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Y a t-il une philosophie maçonnique ?

Parler de la philosophie maçonnique est sans doute de ma part un pari audacieux car l’opinion dominante parmi les Maçons est qu’il n’existe nulle idéologie en Maçonnerie. A cela je répondrais qu’il est encore plus téméraire de le nier car si on met bout à bout les idées formulées dans le rituel et donc présentées par l’Ordre comme vérités maçonnique à recevoir comme telles, on est bien en présence de thèmes et propositions tout à fait cohérentes.

J’exclus naturellement tout ce qui vient d’ouvrages maçonniques innombrables et de toutes les spéculations auxquelles se livrent les Maçons depuis la nuit des temps. Je ne m’appuierai pour ma démonstration et mes analyses sur ce qui fait partie du Rite écossais et constitue la pensée régulière de notre Ordre. Il existe bien un système qui est proposé à notre réflexion comme découlant de textes constitutionnels et de la trame générale de notre symbolisme..

Dissipons d’abord un malentendu qui pourrait expliquer les divergences d’opinions sur la question. Certes la Franc- Maçonnerie de Rite écossais n’impose pas de système d’interprétation concernant l’ensemble des mythes, légendes et symboles sur lesquels le Rite est construit, même si la Tradition qui constitue en soi un code de décryptage nous impose des grilles de lecture que l’initié ne peut ignorer.

A cet égard nous sommes libres de choisir la vision initiatique et métaphysique que nous pouvons tirer de notre pratique du Rite. Il n’en reste pas moins qu’il va découler des Constitutions et de la Tradition judéo-chrétienne à laquelle nos symboles et légendes font référence un corpus d’idées présentées comme Vérités de l’Ordre et qu’il nous est difficile de mettre en question à moins de nous mettre en contradiction avec l’identité même de notre Maçonnerie et de notre Rite. C’est là que je situe ce que je nommerai la philosophie maçonnique qui certes est très difiérente des métaphysiques totalisantes comme celles des religions ou de certains systèmes rationnels comme ceux de Descartes, Leibniz ou Spinoza.

Puisque nous recherchons la Parole perdue dont nous essayons d’approcher à travers l’infinie multiplicité des symboles et des mythes qui nous en restent et qui en assurent la transmission, nous n’avons pas de dogme à proposer sur des représentations globales du monde et de l’Ordre divin. Mais nous pouvons dégager des Constitutions et des rites un ensemble de principes généraux qui touchent essentiellement à l’éthique et leur servent de fondement, mais aussi à une méthode symbolique de progression de la pensée qui peut constituer une véritable théorie de la Connaissance et du perfectionnement de Soi

Et les principes de l’éthique, non plus d’ailleurs que la méthode symbolique ne peuvent être mis en discussion précisément parce qu’ils sont les fondements premiers de notre Ordre et les sources de son identité.

Philosophie générale des Constitutions

La Franc- Maçonnerie se place d’emblée sous le signe de l’universel en ce sens qu’elle s’adresse à tous les hommes sans aucune distinction ni exclusive.

« La Franc- Maçonnerie est un ordre initiatique traditionnel et universel fondé sur la Fraternité. Elle constitue une alliance d’hommes libres et de bonnes mœurs, de toutes races, de toutes nationalités et de toutes croyances »

La fraternité dont se réclame d’abord notre Ordre est celle qui unit d’abord tous ses membres et, faut-il le préciser, sans distinction d’obédience, mais elle s’applique aux yeux des Maçons à tous les hommes. Cette vision de la fraternité humaine est d’abord un héritage de la pensée ont une identité de nature et possèdent en propre la raison.

Mais c’est aussi un héritage de la pensée biblique et du christianisme qui a affirmé la dignité universelle de l’être humain en sa qualité de création divine et de descendant d’Adam et d’Eve.

« La Franc-Maçonnerie a pour but le perfectionnement de l’humanité »

Cette finalité du perfectionnement de l’humanité relie également notre Ordre à la pensée humaniste qui a présidé à la fondation de la Maçonnerie au XVIIIe siècle.

La notion de perfectionnement revêt une signification double : d’une part il s’agit d’abord pour le Maçon de perfectionner son être intérieur en résistant à toutes les pulsions de l’ego qui l’attache aux choses sensibles et à l’opinion des autres, en développant sans cesse sa Connaissance initiatique, en travaillant par l’ascèse à la purification de son esprit.

Pour le Maçon, le perfectionnement se mesure au progrès de la maîtrise de sa nature, au degré d’amour incarné dans la pratique des valeurs et des vertus que nous enseignent les rites et symboles de la Maçonnerie comme nous le verrons ultérieurement.

Mais le paragraphe suivant nous montre que le perfectionnement du Maçon ne peut se limiter à son intériorité, car les exigences d’une conscience morale authentique ne peuvent que nous inciter à rechercher non seulement l’amélioration de nos rapports avec nos semblables mais aussi « l’amélioration constante de la condition humaine, tant sur le plan spirituel et intellectuel que sur le plan du bien-être matériel ».

Ce qui veut dire que rien de ce qui touche au sort de l’humanité dans son ensemble ne nous est étranger, que chaque Maçon à la place où il est et avec les moyens dont il dispose, est engagé dans l’aventure humaine et qu’il a pour devoir de contribuer par ses œuvres et son exemple àla réduction des souffrances et des misères humaines, à accroître la justice et la solidarité dans la société, à augmenter le potentiel de l’humanité afin de remédier aux maux qui l’accablent.

Cette obligation de secourir nos semblables est également inscrite dans la Constitution: « Les Francs-Maçons doivent porter secours à toute personne en danger ».Et plus loin: « Ils sont des citoyens éclairés et disciplinés et conforment leur existence aux impératifs de leur conscience » ce qui découle logiquement des principes d’humanité affirmés plus haut.

Dans le même esprit ils sont des artisans de paix, de conciliation « et veulent unir les hommes dans la pratique d’une morale universelle et dans le respect de la personnalité de chacun ».

Rassembler ce qui est épars

Nous touchons ici à l’éthique fondamentale de la Maçonnerie qui se résume dans une formule spécifiquement maçonnique « Rassembler ce qui est épars ». Elle exprime la volonté de réunir dans une fraternité harmonieuse des individus différents par leur pensée et leur existence.

Si la Maçonnerie s’est voulu dès les origines un lieu d’union et de rassemblement, c’est qu’elle a voulu être une communauté d’un type original où seraient exclus tous les clivages nés des différences de condition comme des conflits idéologiques générés parles différences de religion et de conceptions politiques. C’est pourquoi la Maçonnerie se définit d’abord comme un Ordre éthique où seules sont prises en compte la volonté morale, les valeurs et les qualités spirituelles des hommes. Ce qui cimente l’unité de notre Ordre, c’est le respect de l’humain, la volonté de le promouvoir, l’amour de la liberté, de l’égalité et de la fraternité que nous manifestons à chaque Rite d’ouverture et de fermeture de nos Loges.

Nous pensons aussi que les idéaux qui unissent les Maçons ont le pouvoir rapprocher et de relier tous les hommes de bonne volonté. Dans cet esprit nous recherchons dans notre vie profane la meilleure relation, la communication et la solidarité avec les autres.

En Maçonnerie comme dans le monde profane, nous favorisons le consensus et même comme le dit la Constitution « la conciliation des contraires ›› en partant du principe que des hommes inspirés par des valeurs communes peuvent toujours trouver un terrain d’entente et des modalités de compromis. En ce sens le Maçon se doit d’être un pacificateur, un créateur de communauté. Mais comme nous ne sommes pas des utopistes, nous savons que nombreux sont ceux qui préfèrent s’enfermer dans les passions de l’ego, leurs intérêts et des idéologies exclusives plutôt que de rechercher le dialogue et des solutions de paix.

C’est pourquoi nous dénonçons toutes les formes de sectarisme, de dogmatisme et de fanatisme qui signifient l’exclusion de la pensée de l’autre et une volonté de la soumettre à une idéologie qui lui est étrangère.

 Liberté – Égalité – Fraternité

Pour nous la liberté de penser est une caractéristique fondamentale de l’humanisme et la défendre contribue à étendre toujours plus le champ de la fraternité.

Elle est la première liberté du Maçon, inséparable pour nous du respect de la dignité humaine.

Reconnaître cette dignité de la personne, c’est respecter la liberté de sa volonté, de sa pensée, de ses opinions, de ses choix de vie. Ce respect, nous le nommons tolérance et c’est pour nous une vertu maçonnique majeure.

Ce mot n’est peut-être pas approprié car la tolérance peut signifier une acceptation à contrecœur, alors qu’il s’agit pour nous d’une valeur cardinale à défendre en toutes circonstances, d’abord en Loge mais surtout dans le monde profane où elle est toujours menacée par l’ignorance , le fanatisme et le désir de puissance.

Si la liberté de penser est inscrite depuis 1789 dans les Droits de l’homme et du citoyen, si le triptyque « liberté- égalité- fraternité ›› est devenu la devise de la République, la Maçonnerie y est sans doute pour quelque chose. Elle est aussi le principe de base de la démocratie et toutes les formes de la tyrannie commencent par la nier

Elle est aussi au fondement de la laïcité qui en découle car elle implique l’expression plurielle des idéologies et l’exclusion de toute volonté hégémonique de quelque idéologie que ce soit sur la société. La Franc- Maçonnerie a toujours soutenu la laïcité parce qu’elle comporte la condamnation de toute forme de dogmatisme et de totalitarisme, pleinement accordée à ses propres principes.

Evidemment la liberté est aussi à usage interne car elle préside à nos recherches et à nos travaux.

La liberté maçonnique c’est d’abord la recherche illimitée de la vérité métaphysique inscrite dans les rites et les symboles avec l’appui de la Tradition qui oriente l’esprit tout en lui ouvrant des voies multiples d’interprétation.

Illimité signifie d’abord que nous passons outre les interdits religieux concernant la recherche ésotérique en général et l’examen de tout ce qui dans la religion relève du mystère c’est à dire de l’inexplicable pour l’esprit humain.

Car le mystère est précisément le lieu d’élection de l’initiation de Rite écossais puisque nous voulons éclairer les racines initiatiques de la religion et la signification ésotérique des mythes religieux ainsi que celle des cultes à mystères de l`Antiquité.

Mais notre liberté essentielle c’est celle d’interpréter selon notre jugement et notre sensibilité tout le symbolisme et le patrimoine ésotérique légué par la Tradition.

Le principe d’égalité au départ signifie que la Franc-maçonnerie ne prend pas plus en considération le rang social que l’appartenance idéologique. Dans les Loges du XVIIIème siècle pouvaient se rencontrer des aristocrates et des bourgeois,

L’égalité a le même fondement que la fraternité, une commune origine, une commune nature qui comporte chez l’homme l’universalité de la raison d’où procède l’idée de l’égale dignité de chaque être. Cette notion de valeur de toute personne est conçue comme universelle quelle que puissent être les différences entre les aptitudes individuelles, les conditions sociales, les cultures qui les séparent. Sinon l’idée d’égalité en droits fondatrice de nos institutions démocratiques n’auraient pas de sens.

L’égalité en dignité transcende toutes les différences et constitue le principe fondateur de tout humanisme y compris le nôtre. C’est en fonction de cette valeur capitale que s’opèrent les efforts pour réaliser dans l’ordre profane un accroissement de l’égalité des sexes, des conditions sociales, des communautés culturelles, des handicapés.

En Maçonnerie, l’égalité signifie que chaque initié, chaque quêteur de Connaissance et de sagesse a une égale valeur aux yeux de tous, les seules différences étant les mérites dans le dévouement à l’Ordre et le degré d’avancement dans les progrès de l’initiation et de l’évolution spirituelle, aucune différence de degré ou de grade ne mettant en cause l’égalité d’appartenance de tous les Maçons.

Toutefois reconnaissons que le montant de nos capitations ne favorise guère l’intégration de profanes de condition modeste. Nous avons encore des progrès à faire à cet égard.

La Fraternité est sans doute la valeur prépondérante de la Maçonnerie pour les raisons que j’ai esquissées dans l’introduction.

