dim 14 décembre 2025 - 07:12
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Si même les Francs-maçons s’en foutent…

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(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)

Capharnaüm, cette antonomase par laquelle on a coutume de désigner des foutoirs de toutes sortes, faisait d’abord référence à une ville située au bord du lac de Tibériade qui vivait dans un gigantesque bric-à-brac. C’est aussi dans cette cité portuaire que Jésus fut assailli par une foule hétéroclite de malades s’en remettant à sa réputation de guérisseur[1]. Tout parallèle avec un personnage contemporain ayant voulu récupérer un événement récent[2] – sans que s’y accomplisse le miracle qu’il en attendait – serait une pure conjecture…

Georges Pompidou

Il semble qu’on ne prête plus toute l’attention nécessaire à la situation nationale, depuis que Georges Pompidou s’était exclamé : «  La France va mal ! », formule reprise à l’antienne par tous les camps politiques, d’année en année, jusqu’aujourd’hui, sans que personne n’en traite les causes, dans le délitement progressif du commun de la République.

Il n’empêche que la grave crise que nous traversons requiert notre engagement – engagements multiples pour nous tous mais points d’ancrage partagés. Il faut dire qu’à une époque où les partis ne sont plus des animateurs de la vie collective, mais de simples machines à désigner des candidats, nos concitoyens ne misent plus guère sur les échéances électorales.

À côté du fonctionnement classique des institutions et largement en complément, il nous appartient donc à tous de retisser les liens, de refaire le maillage des relations et des activités ordinaires par des initiatives diverses, travail de fourmi visant à réduire cette distance que la majorité du peuple éprouve d’avec les élites et à façonner ensemble de la cohésion sociale.

Au fond, ne peut-on espérer qu’à l’instar des pratiques qui font battre le pouls des loges, la France invisible puisse forger dans la nation un respect, une écoute et un dialogue dignes de notre devise républicaine et ce, incidemment, grâce à cette frange invisible que forment nos Frères et nos Sœurs, dans la société ?

Il y a, en effet, urgence à trouver des expressions communes, à l’écart des « passions tristes », vocable sous lequel Spinoza rangeait la haine, la vengeance, le ressentiment, l’envie et la peur, tout ce  dont les populistes de tout bord font leur régal, creusant des divisions mortifères dans la communauté nationale, la seule que reconnaisse la République. Le pays ne peut durablement se renforcer sans valeurs de partage, sans faire fi des idéologies clivantes et réductrices.

C’est évidemment une affaire personnelle et non un programme déployé par des Obédiences qui ne peuvent, sans quelque paradoxe démocratique, se faire, autrement que de façon générale, les porte-drapeau de « ces vertus à ciel ouvert », alors que, par principe,  elles s’appliquent à les revendiquer en cercles fermés. C’est la seule chose qu’elles puissent légitimement dire ; mais, réduits à des rappels de principes, ces communiqués ou ces déclarations publiques ne ressemblent-t-ils pas à des incantations verbales et, partant, à des vœux pieux ? Bien entendu, les actions qui en dérivent pour chacun d’entre nous s’appuient primitivement sur ces « passions joyeuses »  du même philosophe hollandais, que sont la bienveillance, la compassion, le respect et la sympathie.

C’est ainsi, mes Frères et mes Sœurs, que nous devons nous mobiliser individuellement sur tous les fronts, sauf à dire : si même les francs-maçons s’en foutent…


[1] Évangiles de Marc 1:21–28 et de Luc 4:31–37.

[2] « Bloquons tout ! », le 10 septembre 2025, mouvement de protestation «  protéiforme et hétéroclite » s’étant manifesté en 200 points du territoire.

À quand un Grand Maître élu grâce à l’IA en Franc-maçonnerie ?

De notre confrère upday.com

L’Albanie fait un pas de géant vers l’avenir en nommant Diella, première intelligence artificielle au monde à siéger comme ministre. Cette innovation audacieuse, annoncée par le Premier ministre Edi Rama, interroge notre époque : et si l’IA, ce « soleil » virtuel de l’administration albanaise, infiltrait les sphères les plus traditionnelles, comme la Franc-maçonnerie ? Dans un Ordre initiatique où les élections de Grands Maîtres reposent sur des scrutins secrets, des débats philosophiques et une quête de sagesse millénaire, l’idée d’un leader algorithmique semble aussi improbable qu’intrigante.

Pourtant, à l’heure où l’IA révolutionne la gouvernance mondiale, la maçonnerie – gardienne de symboles ancestraux – pourrait-elle un jour élire un « Grand Maître virtuel » ? Explorons ce scénario fictif, enraciné dans l’actualité albanaise et les racines maçonniques du pays.

Diella, le « Soleil » virtuel qui éclaire Tirana : une Première mondiale en gouvernance IA

En Albanie, pays des aigles et des montagnes escarpées, l’innovation politique prend un tour surréaliste. Lors d’une réunion de son Parti socialiste victorieux des élections de mai 2025 – un triomphe qui assure à Edi Rama un quatrième mandat –, le Premier ministre a dévoilé Diella, une IA nommée ministre chargée des appels d’offres publics. « Diella est la première membre du gouvernement qui n’est pas physiquement présente, mais créée virtuellement par l’intelligence artificielle », a déclaré Rama, avec un sourire mi-amusé mi-provocateur. Son nom, signifiant « soleil » en albanais, évoque lumière et transparence – des vertus bienvenues dans un pays où la corruption gangrène encore les marchés publics.

Lancée en janvier 2025 comme assistante numérique sur la plateforme e-Albania, Diella a déjà prouvé son efficacité : 36 600 documents traités, près de 1 000 services rendus aux citoyens. Désormais, son mandat s’élargit : superviser les tenders, recruter des experts mondiaux pour les évaluer, et garantir « 100 % de procédures sans corruption et une transparence parfaite pour chaque denier public soumis au processus d’appel d’offres« . Rama insiste : « Ce n’est pas de la science-fiction, mais le devoir de Diella. » Cette nomination s’inscrit dans la trajectoire européenne de l’Albanie, candidate à l’UE d’ici 2030, où la lutte anticorruption est un pilier incontournable. Politiquement, elle consolide l’image réformatrice de Rama ; sociétalement, elle pose les bases d’une administration hybride homme-machine, où l’IA pourrait démocratiser l’accès aux services publics dans un pays où 40 % de la population vit encore en zones rurales isolées.

Mais Diella n’est pas qu’un outil technique : représentée comme une femme en costume traditionnel albanais, elle humanise l’IA, la rendant accessible et culturelle. Les réactions ? Enthousiastes du côté du gouvernement, prudentes chez les parlementaires qui attendent la présentation officielle du cabinet. Pour les citoyens, c’est un espoir de fin des pots-de-vin endémiques ; pour les critiques, un risque de déshumanisation des décisions. En tout cas, l’Albanie devance le monde : nulle part ailleurs une IA n’a accédé à un tel niveau exécutif.

L’IA au pouvoir : un écho maçonnique à Tirana ?

Et si cette « première » albanaise ouvrait la voie à une franc-maçonnerie augmentée ? L’Albanie, berceau d’une maçonnerie naissante, entretient un lien historique avec l’Ordre initiatique qui rend ce scénario moins farfelu qu’il n’y paraît. Introduite récemment dans les Balkans post-ottomans, la franc-maçonnerie y symbolise ouverture et modernité – des valeurs chères à Rama, dont le pays aspire à l’intégration européenne. Imaginez : un Grand Maître élu non par suffrage humain, mais par un algorithme impartial, scrutant les candidatures via des données symboliques (fraternité mesurée en actes, sagesse en contributions doctrinales). « À quand un Grand Maître IA en franc-maçonnerie ?« , se demande-t-on déjà dans les loges virtuelles, où l’IA pourrait trancher les débats sans biais partisans.

