D’Orient en Occident. Les Templiers des origines à la fin du XIIe siècle – Troyes, 3-5 novembre 2021
En janvier 1120, à Naplouse, barons et prélats de Terre sainte assemblés autour du roi de Jérusalem Baudouin II et du patriarche de la ville conquise vingt ans plus tôt par les Latins donnent corps à la confrérie de chevaliers organisée depuis peu autour d’Hugues de Payns. Dans les mois qui suivent, le Temple voit officiellement le jour avec l’adoption d’une forme de vie d’inspiration augustinienne remplacée par une règle propre lors du concile de Troyes, en janvier 1129. Reconnue par l’Église latine grâce au soutien de Bernard de Clairvaux et transformée en un ordre religieux, le premier dans l’histoire à se déclarer militaire, la nouvelle fondation s’engage alors dans une phase active de recrutement en Occident destinée à réunir les soutiens armés et financiers nécessaires à la mission de lutte et de protection des Latins qui lui a été dévolue.
Templiers, le récit des origines
Au départ, le récit des origines de l’ordre du Temple a été fondé sur des traditions orales consignées postérieurement par Guillaume de Tyr, Ernoul ou encore Jacques de Vitry. Si la structuration progressive des « proto-templiers » a été pour partie mise au jour par la recherche récente, le colloque souhaite, à l’occasion du neuvième centenaire du concile de Naplouse, explorer à nouveaux frais le dossier de la naissance du Temple. Dans ce but, quatre axes de réflexion ont été privilégiés : l’écriture de la mémoire des origines du Temple entre le XIIe et le XXIe siècle à travers les traditions chronistiques, historiographiques et maçonniques ; les personnalités ayant porté ou accompagné la naissance de l’ordre (Hugues de Payns et ses premiers compagnons, la royauté de Jérusalem, les recrues princières et les barons de Terre sainte) ; la position de l’Église devant l’institutionnalisation de cette nouvelle organisation militaire et religieuse, notamment au prisme des idéaux de réforme et des débats ayant accompagné l’évolution du « consortium augustinien » ; la réception des Templiers, enfin, à travers l’approche bernardine et la perception des frères en Orient par les acteurs locaux, pour l’essentiel chrétiens et musulmans, ainsi que l’étude des vestiges archéologiques de la première phase de présence templière au XIIe siècle.
Les organisateurs
Ce colloque international est organisé par le Département de l’Aube, en partenariat avec les Archives nationales et l’Université de Nantes/Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique (CRHIA-EA 1163), dans le cadre de la programmation scientifique de la Fédération de la route européenne du patrimoine templier https://www.templars-route.eu/fr
Lorsque qu’un frère (ou une sœur) remercie en loge, il est souvent repris par cette sentence : « on ne remercie pas en Loge ! ».
Étonnant dans une société où la courtoisie[1] est considérée comme une vertu[2]. Le philosophe André Comte-Sponville en fait même la mère des vertus, et même Dante considérait qu’elle était nécessaire à la recherche du perfectionnement. (À partir de 19’38 : https://vimeo.com/ledroithumainfrance/franc-maconnerie-spiritualites-1).
Pourtant les termes remercier / remerciement apparaissent bien dans les rituels maçonniques du XVIIIe siècle :
– Publié en 1785, le Recueil précieux de la maçonnerie adonhiramite précise : ceux de qui on porte la santé ne doivent jamais boire avec les autres, mais après, en acte de remerciements. On y voit que les apprentis demandent la parole pour exprimer leur reconnaissance du témoignage d’estime et d’amitié qu’ils ont reçus ; ils le marquent en portant à leur tour une santé[3].
– Le Manuel du franc-maçon de Bazot (1817) mentionne comment il convient aux apprentis de remercier lors du banquet d’ordre[4].
Alors d’où peut provenir cette assertion «on ne remercie pas en Loge» pour le moins surprenante ?
Plusieurs hypothèses sont proposées.
1)- « Dans beaucoup d’états, quand un Compagnon de métier avait fini son tour de France et qu’il voulait se fixer dans un lieu quelconque, il remerciait sa Société, c’est-à-dire qu’il s’en retire muni d’un certificat, à lui délivré dans une grande réunion, par ses confrères, certificat attestant la moralité et la conduite sage de celui qui l’obtient : ce certificat est une sorte de congé. Celui qui a remercié n’appartient plus à la Société active, il n’y doit plus rien, il est indépendant. Il reste cependant attaché de cœur à cette Société et l’aime comme un bon soldat aime son régiment et ses vieux compagnons d’armes, avec lesquels il a souffert et combattu longtemps ; il l’aime même à un degré supérieur, car son attachement fut toujours libre et ne dura qu’autant qu’il le voulut : aussi cette Société pourrait encore dans une grande occasion compter sur ses secours pécuniaires et sur sa personne.[5]
«On ne remercie jamais en Loge», pourrait prendre alors la signification qu’avoir été initié crée un lien affectif et solidaire entre frères et sœurs qui ne change pas, même en quittant la Franc-Maçonnerie . La réalité récuse cette hypothèse !
2)- Cependant il est des Sociétés où l’on ne remerciait jamais ; celle des Compagnons étrangers tailleurs de pierre est de ce nombre ! D’où une deuxième explication :« Les compagnons tailleurs de pierre, dont nous sommes les héritiers, n’avaient pas pour habitude de remercier. Nous devons nous conformer à cet usage.»
Ce même glissement sémantique de cette explication (au moment d’un congé) n’est pas davantage satisfaisant puisqu’il n’est pas de circonstance car « on ne remercie pas en loge » est une remarque faite justement à celui (celle) qui est en loge !
3)- «Dans une vision progressiste et socialisante, la lutte contre les puissants et pour l’émancipation sociale a entrainé l’idée que des actes aussi simples que la demande d’excuse ou les remerciements étaient la marque infaillible de l’hommage que les faibles – ou les « opprimés » – faisaient par obligation aux élites dominantes – les « oppresseurs » ! Le franc-maçon, à l’avant-garde du combat social, se devait de renoncer à ces manifestations de servilité. Dans cette ambiance intellectuelle nouvelle, le principe de l’égalité foncière de tous les Frères a peu à peu imposé l’idée qu’ils ne se devaient ni excuse ni remerciement…[6]» En portugais, « merci » se dit « obligo » et rend bien compte de cette vision du rapport induit par un remerciement. Poussé à l’extrême, on pourrait le comprendre comme « se mettre à la merci » d’un autre.
