Accueil Blog Page 239

Lieu symbolique : La Commanderie templière de Sallebruneau (33)

Les habitants de Frontenac, dans le département de la Gironde, en région Nouvelle-Aquitaine, connus sous le nom de Frontenacais, jouissent d’un cadre de vie exceptionnel où la végétation luxuriante et les vignobles témoignent de la fertilité de ces terres.

Blason de la ville de Frontenac : gironné d’argent et d’azur de huit pièces, au chef de gueules chargé d’un léopard d’or, armé et lampassé d’azur
 

La viticulture, activité prépondérante, rythme la vie économique et sociale, contribuant à l’identité profonde de la commune. Les bois environnants offrent un espace de respiration et de loisir pour les résidents et les visiteurs, accentuant le caractère bucolique de la région.

La proximité de Frontenac avec des centres d’importance tels que Bordeaux, Langon, et Targon, assure à ses habitants un accès facile aux services et infrastructures, tout en préservant la tranquillité et le charme de la vie en milieu rural. Cette situation géographique stratégique fait de Frontenac un lieu de vie idéal pour ceux qui cherchent à conjuguer qualité de vie, richesse du patrimoine naturel et culturel, et dynamisme économique.

Le vignoble Château Frontenac

Frontenac s’inscrit ainsi parfaitement dans la tradition des communes françaises où l’histoire, la culture, et l’environnement se mêlent pour créer un lieu unique et accueillant. Son appartenance à l’Entre-deux-Mers, région réputée pour ses paysages vallonnés, ses vignobles de renom, et son patrimoine historique dense, fait de Frontenac une destination privilégiée pour les amateurs de nature, de culture et de vin – Frontenac a l’autorisation de produire les vins d’appellations suivantes : Bordeaux, Bordeaux supérieur, Crémant de Bordeaux et Entre-deux-Mers !!

La position de la Commanderie, sur le territoire de Frontenac, illustre l’importance stratégique et économique de ces institutions au Moyen Âge. Ces commanderies servaient à la fois de centre administratif, de lieu de culte, d’hôpital, et parfois même de fortification, reflétant la polyvalence des fonctions assurées par les ordres religieux-militaires. L’inscription de la Commanderie de Sallebruneau en tant que monument historique souligne sa valeur exceptionnelle, tant sur le plan architectural qu’historique, et garantit sa protection pour les générations futures.

La préservation et la mise en valeur de la Commanderie de Sallebruneau sont essentielles pour comprendre non seulement l’histoire locale de Frontenac mais aussi l’impact plus large des Hospitaliers dans la région et au-delà. Cela permet aux visiteurs, aux historiens et aux passionnés d’archéologie de plonger dans le passé, de découvrir les vestiges d’une époque révolue et de mesurer l’importance de ces lieux dans le tissu social et économique du Moyen Âge.

La Commanderie se présente aujourd’hui comme un lieu d’intérêt culturel et historique majeur, attirant ceux qui souhaitent explorer l’héritage médiéval de la Gironde. Sa reconnaissance en tant que monument historique est un gage de son importance et de son intégration dans la mémoire collective. Elle rappelle le rôle crucial joué par Frontenac et ses environs dans l’histoire médiévale de la France, marquée par les croisades, l’hospitalité et la défense des territoires chrétiens.

En guise d’intro…

Nichée au cœur de l’Entre-deux-Mers, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Bordeaux, sur la commune de Frontenac, se trouve la Commanderie de Sallebruneau, un joyau médiéval empreint d’histoire et de mystère. Fondée en 1214 par les Templiers, cette ancienne commanderie templiers puis hospitalière, avec sa chapelle Saint-Jean et ses fortifications datant du XIIIe siècle, témoigne des profondes mutations spirituelles, politiques et architecturales du Moyen Âge. Classé monument historique, le site de Sallebruneau se dresse fièrement sur une motte féodale, illustrant la puissance et l’ingéniosité de ses bâtisseurs. Devenu un lieu de spectacle et de découverte culturelle pendant l’été, tout en faisant l’objet de travaux de restauration ambitieux, la Commanderie attire désormais historiens, passionnés d’architecture et visiteurs curieux, désireux de plonger dans son passé fascinant. Ce site exceptionnel, à l’atmosphère parfois comparée à celle des terres écossaises, offre une page vivante de l’histoire médiévale de la Guyenne, racontant à travers ses pierres les récits d’une époque révolue où chevalerie et dévotion façonnaient le quotidien.