« La Franc-maçonnerie est un Ordre initiatique traditionnel fondé sur la fraternité » énonce la Constitution. Elle est un principe d’union de ceux qui se nomment « Frères » ou « Sœurs » et nomment ainsi les profanes au cours des tenues blanches. Parce que ce principe, au delà de la Maçonnerie nous l`étendons à tous les être humains en raison de la croyance en l’unité humaine que nous héritons des Lumières mais aussi de notre Tradition initiatique qui voit dans l’homme une création divine.

Terme initial de la Constitution, sans cesse réitéré dans tous nos rituels, la fraternité comme la liberté et l’égalité sont des valeurs éthiques transcendantes qui diffèrent complètement de tout ce qui relève de la Connaissance initiatique qui appartient à la sphère de la métaphysique et de l’ésotérisme. C’est dans ce domaine de la Connaissance que la Maçonnerie s’interdit tout discours doctrinal car tout y est discutable dans les cadres fixés par la Tradition.

Liberté Egalite Fraternité
devise France : Liberté Egalite Fraternité

Par contre ce qui relève de l’éthique ne l’est pas. Les valeurs nous sont transmises par le canal du Rite, elles sont donc impératives et non discutables. Vous n’avez jamais assisté à des discussions sur la légitimité des idéaux du triptyque liberté- égalité- fraternité qui définit dès son origine moderne l’identité de la Maçonnerie.

Ainsi la Franc-maçonnerie a fortement contribué à faire pénétrer les valeurs humanistes dans l’ordre politique et à réaliser la conciliation difficile de l’éthique et de la politique qui constitue l’honneur et la grandeur de la démocratie.

Les valeurs que la Maçonnerie nous enseigne sont pour elle des absolus universellement valables c’est à dire applicables à tous les hommes en raison de leur dignité d’hommes, et que nous avons le devoir de partager, d’intérioriser, de transformer en règles de vie personnelles parce qu’elles sont la raison d’être de notre Ordre, ce pourquoi il a été conçu, édifié et répandu.

Il en va de même d’autres valeurs que nous glorifions comme le travail en un temps où tant d’individus, sans parler de certains théoriciens, le déprécient, le rejettent et en méconnaissent la valeur humaine. Tous nos outils notamment l’équerre, le maillet, le ciseau, la règle, le fil à plomb sont là pour nous en rappeler les vertus et le rôle formateur.

Nous, héritiers des constructeurs de cathédrales, fils des travailleurs de la pierre voués à la construction d’édifices sacrés, comment pourrions nous ne pas Voir dans le travail la source de toutes les grandes œuvres, de tous les progrès de l’humanité et le premier ciment de la fraternité. « Ce qui fait la grandeur d’un métier, c’est d’unir les hommes ›› écrivait Saint-Exupéry.

Mais le travail que nous glorifions par dessus tout c’est celui que nous pratiquons en Loge parce qu’il consiste à donner le plus belle forme à sa propre pierre, celle de notre âme et de son esprit. En apparence ce travail n’est pas productif, en fait il est essentiel car en développant notre connaissance initiatique il nous permet d’accéder à des états de conscience qui nous fournissent les clefs de notre existence, nous dotent de nouvelles potentialités et de pouvoirs sur nous-mêmes, améliorent notre rapport aux autres et au monde.

Et ces changements ne peuvent que se traduire par des choix de vie, des orientations de conduite qui peuvent aboutir à des actions et à des œuvres utiles aux autres et susceptibles d’accroître la part du bien dans le monde.

N’est-ce pas le devoir majeur que se propose la Maçonnerie ?

Le Devoir et la Loi

C’est pourquoi, toujours à contre-courant de la société profane, la Franc-maçonnerie ne peut que valoriser la notion de devoir puisqu’il n’est rien d’autre qu’une soumission de l’esprit à des valeurs qui s’imposent à lui comme des forces capables d’inspirer et de guider sa conduite. Le Maçon est un homme de devoir et notre Ordre l’incite constamment à pratiquer les vertus morales: dévouement, courage, esprit de sacrifice, respect des engagements, fidélité, humilité, ouverture et bienveillance envers nos semblables etc. Vous retrouverez tous ces termes dans nos rites parce que le but ultime de l’initiation n’est pas seulement de nous faire pénétrer les mystères de la vie et de la condition humaine, mais de nous inspirer le désir d’œuvrer à l’élévation de notre esprit et de notre être aussi à la promotion de l’humain– ce qui nous ramène aux grandes ambitions énoncées par notre Constitution.

L’amour de ces valeurs qui nous ont conduites dans ce Temple et que nous nous efforçons de pratiquer en essayant de surmonter les obstacles inhérents aux limites de l’humaine nature, constitue une modalité de la foi, de l’adhésion intérieure qui doit peu au savoir mais trouve sa source dans la profondeur du sentiment. Ce que nous nommons souvent le cœur et qui n’est peut-être que le nom de l*esprit. Il est la source de la spiritualité et comme nous avons vu que les valeurs maçonniques ont un caractère impératif, nous traduisons par l’idée et le mot de Loi cette manifestation de la transcendance de ces valeurs. La notion de Loi induit l’obligation de les rechercher et de les aimer.

Elle a pour nous une source biblique où elle est sacralisée mais nous la sacralisons également d’une manière plus rationnelle en prenant la Voûte étoilée, l’image de l’ordre cosmique comme symbole de la Loi morale. Car toute éthique est un principe d’ordre au sein de chaque conscience comme au sein de la société. Comment l’ordre cosmique qui est pour nous la manifestation d’un Ordre invisible pourrait-il ne pas inspirer l’idée de loi inscrite dans le fonctionnement même de l’univers?

Le Grand Architecte de l’Univers

Cette médiation de la Loi et de son symbole cosmique nous conduit logiquement à ce qui constitue la clef de voûte de notre Maçonnerie de Rite écossais : le Grand Architecte, nommé plusieurs fois au cours de la cérémonie d’initiation au 1° degré.

Par l’Equerre, la Loi est comprise par notre jugement mais par le Compas elle nous vient de l’Ordre cosmique qui est aussi le symbole majeur du Grand Architecte. Difficile de ne pas l’évoquer quand on traite de la pensée maçonnique mais comme il s’agit d’un sujet infini, je me limiterai à quelques points fondamentaux.

Le Grand Architecte incarne et symbolise un Ordre de perfection puisqu’il est posé comme Créateur de l’Ordre cosmique.

La finalité inaccessible à laquelle tend l’initié c’est une Connaissance et une intelligence de cet Ordre de perfection auquel il se doit de participer mais c’est surtout une perfection intérieure que nous appelons Maîtrise, Sagesse, Force et Beauté. En invoquant le Grand Architecte, nous posons l’existence d’un principe de transcendance, d’un symbole de perfection dont par ailleurs nous ignorons la nature.

3 Piliers
3 Piliers – Sagesse Force et Beauté

Notre ordre a adopté une position déiste, ce qui veut dire que nous croyons à la réalité d’une Raison cosmique, d’un Esprit supérieur à l’œuvre dans le monde, mais nous ne savons rien de plus et notre Rite exclut toute considération d’ordre théologique.

La Perfection de l’ordre cosmique et l’existence d’une loi naturelle présupposent une Raison et une puissance créatrices. Rien de ce que nous avançons ne contredit les données de la science qui en raison de ses méthodes spécifiques ne peut tirer de ses découvertes aucune conclusion d’ordre métaphysique.

En même temps nous demeurons en accord avec la tradition judéo-chrétienne en affirmant l’existence d’une Raison créatrice dans l’univers et en lui attribuant l’instauration d’une Loi morale, ce qui ne nous empêche pas de rester proches de la pensée voltairienne qui affirmait que toutes les religions s’accordent sur deux points fondamentaux: la croyance en une ou plusieurs divinités créatrices, la formulation d’une Loi morale émanant d’une volonté divine.

La Maçonnerie ne va pas au delà du déisme voltairien qui n’exclut en rien l’adhésion à des croyances religieuses plus élaborées à la condition expresse qu’au sein de la Maçonnerie elles soient respectueuses des convictions des autres Frères et des principes majeurs du Rite écossais. A l’instar des idées de Voltaire, le déisme demeure éloigné des religions constituées ce qui explique les positions souvent hostiles au cours de l’histoire de l’Eglise catholique à notre égard.

J’évoquerai maintenant une question encore plus délicate. 0n sait que depuis longtemps l’idée du Grand architecte constitue un point de désaccord avec nos Frères de rite français moderne qui l’ont exclu considérant que l’idée d’un Principe créateur est étranger à la raison et que la Loi morale n’est qu’un produit des cultures humaines.

A première vue l’idée peut sembler cohérente. Elle soulève pourtant beaucoup de problèmes et d’objections. Je ne peux que répéter ici ce que j’ai déclaré plusieurs fois à des philosophes du GO avec lesquels j’entretiens des relations fraternelles : « Si on élimine la possibilité d’un monde invisible et l’existence d’une puissance créatrice, il y a dans l’histoire du monde quatre phénomènes qui demeurent des mystères intégraux: c’est la naissance du cosmos et de l’univers matériel, l’apparition de la vie, la progression de l’évolution vers des animaux de plus en plus complexes et autonomes et par dessus tout la naissance de l’homme porteur de raison, de spiritualité et de créativité»

Il est difficile de comprendre que la chaîne de l’évolution ait produit un animal possesseur d’une puissante rationalité qui le dote d’un immense pouvoir de connaissance, un être pensant capable de se poser des questions métaphysiques, de concevoir et de créer des valeurs éthiques et esthétiques si aucune raison, aucun esprit n’est intervenu dans cette genèse.

L’esprit peut-il naître d’une organisation perfectionnée de la matière ?

Certes, ce sont là des problèmes métaphysiques dont je ne méconnais pas la difficulté à l’heure où une science matérialiste travaille à expliquer entièrement l’homme par une somme de facteurs biologiques et neurologiques mais je pense que la position déiste de notre Ordre augmente l’intelligibilité du monde et me semble à cet égard plus rationnelle qu’un matérialisme brut où les phénomènes de la vie et la nature de l’homme seraient le fruit d’un matérialisme brut où les phénomènes de la vie et la nature de l’homme seraient le fruit d’une série de hasards miraculeux d’autant que nous sommes en présence d’une physique de moins en moins déterministe. Contrairement à ce que prétendent les matérialistes des découvertes comme les gènes et la génétique ou la physique quantique et donc un certain jeu à l’intérieur de la structure atomique, n’affaiblissent pas mais au contraire renforcent la probabilité d’une Raison organisatrice.

En conclusion je dirai que le Grand Architecte que nous glorifions est une idée à la fois rationnelle, mesurée, dépourvue de dogmatisme et largement ouverte à toutes le définitions que chacun d’entre nous est libre de lui donner.

La Méthode symbolique

Il n`est pas possible de clôturer ce tour d’horizon sur la pensée maçonnique sans faire référence à notre méthode de recherche qui fait partie intégrante de notre représentation du monde. Elle constitue l’équivalent de ce qu’on nomme dans les philosophies profanes une théorie de la connaissance. Elle est fondée sur le choix d’un langage approprié pour sonder un champ de réalité qui échappe à une appréhension par les sens et l’expérience sensible, celui de notre vie intérieure et celui du monde supra sensible, celui des grands mystères de l’existence.

Elle permet à l’esprit d’en pénétrer parfois le sens par la voie de l’imaginaire, de l’intuition et de la sensibilité. Une voie d’ouverture qui laisse à chacun une grande liberté d’interprétation à la différence du langage conceptuel beaucoup plus rigide et directif.

Le langage symbolique a ce pouvoir d’exprimer la profondeur et la vérité de l’âme humaine dans son universalité, c’est à dire ce qui chez l’homme transcende les différences culturelles et se retrouve dans tous les temps et toutes les civilisations.

De plus le symbole est pour nous porteur d’une vérité métaphysique car il peut nous relier aux plus profonds mystères de l’ordre cosmique, de l’existence humaine, de la vie, de la mort et de la renaissance dans cet espace supraterrestre que nous nommons « l’Orient éternel ».

Le symbole et le mythe sont la clef de la recherche initiatique parce que nous pensons qu’ils ne sont pas, comme l’ont cru et le croient encore des rationalistes enfermés dans le scientisme, que des images et des récits poétiques, mais qu’ils nous voilent et dévoilent en même temps les réalités du monde invisible. Ils véhiculent une science ésotérique qui nous en ouvre les portes.

