Le samedi 24 mai 2025, la Grande Loge de France a ouvert un nouveau chapitre de son histoire en inaugurant un lieu porteur de symboles et de promesses : la Librairie du 8, installée dans l’enceinte même de son Hôtel, au 8, rue Louis Puteaux (Métro Rome), dans le 17ᵉ arrondissement de Paris.
Ce lieu n’est pas qu’un espace de vente. Il est un seuil, un repère, une halte pour la conscience.
Dans son discours de clôture, le Très Respectable Frère Thierry Zaveroni, Grand Maître de la Grande Loge de France, a déployé une parole d’une rare intensité symbolique et poétique, rappelant que cette librairie, à l’image d’un tilleul de pensée, devait devenir un abri fraternel pour celles et ceux qui cherchent, écoutent, méditent et transmettent. « Le Livre, pour le Franc-Maçon, a-t-il rappelé, n’est pas un objet. Il est le miroir de l’âme, le compagnon du chemin entre les colonnes, le trait d’union entre la Tradition et le présent, entre le rappel et l’espérance. »
Le Grand Maître a longuement médité sur le chiffre 8, choisi comme nom de ce lieu. Ce n’est pas un chiffre froid, mais un nombre initiatique, porteur de sens et d’élans. « Le 8 est la figure de l’infini, le symbole du renouveau, le signe du recommencement perpétuel. Il est aussi le seuil : celui que franchit le cherchant pour entamer son voyage initiatique. Il marque le passage du connu vers l’Inconnu, de la mesure vers l’Infini. »
Ce lieu, selon lui, prend racine dans la pierre pour s’élever vers l’étoile : un carrefour d’élévation, un havre pour l’esprit, une halte pour la conscience. Il est aussi un hommage vivant à tous les auteurs de la Grande Loge de France, ces Frères « souvent discrets, toujours habités d’un feu intérieur », dont les ouvrages sont autant de pierres taillées dans la cathédrale invisible.
Sous l’impulsion du Frère Jean-Pierre Thomas, Délégué du Grand Maître à la Culture (Histoire et Patrimoine), cette belle initiative a réuni une dizaine d’auteurs de l’Obédience, venus dédicacer leurs livres et dialoguer avec les Frères. Radio Delta, conduite par le Frère Gilles Saulière, a capté leurs voix et leurs messages dans une série d’entretiens déjà disponibles en ligne.
Le Grand Maître a aussi tenu à saluer le travail de Jean-François Dossat et de son équipe, qui ont su faire de cette librairie un véritable cocon fraternel, ainsi que l’engagement de tous les Frères qui, dans la discrétion, ont contribué à l’émergence de ce lieu. Il a exprimé une reconnaissance appuyée à Clément Ledoux, animateur de l’émission de la GLDF sur France Culture, à Yonnel Ghernaouti pour son accompagnement en communication, et aux anciens Grands Maîtres et dignitaires ayant soutenu ce projet.
Dominique Losay
Il a aussi chaleureusement remercié le Très Respectable Frère Dominique Losay, Premier Grand Maître Adjoint,Délégué du Grand Maître à la vie culturelle, dont l’engagement actif a contribué à renforcer cette dynamique. Celle-ci se traduit, entre autres, par les Petits-déjeuners “Enjeux & Perspectives”, qui croisent pensée contemporaine et spiritualité initiatique, mais aussi par la création récente de la chorale “Vox Hominis”, véritable prolongement harmonique de l’âme collective de l’Obédience.
Enfin, le Très Respectable Grand Maître Thierry Zaveroni a adressé un remerciement particulier à 450.fm, qui a su relayer fidèlement les grandes étapes de son mandat, notamment à travers les articles consacrés aux moments clés de la Grande Loge de France. Il a salué la qualité du travail journalistique, l’indépendance du ton, et la capacité à mettre en valeur la dimension culturelle et initiatique de l’Obédience.
La création de la Librairie du 8 s’inscrit dans une dynamique plus vaste, celle d’un souffle culturel que le Grand Maître a tenu à incarner tout au long de son mandat. Comme il l’a souligné en conclusion : « Ce lieu doit vivre, rayonner, accueillir, transmettre. Il nous oblige. Il nous relie. Il nous éveille. »
Longue vie à la Librairie du 8 !
Illustration : de g. à d., ciseaux en main – T. Zaveroni (GM), J.-P. Thomas, J.-F. Dossat. À l’arrière-plan : B. Lebrun, Grand Secrétaire.
À l’issue du Convent de la Grande Loge Féminine de France (GLFF) en 2025, Liliane Mirville a été reconduite dans ses fonctions de Grande Maîtresse pour l’année à venir, confirmant la confiance des sœurs dans son leadership. Élue pour la première fois le 1er juin 2024 avec 61 % des voix lors du Convent de Bagnolet l’an dernier, Liliane Mirville vient d’être réélue hier avec 92,5% des voix. Elle poursuit ainsi sa mission de vivifier la vie initiatique, de renforcer la présence de la GLFF dans le paysage maçonnique et de promouvoir ses valeurs humanistes.
Cet article, basé sur les informations disponibles et les récentes activités de la GLFF, explore le contexte de cette reconduction, le parcours de Liliane Mirville, et les perspectives qu’elle ouvre pour l’obédience féminine, notamment face aux défis démographiques et sociétaux.
Grande Loge Féminine de France, Cité du Couvent
Contexte de la reconduction : un leadership affirmé
Le Convent de 2025, assemblée générale annuelle de la GLFF, s’est tenu dans un contexte particulier : les 80 ans de l’obédience, célébrés à travers des événements publics et des conférences, comme celles animées par Liliane Mirville à Pomerol (5 avril 2025) et Lorient (26 avril 2025). Bien que les détails précis du Convent 2025 ne soient pas encore pleinement disponibles dans les sources publiques, la reconduction de Liliane Mirville témoigne de la volonté des sœurs de poursuivre les axes stratégiques qu’elle a définis : dynamiser le recrutement, renforcer l’engagement humaniste, et ouvrir la GLFF à de nouveaux horizons, notamment à l’international.
La GLFF, première obédience féminine au monde avec 13 000 Soeurs et 458 loges en France
En Outre-mer et dans des pays comme l’Afrique, le Maghreb, ou le Canada, la GLFF fait face à des défis structurels : un vieillissement de ses effectifs (moyenne d’âge autour de 62 ans) et une baisse des adhésions post-Covid. Dans une interview à 450.fm en août 2024, Liliane Mirville insistait sur la nécessité d’un « recrutement dynamique » via la cooptation, chaque sœur devenant une « ambassadrice » de la maçonnerie féminine. Sa reconduction en 2025 reflète la confiance des Députées dans sa capacité à relever ces défis tout en préservant l’essence initiatique de l’obédience.
Liliane Mirville : un parcours d’engagement
Née en 1954 à Dinan, Liliane Mirville, de son nom complet Liliane Tronel épouse Mirville, a été initiée en 1998 au sein de la Respectable Loge Thebah n°5 à Paris, dans le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA). Elle a ensuite fondé la loge Sothis en 2017, pratiquant le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, démontrant son engagement pour la diversité des rites au sein de la GLFF. Titulaire d’un DESS en Gestion et Techniques Nouvelles de l’Université Paris Dauphine, elle a mené une carrière de 44 ans à La Poste et à la Banque Postale, occupant des postes de cadre stratégique avant de prendre sa retraite en 2021.
Son parcours maçonnique est marqué par des responsabilités importantes : Grande Trésorière de 2011 à 2014 auprès des Grandes Maîtresses Denise Oberlin et Catherine Jeannin-Naltet, puis de 2019 à 2022 auprès de Marie-Claude Kervella et Catherine Lyautey. Élue au Conseil Fédéral pour un mandat de trois ans en 2022, elle accède au poste de Grande Maîtresse en juin 2024, succédant à Catherine Lyautey avec 255 votes sur 416 exprimés (61 %). Sa reconduction avec 92,5% des voix en 2025 prolonge ce mandat, prévu initialement pour trois ans et confirme son rôle de figure fédératrice.
Les axes de son mandat : vivification et ouverture
Liliane Mirville a défini des priorités claires pour son mandat, qui se prolongent en 2025 :
Vivifier la vie initiatique : Liliane Mirville met l’accent sur la richesse des 5 rites pratiqués à la GLFF, pour renforcer le travail spirituel des sœurs. Dans une interview à France Culture (7 juillet 2024), elle décrit l’initiation comme « un voyage à la rencontre de soi-même et de l’autre », soulignant l’importance de la transmission initiatique.
Renforcer la présence de la GLFF : Avec 950 membres et 32 loges en Bretagne, par exemple, la GLFF cherche à consolider son rayonnement en France et à l’étranger. Liliane Mirville ambitionne de créer une ou deux nouvelles obédiences féminines en 2025, comme elle l’a mentionné à 450.fm.
Promouvoir les valeurs humanistes : La GLFF, sous sa direction, s’engage pour les droits des femmes, la laïcité, et la solidarité. En novembre 2024, Liliane Mirville a publié une déclaration pour la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, appelant à une vigilance accrue face aux violences, notamment à la lumière du procès de Mazan. Elle a également annoncé un suivi attentif des mesures gouvernementales en la matière. Recrutement dynamique : Face à la baisse des effectifs post-Covid, Liliane Mirville promeut la cooptation comme mode de recrutement, encourageant les sœurs à devenir des « ambassadrices » de la GLFF lors d’événements publics, comme les conférences de Pomerol et Lorient.
Les défis de 2025 : attirer les jeunes générations
Logo GLFF
La reconduction de Liliane Mirville intervient dans un contexte où la GLFF doit relever le défi démographique. Avec une moyenne d’âge de 62 ans, l’obédience risque de voir ses temples se vider si elle ne parvient pas à attirer les jeunes femmes, notamment celles de 18 à 50 ans, qui représentent 44 % de la population française. La GLFF pourrait s’inspirer des louveteaux, enfants de maçons intégrés à des activités profanes (fêtes, ateliers éducatifs), pour créer des programmes préparatoires pour les adolescentes. Ces « cercles de jeunes » pourraient proposer des débats philosophiques ou des activités culturelles, sensibilisant les jeunes aux valeurs maçonniques sans initiation prématurée.
Cependant, initier des jeunes nécessite des ajustements. Les jeunes femmes recherchent une spiritualité non dogmatique et des actions concrètes, comme des projets pour les droits des femmes ou l’écologie.
