sam 27 juillet 2024 - 01:07

Le Grand Orient de France ouvre les portes du Temple pour le débat sur la fin de vie

De notre confrère du Lot actu.fr

« Le droit de mourir dans la dignité, pour une loi laïque et républicaine », tel était le thème de l’intervention de Pierre Juston

Représentant l’A.D.M.D.*, Pierre Juston est intervenu à Pradines le 18 janvier 2022, à l’invitation de la loge Gambetta du Grand Orient de France, où pour l’occasion l’assemblée était ouverte aux députés, à des personnalités extérieures et même à la presse.

« Le droit de mourir dans la dignité, pour une loi laïque et républicaine », tel était le thème de cette conférence publique, tenue au Temple de Pradines, à l’invitation de la loge Gambetta, dans le cadre de ses manifestations dites de « Tenue blanche ouverte », sous la présidence de Bernard Delpech, Vénérable.

Doctorant en droit public, spécialisé sur les questions de laïcité et de complotisme, Pierre Juston est également engagé depuis plusieurs années au sein de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (A.D.M.D.), dont il est délégué pour les départements de Haute-Garonne et du Gers, et administrateur national. Pierre Juston a publié de nombreuses contributions sur cette question, estimant qu’il s’agit d’un « combat laïque, humaniste et émancipateur important ».

Actu : Quelle est la nature du message que vous souhaitez faire passer, en plaidant pour le droit de mourir dans la dignité ?

Pierre Juston : Le premier message que je tiens à faire passer vise à démontrer qu’il s’agit d’un combat laïque et humaniste. Évidemment la question de la dignité est une question complexe, philosophiquement, politiquement et juridiquement. Aussi, convient-il d’envisager cette question de la dignité sous deux aspects ; celui de la dignité qui s’attache à la personne, qui choisit pour elle-même ce qui est digne et ce qui ne l’est pas. Chacun de nous peut avoir une vision qui lui est propre et c’est normal dans une démocratie animée par le pluralisme des idées et des conceptions. Au-delà de la perception de chacun, il y a une dignité nécessaire pour empêcher un certain nombre de choses, qui relève du collectif, de la morale, qui est globale et qui doit s’imposer à tous les individus.

« L’objectif est de permettre que la loi laisse à chacun la liberté de choisir du moment et de la manière de partir. » Pierre Juston

C’est dans cet interstice, entre ces deux dignités, que se situe à mes yeux la question de la fin de vie et la question du droit de mourir dans la dignité que je défends en tant qu’administrateur de l’A.D.M.D..

Même si l’approche juridique de la fin de vie a grandement évolué ces dernières années, elle ne serait pas arrivée à son terme selon vous ?

P. J. : Non, elle n’est pas arrivée jusqu’au bout, puisque contrairement au nôtre, tous les États Européens autour de nous légifèrent, l’Espagne dernièrement, le Portugal, sans parler de la Suisse, de la Belgique… et même à l’international de nombreux pays avancent sur cette question, car ils voient bien qu’il n’y a aucun intérêt à faire souffrir plus longtemps des personnes qui ne le veulent pas ou des personnes en fin de vie, atteintes d’une maladie incurable, à leur imposer une manière de mourir : soit d’attendre la mort ou de mourir tout simplement. Or, l’important selon nous, c’est de respecter le choix des personnes, et ne pas leur voler leur liberté de choix. Oui, la France doit aller plus loin, oui, il faut que la France avance, car elle est à la traîne sur ce sujet. Nous avons tous été marqués par la situation de Vincent Lambert. Or des Vincent Lambert, il y en a plein à travers le territoire national et on constate qu’il y a un afflux de gens qui dans ces situations doivent quitter la France, ce qui prouve bien encore une fois que la France doit avancer sur cette question.

Permettre à chacun de pouvoir user d’une liberté de choix face à la mort, tel est selon vous l’objectif à atteindre ?

P. J. : L’objectif est de faire en sorte que les personnes ne soient pas entravées dans leur choix et que sous certaines conditions bien définies, lorsqu’elles sont en fin de vie, elles puissent décider du moment et de la manière de partir. Il s’agit de faire en sorte que ce ne soit pas, ni leur famille, ni les médecins sur qui on fait porter de lourdes charges, ni le reste de la société qui décide à la place de ces personnes. Chacun de nous doit pouvoir choisir en toute connaissance de cause !

« La France doit avancer sur cette question qui nous concerne tous »Pierre Juston

Mais alors à qui comptez-vous vous adresser pour ce passage à l’acte ?

P. J. : Il faut simplement reconnaître ces personnes dans leur droit ; c’est-à-dire le droit de choisir ce qu’elles veulent lorsqu’elles sont dans cette situation de fin de vie. Cela concerne de très nombreuses personnes. L’approche de la mort, nous interpelle tous. Quand on a conscience de sa propre mort, lorsqu’on réfléchit sur cette question-là, on vit beaucoup mieux après.

Selon vous, la question de ce choix de la mort, préoccupe-t-elle beaucoup de monde ?

P. J. : Si l’on observe les sondages, la question de l’aide active à mourir intéresse 90 % des Français, quelles que soient leurs confessions, qu’ils n’aient pas de confession et quelles que soient leurs opinions politiques.
La proposition de loi d’Olivier Falorni qui malheureusement n’est pas passée l’an dernier, avait réuni des députés de toutes tendances politiques. Tous souhaitaient que la France avance sur cette question en faveur d’une loi républicaine, laïque et humaniste, qui est celle du droit de mourir dans la dignité.

*A.D.M.D. : Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité

A retrouver l’intégralité du reportage, dans La Vie Quercynoise de jeudi 27 janvier 2022

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