insolite dans leur parcours pour mériter d’être relevé. En effet, tous les deux ont commencé leur carrière comme surnuméraires des postes, l’un s’orientant ultérieurement vers la philosophie des sciences, l’autre fourbissant son goût de l’action dans le syndicalisme avant d’épouser le service de l’État jusqu’à occuper les hautes fonctions que nous venons d’évoquer… où, d’ailleurs, à la toute fin, il n’a pas laissé qu’un souvenir immaculé.

Michel Maffesoli, Masonica Tours 2024 - Photo © Yonnel Ghernaouti YG
Michel Maffesoli, Masonica Tours 2024 – Photo © Yonnel Ghernaouti YG

Au plan spirituel, notre homme s’engagea fortement dans la franc-maçonnerie et c’est précisément ce volet qui nous intéresse ici. Comme le rappelle Michel Maffesoli dans sa préface, Jean Baylot était « un franc-maçon de stricte observance », adepte de la voie traditionnelle – ayant quitté le Grand Orient de France pour la Grande Loge Nationale Française. Lui qui, sa vie durant, n’a cessé de fourrager à pleines mains dans la chevelure emmêlée de Clio, considérait que la franc-maçonnerie se fourvoyait en se laissant infiltrer par les préoccupations profanes. Toute porosité avec le monde politique ou économique dénaturait, selon lui, sa vocation à cultiver l’authenticité de l’amour fraternel, ce socle irremplaçable de la libre assomption de soi-même à l’entièreté de l’être.

C’est ainsi que la liberté de conscience le cède à l’athéisme, puis qu’un athéisme militant, reposant sur un rationalisme prédicateur, se mue en ce que l’auteur appelle l’antithéisme. En quelque six cents pages, Jean Baylot retrace historiquement toutes les étapes qui ont conduit à ce qu’un humanisme impénitent abandonne les exigences que, par principe et dans sa généralité, n’aurait dû cesser d’illustrer la franc-maçonnerie comme société initiatique.

Si cet ouvrage avait été une diatribe, un pamphlet dénonçant, à grandes bordées logomachiques, une funeste dérive, il n’aurait guère pu conserver qu’un intérêt anecdotique, au registre des causes perdues. Mais il s’agit d’un brûlant témoignage circonstancié, qui mérite qu’on s’y attarde, malgré qu’on en ait parfois, tant l’incandescence des temps reste encore la marque de querelles inachevées.

Renforts secondaires du compte rendu précité, nos modestes propos apéritifs ne nourrissent d’autres vues que de donner envie de lire ou de relire ce texte important. À cet égard, contrairement à une première impression, il n’y a peut-être pas une aussi souveraine contradiction dans la personnalité de l’auteur ni de conflit de doctrine à élever à ce sujet, en considérant que, si la Muse de l’Histoire a puissamment inspiré Jean Baylot dans sa vie profane, elle lui revient, dans cet essai, sous la forme d’une compréhension savante du sujet qui l’intéresse. Ainsi, Clio apparaît bel et bien pour lui comme la fille de Zeus, un dieu d’ordre, de sagesse et de justice, et de Mnémosyne, la déesse de la mémoire…

Jean Baylot

Enfin, nous voudrions dissiper ce qui, dans le titre de l’ouvrage, pourrait prêter à une certaine ambiguïté ; en effet, si, en jouant sur quelque voisinage sémantique bien connu de tout franc-maçon, on entendait par « voie substituée », la version édulcorée d’une « voie véritable », pour Jean Baylot, la « voie substituée », qu’il choisit de désigner sous ce vocable, traduit, pour le dire crûment, une trahison fondamentale, une imposture généralisée. Toute sa patiente étude s’en veut la démonstration. Au demeurant, c’est ce que suggérait le sous-titre désormais disparu des deux éditions précédentes (Liège : éd. Borp, 1968 ; Paris : éd. Dervy-Livres, 1985) : Recherche sur la déviation de la Franc-Maçonnerie en France et en Europe.

Dans ces lignes, nous ne nous faisons pas le chantre de cette vision traditionnelle, nous souhaitons seulement la soumettre à l’intelligence de tous, sachant que l’intelligence ne recule devant rien et qu’elle prend en charge toutes les analyses de la complexité, la conclusion appartenant au libre-arbitre de chacun. Une question s’est posée, que, de toute évidence, nous ne pouvons que continuer à nous poser aujourd’hui: que faire de celle ou de celui qui n’éprouve aucune foi en Dieu et qui n’en veut pas moins être un cherchant sincère en spiritualité, le disciple scrupuleux d’une voie initiatique sans dogme ? La Lumière ne peut-elle l’éclairer autant qu’un croyant qui ne s’ouvrirait qu’à d’autres croyants ? Enfin, quand Jésus dit lui-même en Jean 2:16 : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père », la franc-maçonnerie, tout aussi naturellement et plus largement encore, serait-elle malvenue à en donner l’exemple ?

*Jean Baylot. La Voie substituée. Préf. Michel Maffesoli. Rééd. Paris : éditions Dervy, mai 2024, 605 p., 24,90 € (copieux index nominum et abondante bibliographie).

La Justice, inatteignable derrière le désir de vengeance

Il suffit de quelques actions non ou mal accomplies à la fin des guerres pour qu’elles renaissent quelques années plus tard. Analyse.

Le premier Ordre de Sagesse du Rite Français se penche sur ce chemin si escarpé qui mène de la Vengeance à la Justice. Les indices ne manquent pas pour montrer que l’espèce humaine s’est dotée d’outils qui ont indéniablement permis le progrès en la matière. S’il fallait encore s’en assurer, l’écart entre les codes juridiques actuels et les contenus correspondants dans les textes religieux « sacrés » est une preuve de plus que ces derniers sont humains, trop humains, et calés sur l’esprit qui régnait lors de leur écriture.

Dans son dernier opus «  Le labyrinthe des égarés : l’Occident et ses adversaires », Amin Maalouf dresse une grande fresque des derniers millénaires. Il explique comment l’Occident s’est « détaché du peloton » pour faire, depuis, la course en tête. Et, comme on sait, c’est épuisant de tenir en échappée jusqu’au bout, seul contre tous.

Amin Maalouf met en lumière diverses bifurcations importantes, dont il ressort que plein d’occasions furent manquées, qui auraient permis un bien meilleur état du monde actuel. À l’intérieur des frontières un processus pacificateur peut être en cours, alors qu’à l’international l’égo et la paranoïa peuvent aveugler les dirigeants, faisant peser en permanence le risque d’un embrasement général. 

Au passage, il montre comment une belle résolution est évacuée. La guerre de Sécession était clairement remportée par le Nord. Mais l’intention d’obtenir une insertion correcte des noirs dans la citoyenneté des états du sud a été très rapidement abandonnée. Il a suffi que Lincoln soit assassiné et que la volonté de progrès disparaisse avec lui.

Conséquence : 170 ans plus tard, la plaie est toujours à vif, et deux élections de Barack Obama ne l’ont pas refermée.  

Tout ceci n’empêche pas les Etats-Unis et plein de ses vassaux de nous clamer que le communautarisme est la solution idéale pour l’insertion de populations immigrées. 

C’est sur ce point de l’insertion que le livre est intéressant. Il pose la question de cette lancinante tendance à ne pas intégrer les leçons apprises des échecs du passé. Ces échecs se sont présentés dans chacun des grands pays ou civilisations : Europe, Japon, Chine, Russie, Etats-Unis…

Bien sûr, il n’y a pas deux cas identiques.  Dans la majorité des cas, l’identité joue un rôle majeur. Et les atteintes à l’identité sont des grands vecteurs de soulèvement par le désir de vengeance ou la correction de « l’outrage ». Évidemment, nous savons aussi que désigner un coupable extérieur n’est qu’un outil. Oui, mais un outil idéal pour distraire l’attention du peuple de turpitudes que l’on souhaite cacher, et de plus cela « ressoude les troupes ». Tous les Poutine savent cela, les peuples aussi, mais ça marche quand même.

Dans les pays monothéistes, les notions d’identité et de religion se sont interpénétrées. La Russie actuelle affiche sa croix orthodoxe. Et pourtant, une des nouveautés de l’Union Soviétique était son athéisme. En Extrême Orient le socle confucianiste a imprimé dans tous les esprits que le comportement dans l’espace public est ce qui fait la citoyenneté, et pas ses pensées métaphysiques.

Étendre ces idées à toute l’humanité lèverait un obstacle majeur à l’universalisme, cher à notre ordre.

Et dissoudrait un des nuages qui obscurcissent notre horizon actuel, du côté des populations arabo-musulmanes.

Un autre cas unique, dans le passé proche, fut la Guerre Froide des années 60. Des arsenaux terrifiants de part et d’autre, une compétition idéologique féroce, des égos de dirigeants. Quelques éclairs de lucidité et un téléphone rouge, un ouf de soulagement, puis la compétition économique avec un clair vainqueur ont mis fin à l’épisode. On s’est dépêché de l’oublier.