Une vision pour l’avenir : une maçonnerie féminine dynamique
Sous la direction de Liliane Mirville, la GLFF célèbre ses 80 ans en 2025 avec une ambition claire : rester un espace de liberté et d’émancipation pour les femmes. Les conférences publiques, comme celles d’Olivet (6 avril 2025) ou de Perpignan (8 février 2025, animée par l’ancienne Grande Maîtresse Marie-Thérèse Besson), témoignagent de cette ouverture au grand public. En parallèle, la publication des Cahiers de la GLFF sur la Beauté, présentée par Liliane Mirville le 10 octobre 2024, illustre l’engagement de l’obédience pour une réflexion symbolique et culturelle.
La reconduction de Liliane Mirville en 2025 marque une continuité dans cette dynamique. En s’appuyant sur son expérience et sa vision, la GLFF peut relever le défi d’attirer les jeunes générations tout en restant fidèle à ses racines. En créant des espaces pour les adolescentes (inspirés des louveteaux), en adaptant les rituels aux 18-30 ans, et en promouvant des projets concrets, l’obédience peut devenir un refuge spirituel pour les femmes en quête de sens, tout en évitant les écueils d’un marketing excessif.
Jeune et belle femme brune en costume
La reconduction de Liliane Mirville comme Grande Maîtresse de la GLFF en 2025 est un signe de stabilité et d’ambition pour l’obédience. À la tête de la première obédience féminine au monde, Liliane Mirville porte une vision humaniste et initiatique, axée sur la vivification des rituels, le recrutement dynamique, et la défense des droits des femmes. Face au défi démographique, elle a l’opportunité d’ouvrir la GLFF aux jeunes générations, en respectant leur rythme spirituel et en évitant les dérives mercantiles. Comme elle l’affirme, « la loge est un espace de rencontres et d’échanges entre femmes de tous âges, de tous horizons et de toutes cultures. » En 2025, sous son impulsion, la GLFF peut continuer à rayonner comme un phare de la maçonnerie féminine, transmettant la lumière de la liberté et de la fraternité aux générations futures.
Après avoir tracé la carte du territoire à parcourir, il est possible de tracer un cap à suivre menant des apparences où le [Myste • erre] au Centre où il s’ignitie1 devenant enfin l’Initié s’étant affranchi du [vois • Le] du [ris2 • d’os]. Sans Feu primordial, pas d’Holocauste3, juste un veau d’or dévoré en [ri4 • paille]
Pour sortir de la [mal • le • é • diction] c’est toujours le premier pas qui coûte et c’est par les Trois qu’on le [révèle]. C’est aussi ce premier [Pas], ce premier manque ou première frustration, qui donne [l’en • vie] générant l’inertie aux autres pas permettant de traverser l’abîme en poursuivant son [élan] comme d’autres poursuivent leur [cache • à • lot] jusque derrière les portes de [l’Aur • riant]. En cela le Roman Graphique de [l’Âme • en • dore • le] de la Roue du Tarot peut nous guider sans [mot • dire] au cœur des six-lances🐇 en quête de l’Ibis vert prévenant les crues du [nie • Il] en répondant à l’appel du Coq🐇.
« un voyage de mille lieux commence par un premier pas »
Lao Tseu
Photographie Eadweard Muybridge – Homme montant des escaliers (1884-1885) – License Creative Common
Le Kaïros du Chemin
Suivant les différents rituels l’angle de l’Equerre de notre posture est orientée soit sur le pied droit ou le pied gauche. Dans tous les cas, le pas du Franc-Maçon se décompose comme suit : le point de départ où l’on se trouve. Statue de [scelle] immobile le long de notre Fil à Plomb dont le leste est notre propre centre de Gravité. Répondant à l’appel du Coq🐇 vient le basculement vers l’avant dans une perte d’équilibre contrôlée par le Niveau formé par la souplesse des organes de notre corps : la peau collée à la chair, la chair unie aux os. Le point d’arrivée de la première jambe marque l’appui salvateur prévenant la chute fatale mais pourtant si intimement nécessaire au Chemin. Le retour à l’Equerre est possible lorsque La seconde est ramenée ensuite derrière la première. L’Equerre horizontale ainsi formée est gage d’un retour propice au flamboiement du Centre de Soi[e] duquel part le fil [d’Art • Jean] [tant • dû] par le Poids de Plomb à transmuter en Poids de Plume donnant les fruits de [l’en • vol] vers la saison de la pesée juste après le [légèr • été]. [L’équarri], le [nie-veau] et les [lacets de plomb] [dys • paraissent] sur les pierres du Chemin qui les transmutent. Les traces que nous laissons ne sont peut-être que les scories nécessaires à la transmutation du [chemine • ment] à soi-même en celui qui [part • s‘aime] et [en • s’aime • anse] les abords de Pierres d’angle marquant les chemins de liberté qu’il n’a pu explorer en [re • co • nnaissant] chaque pas uniquement pour ce qu’il est, sans ce retourner sur ce qu’il fut tout en espérant ce qu’il sera… Une Loge est une aventure collective dont la progression dépend du travail de chacun. C’est en funambule marchant sur le fil de [l’Un • se • tend] que l’écho sort du Silence et par [l’évent] ramène des abysses [l’émaux] [pair • dus].
« fais de chaque pas un Chemin en lui-même »
Lao Tseu
De l’Âge au Pas: la fréquence
Cette opération est répété le nombre de fois nécessaires avec les variantes que l’on connaît selon les Degrés. Les Degrés sont codifiés par des Âges, parfois farouches selon nos Chemins de Vie. Ils sont, pour les Loges bleues, de 3 ans pour les Apprentis, 5 ans pour les compagnons et 7 ans et plus pour les Maîtres. Ces âges déterminent des tessitures différentes de la toute première cérémonie qui amène le profane sur son Chemin vers [l’Un • connu]. Cette cérémonie peu porter différents noms, réception chez les uns, initiation chez d’autres, sans compter ce que j’ignore…
Dans l’idéal, cette façon de marcher fait de chaque pas un chemin en lui-même sauf que l’Idéal est une direction, une espérance, une expérience à vivre pour certains. Il perd de sa majuscule lorsque, séparé de son unité originelle, il [deux • vient] un but prétentieusement atteint ou à atteindre. Nous ne sommes pas un idéal ! En humains, héritiers de la pensée aristotélicienne, nous sommes très souvent focalisés sur le but, parfois appelé aussi objectif, à atteindre quitte à tordre le chemin à notre guise en tentant de quitter ce jeu de [l’ • oi •e]… A chacun ses expériences, toutes enrichissent le Chemin si elles deviennent transmission…
Ainsi l’Apprenti prête attention au premier (l’origine) et au dernier pas (but et point de départ du pas d’après).
Le Compagnon prête attention au premier, puis, contraint par le Chemin, à l’étape du quatrième et enfin du cinquième pas.
Le Maître prête attention au premier. Au cinquième, il s’élèvera pour les sixième et septièmes pas pour terminer sa course « achabienne » pour terminer l’initiation des degrés symboliques de la Franc-maçonnerie en espérant l’Ignition qui verra naître l’Initié.
Si on fait abstraction des étapes intermédiaires qui appartiennent à chacun et qu’on ne ne retient que le « premier et le dernier pas qui coûtent » cela donne les partitions illustrées ci dessus. Elles nous donnent les fréquences particulières à chaque degré à appliquer à la roue du Tarot.
De la fréquence au Chemin
« Le but n’est pas LE But, Le But est le Chemin »
Lao Tseu
La règle est simple : on part toujours du parvis en prenant appui sur le Bateleur (I) et le cycle s’arrête lorsque le Monde (XXI), point d’arrivée du cycle, est atteint. L’initié retourne sur le parvis couronné des lauriers de la mandorle de la Gloire du Monde, derrière le Miroir à [l’Or • riant] où [l’Aur • y • est]
Parce que la vie matérielle où l’on doit « amener la Lumière de l’Œuvre commencée dans le Temple » selon le Rite Ecossais Ancien et Accepté, chemine en spirale. [L’en • vol] en spirale est ainsi [par • vie] en [par • vis], à l’extérieur du Temple imaginaire que nous bâtissons à chaque Tenue. Un certain Rituel demande d’ailleurs au Compagnon d’entrer suivant un pas dit « Pas à vis » évoquant le parcours en spirale, témoignant ses progrès sur le chemin de l’Or des Nombres.
Sur le parvis, c’est à dire dans le monde matériel qui nous entoure, nous incarnons ce Temple en nous sans pour autant le dévoiler, c’est une partie du Secret maçonnique.
Pour le cycle de l’Apprenti, on s’élance donc du parvis et on prend appui sur le Bateleur (I) et l’Impératrice (III) est notre première étape du voyage. Elle devient base de départ. On prend ensuite appuis sur l’Empereur (IIII) et on arrive à l’Amoureux (VI), et ainsi de suite jusqu’au point d’arrivée du Monde (XXI). De cette façon, c’est 7 étapes qui sont proposés à l’Apprenti dans ce Voyage Initiatique avant de rejoindre le parvis.
Pour le cycle du Compagnon, selon le même système, durant la première étape de ses 5 voyages ce pose un choix à faire. Au dernier pas de ce premier voyage, l’initié arrive sur le Jugement (XX). Là une alternative se présente à lui :
soit il respecte la règle et prend appui sur le Monde pour continuer son cycle de voyages, auquel cas il en fera 5 pour parvenir au Monde en point d’arrivée
soit il ne respecte pas la règle des cycles établie prend appui sur le Monde pour s’élever directement dans le 3ème cycle. Cette transgression aura une importance capitale pour la suite de notre Chemin.
Pour le cycle du Maître, celui-ci ayant ailé ses bottes de [3 + 4 • lieux] grâce aux Arts Libéraux et aux noces de Mercure, selon les règles établies ses voyages seront au nombre de 3.
Entre rémanence et immanence : la transcendance
Je note que ce Chemin particulier révèle quelque chose de contre-intuitif en apparence derrière la série des âges maçonniques (3, 5 et 7 et +) théoriques. Si cette suite numérique est croissante, elle agît comme un alambic en en tirant du Chemin parcouru un élixir ramenant au ternaire (Plus, 7, 5 et 3 étapes). Ce parcours alchimique en spirale, au gré des forces centrifuge et centripète extrait ainsi la substantifique moelle ramenant aux origines, dans le cabinet de réflexion, devant ce crâne pour témoin, ce miroir pour porte, ce soufre, ce sel et ce mercure comme moyen, jetant désespérément [l’ancre] sur ce [teste • amant] de papier. [Les • preuves] présentées ici ne nous demandent-elles pas de tout quitter pour parcourir le Chemin de l’Art-Royal dans l’espérance de devenir cet Œuvrier qui révélera par son Chef d’Œuvrel’Artiste endormi en nous ? Le pain et l’eau sont là pour rassurer nos peurs, même si nous quittons tout pour cette odyssée, nous ne manquerons jamais de rien de vital dans ce Voyage Initiatique.