Chevaliers de l'ordre du Temple
Chevaliers de l’ordre du Temple

La Commanderie de Sallebruneau plonge ses racines dans l’époque tumultueuse du début du XIIIe siècle, période marquée par les croisades et l’essor des ordres militaires chrétiens. Fondée en 1214, cette bastion des Templiers symbolisait la présence de l’ordre en Aquitaine, servant à la fois de centre de prière, de lieu de soins et de fortification. Sa situation géographique stratégique, au sein de la région de l’Entre-deux-Mers, lui conférait un rôle clé dans le réseau défensif et hospitalier des Templiers puis, plus tard, des Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Le contexte historique

Le commandeur Jean de Greilly, seigneur de Benauges et de Castillon, marque un tournant décisif dans l’histoire de la commanderie en 1280. Sa promesse de léguer Sallebruneau aux Hospitaliers à sa mort se concrétise avant même cette échéance. Par une charte de 1297, de son plein gré, il cède la juridiction de Sallebruneau à Guillaume de Villaret, grand maître de l’Ordre, consolidant ainsi la transition de la commanderie des mains des Templiers aux Hospitaliers. Ce geste illustre non seulement les alliances stratégiques de l’époque mais aussi les flux de pouvoir et de propriété terrienne qui caractérisent le Moyen Âge tardif.

La fin du XVe siècle voit la Commanderie de Sallebruneau intégrer la circonscription de Bordeaux, en 1477, dans une démarche visant à la protéger des convoitises et des tentatives d’accaparement par la force, notamment de la part des seigneurs de Rauzan, alors en opposition avec les Hospitaliers. Cette période marque également le début de luttes territoriales qui verront la commanderie faire face à des défis non seulement militaires mais aussi politiques.

Les guerres de Religion, véritables cataclysmes sociaux et religieux du XVIe siècle, n’épargnent pas Sallebruneau. La commanderie, avec ses terres, se retrouve dévastée, le château en ruines, symbolisant les profondes cicatrices laissées par ces conflits sur le patrimoine et la mémoire collective de la région.

À travers ces époques de changement et de conflit, la Commanderie de Sallebruneau témoigne de la complexité de l’histoire médiévale, des diverses allégeances entre ordres religieux-militaires et de l’évolution des structures de pouvoir. Sa survie jusqu’à nos jours est un hommage à la résilience de ces monuments historiques et à leur importance continue dans notre quête de compréhension du passé.

La Commanderie de Sallebruneau, édifice emblématique de l’architecture médiévale, offre un aperçu fascinant de l’art de bâtir au cours des XIIIe et XIVe siècles. Au cœur de ce site historique, la chapelle Saint-Jean, entourée de ses fortifications, témoigne de la dualité de la fonction des commanderies à l’époque: lieux de prière et bastions défensifs. Construite sur une motte féodale, elle illustre la stratégie défensive médiévale consistant à utiliser le relief pour renforcer la protection des bâtiments sacrés et des habitants du domaine.

Les détails architecturaux

La chapelle Saint-Jean se distingue par sa structure robuste et ses éléments architecturaux typiques du style gothique précoce. Le choix de ce style n’est pas seulement esthétique mais répond également à des impératifs fonctionnels, le gothique permettant de créer des espaces intérieurs plus vastes et lumineux grâce à l’utilisation d’arcs-boutants et de voûtes sur croisées d’ogives. L’intérieur de la chapelle est marqué par une nef unique, prolongée par un chœur, séparé de la nef par un arc triomphal reposant sur des colonnettes. Malgré les vicissitudes du temps, certaines des colonnettes conservent encore leurs chapiteaux, témoignant de la richesse décorative de l’édifice.