Pourtant le remerciement c’est aussi le témoignage d’une reconnaissance. Les francs-maçons devraient-ils se montrer ingrats à cause de la trace des usages de francs-maçons opératifs ou d’un relent de lutte des classes ?
Comment se contenter de ces explications puisque dire merci est aussi une «obligation» de bienséance entre égaux[7] (montrer que l’on se sent l’obligé d’avoir reçu, le merci étant une façon de donner réciproquement), une politesse, une des «choses tendres de la vie». Alors témoigner par un mot de gratitude pour ce qu’on a reçu en partage, le travail d’une planche par exemple, par un remerciement serait-il inconvenant ?
A priori, dans le monde profane, ce serait la moindre des choses. Seulement voilà : écouter une planche se passe lors d’une tenue avec une caractéristique rituelle très particulière. Celui qui parle s’adresse à tous les présents, pas en particulier à celui qui voudrait remercier. La parole est donnée pour tous. Alors remercier ne serait-ce pas s’approprier la totalité indivisible de ce qui est offert et manifester un égotisme ?
Mais surtout, toute parole en loge est un apport pour rechercher la parole perdue. La parole circule certes, mais autour de quoi ? Une évidence s’impose : autour du tableau de Loge qui irradie les colonnes. Le tableau de Loge est le lieu à partir duquel s’élabore le sens des différents degrés. Là est le principe fondamental de l’unité et chaque frère et sœur, par son oralité, complète le sens de son mystère. C’est le tableau de Loge qui reçoit la parole, il ne saurait remercier qui que ce soit !
Mais nous sommes aussi aimables ! Comment faire pour ne pas priver le frère (ou la sœur) qui a planché du plaisir/salaire qu’il éprouverait à recevoir cette « douceur de la vie » que le tableau ne peut lui donner ? Le Vénérable seulne pourrait-il le faire, en remerciant au nom de tousles frères et sœurs présents? Il conviendrait qu’il le fasse pour chaque planche, quelle que soit sa qualité, afin de suspendre tout jugement. Autrement dit, il conviendrait que ce soit une phrase du rituel et non des témoignages personnels d’affection ou d’appréciation qui peuvent toujours se faire ensuite en salle humide.
Et c’est tout autant au nom de tous les frères et sœurs que le Vénérable remercie les visiteurs parce qu’ils viennent aider au travail sur le chantier.
Je vous remercie de m’avoir lu.
Illustration : Mains en prière, bronze à partir d’un dessin réalisé par Albecht Dürer pour remercier son frère Albert de lui avoir financé ses études tandis que ce dernier s’abîmait à la mine.
[1] Attitude de politesse reconnaissant la générosité de l’autre par un remerciement.
[2] Dante affirme qu’à cet âge [de compagnon] la tâche fondamentale qu’il faut accomplir consiste à rechercher sa propre perfection, et il considère à ce propos qu’il est nécessaire de développer cinq vertus : la tempérance, la force, la fraternité, la courtoisie et la loyauté.
[7] Agricol Pertiguier, Le livre du compagnonnage, T1, 1857, p. 237 : LANGUEDOC —Vous avez bien des bontés pour moi, pays Provençal, et pour tout cela je ne peux que vousremercier. <gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5684793z/f266>
« Monsieur, que venez-vous chercher en Franc-maçonnerie ? »
« Je souhaite venir combler un vide spirituel…je recherche une forme de transcendance… je m’intéresse aux traditions et aux mystères, je suis attiré par les valeurs du passé … je désire découvrir le monde symbolique…je voudrais apaiser une angoisse métaphysique… la vie actuelle, trop matérialiste me déçoit… J’aspire à rencontrer d’autres personnes dans le même état d’esprit… je désire réfléchir en commun sur le devenir de la condition humaine… »
Au fil des « bandeaux » dans nos ateliers, nous avons tous entendu, et entendons encore ces véritables cris de solitude intérieure, bref, ce grand «manque» moderne. Il est exprimé de façons diverses avec les mots en vogue – en fonction même de leurs fantasmes sur notre mouvement – par les profanes qui viennent frapper à la porte du Temple.
Certes, ces frustrations sont réelles. Mais, nous entendons moins – trouble de l’instant, pudeur, et aussi culpabilité obligent ! – les candidats évoquer les tout aussi présentes « toxines mentales », silencieuses et invisibles, acquises dans notre civilisation du paraître, qui habitent plus ou moins chacun de nous, à un moment ou l’autre, et que nous devrions nous attacher à progressivement déloger…en loge, pour être mieux :
jalousie, dépit, rancœur, critique, haine, acrimonie, amertume, mesquinerie, vanité, désir de dominance, xénophobie, critique négative, etc.
Car ce sont bien ces petites et grandes lâchetés ordinaires, ces grosses boursouflures de l’ego, aspérités de nos pierres individuelles, qu’ils convient d’éliminer, pour devenir vraiment meilleurs. Avant toute prétention à la spiritualité, ce vaste programme devenu un « fourre-tout » !
Qu’indiquent en premier lieu ces peurs déguisées en mauvais sentiments, sinon l’existence de l’autre, cet autre moi, avec lequel il nous faut vivre et composer ?! Et que nous suggère précisément avant toute chose la franc-maçonnerie, sinon de descendre d’abord en nous-même, à visée du « grand inventaire » . Pour nous autonettoyer, pour nous « polir », c’est à dire nous affranchir, avant de prendre l’inévitable, l’indispensable chemin de l’autre ?!
Voilà ce qu’il faudrait d’abord venir chercher en loge !
Collectif – Éditions du Cosmogone, N° 21, octobre 2021, 136 pages, 20 €
Pour beaucoup « Matières à penser » est l’émission de fin de semaine de Antoine Garapon sur France Culture qui s’ouvre avec la désormais célèbre musique de « Requiem pour un con » de Serge Gainsbourg. Mais pas que…
Depuis le printemps 2016, MATIÈRES à penser est aussi une remarquable et belle revue, en couleur, traitant de thématiques qui ne peuvent laisser les Sœurs et les Frères indifférents.