Le petit « Plus » de la Voie initiatique marquerait la possibilité de poursuivre la Spirale d’Or qui mène au Centre de la Sphère en nous rappelant que pour visiter les différents Temples permettant de transmuter le ternaire du Savoir🜍 – Expérience☿ – Connaissance🜔 en pure Conscience ⎈ il faut aller chercher derrière les apparences écrites par d’autres en [occis • dans] l’acteur du Chemin. C’est ainsi et seulement ainsi que celui-ci révèle l'[hauteur] de son reflet. Narcisse ne sait pas nager mais c’est en plongeant à sa rencontre qu’il se relève.
Le Chemin nous offre ainsi la possibilité, le risque même, de quitter notre point de rémanence au point de jonctionK de la transcendance avec l’immanence. C’est sur ce point que le Franc-maçon se tient à l’Ordre dès l’origine. Sa malédiction est que pour le découvrir, pour se le dévoiler à soi-même, il faut faire ce Voyage Intérieur. Celui unique qui change le regard. C’est seulement ainsi que l’on peut espérer, parfois, incarner ce point K🐇, le corps droit et tendu exprimant la tension de l’espoir en l’immanence, les pieds à l’équerre, la rémanence en origine, la transcendance en véhicule, le Corps, l’Esprit et l’Âme réunis au Centre du Cercle, entre Equerre et Compas, endroit où jamais Franc-maçon ne se perd, le Coq solaire sur son épaule gauche et l’Ibis vert lunaire posé sur celle de droite.
On peut ainsi remarquer que des arcanes sont visitées plusieurs fois alors que certaines ne le sont qu’une seule fois comme le montre le tableau ci-dessus.
Ici, nous découvrons les 4 arcanes « mères » ou « Triples » : le Bateleur , le Chariot, le Diable et le Monde. Puis, les 12 arcanes « doubles » sont pour l’Apprenti et le Compagnon : l’Impératrice, l’Empereur, l’Amoureux, l’Ermite, la Roue de Fortune, le Pendu, l’arcane sans nom XIII, la Maison Dieu, la Lune et le Soleil. En ce qui concerne le Compagnon et le Maître on trouve la Justice et la Tempérance. Pour finir, les 5 arcanes « simples », c’est à dire visitées qu’une seule fois, sont : la Papesse, le Pape, la Force, les Étoiles, le Jugement.
Nous pouvons remarquer par exemple, que le Compagnon et le Maître devant maîtriser tous les deux les arcanes de la Justice et de la Tempérance, la structure proposée serait bien en lien direct avec La Légende des trois premiers Degrés. Cet exemple est-il constitutif d’une règle de lecture, d’un simple hasard ou d’une intuition ? A chacun de trouver sa réponse dans cette proposition artistique qui s’espère adogmatique.
Pour conclure, il reste une voie sur le dessin qui n’a pas encore développée : c’est la voie de l’Intuition. Cette voie parabolique est un accès direct au [sans • trait] du [mille • lieux].
La Voie de l’Intuition – Détail
C’est une voie initiatique pleine et entière car elle demande son tribu de [sang • trait], ses sacrifices, au premier duquel figure l’incrédulité de ceux à qui on tente de l’expliquer au lieu de simplement la transmettre. Ce sont parfois les cris de Cassandre qui résonnent dans l’oubli. Comme toutes les voies initiatiques, cette [Voi • e • x] du poète ne peut que se vivre car elle a sa rationalité propre.
« Impose ta chance, serre ton bonheur, va vers ton risque, à te regarder ils s’habitueront »
René Char
La Voie mystique du kaïrospour transcender l’oubli
C’est parfois plus l’intuition que l’envie qui nous accompagne lors de nos premiers pas. C’est elle qui nous fait lever le pied pour basculer de [l’avent]🐇 vers le pendant mais souvent… nous oublions…
C’est une voie de solitude, arpentée dans la [n’ai • Je], de pas de vis en pas de côté. Une Voie mystique et onirique de confrontation aux illusions du monde… la Voie de traverse de ceux qui n’ont pas la mémoire du Savoir mais qui parfois entendent [l’Âme • moire] traversant le val [d’aime • hors] en rendant sa splendeur à l’écho du Silence fécondé des larmes de Pénélope tissant le [même • moire], attendant [nue • lisse] son altérité transfiguré.
C’est la Voi(e)(x) du Fou attaché à son Mat, comme Ulysse le fut afin de ne pas succomber aux chants des sirènes… cependant « qu’il est paradoxalement Sublime et Beau d’explorer les abysses avec elles… les souvenirs de ma chasse exhalent l’ambre gris du fantasme de Moby Dick… ma fragrance de [l’évide • dense] solastalgique🐇 initiatique… » aurait peut-être pu dire le capitaine Achab après avoir franchi les portes de son Aur riant, transmuté par ses passions délétères.
C’est ainsi que voyage le Fou, les bras ballants en équilibre sur son mat…
Ignitier : du latin « ignis » – feu – Ignition, état de ce qui est en [feu] ↩︎
Ris : Partie d’une voile qu’on peut replier pour diminuer sa surface ↩︎
Holocauste : Sacrifice religieux, pratiqué notamment par les Hébreux aux temps bibliques, et au cours duquel la victime (uniquement animale chez les Hébreux) était entièrement consumée par le feu. (Source : https://www.cnrtl.fr/definition/holocauste) ↩︎
Ri : utilisation polysémique d’un pronom personnel non officiel en espéranto pour la troisième personne du singulier ; RI venu de RYS (Belgique) signifie petit court d’eau ; enfin, diminutif du nom commun rire ↩︎
En ce dimanche 25 mai, nous adressons une pensée fraternelle et lumineuse à toutes les mères – celles qui donnent la vie, celles qui veillent dans l’ombre, celles dont l’amour nourrit le monde. Et c’est en pensant à elles, aux forces féminines de transmission, de sagesse et de transmutation, que nous consacrons notre note de lecture du jour à des femmes d’exception. Mais pas n’importe lesquelles : des femmes alchimistes. Des femmes remarquables.
Dans cet ouvrage qui prend la forme d’une traversée des siècles, Grégoire Brissé accomplit une œuvre réparatrice. Non pas tant dans une volonté de réhabilitation – ce mot, trop connoté, suppose encore une hiérarchie à renverser – que dans une opération de révélation : faire apparaître, par le Verbe et l’image, ces femmes qui furent non seulement des praticiennes du Grand Œuvre, mais surtout des incarnations vivantes de la transmutation. En cela, Les Femmes alchimistes est un livre de feu, un livre de chair, un livre d’âme.
Le cœur battant de l’ouvrage est un cortège de douze figures féminines, chacune portant en elle la flamme de l’alchimie, tour à tour initiée, magicienne, princesse, mécène ou chimiste, parfois les cinq à la fois. Le cahier central d’illustrations, précieusement inséré au milieu de l’ouvrage, n’est pas anecdotique. Il vient incarner cette parole retrouvée, donner un visage à l’ombre, rendre au lecteur cette présence charnelle et magnétique que l’écriture seule ne suffit pas à fixer. Voir le regard profond de Marie la Juive, deviner la noblesse tragique de Catherine Sforza, la détermination intériorisée d’Anne-Marie-Louise de Médicis, c’est faire l’expérience d’une reconnaissance silencieuse. Comme si ces femmes, longtemps effacées du livre de l’Histoire, reprenaient enfin leur place dans notre imaginaire symbolique.
La figure de Marie la Juive ouvre le bal comme une première lueur dans les ténèbres d’Alexandrie. Citée par Zosime au IIIe siècle, elle est décrite comme ayant été « initiée par Dieu » – formule saisissante, qui rappelle l’origine divine et directe de certaines vocations alchimiques. Marie n’est pas seulement celle qui invente le bain-marie ou le kerotakis, mais celle qui pense le laboratoire comme un Temple, et l’opération comme une prière. Elle est matrice à la fois d’une science et d’un style, figure primordiale où se confondent sagesse, technique et mystique.
Plus loin, Catherine Sforza, noble italienne du XVe siècle, rayonne de cette énergie dionysiaque qui anime les femmes de pouvoir fascinées par la connaissance interdite. Emprisonnée, accusée de sorcellerie, elle n’en continue pas moins de travailler à l’élixir de vie dans l’intimité de ses geôles. Le laboratoire devient alors cellule, et la cellule devient creuset. Il y a chez elle quelque chose de l’alchimiste martyre, figure christique du féminin sacrifié à la peur des hommes. Grégoire Brissé ne se contente pas d’en faire une héroïne romantique : il en fait une sœur de Loge invisible, travaillant à l’élévation de l’esprit malgré les chaînes du monde profane.
L’ouvrage s’attarde également sur Martine de Bertereau, la baronne minéralogiste du XVIIe siècle, dont les Véritables déclarations envoyées au roi Louis XIII constituent un témoignage bouleversant. Femme savante, géologue, mais aussi initiée aux sciences subtiles, elle combine exploration de la Terre et alchimie intérieure. Emprisonnée pour ses écrits et ses pratiques, elle meurt en détention. Une vie de combat, de lumière et de silence, où la quête de l’or s’élève bien au-delà de l’ambition matérielle pour devenir une offrande spirituelle.
Et puis, il y a l’étrange et fascinante Mary Anne Atwood, dont le nom résonne comme un écho lointain à travers les méandres de l’ésotérisme anglais du XIXe siècle. Formée par son père, elle rédige A Suggestive Inquiry into the Hermetic Mystery, texte majeur qu’elle fait détruire à sa parution… par fidélité au secret initiatique. Cet acte de retrait n’est pas un renoncement, mais un serment. Une fidélité farouche à l’esprit de la Tradition, qui fait d’elle l’une des dernières grandes figures de l’hermétisme féminin. Elle est la dépositaire d’un savoir qui ne cherche ni disciples ni reconnaissance, mais qui poursuit sa course dans l’invisible.
Dans ce chœur de femmes se glisse aussi Christine de Suède, « cas à part », comme l’indique l’auteur. Reine, philosophe, passionnée par l’hermétisme chrétien, elle abdique pour suivre sa quête intérieure. Étrange trajectoire que la sienne, faite d’éclats, de ruptures, de fulgurances. Elle est l’archétype de la transmutation royale, celle qui quitte la couronne temporelle pour l’anneau d’or spirituel.