La Franc-maçonnerie en Albanie : des Racines Ottomano-Balkaniques à une renaissance post-communiste

Pour comprendre ce potentiel, replongeons dans l’histoire maçonnique albanaise, un chapitre discret mais riche, tissé dans les ombres de l’Empire ottoman et les vents de la décolonisation. La franc-maçonnerie arrive en Albanie au XIXe siècle, via les loges ottomanes et les influences européennes, notamment françaises et italiennes. Dès 1860, des intellectuels albanais, fuyant l’oppression turque, s’initient dans des ateliers à Istanbul ou en Égypte, où l’Ordre devient un vecteur de nationalisme culturel. Ibrahim Temo Bey (1865-1939), né en Albanie et professeur à l’école de médecine militaire d’Istanbul, est une figure clé : franc-maçon actif, il fonde en 1887 le Comité Union et Progrès, embryon de la Jeune-Turquie, avec d’autres frères comme Abdullah Cevdet. Ces loges, souvent mixtes et laïques, servent de creuset pour l’indépendance albanaise de 1912, promouvant tolérance et raison face au fanatisme religieux.

Mur de Berlin

Sous le régime communiste d’Enver Hoxha (1944-1985), l’Albanie – « premier État athée du monde » – interdit et persécute la maçonnerie, comme toutes les sociétés secrètes, dans un climat de paranoïa stalinienne. Les loges disparaissent, leurs membres exilés ou emprisonnés. La chute du Mur en 1991 libère l’espace : la Franc-maçonnerie renaît timidement dans les années 1990, sous l’égide de la Grande Loge d’Albanie (fondée en 2011, reconnue par la United Grand Lodge of England en 2013). Aujourd’hui, elle compte une vingtaine de loges, majoritairement à Tirana et Durrës, avec environ 500 membres – des élites intellectuelles, hommes d’affaires et fonctionnaires attirés par son ethos humaniste. Mixte et libérale, elle s’inspire du Rite Écossais Ancien et Accepté, promouvant la laïcité dans un pays à 60 % musulman, 10 % orthodoxe et 10 % catholique.

Cette présence modeste mais croissante – influencée par la diaspora albanaise en Italie et Grèce – fait écho à l’innovation de Diella : l’Albanie, terre de transitions, voit dans l’IA un allié pour la transparence maçonnique. Des loges albanaises, comme « Skanderbeg » à Tirana, explorent déjà des outils numériques pour les rituels virtuels post-Covid, posant les bases d’une « maçonnerie 2.0 ». Rama, lui-même perçu comme proche des cercles laïques, pourrait-il voir dans Diella un modèle pour des élections obédientielles impartiales ?

Vers un Grand Maître algorithmique : utopie ou nécessité initiatique ?

Mur numérique autoroute de l'information
Mur numérique d’informations binaires

Dans la franc-maçonnerie mondiale – 3 à 4 millions de membres, dont 165 000 en France –, l’IA n’est pas un tabou. Des obédiences l’utilisent pour analyser textes doctrinaux ou modérer forums en ligne, tandis que des revues comme Le Symbolisme des Rites (n°4, septembre 2025) débattent de son rôle dans les « rites augmentés« . Élire un Grand Maître via IA ? L’idée titille : un algorithme pourrait évaluer candidatures sur critères symboliques (fraternité quantifiée, sagesse par contributions), éliminant népotismes. Mais l’Ordre, fondu sur l’humain – « l’homme est le seul ouvrier de son bonheur« , dixit les Constitutions d’Anderson –, résisterait : l’initiation repose sur le libre-arbitre, pas sur des lignes de code.

Pourtant, en Albanie, où la maçonnerie renaissante dialogue avec l’innovation de Rama, ce scénario n’est pas si lointain. Diella, « soleil » impartial, pourrait inspirer un « Grand Architecte Virtuel » scrutant les scrutins.

À quand un tel élu en loge ? Bientôt, si l’IA prouve sa lumière sans ombre. Pour l’heure, Tirana illumine le chemin.

Quand la voix rejoint la lumière : le 1er livre maçonnique audio chez Lewis Masonic

Lewis Masonic annonce son premier livre audio. On y entend non une voix mécanique mais le timbre vivant de l’auteur, Tony Harvey, enregistré pour l’occasion, tandis que Sir David Wootton*, Past Deputy Grand Master de l’United Grand Lodge of England (UGLE), prête la sienne pour l’avant-propos. Le titre choisi n’est pas anodin : Seven Habits of Highly Successful Lodges, manuel contemporain de vitalité maçonnique, paraît désormais « à écouter ».

L’ouvrage audio est proposé à 10 £ et se télécharge via la même application que les e-books de l’éditeur.

Seven Habits of Highly Successful Lodges
Seven Habits of Highly Successful Lodges

Il y a dans cette bascule un geste fidèle à l’esprit du métier. La franc-maçonnerie est fille du Verbe plus que du papier : le souffle, la diction, la mémoire. Entendre l’auteur lui-même – plutôt qu’une imitation synthétique – redonne à la transmission sa texture orale, sa chaleur et sa responsabilité. Harvey, qui travaille depuis des années sur la gouvernance des loges et les dynamiques d’adhésion, y déroule ses « habitudes » avec la clarté pragmatique qu’on lui connaît ; le livre, déjà diffusé en version imprimée et numérique, a rencontré un public attentif dans l’Angleterre maçonnique.

Annonce publicitaire Lewis Masonic

L’annonce, malicieusement, convoque l’ancêtre des voix artificielles – ces ingénieuses machines à parler qui fascinèrent l’Europe savante : l’appareil de Wolfgang von Kempelen imaginé dès 1769, auquel Charles Wheatstone donna de nouveaux accents en 1837, puis l’extravagante Euphonia de Joseph Faber montrée à l’Egyptian Hall de Londres en 1846. Quelles que soient leurs prouesses, ces automates ne remplaçaient pas l’âme qui passe par le timbre. La leçon n’a pas vieilli : le secret initiatique se murmure, il ne se synthétise pas.

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Il faut se réjouir de voir un éditeur historique articuler ainsi tradition et usages du temps. Après des heures d’écran, la fraternité gagnait ce format « compagnon » : écouter en train, en marche, entre deux colonnes d’un jour à l’autre ; faire résonner les notions de conduite, de service, de joie en loge, que l’ouvrage promeut pour les ateliers du XXIᵉ siècle. La démarche prolonge l’écosystème numérique que Lewis Masonic a mis en place autour de ses rituels et de ses livres ; elle l’ouvre à celles et ceux pour qui la lecture visuelle est moins aisée, sans rien céder à la facilité d’une voix artificielle.

Reste à souhaiter que ce premier jalon en appelle d’autres : anthologies, classiques, études historiques, portraits de métiers ; une bibliothèque parlée où la chaîne d’union se ferait aussi chaîne sonore. À ce prix, la « littérature de loge » retrouvera sa nature première : parole partagée, souffle porté, écoute fraternelle.

Seven Habits of Highly Successful Lodges - e-book
Seven Habits of Highly Successful Lodges – e-book

En pratique : Seven Habits of Highly Successful Lodges – qui peut se traduire par Les sept habitudes des loges les plus performantes ou Les sept habitudes des loges les plus prospères ou encore Les sept habitudes des loges qui réussissent le mieux – est disponible en trois formats audio 10 £, soit 11,55 €, e-book 12,99 £, soit 15,01 € et relié 19,99 £, soit 23,09 € sur les sites de Lewis Masonic et Lewis Masonic Digital.

Nota bene : Il s’agit du premier livre audio publié par Lewis Masonic, non du premier livre audio « maçonnique » au monde – le genre existe déjà ailleurs, mais l’initiative de cet éditeur-référence mérite d’être saluée.

Lewis Masonic, un bref historique

Lewis Masonic naît sous l’enseigne A. Lewis, maison dédiée aux textes maçonniques. L’éditeur revendique une fondation en 1801, à une époque où l’imprimé rituel devient un outil d’élévation et de mémoire ; le nom « A. Lewis » évoluera plus tard en Lewis Masonic.

Les archives internes rappellent aussi la figure de John Hogg, qui donne à A. Lewis une impulsion éditoriale décisive à partir de 1864 en disciplinant la publication des rituels pour éviter les « exposés » approximatifs d’auteurs profanes. Quoi qu’il en soit, la tradition éditoriale s’y fixe : servir l’Art royal par des textes sûrs, utiles à l’instruction des loges.

La chronologie exacte varie selon les documents de la maison – on lit aussi la date 1886 comme repère fondateur – signe d’une histoire longue, faite de continuités et de passages de relais.

