ven 26 avril 2024 - 08:04

Ésotérisme : Découvrez la cuisine des sorcières avec Xenia Vetsera

De notre confrère Elle – par Camille Ordonneau

Qu’est-ce que la cuisine de sorcière ? Comment la pratiquer ? On a interrogé Xenia Vetsera, spécialiste de la « kitchen witchery », qui nous a livré ses secrets.

Sorcière et auteure du « Vivendier des sorcières » (Éditions Danaé, 2020), Xenia Vetsera a écrit l’un des premiers livres français sur la cuisine occulte.
C’est durant son adolescence que commence son intérêt pour l’occultisme. Elle effectue alors de nombreuses recherches sur le sujet, trouvant sa voie dans une pratique basée sur les rythmes de la nature et des saisons. « À une époque où tout est surmédiatisé, où l’on nous pousse à consommer toujours plus, il me semble important de me recentrer sur mon environnement, et conserver une certaine simplicité » confie-t-elle.
Depuis six ans, celle qui se définit comme une sorcière « solitaire » s’adonne à la cuisine ésotérique. Avec « Le Vivendier des sorcières », elle souhaite rendre cette pratique, jusqu’ici peu connue en France, plus accessible. C’est d’ailleurs dans le but de partager son savoir qu’elle a accepté de répondre à nos questions.

ELLE À TABLE. POUR COMMENCER, POUVEZ-VOUS NOUS EXPLIQUER CE QU’EST LA CUISINE DE SORCIÈRE ?

Xenia Vetsera. Tout d’abord, il faut savoir que le terme de cuisine de sorcière est une traduction de l’expression anglo-saxonne « kitchen witchery ». Personnellement, je préfère parler de cuisine occulte, car j’estime qu’il existe plusieurs facettes de cette pratique. En réalité, il ne s’agit pas uniquement de la préparation de plats, mais plutôt de « nourrir » le corps, d’en prendre soin de façon globale. Cela peut aussi passer par l’utilisation de crèmes, d’onguents et autres produits cosmétiques.
Plus concrètement, je considère la cuisine occulte comme étant une cuisine en conscience. J’entends par là qu’il s’agit, avant tout, de projeter une intention spirituelle dans ce que l’on va préparer. La partie « fabrication » n’est finalement que secondaire, elle sert surtout à la matérialiser, à créer un réceptacle.
Cette notion d’intention est d’ailleurs au cœur de nombreuses traditions ésotériques, notamment lorsque l’on prépare un rituel ou un filtre.

Des cuisiniers en train de cuire de la nourriture
Des cuisiniers en train de cuire de la nourriture

PEUT-ON PRATIQUER LA CUISINE OCCULTE SANS S’EN RENDRE COMPTE ?

XV. En réalité, beaucoup de personnes peuvent pratiquer la cuisine occulte sans le savoir. Je m’explique. Lorsque l’on cuisine un repas, pour soi ou son entourage, on y projette toujours une intention. Prenons l’exemple d’une mère de famille qui prépare une tarte aux pommes pour faire plaisir à ses enfants. Sans y penser, elle y place sa volonté de vouloir leur bonheur, la transmettant à ses enfants via cette tarte. Il se passe la même chose lorsque l’on réalise une soupe ou un soin pour une personne malade. Sans en être conscient, on transmet à la préparation notre volonté de sa guérison. Dans ces cas-là, on ne se rend pas forcément compte de l’action de notre volonté.
L’étape suivante consiste à prendre conscience de cette intention afin que cela soit réellement considéré comme de la cuisine magique.

IL N’EST DONC PAS NÉCESSAIRE D’ÊTRE EXPÉRIMENTÉ POUR SE LANCER DANS CETTE FORME D’ÉSOTÉRISME ?

XV. Je dirais que non. Dans l’univers de la sorcellerie, beaucoup de personnes cherchent à compliquer son apprentissage avec des règles à respecter. C’est d’ailleurs le cas pour certaines traditions ou écoles comme la Wicca qui est une véritable religion, avec des dogmes et des rituels.
En ce qui concerne la « magie » à titre personnel, je considère qu’il vaut mieux aller vers davantage de simplicité. D’ailleurs, si l’on remonte à l’époque de nos ancêtres, ces derniers ne disposaient pas de moyens illimités. De ce fait, la cuisine occulte prône un retour à l’authenticité et à la simplicité. Il se crée ainsi un rapport très personnel à la pratique, faisant que l’on n’a pas besoin d’être expérimenté pour y recourir.