Mais ce que Grégoire Brissé parvient surtout à faire, c’est de tisser un fil rouge entre ces femmes. Par-delà les siècles, les pays, les langues, elles partagent un même élan : celui de l’union des contraires, du dépassement des genres, de l’ascension par la matière transfigurée. Loin de se poser en concurrentes des hommes, elles en prolongent le geste, elles en éclairent l’ombre. La tradition alchimique est ici pensée comme une spirale ascendante, une échelle de Jacob où chaque échelon féminin vient compléter l’ouvrage du Temple intérieur.
Ainsi l’ouvrage devient miroir. Nous y lisons le reflet de nos propres quêtes, de nos doutes, de nos feux secrets. Nous y percevons l’appel à la réconciliation, à la complétude, à cette union mystique entre le roi et la reine, entre le sel et le soufre, entre l’intellect et l’amour. Il y a dans ces pages un souffle maçonnique discret, mais tenace : celui qui murmure que le Temple n’est pas complet tant que la part féminine de la lumière n’y a pas été reconnue.
Et si ce livre trouvait sa place sur la table d’un Atelier ? Non comme un objet d’étude, mais comme une clef. Car Les Femmes alchimistes de Grégoire Brissé n’est pas un ouvrage à consulter. C’est une porte à franchir.
« Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler, sont les deux principes de ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir ! »
Pierre Dac
J’étais parti pour vous écrire un article qui parlerait de liberté, égalité et fraternité, bref un un article en profondeur, un article de fond, de fond secret bien sur, nous sommes en Franc-maçonnerie.
Avant de commencer à jeter mon inspiration effervescente sur ma page toujours blanche depuis des heures, j’ai jeté mon dévolu sur les réseaux sociaux: c’est plus facile qu’ouvrir un livre, c’est bien connu.
Je dois vous dire qu’en plus, je ne peux même pas m’appuyer sur l’intelligence artificielle car ses fibres optiques ne sont pas reliées à mon cerveau à faible quotient intellectuel.
Aussi
« j’ai passé une heure avec les « putaclics » et les têtes à claques »
« Ces performeurs en videos kg vues, riches en infos et en désinfos
Je tenais à m’assurer encore une fois que je n’allais pas vous parler de thèmes maçonniques déjà traités des centaines de fois.
Donc le stress grandissant, j’ai opté pour aller aérer mes poumons en plein air car nous le savons tous la marche comme le sommeil a des effets bénéfique sur le métabolisme.
Il est vrai que parler de franc maçonnerie n’est pas chose facile, il faut un certain talent pour réussir à vulgariser cet immense sujet.
Plus facile à dire en langages réseaux: « C’est du lourd »
Il faut avouer également que la franc-maçonnerie ne facilite pas la tache avec toutes ses obédiences, loges et membres qui apportent toutes et tous leurs avis personnels.
Permettez moi la comparaison avec le corps humain constitué de toutes ses cellules que l’on étudie en biologie, ce qui fait apparaitre la complexité et le niveau de connaissance à posséder pour nous le restituer.
C’est donc au Grand rené que je confie la tache de la mauvaise foi pour nous donner envie d’aller plus loin dans la vidéo ci-dessous :
– Ce signe aurait donc traversé les siècles comme un symbole discret mais puissant, dissimulé dans des œuvres d’art entre la Renaissance et le XVIIIe siècle, agissant comme un code pour ceux qui partageaient un savoir secret lié au diamant alchimique ? Demanda Alexander.
– Oui, on peut envisager que le diamant alchimique, issu des recherches hermétiques de la Renaissance, aurait été conçu comme une cristallisation parfaite de la pierre philosophale, une matière censée conférer la vie éternelle et une connaissance infinie. Ce diamant, dit-on, ne pouvait être activé qu’en exécutant un geste spécifique, symbolisant l’union des éléments opposés (le majeur et l’annulaire représentant le Soufre et le Mercure, des principes fondamentaux en alchimie) tout en laissant l’énergie circuler librement à travers les autres doigts. Cette posture devenait un outil non seulement de méditation spirituelle, mais aussi un moyen d’ouvrir un lien avec le diamant et de libérer son pouvoir.
– Si l’on reprend ce que nous avons appris, poursuivit Sir Archibald, durant la Renaissance, une période marquée par l’épanouissement des sociétés secrètes et des cercles ésotériques, ce geste aurait été introduit dans des œuvres d’art comme une sorte de secret visuel. Tout part du diamant de Marsile Ficin qui, on le sait le transmet à Léonard de Vinci et le secret est transmis à Sandro Botticelli, Michel-Ange, Albrecht Dürer, Agnolo Bronzino.
Léonard de Vinci, souvent soupçonné d’appartenir à des cercles initiatiques, aurait été l’un des premiers à codifier ce geste. Jésus, au centre de la Cène, pose sa main d’une manière particulière : le majeur et l’annulaire sont séparés des autres doigts, comme en attente d’accueillir quelque chose qui y serait déposé Ce geste n’était pas seulement une représentation du divin, mais un acte codé. Da Vinci aurait intégré la posture des mains comme invitation à comprendre qu’il fallait une concentration particulière, un acte alchimique à travers les mains, pour libérer le pouvoir caché du diamant pour l’avoir expérimenté.
Des artistes comme Raphaël et Michel-Ange auraient également perpétué ce signe à travers leurs œuvres, glissant ces postures dans des scènes religieuses ou mythologiques. Souvent, ce geste était intégré dans les mains des saints, des anges ou des figures allégoriques, où il pouvait passer inaperçu du grand public tout en étant immédiatement reconnaissable pour les initiés. La fresque de la Création d’Adam de Michel-Ange, qui orne la voûte de la chapelle Sixtine, est l’une des œuvres les plus emblématiques de la Renaissance. Au cœur de cette composition, on peut observer le détail fascinant : la posture des mains dans l’instant où Dieu tend la main vers Adam pour insuffler la vie.
Le majeur et l’annulaire d’Adam sont rapprochés, séparés des autres doigts, tandis que la main de Dieu suit un mouvement similaire, bien que plus énergique et affirmatif. Si l’on suit une lecture ésotérique, ce geste pourrait être interprété comme un code hermétique transmis par Michel-Ange. Il représenterait l’union des polarités ou des principes complémentaires, une notion essentielle dans l’alchimie et la philosophie mystique. Dans l’alchimie, chaque geste ou symbole a une signification particulière, souvent en lien avec la transformation spirituelle et l’union des forces opposées. Si l’on considère l’hypothèse que Michel-Ange était aussi initié à certaines traditions hermétiques – une idée qui a souvent été suggérée en raison de sa profonde connaissance de l’anatomie, de la théologie et des concepts mystiques – alors ce geste pourrait être un écho à cette posture transmise secrètement. La position des mains pourrait symboliser l’activation d’un pouvoir latent, un geste rituel qui rappelle comment un diamant alchimique, créé à la Renaissance, pourrait être « activé » par ce même type de posture. La tension entre les doigts de Dieu et d’Adam pourrait ainsi être vue comme une métaphore de la transmission d’énergie, non seulement en termes de vie physique, mais aussi en termes de transformation spirituelle. Michel-Ange était bien plus qu’un artiste ; il était un penseur et un érudit, imprégné des connaissances de son temps, y compris celles qui restaient cachées aux non-initiés. Dans un contexte où les cercles humanistes de la Renaissance baignaient dans des traditions néo-platoniciennes et hermétiques, il est tout à fait plausible que Michel-Ange ait intégré des symboles secrets dans son art. Le geste des mains dans La Création d’Adam peut ainsi être lu comme une tentative de communiquer un message crypté à ses contemporains initiés.
Avec l’avancée du temps et l’émergence du baroque et du rococo, ce geste continuerait de se transmettre, mais il deviendrait encore plus subtil, presque caché. Les artistes initiés du XVIIe siècle utilisèrent des jeux d’ombre et de lumière pour dissimuler le geste dans les mains de leurs sujets.
Au XVIIIe siècle, l’essor des loges maçonniques et des cercles d’érudits permit une dernière floraison de cette tradition. Des peintres comme François Boucher et Jean-Baptiste Greuze, bien que plus orientés vers des scènes profanes ou sentimentales, insérèrent parfois ce geste dans leurs compositions, en s’assurant que seuls les connaisseurs pouvaient en deviner la véritable signification.
Et Caris d’ajouter :
– Bien que beaucoup de ces artistes n’aient jamais vu le diamant de leurs propres yeux, la tradition ésotérique qu’ils suivaient leur enseignait à honorer et transmettre son pouvoir. Chaque tableau où ce geste apparaissait devenait ainsi une clé, un maillon dans la chaîne d’une transmission occulte. Le spectateur non initié pouvait admirer la beauté et la subtilité de l’œuvre, tandis que l’initié y lisait un message bien plus profond : la promesse d’une immortalité conditionnée par la compréhension des mystères universels.
– Ainsi, à travers les siècles, cette posture des mains devint une signature ésotérique. Elle représentait à la fois un rappel des aspirations spirituelles de l’humanité et un témoignage de l’existence d’un savoir caché, transmis de maître à disciple, à travers les pinceaux d’artistes visionnaires, mais tous humanistes. conclut Alexander.
Le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) est un des rites de la franc-maçonnerie les plus répandus dans le monde. Nous avons vu dans un article précédent comment le REAA avait été fondé officiellement aux États-Unis, plus précisément à Charleston (Caroline du Sud) par quelques Frères pratiquant le Rite du Royal Secret ou rite « de Perfection » en 25 degrés, rite d’origine française importé par Étienne Morin et son continuateur Henry Andrew Francken.
Les 11 fondateurs du REAA, sous l’impulsion de John Mitchell et Frédéric Dalcho, ont donc créé le rite en 33 degrés tel que nous le connaissons aujourd’hui en remaniant l’ordre des degrés du Rite du Royal Secret et en y ajoutant huit degrés supplémentaires, également d’origine française.
Il est important de savoir que c’est avec des patentes de ce premier Suprême Conseil que furent progressivement constitués tous les autres Suprêmes Conseils du monde, comme le Suprême Conseil du 33e degré en France en 1804, mais aussi le Suprême Conseil de la Juridiction Nord des États-Unis, en 1813 voire le Suprême Conseil d’Angleterre et du Pays de Galles, en 1845.
Parmi les 11 « gentlemen de Charleston » se trouvaient deux français, le comte Auguste de Grasse-Tilly et son beau-père Jean-Baptiste Delahogue. C’est ce dernier qui réveillera le Suprême Conseil des Isles d’Amérique qu’avait fondé en 1802 son gendre de Grasse-Tilly, De Grasse-Tilly a été fait prisonnier par les Anglais juste avant la capitulation de Saint-Domingue et est conduit à Kingston. Libéré début février 1804, il rejoint sa famille et son beau-père à Charleston. Embarqué avec eux pout la France en même temps que les prisonniers résidant à Charleston, il débarque à Bordeaux le 29 juin 1804. Il rejoint Paris où, peu de temps après le Maréchal Kellermann fera de lui son aide de camp. Il le suivit donc dans toutes les campagnes que Kellermann mena aux côtés de l’Empereur Napoléon Ier.