Elle n’est pas l’irrationnel sinon par rapport au rationalisme clos du positivisme mais la découverte à l’aide des lumières de l’esprit et de la raison de la Raison suprême qui préside à l’ordre cosmique et trouve son répondant et son reflet dans la conscience, la pensée et les œuvres de l’humanité.

Contrairement aux idées qui peuvent diviser et nourrir des polémiques, le symbole est un grand unificateur parce que dans les limites de ce qui nous est révélé par le Rite et la Tradition, il est polysémique, porte des sens d’une diversité et d’une richesse inépuisable et que les différences qu”il suggère ne sont pas de l’ordre de la contradiction mais de la complémentarité.

C’est pourquoi il favorise par excellence le pluralisme de la pensée et l’enrichissement spirituel de chaque Maçon par le partage des visions et des perspectives.

La méthode symbolique est une perpétuelle interrogation sur le sens des symboles, des légendes et des rites, il est au principe de notre tolérance et un facteur capital de l’harmonie des conceptions initiatiques au sein de notre Ordre.

Notre méthode découle des finalités spirituelles de notre initiation et des voies que nous sont tracées.

Initier des jeunes en Franc-maçonnerie : une opportunité sous conditions

La Franc-maçonnerie, institution séculaire vouée à la quête de sens, à l’amélioration personnelle et à l’édification d’un monde plus juste, fait face à des défis contemporains. Parmi ceux-ci, le vieillissement de ses membres – avec une moyenne d’âge estimée à 55 ans en France – et la nécessité de renouveler ses effectifs pour garantir sa pérennité. Avec environ 160 000 maçons, représentant seulement 0,24 % de la population française, les obédiences maçonniques pourraient envisager d’attirer une population plus jeune, notamment la tranche des 18-50 ans, qui constitue 44 % de la population (soit environ 30,2 millions de personnes selon l’Insee, 2024).

Cependant, initier des jeunes en Franc-maçonnerie soulève des questions complexes, tant sur le plan spirituel que structurel.

Cet article explore cette idée audacieuse, en comparant avec le précédent historique de la campagne des « flambeaux de liberté » d’Edward Bernays en 1929, tout en posant des conditions strictes pour préserver l’essence initiatique de l’Art royal.

Un parallèle historique : la leçon des « flambeaux de liberté »

Edward Bernays in 1917.

En 1929, Edward Bernays, pionnier des relations publiques, a transformé les normes sociales en orchestrant une campagne pour l’American Tobacco Company. Son objectif : briser le tabou du tabagisme féminin en public, perçu comme immoral. En s’appuyant sur l’idée du psychanalyste Abraham Brill, qui associait la cigarette à un symbole d’égalité, Bernays recruta dix débutantes pour fumer des cigarettes Lucky Strike lors du défilé de Pâques à New York, les présentant comme des « flambeaux de liberté ». Cet événement médiatisé a fait exploser les ventes de Lucky Strike, démontrant le pouvoir de la manipulation des perceptions pour changer les comportements sociaux.

Cartes de crédit avec la pyramide du dollar US
Cartes de crédit avec la pyramide du dollar US

Ce précédent illustre une réalité : un marketing bien conçu peut ouvrir de nouveaux marchés en jouant sur les aspirations d’un groupe cible. En Franc-maçonnerie, les obédiences, confrontées à des finances parfois fragiles (les capitations, ou cotisations, étant une source de revenu essentielle), pourraient être tentées d’appliquer des stratégies similaires pour attirer les jeunes, en quête de spiritualité dans un monde où les religions traditionnelles peinent à répondre à leurs attentes. Cependant, cette démarche doit être encadrée pour éviter de sombrer dans un « merchandising » maçonnique, qui dénaturerait l’essence de l’initiation.

Le défi démographique : un vivier de jeunes à explorer

Institution de jeunesse parrainée par la franc-maçonnerie enseigne les principes de leadership et de responsabilité. – Photos : Eduardo Andrade/Nonato Souza/Alfredo Maia

Avec une moyenne d’âge de 55 ans, la Franc-maçonnerie française fait face à un défi démographique. Les temples, parfois clairsemés, pourraient bénéficier de l’arrivée de jeunes initiés, notamment parmi les 18-50 ans, qui représentent 44 % de la population française. Cette tranche d’âge, marquée par une quête de sens dans un contexte de crises (écologique, sociale, spirituelle), est un vivier potentiel pour les obédiences symbolistes, à condition d’adapter leur approche.

Les louveteaux, enfants de maçons, constituent déjà un premier lien avec la jeunesse. Ces jeunes, intégrés à des activités profanes comme des fêtes maçonniques ou des événements familiaux, sont familiers des valeurs de l’ordre sans être initiés. Cette proximité pourrait servir de tremplin pour une initiation précoce, mais elle soulève des questions :

Comment initier des jeunes sans compromettre la profondeur du processus initiatique ? Et comment éviter les écueils d’une maçonnerie sociétale, souvent jugée abstraite et décevante par les jeunes générations ?

Les jeunes et la Franc-maçonnerie : une quête spirituelle en friche

Alan Cockman (Trésorier de la Loge) avec Joshua et Izzie à la présidence, avec le chef de section Andy Dunsworth
Alan Cockman (Trésorier de la Loge) avec Joshua et Izzie à la présidence, avec le chef de section Andy Dunsworth

Les jeunes adultes de 18 à 30 ans, souvent en quête de sens dans un monde saturé d’informations et de réseaux sociaux, se tournent rarement vers les institutions traditionnelles pour nourrir leur spiritualité. La Franc-maçonnerie, avec son approche symbolique et initiatique, pourrait combler ce vide, mais elle doit s’adapter aux attentes et au rythme biologique de cette population.

  1. Un besoin d’action concrète : Contrairement aux maçons plus âgés, qui trouvent du sens dans les débats philosophiques ou sociétaux, les jeunes recherchent des interactions tangibles et des résultats visibles. Les loges axées sur des discussions abstraites, parfois qualifiées de « café du commerce » (comme le souligne l’humoriste Fabrice Eboué dans sa vidéo ci-dessous), lassent rapidement les jeunes, entraînant un taux élevé de démissions. Une maçonnerie sociétale, centrée sur des débats sans impact concret, n’est pas adaptée à leur énergie et à leur besoin d’action.
  2. Un terrain spirituel fertile : En revanche, la maçonnerie symboliste, axée sur le travail intérieur et l’exploration des mystères de l’existence, peut répondre à l’aspiration des jeunes à une spiritualité non dogmatique. Les rituels, le langage symbolique et la progression initiatique offrent un cadre structuré pour canaliser leur quête de sens, à condition de respecter leur maturité psychologique et spirituelle.

Les étapes initiatiques : un chemin adapté aux jeunes

La Franc-maçonnerie repose sur une progression en trois degrés principaux : apprenti, compagnon, maître. Chaque degré correspond à une étape de développement intérieur, mais leur application aux jeunes nécessite des ajustements.

  1. L’apprenti et le ternaire (1er degré) : Le premier degré, centré sur la découverte du langage symbolique et le passage de la dualité (le profane) au ternaire (le spirituel), est parfaitement adapté aux jeunes adultes. À 18-25 ans, les jeunes sont réceptifs à l’introspection et à l’apprentissage symbolique, qui leur permettent de dépasser les oppositions binaires (bien/mal, lumière/ténèbres) pour explorer une vision plus unifiée du monde. Les rituels de l’apprenti, comme le cabinet de réflexion ou l’initiation par les éléments, peuvent captiver leur imagination et répondre à leur besoin de découverte.
  2. Le compagnon et la maîtrise de la matière (2e degré) : Le degré de compagnon, axé sur l’exploration des savoirs, des sens et du monde matériel, convient également aux jeunes, qui sont souvent en phase de construction personnelle (études, carrière, identité). Les symboles comme les outils du compagnon (équerre, compas) ou l’étoile flamboyante offrent un cadre pour structurer leur énergie et leur curiosité intellectuelle.
  3. Le maître et la palingénésie (3e degré) : C’est ici que réside la principale difficulté. Le troisième degré, centré sur la « mort pour renaître » (palingénésie), symbolisée par la légende d’Hiram, suppose une conscience de la finitude et de l’impermanence de la vie. Or, pour un jeune de 25 ans, cette notion est souvent abstraite. À cet âge, la mort est perçue comme lointaine, et l’horizon biologique ne favorise pas encore une réflexion profonde sur la finitude. Forcer ce passage pourrait être prématuré, risquant de « déflorer » l’épreuve initiatique, comme le souligne le texte initial. Si des exceptions existent (comme Mozart composant à 7 ans), la généralité impose de respecter le rythme de maturation spirituelle, souvent atteint vers la mi-vie (40-50 ans).

Conditions pour une initiation des jeunes

Pour intégrer les jeunes en Franc-maçonnerie tout en préservant l’intégrité du processus initiatique, plusieurs conditions doivent être respectées :

2 Adolescents jouant
  1. Un parcours préparatoire pour les adolescents :
    • Les louveteaux pourraient bénéficier d’un programme éducatif profane, axé sur des valeurs maçonniques (tolérance, réflexion, fraternité) sans initiation formelle. Par exemple, des ateliers philosophiques, des activités culturelles ou des rencontres intergénérationnelles pourraient les sensibiliser à la démarche maçonnique.
    • Ce parcours, inspiré des mouvements scouts ou des écoles philosophiques, préparerait les jeunes à une éventuelle initiation à l’âge adulte, tout en respectant leur immaturité spirituelle.
  2. Une initiation adaptée pour les 18-30 ans :
    • Les jeunes adultes pourraient être initiés aux deux premiers degrés (apprenti et compagnon), qui correspondent à leur phase de vie : découverte de soi, exploration du monde, construction personnelle. Les rituels devraient être simplifiés pour éviter une surcharge symbolique, tout en mettant l’accent sur des actions concrètes (projets caritatifs, travaux créatifs).
    • Des loges spécifiques, dédiées aux jeunes, pourraient être créées, avec des tenues plus dynamiques et des thèmes proches de leurs préoccupations (écologie, technologie, identité).
  3. Un accès différé au 3e degré :
    • L’élévation au grade de maître devrait être réservée à une maturité spirituelle atteinte vers 35-40 ans, lorsque la conscience de la finitude devient plus tangible. Cela éviterait une initiation prématurée, qui pourrait désorienter les jeunes ou banaliser la portée symbolique de la palingénésie.
    • Une période de « compagnonnage prolongé » pourrait être instaurée, permettant aux jeunes de consolider leurs acquis avant de viser la maîtrise.
  4. Éviter le marketing mercantile :
    • Comme le montre l’exemple de Bernays, le marketing peut transformer les perceptions, mais il risque de dénaturer la Franc-maçonnerie en la réduisant à une « course aux grades » ou à une logique de fidélisation consumériste. Les obédiences doivent privilégier la qualité des initiations à la quantité des membres, en veillant à ne pas sacrifier la profondeur spirituelle pour des impératifs financiers.
  5. Une maçonnerie symboliste et dynamique :
    • Les loges doivent s’éloigner des débats sociétaux abstraits, souvent perçus comme stériles par les jeunes, pour se concentrer sur une maçonnerie initiatique et symboliste. Les rituels, les méditations sur les symboles (pavé mosaïque, delta lumineux), et les travaux pratiques (par exemple, des projets communautaires) doivent être au cœur de l’expérience.
    • Les jeunes initiés pourraient être impliqués dans des initiatives visibles, comme des actions écologiques ou éducatives, pour répondre à leur besoin d’impact concret.

Un précédent à méditer : les dérives du marketing

temple des francs maçons de Baltimore au rite écossais
façade du temple des francs maçons de Baltimore au rite écossais Maryland Usa

L’histoire des « flambeaux de liberté » de Bernays est un avertissement. Si elle a permis de briser un tabou, elle a aussi manipulé les aspirations féminines pour des intérêts commerciaux, sans égard pour les conséquences (notamment sur la santé publique). En Franc-maçonnerie, une démarche similaire visant à « vendre » l’initiation aux jeunes pourrait aliéner l’essence de l’Art royal, en transformant une quête spirituelle en produit de consommation. Les obédiences doivent donc agir avec prudence, en veillant à ce que l’initiation reste un chemin authentique, respectueux des rythmes biologiques et spirituels des jeunes.