L’IMPORTANT EST DE SE FIER À NOTRE INTUITION.

ON SUPPOSE QU’IL EXISTE, TOUT DE MÊME, QUELQUES PRÉCAUTIONS À PRENDRE.

XV. En ésotérisme, il est important de comprendre que l’on travaille avec des formes invisibles, que l’on ne peut pas contrôler. Il est absolument nécessaire de connaître les énergies avec lesquelles on souhaite entrer en contact. Certaines entités rejettent la viande par exemple, dans ce cas, il faut absolument s’abstenir de leur en offrir. En général, dans le cas où notre offrande est rejetée, on ressent une forme « d’absence » de l’entité. On peut également ressentir certains effets négatifs, comme une sorte de malaise. Dans ce cas, il vaut mieux retirer l’offrande et ne plus la réitérer.
Personnellement, j’évite aussi d’avoir recours à la cuisine occulte pour d’autres personnes, l’ésotérisme étant surtout une pratique personnelle. Néanmoins, la cuisine est fondamentalement liée à la notion de partage, c’est pourquoi je veille toujours à ce que mon intention soit pure.

VOUS PARLEZ D’INTENTIONS PURES, CELA VEUT-IL DIRE QU’IL EXISTE DE MAUVAISES INTENTIONS ?

XV. Cette question revêt presque une dimension philosophique. Une erreur assez fréquente quand on débute, est de poser une couleur sur la « magie » en considérant qu’il existe une « magie blanche » et une « magie noire ». En vérité c’est la nature de l’intention posée qui la transforme en quelque chose de bon ou de mauvais. De ce fait, il s’agirait plutôt de se demander si ce que l’on fait est juste et nécessaire.

NOUS VOILÀ AVERTIS. POUVEZ-VOUS MAINTENANT NOUS EXPLIQUER COMMENT SE PRATIQUE LA CUISINE OCCULTE ?

XV. Tout d’abord, la pratique ésotérique, en général, commence par l’action de préciser notre volonté. Il faut donc se demander pourquoi fait-on cela ? Quel est le but ? À qui est-ce destiné ? Cette étape doit se faire avant même que l’on décide ce que l’on va créer, ou cuisiner.
Une fois cela fait, on peut ensuite se demander quelle recette est la plus à même de matérialiser cette intention. Il n’y a pas vraiment de règle pour la choisir, l’important est de se fier à notre intuition.
Après l’été, on a tendance à dire que les énergies retournent à la terre, à prôner un retour à soi. Contrairement au printemps et à l’été, qui sont des périodes très actives, l’automne est propice à l’introspection. C’est pourquoi, on a tendance à privilégier des recettes réconfortantes comme les roulés à la cannelle, les pumpkin pie ou les chocolats chauds.

Extrait « Vivendier des sorcières », Xenia Vetsera, (Éditions Danaé, 2020)

Une fois que nous avons notre recette en tête, il faut ensuite sélectionner les ingrédients pour la réaliser. Ces aliments doivent non seulement coller à la recette, mais aussi à la saisonnalité.
Cette dernière caractéristique est fondamentale, car elle permet de renforcer l’ancrage, un principe qui se retrouve dans la plupart des traditions occultes. Il existe un effet un lien très fort entre notre environnement immédiat, la nature qui nous entoure et la sorcellerie. Ainsi, on préfère choisir des produits de saisons, locaux, pour favoriser notre conscience de cet environnement. Il est, en effet, plus simple de transmettre notre intention à des aliments s’ils nous sont déjà familiers, et que l’on sait cuisiner.

HORMIS LA SAISONNALITÉ, COMMENT CHOISISSEZ-VOUS VOS INGRÉDIENTS ?

XV. La sorcellerie associe souvent les aliments à des éléments, des vertus, des astres… C’est le principe des correspondances, même si personnellement, je n’y suis pas très attachée. Selon moi, la cuisine occulte est avant tout quelque chose de personnel. Les correspondances sont, de ce fait, des notions qui vont varier d’un auteur ou d’un pratiquant à l’autre. En revanche, je conseille à chacun·e de se renseigner sur les vertus médicinales des aliments, surtout si l’intention est centrée sur la guérison. Une fois cela fait, le mieux est de se poser face à l’ingrédient, puis de se demander ce que cela nous évoque, quel symbolisme nous lui attribuons.
Pour en revenir aux aliments que j’utilise en automne, mon choix se porte vers les courges, les citrouilles, les pommes, les poires… C’est aussi une saison durant laquelle j’utilise beaucoup d’épices comme la cannelle, la cardamome, le safran… dont les couleurs ne sont pas sans rappeler la flamboyance automnale.