En 1804, la Grande Loge Générale Ecossaise de Rit Ancien est créée pour administrer les loges symboliques ayant refusé de fusionner avec le Grand Orient de France dans les conditions souhaitées par Napoléon Ier. Cette Grande Loge sera cependant supprimée par l’Empereur au bout de deux mois, pour opérer un rapprochement forcé avec le Grand Orient.
C’est à de Grasse-Tilly que l‘on doit d’avoir créé, le Suprême Conseil de France, puissance maçonnique indépendante et souveraine. En ces temps quelque peu agités, tandis que l’Empereur voulut une Franc-maçonnerie à son service et privilégia le Grand Orient, le Suprême Conseil de France ne tarda pas à protéger ou à créer des loges symboliques, c’est-à-dire celles des trois premiers degrés. Ces Loges symboliques devinrent indépendantes quelques décennies plus tard, donnant naissance à la Grande Loge de France, obédience de la Franc-maçonnerie traditionnelle.
Rappelons en effet ici que conformément à la Tradition, les travaux des Loges de la Grande Loge de France s’effectuent en présence des : le Volume de la Loi Sacrée (la Bible), le Compas et l’Équerre, « à la gloire du Grand Architecte de l’Univers ». La Grande Loge de France laisse à ses membres, le soin d’interpréter le Grand Architecte de l’Univers, principe créateur, selon leur propre sensibilité ou conviction. En 1815, la rupture est consommée entre le SCDF et le Grand Orient, et le Suprême Conseil de France reprend tous ses droits sur le Rite Écossais Ancien et Accepté. Mais jusqu’en 1821, les Loges symboliques du Rite Écossais Ancien et Accepté fonctionnaient conformément au concordat de 1804, probablement avec le rituel intitulé « Guide du maçon écossais »
Le 6 juin 1821, la Loge de la Grande Commanderie regroupe tous les Souverains Grands Inspecteurs Généraux ainsi que « les autres maçons écossais qui, par leurs grades, leurs services et autres considérations majeures, obtiendront la faveur d’y être admis. ». Le 29 juin 1821, est célébrée au sein de cette Loge, sous la présidence du Grand Commandeur – Grand Maître comte de Valence – une pompe funèbre à la mémoire notamment des Très Illustres Frères François Kellermann, duc de Valmy, pair et maréchal de France, François-Joseph Lefèbvre, duc de Dantzig, pair et maréchal de France, André Masséna, duc de Rivoli, prince d’Esling, maréchal de France…
La Loge de la Grande Commanderie porte le N°1. Elle est riche de soixante-trois membres en 1821 et susceptible d’être portée à 81 membres sans pouvoir dépasser ce nombre. Un décret du 21 septembre prévoit de délivrer aux membres du Suprême Conseil, un certificat d’activité et une vignette particulière qui sera un aigle à deux têtes, les ailes ouvertes, tenant dans ses serres une épée antique sur laquelle est posé un large ruban formant légende avec cette devise : DEUS MEMQUE JUS ; au-dessus de l’aigle, en exergue demi-circulaire, ces mots : SUPRÊME CONSEIL DU 33e DEGRE POUR LA FRANCE. Les années passent, et les changements de régime se succèdent.
En 1829, le Suprême Conseil met en application dans ses Loges symboliques ses premiers rituels, « REAA – Rituel des trois premiers degrés selon les anciens cahiers – 5829 ». Ce nouveau rituel de 1829 a ensuite été transmis d’abord sous les auspices du Suprême Conseil pour la France jusqu’à la fin du 19ème siècle, puis sous ceux de la Grande Loge de France (GLDF) jusqu’à ce jour, et cela avec plus ou moins d’évolutions.
La Grand Loge Nationale Française (G.L.N.F.), après avoir hérité du REAA. en 1965, l’a retenu comme élément de base de son premier rituel du REAA. (dit « Cerbu ») à partir de janvier 1973.
La Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (G.L.-A.M.F.) a fait de même lors de sa création en 2012.
Laissons encore passer quelques décennies.
L’année 1875 est marquée par le convent des Suprêmes Conseils écossais réunis à Lausanne du 6 au 22 septembre. La convocation d’un convent universel faisait partie des possibilités prévues par le Traité d’Union, d’Alliance et de Confédération maçonnique de Paris de 1834. Le choix final du pays organisateur s’était finalement et naturellement porté sur le dernier Suprême Conseil en date, celui de Suisse, en retenant la date du premier lundi de septembre 1875. L’année 1875 est ainsi marquée par le convent des Suprêmes Conseils écossais réunis à Lausanne du 6 au 22 septembre.
Le Convent de Lausanne réunit 11 délégations.
Adolphe Crémieux, à l’origine Isaac Jacob. Né le 30/04/1796 à Nîmes et mort le 10/02/1880 à Paris. Avocat et homme politique français.
Les travaux de la séance inaugurale sont ouverts par le Très Puissant Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de Suisse, le Très Illustre Frère Jules Besançon, assisté de ses Officiers. La délégation du Suprême Conseil pour la France était présidée par le Très Puissant Souverain Grand Commandeur Adolphe Crémieux.
Plusieurs décisions importantes sont prises par les participants au convent : la révision des Grandes Constitutions de 1786, l’approbation d’un manifeste incluant une « Déclaration de principes » rédigée par le Grand Commandeur français Crémieux conciliant à la fois l’affirmation d’un Principe créateur et le respect de la liberté de conscience, mais aussi le maintien de la devise universelle des Suprême Conseils « Deus Meumque Jus », avec la possibilité d’y adjoindre une devise nationale de son choix. On notera que le Suprême Conseil de France choisit « Liberté – Égalité – Fraternité ».
C’est également sur proposition de la France qu’est dressée une liste des Juridictions des Suprêmes Conseils en amitié (dont la régularité est reconnue) : États-Unis d’Amérique (Nord), États-Unis d’Amérique (Sud), Amérique Centrale, Angleterre-Pays de Galles et Dépendances, Belgique et Hollande, Canada, République du Chili, Colon, Écosse, États-Unis de Colombie, France et ses dépendances, Royaume de Grèce et les îles sous sa domination, Royaume de Hongrie, Irlande, Italie-Sicile et autres îles Italiennes, États-Unis de la République Mexicaine, République Péruvienne, Portugal et ses colonies, République Argentine, Confédération Suisse, République orientale de l’Uruguay, États-Unis du Venezuela.
Les Suprêmes Conseils présents et représentés s’engagent à ne reconnaître qu’un seul Suprême Conseil par Juridiction.
Ils refusent aux Grands Orients le droit de conférer des hauts grades mais chaque Suprême Conseil peut tolérer dans le pays de sa juridiction des visiteurs qui auraient été élevé à de hauts grades par d’autres « Obédiences » de ce pays et à régulariser ceux qui les auraient obtenus irrégulièrement.
Albert Pike
Pour être complet, il faut ajouter qu’aux États-Unis, le Grand Commandeur de la Juridiction Sud, Albert PIKE, est mécontent : il proteste contre la décision du Convent de reconnaître au Suprême Conseil de France le droit de juridiction territoriale sur les îles Sandwich ! Cette affaire le conduira à suspendre ses relations d’amitié avec le Suprême Conseil de France ; celles-ci ne seront rétablies qu’en 1887. Plus sérieusement, Pike refuse, ainsi que les Suprêmes Conseils de la juridiction Nord des États-Unis, d’Écosse et de Grèce la définition du Grand Architecte de l’Univers adoptée à Lausanne.
Deux ans plus tard, en septembre 1877, ces juridictions se réunissent à Edimbourg. Elles rédigent une autre Déclaration de principe qui proclame « nécessaire et fondamentale la croyance en l’existence de Dieu vrai et vivant » mais « laissant à chacun le soin d’adorer Dieu dans la forme qu’il juge en sa conscience devoir lui être le plus agréable ». En 1894, le Suprême Conseil de France accorde leur autonomie aux loges symboliques des trois premiers degrés. Ainsi se crée, la Grande Loge de France, auquel le SCDF n’accordera son autonomie administrative complète qu’en 1904 lorsqu’il renonce à délivrer les patentes constitutives des nouvelles loges. Le SCDF reste cependant garant de la cohérence dès 33 degrés du rite et conserve des relations étroites avec la GLDF.
En 1964, le Souverain Grand Commandeur Charles Riandey fut exclu par le Suprême Conseil de France et avec 400 à 500 membres de la Juridiction du Suprême Conseil quitta le Suprême Conseil de France et rejoignit la Grande Loge Nationale Française. Il se fit ensuite ré-initier à Amsterdam aux 33 degrés du rite puis fonda avec l’appui du Suprême Conseil de la Juridiction Sud des États-Unis un nouveau Suprême Conseil, le « Suprême Conseil pour la France ».
Régulièrement depuis, le Suprême Conseil de France organise diverses manifestations, publiques ou réservées aux francs-maçons.
Le SCDF rappelle que tous les Suprêmes Conseils du monde régulièrement constitués sont régis par les mêmes textes. Ils possèdent donc un fonctionnement identique et des caractères communs.
Ainsi, il ne peut exister qu’un seul Suprême Conseil par pays. C’est le premier constitué. Toute création postérieure est une usurpation qui est contraire aux Principes constitutionnels des Suprêmes Conseils.
Le Suprême Conseil de France crée, selon les besoins, des ateliers de différents degrés afin de permettre aux Frères de travailler rituellement. Conformément à ses coutumes, le Suprême Conseil de France installe et place sous son autorité juridictionnelle de la Juridiction formée des Loges de Perfection du 4e au 14e, Chapitres du 15e au 18e, Aréopages du 19e au 30e, Tribunaux 31e, Consistoires 32e et enfin Conseil Suprême 33e Le Suprême Conseil de France élève, aux degrés supérieurs du Rite, des Maçons qu’il en juge dignes par leurs mœurs, leur caractère, leur comportement, leurs vertus maçonniques et leurs aptitudes.
Soif spirituelle ou simple recherche de connexions ?