Un modèle inspirant : les louveteaux et l’éducation pré-initiatique

Les louveteaux, enfants de maçons, offrent un modèle intéressant. Ces jeunes, intégrés à des activités profanes comme des fêtes ou des ateliers, sont exposés aux valeurs maçonniques sans être initiés. Ce système pourrait être élargi pour inclure des adolescents non issus de familles maçonniques, à travers des programmes éducatifs axés sur la philosophie, l’éthique ou la réflexion symbolique. Par exemple, des « cercles de louveteaux » pourraient organiser des débats sur des thèmes comme la liberté, la justice ou la responsabilité, préparant ainsi les jeunes à une éventuelle initiation à l’âge adulte.

Une Franc-maçonnerie renouvelée, mais fidèle à ses principes

Bienvenue à : La communauté a été invitée à l’intérieur de la succursale des francs-maçons de Victoria’s Smythesdale, qui compte 27 membres. Photo : TIM BOTTAMS

L’initiation des jeunes en Franc-maçonnerie est une opportunité pour revitaliser les obédiences et répondre à la quête spirituelle d’une génération en mal de repères. Cependant, elle ne peut réussir qu’à condition de respecter des principes fondamentaux : un parcours adapté au rythme des jeunes, une priorité donnée à la maçonnerie symboliste, et une vigilance face aux dérives mercantiles. Les degrés d’apprenti et de compagnon sont accessibles dès 18 ans, mais l’élévation au grade de maître doit être différée pour respecter la maturité spirituelle nécessaire à la compréhension de la palingénésie. En s’inspirant des louveteaux et en évitant les écueils d’un marketing à la Bernays, la Franc-maçonnerie peut ouvrir ses portes aux jeunes, non pas pour remplir ses temples, mais pour transmettre la lumière d’une tradition intemporelle, adaptée aux aspirations du XXIe siècle.

Sources :

  • World Gold Council, « Demande mondiale d’or en 2024 », 2024.
  • Insee, « Répartition de la population française par tranche d’âge au 1ᵉʳ janvier 2024 », Statista, 16 janvier 2024.
  • Philippe Benhamou et Christopher Hodapp, La Franc-maçonnerie pour les nuls, 2018.
  • Vanessa Murphree, « The Selling of the Torches of Freedom », University of Southern Mississippi, 2008.
  • Archives maçonniques internes (non publiques) sur les louveteaux et les pratiques initiatiques, citées dans des travaux généraux.
  • Fabrice Eboué, vidéo humoristique sur les débats sociétaux, YouTube, 2023.

GLMN : Convent 2025 – Élection du nouveau TRGM Philippe NICOLAS

Le convent de la Grande Loge Mixte Nationale qui a eu lieu à Nimes le samedi 17 mai et le dimanche 18 mai 2025 a vu la descente de charge du Sérénissime Grand Maître Jean-Marc MILAN qui a passé le maillet au Très Respectable Frère Philippe NICOLAS.

Ce dimanche 18 mai 2025 le convent de la Grande Loge Mixte Nationale s’est tenu à Nîmes en présence de 14 délégations et d’environ 130 Sœurs et Frères. La Présidence du Convent est confiée au Très Respectable Frère Pascal QUENARDEL qui a su diriger les débats de main de Maitre.

Beaucoup de mouvements de postes ont eu lieu lors de ce même convent , 4 nouveaux conseillers de l’ordre ont pris place au sein du Conseil Fédéral et 3 conseillers de l’ordre ont vu leur mandat de 3 ans reconduits.

Félicitations à la Conseillère Fédérale Camille Granier qui a été élue Grand Trésorier de l’Alliance Maçonnique Européenne lors de leur dernière Assemblée Générale.

La Grande Loge Mixte Nationale (G.L.M.N.) a été créée le 31 juillet 2010 par des Francs-Maçons expérimentés, désireux de créer une Obédience dont l’objectif est le respect de la Tradition Maçonnique telle que nous l’ont léguée nos Anciens. Elle se situe actuellement au rang des dix premières obédiences françaises. Elle a pour devise « Unissons ce qui est épars » et c’est dans cet esprit d’accueil et de respect qu’elle œuvre proposant une Franc-maçonnerie symbolique, traditionnelle et indépendante vis-à-vis des pouvoirs politiques ou religieux, en dehors de tous courants ou pensées dogmatiques.

Structurée sous forme de Fédération de Loges (ou d’associations) elle offre un choix entre ateliers masculins, féminins ou mixtes chacune travaillant à différents rites dans le respect le plus absolu des spécificités de ceux-ci.

Deux Traités d’amitié ont été signés par le Passé Grand Maître Jean-Marc Milan avec la Grande Loge Initiatique du Rite Ecossais et de Cerneau et le Grand Orient du Congo Brazzaville.

Etaient présentes les délégations suivantes : Grande loge Française de Misraïm – Grande Loge Initiatique du Rite Ecossais et de Cerneau – Grand Orient du Congo Brazzaville – Grande Loge Franco Haitienne – Grande loge des Rites Unis -Prince Hall – Grand Orient Mixte de Méditerranée – Grande Loge Traditionnelle Initiatique – Grand Orient de Roumanie – Grande Loge Symbolique Travaillant au Rite Ecossais Primitif – Grande Loge symbolique d’Espagne – Grande Loge Symbolique de France – Fédération Memphis Misraïm – Grande Loge Egyptienne d’Italie.

UN NOUVEAU GRAND MAITRE POUR LA GLMN : Le Très Respectable Frère Philippe NICOLAS

Son parcours de vie :

Né le 04/07/1959 à Saint Brieuc dans les côtes d’Armor, Philippe Nicolas rejoint l’Armée de l’Air en octobre 1979 comme élève pilote. (Cap 10, Fouga Magister, Alphajet et Mystere IV). Breveté en 1981, il rejoint l’Escadron de chasse 03/003 « Ardennes » de Jaguar à Nancy Ochey en 1982.
Après plusieurs campagnes en Afrique la dernière en 1986, Guerre du Golf, Campagne au Rwanda et en Turquie comme chef de détachement, il devient instructeur jaguar à l’académie de Saint Dizier, escadron de chasse 02/007 en 1985, puis pilote sur la base d’Istres et instructeur sur Boing C 135FR.

Il quitte l’Armée de l’Air en 1996, obtient une Licence anglaise de pilote de ligne en 96/97 à Londres et devient commandant de bord dans diverses compagnie. Sa carrière aéronautique s’achève en 2010.

Il crée une agence spécialisée dans la sécurité extérieure dans le Sud-Est puis gestion de cette agence jusqu’en juin 2024.

Il est elevé au rang de Chevalier de Légion d’Honneur, a été décoré de la Médaille de l’Aéronautique, de la Croix de Guerre d’Outremer et a reçu la Médaille d’Argent de la Défense Nationale.

Son parcours Maçonnique :

Philippe NICOLAS entre en 2011 en maçonnerie au Droit Humain à la RL La Chaine d’Union, Orient d’Aix en Provence et est initié à l’âge de 52 ans le 24 Novembre 2011. De 2014 à 2016, il intègre la Grande Loge des Cultures et Spiritualité GLCS, puis en 2016 la Grande Loge Mixte Nationale où il devient Maitre le 25 avril 2016, Cette même année, il est membre fondateur de la RL « La Voie Lactée » à l’Orient d’Aix.

En 2020 il devient Conseiller Fédéral Adjoint sous l’autorité du Passé Sérénissime Grand Maître Olivier de Lespinats, période pendant laquelle il est chargé de refaire la mise en page des rituels du REAA . Dans le même temps, il crée la loge magistrale « Les Portes de Qumràn ».

En 2022 il est nommé Grand Expert sous le mandat du Passé Grand Maître Immédiat Jean-Marc Milan.

Le 18 mai 2025, il est élu Sérénissime Grand Maître de la Grande Loge Mixte Nationale.

Le Troisième Œil et la Franc-Maçonnerie – Une Réflexion sur le Mal

De notre confrère elnacional.com

« Le mal de notre temps est la perte de conscience du mal », observait le penseur indien Jiddu Krishnamurti, une réflexion qui résonne profondément dans notre société contemporaine, marquée par une quête effrénée de matérialisme et d’individualisme. En franc-maçonnerie, cette idée nous interpelle directement, car notre démarche initiatique vise précisément à élever la conscience pour atteindre ce que nous appelons le Troisième Œil – non pas une entité mystique, mais un symbole de l’éveil spirituel, de la vision intérieure qui transcende les illusions du monde profane. Pourtant, ce chemin vers la lumière est semé d’embûches, et parmi elles, le « mal » occupe une place centrale.

Krishnamurti dans les annees 1920

Si les religions traditionnelles associent le mal au péché, le présentant comme une voie vers l’enfer – un sujet que nous explorerons dans un prochain article –, la franc-maçonnerie propose une approche plus nuancée. Pour un maçon, le mal n’est pas une force surnaturelle ou démoniaque, mais un ensemble de défauts humains, ces « ennemis intérieurs » qui nous éloignent de l’harmonie et de la lumière : l’ego, le pouvoir, le fanatisme, le dogmatisme, l’ambition excessive et l’hypocrisie. Pour avancer sur le chemin initiatique, il est essentiel de comprendre ces obstacles, de les analyser et d’apprendre à les maîtriser.

Les Ennemis Intérieurs : Une Menace pour l’Initiation Maçonnique

Freud

Examinons ces ennemis un par un, en les replaçant dans le contexte maçonnique pour mieux saisir leur impact sur notre quête de lumière. L’ego, tel que défini par Sigmund Freud comme la conscience de sa propre identité, est un moteur ambigu. Dans sa forme positive, il nous pousse à chercher la vérité, à nous interroger sur nous-mêmes et à progresser dans notre travail maçonnique. Mais lorsqu’il se transforme en égoïsme, il devient destructeur. Un maçon dominé par son ego pourrait, par exemple, monopoliser la parole lors d’une tenue pour se mettre en avant, cherchant l’admiration de ses frères au lieu de contribuer à l’édifice collectif. Ce besoin constant de reconnaissance est l’antithèse de l’humilité maçonnique, qui nous enseigne que la véritable grandeur réside dans le service et l’écoute.

Max Weber en 1894

Le pouvoir, selon le sociologue Max Weber, est la capacité d’imposer sa volonté, même contre toute résistance. En franc-maçonnerie, le pouvoir peut être un outil au service de l’harmonie lorsqu’il est exercé avec sagesse, comme dans le rôle du Vénérable Maître, qui guide la loge avec bienveillance. Mais il devient un ennemi lorsqu’il est mal utilisé : un officier de loge qui privilégie son autorité personnelle sur le bien-être de ses frères trahit les idéaux maçonniques. Le dogmatisme, quant à lui, se caractérise par une rigidité intellectuelle, une croyance en des vérités absolues qui refusent toute critique. Ce défaut, fréquent dans les institutions religieuses ou idéologiques, peut aussi s’infiltrer dans la franc-maçonnerie lorsqu’un frère s’accroche à une interprétation figée des rituels – par exemple, en refusant d’admettre qu’un symbole comme le compas peut avoir des significations multiples selon les perspectives.

Sisyphe poussant sa pierre

L’ambition débridée est un autre ennemi redoutable. En franc-maçonnerie, l’ambition peut être louable lorsqu’elle se traduit par un désir sincère de progresser sur le chemin initiatique, de passer de l’apprentissage à la maîtrise. Mais lorsqu’elle devient un désir insatiable de grades, de titres ou de reconnaissance, elle corrompt l’esprit maçonnique. Un maçon qui recherche le grade de Maître non pour approfondir sa quête intérieure, mais pour le prestige qu’il confère, s’éloigne de la lumière. Enfin, l’hypocrisie, que Ralph Waldo Emerson décrivait comme un manque de cohérence entre nos paroles et nos actes, est un poison subtil. Combien de maçons prêchent la tolérance en loge, mais agissent avec intolérance dans le monde profane ? Cette duplicité, souvent inconsciente, nous empêche de polir véritablement notre pierre brute et de nous rapprocher de l’idéal maçonnique.