Les fortifications, remaniées au XIVe siècle, soulignent l’importance stratégique de la Commanderie dans le réseau défensif de la région. La présence d’une enceinte fortifiée, dotée de tours et de murs épais, caractérise le souci constant de défense contre les incursions. Ces éléments défensifs étaient essentiels à la protection des moines-soldats et de leurs possessions, dans une époque où les conflits locaux et les guerres de religion étaient monnaie courante.

La motte féodale, sur laquelle repose l’ensemble de la Commanderie, est un élément typique des fortifications médiévales. Cette élévation artificielle de terre servait à renforcer la défense du site et à offrir une position dominante sur les environs, facilitant la surveillance et la protection des terres.

Enfin, l’Inscription au titre des Monuments Historiques en 1987 vient reconnaître l’importance culturelle et historique de la Commanderie de Sallebruneau. Ce statut assure la préservation de l’édifice pour les générations futures et témoigne de la valeur patrimoniale de ce site exceptionnel. Les travaux de restauration en cours, visant à accueillir un plus large public, montrent l’engagement continu envers la sauvegarde et la valorisation de ce patrimoine unique.

Ainsi, la Commanderie de Sallebruneau se révèle être un livre ouvert sur l’architecture médiévale, chaque pierre et chaque voûte racontant l’histoire des hommes qui l’ont bâtie et défendue, au fil des siècles.

La Commanderie de Sallebruneau, à travers les siècles, a été dirigée et influencée par une série de commandeurs dont les vies et les administrations ont façonné l’histoire et le patrimoine de ce site exceptionnel. Ces figures emblématiques, à la fois guerriers et hommes de foi, ont joué un rôle crucial dans la gestion des terres, la défense de la commanderie et le maintien de l’ordre spirituel et temporel au sein de la communauté.

Les gouverneurs et la gouvernance

Les gouverneurs

Blason de la famille de Grailly

Chevalier Jean de Grailly, Seigneur de Benauges et de Castillon (vers 1280)

Jean de Grailly occupe une place prééminente dans l’histoire de la Commanderie de Sallebruneau. En tant que seigneur de Benauges et de Castillon, il symbolise l’interaction entre la noblesse locale et les ordres militaires religieux. Sa décision de céder la commanderie aux Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem illustre la fluidité des relations entre les élites locales et ces ordres, ainsi que leur rôle dans le tissu social et politique de la région.

Pierre-Raymond de Savignac (1303-1315)

Pierre-Raymond de Savignac, à la tête de la commanderie au début du XIVe siècle, est représentatif de la période de transition et d’expansion des Hospitaliers. Sous son commandement, la commanderie consolide sa position, tant sur le plan spirituel que matériel, élargissant son influence à travers des acquisitions et des donations.

Wilhem-Pierre d’Orsière (1325-1326) et Bertrand de Gallargues (1349-1356)

Ces commandeurs illustrent la continuité de l’administration de Sallebruneau dans une période marquée par des conflits internes et externes. Leur gouvernance témoigne de la capacité de la commanderie à naviguer dans les eaux troubles de l’histoire médiévale, préservant ses intérêts et ceux de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

La gouvernance et l’administration

La gouvernance de la Commanderie de Sallebruneau ne se limitait pas à la gestion des biens terriens et des affaires militaires; elle englobait également la direction spirituelle de la communauté. Les commandeurs, en leur qualité de chefs religieux et militaires, étaient chargés de maintenir l’ordre et la discipline, de superviser les travaux agricoles, les constructions et les activités caritatives, et de défendre les possessions de l’ordre contre les agressions extérieures.

Les commandeurs devaient également veiller à la bonne administration des terres et des ressources, en assurant la justice, la collecte des taxes et des dons, ainsi que la gestion des relations avec les populations locales et les autorités civiles. Cette double responsabilité nécessitait des compétences à la fois pragmatiques et spirituelles, illustrant le rôle complexe des commanderies comme Sallebruneau dans le tissu médiéval européen.

La succession des commandeurs de Sallebruneau, avec leurs défis uniques et leurs contributions spécifiques, reflète l’évolution de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem et son adaptation aux réalités changeantes de l’époque. Chaque commandeur a laissé son empreinte, contribuant à l’héritage durable de la commanderie dans l’histoire de la région et de l’ordre.