On s’était aussi dépêché d’oublier la première Guerre Mondiale ( pourtant appelée la Der des Der ), et notamment l’humiliation imposée à l’Allemagne par le Traité  de Versailles

Résultat : on s’est mangé le nazisme et la seconde Guerre Mondiale !

Pour compléter notre liste d’amnésies, trop heureux de la chute de l’URSS, nous avons laissé les russes se démerder seuls avec ses vautours. Les risques à éviter étaient pourtant clairement connus, et l’Allemagne a réussi sa réunification. Côté Russie, bonjour l’état mafieux. On s’est juste assuré que la bombe ne se promène pas trop ( Reagan avait tout de même laissé le Pakistan s’en doter..). Pour le reste, le démembrement de l’URSS est un remake de l’humiliation imposée aux Allemands après la première guerre.  Résultat :  Poutine.

Et voilà que ce dernier s’allie avec la Chine :  nous voilà donc avec une seconde Guerre Froide. Qui dit guerre froide dit aussi ennemis de l’intérieur boostés par les adversaires à l’extérieur, suivez mon regard. Dans le genre de relations de guerre froide, tout geste d’apaisement est interprété comme une faiblesse, et le risque de dérapage est permanent.  Les arsenaux de l’apocalypse sont toujours opérationnels, il y a juste plus de joueurs ( Chine, Pakistan, Corée du Nord, Israël, bientôt l’Iran…).

Tous ceux qui ont élevé des enfants le savent : la punition, pour être juste, doit être limitée dans le temps. Pour les peuples, c’est pareil, il faut que la punition soit de courte durée, et suivie d’une restauration active des liens. 

Que toute guerre soit suivie d’un plan Marshall en faveur des vaincus, et d’un programme Erasmus ! Nous les maçons, répétons le inlassablement dans la Cité !

Vrais ou faux souvenirs d’abus rituels sataniques ?

De notre confrère reseauinternational.net – par Laurent Guyénot

Je n’ai pas vu le documentaire de Pierre Barnérias, «Les Survivantes», sorti en mai dernier. Mais j’ai regardé deux interventions de la principale «survivante» témoignant dans le film, Hélène Pelosse :

– son entretien avec André Berkoff sur Sud Radio le 27 mai : https://www.sudradio.fr/emission/le-face-a-face-385

– son intervention après la projection du film à Genève le 16 juin : https://www.geopolintel.fr/article3991

Voici mon analyse.

Commençons par la biographie de Hélène Pelosse, que je puise dans Wikipédia : née en 1970, elle fut directrice adjointe au sein du cabinet du ministre de l’Écologie, Jean-Louis Borloo, de 2007 à 2009. En 2009, elle est élue directrice générale par intérim de l’Agence internationale des Énergie renouvelables. Elle a démissionné de son poste en 2010.

Voici maintenant un extrait de son témoignage devant la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, déposé en décembre 2020, disponible sur https://www.morpheus.fr/abus-rituels-temoignages

«Je suis ici pour témoigner ce dont j’ai été victime enfant, à savoir des abus rituels sataniques comportant viols, tortures et sacrifices humains et impliquant des prêtres et des évêques de France.

Ce type de traumatisme qui relève de programmes démoniaques de contrôle mental est d’une atrocité sans nom. Il est particulièrement difficile de s’en souvenir en raison des facteurs suivants : il est recouru à des drogues et à des rituels de magie noire pour écraser la mémoire des enfants, sans compter le verrouillage du traumatisme dans une crypte par l’amnésie post-traumatique particulièrement sévère en raison du jeune âge, de la participation de membres de la famille et du degré d’atrocité des tortures commises».

Dans son témoignage, Hélène Pelosse inclut la citation suivante d’Alexandre Lebreton, dont je parlerai plus loin :

«Les fonctions naturelles dissociatives et amnésiques de l’esprit humain peuvent être exploitées dans un but de manipulation et d’exploitation de l’individu. Si ce trouble de la personnalité fractionnée avec ses murs amnésiques n’est pas – ou si peu – enseigné dans les facultés de médecine et qu’il est systématiquement controversé et décrédibilisé par une élite d’experts, c’est parce qu’il est l’axe principal du contrôle mental pratiqué par certaines organisations occultes dominantes» («Franc-maçonnerie et schizophrénie», Alexandre Lebreton, page 89).

D’après la bande-annonce, le film «Les Survivantes» fait une référence appuyée à un fameux documentaire d’Élise Lucet diffusé sur France 3 en 2000. J’en parlerai également plus loin.

Dans son entretien avec Berkoff, Hélène Pelosse fait une révélation très importante : elle a, dit-elle, eu «une amnésie post-traumatique de 42 ans». Ce n’est qu’à 42 ans, précise-t-elle ensuite, qu’elle s’est souvenu des abus sexuels sataniques qu’elle a subis dans son enfance. Jusque-là, elle vivait une vie normale et même visiblement une carrière très réussie. C’est un traumatisme, apparemment causé par des menaces de morts dans son milieu professionnel, qui l’ont «ramenée dans son inconscient» et ont donc fait surgir les souvenirs d’abus sexuels durant sa petite enfance. Avant 2012, dit-elle, «je ne me souvenais de rien». Pour décrire l’émergence des souvenirs, elle précise : «Je ne me suis pas souvenu avec ma tête, mais avec mon corps». Elle ne le précise pas, mais comme on va le voir, il est probable que ces souvenirs soient survenus dans un contexte psychothérapeutique.

De quoi s’agit-il ? De son grand-père, franc-maçon satanique : «Il a commencé à faire des choses avec ma mère, qui ne se souvient bien sûr de rien, qui ne s’est jamais souvenu de rien». Puis ce grand-père s’en serait pris à ses petits-enfants, les frères et sœurs et cousins d’Hélène, qui eux non plus ne se souviennent de rien. Hélène est la seule de sa famille à se souvenir.

Dans son intervention à Genève, Hélène livre d’autres détails. Elle dit avoir été victime d’une «tentative de meurtre par ondes» avant qu’elle ne parle à Pierre Barnérias. Et après, «Ils m’ont brûlé le sexe à distance, toujours avec des ondes». Parmi «Les Survivantes», dit-elle, «certaines ont été violées dans des rituels sataniques où il y avait le président François Hollande», certaines torturées dans des rituels qui ont lieu sous la pyramide du Louvre avec le président Macron.

Elle révèle ensuite que les morts (les victimes de rituels sataniques, certaines découpées en morceaux) lui apparaissent pour lui demander de témoigner pour les libérer. Elle a parfois des visions dans lesquelles elle reconnaît les personnes «consacrées», par quoi elle entend des personnes programmées pour participer à ces rituels en tant qu’abuseurs : «Moi j’ai des visions comme ça, les consacrés, je les vois – dans le réel, il y a quelqu’un devant moi – et puis je vois, ils ont des pieds de boucs».

Visiblement très religieuse, elle fait part d’autres expériences surnaturelles. «Moi je prie l’Esprit saint et je lui dis, montre-moi, si la personne elle est sous contrôle mental, ou non».

Il me semble évident qu’Hélène Pelosse est sincère. Elle ne ment pas. Cependant, la question est : ses souvenirs sont-ils réels ? Pour se faire une opinion, il est indispensable de se familiariser avec les centaines de cas similaires de «souvenirs retrouvés» et avec les controverses qu’ils ont suscités sur la possibilité de «faux souvenirs».

Souvenirs d’abus rituels sataniques
violences faites au femmes

Dans les années 90, des cas de jeunes femmes se souvenant, à l’âge adulte, avoir été soumis à des rituels sataniques, se sont multipliés aux États-Unis. Dans la très grande majorité des cas, ces souvenirs émergeaient soit dans le cadre d’une psychothérapie dite «régressive», utilisant des techniques hypnotiques, soit dans un cadre religieux. 

Dans leurs «flashbacks», des centaines de patientes ont vu des scènes d’une obscénité et d’une violence inouïes, se passant dans un cadre satanique. Sous hypnose, elles se «remémoraient» avoir subi, dans leur enfance ou leur adolescence, des sévices et des tortures atroces au cours de rituels sataniques impliquant de nombreuses personnes de leur famille ou de leur entourage.

Sur la base de tels témoignages, la rumeur s’est répandue qu’un vaste réseau sataniste sévissait en Amérique ; leurs rituels comportaient des tortures, des viols collectifs et la consommation de chair humaine, notamment celle de bébés assassinés devant leur mère. Les satanistes possédaient des techniques de manipulation mentale leur permettant de faire oublier à leurs victimes tout ce qu’elles subissaient dans ces rituels nocturnes, de sorte que celles-ci menaient une vie d’apparence normale durant le jour.

La rumeur, relayée par les grands médias, prit une ampleur telle que le FBI fut mis sur l’affaire. Aucune trace n’a pu être trouvée des dizaines de milliers de fœtus et de bébés que les satanistes étaient réputés avoir massacrés. Mais, bien sûr, cela ne fit qu’agrémenter la rumeur du soupçon de la complicité du FBI.