Le sous-titre d’ailleurs – se repérer – analyser – se projeter – anticiper – éveille en nous curiosité, désir et envie d’aller plus loin.
Ce dernier numéro, tout en couleur, a pour titre Le rien, ce grand tout ! Vaste programme…
Présentation de l’éditeur :
La différence entre le « rien » et le « presque rien » peut sembler mince, puisque rien, justement, ce n’est pas rien : à preuve le fait qu’on peut être un « moins que rien », et que pour « trois fois rien » on peut déjà s’acheter « quelque chose ». Le court-circuit verbal reste en nos mémoires car il subvertit une tradition qui pose entre le « rien » et le « presque rien » une distance infinie.
En savoir plus sur l’éditeur :
Basées dans le septième arrondissement de Lyon, au cœur du quartier de la Guillotière, les Éditions du Cosmogone existent depuis 1990. Leur ligne éditoriale est orientée dans l’édition d’ouvrages en sciences humaines, en traditions ésotériques et hébraïques et plus récemment en littérature, beaux livres, théâtre et jeunesse.
Appel à contributions :
Le prochain numéro, le 22, paraîtra fin 2021. Il portera sur le thème de l’œuf primordial. C’est sur ce thème qu’un appel à contribution est lancé. Ainsi que sur celui du serpent ! À vos plumes…
Pour tout renseignement complémentaire info@matieresapenser
[NDLR : Cette revue, éditant parfois des SS & FF écrivant sous pseudo, aborde des sujets tels que les sciences humaines, la philosophie et les traditions ésotériques. J’en veux pour preuve les sujets des numéros précédents : Le Temps, la Lumière, le Feu, le Chaos, la Pierre, l’Eau, le Sacré, la quintessence, la quête de spiritualités, etc.
Comment et quoi écrire autour du rien. Et qui plus est titré Le rien, ce grand tout !
Quelques définitions du Larousse autour du titre de la revue :
Rien (pronom indéfini), du latin rem, accusatif de res, chose.
1. Avec ne, exprime la négation ou l’absence de quelque chose, en fonction de sujet, de complément ou d’attribut : Cela ne signifie rien. Un écrivain qui n’a plus rien à dire. Rien ne le surprend.
2. Sans ne, a une valeur négative dans des réponses et dans des phrases sans verbe : « À quoi pensez-vous ? — À rien. » Rien vu, rien entendu.
3. Sans ne, a le sens de » quelque chose « , » quoi que ce soit » dans des phrases interrogatives, dubitatives, des subordonnées dépendant d’une principale négative, avec certains verbes ou adjectifs de sens négatif, après avant de ou que, sans, sans que, trop… pour, etc. : Est-il rien de plus injuste que cette mesure ? Impossible de rien tenter actuellement. Sans que rien le laisse prévoir, il a démissionné.
Rien, nom masculin
1. Littéraire. Néant.
2. Ce qui est de peu d’importance ; petite chose, futilité : Un rien l’irrite ou l’indispose. S’inquiéter pour des riens.
Un belle revue trimestrielle de qualité. Retrouvez notamment Pierre Pelle Le Croisa, auteur passionné par la recherche dans les domaines de la science, la philosophie, l’ésotérisme initiatique et contributeur à 450.fm, ou encore David Frapet dont nous vous avons présenté, le 1er novembre dernier, son dernier opus Présence et vitalité des Mères Divines (Éditions du Cosmogone, 2021) https://450.fm/2021/11/01/presence-et-vitalite-des-meres-divines/
Il est historien des institutions dans les domaines de la mystique et de la théologie comparée]
Quelle est l’influence réelle de la franc-maçonnerie dans notre société ? C’est la question au cœur des Idées Claires, notre programme hebdomadaire produit par France Culture et France Info destiné à lutter contre les désordres de l’information, des fake news aux idées reçues.
Les Francs-maçons. Qui sont-ils ? Quels sont leurs réseaux ? Comment contrôlent-ils le pays ? Ces titres s’affichent en grand plusieurs fois par an sur vos kiosques en une. Le complot franc-maçon est une vieille antienne de l’extrême droite qui y voit une organisation parallèle qui détient les rênes du pouvoir.
Si ce ne sont pas les Francs-maçons, ce sont, sur internet, le groupe Bilderberg qui réunit en secret des puissants de ce monde, voire les Illuminati qui tirent les ficelles dans l’ombre depuis la nuit des temps. Quelle est l’influence réelle de ces sociétés sur notre monde ?
Julien Giry, docteur en science politique répond à nos questions pour nous permettre d’avoir les idées claires sur le sujet.
Les Francs-maçons dirigent-ils le monde ?
Julien Giry : « La réponse est clairement non, il n’y a pas de difficulté là-dessus. Les Francs-maçons, c’est une société de réflexion et de pensée, c’est une société discrète, une société plurielle, qui regroupe des individus d’origines sociales et sociologiques totalement différentes, ça peut être comme on l’entend souvent, des dirigeants de grandes sociétés, des députés, des politiques, mais ça peut être un individu lambda, votre voisin, l’individu du coin. L’idée qu’il existe des procédures secrètes, des savoirs secrets, des connaissances, des pratiques, tout cela fait partie quelque part d’un imaginaire fantasmagorique qui génère des fantasmes, qui génère des passions, qui génère des croyances. »
S’agit-il d’une société secrète ?
« À proprement parler non, la franc-maçonnerie s’étale en une des journaux, elle s’étale dans la presse, les loges sont ouvertes au public, des révélations ont été faites par d’anciens Francs-maçons sur ce qui se passe dans les loges, sur la manière dont on est initié donc finalement la franc-maçonnerie ne fait pas grand-chose de secret. »
Pourtant il y a eu des cas d’activités illicites, comme la loge P 2 en Italie
« C’est quelque chose qui a vraiment défrayé la chronique dans le cadre des années de plomb et oui, effectivement, il y a eu ce cas concret de connivence entre politiques, magistrats, des criminels pour effectivement mener à bien et dissimuler les activités criminelles, donc illégales, donc secrètes. Mais dans l’immense majorité des cas, les francs-maçons se contentent de discussions autour des grands sujets de société, des grands débats sociaux et sociétaux. »
Cherchent-ils à influencer le pouvoir ?