La Franc-maçonnerie se développe en Espagne et aussi en Italie, et ils le déclarent avec satisfaction. Le site Internet de la Grande Loge d’Espagne, qui avec quelque 3 000 membres est considérée comme la plus grande organisation maçonnique d’Espagne, a annoncé en mai dernier que « d’avril 2022 jusqu’au jour de la rédaction de cet éditorial, le nombre total de membres inscrits à la Grande Loge d’Espagne, en considérant les membres profanes qui voient la lumière, mais aussi les plaques retirées, ainsi que les affiliations, les régularisations et les frères qui sont passés à l’Orient Éternel a augmenté de 11,6 %. »
Il a ajouté : « La Grande Loge d’Espagne grandit, et nous le constatons tous . Des décrets réactivant des Loges, élevant des colonnes et créant des triangles arrivent dans nos boîtes mail […] Depuis avril 2022, 15 Loges Symboliques Respectables ont été réactivées ou consacrées dans toute l’Espagne. C’est-à-dire que 8 % des Loges actuellement actives de la Grande Loge d’Espagne ont commencé ou repris leurs travaux au cours des trois dernières années. »
L’éditorial de la revue de la Grande Loge d’Espagne s’interroge sur les raisons de la croissance et ne commente que les raisons « internes ». Parmi eux, ils soulignent des changements dans leur règlement intérieur qui favorisent la création de petits groupes appelés « triangles » (nécessitant au moins trois Maîtres Maçons), plus faciles à organiser qu’une loge.
Ils soulignent également que la Grande Loge d’Espagne a fait des efforts pour bien traiter la presse et qu’ils sont apparus dans de nombreux reportages télévisés, émissions de radio, podcasts et chaînes YouTube. De plus, de nombreuses personnes peuvent s’intéresser directement via le site Web et la chaîne YouTube de l’Obédience. Ils ont également lancé une bande dessinée destinée aux amateurs de bandes dessinées historiques intitulée L’Aigle et le Compas (son auteur, Juan Cantero, est un « vénérable frère » maçon).
Le magazine ne le précise pas, mais le fait d’avoir comme Grand Maître un sénateur socialiste, José María Oleaga Zalvidea, a probablement aussi aidé la presse à montrer de l’intérêt et à se montrer amicale.
Qu’est-ce qui satisfait le plus le sénateur socialiste et Grand Maître Maçon et qui l’empêche de sauver des bébés ?
Quoi qu’il en soit, la Franc-maçonnerie en Espagne reste minuscule par rapport à sa présence dans d’autres pays. Le Grand Orient d’ Italie, la plus grande organisation maçonnique du pays, compterait environ 23 000 membres, soit cinq mille de plus qu’en 2007. Ils n’admettent pas de femmes, mais ils déclarent également qu’ils sont en croissance.
Et les chiffres font pâle figure en comparaison de ceux de la France. Le Grand Orient de France, dans une brochure de 2023, revendiquait près de 52 500 membres. Il est vrai qu’il n’a pas beaucoup grandi (en 2019 il en comptait environ 52 000). Mais elle a beaucoup de concurrence : la Grande Loge de France déclare environ 32 000 membres (hommes), la Grande Loge nationale française environ 35 000 membres (hommes), la Fédération française des droits de l’homme environ 17 500 et la Grande Loge féminine de France environ 13 500.
Rencontre internationale des francs-maçons en Bulgarie en 2025 dans un hôtel
Un article paru dans El Periódico de Catalunya , consultant des sources italiennes en 2024, a cherché à comprendre ce qui rend la Franc-maçonnerie attrayante. Massimo Rizzardini, professeur à l’Université de Milan et auteur du livre « En Italie de l’Est », a récemment affirmé : «Le secret, les rites traditionalistes inchangés, la possibilité de vivre une expérience loin du monde profane, exercent un attrait très fort » en Italie. D’autres chercheurs, comme Eleonora Salina, ont avancé des explications plus simples, notamment le désir de « faire des affaires ou progresser dans sa carrière en entrant en contact avec des personnes susceptibles de vous aider ».
Des Francs-maçons pour le bureau ? Ou bien y a-t-il une soif spirituelle ?
Les sites Web et les brochures maçonniques insistent sur le fait qu’il faut devenir maçon pour des raisons « spirituelles » et pour grandir en tant que personne, et qu’il ne faut pas avoir d’intérêts financiers ou matériels ni chercher à « gagner de l’argent ».
Mais d’anciens francs-maçons ayant quitté ce monde expliquent qu’effectivement, au sein des loges, des complicités se nouent et des faveurs s’échangent. Et dans le cas de la Grande Loge d’Espagne, selon un rapport de 2024 d’Antonio Fernández pour El Confidencial, « tous les hauts fonctionnaires, à l’exception du Grand Orateur et du Grand Trésorier, qui sont élus, ont été triés sur le volet par Oleaga [le Grand Maître et sénateur socialiste] et sont généralement socialistes. »
Il est vrai que le socialisme espagnol est réputé pour distribuer des postes à l’infini parmi ses membres, mais un nombre significatif d’Espagnols décident-ils réellement de rejoindre des « triangles » ou des loges dans l’espoir d’obtenir les faveurs des responsables socialistes ?
L’autre option est que, comme l’indique le magazine de la Grande Loge d’Espagne lui-même, en obtenant une plus grande visibilité sur les réseaux sociaux, la radio, la télévision, les journaux et les programmes Internet, de nombreuses personnes ayant une curiosité et une préoccupation spirituelles seront attirées.
« Une expérience éloignée du monde profane », comme le disait Rizzardini, mais pas trop éloignée, qui ne change guère le style de vie ou les exigences morales du monde et qui donne un sentiment d’appartenance à quelque chose de « spécial », une nécessité à notre époque de solitude, et encore plus à certains âges.
Sommes-nous arrivés au grand virage de la vie sur terre ? Avons-nous quitté la voie du Salut qui passe par le refus du monde naturel et par les idées de rédemption et de messianité salvatrice pour accéder à la voie de l’Accomplissement qui passe par l’assomption radicale du monde naturel et les idées de cheminement initiatique et spirituel, visant à l’union entre la personne et le Réel ? Choisir la voie de l’Accomplissement se nomme Ecosophie : moniste, spiritualiste, panenthéiste, immanentiste, évolutionniste, réaliste, héraclitéenne, spinoziste, nietzschéenne, bergsonienne… Parmi cette complexité l’ouvrage nous propose des outils de grande simplicité pour une spiritualité écosophique de demain.
AUTEUR : Marc Halévy est un physicien et philosophe français spécialisé dans les sciences de la complexité. Il a coopéré avec le prix Nobel de physique Ilya Prigogine. Il a publié de nombreux ouvrages sur la Kabbale, la spiritualité, l’Alchimie et l’Hermétisme, la pensée hébraïque et la Gnose. Il a déjà publié dans cette collection
Parler de la philosophie maçonnique est sans doute de ma part un pari audacieux car l’opinion dominante parmi les Maçons est qu’il n’existe nulle idéologie en Maçonnerie. A cela je répondrais qu’il est encore plus téméraire de le nier car si on met bout à bout les idées formulées dans le rituel et donc présentées par l’Ordre comme vérités maçonnique à recevoir comme telles, on est bien en présence de thèmes et propositions tout à fait cohérentes.
J’exclus naturellement tout ce qui vient d’ouvrages maçonniques innombrables et de toutes les spéculations auxquelles se livrent les Maçons depuis la nuit des temps. Je ne m’appuierai pour ma démonstration et mes analyses sur ce qui fait partie du Rite écossais et constitue la pensée régulière de notre Ordre. Il existe bien un système qui est proposé à notre réflexion comme découlant de textes constitutionnels et de la trame générale de notre symbolisme..
Dissipons d’abord un malentendu qui pourrait expliquer les divergences d’opinions sur la question. Certes la Franc- Maçonnerie de Rite écossais n’impose pas de système d’interprétation concernant l’ensemble des mythes, légendes et symboles sur lesquels le Rite est construit, même si la Tradition qui constitue en soi un code de décryptage nous impose des grilles de lecture que l’initié ne peut ignorer.
A cet égard nous sommes libres de choisir la vision initiatique et métaphysique que nous pouvons tirer de notre pratique du Rite. Il n’en reste pas moins qu’il va découler des Constitutions et de la Tradition judéo-chrétienne à laquelle nos symboles et légendes font référence un corpus d’idées présentées comme Vérités de l’Ordre et qu’il nous est difficile de mettre en question à moins de nous mettre en contradiction avec l’identité même de notre Maçonnerie et de notre Rite. C’est là que je situe ce que je nommerai la philosophie maçonnique qui certes est très difiérente des métaphysiques totalisantes comme celles des religions ou de certains systèmes rationnels comme ceux de Descartes, Leibniz ou Spinoza.
Puisque nous recherchons la Parole perdue dont nous essayons d’approcher à travers l’infinie multiplicité des symboles et des mythes qui nous en restent et qui en assurent la transmission, nous n’avons pas de dogme à proposer sur des représentations globales du monde et de l’Ordre divin. Mais nous pouvons dégager des Constitutions et des rites un ensemble de principes généraux qui touchent essentiellement à l’éthique et leur servent de fondement, mais aussi à une méthode symbolique de progression de la pensée qui peut constituer une véritable théorie de la Connaissance et du perfectionnement de Soi
Et les principes de l’éthique, non plus d’ailleurs que la méthode symbolique ne peuvent être mis en discussion précisément parce qu’ils sont les fondements premiers de notre Ordre et les sources de son identité.
Philosophie générale des Constitutions
La Franc- Maçonnerie se place d’emblée sous le signe de l’universel en ce sens qu’elle s’adresse à tous les hommes sans aucune distinction ni exclusive.
« La Franc- Maçonnerie est un ordre initiatique traditionnel et universel fondé sur la Fraternité. Elle constitue une alliance d’hommes libres et de bonnes mœurs, de toutes races, de toutes nationalités et de toutes croyances »
La fraternité dont se réclame d’abord notre Ordre est celle qui unit d’abord tous ses membres et, faut-il le préciser, sans distinction d’obédience, mais elle s’applique aux yeux des Maçons à tous les hommes. Cette vision de la fraternité humaine est d’abord un héritage de la pensée ont une identité de nature et possèdent en propre la raison.
Mais c’est aussi un héritage de la pensée biblique et du christianisme qui a affirmé la dignité universelle de l’être humain en sa qualité de création divine et de descendant d’Adam et d’Eve.
« La Franc-Maçonnerie a pour but le perfectionnement de l’humanité »
Cette finalité du perfectionnement de l’humanité relie également notre Ordre à la pensée humaniste qui a présidé à la fondation de la Maçonnerie au XVIIIe siècle.
La notion de perfectionnement revêt une signification double : d’une part il s’agit d’abord pour le Maçon de perfectionner son être intérieur en résistant à toutes les pulsions de l’ego qui l’attache aux choses sensibles et à l’opinion des autres, en développant sans cesse sa Connaissance initiatique, en travaillant par l’ascèse à la purification de son esprit.