La Commanderie de Sallebruneau, au fil de son histoire, a connu une expansion significative de ses possessions, devenant un centre de pouvoir économique, militaire et spirituel dans la région de l’Entre-deux-Mers. Cette expansion s’est matérialisée par l’acquisition de terres, de bâtiments, ainsi que par le développement d’infrastructures essentielles à la vie communautaire et à la défense de l’ordre.

Les possessions et dépendances

L’Église et le Château

Au cœur de la commanderie se trouvait l’église, lieu de rassemblement spirituel pour la communauté et symbole de l’autorité religieuse de l’ordre. Adjacent à l’église, le château ou logis commandeurial offrait non seulement un espace de vie pour le commandeur et les chevaliers, mais servait également de centre administratif et de défense. La proximité de ces deux structures souligne l’interdépendance entre les fonctions militaires et spirituelles de la commanderie.

Le Jardin de Plantes Médicinales

Le jardin de plantes médicinales était une composante vitale de la commanderie, reflétant l’engagement des Hospitaliers envers les soins et le bien-être. Ces jardins fournissaient les herbes nécessaires à la confection de remèdes pour la communauté et pour les pèlerins ou malades de passage. Leur présence atteste de l’avancée des connaissances médicales de l’ordre et de son rôle pionnier dans le domaine de la santé au Moyen Âge.

Les acquisitions et dons

La commanderie s’est agrandie grâce à divers dons et acquisitions. La terre de Buxs, le moulin de Frontenac, et le territoire de la Motte-Lucran en sont des exemples, enrichissant considérablement le patrimoine foncier de Sallebruneau. Ces donations, souvent le résultat de legs pieux ou de transactions avec la noblesse locale, reflètent la stratégie d’expansion territoriale de l’ordre et son intégration dans le réseau socio-économique régional.

Les dépendances et l’influence de la commanderie

Au-delà de ses possessions immédiates, la commanderie exerçait son influence sur un réseau plus large de dépendances, incluant des seigneuries spirituelles comme Buch et Mauriac, ainsi que des fiefs à Aubèze, Frontenac, et Saint-Léger. Ce réseau témoigne de l’étendue de la puissance des Hospitaliers et de leur capacité à administrer un vaste territoire, assurant à la fois la défense du domaine, la collecte des revenus et la diffusion de leur influence spirituelle.

L’expansion des possessions de la Commanderie de Sallebruneau illustre la complexité de l’organisation territoriale des ordres militaires-religieux au Moyen Âge. Elle met en lumière leur rôle non seulement comme entités spirituelles et militaires, mais aussi comme acteurs économiques majeurs. À travers ces possessions, la commanderie a su tisser un réseau de pouvoir et d’influence qui a contribué à son rayonnement bien au-delà de ses murs, jouant un rôle clé dans le tissu social, économique et religieux de la région.

La Commanderie de Sallebruneau, au-delà de son importance historique et architecturale, revêt une signification culturelle et contemporaine profonde, témoignant de la capacité du patrimoine à transcender les époques pour toucher et inspirer le présent. En effet, ce site historique ne se contente pas de préserver les vestiges d’un passé lointain ; il s’inscrit activement dans le paysage culturel contemporain en offrant un espace de découverte, d’éducation et de spectacle.

Une forte signification culturelle

Le Centre de découverte culturelle

La Commanderie de Sallebruneau est devenue un lieu privilégié pour la découverte de l’histoire médiévale et de l’ordre des Hospitaliers. Les visites guidées du site permettent aux visiteurs de plonger dans l’univers fascinant des chevaliers, de comprendre le quotidien au sein de la commanderie et d’appréhender l’importance de ces lieux dans le contexte des croisades et des soins aux malades et pèlerins. C’est une fenêtre ouverte sur une époque révolue, rendant l’histoire accessible et vivante pour tous.