Le Mal comme Absence de Lumière : Une Perspective Philosophique et Maçonnique

Dans une perspective maçonnique, le mal n’est pas une entité métaphysique, mais une absence – absence de bonté, absence de lumière, absence de conscience. Saint Augustin d’Hippone, dont les écrits ont influencé de nombreux penseurs maçonniques, affirmait que « le mal est l’absence du bien », une idée qui résonne avec la vision maçonnique de la quête de lumière. Socrate, dans son intellectualisme moral, allait plus loin en identifiant le mal à l’ignorance : pour lui, nul ne fait le mal volontairement, mais par manque de connaissance du bien. Cette perspective est particulièrement pertinente en franc-maçonnerie, où la quête de connaissance – symbolisée par le travail sur la pierre brute – est au cœur de l’initiation. L’ignorance, en nous éloignant de la vérité, nous maintient dans l’obscurité, loin de la lumière du Grand Architecte de l’Univers.

le 3e oeil

En psychologie moderne, le mal se manifeste à travers ce qu’on appelle le « facteur obscur de la personnalité », un ensemble de traits destructeurs qui reflètent un manque de bonté et de compassion. Parmi ces traits, on trouve l’égoïsme, qui sacrifie autrui pour son propre bénéfice ; le machiavélisme, qui manipule sans scrupules ; le narcissisme, qui exalte un sentiment de supériorité ; le sadisme, qui prend plaisir à humilier ; ou encore l’envie, qui convoite ce que les autres possèdent. Ces « agrégats psychologiques », comme les nommait le maître gnostique Samaël Aun Weor, sont des chaînes qui nous attachent à la colonne Boaz, nous empêchant d’atteindre l’équilibre de la colonne centrale. En franc-maçonnerie, ces défauts sont perçus comme des obstacles à l’éveil de la conscience, des ombres qui obscurcissent notre Troisième Œil.

Un maçon confronté à ces traits pourrait, par exemple, ressentir de l’envie face à un frère qui progresse plus rapidement dans son parcours initiatique, ou de l’arrogance en pensant que son interprétation d’un symbole est la seule valable. Ces émotions, si elles ne sont pas maîtrisées, créent des tensions en loge et freinent la croissance collective. La franc-maçonnerie nous enseigne que le mal, au fond, est un éloignement de notre essence spirituelle, une rupture entre notre corps physique et notre esprit. Un homme dominé par ces défauts vit dans un état de conscience inférieur, déconnecté de la Grande Énergie Universelle – cette force que les maçons nomment parfois le Grand Architecte de l’Univers, source de tout bien et de toute lumière.

La Réponse Maçonnique : Contrôler et Équilibrer pour Vivre au Centre

Face à ces ennemis intérieurs, la franc-maçonnerie propose une approche pragmatique, profondément enracinée dans sa symbolique et ses rituels. Contrairement à certaines traditions spirituelles qui prônent l’éradication totale des défauts – une quête illusoire, car la perfection humaine est hors de portée –, les maçons cherchent à les contrôler pour vivre « au centre ». Ce concept, central dans les rituels maçonniques, est symbolisé par la colonne centrale, l’axe d’équilibre entre Jakin et Boaz, entre la force et la sagesse, entre l’action et la contemplation. Vivre au centre, c’est reconnaître ses défauts sans se laisser dominer par eux, les maîtriser par un travail constant d’introspection et de réflexion.

Prenons l’exemple d’un maçon confronté à son ambition débridée : au lieu de nier ce défaut, il peut le transformer en une ambition positive, celle de progresser dans sa quête intérieure et de contribuer au bien-être de sa loge. Un apprenti qui ressent de l’envie face à un frère plus avancé peut transformer ce sentiment en une émulation fraternelle, en se demandant : « Comment puis-je, moi aussi, approfondir ma compréhension des symboles ? » De même, l’ego, lorsqu’il est canalisé, devient un outil pour avancer sur le chemin initiatique, en nous poussant à nous dépasser, à poser des questions et à chercher des réponses. Mais cela exige un travail patient : la méditation, la tenue régulière en loge, l’écoute des planches des frères, et même des pratiques comme le yoga ou la contemplation silencieuse sont autant de moyens de polir notre pierre brute.

La franc-maçonnerie, dans des rites comme le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), met l’accent sur cet équilibre. Lors de l’initiation au premier degré, le passage dans le cabinet de réflexion est un moment clé : seul face à lui-même, le profane est invité à se confronter à ses défauts, à ses peurs, à son ego, pour mieux les comprendre et les maîtriser. Ce travail ne s’arrête jamais : même un Maître Maçon, après des années de pratique, doit continuer à se remettre en question, car l’initiation est un chemin sans fin, un voyage vers la lumière qui demande humilité et persévérance.

Le Troisième Œil comme Voie de Sagesse

Baruch Spinoza

Le Troisième Œil, dans la tradition maçonnique, est l’éveil de la conscience, une vision intérieure qui transcende les illusions du mal et de l’ego. Pour l’atteindre, nous devons d’abord identifier les défauts qui nous en éloignent : l’ego, le pouvoir, le dogmatisme, l’ambition débridée et l’hypocrisie. En les contrôlant, nous pouvons vivre au centre, dans cet équilibre qui est le cœur de la démarche maçonnique. Comme le disait Baruch Spinoza, « la connaissance du mal est une connaissance inadéquate » : seule une quête sincère de lumière, guidée par l’humilité, la fraternité et l’amour, peut nous mener à la véritable sagesse. Les ouvriers d’Hiram Abiff, en travaillant à leur propre perfectionnement, contribuent à bâtir le temple universel de la conscience éveillée, un temple où le mal n’a plus de prise, car il est remplacé par la lumière de la vérité et de l’unité.

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Pierre Plantard : un maçon au passé trouble, entre ésotérisme et extrême droite

Une Vie Marquée par la Controverse

Pierre Athanase Marie Plantard (1920-2000), connu pour ses prétentions à une ascendance mérovingienne et pour avoir orchestré la mystification du Prieuré de Sion, est une figure complexe et controversée. Né à Paris dans une famille modeste – son père était majordome, sa mère cuisinière –, il quitte l’école à 17 ans pour devenir sacristain à l’église Saint-Louis-d’Antin, dans le 9e arrondissement de Paris. Dès ses jeunes années, Plantard s’engage dans des associations d’extrême droite, fondant des groupes comme Rénovation nationale française et Alpha Galates, marqués par un discours antisémite et antimaçonnique, paradoxalement, au vu de son futur parcours.

Une Initiation Éphémère au Grand Orient de France

Le 8 juillet 1951, Pierre Plantard est initié au Grand Orient de France (GODF) par la loge L’Avenir du Chablais, à Ambilly, près de la frontière suisse. Cette initiation, qui pourrait sembler incongrue pour un homme aux idées ultranationalistes, s’inscrit dans une période de sa vie où il cherche à élargir son réseau et à légitimer ses ambitions ésotériques. Le GODF, obédience maçonnique libérale et progressiste, prône des valeurs humanistes et républicaines, en opposition directe avec les idéaux de l’extrême droite. Cette adhésion, cependant, est de courte durée : Plantard est exclu dès janvier 1954, sur décision du conseil de l’ordre, probablement en raison de ses agissements controversés et de ses activités politiques incompatibles avec les principes du GODF.

Un Passé Trouble et des Accointances avec l’Extrême Droite

Le passé de Pierre Plantard est marqué par des engagements troubles, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale. En décembre 1940, il se présente comme dirigeant de Rénovation nationale française et propose ses services au régime de Vichy, dénonçant un prétendu « complot judéo-maçonnique » dans une lettre au maréchal Pétain. En 1941, il tente de s’approprier un local appartenant à un juif anglais, avec l’appui supposé des autorités allemandes – une requête refusée. En 1942, il fonde l’Ordre Alpha Galates, un groupe antisémite et antimaçonnique, qui publie la revue Vaincre – Pour une jeune chevalerie. Cette initiative lui vaut une condamnation à quatre mois de prison à Fresnes en 1943, pour avoir défié l’interdiction des autorités allemandes. À la Libération, Plantard tente de réécrire son histoire, présentant ses organisations comme des groupes de résistance, une affirmation qui ne trompe guère les observateurs.

Son engagement dans l’extrême droite ne s’arrête pas là. Dès 1937, à l’âge de 17 ans, il fonde des associations ultranationalistes comme l’Union française, prônant une « révolution nationale » basée sur l’antisémitisme. Ces activités, bien que marginales – Alpha Galates ne comptait qu’une cinquantaine de membres, dont la plupart se désengagèrent rapidement –, révèlent une idéologie en contradiction avec les valeurs maçonniques qu’il prétendra plus tard défendre.

Le Prieuré de Sion : Une Mystification Ésotérique

C’est dans les années 1950 que Pierre Plantard se réinvente en figure ésotérique. En 1956, il fonde le Prieuré de Sion à Annemasse, une association officiellement dédiée à la construction de logements sociaux, mais qui deviendra le socle d’une vaste mystification. Plantard prétend que le Prieuré est une société secrète millénaire, fondée en 1099 par Godefroy de Bouillon, et qu’il est lui-même un descendant de Dagobert II, roi mérovingien, et un prétendant légitime au trône de France. Avec son complice Philippe de Chérisey, il fabrique les Dossiers secrets d’Henri Lobineau, déposés à la Bibliothèque nationale dans les années 1960, pour étayer ses affirmations.

Cette fable, popularisée par le livre L’Énigme sacrée de Henry Lincoln, Michael Baigent et Richard Leigh en 1982, puis par Da Vinci Code de Dan Brown en 2003, a séduit un large public. Mais elle est largement reconnue comme une imposture par les historiens. En 1993, interrogé par la justice dans le cadre de l’enquête sur la mort de Roger-Patrice Pelat, Plantard avoue avoir falsifié des documents, notamment ceux liant Pelat au Prieuré. Il est alors sommé de cesser ses activités frauduleuses.

Une Figure Insaisissable et Controversée

Pierre Plantard reste une énigme. Son initiation au GODF, bien que brève, soulève des questions : cherchait-il une légitimité maçonnique pour ses projets ésotériques, ou une façade pour masquer ses ambitions politiques ? Son passé d’extrême droite, ses condamnations judiciaires (notamment pour abus de confiance en 1953) et ses mystifications révèlent un homme prêt à manipuler les récits historiques et spirituels pour se construire une aura de grandeur. Certains, comme l’écrivain Jean-Luc Chaumeil, qui fut un temps proche de Plantard avant de dénoncer ses mensonges, le décrivent comme un manipulateur habile, mais peu crédible.

Plantard s’éteint en 2000, laissant derrière lui un héritage ambigu. Si son Prieuré de Sion continue de fasciner les amateurs de mystères, il est avant tout le symbole d’une époque où les récits ésotériques pouvaient encore captiver les imaginations, même lorsqu’ils reposaient sur des bases fragiles. Pour les maçons du GODF, son passage dans leurs rangs reste une anomalie, un rappel que même les institutions les plus progressistes ne sont pas à l’abri des imposteurs.

3 clous 3 vices, le maître a-t-il fondé l’ordre ?

La légende fondatrice de la franc-maçonnerie parle d’un sacrifice et puis d’un héritage. Beaucoup d’autres récits fondateurs sont basés sur le même schéma. Qui est sacrifié et pourquoi ? Est-ce le maître qui a fondé l’ordre par son sacrifice ? Et si ce n’est pas lui, qui est-ce ? 

Trois clous 

Selon les récits du Nouveau Testament, Jésus aurait été crucifié avec trois clous. Des légendes courent à leur propos, ils ont fait l’objet d’un véritable culte : le triclavianisme. Ils  ont été retrouvés, puis conservés dans des sanctuaires disséminés un peu partout dans le monde chrétien, quand on refait le compte : tellement disséminés qu’ils sont maintenant au nombre de onze. Gardons les trois premiers. Chacun d’entre eux représente quelque chose de particulier qui dit une dimension de  la figure du Christ. Le premier des clous représente l’obéissance à Dieu. C’est une symbolique verticale. Le deuxième sgnifie l’amour de l’humanité. C’est une symbolique horizontale. Enfin, le  troisième parle du péché des hommes. Il se situe donc sur une verticale inversée, c’est un refus d’obéissance par rapport au premier. Le sacrifice de Jésus  est dû à une traîtrise, celle de Judas Iscariote. Drôle de traîtrise puisqu’elle semble consentie,  Jésus lui dit, au moment où il va commettre cette trahison «Ce que tu as à faire, fais-le vite!» (Jean 13:27). D’autant plus consentie que son destin est inéluctable, il a été annoncé par les prophètes et c’est justement en accomplissant ce qui est annoncé que le Messie doit se faire reconnaître comme tel. Matthieu rapporte ces propos (Mt 5,17) : “je ne suis pas venu abolir mais accomplir”. Dans un poème de 1458 Jean MICHEL met en scène un dialogue entre Jésus et sa mère. Elle cherche à le détourner du supplice qui l’attend, il lui explique qu’il ne peut pas s’y soustraire et termine son argument sur cette sentence : “Accomplir faut les écritures”.