Pour le Maçon, le perfectionnement se mesure au progrès de la maîtrise de sa nature, au degré d’amour incarné dans la pratique des valeurs et des vertus que nous enseignent les rites et symboles de la Maçonnerie comme nous le verrons ultérieurement.
Mais le paragraphe suivant nous montre que le perfectionnement du Maçon ne peut se limiter à son intériorité, car les exigences d’une conscience morale authentique ne peuvent que nous inciter à rechercher non seulement l’amélioration de nos rapports avec nos semblables mais aussi « l’amélioration constante de la condition humaine, tant sur le plan spirituel et intellectuel que sur le plan du bien-être matériel ».
Ce qui veut dire que rien de ce qui touche au sort de l’humanité dans son ensemble ne nous est étranger, que chaque Maçon à la place où il est et avec les moyens dont il dispose, est engagé dans l’aventure humaine et qu’il a pour devoir de contribuer par ses œuvres et son exemple àla réduction des souffrances et des misères humaines, à accroître la justice et la solidarité dans la société, à augmenter le potentiel de l’humanité afin de remédier aux maux qui l’accablent.
Cette obligation de secourir nos semblables est également inscrite dans la Constitution: « Les Francs-Maçons doivent porter secours à toute personne en danger ».Et plus loin: « Ils sont des citoyens éclairés et disciplinés et conforment leur existence aux impératifs de leur conscience » ce qui découle logiquement des principes d’humanité affirmés plus haut.
Dans le même esprit ils sont des artisans de paix, de conciliation « et veulent unir les hommes dans la pratique d’une morale universelle et dans le respect de la personnalité de chacun ».
Rassembler ce qui est épars
Nous touchons ici à l’éthique fondamentale de la Maçonnerie qui se résume dans une formule spécifiquement maçonnique « Rassembler ce qui est épars ». Elle exprime la volonté de réunir dans une fraternité harmonieuse des individus différents par leur pensée et leur existence.
Si la Maçonnerie s’est voulu dès les origines un lieu d’union et de rassemblement, c’est qu’elle a voulu être une communauté d’un type original où seraient exclus tous les clivages nés des différences de condition comme des conflits idéologiques générés parles différences de religion et de conceptions politiques. C’est pourquoi la Maçonnerie se définit d’abord comme un Ordre éthique où seules sont prises en compte la volonté morale, les valeurs et les qualités spirituelles des hommes. Ce qui cimente l’unité de notre Ordre, c’est le respect de l’humain, la volonté de le promouvoir, l’amour de la liberté, de l’égalité et de la fraternité que nous manifestons à chaque Rite d’ouverture et de fermeture de nos Loges.
Nous pensons aussi que les idéaux qui unissent les Maçons ont le pouvoir rapprocher et de relier tous les hommes de bonne volonté. Dans cet esprit nous recherchons dans notre vie profane la meilleure relation, la communication et la solidarité avec les autres.
En Maçonnerie comme dans le monde profane, nous favorisons le consensus et même comme le dit la Constitution « la conciliation des contraires ›› en partant du principe que des hommes inspirés par des valeurs communes peuvent toujours trouver un terrain d’entente et des modalités de compromis. En ce sens le Maçon se doit d’être un pacificateur, un créateur de communauté. Mais comme nous ne sommes pas des utopistes, nous savons que nombreux sont ceux qui préfèrent s’enfermer dans les passions de l’ego, leurs intérêts et des idéologies exclusives plutôt que de rechercher le dialogue et des solutions de paix.
C’est pourquoi nous dénonçons toutes les formes de sectarisme, de dogmatisme et de fanatisme qui signifient l’exclusion de la pensée de l’autre et une volonté de la soumettre à une idéologie qui lui est étrangère.
Liberté – Égalité – Fraternité
Pour nous la liberté de penser est une caractéristique fondamentale de l’humanisme et la défendre contribue à étendre toujours plus le champ de la fraternité.
Elle est la première liberté du Maçon, inséparable pour nous du respect de la dignité humaine.
Reconnaître cette dignité de la personne, c’est respecter la liberté de sa volonté, de sa pensée, de ses opinions, de ses choix de vie. Ce respect, nous le nommons tolérance et c’est pour nous une vertu maçonnique majeure.
Ce mot n’est peut-être pas approprié car la tolérance peut signifier une acceptation à contrecœur, alors qu’il s’agit pour nous d’une valeur cardinale à défendre en toutes circonstances, d’abord en Loge mais surtout dans le monde profane où elle est toujours menacée par l’ignorance , le fanatisme et le désir de puissance.
Si la liberté de penser est inscrite depuis 1789 dans les Droits de l’homme et du citoyen, si le triptyque « liberté- égalité- fraternité ›› est devenu la devise de la République, la Maçonnerie y est sans doute pour quelque chose. Elle est aussi le principe de base de la démocratie et toutes les formes de la tyrannie commencent par la nier
Elle est aussi au fondement de la laïcité qui en découle car elle implique l’expression plurielle des idéologies et l’exclusion de toute volonté hégémonique de quelque idéologie que ce soit sur la société. La Franc- Maçonnerie a toujours soutenu la laïcité parce qu’elle comporte la condamnation de toute forme de dogmatisme et de totalitarisme, pleinement accordée à ses propres principes.
Evidemment la liberté est aussi à usage interne car elle préside à nos recherches et à nos travaux.
La liberté maçonnique c’est d’abord la recherche illimitée de la vérité métaphysique inscrite dans les rites et les symboles avec l’appui de la Tradition qui oriente l’esprit tout en lui ouvrant des voies multiples d’interprétation.
Illimité signifie d’abord que nous passons outre les interdits religieux concernant la recherche ésotérique en général et l’examen de tout ce qui dans la religion relève du mystère c’est à dire de l’inexplicable pour l’esprit humain.
Car le mystère est précisément le lieu d’élection de l’initiation de Rite écossais puisque nous voulons éclairer les racines initiatiques de la religion et la signification ésotérique des mythes religieux ainsi que celle des cultes à mystères de l`Antiquité.
Mais notre liberté essentielle c’est celle d’interpréter selon notre jugement et notre sensibilité tout le symbolisme et le patrimoine ésotérique légué par la Tradition.
Le principe d’égalité au départ signifie que la Franc-maçonnerie ne prend pas plus en considération le rang social que l’appartenance idéologique. Dans les Loges du XVIIIème siècle pouvaient se rencontrer des aristocrates et des bourgeois,
L’égalité a le même fondement que la fraternité, une commune origine, une commune nature qui comporte chez l’homme l’universalité de la raison d’où procède l’idée de l’égale dignité de chaque être. Cette notion de valeur de toute personne est conçue comme universelle quelle que puissent être les différences entre les aptitudes individuelles, les conditions sociales, les cultures qui les séparent. Sinon l’idée d’égalité en droits fondatrice de nos institutions démocratiques n’auraient pas de sens.
L’égalité en dignité transcende toutes les différences et constitue le principe fondateur de tout humanisme y compris le nôtre. C’est en fonction de cette valeur capitale que s’opèrent les efforts pour réaliser dans l’ordre profane un accroissement de l’égalité des sexes, des conditions sociales, des communautés culturelles, des handicapés.
En Maçonnerie, l’égalité signifie que chaque initié, chaque quêteur de Connaissance et de sagesse a une égale valeur aux yeux de tous, les seules différences étant les mérites dans le dévouement à l’Ordre et le degré d’avancement dans les progrès de l’initiation et de l’évolution spirituelle, aucune différence de degré ou de grade ne mettant en cause l’égalité d’appartenance de tous les Maçons.
Toutefois reconnaissons que le montant de nos capitations ne favorise guère l’intégration de profanes de condition modeste. Nous avons encore des progrès à faire à cet égard.
La Fraternité est sans doute la valeur prépondérante de la Maçonnerie pour les raisons que j’ai esquissées dans l’introduction.
« La Franc-maçonnerie est un Ordre initiatique traditionnel fondé sur la fraternité » énonce la Constitution. Elle est un principe d’union de ceux qui se nomment « Frères » ou « Sœurs » et nomment ainsi les profanes au cours des tenues blanches. Parce que ce principe, au delà de la Maçonnerie nous l`étendons à tous les être humains en raison de la croyance en l’unité humaine que nous héritons des Lumières mais aussi de notre Tradition initiatique qui voit dans l’homme une création divine.
Terme initial de la Constitution, sans cesse réitéré dans tous nos rituels, la fraternité comme la liberté et l’égalité sont des valeurs éthiques transcendantes qui diffèrent complètement de tout ce qui relève de la Connaissance initiatique qui appartient à la sphère de la métaphysique et de l’ésotérisme. C’est dans ce domaine de la Connaissance que la Maçonnerie s’interdit tout discours doctrinal car tout y est discutable dans les cadres fixés par la Tradition.
devise France : Liberté Egalite Fraternité
Par contre ce qui relève de l’éthique ne l’est pas. Les valeurs nous sont transmises par le canal du Rite, elles sont donc impératives et non discutables. Vous n’avez jamais assisté à des discussions sur la légitimité des idéaux du triptyque liberté- égalité- fraternité qui définit dès son origine moderne l’identité de la Maçonnerie.
Ainsi la Franc-maçonnerie a fortement contribué à faire pénétrer les valeurs humanistes dans l’ordre politique et à réaliser la conciliation difficile de l’éthique et de la politique qui constitue l’honneur et la grandeur de la démocratie.
Les valeurs que la Maçonnerie nous enseigne sont pour elle des absolus universellement valables c’est à dire applicables à tous les hommes en raison de leur dignité d’hommes, et que nous avons le devoir de partager, d’intérioriser, de transformer en règles de vie personnelles parce qu’elles sont la raison d’être de notre Ordre, ce pourquoi il a été conçu, édifié et répandu.
Il en va de même d’autres valeurs que nous glorifions comme le travail en un temps où tant d’individus, sans parler de certains théoriciens, le déprécient, le rejettent et en méconnaissent la valeur humaine. Tous nos outils notamment l’équerre, le maillet, le ciseau, la règle, le fil à plomb sont là pour nous en rappeler les vertus et le rôle formateur.
Nous, héritiers des constructeurs de cathédrales, fils des travailleurs de la pierre voués à la construction d’édifices sacrés, comment pourrions nous ne pas Voir dans le travail la source de toutes les grandes œuvres, de tous les progrès de l’humanité et le premier ciment de la fraternité. « Ce qui fait la grandeur d’un métier, c’est d’unir les hommes ›› écrivait Saint-Exupéry.