« Influencer le pouvoir d’une certaine manière oui, sur des grands débats de société, de produire une pensée, mais encore une fois il n’y a pas de pensée franc-maçonne en tant que telle, il n’y a pas de pensée monolithique, effectivement il y a des grands principes que l’on peut retrouver : la laïcité, le respect du pluralisme, la défense de l’esprit critique, le rationalisme et effectivement, ponctuellement on peut retrouver une influence de la franc-maçonnerie sur certaines grandes lois – exemple typique, la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905. Mais on ne peut pas dire à proprement parler que les lois, les projets de loi, les avant-projets de lois sont fabriqués dans les loges. La franc-maçonnerie permet un espace à côté, de calme social, politique où les idées peuvent maturer, le débat peut se faire et elle permet aussi finalement aux gens de se rencontrer et de dialoguer. «
Pourquoi les Francs-maçons obsèdent-ils l’extrême droite ?
« Cette obsession est assez ancienne finalement si on remonte d’un point de vue historique, l’Abbé de Barruel est le premier en France avec l’Abbé Lefranc à donner une lecture complotiste de la Révolution française dans laquelle les Francs-maçons seraient parmi les responsables secrets de ce changement d’ordre, finalement de remise en cause de la France catholique, de la France royale, de la France éternelle et on retrouve tout au long de l’histoire, une espèce de haine anti-Francs-maçons qui se caractérise par l’idée qu’il s’agit d’une société secrète, de la synagogue de Satan et qui exercerait un pouvoir occulte de l’anti-France sur notre pays. Cette idée a essaimé au sein de l’extrême droite depuis la Révolution française jusqu’à nos jours. »
Les Illuminati ont-ils infiltré la franc-maçonnerie ?
« Il faut faire le distinguo entre cette société secrète historiquement avérée que sont les illuminés de Bavière et la construction qui en est faite des Illuminati par un auteur anglo-saxon qui s’appelle John Robinson, puis dans le cadre de la Révolution française l’Abbé Augustin de Barruel, dans ses célèbres Mémoires pour servir l’histoire du jacobinisme qui va expliquer que la Révolution française en vérité est due à une triple engeance : les sophistes, c’est-à-dire les philosophes des Lumières, les Francs-maçons et une société plus secrète encore qui aurait infiltré les grades de la franc-maçonnerie, les Illuminati, le terme “Illuminati” a été forgé quelques mois avant par l’auteur britannique John Robinson. »
Pourtant certains symboles semblent prouver leur influence…
« C’est l’inverse, c’est parce que vous croyez déjà qu’il existe ce complot Illuminati que vous cherchez à en rapporter les preuves, dans une sorte de raisonnement conséquentialiste inversé. Il est vrai que sur le billet d’un dollar, vous retrouvez l’œil qui voit tout, mais c’est un symbole très ancien qui est préexistant à ces Illuminati et ces illuminés de Bavière, vous avez affaire à des symboles rationalistes de l’époque, des symboles des Lumières qui sont ceux de la pensée rationnelle, de la libre pensée, typiquement l’œil, la pyramide, symbole de la sagesse, de la connaissance, retrouvés dans l’Égypte antique déjà. »
Un chercheur et historien de Ceuta a fait une découverte sans précédent dans la ville en découvrant un blason maçonnique dans l’un des bâtiments militaires, dans le quartier de la Maestranza, désaffecté depuis plusieurs décennies.
L’historien Francisco Sánchez a informé Efe que le blason maçonnique a été placé à l’arrière du bâtiment du commandement militaire des travaux d’ingénierie , construit entre 1925 et 1929 et sa visibilité par les gens est « très compliquée, c’est sûrement pourquoi il est passé inaperçu et n’a pas été détruit après le coup d’État militaire de juillet 1936, avec la persécution des maçons de Ceuta, au cours de laquelle 27 ont été fusillés et environ 200 ont fait l’objet de représailles.
Le blason, selon l’historien, est l’un des rares éléments de la tradition maçonnique qui restent dans la ville, puisque presque tous ont été détruits ou jetés à la mer et il a conclu que la date du placement du bouclier dans la construction de la section topographique correspond avec l’ouverture d’une loge à Ceuta à la fin de 1928.
Dans ces années-là, les maçons de Ceuta qui se réunissaient dans les villes marocaines de Tétouan et de Tanger ont décidé que « le moment » était venu d’ériger des colonnes à Ceuta.
Les rencontres ont abouti à la création de la loge appelée « Hercule », qui s’est consolidée, faisant connaître son établissement dans la ville lors des rassemblements sociaux et auprès des cercles progressistes : « Ceux qui aspiraient à entrer en franc-maçonnerie étaient généralement présentés par une personne de leur environnement familial, professionnel ou amical qui appartenait déjà à l’atelier « , a avancé l’historien, qui a passé en revue que dans une si petite ville de 45 000 habitants » il était très facile de connaître les caractéristiques des futurs maçons sans avoir besoin de grands efforts. «
Le bâtiment où se trouve le bouclier date de l’année 1800 et est de style néo-médiéval et a été construit par l’ingénieur militaire Luis Melendreras, puis à fait l’objet de rénovation en 1841 sous la direction du commandant du génie Carlos Montenegro, depuis 2005, l’établissement militaire a été cédé au tribunal civil .
Le bâtiment qui montre les armoiries maçonniques abritait autrefois les bureaux de la section topographique. La franc-maçonnerie à Ceuta a connu son «âge d’or» lors de l’avènement du régime républicain en avril 1931, elle comptait dans ses rangs des hommes politiques locaux de premier plan.
La loge Ceuta Hercules sera considérée comme un atelier solide au fil du temps, a déclaré Francisco Sánchez à Efe .
L’histoire de la franc-maçonnerie à Ceuta a commencé en 1821 et a atteint sa fin tragique avec le soulèvement militaire de juillet 1936, « et la répression qui en a résulté a fait 268 victimes à Ceuta, dont 27 maçons, en plus des nombreux emprisonnés et exilés ».
L’apparition du blason est liée à la prédominance des militaires « parmi les membres d’une des loges, quelque chose de normal car Ceuta est un lieu militaire, ceux qui étaient affectés à la ville étaient sensibles aux idées libérales et, par conséquent, attirés par les valeurs la franc-maçonnerie. ».