Un jalon clair, lui, est 1973 : A. Lewis intègre Ian Allan Publishing et prend officiellement le nom Lewis Masonic. Depuis, le catalogue s’est élargi des seuls rituels à l’ensemble des champs maçonniques (histoire, symbolisme, gouvernance, conférences).

Quant au nom « Lewis », il renvoie à l’outil opératif de levage – la louve –, symbole du fils de maçon et, plus largement, de ce qui soulève la pierre avec précision : une belle métaphore d’éditeur qui élève et soutient l’œuvre.

Aujourd’hui, Lewis Masonic demeure la référence britannique pour les rituels autorisés et un éditeur central de la littérature maçonnique anglophone, forte d’auteurs contemporains et de rééditions savantes.

Sir David Wootton, AGM GLUA
Sir David Wootton, AGM GLUA

*Sir David Wootton, né en 1950, a reçu à la Bradford Grammar School puis au Jesus College de Cambridge l’éducation exigeante qui forge les esprits de mesure. Juriste de haut vol, il devient en 1979 associé d’un cabinet international où il œuvre aux grands mouvements de l’entreprise et veille, tel un gardien de la règle, à la probité des bonnes pratiques de gouvernance.

Cité de Londres
Cité de Londres

Son goût de la Cité le conduit naturellement au gouvernement de la City de Londres : élu au Common Council en 2002 pour Farringdon Within, puis échevin de Langbourn en 2005, il portera la chaîne du Lord-maire en 2011-2012, symbole d’un service rendu à la communauté avec dignité et constance.

Dans l’Ordre, son parcours épouse la même exigence de rectitude. Senior Metropolitan Grand Warden en 2007, promu Ancien Grand Porte Glaive en 2012, il est appelé le 12 mars 2014 aux fonctions d’Assistant Grand Maître. Son itinéraire dessine une même fidélité : faire de la loi un art de la concorde et de la tradition une lumière vivante… Celle même que Lewis Masonic transmet, patiemment, depuis le XVIIIᵉ siècle.

La Loge, un monde à part !

D’un point de vue formel, une loge maçonnique, c’est à la fois un lieu et aussi le groupe d’êtres humains qui se réunissent dans ce lieu décoré pour pratiquer un rituel ! A la question « Pour quoi y faire ? » de nombreuses raisons sont évoquées ; un ancien grand-maître du Grand Orient de France, Jean-Michel Quillardet avait coutume de commencer ses interventions publiques par cette boutade :

« Souvent, on nous pose la question dans les conférences publiques : « À quoi sert la Franc-maçonnerie ? ». J’ai une réponse : la Franc-Maçonnerie cela ne sert à rien. »

Des raisons, en voici quelques-unes que l’on peut entendre ici ou là :

  • A la recherche de la vérité
  • Pour mieux se connaître
  • Pour bâtir une société fraternelle
  • Pour améliorer l’être humain et la société
  • Pour réunir ce qui est épars
  • Pour atteindre la Sagesse
  • Pour découvrir le monde des esprits
  • Pour acquérir Sagesse, Force et Beauté
  • Pour approcher le Grand Architecte de l’Univers
  • Pour comprendre les mystères
  • Pour posséder la clé du portail qui nous sépare de l’autre monde
  • Pour quitter le monde profane et accéder à la spiritualité
  • Pour retrouver l’élite de la société
  • Pour faire des affaires et devenir plus puissant
  • Pour mieux comprendre la complexité de la vie
  • Pour se préparer à mourir
  • Pour diriger le monde !
  • Porter à l’extérieur nos valeurs !

Et puis, il y a les réalités :

  • Des envies,
  • des peurs,
  • beaucoup de méfiance,
  • des ambitions
  • le goût des discours
  • le plaisir de l’entre soi
  • le refuge dans l’histoire
  • Les tentations délirantes
  • Le besoin de parader
  • L’envie d’être reconu-e,
  • La soumission à l’autorité
  • La fascination pour l’inutile,
  • Le besoin d’ordre.
  • L’envie d’aider

Une des caractéristiques de la loge maçonnique réside dans l’absence d’experts parmi ses membres. Les membres peuvent avoir des savoirs très différents mais dans la problématique de la gouvernance, le guide réside dans l’instruction fournie avec le rituel. De la sorte, il y a une réelle égalité et l’obligation de toujours négocier la prise de décision. Cela n’empêche pas que dans certaines situations l’autoritarisme est la règle mais c’est du aux personnalités présentes.

Tout cet ensemble abouti à une singularité : la loge est une association qui semble à part. Le monde brûle et la loge continue son train train quotidien !

La loge se mélange difficilement avec les autres acteurs du monde associatif. Ces membres ne se connaissent pas vraiment et ne semblent pas vouloir trop se fréquenter en dehors des rencontres mensuelles.

D’ailleurs ses membre n’aiment pas beaucoup se déclarer publiquement comme franc-maçon-ne. on sait jamais !

Si le rituel affiche des sentiments nobles, désintéressés des contingences matérielles, la loge n’en fait pas une réelle inspiration ; c’est un sujet de pinaillage entre soi-disant spécialistes. D’autres associations y attachent plus d’importance.

Si certains voudraient que les loges jouent un rôle social, la plupart du temps, cela reste une implication personnelle à la discrétion de chacun.

Parfois la loge maçonnique semble mieux fonctionner lorsque ses membres sont issus de la même corporation.

La loge est surtout un objet d’intérêt pour celles et ceux qui en ont entendu parler et l’imaginent comme un recours. Mais, du fait d’obligations financières relativement exigeantes, l’accès aux loges est réservé aux membres des classes aisées.

Les candidates et les candidats ne s’imaginent pas que la vie en loge suppose, pour être comprise et appréciée, une activité intellectuelle régulière. Comme celle-ci est assez chronophage, dans la réalité, la majorité des membres des loges ne peut la faire, de sorte qu’une certaine superficialité dans les réflexions se retrouve dans les contributions.

Le paradoxe de la loge me semble être la contradiction entre un désir d’aller vers les autres et une redoutable méfiance qui bride l’engagement ! On voudrait bien mais on se méfie quand même !

La loge peut être un lieu de bien être avec des relations simples de bienveillance. Elle peut ronronner gentiment autour de personnalités qui s’inscrivent dans son histoire.

Il y a parfois des épisodes plus difficiles avec des relations conflictuelles interpersonnelles qui aboutissent à des scissions.

Bien qu’appartenant généralement à une organisation fédérative comme l’obédience, la loge n’est pas toujours vraiment motivée par cette vie fédérale. Cela reste le domaine de quelques personnes qui s’y consacrent pour diverses raisons dont cette fameuse attirance pour les cordons qui marquent aux yeux de tous l’appartenance à l’élite des petits chefs ! Il faut dire que cela ne gêne pas trop les dignitaires car tant que les loges règlent leurs capitations, le reste peut être superflu !

La loge est plutôt discrète dans son expression médiatique

Au total, la loge est une structure sociale particulière qui peut avoir eu une histoire liée à l’implication de ses membres anciens dans des mouvements sociaux ou dans l’activité politique. L’histoire permet de ne pas se préoccuper des réalités d’aujourd’hui !

C’est essentiellement une structure de mixité sociale qui permet à des personnes d’horizons divers de se rencontrer et d’échanger. Ces rencontres et ces échanges sont conditionnés par la capacité des responsables de la loge de les organiser en dehors des tenues, ce qui n’est pas forcément souhaité. Le plus souvent, chacun de ses membres évolue à son rythme en ayant un jardin secret pas forcément partagé.

La grande tolérance permet d’y voir s’exprimer des pensées qui n’auraient pas forcément la possibilité d’être énoncées dans un autre lieu. Ce sont des moments rares dans la monotonie des redites habituelles mais ils peuvent marquer l’auditoire.

La loge c’est un monde à part où tout est quand même possible !

Chacun connait la réponse à l’interrogation « Qu’est ce qu’une franc-maçon-ne ? » « Un-e être libre dans une loge libre ! »

Même si cette liberté est souvent utilisée pour ne pas faire grand-chose, il y a une réelle potentialité qui permet au groupe humain de sortir des sentiers battus et des tentations perverses. Cela suppose bien sûr un consensus !

Cette capacité potentielle d’autoformation pourrait donner à la vie de la loge un contenu substantiel décidé de façon consensuelle pour permettre à ses membres de progresser dans différents domaines ; cela pourrait être par exemple :

  • La fraternité
  • La gestion des émotions,
  • L’harmonie du groupe
  • La problématique de la violence
  • L’engagement collectif.