Mais le travail que nous glorifions par dessus tout c’est celui que nous pratiquons en Loge parce qu’il consiste à donner le plus belle forme à sa propre pierre, celle de notre âme et de son esprit. En apparence ce travail n’est pas productif, en fait il est essentiel car en développant notre connaissance initiatique il nous permet d’accéder à des états de conscience qui nous fournissent les clefs de notre existence, nous dotent de nouvelles potentialités et de pouvoirs sur nous-mêmes, améliorent notre rapport aux autres et au monde.
Et ces changements ne peuvent que se traduire par des choix de vie, des orientations de conduite qui peuvent aboutir à des actions et à des œuvres utiles aux autres et susceptibles d’accroître la part du bien dans le monde.
N’est-ce pas le devoir majeur que se propose la Maçonnerie ?
Le Devoir et la Loi
C’est pourquoi, toujours à contre-courant de la société profane, la Franc-maçonnerie ne peut que valoriser la notion de devoir puisqu’il n’est rien d’autre qu’une soumission de l’esprit à des valeurs qui s’imposent à lui comme des forces capables d’inspirer et de guider sa conduite. Le Maçon est un homme de devoir et notre Ordre l’incite constamment à pratiquer les vertus morales: dévouement, courage, esprit de sacrifice, respect des engagements, fidélité, humilité, ouverture et bienveillance envers nos semblables etc. Vous retrouverez tous ces termes dans nos rites parce que le but ultime de l’initiation n’est pas seulement de nous faire pénétrer les mystères de la vie et de la condition humaine, mais de nous inspirer le désir d’œuvrer à l’élévation de notre esprit et de notre être aussi à la promotion de l’humain– ce qui nous ramène aux grandes ambitions énoncées par notre Constitution.
L’amour de ces valeurs qui nous ont conduites dans ce Temple et que nous nous efforçons de pratiquer en essayant de surmonter les obstacles inhérents aux limites de l’humaine nature, constitue une modalité de la foi, de l’adhésion intérieure qui doit peu au savoir mais trouve sa source dans la profondeur du sentiment. Ce que nous nommons souvent le cœur et qui n’est peut-être que le nom de l*esprit. Il est la source de la spiritualité et comme nous avons vu que les valeurs maçonniques ont un caractère impératif, nous traduisons par l’idée et le mot de Loi cette manifestation de la transcendance de ces valeurs. La notion de Loi induit l’obligation de les rechercher et de les aimer.
Elle a pour nous une source biblique où elle est sacralisée mais nous la sacralisons également d’une manière plus rationnelle en prenant la Voûte étoilée, l’image de l’ordre cosmique comme symbole de la Loi morale. Car toute éthique est un principe d’ordre au sein de chaque conscience comme au sein de la société. Comment l’ordre cosmique qui est pour nous la manifestation d’un Ordre invisible pourrait-il ne pas inspirer l’idée de loi inscrite dans le fonctionnement même de l’univers?
Le Grand Architecte de l’Univers
Cette médiation de la Loi et de son symbole cosmique nous conduit logiquement à ce qui constitue la clef de voûte de notre Maçonnerie de Rite écossais : le Grand Architecte, nommé plusieurs fois au cours de la cérémonie d’initiation au 1° degré.
Par l’Equerre, la Loi est comprise par notre jugement mais par le Compas elle nous vient de l’Ordre cosmique qui est aussi le symbole majeur du Grand Architecte. Difficile de ne pas l’évoquer quand on traite de la pensée maçonnique mais comme il s’agit d’un sujet infini, je me limiterai à quelques points fondamentaux.
Le Grand Architecte incarne et symbolise un Ordre de perfection puisqu’il est posé comme Créateur de l’Ordre cosmique.
La finalité inaccessible à laquelle tend l’initié c’est une Connaissance et une intelligence de cet Ordre de perfection auquel il se doit de participer mais c’est surtout une perfection intérieure que nous appelons Maîtrise, Sagesse, Force et Beauté. En invoquant le Grand Architecte, nous posons l’existence d’un principe de transcendance, d’un symbole de perfection dont par ailleurs nous ignorons la nature.
3 Piliers – Sagesse Force et Beauté
Notre ordre a adopté une position déiste, ce qui veut dire que nous croyons à la réalité d’une Raison cosmique, d’un Esprit supérieur à l’œuvre dans le monde, mais nous ne savons rien de plus et notre Rite exclut toute considération d’ordre théologique.
La Perfection de l’ordre cosmique et l’existence d’une loi naturelle présupposent une Raison et une puissance créatrices. Rien de ce que nous avançons ne contredit les données de la science qui en raison de ses méthodes spécifiques ne peut tirer de ses découvertes aucune conclusion d’ordre métaphysique.
En même temps nous demeurons en accord avec la tradition judéo-chrétienne en affirmant l’existence d’une Raison créatrice dans l’univers et en lui attribuant l’instauration d’une Loi morale, ce qui ne nous empêche pas de rester proches de la pensée voltairienne qui affirmait que toutes les religions s’accordent sur deux points fondamentaux: la croyance en une ou plusieurs divinités créatrices, la formulation d’une Loi morale émanant d’une volonté divine.
La Maçonnerie ne va pas au delà du déisme voltairien qui n’exclut en rien l’adhésion à des croyances religieuses plus élaborées à la condition expresse qu’au sein de la Maçonnerie elles soient respectueuses des convictions des autres Frères et des principes majeurs du Rite écossais. A l’instar des idées de Voltaire, le déisme demeure éloigné des religions constituées ce qui explique les positions souvent hostiles au cours de l’histoire de l’Eglise catholique à notre égard.
J’évoquerai maintenant une question encore plus délicate. 0n sait que depuis longtemps l’idée du Grand architecte constitue un point de désaccord avec nos Frères de rite français moderne qui l’ont exclu considérant que l’idée d’un Principe créateur est étranger à la raison et que la Loi morale n’est qu’un produit des cultures humaines.
A première vue l’idée peut sembler cohérente. Elle soulève pourtant beaucoup de problèmes et d’objections. Je ne peux que répéter ici ce que j’ai déclaré plusieurs fois à des philosophes du GO avec lesquels j’entretiens des relations fraternelles : « Si on élimine la possibilité d’un monde invisible et l’existence d’une puissance créatrice, il y a dans l’histoire du monde quatre phénomènes qui demeurent des mystères intégraux: c’est la naissance du cosmos et de l’univers matériel, l’apparition de la vie, la progression de l’évolution vers des animaux de plus en plus complexes et autonomes et par dessus tout la naissance de l’homme porteur de raison, de spiritualité et de créativité»
Il est difficile de comprendre que la chaîne de l’évolution ait produit un animal possesseur d’une puissante rationalité qui le dote d’un immense pouvoir de connaissance, un être pensant capable de se poser des questions métaphysiques, de concevoir et de créer des valeurs éthiques et esthétiques si aucune raison, aucun esprit n’est intervenu dans cette genèse.
L’esprit peut-il naître d’une organisation perfectionnée de la matière ?
Certes, ce sont là des problèmes métaphysiques dont je ne méconnais pas la difficulté à l’heure où une science matérialiste travaille à expliquer entièrement l’homme par une somme de facteurs biologiques et neurologiques mais je pense que la position déiste de notre Ordre augmente l’intelligibilité du monde et me semble à cet égard plus rationnelle qu’un matérialisme brut où les phénomènes de la vie et la nature de l’homme seraient le fruit d’un matérialisme brut où les phénomènes de la vie et la nature de l’homme seraient le fruit d’une série de hasards miraculeux d’autant que nous sommes en présence d’une physique de moins en moins déterministe. Contrairement à ce que prétendent les matérialistes des découvertes comme les gènes et la génétique ou la physique quantique et donc un certain jeu à l’intérieur de la structure atomique, n’affaiblissent pas mais au contraire renforcent la probabilité d’une Raison organisatrice.
En conclusion je dirai que le Grand Architecte que nous glorifions est une idée à la fois rationnelle, mesurée, dépourvue de dogmatisme et largement ouverte à toutes le définitions que chacun d’entre nous est libre de lui donner.
La Méthode symbolique
Il n`est pas possible de clôturer ce tour d’horizon sur la pensée maçonnique sans faire référence à notre méthode de recherche qui fait partie intégrante de notre représentation du monde. Elle constitue l’équivalent de ce qu’on nomme dans les philosophies profanes une théorie de la connaissance. Elle est fondée sur le choix d’un langage approprié pour sonder un champ de réalité qui échappe à une appréhension par les sens et l’expérience sensible, celui de notre vie intérieure et celui du monde supra sensible, celui des grands mystères de l’existence.
Elle permet à l’esprit d’en pénétrer parfois le sens par la voie de l’imaginaire, de l’intuition et de la sensibilité. Une voie d’ouverture qui laisse à chacun une grande liberté d’interprétation à la différence du langage conceptuel beaucoup plus rigide et directif.
Le langage symbolique a ce pouvoir d’exprimer la profondeur et la vérité de l’âme humaine dans son universalité, c’est à dire ce qui chez l’homme transcende les différences culturelles et se retrouve dans tous les temps et toutes les civilisations.
De plus le symbole est pour nous porteur d’une vérité métaphysique car il peut nous relier aux plus profonds mystères de l’ordre cosmique, de l’existence humaine, de la vie, de la mort et de la renaissance dans cet espace supraterrestre que nous nommons « l’Orient éternel ».
Le symbole et le mythe sont la clef de la recherche initiatique parce que nous pensons qu’ils ne sont pas, comme l’ont cru et le croient encore des rationalistes enfermés dans le scientisme, que des images et des récits poétiques, mais qu’ils nous voilent et dévoilent en même temps les réalités du monde invisible. Ils véhiculent une science ésotérique qui nous en ouvre les portes.
Elle n’est pas l’irrationnel sinon par rapport au rationalisme clos du positivisme mais la découverte à l’aide des lumières de l’esprit et de la raison de la Raison suprême qui préside à l’ordre cosmique et trouve son répondant et son reflet dans la conscience, la pensée et les œuvres de l’humanité.
Contrairement aux idées qui peuvent diviser et nourrir des polémiques, le symbole est un grand unificateur parce que dans les limites de ce qui nous est révélé par le Rite et la Tradition, il est polysémique, porte des sens d’une diversité et d’une richesse inépuisable et que les différences qu”il suggère ne sont pas de l’ordre de la contradiction mais de la complémentarité.
C’est pourquoi il favorise par excellence le pluralisme de la pensée et l’enrichissement spirituel de chaque Maçon par le partage des visions et des perspectives.
La méthode symbolique est une perpétuelle interrogation sur le sens des symboles, des légendes et des rites, il est au principe de notre tolérance et un facteur capital de l’harmonie des conceptions initiatiques au sein de notre Ordre.
Notre méthode découle des finalités spirituelles de notre initiation et des voies que nous sont tracées.