La touche satanique des souvenirs récupérés avait été introduite en 1980 par un livre retentissant, «Michelle Remembers». Michelle Smith, une femme de vingt-sept ans, souffrait d’une dépression consécutive à trois fausses-couches, lorsqu’elle consulta le psychiatre Lawrence Pazder. Au bout de quatre ans de thérapie, Michelle commença à «se rappeler», dans une forme de transe hypnotique, des scènes dignes d’un film d’horreur. Encouragée par l’écoute attentive, fascinée et crédule de son psychiatre, elle finit par se convaincre qu’elle avait subi, lorsqu’elle avait cinq ans et durant plus d’une année, des sévices sexuels et des tortures entre les mains d’une secte satanique, menée par le diable en personne, et dont sa mère (décédée à l’époque de la thérapie) aurait été membre. «Ses souvenirs profondément enfouis, restés virtuellement intacts durant vingt-deux ans, ont fait surface avec une pureté qui est un phénomène en soi», commente le docteur Pazder. Entre autres choses, Michelle aurait été enfermée nue dans une cage pleine de serpents, ou encore enterrée vivante dans une tombe ; elle aurait été témoin du massacre de plusieurs bébés et de fœtus humains, et elle aurait été forcée de commettre des actes sexuels d’une rare obscénité. Après chaque événement, un mécanisme de refoulement programmé par la secte serait entré en action, si bien que Michelle aurait continué une vie d’apparence normale et aurait tout oublié jusqu’à sa vingt-septième année (tandis que ses deux sœurs, elles, n’ont jamais rien remarqué). «Michelle Remembers» fut un immense succès de librairie, et fut largement responsable de la satanic panic des années 90.

Certaines églises évangéliques américaines, obsédées par le démon, ont fait grand usage des souvenirs récupérés de SRA (Satanic Ritual Abuse). Plusieurs psychothérapeutes qui ont aidé des patients à produire des faux souvenirs de satanisme étaient des pasteurs évangéliques, ou pratiquaient dans un cadre religieux. Parmi la littérature chrétienne, on retiendra «Dance With the Devil», un témoignage par Audrey Harper, une chrétienne born-again qui se «rappelle» avoir été plusieurs fois fécondée pour mettre au monde des bébés destinés à être consommés lors de rituels sataniques.

Histoires vraies de faux souvenirs

La controverse sur les «souvenirs retrouvés» avait commencé avant le livre de Michelle Smith, dans le contexte de la vogue des psychothérapies régressives («Recovered Memory Therapies»), qui ont en commun de chercher la clé des problèmes psychologiques présents dans les souvenirs traumatiques refoulés de l’enfance, et d’utiliser pour cela l’hypnose ou des techniques approchantes, qui provoquent un état de conscience modifiée, hautement suggestionnable. Le phénomène touche très majoritairement des femmes.

Voici l’histoire typique de Olivia McKillop. Dans les années 1970 Olivia avait toujours été une enfant heureuse et épanouie. Pourtant, durant sa dernière année de lycée, elle sombra dans une dépression et entama une thérapie avec Tricia Green. Dès la fin de la première séance, sans que Olivia ait évoqué le moindre abus de la part de ses parents (elle se plaignait plutôt d’avoir été trop protégée et choyée), la psychothérapeute lui confia un livre destiné aux adultes qui ont subi des abus sexuels durant leur enfance mais l’ont oublié. Ce livre était «The Courage to Heal», de Ellen Bass et Laura Davis, paru en 1988 et vendu à plus de deux millions d’exemplaires.

Sous l’influence de cette lecture et des questions orientées de sa psy aux séances suivantes, Olivia se sentie entraînée dans un autre monde. «Progressivement, j’ai commencé à voir ma famille comme vraiment abusive et dysfonctionnelle». Puis Tricia Green la conduisit à travers des séances de visualisation guidée, pour «faire remonter le passé». Elle se concentra sur une scène banale de son enfance : un jour à la garderie, un réparateur était venu s’occuper du piano. «Et soudainement, j’ai visualisé qu’il se couchait sur moi. J’imaginais cet homme en train d’enlever mon pantalon et mon pull et se mettre à me lécher et à m’embrasser partout».

Ce «flashback», comme l’appela sans hésitation Tricia Green, bouleversa Olivia. Après cette séance, Olivia acheta d’autres livres sur les abus sexuels, le refoulement et les souvenirs «récupérés». Elle en fut profondément affectée. «Lorsque je me rendis à mon rendez-vous suivant, j’avais endossé l’identité d’une «rescapée de l’inceste» (incest survivor), et il n’y avait plus de retour possible».

Au fil des séances, de nouveaux «flashbacks» l’assaillirent. «Finalement, je me suis mise à croire que j’avais été molestée par six hommes en tout, y compris mon grand-père, mon père et mon frère Jerry». Olivia passa ainsi deux ans en thérapie. Elle quitta ses études et déménagea loin de ses parents. Toute sa vie et l’image qu’elle se faisait d’elle-même étaient maintenant dominées par la certitude d’avoir subi d’atroces sévices sexuels de la part de sa propre famille.

Un premier doute sérieux la frappa lorsqu’un enfant se confia à elle (elle était, cet été-là, animatrice dans un camp d’enfant) : «Mademoiselle, mon Papa fait quelque chose de mal avec moi, parce qu’il dort avec moi dans mon lit». En regardant cet enfant, Olivia réalisa que, dans son enfance, elle n’avait jamais éprouvé la souffrance et la confusion qu’elle lisait maintenant dans ce visage. Grâce au soutien de quelques amis qui, la connaissant depuis longtemps, ne croyaient pas à ses histoires d’abus sexuel, Olivia parvint à retrouver sa raison et prit conscience d’avoir été manipulée par sa thérapeute. Lorsqu’elle entendit parler du phénomène des «faux souvenirs», ce fut une révélation. Aujourd’hui, elle a renoué avec ses parents et son frère, qui lui ont pardonné ses accusations.

Son cas est tout sauf rare. Des dizaines d’autres sont rapportés dans le livre de Mark Pendergrast, «Victims of Memory» (HarperCollins, 1996), le plus complet des livres publiés sur le phénomène des «faux souvenirs». D’autres cas sont rapportés dans «Le Syndrome des faux souvenirs», écrit par Elizabeth Loftus, spécialiste de la mémoire et présidente de l’American Psychological Association avec l’aide de Katherine Ketcham (Exergue, 1997. J’ai moi-même fait traduire ce livre en français et l’ai publié en 1997 aux Éditions Exergue que j’avais créées. J’ai par ailleurs écrit quelques articles sur ce sujet, que j’ai beaucoup exploré.

Aucun des auteurs qui ont exploré et dénoncé le phénomène des faux souvenirs induits par régression hypnotique ne remet en question l’ensemble des témoignages de victimes d’inceste, ni même le fait que des souvenirs d’abus sexuels dans l’enfance puissent être réellement enfouis pour surgir brutalement à la conscience à l’âge adulte. Le phénomène a été documenté et théorisé par Pierre Janet entre 1885 à 1887.

Il faut se garder de généraliser, mais ce qui est en cause dans la controverse sur les faux souvenirs sont les visions obtenues par des techniques de «régression» relevant de l’hypnose, généralement accompagnées de suggestions de la part de thérapeutes. Ce qui est également en cause est une conception quasi informatique de la mémoire humaine, très éloignée du modèle développé par Janet. Selon Janet, la «dissociation» ne s’apparente pas à l’enregistrement de souvenirs préservés de façon fidèle dans l’inconscient ; il s’agit plutôt de contenus psychiques chargés d’émotions négatives, qui prennent une vie autonome sous le seuil de la conscience ordinaire. Par ailleurs, Janet n’a jamais utilisé ni recommandé l’hypnose pour retrouver des souvenirs, car l’on s’avait déjà à son époque que l’hypnose pouvait générer de faux souvenirs.

Le scénario classique en question est le suivant. Une jeune femme consulte un psychothérapeute pour un problème relativement bénin (crise conjugale, problème de poids, dépression, etc.). Le psy, adepte de la théorie selon laquelle l’inceste explique tout, influence sa cliente dans ce sens et l’encourage à retrouver des «souvenirs refoulés», la soumettant pour cela à des conditionnements émotionnels divers, et souvent à des séances d’hypnose. La patiente finit par produire des «souvenirs» d’inceste. Au fil des séances, de nouveaux souvenirs apparaissent, de plus en plus atroces, allant éventuellement jusqu’à des scènes de viols collectifs, de meurtres rituels, de cannibalisme. Les thérapeutes qui accompagnent les patientes dans cette descente aux enfers soutiennent que les scènes visualisées correspondent à des événements réels de la vie de la patiente, dont le souvenir aurait été massivement «refoulé» (repressed). Mais loin d’avoir résolu son problème initial, la patiente se transforme en victime paranoïaque, et il n’est pas rare qu’elle finisse à l’hôpital psychiatrique, après avoir traîné ses proches au tribunal sous les accusations les plus horribles.