Symbole traversant les temps et les civilisations, le chiffre 8 est l’un des plus porteurs de sens et de vibrations positives. Alors, le chiffre 8 porte bonheur ? Découvrez son histoire et son petit quelque chose en plus !
Si vous êtes adepte de la numérologie, vous savez que tous les chiffres ont une signification qui leur est propre. Mais saviez-vous que l’énergie du chiffre 8 est toute particulière ? Le médium Jean-Didier, l’auteur de l’ouvrage Le pouvoir magique des pierres et des cristaux aux éditions Le Lotus et l’Éléphant qui sortira courant du mois de novembre, nous dévoile ici l’histoire de ce chiffre si spécial.
Le chiffre 8 ou le symbole de l’infini
Le 8 a une particularité qui le différencie des autres chiffres… En effet, si vous le positionnez à l’horizontal, il représente l’énergie sans fin, soit le signe de l’infini. Ce nombre “couché” prend alors une toute autre dimension. Il devient une forme cosmique qui facilite la connexion entre le monde terrestre et le monde spirituel.
L’infini symbolise l’univers sans début ni fin et vient du mot latin « infinitus » qui signifie très exactement “un monde sans limites”, soit quelque chose qui dure pour toujours. Il ouvre également de par son énergie si particulière les portes de la chance et de l’abondance. Sans compter sur le fait qu’il est reconnu pour apporter une protection et la richesse pour toutes les personnes qui l’utilisent.
Le chiffre 8 à travers le temps et les pays
Le signe de l’infini existe depuis plusieurs milliers d’années. On retrouve des traces de son existence dans des civilisations de la Mésopotamie, comme chez les Grecs et les Hindous. À cette époque, le chiffre 8 représentait déjà un nombre sacré dans de nombreuses religions.
Dans la civilisation indienne, le signe infini fait mention du Dieu Shiva car il possédait 8 bras. Mais, ce n’est pas tout, il fait également référence dans cette civilisation aux 8 vœux prononcés par les moines bouddhistes.
Dans la civilisation chinoise, l’infini représente les 8 pétales de Lotus, une fleur considérée comme sacrée. Mais le nombre 8 évoque aussi en Chine les 8 sentiers du Tao et surtout les 8 piliers de l’édifice du Ming-Tang.
Dans la civilisation africaine, le nombre 8 est également symbole de créativité.
En Égypte, le nombre 8 représente le nombre de l’ordre cosmique.
En Italie, on le retrouve dans le processus de création de ce qui deviendra par la suite le tarot de Marseille avec le dessin très marqué du chapeau du Bateleur de l’arcane majeur numéro 1 formant un 8 allongé.
Mais ce sont les Chinois qui sont les plus fervents utilisateur de l’énergie du nombre 8. D’ailleurs en chinois le chiffre 8 se prononce « prospérité ». Il est très largement utilisé, comme dans le choix de la date de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Chine : elle a eu lieu un 08/08/2008, 20h08 soit 8h et 8 minutes.
Vidéo : Calculer son chemin de vie et son année personnelle
Le pouvoir magique des pierres et des cristaux de Jean-Didier – Crédit photo Femmes Actuelles
Le chiffre 8 dans les religions
Dans la religion juive et pour les kabbalistes, le symbole de l’infini représente les huit portes du temple de Jérusalem. Il est d’ailleurs reconnu que la huitième porte du temple ne pouvait être ouverte que par le messie.
La religion islamique fait quant à elle référence aux huit portes qui s’ouvrent sur un paradis.
La religion chrétienne parle, elle de son côté, des huit anges porteurs du trône céleste. Associé également au Christ ressuscité qui marque alors la renaissance et la résurrection.
Le chiffre 8 dans notre vie quotidienne
Autre exemple, les appartements qui se trouvent au 8ème étage d’un immeuble s’arrachent comme des petits pains, et par conséquent, valent beaucoup plus cher. Tout comme les voitures possédant une plaque minéralogique avec une succession de 8. L’année 2008 a également battu un record, celui du nombre de mariages, mais aussi de naissances et particulièrement surtout au cours du mois d’août.
Bref, si vous n’avez pas encore choisi une date pour un événement à venir, vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire !
Réalisez le rituel magique de chance avec le chiffre 8
Pour finir, voici un petit cadeau, un rituel magique de chance fait spécialement pour les lectrices de Femme Actuelle avec le chiffre 8 et à réaliser uniquement le 8 du mois à 8 heures et 8 minutes. En faisant ce rituel magique, faites un vœu à voix haute.
1) Munissez-vous d’une petite plaque de plomb de 10cm x 5cm et placez-vous le dos au Nord.
2) Posez la plaque sur une table devant vous et placez une aventurine aux quatre coins de la plaque.
3) Gravez un dessin représentant une lune croissante sur un côté de la plaque puis, à côté le signe de l’infini puis, la planète Mercure.
4) De l’autre côté de la plaque, gravez une pleine lune puis, à côté le signe de l’infini, puis la planète Mercure.
5) Pour finir, passez votre plaque de plomb 8 fois dans la fumée d’un encens de votre choix tout en traçant des cercles dans le sens des aiguilles d’une montre.
Je vous recommande de garder au moins une des quatre aventurines sur vous. Vous pouvez placer les autres sur votre table de nuit ou sur votre bureau.
Une fois cette action terminée, vous pouvez mettre votre plaque maintenant devenue talisman dans votre portefeuille. Sortez-la tous les jours pendant quelques minutes, le temps de visualiser la réussite de votre vœu. Vous pourrez retirer votre plaque de plomb talisman de votre portefeuille uniquement et seulement lorsque le vœu sera réalisé mais pas avant.
Maison d’éditions Le Lotus et l’Éléphant
Le pouvoir magique des pierres et des cristaux de Jean-Didier, Éditions le Lotus et l’Éléphant – à paraître courant novembre 2021
La culture, le savoir, la qualité de la réflexion sont désormais des valeurs has been. Tout ce qui permet d’élever l’esprit semble désormais marginalisé, voire proscrit. Et les politiques ont une responsabilité dans l’émergence de cette nouvelle barbarie.