Un lieu de spectacles et d’événements

En été, la Commanderie se transforme en un vibrant lieu de culture, accueillant des spectacles et des événements qui réunissent habitants et touristes. Théâtre, musique, reconstitutions historiques : les activités proposées permettent de vivre le site d’une manière immersive et divertissante. Ces manifestations culturelles servent non seulement à animer le patrimoine, mais aussi à sensibiliser le public à sa préservation, en liant l’utile à l’agréable.

Le projet de restauration et de valorisation

Les travaux de restauration en cours à la Commanderie de Sallebruneau visent à sauvegarder son intégrité physique pour les générations futures, tout en la rendant plus accueillante pour un public élargi. Ce projet de restauration, qui implique souvent la participation de bénévoles et de passionnés, est emblématique de la volonté collective de préserver le patrimoine culturel. Il reflète une prise de conscience de l’importance de transmettre les témoins matériels de notre histoire, tout en adaptant leur usage aux besoins contemporains.

Le rôle éducatif, pour les générations futures

La Commanderie offre également un cadre exceptionnel pour l’éducation patrimoniale et historique. Les écoles et les groupes éducatifs y trouvent une ressource inestimable pour l’apprentissage hors des salles de classe, permettant aux élèves de toucher du doigt l’histoire. Les stages de bénévoles, axés sur la taille de pierre ou le jointoiement, offrent quant à eux une formation pratique dans les métiers de la restauration du patrimoine, contribuant à la fois à la conservation du site et à la transmission de savoir-faire traditionnels.

La connexion passé, présent, futur !

La signification culturelle et contemporaine de la Commanderie de Sallebruneau réside dans sa capacité à connecter le passé au présent, à éduquer et à émerveiller. Elle agit comme un pont entre les générations, soulignant l’importance de préserver notre patrimoine pour enrichir notre futur. En incarnant ces valeurs, la Commanderie de Sallebruneau s’affirme non seulement comme un témoin de l’histoire, mais aussi comme un acteur vibrant de la culture contemporaine.

Illustrations : Frédéric Thibault, compagnon du Tour de France, tailleur de pierre ; Wikimedia Commons

Mais qui sommes-nous censés trouver dans ce temple en ruines ?

« S’ils savaient où se trouve ce qu’ils cherchent, ils ne chercheraient pas. »

Goethe (Maximes et réflexions)

« Nous ne comprenons guère les ruines que le jour où nous-mêmes le sommes devenus »

Henri Heine. (Pensées)

La Maçonnerie est un lieu où, Dieu Merci ! nous cultivons volontiers l’humour. Ainsi, dernièrement, un Frère que je ne dénoncerai pas : (« N’avouez jamais ! ») (1) me disait : « Tu sais, parfois, dans nos tenues, j’ai l’impression que les Maçons sont des touristes : ils viennent visiter des ruines. Il ne manque plus que le short et l’appareil photo ! ». Je me suis dit, qu’au-delà de cette boutade hérétique, il soulevait une intéressante question sur la nature de notre recherche dans ce temple, lieu théâtral de toutes les projections et de tous les espoirs.

Maurice Barrès (actuellement Auguste-Maurice Barrès ; né le 19 août 1862 à Charmes-sur-Moselle ; † 4 décembre 1923 à Neuilly-sur-Seine) était un romancier, journaliste et homme politique français.

Comme le disait Maurice Barrès (2) dans « la colline inspirée » : « Il y a des lieux où souffle l’esprit », ce qui pourrait devenir une incitation à l’adoration de lieux labélisés. Mais, il n’en est rien : pour qui connaît la colline historique de Sion-Vaudémont en Lorraine, le vent (et peut-être l’esprit !) y circule mais ne s’y attarde pas, ce qui symbolise l’impossibilité qu’un lieu capture un Principe qui, de par nature, représente la liberté de se mouvoir où il veut. Ce que nous rappelle d’ailleurs la Bible, dans laquelle la Franc-Maçonnerie a largement puisé : cela va jusqu’à l’interdiction de la construction d’un Temple (Exode 20, 24-26) à son inutilité dans le Nouveau Testament : « Le Très-Haut n’habite pas des demeures construites par la main des hommes » (Actes 7, 48). La cause serait donc entendue et les ruines ne seraient que justice en regard d’une transgression. Pourquoi persister à le rebâtir alors que nous serions nous-mêmes sa substitution, que nous avons « fait le vide », la « Gelassenheit », le « laisser tomber » de Maître Eckhart, de façon à laisser un Principe y habiter (si le besoin s’en fait sentir !), ou de dégager un espace de vide salvateur (qui n’est pas néant), comme dans le bouddhisme ? Etrange cette propension à se balader dans les ruines, alors que le temple vit en soi ! Mais que chercherions-nous donc là-dedans ?