Certaines de ces patientes, de plus en plus nombreuses à mesure que le phénomène des faux souvenirs a été mieux connu, finissent par remettre en doute leurs «souvenirs» et parfois se retournent en justice contre leurs thérapeutes. Comme Olivia McKillop, elles passent du camp des incest survivors à celui des retractors. Selon leurs psychothérapeutes, elles ont cédé à la pression sociale et à la honte. Fuyant devant leur réalité intérieure et familiale, elles préfèrent retourner dans le «déni», sorte de refoulement bis.

Mais les «rétracteurs», eux, ne voient pas les choses ainsi : elles pensent avoir été victimes de manipulation mentale de la part de leurs psychothérapeutes. Les «flashbacks» qu’elles ont pris un temps pour des souvenirs réels n’étaient en fait que des productions de leur esprit, déclenchées par suggestion hypnotique, mais aussi par leur propre désir de satisfaire leur thérapeute et de trouver une explication à leur problème. Nombre de ces ex-patientes (ce sont très majoritairement des femmes) se sont regroupées en association et publient une lettre d’information, «The Retractor». Certaines ont publié leurs témoignages, comme Meredith Maran, auteure de «My Lie : A True Story of False Memory»(2010).

Le débat est loin d’être clos. Peu de psychothérapeutes ont fait amende honorable. La plupart crient au complot, et s’efforcent de convaincre leurs patientes que les gens qui parlent de «faux souvenirs» sont motivés par une idéologie réactionnaire et veulent perpétuer le déni de l’inceste. La False Memory Syndrome Foundation est accusée d’être une couverture pour les pédophiles. Tout au long des années 1990, le sujet a secoué et divisé la profession des psychiatres et psychothérapeutes, qui restent encore incapables, d’un côté comme de l’autre, de donner une explication pleinement satisfaisante des phénomènes.

Depuis 1994, plusieurs livres ont commencé à répercuter l’opinion des sceptiques, à explorer l’hypothèse des «faux souvenirs» (pour une première approche, lire cet article). Il ne s’agit pas, pour leurs auteurs (comme Elizabeth Loftus ou Mark Pendergrast), de nier la réalité des abus sexuels d’enfants. Cette réalité est courante et effrayante, et personne ne cherche à la minimiser. Précisément, soulignent ces auteurs, la mascarade des faux souvenirs d’inceste nuit fortement au combat légitime des vraies victimes d’inceste. Il ne s’agit pas non plus d’affirmer que tous les souvenirs obtenus sous hypnose sont faux, mais d’aborder le phénomène avec beaucoup plus de prudence.

Voici un autre récit de «rétracteur», tiré comme celui de Olivia McKillop du livre de Mark Pendergrast.

Code pénal Dalloz
Code pénal Dalloz

«Laura Pasley est l’une des premières à avoir gagné son procès contre son thérapeute, Steve. Elle était allée le consulter pour tenter de résoudre sa boulimie et son obésité. «Dès ma première séance, en 1985, Steve me demanda si j’avais jamais été abusée sexuellement. Je lui ai dit que c’était le cas. Lorsque j’avais neuf ans, à la piscine, un garçon que je ne connaissais pas avait mis son doigt dans mon vagin, à travers mon maillot de bain, sous l’eau». Mais cet incident, qui avait fortement marqué Laura et dont elle se rappelait parfaitement, n’intéressait guère Steve. «Il m’a dit que je devais découvrir des choses enfouies plus profondément. Il m’a dit que, puisque j’avais un trouble alimentaire, cela signifiait automatiquement que j’avais été sérieusement molestée. Nous sommes donc partis à la recherche de souvenirs enfouis»».

De relaxations en visualisations, les «souvenirs» ont effectivement commencé à émerger. Laura fit bientôt apparaître dans son esprit des visions de sa mère pénétrant ses organes sexuels avec ses doigts, puis avec un cintre. Son thérapeute lui conseilla de participer à une thérapie de groupe qu’il dirigeait. L’effet de groupe est propice aux flashbacks. Il s’y produit une forme de transe collective, où les «souvenirs» et les ressentiments de chacun stimulent les autres. «J’avais ces flashbacks horribles de recevoir des lavements froids et des objets divers insérés dans mon vagin. Une autre fois, je vis mon frère et ses amis me pendre par les pieds. (…) Finalement, je vis des scènes de viol collectif et de viol par des animaux». L’état de santé de Laura ne s’arrangeait pas. Mais Steve la rassurait : il fallait que son état empire avant de s’améliorer.

Comme bien d’autres, Laura commença à s’éveiller de ce cauchemar lorsqu’elle entendit parler des «faux souvenirs». «C’était comme si une lumière s’était allumée dans ma tête. Lorsque j’ai réalisé ce qui s’était passé, j’ai appelé un bon psychologue. Je lui ai dit : «Ces flashbacks semblaient si réels ; ils étaient vraiment réels». Elle me répondit : «Ils étaient réels, mais pas la réalité». Je n’ai jamais oublié ces paroles». Laura passa le mot aux autres femmes du groupe. «Maintenant, nous avons toutes arrêté, sauf une fille, qui est vraiment un cas tragique. Elle a accusé sa mère de rituel satanique, et d’avoir assassiné sa sœur jumelle à la naissance. Peu importe qu’il n’y eût qu’une seule naissance enregistrée sur le certificat : elle pense que la secte satanique a trafiqué le certificat».

Aussi incroyable que cela paraisse, des cas comme ceux de Olivia McKillop et de Laura Pasley se comptent par dizaines de milliers aux États-Unis. Beaucoup ont d’abord accusé leurs parents, encouragés par leurs psychothérapeutes qui considèrent cette démarche comme libératrice. Et bon nombre sont allés jusqu’à les attaquer en justice. Il y a dix ans à peine, plusieurs de ces procès ont abouti à des condamnations de parents, sur la base exclusive de «souvenirs» déclenchés sous hypnose vingt ou trente ans après les faits supposés.

Le reportage de Élise Lucet

Le dossier des faux souvenirs concerne aussi les enfants. Dans «Le Syndrome des faux souvenirs», Elizabeth Loftus démontre qu’il est facile de générer des faux souvenirs chez les enfants. De plus, les enfants ont tendance à croire à leurs propres affabulations si les adultes y croient. Sur ce sujet comme sur d’autres, il est imprudent d’énoncer des généralités, il faut discuter au cas par cas, et il faut tenir compte du contexte : il n’est pas rare que des enfants de couples divorcés très conflictuels, soient manipulés (même inconsciemment) par leurs mères. Cela semble être le cas des enfants Pierre et Marie qui sont au centre du fameux documentaire de Élise Lucet diffusé sur France 3 en 2000, dont le documentaire de Pierre Barnérias semble faire grand usage. Quelques recherches permettent de comprendre que, si ce reportage a disparu du site de France 3, c’est simplement parce qu’il est si malhonnête qu’il a dû susciter des poursuites judiciaires bien méritées. Il déforme certains faits et omet des informations et des expertises (psychologiques et physiques) cruciales qui ont justifié le non-lieu. Voir ici.

À mon sens, le témoignage de la petite Marie (10 ans au moment des «faits», 12 ou 13 ans au moment du reportage) n’est tout simplement pas crédible. Celui de son petit frère, visiblement entraîné par sa sœur, l’est encore moins. Les experts interrogés sont tout sauf convaincants : le psy Pierre Sabourin avec son divan, qui passe 3 ans à faire dessiner les enfants, le pédopsychiatre Philippe Mazet qui a pour unique argument qu’il n’a «pas du tout, mais alors pas du tout du tout l’impression que les enfants affabulent», et le sociologue Paul Ariès avec sa théorie débile «c’est inimaginable donc c’est vrai» (autrement dit, plus c’est gros, plus ça passe !).

Encore une fois, je n’en tire aucune conclusion générale. J’incite simplement chacun à faire usage de son sens critique, et de développer un peu de méthodologie et de rigueur d’analyse.

MK-Ultra selon Alexandre Breton

Je voudrais insister maintenant sur une importante leçon pratique à tirer de ce dossier : le scepticisme s’impose lorsque des phénomènes de «souvenirs retrouvés» sont invoqués dans le dossier MK-Ultra, comme c’est le cas dans le livre de Alexandre Lebreton, «MK Ultra. Abus rituels et contrôle mental», un livre qui produit plus de confusion que d’éclaircissement par son manque de discernement.  

Lebreton fait une grande place aux souvenirs d’abus sexuels retrouvés lors de séance de thérapie hypnotique. Il n’est pas troublé par le fait que, dans la plupart des cas de ce type, les «souvenirs retrouvés» vont s’élaborer au fil des séances. La patiente va d’abord se persuader qu’elle a vécu «des trucs incestueux», et après s’être documentée, finit par se souvenir de programmation Monarch. Ainsi Lebreton rapporte au sujet de Brice Taylor, traitée par la thérapeute Catherine Gould, «qui l’a beaucoup aidée. Ce sont d’abord les abus sexuels dans l’enfance qui sont remontés, puis les souvenirs d’abus rituels sataniques et enfin les mémoires concernant la programmation MK».