La loge aurait à réfléchir sur une méthode pédagogique qui soit participative en évitant ces prestations magistrales qui endorment les ateliers.

En se référant à cette maxime de François Rabelais, « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ! » on pourrait imaginer une loge dynamique, vivante et intelligente qui quitterait son nuage pour revenir dans le champ de la conscience !

Il est fini le temps des « Marronniers » 

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J’ai envie de dire, on ne peut pas y échapper. Dans tous les domaines nous avons droit aux mêmes rengaines et je dois vous le concéder moi même je tombe dans le piège d’un calendrier récurrent !

Ceci dit la franc maçonnerie est aujourd’hui toute l’année sur le devant de la scène, pour nous la saison des marronniers nous la vivons en permanence et plus qu’une « ambiance récurrente type saison des marronniers ».

« je dirais plutôt que toute l’année en franc-maçonnerie nous sommes à la Foire du trône ! »

Les dépêches, les infos se sont plus de l’ordre du midi-minuit mais du 24 heures sur 24, les journaux et autres médias confondus sont présents au nom du savoir et de l’information. En tant que franc-maçon, nous nous demandons si nous allons réussir à tenir le rythme pour analyser et digérer cet afflux d’articles, d’essais, de reportages et d’informations de tous genres concernant notre franc maçonnerie.

« La foire du trône s’installe, dure et passent les saisons. »

Nous négligeons notre culture de fond au détriment de la vision d’un reportage sur la franc maçonnerie plus facile à regarder, qui reproduit toujours les mêmes schémas que notre inconscient privilégie car plus rapidement accessible. 

On chasse la difficulté qui nous pousse à analyser souvent par prétexte que nous connaissons déjà les thèmes. Alors nous allons survoler rapidement le sujet et prendre ce qui nous intéresse, on se contente d’analyses sommaires que d’autres ont conçues pour nous.

« Nous sommes dans le monde des plats préparés et prêts à consommer. » 

Notre franc maçonnerie est aux portes ou est déjà entrée dans le monde de la consommation.

À ce rythme, elle risque d’avoir une saveur proche du fast-food et bientôt nous commanderons nos planches depuis l’intérieur de notre véhicule, sur notre écran plasma qui donne accès à nos programmes situés jute à côté de la touche I.A.

Je vous décris ici un monde du type Léo Ferré qui chantait: « les hommes, ll conviendrait de les connaître assis près d’une machine à sous avec des problèmes d’hommes, des problèmes de mélancolie, alors…. » Les anciens disaient il faut que jeunesse se passe, ça ne sert à rien de se lamenter, il faut rester positif…

Pour ma part je continue à croire à l’esprit critique de l’homme et à pratiquer la dérision avec humour. Et puisque nous sommes à la foire du trône profitons de nous amuser, et de nous distraire avec toutes les attractions proposées dans la video du Grand rené ci-dessous :

La carte postale du dimanche : Le Château Saint-Antoine, bastide marseillaise et temple de lumière

Frères, Sœurs, Compagnons de route,

Dans la vallée de l’Huveaune, au cœur du 11ᵉ arrondissement de Marseille — Marselha ou Marsiho en occitan provençal —, s’élève une demeure discrète et majestueuse à la fois : le Château Saint-Antoine. Marseille, ville-préfecture des Bouches-du-Rhône et chef-lieu de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, est une cité aux mille visages, faite d’histoires entremêlées, de peuples et de pierres.

Le Château Saint-Antoine en reflète la destinée

Comme toutes les bastides marseillaises, il porte en lui un héritage mouvant, fait de grandeurs et de transmissions, de délaissements et de renaissances, avant de resplendir à nouveau dans un éclat inattendu.

Son histoire commence en 1762…

…lorsque l’avocat Joseph Isoard acquiert une propriété appelée « La Miniarde ». Son fils Jean-Baptiste Isoard agrandit bientôt le domaine en achetant « La Rousse » et « La Maussane » : il fait construire la partie centrale de ce qui deviendra le château. Tout au long du XIXᵉ siècle, la bastide passe entre différentes mains – Louis d’Alayer de Costemore, François Philippe, Joseph Blanc – avant de connaître, en 1907, une transformation décisive avec l’arrivée du commandant Guy de Robien.

Ce comte breton et son épouse Marguerite Halna du Fretay donnent au domaine son nom définitif : Château Saint-Antoine. Ils l’ornent d’un blason, d’une devise – « Sans vanité ni faiblesse » – et d’une chapelle dédiée à saint Antoine de Padoue. Le comte tombe au front en 1915, et la demeure entre alors dans une succession de ventes : aux industriels Fine, à l’usine d’électrochimie de la Barasse, puis à des aménageurs urbains. Abandonné, non classé monument historique, le château semblait promis à disparaître.

C’est en 2017 que survient sa résurrection

La Grande Loge de France (GLDF) en devient propriétaire et entreprend une restauration ambitieuse. En 2018, la bastide rénovée s’ouvre sur une extension moderne et fonctionnelle. Elle abrite désormais sept temples, dont un grand de 400 places, et accueille des événements culturels tels que conférences, expositions et concerts. L’ancienne bastide devient un patrimoine vivant, au carrefour de l’histoire et de l’initiation, de la Provence et de l’universel.

Vitrail, Château St-Antoine

Cette histoire n’appartient pas seulement aux archives. Elle résonne dans la littérature

Alexandre Dumas parlait des cabanons et des châteaux provençaux comme d’un art de vivre ; Stendhal voyait dans les bastides la passion dominante des Marseillais ; Victor Gelu pleurait leur disparition progressive ; et Marcel Pagnol, dans Le Château de ma mère, évoquait ces châteaux à tourelles qui jalonnaient ses chemins d’enfance, dont le Château Saint-Antoine garde encore l’écho.

Devise « Sans vanité ni faiblesse » ainsi que « ROCH BIHAN »

À l’occasion des Journées européennes du patrimoine, placées sous le thème « Patrimoine architectural » les 20 et 21 septembre 2025, la Grande Loge de France ouvrira exceptionnellement les portes du Château Saint-Antoine, joyau méconnu du patrimoine marseillais.

Le terme de joyau, en Maçonnerie, désigne moins un ornement qu’une révélation.

Comme la pierre brute que nous apprenons à dégrossir, il résulte d’un patient travail de taille et de polissage. Ainsi en est-il de cette bastide devenue château, puis laissée à l’abandon et menacée de ruine, avant de renaître dans la clarté. Aujourd’hui, ce lieu témoigne de la victoire de la lumière sur l’ombre, de l’édification sur la ruine, de la transmission sur l’oubli.

Notre-Dame de la Garde

Franchir les portes du Château Saint-Antoine, c’est pénétrer dans un espace où chaque mur, chaque voûte et chaque pierre se font mémoire et enseignement. Comme deux colonnes dressées à l’entrée du Temple, l’histoire et la modernité s’y tiennent côte à côte. L’une rappelle les origines, les familles successives, les transformations et les abandons ; l’autre affirme la vitalité d’un présent où le chantier s’est fait œuvre, où l’outil a rendu vie, où le compas et l’équerre ont retrouvé leur juste place. Dans son grand temple de quatre cents places, comme dans ses six autres salles de loge, la lumière se répand désormais à travers le vitrail signé Antoine Serra, semblable à la rosace d’une cathédrale moderne où les couleurs s’ordonnent comme les vertus.

Durant ces journées de septembre, les visiteurs pourront découvrir une exposition retraçant le travail de rénovation, contempler images et documents, écouter conférences et musiques, et surtout se laisser guider par des Frères désireux de transmettre le sens de ce lieu.

Thierry Zaveroni

Thierry Zaveroni, Passé Grand Maître, rappellera que ce patrimoine est aussi européen et universel

Il relie Marseille au grand chantier de l’humanité tout entière, où chaque pierre polie s’ajuste à la construction du Temple invisible.

Visiter le Château Saint-Antoine, c’est approcher une demeure chargée d’histoire et de symboles, rarement ouverte au public.

