
(Georges Biard)
L’œuvre d’Éric-Emmanuel Schmitt, “Milarepa”, se présente comme une porte ouverte sur les chemins de la rédemption et de la sagesse, une exploration de l’âme humaine qui trouve des résonances profondes avec les principes et les rituels de la franc-maçonnerie.
Milarepa : Une épopée de rédemption

Dans “Milarepa”, Schmitt revisite la vie de Milarepa, un des yogis les plus célèbres du Tibet médiéval. Le roman raconte son parcours de sorcier noir cultivant la vengeance à celui d’un ascète bouddhiste prônant la compassion. Milarepa, après avoir commis des actes terribles pour venger sa famille, est guidé par son maître Marpa vers une voie de purification et de sagesse. Ce voyage est marqué par des épreuves, des méditations, et une quête incessante de l’illumination.
Parallèles avec la Franc-maçonnerie
La franc-maçonnerie, une société initiatique, partage avec l’histoire de Milarepa plusieurs thèmes fondamentaux :
- L’initiation et la transformation : Comme Milarepa, qui doit passer par un processus de transformation pour atteindre l’éveil, un franc-maçon est initié à travers des degrés qui symbolisent des étapes de croissance spirituelle et morale. La maçonnerie enseigne que la vraie connaissance de soi et le perfectionnement personnel viennent de l’expérience et de l’effort personnel, thèmes clés dans le voyage de Milarepa.
- La rédemption et le travail sur soi : Milarepa cherche à se racheter de ses péchés passés par la méditation et le travail acharné. La franc-maçonnerie insiste sur la nécessité de travailler sur soi-même, de “sculpter sa propre pierre brute” pour devenir une “pierre taillée”, prête à être utilisée dans la construction du temple de l’humanité.
- La sagesse universelle : Le but ultime de Milarepa est de comprendre l’essence de la vie et d’atteindre une sagesse qui va au-delà des doctrines religieuses spécifiques. La franc-maçonnerie prône également une recherche de la vérité universelle, libre des dogmes particuliers, cherchant à unir les hommes par des principes de liberté, d’égalité et de fraternité.
- Le symbolisme et l’allégorie : Schmitt utilise des symboles bouddhistes pour illustrer la quête de Milarepa. La maçonnerie est également remplie de symboles (l’équerre, le compas, le tablier) qui guident le maçon dans son cheminement personnel, similaires aux enseignements de Marpa à Milarepa.
L’influence du Bouddhisme dans la Franc-maçonnerie

Bien que la franc-maçonnerie soit profondément enracinée dans la tradition occidentale, elle n’est pas imperméable aux influences orientales. Le bouddhisme, avec son accent sur la méditation, l’éveil et la compassion, offre des parallèles riches avec les enseignements maçonniques. Schmitt, en explorant ces thèmes dans “Le Voyage de Milarepa”, met en lumière une connexion possible entre les voies de sagesse de l’Est et de l’Ouest.
Exploration des thèmes communs

Pour approfondir le lien entre “Le Voyage de Milarepa” et la franc-maçonnerie, il est intéressant d’examiner plus en détail certains aspects partagés :
- L’importance de la méditation : Milarepa passe des années en méditation intensive, un acte qui symbolise la quête intérieure pour la lumière et la connaissance. Dans la franc-maçonnerie, bien que moins souvent explicitement nommée, la méditation ou la réflexion profonde joue un rôle crucial dans le travail sur soi-même, permettant au maçon de comprendre les symboles et les enseignements à un niveau plus personnel.
- La non-dualité et l’acceptation : Milarepa apprend à embrasser toutes les facettes de la vie, y compris la souffrance, pour atteindre un état de non-dualité. Cette notion de transcender les oppositions (comme le bien et le mal, l’intérieur et l’extérieur) est également présente dans la franc-maçonnerie, où l’on cherche à harmoniser les contraires pour atteindre une sagesse holistique.
- La hiérarchie des connaissances : De la même manière que Milarepa passe par différents niveaux d’enseignement sous la tutelle de Marpa, la franc-maçonnerie a ses degrés ou grades, chacun représentant une étape dans la compréhension et l’application des principes maçonniques. Ce système hiérarchique est une manière de structurer une progression spirituelle et morale.
La symbolique du voyage
Le voyage de Milarepa est autant un voyage physique que spirituel, un motif récurrent dans la littérature initiatique et qui trouve un écho dans le symbolisme maçonnique du voyage :

- Le pèlerinage intérieur : Le pèlerinage de Milarepa vers les montagnes pour y méditer est comparable au voyage symbolique d’un franc-maçon à travers les différents degrés de son ordre. Chaque étape est une occasion de se confronter à soi-même, d’apprendre de nouvelles leçons et de se purifier.
- L’usage des épreuves : Les épreuves que Marpa impose à Milarepa sont des moyens de tester sa détermination et sa sincérité. Dans la franc-maçonnerie, les épreuves rituelles ont une fonction similaire, visant à évaluer la résilience et le caractère du candidat.
La quête de la lumière

L’un des symboles les plus puissants de la maçonnerie est la lumière, souvent opposée à l’obscurité de l’ignorance. Milarepa, à travers ses épreuves et ses méditations, cherche lui aussi à atteindre cette lumière intérieure, cette compréhension profonde et révélatrice de sa véritable nature.

“Le Voyage de Milarepa” et les enseignements de la franc-maçonnerie partagent un dialogue subtil mais profond sur la nature humaine, la transformation personnelle, et la quête de la sagesse. Schmitt, à travers son exploration de la vie de Milarepa, invite à une introspection qui pourrait bien être le cœur de l’expérience maçonnique. Cette œuvre illustre que, quelles que soient les traditions culturelles ou spirituelles, l’humanité partage une aspiration commune à la connaissance de soi et à la compréhension de l’univers. Ainsi, “Le Voyage de Milarepa” peut être vu comme une allégorie de la quête maçonnique, où chaque page tourne est un pas vers la lumière, vers une sagesse qui, comme dans la maçonnerie, est à la fois personnelle et universelle.
“Le Voyage de Milarepa” par Éric-Emmanuel Schmitt peut être vu comme une métaphore moderne de la quête initiatique, où la transformation de soi, la recherche de la vérité, et le dépassement des limites personnelles sont des thèmes centraux. Ces éléments résonnent fortement avec les principes maçonniques, offrant une lecture qui transcende les cultures pour toucher à l’universel. Ce roman invite ainsi à une réflexion sur les chemins que l’on emprunte pour atteindre une compréhension plus profonde de l’existence, un voyage que chaque franc-maçon entreprend dans son propre temple intérieur.
Magnifique présentation de ce livre et de mise en miroir avec notre démarche qui m’a donné envie de le lire.
Merci beaucoup.
Amitiés fraternelles de Pessac
Il est temps d’aborder, enfin, le sujet de la FM et les philosophie extrêmes orientales …
Depuis 2008 … l’Ordre Initiatique Ancienne et Primitif de Memphis Misraïm a créé une Voie Oriental …
Pour justement montrer comment RAPMM et Bouddhisme-Taoïsme sont imbriqués …
d’autant que dans les 90° du Rite … cette partie est historiquement disponible …
J’ai écris déjà 5 livres qui le montre !!!
Comme quoi !!! l’Information circule mal !!!