Jamais Lebreton ne considère la possibilité que de tels «souvenirs» soient au contraire le produit d’un trouble de la personnalité, aggravé par des pratiques dangereuses d’hypnothérapies. N’est-ce pas pourtant une hypothèse à prendre en compte ? On admet facilement que certaines de ces patientes qui élaborent des scénarios complexes d’abus durant leur petite enfance ont réellement été abusées d’une manière plus classique, ou ont été perturbées par une atmosphère familiale toxique, incluant peut-être un «secret de famille», et que cela ait causé une fragilité. Parfois, le traumatisme ne se situe pas dans l’enfance. Ainsi en est-il de Claudia Mullen, mentionnée par Lebreton : j’apprends, en quelques clics, que ses «souvenirs» d’enfance sont «remontés» après que, ayant subi un viol à l’âge adulte, elle entra en thérapie en 1992 avec Valérie Wolf. Cette dernière estima qu’elle avait les symptômes du survivant d’inceste, la mit sous hypnose, et l’aida à produire les «souvenirs» souhaités. Dans certaines conditions, un traumatisme physique avec hospitalisation peut déclencher des troubles mentaux, qui vont s’aggraver en thérapie : «En 1985 et en 1987 Brice Taylor, écrit Lebreton, a eu deux graves accidents. Ce sont les chocs provoqués par ces accidents qui ont commencé à faire remonter les souvenirs de son passé… beaucoup de souvenirs».

Loin de moi l’idée que tous les «souvenirs» produits sous hypnose s’expliquent facilement. Chaque cas est particulier, et certains sont extrêmement troublants, démontrant des facultés et des fragilités de l’âme humaine qui sont hors du commun. Mais ce qui est problématique, c’est l’empressement des auteurs de littérature à succès à faire rentrer tous les cas dans un grand sac unique auquel ils attachent l’étiquette qui leur plaît – l’étiquette MK-Ultra dans le cas de Lebreton.

Lebreton s’inscrit dans une école lancée par un livre paru en 1995, dont le titre français est «L’Amérique en pleine transe-formation», et dont le sous-titre anglais est «The true life story of a  CIA mind control slave». Dans ce livre, Mark Phillips raconte comment il arracha Cathy O’Brien et sa fille d’un réseau gouvernemental qui avait fait d’elles des esclaves sexuelles. Sur la page Amazon du livre on lit que «C. O’Brien est une ancienne victime des expériences gouvernementales américaines de contrôle de l’esprit et a pu recouvrir ses ‘mémoires’ grâce aux travail et soutien de son compagnon Mark Phillips». Les «expériences gouvernementales» pratiquées sur Cathy depuis son plus jeune âge aurait fractionné son esprit en personnalités multiples, de sorte que, écrit-elle : «J’avais une personnalité pour la pornographie, une personnalité pour la bestialité, une personnalité pour l’inceste, une personnalité pour résister aux horribles abus psychologiques de ma mère, une personnalité pour la prostitution, et le reste de ‘moi’ fonctionnait un peu ‘normalement’ à l’école». Cathy, donc, fonctionnait à peu près normalement à l’école, c’est pourquoi ni ses proches ni elle-même n’avaient rien remarqué. La manière dont Phillips aida Cathy à «récupérer» ses souvenirs est sans surprise :

«Mon plus grand défi était d’apprendre à contrôler l’état de transe constant de Cathy pendant qu’elle mettait ses souvenirs par écrit. (…) grâce à mes propres recherches intensives en hypnothérapie, j’ai appris à contrôler les états de transe de Cathy. Je considérais cela comme une façon de la déshypnotiser. J’en vins à être considéré par les médecins de santé mentale comme un «expert» dans l’application de cet outil clinique peu utilisé pour récupérer la mémoire».

Phillips est souvent décrit comme «un familier de la CIA», mais rien n’étaye cette prétention, et son récit me fait l’impression d’un tissu d’affabulations de la part d’un personnage trouble, qui ne cache d’ailleurs pas ses fréquentations criminelles. Il me semble probable que c’est Phillips, et non la CIA, qui a fait de Cathy O’Brien son esclave par l’hypnose, dans un but à la fois narcissique et mercantile.

Le manque de recul critique de Lebreton par rapport à ce cas et tant d’autres provient en partie de sa conception de la mémoire humaine sur le modèle du disque dur d’ordinateur, programmable et compartimentable :

«Nous pouvons ainsi comprendre que l’esprit d’un individu est potentiellement programmable tel un ordinateur avec des fichiers et des codes d’accès. Ce phénomène de fracturation de la personnalité est la pierre angulaire des abus rituels car il ‘déverrouille’ la psyché qui devient alors accessible pour y intégrer une programmation».

Mais les limites de Lebreton viennent surtout du paradigme religieux qui domine sa vision du monde, et que résume bien cette phrase : «La puissance spirituelle ne peut venir que de deux sources : Jésus-Christ ou Satan…». Mon expérience me dit qu’on ne peut attendre aucune rationalité sérieuse de la part de quelqu’un qui pense ainsi. Le paradigme de Lebreton, emprunté à un traditionalisme d’inspiration évangélique, détermine son regard sur les religions non-chrétiennes. Son chapitre 2 est un bric-à-brac informe de clichés assimilant toutes les religions antiques au satanisme, «sans oublier le druidisme celtique», et la gnose, bien sûr, et ainsi de conclure que MK-Ultra n’a rien inventé. Ainsi, «le «Livre des Morts Égyptien» est un des premiers écrits faisant référence à l’utilisation de l’occultisme pour de la manipulation mentale». Ou encore : «Le culte à Mystères d’Éleusis utilisait dans ses rituels une potion sacrée appelée Kukeon qui contenait de l’ergot de seigle et qui se rapprochait beaucoup du LSD actuel (puissant hallucinogène)». Et ce grotesque contresens : «Dans le texte Gnostique intitulé «Gospel of Phillip» (sic), il est mentionné que «Dieu est un mangeur d’homme. C’est pour cette raison que les hommes sont (sacrifiés) à lui»». Avec une telle méthode, on pourrait facilement démontrer que les chrétiens mangent des bébés. Comme tous les chrétiens arque-boutés sur «la parole de Dieu», Lebreton a intériorisé la jalousie du dieu des juifs : «Le polythéisme des Mésopotamiens, des Sumériens, des Assyriens, des Perses et des Babyloniens était complètement lié aux entités démoniaques». Il assimile tout ça à la «religion sans nom», autrement dit le satanisme. C’est en effet Satan qui gouverne le monde, par les Illuminati :

«Satan aurait donc un plan établi pour régner sur terre et il utiliserait certains humains (lui vouant un culte) comme catalyseurs pour mettre en place son projet terrestre, des humains passés par la contre-initiation, une inversion de la sanctification aboutissant à des pouvoirs et des connexions d’ordre surnaturel… Il est intéressant de noter ici que la franc-maçonnerie se réfère également à de mystérieuses entités d’une autre dimension qui inspirent (pour ne pas dire qu’elles dictent) ses propres actions pour la mise en place de l’Ordre mondial. Les Illuminati, ou encore ceux qui composent «l’élite dirigeante» de la planète, semblent eux aussi avoir très vite compris l’avantage qu’ils pouvaient retirer de ces techniques pour dominer le monde. En fait, les Chrétiens auront reconnu que derrière ces techniques et ces tortures abominables, se cache la main de Satan, qui veut réduire l’humanité en esclavage, et se faire adorer comme Dieu, sous la forme de l’Antichrist (sic) annoncé par la Bible».

Remarquons que, si Lebreton déteste toutes les religions sauf le christianisme, le judaïsme ne semble pas lui poser de problème. Il fait l’impasse sur les rituels juifs sataniques, qui ont pourtant fait l’objet de travaux historiques, notamment par Ariel Toaff dans «The Bloody Satanic Sacrifice Rituals of the Jewish Race» (lire cet article de Ron Unz). Rien non plus, évidemment, sur la circoncision au huitième jour, véritable rite traumatique.

Par un autre réflexe qui ne surprend pas, Lebreton projette son prisme satanique sur les nazis. Comme dans «Out of Shadows», on a droit à l’amalgame entre Paperclip et MK-Ultra. L’ayant lu dans toutes ses sources, Lebreton est convaincu que MK-Ultra est peuplé de nazis, et ignore qu’à sa tête se trouvait un fils d’immigrants juifs hongrois (Sidney Gottlieb, Joseph Scheider de son vrai nom), et que parmi ses collaborateurs figuraient des gens comme John Gittinger, Harris Isbell, James Keehner, Lauretta Bender, Albert Kligman, Eugene Saenger, Chester Southam, Robert Lashbrook, Harold Abramson, Charles Geschickter et Ray Treichler – tous juifs. Voici un échantillon des méthodes de raisonnement de Lebreton. Il nous informe que les nazis mettaient du fluor dans l’eau des camps de concentration. «Les nazis n’utilisaient évidemment pas ce produit pour améliorer la santé dentaire de leurs prisonniers, bien sûr que non, cette médication massive des réserves d’eau en fluor servait à stériliser les prisonniers et à les abrutir pour s’assurer de leur docilité». Lebreton ne réalise même pas qu’il se contredit avec la phrase qui suit immédiatement : «Le chimiste Charles Perkins fut un des premiers à dénoncer les effets nocifs de la fluoraison de l’eau potable dans un essai qu’il publia en 1952».