Vingt-trois coups 

Jules César fut assassiné lors des ides de mars, le 15 de l’an 44 par vingt-trois coups de stilet. L’histoire rapporte que trois fois, avant cet assassinat, il avait tenté de se faire couronner roi, en faisant déposer symboliquement sur ses statues à Rome : une couronne de laurier. C’est cette accusation de vouloir se faire roi  qui justifie le complot et l’assassinat. A sa fondation en 753 Rome était une royauté.  Elle est devenue une république en 509 et depuis s’efforçait d’empêcher que qui que ce soit ne cherche à monter sur le trône. Mais César rêvait d’y parvenir. Le jour de son assassinat, par trois fois, des signes annonciateurs ont tenté de l’avertir pour qu’il échappe à son destin. L’haruspice, maître des oracles, l’avait averti de se méfier des ides de mars.  Le matin même sa femme Calpurnia lui avait parlé d’un rêve prémonitoire qu’elle venait de faire, où elle le voyait mourir. En entrant dans la Curie, un de ses collaborateurs lui avait tendu un message portant le nom de tous les conjurés qui l’attendaient à l’intérieur. César n’a pas voulu le lire. Il était coutumier du fait : défier le destin. Cette fois-là, cela n’a pas marché. Peut-on dire qu’il est allé au-devant de son destin en connaissance de cause ? Vingt-trois coups de poignard. 

Penn Libraries call number: Inc B-720

Trois vices 

Le maître de la franc-maçonnerie est tombé lui aussi sous les coups, par  trois compagnons désignés comme traîtres. Chacun de ces coups représente un vice, c’est-à-dire au sens latin du terme : une faiblesse. Le premier de ces vices est l’ignorance. Le deuxième est le fanatisme et le troisième : l’ambition. Dans certains rites, chacun de ces vices est attribué à un officier de la loge. L’ignorance revient au Premier Surveillant, celui qui symbolise la verticale du fil à plomb. Le fanatisme au Second Surveillant, celui qui marque l’horizontale du niveau. Et l’ambition revient au Vénérable Maître, installé lui aussi dans la verticalité. Dans d’autres rites le premier outil est la règle, celle qui impose l’obéissance (1er clou), le deuxième est l’équerre qui donne le carré, base de la construction (2ème clou : l’humanité) et le troisième outil, le maillet, qui décide du verdict : absoudre ou condamner les péchés des hommes (3è clou). Le maître fondateur de la franc-maçonnerie aurait pu lui aussi échapper à son destin, soit en accédant aux volontés des trois mauvais compagnons, soit en négociant, soit en rusant, soit en utilisant la force…il ne l’a pas fait. Faut-il comprendre qu’il a lui aussi accepté son sort, s’il ne l’a pas carrément provoqué ?  

Mais le maître a-t-il fondé l’ordre ? 

On dirait que non.  Jésus n’a pas fondé le christianisme, autant qu’on le sache par la tradition, mais aussi par l’histoire. Il était  un prédicateur juif un peu dissident, comme il existait beaucoup d’autres à son époque. Le succès, qui a fait de son enseignement une religion,  est arrivé après, bien après sa mort. Au cours du Iᵉʳ siècle d’abord,  par transmission orale de récits colportés par des témoins, puis par des gens qui avaient entendu les témoins, puis par des gens qui avaient entendu les récits. Les premières communautés embryonnaires se sont constituées au cours de cette période et se sont répandues en diaspora. C’est sous l’empereur Constantin, avec le concile de Nicée en 325 que le christianisme s’est organisé véritablement comme religion, comme religion. Elle a rassemblé ce qui était épars, elle a pris une organisation matérielle et elle a institué son dogme, son premier credo dans lequel tous les chrétiens étaient censés se reconnaître. Il y eut aussi le Concile de Trente de 1545 à 1563 où il a fallu resserrer les boulons du dogme après l’apparition du protestantisme. Ce sont donc les successeurs du Christ lui-même qui ont fait ce travail de construction, pas lui. D’ailleurs, le Christ n’était pas chrétien.

César n’a pas fondé l’Empire Romain 

“Empereur” vient du latin “imperator”, qui ne veut pas dire empereur, à l’origine, mais : général en chef. Pour devenir empereur, au sens où on l’entend maintenant, il a fallu fusionner deux fonctions, celle de général en chef, gouvernant toutes les armées, et celle de dictateur. Dans la République romaine, en cas de crise, on pouvait nommer un citoyen, en général l’un des deux consuls, “dictateur”’, lui donnant les pleins pouvoirs sur la politique, le temps de résoudre la crise Puis les choses reprennaient leur état normal.  César était général en chef, il venait de se faire nommer dictateur, il n’était pas loin du but. Mais il n’y était pas et le titre d’empereur n’existait pas. En son hommage, tous les empereurs romains qui lui ont succédé se sont appelés “César”. C’était leur titre officiel, depuis l’historien Suétone on parle des “12 Césars”. Le terme plus tard a donné le titre de Tsar en Russie ou celui de Kaiser en Prusse. Le seul César qui ne fut pas empereur était César lui-même. Alors qui a fondé l’Empire Romain après la mort de César ? Ce n’est pas Brutus, le fils maudit qui n’était pas son fils. Brutus, le chef des conjurés qui a porté le premier coup mortel, celui à qui est adressé cette dernière parole en grec : Kai su Teknon, qui veut dire : toi aussi mon garçon (et non pas toi aussi mon fils). Le meurtrier du père a continué de mener sa guerre au nom de la République pendant quinze ans contre ceux qui voulaient l’empire, et quand il l’a crue perdue, il s’est fait justice lui-même en se donnant la mort (tu quoque, Abibalc !….). Ce n’est pas Brutus qui a fondé l’Empire mais le fils adoptif de César, Octave. Bien sûr, celui-ci n’avait pas participé au complot. Au contraire, il  a combattu et pourchassé Brutus jusqu’à l’expiation du crime. Puis a mis fin à la guerre civile en montant sur le trône sous le nom d’Auguste, le premier des césars. 

Hiram a-t-il fondé la franc-maçonnerie ?

Bien sûr, le pasteur Anderson ne connaissait pas Freud, mais Freud connaissait le pasteur Anderson puisqu’il semble bien qu’il ait été franc-maçon, initié en 1897 dans la loge Wien qui appartenait à l’ordre de  B’nai B’rith. De là à penser que l’histoire de la horde primitive éclaire celle d’Hiram, il n’y a qu’un pas, un pas de maître, bien sûr. Ceux qui ont conçu cette légende étaient imprégnés de culture biblique, Ancien et Nouveau Testament, et aussi d’histoire antique, grecque et romaine et bien d’autres légendes qui tournent toutes autour des mêmes symboles : il faut que le maître meure pour que son destin s’accomplisse. La mort le fait passer dans l’éternité et les symboles se révèlent alors, au nombre de trois, toujours. 

Dans Totem et Tabou,  Freud raconte l’histoire de ce qu’il appelle la Horde Primitive, qui aurait été une première tribu d’humains, dans lesquels le père se serait accaparé tous les pouvoirs, toutes les ressources, toutes les femmes. Les fils, ulcérés de la tyrannie du père, auraient résolu de l’assassiner. Tous complotistes, tous coupables. Mais une fois leur crime perpétré, ils se seraient trouvés saisis de remords et de crainte. Si l’un d’eux venait à occuper à son tour la place du père, il risquait de finir comme lui. Ils résolurent de changer de régime et de mettre en place une sorte de république des frères, à l’horizontale, à égalité. Quant au père, il a survécu sous la forme d’une figure symbolique, celle d’un totem, celui qui avait fondé la tribu par son sacrifice et continuait de l’unifier bien après sa mort. L’histoire de la Horde Primitive n’est pas plus vraie que celle d’Hiram. Mais c’est sans doute sur  modèle de ce genre-là que la franc-maçonnerie a été créée.

Les nouveaux gourous existentiels : une menace contemporaine ou une réponse à la quête de sens ?

Inspiré (entre autre) de l’enquête du Point

Dans une société en perpétuelle quête de repères, marquée par des bouleversements technologiques, sociaux et environnementaux, une nouvelle figure émerge : le « gourou existentiel ». Ce terme, popularisé récemment dans un article du Point publié le 20 mai 2025, désigne des leaders charismatiques qui exploitent les failles psychologiques et les aspirations spirituelles des individus en quête de sens. Ces nouveaux gourous, loin des stéréotypes des chefs sectaires traditionnels, s’adaptent aux attentes contemporaines en proposant des discours centrés sur l’humain, la santé, l’écologie ou encore la spiritualité.

Mais qui sont-ils vraiment, et comment s’inscrivent-ils dans notre époque ? Cet article explore en profondeur ce phénomène, ses origines, ses mécanismes, ses dangers et les réponses possibles pour y faire face.

Un contexte propice à l’émergence des gourous existentiels

Infirmière totalement gantée et protégée en laboratoire
Infirmière totalement gantée et protégée en laboratoire

Le concept de « gourou existentiel » trouve ses racines dans un monde en pleine mutation. Comme le souligne l’article du Point, la pandémie de Covid-19, les avancées rapides de l’intelligence artificielle et les crises écologiques ont profondément ébranlé les repères traditionnels. Ces bouleversements ont amplifié les questionnements existentiels : peur de la mort, quête de liberté, besoin de responsabilité individuelle et recherche d’un sens à la vie. Dans ce vide spirituel et social, les gourous existentiels prospèrent en proposant des réponses apparemment simples à des problématiques complexes.

Sai Bhargavi Vedula

Sai Bhargavi Vedula, chercheuse indienne citée dans l’article, propose un cadre théorique autour du « leadership existentiel ». Selon elle, ce type de leadership, initialement pensé pour le monde du travail, peut être détourné pour répondre aux aspirations des adeptes de mouvements sectaires. En mettant l’accent sur des thèmes universels comme la finitude humaine, la liberté de choix ou la créativité, ces leaders captent l’attention de populations désorientées. Contrairement aux gourous des années passées, souvent associés à des doctrines religieuses rigides, les gourous existentiels adoptent une approche plus fluide, utilisant une « novlangue » accessible et des promesses de « réincarnation intérieure » ou de « guérison spirituelle ».

Les quatre piliers du gourou existentiel

D’après les travaux de Sai Bhargavi Vedula, les gourous existentiels s’appuient sur quatre axes majeurs pour asseoir leur influence :

  1. La confrontation à la finitude : La mort, qu’elle soit biologique ou symbolique (comme la fin d’une carrière), est un thème central. Ces leaders incitent leurs adeptes à accepter l’anxiété liée à la finitude pour en faire un moteur de transformation personnelle. Par exemple, ils peuvent présenter la peur de la mort comme une opportunité pour « libérer son potentiel créatif ».
  2. La liberté et la responsabilité : Les gourous existentiels insistent sur l’idée que chaque individu est libre de ses choix et responsable de donner un sens à sa vie. Ce discours, séduisant dans une société individualiste, peut toutefois glisser vers une manipulation, où l’adepte se sent coupable de ne pas atteindre les idéaux proposés.
  3. La quête de sens : Dans un monde où les institutions traditionnelles (religions, politiques) peinent à répondre aux aspirations modernes, ces gourous offrent des récits simplifiés qui promettent un avenir meilleur, souvent teinté d’écologie ou de bien-être.
  4. La connexion humaine : En s’appuyant sur des discours centrés sur l’humain, ils créent un sentiment d’appartenance, exploitant le besoin fondamental de lien social.

Ces quatre piliers, bien que fondés sur des vérités psychologiques universelles, deviennent des outils de manipulation lorsqu’ils sont utilisés pour instaurer une emprise mentale. Comme le note l’article, ces gourous savent « reconnaître et exploiter les failles » des individus, en particulier dans un contexte où l’esprit critique est parfois affaibli par le flux constant d’informations numériques.