C’est comprendre que l’architecture n’est pas seulement technique mais langage, que les pierres ne sont pas inertes mais vivantes, et que chaque bastide marseillaise peut devenir, lorsqu’elle est élevée à sa plénitude, une image du Temple spirituel. Joyau retrouvé, joyau maçonnique, le Château Saint-Antoine est désormais un pont entre hier et demain, un lieu où le silence parle et où la lumière éclaire, une demeure profane devenue demeure initiatique, rappelant à chacun de nous qu’il est, lui aussi, une pierre vivante, appelée à prendre place dans l’édifice universel.

Informations pratiques

Horaires : 10h – 18h (sur réservation)
Adresse : Château Saint-Antoine, 10 Bd Jules Sebastianelli, 13011 Marseille
Réservations : HelloAsso / Illustrations : Wikimedia Commons

Puisse cette méditation t’accompagner en ce jour. Bon dimanche, et bons baisers de Marseille, cité phocéenne ouverte sur la mer et baignée de lumière !

Marseille, panorama

La lumière en héritage : Le Suprême Conseil de France, deux siècles d’Écossisme vivant

Nous entrons dans ce livre comme on franchit une porte de Temple, dans le silence habité où l’odeur de la cire et du bois ciré dispose l’âme au travail, et déjà des noms se lèvent comme des colonnes vivantes, des voix reviennent du fond des siècles, des regards se croisent, et nous comprenons que nous ne tenons pas seulement entre les mains un volume d’histoire mais une constellation de destins qui composent la voûte d’un Orient intérieur.

LE SUPRÊME CONSEIL DE FRANCE 1804 - 2025 Un essai biographique
LE SUPRÊME CONSEIL DE FRANCE 1804 – 2025 Un essai biographique

Le Suprême Conseil de France s’impose comme une institution vivante, traversant les époques et assurant la continuité d’une lignée écossaise, juridique et mystique, savante et fraternelle.

Publié aux Éditions Numérilivre en 2025, l’ouvrage de Jean-Pierre Thomas compte trois cent soixante douze pages et propose au lecteur une traversée de deux siècles et plus que nous lisons comme un rituel de mémoire. Nous sortons de cette lecture convaincus que la biographie, lorsqu’elle épouse le rythme d’une Tradition, cesse d’être un simple relevé de faits pour devenir une méthode de connaissance, une anamnesis, un art d’assembler des pierres dispersées afin que la lumière circule de nouveau entre elles.

Jean-Pierre Thomas a choisi la forme du portrait pour approcher le cœur de l’institution. Nous suivons les Souverains Grands Commandeurs, leurs proches, leurs pairs, leurs collaborateurs, autant de visages qui forment la chaîne d’union d’un gouvernement symbolique dont la responsabilité majeure est d’assurer l’équilibre du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) sur le territoire de France. Cette responsabilité ne se résume pas à l’administration des degrés ou à la garde d’archives, elle tient d’une magistrature morale qui se reçoit et se transmet, elle suppose la juste alliance de l’autorité et du service, elle exige la probité d’un esprit et la patience d’un artisan. Au fil des pages, nous voyons se dessiner la dialectique délicate entre la verticalité initiatique et l’horizontalité fraternelle, entre la fidélité aux sources du Rite et l’attention aux circonstances historiques, entre l’unité de principe et la diversité des parcours. Cette dialectique, l’ouvrage la rend sensible par une écriture qui ne force jamais la gloire mais qui sait reconnaître l’exemplarité lorsqu’elle s’impose.

Nous avançons d’époque en époque et l’histoire générale se superpose à l’histoire du Rite. Nous entendons le fracas des mutations politiques, l’Empire qui s’installe puis s’effondre, la Monarchie qui revient puis s’éteint, la République qui s’affermit, les idéaux qui se heurtent, les guerres qui dévastent, l’Occupation qui éprouve la conscience et contraint à la clandestinité, la Libération qui demande des comptes, la reconstruction matérielle et morale qui s’ensuit. Le Suprême Conseil de France n’est jamais une tour d’ivoire, il respire avec la cité et consent à cet étrange labeur qui consiste à garder la flamme au milieu des vents contraires. Nous pensons alors au caractère initiatique de l’épreuve historique, nous y reconnaissons cette pédagogie secrète par laquelle une institution apprend à se convertir sans se renier, à se réformer sans se dissoudre, à s’ouvrir sans se perdre. L’auteur évite les simplifications commodes, il montre des hommes qui doutent, qui choisissent, qui négocient avec l’inexorable, et c’est cette humanité qui donne au livre sa densité de vérité.

Jacques Rozen Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France

La trame biographique ne se réduit pas à une galerie de portraits. Elle devient une topographie du symbolique. Ici un frère incarne la force de l’équerre, là un autre épouse l’arc du compas, ensemble ils décrivent un cercle qui protège le travail de tous. Nous voyons la rose éclore au cœur de la croix et nous savons que cette image n’est pas une figure d’esthète mais la marque d’une alchimie intérieure qui transmute l’autorité en service et la doctrine en amour de l’humain. L’Écossisme que célèbre le livre n’est pas un mot d’école, il se manifeste comme une discipline de l’esprit et du cœur, une fidélité à la promesse d’universalité que les constitutions historiques ont formulée et que les Convents successifs ont cherché à faire rayonner. Le souvenir de Lausanne nous accompagne, non comme un monument que l’on vénère, mais comme une source vive où se retrempe l’exigence d’un rite capable de parler à tous les continents de l’âme. Nous sentons combien l’idéal humaniste n’est pas un supplément de discours, il est l’armature de ces vies offertes au bien commun du rite.

La force du livre tient à la manière dont la mémoire des noms devient un instrument de discernement pour notre présent. Lire ces portraits, c’est apprendre à reconnaître ce que veut dire exercer un pouvoir sans cesser d’être frère, diriger sans s’éloigner de l’atelier, rendre des décisions et rester soumis à la loi intérieure qui nous dépasse. La biographie se fait miroir et mise au point, elle corrige notre regard, elle nous détourne des mythologies faciles, elle nous rend attentifs à ces petits gestes de probité qui font les grandes fidélités. Nous ressortons plus vigilants et plus confiants, nourris par ces existences qui n’ont pas toujours connu la gloire mais qui ont patiemment tenu la lampe, nuit après nuit, afin que la relève trouve le chemin.

La prose de Jean-Pierre Thomas possède la tenue qui convient lorsque l’on approche une institution qui touche au sacré de la conscience. Nous entendons l’érudit qui a longuement fouillé les fonds et confronté les traces, mais nous entendons surtout l’homme de Tradition, celui qui sait que les documents ne vivent pas sans l’âme qui les anime. Ce double mouvement donne au livre une allure de pierre d’angle qui soutient une façade et révèle un axe. Le choix de la biographie n’est pas un artifice, il épouse la structure initiatique elle-même, car le Rite Écossais Ancien et Accepté avance par étapes qui sont autant de métamorphoses personnelles. Chaque vie rapporte à sa manière la conquête d’une vertu, la clarification d’un devoir, l’acceptation d’un renoncement, et l’ensemble compose un itinéraire collectif qui ressemble à une montée vers un Orient intérieur. Le lecteur maçon en reçoit un bénéfice immédiat, il y puise des modèles, mais aussi des avertissements, et cet équilibre entre l’éloge et l’examen de conscience donne au livre sa grande utilité initiatique.

Jean-Pierre Thomas

Nous devons dire un mot de l’auteur lui-même, car sa trajectoire éclaire son propos. Jean-Pierre Thomas s’est imposé au fil des années comme un écrivain de la franc-maçonnerie écossaise, attentif à la rigueur documentaire et à la respiration symbolique. Plus d’une cinquantaine d’ouvrages portent sa signature, et la reconnaissance ne s’est pas fait attendre avec des distinctions venues de sphères savantes exigeantes, preuve que sa méthode sait convaincre au-delà des cercles familiers.

Nous savons son engagement durable dans la revue Points de Vue Initiatiques (PVI), où sa compétence historique s’unit à une écoute de la vie rituelle. Nous savons aussi ses responsabilités assumées dans l’orbite de la Grande Loge de France, responsabilités qui n’ont pas durci son regard, bien au contraire elles l’ont affiné par la fréquentation du réel. Avant ce livre, il a consacré un travail précieux aux Grands Maîtres de la Grande Loge de France, puis il a accompagné le bicentenaire de la Grande Loge centrale devenue Grande Loge de France, et nous comprenons qu’avec ce nouvel essai, il clôt provisoirement une trilogie qui embrasse la Maison écossaise dans sa souveraineté, sa régularité de cœur et sa continuité de service. Cette biographie implicite de l’auteur se lit en filigrane de son écriture, elle donne confiance dans la rectitude de son approche et dans la justesse de ses choix.