Quatre hypothèses peuvent voir le jour à partir de cette embarrassante question :

Le philosophe-écrivain français Jean Paul Sartre et l’écrivain Simone de Beauvoir arrivent en Israël et accueillis par Avraham Shlonsky et Leah Goldberg à l’aéroport de Lod (14/03/1967).

La plus classique serait, qu’en bénévole associatif, nous venions donner un coup de main à Salomon à la reconstruction du temple, la truelle à la main. Le temple représentant, bien entendu, l’humanité défaillante et pas mal abîmée, afin d’y adorer, de nouveau un Principe. Agir, pour se retrouver selon la formule de Jean-Paul Sartre : « Je fais, et en faisant je me fais ». Mais, sournoisement, en conservant une mauvaise pensée au fond de notre nature pernicieuse : « Comment se fait-il que ce Principe à qui j’accordais la toute-puissance a-t-il permis la destruction par ses ennemis de ce lieu où ses fidèles lui rendaient hommage et ce, par deux fois » ! Cette affaire-là ressemble assez à l’époque où nous admirions une figure paternelle mais où nous commencions à découvrir pas mal de lézardes chez le super-héros et l’envie de s’instituer comme modèle de remplacement à sa place ! En fait, cette première orientation donne une priorité à l’action sur la réflexion, jusqu’à s’y perdre, en concurrençant le destinataire du chantier afin de lui montrer que nous sommes plus costaud que lui, ceci allant jusqu à tuer son représentant officiel, un certain Hiram-Abif, dans le roman rituelique..

Tout le monde se souvient du scénario non ?

Piliers de l’Apprenti et du Maître, ou de Boaz et de Jachin.

La deuxième alternative serait une possible recherche, quasiment désespérée de ce Principe, pour s’y réfugier, comme un havre de paix intérieure face aux aléas d’une planète qui ne tourne pas très bien. Mais s’il n’est plus à Jérusalem, serait-il à Saint-Jacques de Compostelle ou en Ecosse à la Rosslyn-Chapel ? Va-t-on devenir un explorateur du spirituel, un « clochard céleste » cher à Jack Kerouac le bon vieux beatnick ? Cheminement qui peut nous conduire à une insatisfaction permanente dans une imitation du mysticisme, conduisant à une impasse existentielle que nous rappelle le Jésuite Michel de Certeau, faisant allusion au « Wandersmann » (le « marcheur ») d’Angelus Silesieus (3) : « Est mystique celui ou celle qui ne peut s’arrêter de marcher et qui, avec la certitude de ce qui lui manque, sait de chaque lieu et de chaque objet que ce n’est pas çà, qu’on ne peut résider ici ni se contenter de cela ». Fuir la pénombre des ruines pour chercher le soleil est-elle une alternative fiable à long terme ? L’écrivain Gilles Lapouge nous en dissuade (4) : « Le nouveau n’existe pas. Il n’y a que l’ancien. L’explorateur ne découvre rien. Il retrouve. Il ne se rend pas dans une tierra incognita. Il y revient. Il ne va pas quelque part. Il retrouve quelque part. Il est banal de dire que tout voyage s’accomplit non pas dans l’espace, mais dans le temps. Il convient d’ajouter à ce truisme cette précision renversante : par un comble de malice, le voyage nous conduit non pas dans un temps à venir, mais dans un temps révolu. Nous avançons à reculons : le voyage est une interminable, une infinie régression. Il ne trouve que le passé, le révolu et l’échu. Le voyage de découverte ne découvre rien. Il confirme. Il n’est point de nouveaux soleils ». La fin du compagnonnage se solde par le retour à la maison ! Peut-être est-ce la définition du mot hébreu « Techouva » qui signifie, à la fois, conversion et retour vers l’origine et non une échappatoire vers quelques paradis en toc ? Ulysse en fait l’amère expérience : l’Odyssée ne sert à rien car ce qu’il cherchait à travers femmes et aventures après Troie était toujours là, immobile. Pas d’Ithaque en dehors d’Ithaque.