Les arguments de Lebreton sont souvent de ce niveau, et rendent son livre inutilisable. Encore un exemple : dans son premier chapitre, portant sur l’Institut Tavistock, Lebreton se base sur des auteurs comme John Coleman et Jim Keith, adeptes des théories les plus délirantes. Il reprend au premier l’idée que le succès des Beatles est un complot Illuminati, ou que Jimmy Carter était un «candidat Mandchou» programmé par son psychiatre de Tavistock. Lorsqu’il cite (de seconde main) des savants impliqués dans la recherche sur la psyché humaine, Lebreton leur fait des procès d’intention, comme si toute recherche sur la manipulation mentale était ouvertement ou secrètement au service de la manipulation mentale. Par exemple, il cite William Sargant, qui explique les principes du lavage de cerveau dans «The Battle for the Mind : A Physiology of Conversion and Brain-Washing» (1957), en laissant entendre que ce professeur recommande ou expérimente le lavage de cerveaux, ce qui est totalement faux, comme il est facile de le vérifier. Avec de telles méthodes, on pourrait facilement «démontrer» que Lebreton fait lui aussi l’apologie de la manipulation mentale. Et d’ailleurs, il me semble bien que, comme toute la sous-culture américaine qu’il véhicule, son livre a un côté manipulatoire et donc contreproductif par rapport à son objectif affiché. Tout n’est pas à jeter chez Lebreton, car il a aussi lu quelques livres sérieux. Le sien aurait pu faire une synthèse utile s’il était deux fois moins épais et se limitait aux informations puisées dans des sources crédibles. Malheureusement, le tri est difficile à faire.

Pour aller plus loin

Cet article reprend des éléments d’un article précédent paru sur E&R, dont j’ai omis ici la première partie, sur le cas édifiant de la famille Ingram, ravagée par des faux souvenirs d’inceste satanique produits au départ dans le cadre de retraites évangéliques. L’article aborde aussi les «faux souvenirs» de vies antérieures, et les «faux souvenirs» d’abductions par des extra-terrestres, qui sont presque toujours provoqués également par des techniques «régressives», c’est-à-dire hypnotiques.

• https://www.egaliteetreconciliation.fr/La-fabrique-des-faux-souvenirs-et-le-dossier-MK-Ultra

J’ai aussi produit, sur E&R, une analyse du documentaire Out of Shadows, paru en 2022 sur le même sujet. J’y aborde la dimension politique du sujet, qui a été exploité par le mouvement Q-Anon, qui était essentiellement un PSYOP de l’équipe de Trump.

• https://www.egaliteetreconciliation.fr/Hollywood-CIA-Epstein-Pizzagate-decouvrez-le-documentaire-Out-of-Shadows

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Réseau International est un site de réflexion et de réinformation qui se concentre sur des analyses géopolitiques, économiques, et sociétales. Il met en avant des perspectives alternatives et critiques sur les événements mondiaux, souvent en opposition à la vision dominante des médias traditionnels. Le site publie des articles sur les rapports de force internationaux, les enjeux géostratégiques, et les dynamiques entre blocs continentaux et puissances océaniques, entre autres sujets. https://reseauinternational.net

Sociétés Secrètes : L’Union russe du salut

De notre confrère espagnol nuevatribuna.es – Par EDUARDO MONTAGUT

Dans l’Europe de la Restauration et le déclenchement des cycles révolutionnaires libéraux et nationalistes, en plus du socialisme et du communisme naissants, un modèle d’organisation a été proposé pour tenter de saper l’ordre établi basé sur des sociétés secrètes ayant plus ou moins de relations avec la franc-maçonnerie, alors qu’elles devraient le faire. Ne pas confondre les uns avec les autres. Le cas le plus connu est celui des Carbonería, que nous avons étudié sur Nuevatribuna-es.

Dans cet article, nous voyagerons en Russie dans la deuxième décennie du XXe siècle, à l’époque où se forgeait le mouvement décembriste contre l’absolutisme tsariste. Nous étudierons la société secrète  Union russe du salut , créée en 1816.

Une fois terminée la guerre contre Napoléon, au sein d’une aristocratie active, mais aussi chez un jeune officier qui avait connu d’autres régimes politiques combattant en Europe, commença la nécessité de proposer une  alternative à l’absolutisme tsariste, d’essayer d’aller vers une sorte de monarchie. constitutionnelle, même si certains voulaient aller plus loin, dans un sens plus républicain et social. Dans ce contexte, différentes sociétés secrètes sont nées, avec des liens également maçonniques.

Une fois la guerre contre Napoléon terminée, la nécessité de proposer une alternative à l’absolutisme tsariste commence à apparaître.

La première société créée fut l’Union du Salut en 1816. Son objectif était d’œuvrer à une réforme du système politique dans un sens clairement constitutionnel.

Son organisation s’aspirait de la  structure maçonnique , puisqu’elle établissait trois degrés ou classes : les  frères , les  hommes  et les  boyards . Parmi les membres de cette dernière, ceux qui devaient diriger la Société étaient choisis, devenant ainsi les anciens.

Un autre aspect de la relation avec la franc-maçonnerie tenait au fait que ceux qui voulaient appartenir à la Société devaient passer par un rite d’initiation, avec une cérémonie spécifique et avec des connotations maçonniques. Avant l’initiation, en tout cas, il était exigé un serment sur la nécessité de garder le secret sur tout ce qu’ils voyaient et comprenaient, même si, au moment de leur initiation, ils n’étaient pas d’accord avec les « vues et opinions de la Société », qui rendaient leur opinion aux auteurs du  Dictionnaire encyclopédique de la franc-maçonnerie , publié en 1883, c’est-à-dire Rossend Arús  et  Lorenzo Frau Abrines , et qui constitue l’une de nos sources, que les propagandistes de cette Société n’étaient pas très explicites sur tout ce qui concernait le véritable objet de celle-ci.

Une fois l’initiation vérifiée, un deuxième serment fut prêté concernant l’obligation d’utiliser tous les moyens disponibles pour atteindre le but de la Société, en plus de l’obligation d’obéir aux décisions du Conseil Suprême des Boyards.

L’un des membres de la Société du Salut était Nikita Muraviov qui entretenait des relations étroites avec le soldat espagnol Juan Van Halen.

Le  Dictionnaire  consulté dit qu’il ne doit pas s’agir d’une société secrète qui a eu beaucoup de chance dans son travail. L’organisation recevrait  des critiques de la part de ses propres membres  et d’autres sociétés apparentées qui s’étaient organisées avec des objectifs similaires de changement politique, ce que nous interprétions comme l’émergence de conflits et de différends. Cela entraînerait une modification des statuts et une réforme de l’organisation dans un processus auquel participeraient les membres de ces autres sociétés, provoquant ainsi la naissance d’une nouvelle société.

L’un des membres de la Société du Salut était  Nikita Muraviov, qui connaissait les idées de Robespierre et avait été à l’entrée des troupes russes à Paris, commençant à établir des relations avec des personnalités politiques importantes. Il entretenait une relation étroite avec le soldat espagnol  Juan Van Halen  , également franc-maçon. Apparemment, Van Halen a assisté aux réunions de la Société lors de sa visite en Russie, ainsi qu’à la Loge des Asturies. Van Halen a joué un rôle militaire de premier plan dans la Russie d’Alexandre Ier. Le libéralisme du soldat espagnol l’a amené à être expulsé de Russie. De son côté, Mouraaviov jouerait un rôle important dans le mouvement décembriste.

04/07/24 : Les Entretiens d’Été du Collège Maçonnique reçoivent le Pr. Israël Nisand sur « Choisir la Prudence ou le Progrès ? »

Dans le cadre de la thématique 2024 « Quelle modernité pour les Vertus ? », le Pr. Israël Nisand interviendra, pour ce deuxième entretien, sur « Choisir la Prudence ou le Progrès ? Reproduction Humaine, nouveaux défis ? » Les Entretiens d’Été du Collège Maçonnique  vous propose la réflexion suivante :

« L’explosion des connaissances, et plus encore celle des techniques qui en sont les conséquences les plus directement visibles par l’ensemble de la population, a été l’un des marqueurs essentiels de notre civilisation depuis surtout le milieu du XXème siècle.