Le livre rappelle avec sobriété la place du Suprême Conseil de France dans l’histoire générale du Rite, notamment sa précocité au regard des structures écossaises du monde, et nous mesure combien cette antériorité n’est pas une vaine fierté. Elle oblige, elle invite à la hauteur, elle appelle à la vigilance, car ce qui fut donné au commencement doit être gardé sans crispation mais avec une fermeté douce, en gardiens de source plutôt qu’en propriétaires de fleuve. Cette conscience de l’héritage fonde une éthique de la décision, elle protège des emballements, elle dissuade des guerres de préséance. Jean-Pierre Thomas n’insiste jamais de manière appuyée, pourtant sa composition nous conduit à cette conséquence pratique. Nous lisons et nous nous sentons appelés à une sobriété de gouvernement, à une amitié de travail, à un usage mesuré du prestige, qui correspond à la vertu du Rite Écossais lorsqu’il se souvient que la dignité la plus haute consiste à s’effacer devant la lumière.

SCDF

Nous avons aimé la manière dont l’auteur laisse affleurer des détails sensibles qui donnent chair à ces existences. Une signature ferme au bas d’une décision délicate, une parole tenue quand la tempête incitait à se taire, un geste de discrétion qui a sauvé un frère, une intuition doctrinale qui a permis d’éviter une fausse querelle, ces notations ne sont jamais gratuites. Elles composent la morale concrète d’un pouvoir initiatique, elles disent que la supériorité n’est pas une hauteur mais une profondeur, une capacité à descendre en soi pour écouter ce qui doit être entendu. Cette morale nourrit la conscience du lecteur et lui rappelle que la franc-maçonnerie n’est pas un théâtre d’apparences mais une école d’humilité, où l’on apprend à régler ses passions et à ordonner ses pensées, afin que l’outil frappe juste et que la pierre prenne la forme convenable.

L’ouvrage devient alors une aide précieuse pour le travail des loges et des ateliers de hauts grades. Nous pouvons y puiser des matériaux pour des planches de réflexion, non pour répéter des notices biographiques, mais pour interroger la manière d’exercer une charge, la manière de susciter des héritiers, la manière de tenir une ligne lorsque la pression du temps rend tout vacillant. La lecture met en mouvement, elle donne envie de rectifier ce qui doit l’être, elle rend à chacun le sens de sa part dans la grande architecture. Les plus jeunes y verront des aînés qui ne se contentent pas d’être des portraits au mur, ils deviennent des compagnons de route qui parlent encore. Les plus anciens y trouveront une confirmation que la patience et la droiture finissent par porter du fruit, si l’on consent à travailler longtemps sans chercher la lumière pour soi.

Nous remercions Jean-Pierre Thomas d’avoir écrit un livre qui réhabilite la grandeur discrète. Nous sortons de ces pages avec une gratitude de disciple, car la mémoire des noms nous a rééduqués. Nous savons mieux ce qu’il faut demander à une institution écossaise, nous savons mieux ce qu’il faut lui offrir. L’ouvrage ne flatte pas, il élève. Il nous fait aimer cette tradition qui ne se paie pas de mots, qui préfère la preuve au discours, le service à l’affichage, la durée à l’éclat. Nous refermons le volume et nous entendons cette exhortation muette, continuer à tenir la lampe, continuer à faire passer le feu, continuer à faire que la chaîne ne se rompe pas.

Il demeure enfin ce sentiment d’une concorde possible entre l’exigence historique et l’ardeur initiatique. Le livre prouve que la connaissance précise des lignées n’éteint pas l’élan de l’esprit, bien au contraire elle lui donne un socle. La vérité y gagne en densité, la fraternité y gagne en justesse, la liberté y gagne en courage. Au moment où la famille écossaise se souvient de Lausanne et interroge son avenir, cette biographie du Suprême Conseil de France nous paraît une réponse de haute tenue. Elle nous enseigne que l’exemplarité n’est pas un mot de pierre mais un mouvement du cœur qui se transmet par des vies données. Nous en sortons ragaillardis dans notre désir de construire et apaisés dans notre manière d’habiter la tradition. Que ce livre circule de main en main, qu’il prenne place sur les tables de loge, qu’il soutienne des méditations discrètes, et qu’il soit pour chacun une invitation à l’ascèse fraternelle. Ainsi la mémoire deviendra avenir, et la pierre se laissera polir jusqu’au moment où la lumière passera sans obstacle.

LE SUPRÊME CONSEIL DE FRANCE 1804 – 2025 Un essai biographique

Jean-Pierre ThomasPréface de Jacques RozenSouverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France

Éditions Numérilivre, 2025, 372 pages, 28 €

Le processus d’individuation en 6 étapes de Carl Gustav Jung

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LE TRAUMA (1/6)

Les traumas parsèment de rides la peau des hommes et des femmes au fil des âges, et correspondent à des phénomènes et des évènements physiques et psychiques qui embellissent ou assombrissent leurs visages à mesure qu’ils marquent de leurs empreintes la mémoire et l’imaginaire. Leurs points et leurs traits reliés entre eux ressemblent à des charades et des dessins, pleins de sens pour qui sait jouer à les relier, et qui semblent même parfois évoquer et réécrire des mythes et des contes d’autrefois.

Carl Gustav Jung

Les mythes sont non seulement les révélateurs des mystères de la psyché humaine, mais aussi et surtout des accélérateurs de prises de conscience nécessaires à l’épanouissement de la conscience spirituelle. Ces niveaux progressifs d’initiation correspondent au processus d’individuation dans la psychologie analytique de C.G. Jung, durant lequel la psyché se régule, se développe, et se réorganise d’elle-même. Cette dynamique permet à la psyché de mieux s’adapter et s’intégrer à tout son environnement, et surtout d’atteindre et de révéler au plus profond de soi-même le Soi équivalent à l’Atman hindou.

Ce processus d’individuation se décline en six étapes qui correspondent sensiblement à six degrés de la Maçonnerie égyptienne : le trauma (51è Sublime Titan du Caucase), la découverte de la persona et sa différenciation (52è Sage du Labyrinthe), l’intégration des ombres (53è Chevalier ou Sage du Phénix), la rencontre des archétypes anima/animus (54è Sublime Scalde), l’expérience numineuse des archétypes (55è Sublime Docteur Orphique), et enfin la dialectique du Moi et de l’inconscient collectif ou archétypal (56è Pontife Sage de Cadmia). L’intégration en soi-même de ces différents états psychiques prédispose à vivre pleinement toute expérience spirituelle. (Méditations du Sphinx, Patrick Carré, Éditions GAMAYUN)

Le trauma, première étape vers l’individuation, sous-tend le mythe de Prométhée, figure centrale de ce 51è degré. Après la prise de pouvoir de Zeus au royaume des Dieux, contée par Hésiode dans sa Théogonie (VIIème siècle avant notre ère), les frères Prométhée et Épiméthée, deux Titans, sont chargés de créer les êtres vivants. Prométhée façonne le corps des hommes en mélangeant comme un potier sur son « tour » de la terre et de l’eau. Afin de parfaire sa création et la rendre définitive en durcissant ce mélange à la cuisson, il ne lui manque que le feu qui n’existe que sur le mont Olympe, domaine privé des Dieux.

Décidé plus que jamais à mener à bien sa mission, Prométhée prend le risque, avec la complicité d’Athéna, de pénétrer secrètement sur le mont sacré et de voler un tison de feu. Zeus s’aperçoit de la trahison du Titan en qui il avait toute confiance et le châtie en ordonnant à Héphaïstos, dieu du feu, d’enchaîner Prométhée sur un rocher dans les montagnes du Caucase. Un aigle vient chaque matin lui dévorer le foie, et son foie se reformant toutes les nuits, sa torture est infinie. Mais un jour, Hercule surgit et libère Prométhée de ses chaînes et abat l’aigle, exécutant ainsi l’un de ses douze travaux.