QUE FAITES-VOUS UNE FOIS QUE VOUS AVEZ CHOISI VOS INGRÉDIENTS ?

XV. La prochaine étape consiste à charger les aliments avec notre intention. La manière la plus courante de procéder est de les placer un par un dans un bol, d’y apposer nos mains, puis de projeter notre volonté. En quelque sorte, on dit à l’ingrédient « Aujourd’hui, je t’utilise dans ce but ». Cette phase est essentielle en cuisine occulte, mais aussi dans toutes les formes de « magie ».

ON Y CROIT OU L’ON N’Y CROIT PAS

Vient alors la phase de réalisation de la recette, pendant laquelle il est primordial de garder notre intention à l’esprit. Si l’on reprend l’exemple de la guérison d’une personne, on peut par exemple se la représenter, une fois celle-ci guérie. L’important est de rassembler ses pensées autour de l’idée de la guérison. Il y a, bien sûr, une dimension suggestive, relevant de la foi. On y croit ou l’on n’y croit pas. De ce fait, il peut arriver que la « magie » ne fonctionne pas car l’on n’a pas assez confiance en notre pratique et nos gestes.
Ces derniers sont primordiaux car ils sont le moyen de transmettre notre intention. Ils diffèrent donc en fonction des personnes et de notre préparation. Certains vont, par exemple, remuer dans le sens des aiguilles d’une montre, car c’est un symbole permettant de canaliser les énergies positives. D’autres préféreront adresser des prières aux entités comme des divinités ou des fées auxquelles ils sont liés. Encore une fois, chacun procède en fonction de son intuition.
Une fois que la recette est terminée, il reste à effectuer l’offrande, c’est-à-dire, partager ce que l’on a préparé, l’offrir à quelqu’un ou à une divinité. Évidemment, l’esprit ne se nourrit pas d’aliments solides mais de leur essence. C’est pourquoi ce type d’offrande consiste à brûler une partie ce qui a été cuisiné, afin qu’elle soit symboliquement consommée par l’entité.
En fonction de notre pratique, on peut également l’enterrer afin de la rendre à la terre, le royaume des morts et de nos ancêtres.

JUSTEMENT, NOUS CÉLÉBRERONS BIENTÔT SAMAIN, AUSSI APPELÉ HALLOWEEN. QU’ALLEZ-VOUS PRÉPARER POUR CETTE OCCASION ?

XV. Effectivement, Samain arrive bientôt. Il s’agit d’un sabbat dédié aux ancêtres, durant lequel on va repenser aux personnes disparues. À cette occasion, nos intentions sont donc tournées vers nos proches mais également vers des ancêtres plus lointains, avec lesquels nous ressentons une connexion. Ainsi, je prépare chaque année des gâteaux du souvenir, afin de leur en faire offrande. Pour le coup, il n’existe pas de recette véritable, il s’agit plutôt de laisser son intuition s’exprimer. On peut donc y mettre ce que l’on veut. L’important est d’orienter toutes ses pensées vers ses ancêtres spirituels.

VOUS ÊTES VOUS-MÊMES AUTEURE D’UN LIVRE SUR LA CUISINE OCCULTE. AVEZ-VOUS D’AUTRES RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES À NOUS CONSEILLER ?

XV. À ma connaissance, il existe peu de livres français sur le sujet hormis « Le Vivendier des sorcières » et « La Cuisine wiccane » de Scott Cunningham, sur le sujet des correspondances. En revanche, je peux conseiller aux lecteurs qui lisent l’anglais « The Hedgewitch Book of Days » de Mandy Mitchell qui possède, selon moi, la meilleure approche concernant la cuisine ésotérique. Pour les débutants, « The Book of Kitchen Witchery, de Cerridwen Greenleaf », est l’ouvrage qui me semble le plus adapté. Quant aux réseaux sociaux, je connais quelques influenceuses comme @coconvert (sur Instagram et Youtube) et thewitchhut_ qui traite de la pratique wiccane et de la cuisine de sorcière.

(La suite de l’article sur le site Elle)

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halloween – Sorcière

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