Il paraît que le savoir, l’instruction et la culture sont désormais des apanages élitistes, et que donc, c’est pas bien. Il paraît aussi que tous les avis, toutes les opinions doivent se valoir. Tout doit être donc être mis au Niveau. Mais quelle bonne idée ! Allons demander à un vrai géographe ou un vrai marin ce qu’il pense de la Terre plate. Ou un épidémiologiste ce qu’il pense des positions anti-vaccinales. C’est un peu dans cette idée que la Sorbonne a donné le titre de Docteur à l’astrologue Elisabeth Teissier pour sa thèse relative à l’astrologie comme, je cite, « science secrète » ou millénaire. Il ne m’appartient pas de porter un jugement sur la délivrance d’un titre de docteur, mais j’avoue avoir du mal à comprendre la démarche. La thèse d’est avant tout une accumulation d’élucubrations vaguement ésotéristes, sans réel travail empirique ni théorique. Mais bon, l’Académie et la Faculté ont jugé bon de lui accorder le doctorat. Un des arguments utilisés pour la défense de la position du jury est qu’il ne faut hiérarchiser le savoir ni les connaissances. En fait, c’est une position dite « de gauche », née dans le sillage de Mai 68 : tous les savoirs doivent se valoir, sans hiérarchie et l’avis de l’amateur doit valoir autant que celui qui a étudié un sujet toute sa vie. Le même phénomène que lors du confinement du printemps 2020 et que la crainte de l’écrivain Umberto Eco : n’importe quel clampin a autant, voire plus de portée qu’un Prix Nobel (et j’entends déjà les esprits chagrins m’expliquer que les Prix Nobel ne connaissent rien à leur discipline etc.). Certes. Sauf que pour éviter le chaos, un minimum de hiérarchisation est nécessaire, ne serait-ce que pour distinguer la croyance de la connaissance. Ainsi, dans mon exemple, la Terre plate n’a pas de sens, la rotondité de la Terre ayant été établie. Et ce n’est pas de l’irrespect de croyance que de rappeler des vérités et des faits scientifiquement établis. C’est juste de la salubrité publique. Mais la recherche, la démarche de contribuer au savoir humain, faire avancer la civilisation ne font pas partie des priorités publiques. On préfère le football à la recherche. Un très intéressant article du Monde Diplomatique fait un bien triste état des lieux, en proposant un étalon : l’équivalent Messi (salaire annuel : quarante millions d’Euros). Le savoir et sa qualité, l’instruction et la culture ne font plus partie des valeurs essentielles. Seul compte le fait du « respect », qui permet à n’importe qui d’affirmer n’importe quoi n’importe où.
De la même manière, la crise sanitaire a été un prétexte pour fermer tous les lieux de culture, autrement dit, les lieux où l’on pouvait réfléchir, se rencontrer, s’enrichir et partager. Par contre, les cabinets de traders, entreprises « sérieuses » et autres officines au mieux inutiles, au pire nuisibles, ont pu rester ouverts. Choix de société et choix politiques, tout simplement : le business, la finance sont « essentiels », la culture et le soin ne le sont pas. C’est le risque de voter pour des technocrates incompétents. Si je remonte plus loin, quand j’étais gamin (et nul doute que ce ne se soit arrêté), ceux qui avaient le malheur d’être un peu plus instruits ou cultivés que la moyenne étaient rejetés, moqués ou harcelés par leurs petits camarades menés par les caïds n’aimant pas les « sales premiers de classe ». La barbarie et la bêtise crasse ont des arguments plus percutants sur le coup que la culture et l’intelligence… Et elles sont encore plus dévastatrices quand elles s’incarnent en cols blancs. Il suffit de regarder certains de nos politiques voulant jouer les intellectuels pour s’en rendre compte.
Pire encore, une vedette d’une émission de téléréalité a récemment déclaré que « Molière, c’est chiant »… Elle a le droit, bien sûr. Mais ce faisant, elle montre sa limite en tant que comédienne. Il semblerait que les références contemporaines soient désormais un animateur vedette amateur du jeu du « kicékapété », des joueurs de jeux vidéo s’enregistrant en train de regarder des conneries autres que les leurs ou encore un duo de vidéastes grimaçants héritiers des Jackass de mes années estudiantines… Bon, de mon temps, c’étaient les Nuls, les Inconnus ou le Club Dorothée qui tenaient lieu de références. Est-ce que tout cela valait mieux ? Pas forcément. Toutefois, apprécier les Nuls ou les Inconnus requérait un certain nombre de références communes, et donc un peu de culture.
D’où une certaine inquiétude : la culture est considérée comme non essentielle, voire comme socialement inacceptable. Désormais, pour être bien dans notre société, il convient d’être ignorant, fanatique et ambitieux. Ou de faire des vidéos débiles à poster sur les réseaux sociaux et laisser s’exprimer ce que l’humain a de pire en lui.
Petit rappel historique (et désolé pour le Point Godwin) : Goebbels disait « quand j’entends le mot culture, je sors mon révolver ». Bon, maintenant, c’est un écrivaillon réactionnaire et haineux qui fait « de l’humour » en pointant une arme de guerre sur des journalistes pendant un salon réservé aux professionnels de l’armement et de la sécurité… Avec un peu de connaissance de l’histoire et un peu de culture, on a les moyens de réaliser qu’opposer une arme à la culture porte un nom : la barbarie.
Petit rappel utile: la menace est sanctionnée par l’article 222-17 du Code Pénal, qui dit clairement : « La menace de commettre un crime ou un délit contre les personnes dont la tentative est punissable est punie de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende lorsqu’elle est, soit réitérée, soit matérialisée par un écrit, une image ou tout autre objet. La peine est portée à trois ans d’emprisonnement et à 45 000 Euros d’amende s’il s’agit d’une menace de mort ».
Et moi, fidèle à mon Frère Pierre Dac, non content de signer Furax, je suis de ceux qui, lorsqu’ils entendent le mot révolver, sortent leur culture. Et vu la crise de folie collective qui nous attend en 2022, on va vraiment en avoir besoin, de la culture.
Qu’est-ce que la cuisine de sorcière ? Comment la pratiquer ? On a interrogé Xenia Vetsera, spécialiste de la « kitchen witchery », qui nous a livré ses secrets.