Découvrir l’ADN, puis séquencer le génome Humain, maîtriser la fécondité, l’IVG, la conservation du sperme, le don d’ovocytes, le clonage animal, le diagnostic prénatal, la procréation médicalement assistée (PMA), la fécondation in vitro et le transfert d’embryon (Fivete), les ciseaux génétiques, le tri des embryons, la grossesse pour autrui (GPA)…  l’eugénisme est à notre porte, autant de progrès techniques déjà réalisés ou de potentialités réalisables à court terme.

L’impression donnée par les biologistes eux-mêmes est que rien n’est impossible : changer de sexe est chirurgicalement courant, le transhumanisme s’est invité dans les débats quotidiens, l’Intelligence artificielle (IA) fait irruption dans les pratiques, notamment médicales, les neurosciences cognitives sont en passe de bouleverser nos conceptions sur le fonctionnement de l’esprit de l’Homme.

Qu’en est-il de la Loi morale, chère à Emmanuel Kant, ou de la Loi, tout court, que nous avons en héritage? Que nous est-il permis d’espérer ? Que devons-nous faire ? »

Logo GLFF
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Les modérateurs de la soirée sont Frédérique Ferrand, Professeure agrégée de Droit privé, Université Jean Moulin Lyon 3, membre de la Grande Loge Féminine de France (GLFF) et Thierry Zarrazin, Ancien Chef de service de Physique , Médicale du Centre Oscar Lambret et résident de la SF de Radioprotection, membre de la Grande Loge de France (GLDF).

Alain-Noël Dubart
Marie-Thérèse Besson

Les organisateurs  sont Alain-Noël Dubart, ancien grand maître de la GLDF et Marie-Thérèse Besson, ancienne grande maîtresse de la GLFF.

*Israël Nisand, né le 13 décembre 1950, est un gynécologue obstétricien français renommé, exerçant aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et professeur des universités à la faculté de médecine de Strasbourg. Il est fils de Léon Nisand et Andrée Lévy et frère de Raphaël Nisand, avocat.

Israël Nisand

Après des études à l’université de Strasbourg, il dirige l’école des sages-femmes de Poissy et depuis 2005, il est chef du département de gynécologie-obstétrique à Strasbourg. Spécialiste du diagnostic prénatal, il a écrit plusieurs ouvrages, dont Gynécologie obstétrique (éditions Doin), 9 mois, et cætera avec Sophie Marinopoulos et Elles accouchent et ne sont pas enceintes-Le déni de grossesse (2011).

Engagé en bioéthique, il s’est opposé à l’extension du délai légal de l’IVG et soutient l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples homosexuels. En 2021, il devient chef de la maternité de l’Hôpital Américain à Neuilly-sur-Seine et a présidé le Collège national des gynécologues et obstétriciens français de 2017 à 2020. Il a également créé le Forum européen de bioéthique, facilitant des débats publics sur des questions éthiques complexes.

Jeudi 4 juillet 2024, à 19h30 – Inscription obligatoire sur le site

Le jeudi 11 Juillet à 19h30 Les Entretiens d’Été du Collège Maçonnique accueilleront le Pasteur Jean-Marie de Bourqueney, ancien directeur de Réforme – hebdomadaire protestant, fondé à Paris en 1945 ; son nom fait référence à la réforme protestante – e sur « Sola Fide : la vertu comme pouvoir de transformation »

Toutes les conférences sont gratuites, ouvertes à tous, enregistrées et disponibles gratuitement sur le site du Collège Maçonnique.

Antisémitisme et politique en France : 50 ans de controverses

Histoire politique de l’antisémitisme en France-De 1967 à nos jours est une œuvre collective dirigée par Alexandre Bande, Pierre-Jérôme Biscarat et Rudy Reichstadt, qui propose une analyse approfondie et transversale de l’antisémitisme dans la sphère politique française.

Ce livre intervient dans un contexte où l’antisémitisme, sous ses diverses formes (complot juif, négationnisme, antisionisme), demeure un sujet de préoccupation majeur, avec des discours parfois plus qu’ambigus de certains partis politiques.

Le livre est structuré en douze chapitres, chacun rédigé par un spécialiste, et examine la place de l’antisémitisme dans différents partis et mouvements politiques français depuis 1967.

Des douze chapitres Antisionisme et antisémitisme/Le Front national et le Rassemblement national face à l’antisémitisme/L’antisémitisme, Éric Zemmour et le parti Reconquête !/Le temps de la droite : droites de gouvernement et antisémitisme/Le centre droit et l’antisémitisme/Emmanuel Macron et Renaissance/Les Verts face à l’antisémitisme/L’antisémitisme introuvable ? Socialistes et radicaux face à la haine des Juifs/ La lente dérive du Parti communiste français face à l’antisémitisme/La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon et l’antisémitisme/Une histoire de l’antisémitisme à l’extrême gauche, de 1967 à aujourd’hui/Les Gilets jaunes et l’antisémitisme, nous avons pris le parti d’en analyser trois…

Alexandre bande

Alexandre Bande, docteur en histoire et Professeur agrégé, enseigne l’histoire en classes préparatoires littéraires et notamment à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye. Il travaille sur les questions d’articulation entre histoire et mémoire des génocides et des conflits contemporains. Il est membre de la commission enseignement de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Nous lui devons « Antisionisme et antisémitisme », le premier chapitre.

Dans celui-ci, Alexandre Bande examine les complexités et les nuances entre antisionisme et antisémitisme, deux concepts souvent confondus mais qui méritent d’être distinctement analysés.

L’antisionisme est défini comme l’opposition au sionisme, c’est-à-dire à l’idéologie et au mouvement politique qui prône l’établissement et le soutien d’un État juif en Palestine, aujourd’hui Israël. L’antisionisme peut se manifester de plusieurs façons, allant des critiques légitimes de la politique israélienne aux appels à la dissolution de l’État d’Israël. Il est important de noter que tous les antisionistes ne sont pas antisémites ; certains peuvent critiquer Israël sans nourrir de haine envers les Juifs.

L’antisémitisme, en revanche, est une forme de racisme spécifiquement dirigée contre les Juifs. Il englobe une gamme d’attitudes et de comportements allant de la discrimination et des préjugés à la violence et aux persécutions historiques. L’antisémitisme est une idéologie de haine et de déshumanisation qui a conduit à des événements tragiques comme l’Holocauste.

Alexandre Bande explore comment, malgré leurs différences théoriques, l’antisionisme et l’antisémitisme peuvent parfois se chevaucher. Par exemple, certains discours antisionistes peuvent véhiculer des stéréotypes antisémites ou minimiser la souffrance des Juifs. De plus, l’antisionisme radical, qui nie le droit à l’existence de l’État d’Israël, peut être perçu comme une forme d’antisémitisme, car il remet en question la légitimité de l’autodétermination juive.

Le chapitre met également en lumière comment certains militants et groupes utilisent l’antisionisme comme couverture pour des sentiments antisémites. Par ailleurs, Bande insiste sur la nécessité de reconnaître les critiques légitimes d’Israël sans les confondre automatiquement avec l’antisémitisme, afin de préserver la liberté d’expression et le débat politique.

Ce chapitre offre une analyse claire et nuancée des liens et distinctions entre antisionisme et antisémitisme, soulignant l’importance de différencier les critiques politiques des préjugés racistes. En clarifiant ces concepts, Alexandre Bande appelle à une vigilance accrue contre l’antisémitisme tout en défendant la légitimité des débats critiques autour des politiques israéliennes.

Valerie Igounet

Puis, contexte oblige, nous nous sommes intéressés au deuxième chapitre sur « Le Front national et le Rassemblement national face à l’antisémitisme » que nous devons à Valérie Igounet, historienne et chercheuse associée à l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP). Elle est une experte reconnue du négationnisme et de l’extrême droite en France. Dans ce chapitre, Valérie Igounet explore l’évolution de l’antisémitisme au sein du Front national (FN), devenu le Rassemblement national (RN). Elle analyse comment ces partis d’extrême droite en France ont abordé la question de l’antisémitisme depuis leur création.

Le Pen, en 2012

Le FN, fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen, a longtemps été associé à des positions antisémites, notamment à travers les déclarations provocatrices de son leader. Jean-Marie Le Pen a plusieurs fois minimisé l’Holocauste et tenu des propos antisémites, ce qui a valu au parti une réputation de refuge pour les antisémites. Durant les années 1980 et 1990, le FN attirait une frange de militants aux discours antisémites, et certains cadres du parti ont été impliqués dans des actes et des déclarations antisémites.

Avec l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti en 2011, le FN a tenté de se « dédiaboliser » pour élargir sa base électorale. Marine Le Pen a cherché à distancer le parti de l’antisémitisme, en condamnant publiquement les propos de son père et en excluant certains membres associés à des positions antisémites. Elle a aussi tenté de repositionner le parti sur des questions de souveraineté et d’identité nationale, tout en adoptant un discours plus acceptable pour le grand public.