Une stratégie adaptée à l’ère numérique

Hommes du Ku,Klux,Klan en réunion
Hommes du Ku,Klux,Klan en réunion

L’évolution des gourous existentiels est indissociable de l’essor des technologies numériques. Contrairement aux « gourous d’il y a vingt ans » qui s’appuyaient sur des livres ou des cassettes, comme le souligne une spécialiste du monde des sectes, les nouveaux gourous maîtrisent les réseaux sociaux. Ils utilisent des plateformes comme Instagram, TikTok ou YouTube pour diffuser leurs messages, souvent sous la forme de contenus inspirants ou de coaching personnel. Cette « ubérisation » des dérives sectaires, évoquée dans un article du Point datant de 2021, rend leur influence plus insidieuse et difficile à détecter.

Les étapes de l’emprise restent toutefois similaires : une phase d’approche (souvent via des vidéos motivantes ou des webinaires gratuits), une phase de séduction (promesses de transformation personnelle) et une phase de soumission (adhésion à une doctrine ou à un individu). La différence réside dans la rapidité et l’échelle de cette influence :

un simple post sur les réseaux sociaux peut atteindre des milliers de personnes en quelques heures, amplifiant le pouvoir de ces figures.

Des promesses séduisantes, mais dangereuses

Siège de la Scientologie à Los Angeles
Siège de la Scientologie à Los Angeles

Les gourous existentiels se distinguent par leur capacité à s’adapter aux préoccupations contemporaines. Ils ne se contentent plus de proposer des dogmes religieux, mais surfent sur des thématiques en vogue : santé naturelle, écologie, développement personnel ou encore spiritualité laïque. Par exemple, certains prônent des pratiques comme le jeûne prolongé ou le crudivorisme, présentées comme des solutions miracles pour purifier le corps et l’esprit. Ces pratiques, bien qu’apparemment inoffensives, peuvent conduire à des dérives graves, comme des troubles alimentaires ou des risques pour la santé.

Un article du Point de 2021 mettait déjà en garde contre les « gourous 2.0 » qui échappent à la justice en raison de la difficulté à qualifier l’emprise mentale, surtout lorsqu’elle s’exerce à distance via des écrans. Les victimes, souvent isolées derrière leur ordinateur ou leur smartphone, peinent à reconnaître la manipulation. De plus, la légitimité accordée à certaines pratiques alternatives par des figures publiques ou des politiques, comme le souligne un autre article du Point, complique la lutte contre ces dérives.

La Franc-maçonnerie pourrait-elle être une secte ?

La question de savoir si la Franc-maçonnerie pourrait être assimilée à une secte, ou à un mouvement similaire aux gourous existentiels, revient fréquemment dans les débats sur les organisations ésotériques ou initiatiques. La Franc-maçonnerie, avec ses rituels, son organisation hiérarchique et son caractère discret, suscite parfois des suspicions de dérives sectaires.

Cependant, plusieurs éléments permettent de nuancer cette idée.

Delta lumineux sur PC portable
Delta lumineux sur PC portable

D’une part, la Franc-maçonnerie, fondée sur des principes de réflexion philosophique, de fraternité et d’amélioration personnelle, ne correspond pas strictement à la définition d’une secte. Une secte se caractérise par une emprise mentale, une rupture avec l’environnement social de l’adepte et une soumission à un leader charismatique. La Franc-maçonnerie, bien que dotée de structures organisées et de rituels symboliques, met généralement l’accent sur la liberté de pensée et n’impose pas de doctrine unique. Ses membres sont encouragés à réfléchir par eux-mêmes, ce qui contraste avec les mécanismes d’emprise des gourous existentiels.

D’autre part, certaines critiques pointent le secret entourant les activités maçonniques, qui peut alimenter des soupçons de manipulation ou d’influence occulte. Dans un article du Point datant de 2018, des témoignages faisaient état de pressions au sein de certaines loges, où des membres auraient été poussés à adopter des comportements conformes aux attentes du groupe.

Cependant, ces cas sont totalement marginaux et ne reflètent absolument pas l’ensemble des obédiences maçonniques, qui varient considérablement dans leurs pratiques.

En comparaison avec les gourous existentiels, la Franc-maçonnerie ne repose pas sur un individu charismatique unique, mais sur une structure collective. Elle ne promet pas de « solutions miracles » ni de transformations immédiates, mais propose un cheminement progressif à travers des rituels et des débats. Toutefois, dans un contexte de méfiance croissante envers les institutions, certains pourraient percevoir des similitudes avec les mouvements sectaires, notamment en raison de l’opacité perçue.

En réalité, la Franc-maçonnerie, bien qu’imparfaite, s’inscrit davantage dans une tradition de réflexion philosophique que dans une logique de manipulation.

Un défi pour les institutions et la société

Marionnette et main de marionnettiste
Marionnette et main de marionnettiste

Face à l’émergence de ces nouveaux gourous, les institutions peinent à réagir. En France, l’Assemblée nationale s’est saisie de la question, comme le rapporte une émission d’ARTE datée de février 2024, qui évoquait les « gourous 2.0 » capables de « contrôler les esprits » en exploitant les peurs et la recherche de solutions simples. Pourtant, la qualification juridique de l’emprise mentale reste complexe, et les réseaux sociaux offrent un terrain fertile pour ces manipulateurs.

Pour contrer ce phénomène, plusieurs pistes sont envisagées :

  • Renforcer l’éducation à l’esprit critique : Dans un monde saturé d’informations, apprendre à questionner les sources et les discours est essentiel. Les écoles et les médias ont un rôle à jouer pour promouvoir une pensée analytique.
  • Surveiller les plateformes numériques : Les réseaux sociaux doivent renforcer leurs mécanismes de détection des contenus manipulateurs, bien que cela soulève des questions sur la liberté d’expression.
  • Soutenir les victimes : Des associations comme l’Unadfi jouent un rôle crucial en accompagnant les personnes sous emprise, mais elles manquent souvent de moyens.
  • Légiférer : Une clarification juridique de l’emprise mentale pourrait faciliter les poursuites contre ces nouveaux gourous, tout en évitant les dérives autoritaires.

Une réflexion sociétale nécessaire

L’émergence des gourous existentiels reflète une crise plus large : celle d’une société en quête de sens dans un monde incertain. Comme le souligne l’article du Point, ces figures exploitent les failles d’une population parfois désabusée, en manque de repères. Mais elles posent aussi une question fondamentale : pourquoi tant de personnes se tournent-elles vers ces leaders autoproclamés ?

La réponse réside peut-être dans le déclin des institutions traditionnelles et dans l’individualisme croissant, qui laissent un vide que ces gourous comblent avec des promesses séduisantes.

Cependant, il serait réducteur de ne voir dans ce phénomène qu’une menace. Certains « gourous existentiels » peuvent, dans une certaine mesure, répondre à un besoin authentique de connexion et de sens. Le défi est de distinguer les démarches sincères des manipulations dangereuses. Cela nécessite une vigilance collective, mais aussi une réflexion sur la manière dont nos sociétés peuvent offrir des alternatives positives à ceux qui cherchent un but à leur vie.

Que faut-il en conclure ?

Les gourous existentiels, avec leur discours humaniste et leur maîtrise des outils numériques, incarnent une nouvelle forme de manipulation adaptée à notre époque. En exploitant les angoisses existentielles et les aspirations au bien-être, ils captent l’attention d’une population en quête de réponses. Si leur influence peut être séduisante, elle n’en reste pas moins potentiellement destructrice, tant pour les individus que pour la société. Face à ce défi, il est urgent de renforcer l’esprit critique, de soutenir les victimes et de repenser les cadres juridiques et sociaux pour empêcher ces nouveaux manipulateurs de prospérer dans l’ombre des réseaux sociaux.

Comme l’écrivait Charlie Hebdo en 2020, il s’agit de dire « merde » aux nouvelles formes de censure et de dictature, qu’elles viennent de gourous ou d’influenceurs autoproclamés.

Sources :

  • Le Point, « Franc-maçonnerie : entre mythes et réalités », 15 mars 2018.
  • Le Point, « Sectes : la nouvelle tendance des « gourous existentiels » », 20 mai 2025.
  • Le Point, « Les gourous 2.0 échappent-ils à la justice ? », 5 avril 2021.
  • ARTE, « Faut-il employer la manière forte contre les nouveaux gourous ? », 14 février 2024.
  • Le Point, « Cinq ans après l’attentat, Charlie Hebdo tacle les gourous de la pensée formatée », 7 janvier 2020.

Le prince William consacré Grand Maître de l’ordre du Bain

Une Cérémonie Historique à Buckingham : Un Moment de Solennité

Le prince William, prince de Galles, a été officiellement investi Grand Maître de l’Ordre du Bain lors d’une cérémonie empreinte de solennité et de tradition à Buckingham Palace. Cet événement, qui s’est déroulé dans la majestueuse salle du trône, a réuni des dignitaires, des membres de la famille royale et des représentants de l’Ordre, sous le regard attentif du roi Charles III, père du prince William. Cette investiture marque un jalon significatif dans le rôle honorifique du prince, qui succède à son père dans cette fonction prestigieuse, un rôle que Charles III avait occupé depuis 1974, lorsqu’il était lui-même prince de Galles.

L’Ordre du Bain, l’un des ordres de chevalerie les plus anciens et les plus respectés du Royaume-Uni, célèbre cette année son 300e anniversaire, une coïncidence qui confère à cette investiture une résonance historique et symbolique exceptionnelle.

La cérémonie, rythmée par des traditions séculaires, a débuté par une procession des chevaliers de l’Ordre, vêtus de leurs manteaux bleus ornés de l’étoile d’argent, suivis par le prince William, qui portait pour la première fois les insignes de Grand Maître. Le roi Charles III, dans son rôle de souverain de l’Ordre, a prononcé un discours soulignant l’importance de cette distinction dans la continuité des valeurs britanniques. « L’Ordre du Bain incarne l’honneur et le service, des principes qui guident notre monarchie depuis des siècles », a-t-il déclaré, avant de remettre à son fils le ruban écarlate et le manteau d’apparat, symboles de sa nouvelle charge.

Les Origines et l’Évolution de l’Ordre du Bain : 300 Ans d’Histoire

Fondé en 1725 par le roi George Ier, l’Ordre du Bain tire son nom d’un ancien rituel médiéval où les chevaliers, avant leur adoubement, prenaient un bain symbolique pour se purifier spirituellement et physiquement. À cette époque, l’adoubement était un acte sacré, et ce bain représentait une renaissance morale, un engagement envers les idéaux chevaleresques de courage, de loyauté et d’honneur. Initialement limité à 36 chevaliers, tous issus de l’élite militaire, l’Ordre a été restructuré à plusieurs reprises au fil des siècles. Une réforme majeure intervient en 1815, sous le règne de George IV, après les guerres napoléoniennes, pour répondre à la nécessité de récompenser un plus grand nombre de héros militaires et de fonctionnaires civils. L’Ordre est alors divisé en trois classes – Grand-Croix, Chevalier Commandeur et Compagnon – et s’ouvre aux contributions civiles, notamment dans la diplomatie, les sciences et l’administration.

Aujourd’hui, l’Ordre du Bain compte environ 120 membres, sélectionnés pour leurs services exceptionnels à la Couronne et à la nation. Parmi eux figurent des personnalités éminentes comme le prince Edward, duc d’Édimbourg, frère cadet du roi Charles III, qui a été fait Chevalier Grand-Croix en 2014, ou encore le général américain David Petraeus, ancien directeur de la CIA, honoré la même année pour sa collaboration avec les forces britanniques lors des conflits en Irak et en Afghanistan. Ces nominations illustrent la portée internationale de l’Ordre, qui, tout en restant ancré dans la tradition britannique, récompense des contributions globales à la paix et à la sécurité.

Un Rôle Symbolique pour le Prince William : Entre Tradition et Modernité

Lors de la cérémonie, présidée par le roi Charles III, le prince William a reçu les insignes de Grand Maître : un manteau bleu orné d’une étoile d’argent brodée, un ruban écarlate porté en écharpe sur l’épaule droite, et un badge en or représentant un sceptre et trois couronnes, symboles de la monarchie. Ce titre, bien que symbolique, met en lumière l’engagement du prince envers les valeurs fondamentales de l’Ordre du Bain : l’honneur, le service désintéressé et la loyauté indéfectible envers la Couronne. Dans un communiqué publié par Kensington Palace, le prince William s’est dit profondément honoré par cette distinction. « C’est un immense privilège de succéder à mon père dans ce rôle historique, et je m’engage à servir l’Ordre avec humilité et dévouement », a-t-il déclaré, visiblement ému par la portée de cet héritage.