Sorcière et auteure du « Vivendier des sorcières » (Éditions Danaé, 2020), Xenia Vetsera a écrit l’un des premiers livres français sur la cuisine occulte. C’est durant son adolescence que commence son intérêt pour l’occultisme. Elle effectue alors de nombreuses recherches sur le sujet, trouvant sa voie dans une pratique basée sur les rythmes de la nature et des saisons. « À une époque où tout est surmédiatisé, où l’on nous pousse à consommer toujours plus, il me semble important de me recentrer sur mon environnement, et conserver une certaine simplicité » confie-t-elle. Depuis six ans, celle qui se définit comme une sorcière « solitaire » s’adonne à la cuisine ésotérique. Avec « Le Vivendier des sorcières », elle souhaite rendre cette pratique, jusqu’ici peu connue en France, plus accessible. C’est d’ailleurs dans le but de partager son savoir qu’elle a accepté de répondre à nos questions.
ELLE À TABLE. POUR COMMENCER, POUVEZ-VOUS NOUS EXPLIQUER CE QU’EST LA CUISINE DE SORCIÈRE ?
Xenia Vetsera. Tout d’abord, il faut savoir que le terme de cuisine de sorcière est une traduction de l’expression anglo-saxonne « kitchen witchery ». Personnellement, je préfère parler de cuisine occulte, car j’estime qu’il existe plusieurs facettes de cette pratique. En réalité, il ne s’agit pas uniquement de la préparation de plats, mais plutôt de « nourrir » le corps, d’en prendre soin de façon globale. Cela peut aussi passer par l’utilisation de crèmes, d’onguents et autres produits cosmétiques. Plus concrètement, je considère la cuisine occulte comme étant une cuisine en conscience. J’entends par là qu’il s’agit, avant tout, de projeter une intention spirituelle dans ce que l’on va préparer. La partie « fabrication » n’est finalement que secondaire, elle sert surtout à la matérialiser, à créer un réceptacle. Cette notion d’intention est d’ailleurs au cœur de nombreuses traditions ésotériques, notamment lorsque l’on prépare un rituel ou un filtre.
Des cuisiniers en train de cuire de la nourriture
PEUT-ON PRATIQUER LA CUISINE OCCULTE SANS S’EN RENDRE COMPTE ?
XV. En réalité, beaucoup de personnes peuvent pratiquer la cuisine occulte sans le savoir. Je m’explique. Lorsque l’on cuisine un repas, pour soi ou son entourage, on y projette toujours une intention. Prenons l’exemple d’une mère de famille qui prépare une tarte aux pommes pour faire plaisir à ses enfants. Sans y penser, elle y place sa volonté de vouloir leur bonheur, la transmettant à ses enfants via cette tarte. Il se passe la même chose lorsque l’on réalise une soupe ou un soin pour une personne malade. Sans en être conscient, on transmet à la préparation notre volonté de sa guérison. Dans ces cas-là, on ne se rend pas forcément compte de l’action de notre volonté. L’étape suivante consiste à prendre conscience de cette intention afin que cela soit réellement considéré comme de la cuisine magique.
IL N’EST DONC PAS NÉCESSAIRE D’ÊTRE EXPÉRIMENTÉ POUR SE LANCER DANS CETTE FORME D’ÉSOTÉRISME ?
XV. Je dirais que non. Dans l’univers de la sorcellerie, beaucoup de personnes cherchent à compliquer son apprentissage avec des règles à respecter. C’est d’ailleurs le cas pour certaines traditions ou écoles comme la Wicca qui est une véritable religion, avec des dogmes et des rituels. En ce qui concerne la « magie » à titre personnel, je considère qu’il vaut mieux aller vers davantage de simplicité. D’ailleurs, si l’on remonte à l’époque de nos ancêtres, ces derniers ne disposaient pas de moyens illimités. De ce fait, la cuisine occulte prône un retour à l’authenticité et à la simplicité. Il se crée ainsi un rapport très personnel à la pratique, faisant que l’on n’a pas besoin d’être expérimenté pour y recourir.
L’IMPORTANT EST DE SE FIER À NOTRE INTUITION.
ON SUPPOSE QU’IL EXISTE, TOUT DE MÊME, QUELQUES PRÉCAUTIONS À PRENDRE.
XV. En ésotérisme, il est important de comprendre que l’on travaille avec des formes invisibles, que l’on ne peut pas contrôler. Il est absolument nécessaire de connaître les énergies avec lesquelles on souhaite entrer en contact. Certaines entités rejettent la viande par exemple, dans ce cas, il faut absolument s’abstenir de leur en offrir. En général, dans le cas où notre offrande est rejetée, on ressent une forme « d’absence » de l’entité. On peut également ressentir certains effets négatifs, comme une sorte de malaise. Dans ce cas, il vaut mieux retirer l’offrande et ne plus la réitérer. Personnellement, j’évite aussi d’avoir recours à la cuisine occulte pour d’autres personnes, l’ésotérisme étant surtout une pratique personnelle. Néanmoins, la cuisine est fondamentalement liée à la notion de partage, c’est pourquoi je veille toujours à ce que mon intention soit pure.
VOUS PARLEZ D’INTENTIONS PURES, CELA VEUT-IL DIRE QU’IL EXISTE DE MAUVAISES INTENTIONS ?
XV. Cette question revêt presque une dimension philosophique. Une erreur assez fréquente quand on débute, est de poser une couleur sur la « magie » en considérant qu’il existe une « magie blanche » et une « magie noire ». En vérité c’est la nature de l’intention posée qui la transforme en quelque chose de bon ou de mauvais. De ce fait, il s’agirait plutôt de se demander si ce que l’on fait est juste et nécessaire.
NOUS VOILÀ AVERTIS. POUVEZ-VOUS MAINTENANT NOUS EXPLIQUER COMMENT SE PRATIQUE LA CUISINE OCCULTE ?