Marine Le Pen

Malgré ces efforts, le RN reste marqué par des ambiguïtés. Des déclarations controversées et des associations douteuses continuent de surgir de temps en temps, révélant les tensions internes sur la question de l’antisémitisme. Valérie Igounet souligne que, bien que le RN ait pris des mesures pour améliorer son image, les racines historiques et certaines positions persistantes suscitent encore la méfiance.

Valérie Igounet conclut que, bien que le FN/RN ait évolué sur la question de l’antisémitisme, passant d’une tolérance implicite à une condamnation officielle, des éléments antisémites subsistent en périphérie du parti. Le processus de « dédiabolisation » a permis au RN de gagner en respectabilité, mais il n’a pas complètement effacé les suspicions d’antisémitisme héritées de son passé. Cette étude met en lumière la complexité de l’évolution d’un parti d’extrême droite confronté à son histoire tout en tentant de s’adapter à un contexte politique changeant.

Milo Lévy-Bruhl

Puis, toujours les mêmes raisons, c’est avec Milo Lévy-Bruhl, politologue et chercheur, spécialisé dans les études de la gauche radicale et des mouvements sociaux. Que nous aborderons « La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon et l’antisémitisme ».

Dans ce dixième chapitre, Milo Lévy-Bruhl analyse les attitudes et discours de la France insoumise (LFI) et de son leader, Jean-Luc Mélenchon, vis-à-vis de l’antisémitisme. Il s’agit d’examiner comment ce mouvement politique de gauche radicale aborde cette question sensible dans le contexte français actuel.

LFI, depuis sa création, se positionne comme un parti anti-raciste et progressiste, revendiquant une lutte contre toutes les formes de discrimination, y compris l’antisémitisme. Toutefois, certains comportements et déclarations de ses membres ont soulevé des controverses. Milo Lévy-Bruhl étudie les cas où des membres ou des sympathisants de LFI ont été accusés d’antisémitisme, ainsi que la réaction du parti face à ces accusations.

Jean-Luc Mélenchon, figure centrale de LFI, a été impliqué dans plusieurs polémiques liées à l’antisémitisme. Milo Lévy-Bruhl analyse les discours et les déclarations de Mélenchon, en distinguant ses critiques de la politique israélienne de potentielles manifestations d’antisémitisme. Mélenchon se défend généralement en affirmant que ses critiques sont dirigées contre le gouvernement israélien et non contre les Juifs en tant que communauté.

Jean-Luc Mélenchon en 2017

Le chapitre explore les ambiguïtés dans les positions de LFI et de Mélenchon, notamment lorsqu’ils abordent des sujets sensibles comme le sionisme ou les conflits au Moyen-Orient. Milo Lévy-Bruhl souligne que, bien que le parti condamne officiellement l’antisémitisme, certaines déclarations peuvent être perçues comme floues ou ambivalentes, laissant place à des interprétations diverses. Cette situation a alimenté les critiques de ceux qui voient dans ces ambiguïtés une tolérance implicite de l’antisémitisme.

Le chapitre examine également les réactions de LFI aux accusations d’antisémitisme, incluant les condamnations publiques et les actions disciplinaires contre des membres fautifs. Milo Lévy-Bruhl discute de l’efficacité de ces mesures et de l’impact sur l’image publique du parti.

Milo Lévy-Bruhl conclut que la France insoumise, tout en se déclarant fermement anti-raciste et anti-antisémite, doit gérer des ambiguïtés et des perceptions contradictoires dans son discours et ses actions. Le leadership de Jean-Luc Mélenchon joue un rôle crucial dans ce contexte, et ses déclarations nécessitent souvent des clarifications pour éviter les malentendus. Ce chapitre met en lumière les défis auxquels LFI est confrontée pour maintenir une position cohérente et crédible sur l’antisémitisme dans le paysage politique complexe de la France. En fin d’article, nous trouvons une brève bibliographiée afin d’aller plus loin.

Bien sûr que ce livre, imprimé en décembre 2023 et publié le 18 janvier dernier, ne traite pas du 7 octobre 2023 où Israël a subi une attaque terroriste majeure perpétrée par le groupe Hamas. Cette attaque a ravivé les discussions sur l’antisémitisme et la sécurité des Juifs non seulement en Israël, mais aussi dans d’autres parties du monde, y compris en France.

Cet ouvrage constitue une référence inédite pour comprendre la place de l’antisémitisme dans la politique française contemporaine. En abordant la question sous divers angles et à travers une multitude de partis politiques, il offre une vision d’ensemble essentielle pour les chercheurs, les étudiants, et toute personne intéressée par les dynamiques politiques et sociales en France.

L’approche rigoureuse et la diversité des contributeurs, incluant des historiens, politologues, et spécialistes de la mémoire, garantissent la profondeur et la pertinence des analyses présentées. Ce livre vient combler un vide dans la bibliographie existante en fournissant une synthèse indispensable sur un sujet toujours d’actualité et de plus en plus prégnant dans le débat public français.

Histoire politique de l’antisémitisme en France-De 1967 à nos jours

Alexandre Bande, Pierre-Jérôme Biscarat, Rudy Reichstadt (dous la direction de)

Robert Laffont, 2024, ‎ 384 pages, 22 €

Le Dessin de Jissey « Polissons »

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La franc-maçonnerie est-elle nécessaire ? Pour certains, elle est considérée comme un « bien initiatique ». Pour d’autres, elle ne consiste qu’en une légère amélioration versus nos « défauts profanes ». D’autres, enfin, s’interrogent : Est-ce un défaut si on demeure profane ? Que penser de ceux, parfois nommés « maçons sans tabliers », qui polissent des pierres sans avoir besoin d’en parler à la terre entière ?

Lourde tache, sans doute ; lourde tâche, sûrement…

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(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)

Mon chocolatier ferme, comme tous les étés, de la mi-juillet au début septembre. Cette année, avec les Jeux olympiques et toutes les surprises et les réjouissances qu’au surplus, la République nous a réservées, je n’aurai guère besoin de lui pour me retrouver chocolat. À propos, j’ai longtemps hésité sur l’origine de cette expression que j’affectionne grandement, quoiqu’elle me colle aux doigts, ces temps-ci.

Finalement, les circonstances font que je me rallierais plutôt à la thèse d’Albert Dauzat qui, en 1929 – déjà, si j’ose dire –, y voyait, par déformations successives, une dérivation de ‘knock-out’ : KO ! Parmi les interprétations reçues, une autre variante me plaît assez, j’en conviens : c’est celle du joueur qui croit tenter sa chance et qui finit assez vite par se faire plumer par un bonimenteur lui promettant un avenir radieux[1].

Où est donc passé Churchill ? Avec peut-être aujourd’hui un soupçon d’amertume au fond de la gorge, on se souviendra, certes, de Sir Winston déclarant, le 11 novembre 1947, à la Chambre des communes : « Bien des formes de Gouvernement ont été expérimentées et le seront encore en ce monde de péché et de malheur. Personne ne prétend que la démocratie soit un modèle de perfection et de sagesse. D’ailleurs, on a dit que la démocratie est la pire forme de gouvernement à l’exception de toutes les autres qui furent essayées au cours des temps[2]. » Mais, on retiendra plus encore, me semble-t-il, ce propos qu’il avait prononcé, le 13 mai 1940, lors de son premier discours devant cet organe législatif dont il ne barguignait pas la confiance : « Je n’ai rien à offrir, sauf du sang, de la peine, des larmes et de la sueur[3] » J’en ai la chair de poule.

Quand je pense qu’il y a chez nous une franc-maçonnerie qui se prétend régulière et une autre que la première ne reconnaît pas et qui prospère à l’écart – situation qui se complique, au sein de cette dernière, du fait que les Obédiences symbolistes rejettent quasiment dans les ténèbres extérieures leurs Frères et Sœurs qui auraient tendance à se perdre, jusqu’en Loge, dans les querelles de la cité –, je me dis qu’on ne risque pas de manquer de boulot, ces jours prochains.

À défaut de faire l’unité entre les hommes – illusion passablement lointaine où que l’on porte son regard, en ce monde –, je me satisferai de travailler à l’union des peuples et des sociétés, avec leurs différences, je veux dire : en admettant et en les aidant à admettre leurs différences respectives ou réciproques.

Lourde tache, sans doute ; lourde tâche, sûrement…


[1] Albert Dauzat, Les argots : Caractères, évolution, influence (coll. : Bibliothèque des Chercheurs et des Curieux), Paris : éd. Librairie Delagrave, 1929, 189 p. Pour en savoir plus, globalement, sur l’origine de l’expression, cliquer ici.

[2] C’est nous qui traduisons. On retrouvera ici le texte original dont voici l’extrait cité : « Many forms of Government have been tried, and will be tried in this world of sin and woe. No one pretends that democracy is perfect or all-wise. Indeed it has been said that democracy is the worst form of Government except for all those other forms that have been tried from time to time.… »

[3] C’est nous qui traduisons. On retrouvera ici, avec un enregistrement sonore de 5 minutes, le texte original où s’insère cette citation souvent reprise : “I have nothing to offer but blood, toil, tears and sweat.”