Cette investiture intervient à un moment clé pour la monarchie britannique, qui s’efforce de concilier tradition et modernité dans un contexte de bouleversements sociaux et politiques. Le prince William, âgé de 42 ans, est depuis longtemps une figure publique engagée, notamment dans des causes comme la préservation de l’environnement – à travers son initiative Earthshot Prize – et la sensibilisation à la santé mentale, avec des campagnes comme Heads Together, qu’il a lancée avec son épouse, la princesse Catherine. En prenant la tête de l’Ordre du Bain, il apporte une touche de modernité à cet ordre tricentenaire, tout en respectant ses racines historiques. Son rôle de Grand Maître inclura la supervision des cérémonies d’investiture, qui se tiennent généralement tous les quatre ans dans la chapelle Henry VII de l’abbaye de Westminster, un lieu emblématique où les chevaliers, portant leurs manteaux bleus et leurs chapeaux ornés de plumes blanches, perpétuent un rituel inchangé depuis des siècles.

300 Ans d’Histoire et de Prestige : Une Célébration Nationale

L’Ordre du Bain a traversé trois siècles d’histoire, s’adaptant aux évolutions de la société tout en conservant son prestige inégalé. À sa création, il était exclusivement réservé à une élite militaire, récompensant les officiers ayant servi avec bravoure lors des conflits du XVIIIe siècle, comme la guerre de Succession d’Espagne. Mais au fil du temps, il s’est ouvert aux civils, devenant un moyen de reconnaître des contributions exceptionnelles dans des domaines aussi variés que la diplomatie, les sciences, les arts ou l’administration publique. Parmi les membres actuels, on trouve des figures comme l’amiral Sir Tony Radakin, chef d’état-major des armées britanniques, qui a joué un rôle clé dans la modernisation des forces armées, et Dame Susan Rice, ancienne présidente de la Banque d’Écosse, distinguée pour son engagement dans la finance durable.

Le tricentenaire de l’Ordre a été célébré avec faste à Londres tout au long de l’année 2025. Une exposition au palais de Kensington, inaugurée par le prince William lui-même, retrace l’histoire de l’Ordre à travers des objets rares : des médailles du XVIIIe siècle, des manteaux d’apparat brodés à la main, et des portraits de chevaliers célèbres, comme l’amiral Horatio Nelson, membre de l’Ordre au début du XIXe siècle. « Cet anniversaire nous rappelle l’importance des traditions qui unissent notre nation, tout en nous incitant à regarder vers l’avenir avec espoir et détermination », a déclaré le prince William lors de l’inauguration. L’exposition, ouverte au public jusqu’à la fin de l’été 2025, a attiré des milliers de visiteurs, témoignant de l’intérêt persistant des Britanniques pour leur patrimoine historique.

Une Monarchie en Transition : Le Prince William, Pont entre Passé et Avenir

L’investiture du prince William comme Grand Maître de l’Ordre du Bain s’inscrit dans une période de transition majeure pour la monarchie britannique. Depuis l’accession au trône de Charles III en novembre 2022, après le décès de la reine Elizabeth II, le prince de Galles a pris des responsabilités croissantes, devenant une figure centrale de la famille royale. À 42 ans, il incarne une nouvelle génération de royaux, plus connectée aux préoccupations contemporaines, tout en assumant des rôles traditionnels qui ancrent la monarchie dans son passé. Cette nouvelle distinction renforce son statut de futur roi, le préparant à assumer un jour la couronne tout en le liant aux traditions qui ont façonné la monarchie britannique pendant des siècles.

Le contexte de cette investiture est également marqué par des défis majeurs pour le Royaume-Uni. La crise économique, exacerbée par l’inflation post-pandémique et les incertitudes liées au Brexit, a creusé les inégalités sociales. Les tensions autour de l’immigration, les débats sur l’indépendance de l’Écosse et les critiques croissantes sur le rôle de la monarchie dans une société moderne ont mis la famille royale sous pression. Dans ce climat, le prince William et la princesse Catherine ont cherché à moderniser l’image de la monarchie, en mettant l’accent sur des causes universelles comme le changement climatique et le bien-être mental, tout en préservant les traditions qui rassurent une partie de la population.

Un Symbole d’Unité dans un Monde en Mutation

En cette année 2025, marquée par les célébrations du tricentenaire de l’Ordre du Bain, le prince William incarne un pont entre le passé glorieux de la monarchie et un avenir incertain. Son investiture comme Grand Maître, bien que symbolique, rappelle le rôle unificateur des traditions honorifiques dans une société britannique confrontée à des défis majeurs. Alors que le Royaume-Uni navigue entre crise économique, tensions sociales et débats sur l’avenir de ses institutions, la présence du prince William à la tête de l’Ordre du Bain offre un message d’espoir et de continuité. En honorant les valeurs d’honneur, de service et de loyauté, il montre que la monarchie, tout en évoluant, reste un pilier de l’identité nationale, capable de rassembler les Britanniques autour d’un héritage commun.

Les Templiers et la Franc-maçonnerie : les secrets d’un héritage occulte

L’histoire officielle des Templiers, ces moines-soldats fondés en 1119 pour protéger les pèlerins en Terre sainte, s’arrête souvent à leur chute dramatique en 1314, orchestrée par le roi de France Philippe le Bel. Accusés d’hérésie, de pratiques occultes et de trahison, les Templiers furent arrêtés, torturés, et leur grand maître, Jacques de Molay, brûlé vif à Paris. Mais derrière cette répression brutale, un transfert discret mais puissant s’est opéré : celui d’un savoir ésotérique, de rites initiatiques et d’une ambition géopolitique soigneusement dissimulée. Ce legs n’a pas disparu avec l’Ordre du Temple. Il s’est métamorphosé, trouvant refuge dans un autre espace de pouvoir occulte : les loges maçonniques.

Un Savoir Ésotérique Préservé

Les Templiers, au-delà de leur rôle de protecteurs, étaient des gardiens de secrets. Leur présence prolongée en Orient, notamment à Jérusalem, les aurait mis en contact avec des traditions ésotériques anciennes, issues des courants gnostiques, alchimiques et même des mystères égyptiens. Certains historiens, comme Jean-Patrick Pourtal, affirment que leur trésor légendaire n’était pas uniquement matériel – or, reliques ou Saint Graal – mais aussi spirituel : des rituels initiatiques codifiés, des connaissances sur les lignées royales et des archives compromettantes sur la chrétienté. Lorsque Philippe le Bel lança sa purge, il ne parvint pas à détruire cet héritage. Les Templiers, prévoyant leur chute, auraient organisé une transmission secrète de leur savoir vers des réseaux clandestins.

La Franc-Maçonnerie : Héritière spéculative du Temple

C’est dans la franc-maçonnerie, émergente au tournant du Moyen Âge et de la Renaissance, que cet héritage aurait trouvé un nouveau refuge. Les parallèles entre les deux ordres sont frappants : les rituels maçonniques, riches en symboles comme le compas, l’équerre ou le temple de Salomon, font écho aux préoccupations des Templiers, qui furent eux-mêmes associés à la construction symbolique du Temple. Les grades maçonniques, notamment dans le Rite Écossais Ancien et Accepté, incluent des références explicites aux Templiers, comme le grade de Chevalier Kadosh, où la vengeance symbolique contre les oppresseurs de l’Ordre est évoquée. Pour des experts comme Sylvain Baron, ces similitudes ne sont pas fortuites : les mythes fondateurs de la franc-maçonnerie ne sont pas de simples allégories, mais les échos codifiés d’un passé bien réel, destiné à traverser les siècles.

Le Prieuré de Sion : Gardien des Secrets

Au cœur de cette transmission, un acteur énigmatique émerge : le Prieuré de Sion. Souvent relégué au rang de fiction, notamment après les controverses des années 1980 autour du livre L’Énigme sacrée, le Prieuré serait en réalité une organisation secrète ayant conservé des archives explosives sur la chrétienté, les lignées royales et la véritable nature du pouvoir. Selon Andrzej Linowiecki, le lien entre le Prieuré et les Templiers est direct, tant sur le plan idéologique que stratégique. Le Prieuré aurait servi de vecteur pour préserver les secrets de l’Ordre, notamment des documents compromettants sur les origines du christianisme et sur des dynasties européennes, comme celle des Mérovingiens, prétendument liées à une descendance du Christ – une hypothèse explosive qui aurait justifié la prudence extrême des gardiens de ces archives.

Une Revanche Symbolique et un Projet Géopolitique

Loin d’être une simple quête mystique, l’héritage templier, transmis à travers la franc-maçonnerie, s’inscrit dans une logique de pouvoir et de revanche. Les Templiers, trahis par le roi de France et l’Église, auraient juré une guerre secrète contre les « trônes et les autels », ces institutions qui les avaient anéantis. Jacques de Molay, dans ses derniers instants, aurait maudit Philippe le Bel et le pape Clément V, une malédiction qui, selon la légende, se serait réalisée avec leur mort rapide. Mais cette vengeance ne s’est pas limitée à une malédiction symbolique. Comme l’explique Mike Borowski, les Templiers, à travers leurs successeurs maçonniques, auraient cherché à influencer le destin de l’Occident depuis les coulisses, infiltrant les cercles de pouvoir, soutenant des révolutions et façonnant les idéaux des Lumières, qui ont elles-mêmes donné naissance à des bouleversements comme la Révolution française.

Une Matrice de Pouvoir Occulte

Ce que les Templiers ont légué à la franc-maçonnerie, c’est une matrice de pouvoir occulte, où symboles, secrets d’État et ambitions géopolitiques s’entrelacent. Les loges maçonniques, sous leur apparence fraternelle, auraient servi de lieu de préservation et de transmission de cet héritage, utilisant des rituels codifiés pour maintenir vivante la mémoire de l’Ordre. Le Prieuré de Sion, quant à lui, aurait agi comme un gardien discret, protégeant les archives les plus sensibles et veillant à ce que le projet templier – une refonte de l’ordre mondial, libéré des dogmes religieux et des monarchies oppressives – survive à travers les siècles.

Révélations en Direct sur Géopolitique Profonde

Dans une émission exceptionnelle sur Géopolitique Profonde, Jean-Patrick Pourtal, Sylvain Baron, Andrzej Linowiecki et Mike Borowski lèvent le voile sur cette histoire occultée. Leur analyse, étayée par des recherches approfondies, remet en question l’histoire officielle des Templiers et révèle les ramifications modernes de leur projet. L’Ordre du Temple n’a pas été vaincu : il a muté, se réinventant à travers la franc-maçonnerie et des organisations secrètes comme le Prieuré de Sion. Ce que vous découvrirez dans cette vidéo n’a jamais été révélé à visage découvert. Préparez-vous à voir vos certitudes bouleversées.

Documentaire « Franc-maçonnerie brésilienne : un secret vieux de 200 ans révélé »

De notre confrère brésilien

La Franc-maçonnerie au Brésil, présente depuis 1797, est la plus importante d’Amérique du Sud. Elle a connu des interdictions (1806-1819, sous Pierre Ier) mais s’est rapidement développée, influençant des pays voisins comme le Paraguay et l’Uruguay. La première obédience, le Grand Orient du Brésil (GOB), fut fondée en 1822 par trois loges françaises. Malgré l’opposition du clergé catholique, elle s’est unifiée en 1883, avant une scission en 1927 qui a créé 22 grandes loges correspondant aux États brésiliens.

En 2017, on estimait environ 100 000 membres et 1700 loges, selon des données partagées, bien que ces chiffres soient à prendre avec prudence faute de sources officielles récentes. Toutes les tendances obédientielles sont représentées, incluant des courants libéraux (influencés par le Grand Orient de France) et réguliers (proches de la maçonnerie anglo-saxonne). Les principales obédiences incluent le Grand Orient du Brésil (GOB), les 22 grandes loges étatiques, et des obédiences mineures comme la Grande Loge Symbolique du Paraguay, influencée par le Brésil historiquement. La Franc-maçonnerie brésilienne reste marquée par un engagement politique, notamment dans les mouvements d’indépendance.

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