XV. Tout d’abord, la pratique ésotérique, en général, commence par l’action de préciser notre volonté. Il faut donc se demander pourquoi fait-on cela ? Quel est le but ? À qui est-ce destiné ? Cette étape doit se faire avant même que l’on décide ce que l’on va créer, ou cuisiner. Une fois cela fait, on peut ensuite se demander quelle recette est la plus à même de matérialiser cette intention. Il n’y a pas vraiment de règle pour la choisir, l’important est de se fier à notre intuition. Après l’été, on a tendance à dire que les énergies retournent à la terre, à prôner un retour à soi. Contrairement au printemps et à l’été, qui sont des périodes très actives, l’automne est propice à l’introspection. C’est pourquoi, on a tendance à privilégier des recettes réconfortantes comme les roulés à la cannelle, les pumpkin pie ou les chocolats chauds.
Une fois que nous avons notre recette en tête, il faut ensuite sélectionner les ingrédients pour la réaliser. Ces aliments doivent non seulement coller à la recette, mais aussi à la saisonnalité. Cette dernière caractéristique est fondamentale, car elle permet de renforcer l’ancrage, un principe qui se retrouve dans la plupart des traditions occultes. Il existe un effet un lien très fort entre notre environnement immédiat, la nature qui nous entoure et la sorcellerie. Ainsi, on préfère choisir des produits de saisons, locaux, pour favoriser notre conscience de cet environnement. Il est, en effet, plus simple de transmettre notre intention à des aliments s’ils nous sont déjà familiers, et que l’on sait cuisiner.
HORMIS LA SAISONNALITÉ, COMMENT CHOISISSEZ-VOUS VOS INGRÉDIENTS ?
XV. La sorcellerie associe souvent les aliments à des éléments, des vertus, des astres… C’est le principe des correspondances, même si personnellement, je n’y suis pas très attachée. Selon moi, la cuisine occulte est avant tout quelque chose de personnel. Les correspondances sont, de ce fait, des notions qui vont varier d’un auteur ou d’un pratiquant à l’autre. En revanche, je conseille à chacun·e de se renseigner sur les vertus médicinales des aliments, surtout si l’intention est centrée sur la guérison. Une fois cela fait, le mieux est de se poser face à l’ingrédient, puis de se demander ce que cela nous évoque, quel symbolisme nous lui attribuons. Pour en revenir aux aliments que j’utilise en automne, mon choix se porte vers les courges, les citrouilles, les pommes, les poires… C’est aussi une saison durant laquelle j’utilise beaucoup d’épices comme la cannelle, la cardamome, le safran… dont les couleurs ne sont pas sans rappeler la flamboyance automnale.
QUE FAITES-VOUS UNE FOIS QUE VOUS AVEZ CHOISI VOS INGRÉDIENTS ?
XV. La prochaine étape consiste à charger les aliments avec notre intention. La manière la plus courante de procéder est de les placer un par un dans un bol, d’y apposer nos mains, puis de projeter notre volonté. En quelque sorte, on dit à l’ingrédient « Aujourd’hui, je t’utilise dans ce but ». Cette phase est essentielle en cuisine occulte, mais aussi dans toutes les formes de « magie ».
ON Y CROIT OU L’ON N’Y CROIT PAS
Vient alors la phase de réalisation de la recette, pendant laquelle il est primordial de garder notre intention à l’esprit. Si l’on reprend l’exemple de la guérison d’une personne, on peut par exemple se la représenter, une fois celle-ci guérie. L’important est de rassembler ses pensées autour de l’idée de la guérison. Il y a, bien sûr, une dimension suggestive, relevant de la foi. On y croit ou l’on n’y croit pas. De ce fait, il peut arriver que la « magie » ne fonctionne pas car l’on n’a pas assez confiance en notre pratique et nos gestes. Ces derniers sont primordiaux car ils sont le moyen de transmettre notre intention. Ils diffèrent donc en fonction des personnes et de notre préparation. Certains vont, par exemple, remuer dans le sens des aiguilles d’une montre, car c’est un symbole permettant de canaliser les énergies positives. D’autres préféreront adresser des prières aux entités comme des divinités ou des fées auxquelles ils sont liés. Encore une fois, chacun procède en fonction de son intuition. Une fois que la recette est terminée, il reste à effectuer l’offrande, c’est-à-dire, partager ce que l’on a préparé, l’offrir à quelqu’un ou à une divinité. Évidemment, l’esprit ne se nourrit pas d’aliments solides mais de leur essence. C’est pourquoi ce type d’offrande consiste à brûler une partie ce qui a été cuisiné, afin qu’elle soit symboliquement consommée par l’entité. En fonction de notre pratique, on peut également l’enterrer afin de la rendre à la terre, le royaume des morts et de nos ancêtres.
JUSTEMENT, NOUS CÉLÉBRERONS BIENTÔT SAMAIN, AUSSI APPELÉ HALLOWEEN. QU’ALLEZ-VOUS PRÉPARER POUR CETTE OCCASION ?
XV. Effectivement, Samain arrive bientôt. Il s’agit d’un sabbat dédié aux ancêtres, durant lequel on va repenser aux personnes disparues. À cette occasion, nos intentions sont donc tournées vers nos proches mais également vers des ancêtres plus lointains, avec lesquels nous ressentons une connexion. Ainsi, je prépare chaque année des gâteaux du souvenir, afin de leur en faire offrande. Pour le coup, il n’existe pas de recette véritable, il s’agit plutôt de laisser son intuition s’exprimer. On peut donc y mettre ce que l’on veut. L’important est d’orienter toutes ses pensées vers ses ancêtres spirituels.
VOUS ÊTES VOUS-MÊMES AUTEURE D’UN LIVRE SUR LA CUISINE OCCULTE. AVEZ-VOUS D’AUTRES RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES À NOUS CONSEILLER ?
XV. À ma connaissance, il existe peu de livres français sur le sujet hormis « Le Vivendier des sorcières » et « La Cuisine wiccane » de Scott Cunningham, sur le sujet des correspondances. En revanche, je peux conseiller aux lecteurs qui lisent l’anglais « The Hedgewitch Book of Days » de Mandy Mitchell qui possède, selon moi, la meilleure approche concernant la cuisine ésotérique. Pour les débutants, « The Book of Kitchen Witchery, de Cerridwen Greenleaf », est l’ouvrage qui me semble le plus adapté. Quant aux réseaux sociaux, je connais quelques influenceuses comme @coconvert (sur Instagram et Youtube) et thewitchhut_ qui traite de la pratique wiccane et de la cuisine de sorcière.