Vol du feu par Prométhée

Le conflit entre Zeus tout puissant et Prométhée le révolté apparaît dans la seconde partie de la Théogonie d’Hésiode, la première contant la cohabitation pacifique des hommes et des dieux, du visible et de l’invisible, comme chez les Anciens Égyptiens qui entretenaient avec leurs dieux un dialogue permanent ritualisé, à la fois en eux-mêmes et collectivement durant les cérémonies. À l’inverse, les dieux grecs se sont éloignés des hommes à mesure que les forces invisibles, qui sous-tendent et agitent l’imaginaire et le relient au réel, étaient découplées du monde visible par la « raison » omniprésente et omnipotente dans les pensées.

Le « coup d’état spirituel » de Zeus prenant le pouvoir sur l’Olympe symbolise cette prise de contrôle de la raison sur tous les types de pensées, en particulier sur les pensées intuitives les plus subtiles, et réduit la puissance des forces cosmiques activées par les dieux égyptiens à des jeux de rôles de dieux anthropomorphes. L’imaginaire y a perdu son rôle de courroie de transmission des forces à l’œuvre en soi-même et dans l’univers, mais y a gagné un rôle de miroir des jeux de forces exercées par la psyché, qui à défaut de pouvoir s’exprimer et s’extérioriser dans un monde purement rationnel, se transforme en nœuds de forces destinés à être dénoués, mais que paradoxalement la raison peine à comprendre et à dénouer.

Autrement dit, la raison dominatrice dans la psyché comme Zeus dans l’Olympe, tel un pompier pyromane, peine à éteindre l’incendie qu’elle a elle-même allumé. Zeus et la raison entendent priver les hommes du feu et s’en réserver l’usage, car l’homme s’en servirait pour faire « voler son esprit« , disent les alchimistes, et le libérer de sa gangue matérielle, et pour qu’il s’imprègne de « ce qui vient d’en haut », disent les Maçons à des degrés élevés d’initiation. En alchimie, l’esprit qui déploie ses ailes s’élève purifié par le feu intérieur maîtrisé et sublimé.

Prométhée et Epiméthée

Le rôle de Prométhée, dans ce processus alchimique, est écrit dans son nom même, car il dérive du substantif grec « προμηθής, promêtḗs, homme qui pense avant d’agir, le prévoyant » et du suffixe « εύς, eús, qui indique un agent, celui qui fait une action » indiquée par le verbe « prévoir« . Hésiode insiste sur cette valeur du mot en opposant Prométhée à son frère Épiméthée, « l’imprévoyant, celui qui réfléchit après coup« . Prométhée l’alchimiste prévoit ou pré-voit plus précisément de mettre en œuvre et d’entretenir l’action du feu durant les différentes phases de l’Œuvre de transmutation intérieure.

Il « projette » d’en réguler l’intensité pour que le feu corresponde aux différents degrés du feu philosophique, évitant ainsi aux initiés à l’œuvre qu’ils ne se brûlent à leur propre feu et ne tuent le germe qui est dans leur Materia Prima. Ce « régime du feu » correspond à une progression harmonique de degrés d’intensité, figuré en Égypte par les deux grandes plumes portées par Amon sur sa tête et par les « rémiges » (anagramme du mot « régime« ), les deux plus longues plumes du faucon Horus.

Etre magnétique

Prométhée dissimule le feu qu’il dérobe aux dieux dans la tige creuse d’une férule, une plante vivante reproduisant la structure naturelle des corps énergétiques des êtres vivants, des tubes creux de champs magnétiques générés par les courants électriques qui les parcourent, et des courants électriques induits en sens inverse par des champs magnétiques. Chez les Anciens Égyptiens, ils s’agit des ondes magnétiques du KHAT et des courants électriques du KHAIBIT, deux des neuf constituants de l’être égyptien.

Le KHAT constitue l’aura, un halo de lumière qui enveloppe le corps physique et reflète par ses couleurs et son intensité nos sentiments, nos pensées, nos états d’âme. Le KHAIBIT est constitué par le courant électrique qui circule dans des milliers de petits canaux d’énergie, de fins faisceaux lumineux appelés nadis dans la médecine ayurvédique, transportant l’énergie vitale, le « prana » en sanskrit. KHAT et KHAIBIT se régénèrent mutuellement et forment ensemble le corps éthérique, astral de l’être, décrit comme un double subtil du corps en occident, son aura de son vivant et son fantôme dans la mort.

Châtiment de Prométhée

Mais avant de s’élever tel un aigle à deux têtes au-delà de soi-même en conscience, Prométhée doit encore souffrir du châtiment ordonné par Zeus, le foie dévoré chaque jour par un aigle à une tête. Autrement dit, enchaîné à sa Pierre alchimique, il doit entretenir en lui-même un état mental cher aux grecs et aux artistes en création qui ont l’art, pour stimuler leur imaginaire, de souffrir du foie et d’entretenir en eux la mélancolie, mot transcrit du grec « μελαγχολία, melankholía » composé de « μέλας, mélas, noir » et de « χολή khōlé, la bile« . Les artistes de l’Art Royal ont ainsi l’art de faire couler en eux un filet de bile noire nécessaire à l’inspiration et au déclenchement de l’impulsion créatrice.

La mélancolie était considérée par les grecs comme une source de génie ou de folie permettant de faire le deuil d’un évènement, de renouveler le sens de la vie et de la réinitialiser, tout en se ré-initiant soi-même.

La bile salvatrice du trauma maintient actif le processus d’individuation dont la phase suivante est la découverte de la « persona » et de la « différenciation« .

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Visio-conférence pour explorer l’universel : la Grande Loge Numérique présente les actes du colloque S.EU.RE

Dans un monde interconnecté où les frontières s’estompent mais les identités se questionnent, la franc-maçonnerie européenne trouve un écho dans les échanges intellectuels transnationaux. Le mardi 16 septembre à 20h, la Grande Loge Numérique (GLN), plateforme innovante dédiée à la diffusion des savoirs maçonniques, organisera une visio-conférence internationale pour dévoiler la dernière publication de la Société Européenne d’Études et de Recherches Écossaises (S.EU.RE).

Ce volume, recueil des actes du colloque tenu à Bourges en novembre 2024 sur le thème « Le monde global est-il universel ? », promet un débat riche sur l’humanisme écossais à l’ère de la globalisation. Avec des intervenants de renom comme Alain de Keghel, Georges Lassous et Ysabeau Tay Botner, cet événement virtuel s’annonce comme un rendez-vous incontournable pour les initiés et les curieux de la pensée maçonnique.

La S.EU.RE : un pont humaniste entre les maçons d’Europe

Fondée en 2006 par Alain de Keghel, figure emblématique de la franc-maçonnerie française et ancien Grand Commandeur du Grand Collège des Rites du Grand Orient de France (GODF), la Société Européenne d’Études et de Recherches Écossaises incarne une ambition visionnaire : tisser des liens durables entre les maçons d’Europe et consolider une pensée humaniste écossaise, ouverte à tous sans exclusion. Diplômate de carrière, ayant servi dans des ambassades comme celles de La Haye, Bonn, Dakar, Tokyo et Washington, de Keghel a su infuser à la S.EU.RE son expérience internationale, faisant de cette société un espace de dialogue inclusif et multiculturel.

Fondée en 2006 par Alain de Keghel, figure emblématique de la franc-maçonnerie française et ancien Grand Commandeur du Grand Collège des Rites du Grand Orient de France (GODF), la Société Européenne d’Études et de Recherches Écossaises incarne une ambition visionnaire : tisser des liens durables entre les maçons d’Europe et consolider une pensée humaniste écossaise, ouverte à tous sans exclusion. Diplômate de carrière, ayant servi dans des ambassades comme celles de La Haye, Bonn, Dakar, Tokyo et Washington, de Keghel a su infuser à la S.EU.RE son expérience internationale, faisant de cette société un espace de dialogue inclusif et multiculturel.

Composée de 130 membres issus de divers pays – France, Pologne, Belgique, Italie, Portugal, Autriche, Suède, Turquie, Allemagne et au-delà –, la S.EU.RE transcende les obédiences pour promouvoir l’étude des rites écossais anciens et acceptés (REAA), tout en favorisant un humanisme laïque et progressiste. Sous la direction éditoriale de Georges Lassous, historien et chercheur passionné par les traditions maçonniques, la société publie annuellement la revue Kilwinning, nommée en hommage à la loge mère écossaise du XIIe siècle, considérée comme l’une des plus anciennes au monde. Édité en plusieurs langues avec des traductions soignées, Kilwinning – dont le numéro 16 est paru en juillet 2025 – aborde des thèmes comme l’éthique maçonnique, l’histoire des rites et les enjeux sociétaux contemporains, avec des contributions d’érudits tels que Roger Dachez ou Pierre Mollier.

Le colloque de Bourges : un débat sur l’universel dans un monde global

Le colloque « Le monde global est-il universel ? », organisé en novembre 2024 à Bourges en partenariat avec les Rencontres d’Aubigny et le Cénacle, a marqué un retour aux échanges en présentiel après la pandémie. Réservé aux initiés, cet événement a réuni des experts pour interroger la tension entre globalisation et universalisme humaniste. Les actes, désormais disponibles sur le site de l’éditeur Numerilivre – une plateforme innovante de publication numérique –, explorent comment les valeurs maçonniques, ancrées dans la tolérance et la quête de vérité, peuvent répondre aux défis d’un monde interconnecté mais fracturé.

Parmi les contributions phares, des analyses sur l’universalisme écossais face aux particularismes culturels, ou encore le rôle de la franc-maçonnerie dans la promotion d’une éthique globale sans dogme imposé. Édités avec une diffusion hybride (imprimé et numérique), ces actes s’inscrivent dans la lignée des volumes précédents de Kilwinning, comme le n°7 (2015) qui traitait de questions éthiques internationales. La publication, accessible via Numerilivre, reflète l’engagement de la S.EU.RE pour une diffusion large, au-delà des cercles initiatiques.

Une visio-conférence pour débattre et partager

La visio-conférence du 16 septembre, proposée par la Grande Loge Numérique – une initiative moderne favorisant l’accès virtuel aux savoirs maçonniques –, permettra de plonger au cœur de ces réflexions. Plusieurs auteurs des actes seront présents pour un débat interactif, répondant aux questions des participants connectés depuis l’Europe et au-delà. Alain de Keghel, fondateur visionnaire de la S.EU.RE, ouvrira les échanges, aux côtés de Georges Lassous, pilier éditorial de Kilwinning. Ysabeau Tay Botner – apportera une perspective féminine et contemporaine. Connue pour ses conférences sur l’engagement maçonnique et l’émergence du féminisme (comme celle de 2019 à Paris sur « Engagement maçonnique et émergence du féminisme »), Tay Botner.

Cet événement, gratuit et ouvert aux initiés via inscription sur le site de la GLN, s’inscrit dans une dynamique d’ouverture : il vise à consolider les liens européens tout en invitant à une réflexion sur l’universalisme maçonnique face à la globalisation. Comme le souligne de Keghel dans ses écrits, la franc-maçonnerie écossaise n’est pas une relique du passé, mais un outil vivant pour « tisser des liens entre maçons d’Europe » et promouvoir un humanisme sans exclusion.

Un humanisme écossais pour un monde en quête de sens

À l’heure où l’Europe fait face à des défis identitaires et géopolitiques, la S.EU.RE et sa revue Kilwinning rappellent la vocation de la franc-maçonnerie : un espace de dialogue rationnel et fraternel. La visio-conférence du 16 septembre n’est pas seulement une présentation ; c’est une invitation à débattre de l’universel dans un monde global, où les rites écossais – symboles de lumière et de perfection – pourraient éclairer les chemins de l’avenir. Pour participer, inscrivez-vous dès à présent sur le site de la Grande Loge Numérique. Un rendez-vous qui, à l’image de la spirale maçonnique, enroule passé et présent pour un futur partagé.

Lien de connexion Zoom

https://us02web.zoom.us/j/83577238846?pwd=xdCHD9sZrBgYLocNC9cpDB8UtcnAaa.1

ID de réunion: 835 7723 8846 – Code secret: 162000
Contact Grande Loge Numérique : glnum.contact@gmail.com
Contact S.EU.RE : seure.ytb@gmail.com

Le monde global est-il universel ? S.EU.RE – Actes du Colloque conjoint de 2024 Éditions
Numérilivre, 2025, 128 pages, 20 €

Sources :

https://www.gldf.org/le-monde-global-est-il-universel/
https://www.gldf.org/tag/yonnel-ghernaouti/

Programme prévisionnel de la soirée :

  • Ouverture pour la GL Numérique :     Maixent LEQUAIN
  • Présentation générale de la S.EU.RE  :    Ysabeau TAY BOTNER
  • Présentation du Colloque de Bourges et des Rencontres écossaises :     Georges LASSOUS
  • Présentation Générale des actes du colloque :     Alain de KEGHEL
  • Contribution de LEO URGEL :   La Déclaration universelle des DH et la situation actuelle : acquis et menaces
  • Contribution de Charles SUSANNE pour le Triangle Darwin :     Éthique environnementale et universalité
  • Contribution de Corinne PERCHET :     L’universel confronté à la littérature
  • Ouverture de la Discussion et propos liminaires par Yonnel GHERNAOUTI
  • Discussion débat avec les FFSS présents 

20/09/25 à 16h : Le patrimoine culturel et architectural de la Franc-maçonnerie à Metz

Une conférence proposée par Georges Troispoints dans le cadre des journées Européennes du patrimoine

Dans le cadre des journées Européennes du patrimoine, l’Association Georges Troispoints va proposer le samedi 20 septembre à 16h00 une conférence animée par Claude BUTTNER. Ce sera l’occasion, non seulement de découvrir les somptueux salons de Guise de la Mairie de Metz mais aussi d’écouter un érudit nous parler des rues, des façades devant les quelles nous passons chaque jour sans savoir, ni d’où elles viennent ni ce qu’elles veulent ou ont voulu dire.

Samedi 20 septembre 2025 à 16h00 dans les salons de Guise de la Mairie de Metz

Evidemment, il s’agit d’un Rendez-vous à ne pas manquer parce que Claude BUTTNER est un passionné de la ville de Metz, de la Moselle. Depuis 1970, il œuvre dans les instances associatives liées au patrimoine, et il devenu un acteur incontournable des différentes commissions territoriales agissant en faveur de la culture, du patrimoine historique du pays Messin. Son engagement est également reconnu par les différentes administrations puisqu’il est médaillé de Sport et jeunesse et du Tourisme. L’intérêt que porte Claude BUTTNER à l’environnement et au l’habitat de l’Homme rencontre en outre son enthousiasme pour l’histoire de la Région.

A n’en pas douter, Claude BUTTNER nous fera lever les yeux sur des façades devant lesquelles nous sommes passés 1000 fois. Il révélera les petites histoires qui nous permettent de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. Il nous mettra sur la piste des indices du quotidien de nos aieux.

Claude BUTTNER a aussi pour objectif de montrer l’impact que les Francs-Maçons d’autrefois ont eu sur nos villes, sur nos murs et sur notre façon de vivre.

Mairie de Metz, construite de 1769 à 1771 par l’architecte Blondel

La Franc-maçonnerie et l’architecture

A première vue, on pourrit s’étonner de vouloir adosser la Franc-Maçonnerie et l’art de bâtir. Au contraire, il y a spontanément une conjonction d’idées : une idée comme un bâtiment se doit d’être solide dans le temps, on ne construit pas sa maison chaque matin. elle doit supporter et traverser les intempéries. Les grandes idées s’imposent aussi dans le temps et traversent les âges. Les idées et les murs solides supposent également qu’ils soient utiles et fonctionnels.

Un vieux pont qui ne permet plus de traverser une rivière ne sert à rien et il est abandonné. Il en est de même, à nouveau pour les idées. Dès lors qu’un concept n’a plus d’usage, on y fait moins référence. Lorsque les idées sont utiles et solides, étrangement elles deviennent belles, brillantes. elles s’imposent dans le temps et dans les esprits.

En tout cas, notre patrimoine porte les traces de nos prédécesseurs et certains étaient Francs-Maçons. Et leur marque si elle est discrète existe belle et bien. Voilà une belle ballade dans le temps que L’association Georges Troispoints propose.