S’échapper aux ruines supposerait que nous croyons à un dialogue possible avec un nouvel objet. Il est bon de rappeler ici que le mot « objet » vient du latin « objectus » (quelque chose de concret extérieur à moi), et en grec « problema » (quelque chose qui m’interroge du fait qu’il soit extérieur à moi, non intégrable). Dès que nous évoquons une relation avec un objet, surtout d’essence métaphysique, la définition grecque s’impose : la relation à l’ « autre » ou à l’ « Autre ». A la fois étranger et proche de moi, il m’impose, par son existence réelle ou imaginaire, la question de la bonne distance à mettre entre lui et moi : celle d’une barrière style « Saint des saints » du simple croyant ou intimité fusionnelle des mystiques ? Le Principe que Platon appelle l’ « Âme du monde » dans le Timéé, La République et Phèdre se confond avec le croyant tout en étant différent. Ce que traduit aussi Pierre Teilhard de Chardin quand il écrit (5) : « Et là l’individualisation persistante, au centre de mon petit ego, d’un ultra centre de pensée et d’action : la montée in-arrêtable, au fond de ma conscience, d’une sorte d’Autre qui serait encore plus moi que je ne suis moi-même. Ici, un flux, à la fois physique et psychique, qui enroulait sur soi, en la compliquant jusqu’à la faire se co-réfléchir, la totalité de l’Etoffe des choses. Et là, sous les espèces d’un divin incarné, une présence tellement intime qu’elle exigeait pour se satisfaire, et pour me satisfaire, d’être, par nature, universelle ».

Martin Heidegger

La troisième et dernière réponse qui se présente à nous, et c’est de loin la plus radicale, serait que ce temple en ruine n’est qu’une sorte de décors théâtraux pour me faire entendre ma solitude dans la vacuité du cosmos ? L’éternité serait alors une représentation, une « Vorstellung » (« Ce qui est posé devant »), dans un processus que Paul Ricoeur appelait « l’altérité et la mêmité ». L’initiation et les symboles dans nos tenues seraient la découverte et l’acceptation de la vacuité. Le « Da Sein » heideggerien n’étant que la prise de conscience de notre existence à la fois aléatoire et éternelle dans la matière et, dès lors, la mort d’Hiram représente la permanence de nos changements, évolutions ou régressions. L’initiation nous fait passer par une dialectique qui nous conduit du constat de la vacuité à travers le phénoménal dont nous faisons partie, jusqu’à ce que les Chinois nomment le « Shin », la pensée pure, détachée du mouvement, dans le « Wou Wei », le « non-agir » qui ne signifie nullement ne rien faire, mais être impliqué dans le tourbillon du monde, tout en tentant de rester au maximum au centre de la roue, dans ce lieu où « tout est conscient » (6). A ce titre, souffrance et libération, illusion et éveil forment un tout qu’il importe de percevoir comme intrinsèquement liés car si tout est foncièrement interdépendant, plus rien n’a de réalité dans l’être ou le non-être, plus rien ne peut faire l’objet d’une affirmation ou d’une négation, plus rien ne peut faire l’objet d’un détachement ou d’une abstention. Dans le texte bouddhique célèbre du Samadhi Ramasutra (II, 2), il est écrit : « L’Eveillé, l’initié, a enseigné la Voie pour montrer que l’on vient de nulle part et que l’on ne va nulle part » ! Cette pensée nous place, dès lors, en sujets solitaires face à d’autres destins individuels que l’initiation nous rendent solidaires. Camus nous plaçait dans sa célèbre alternative : « Solidaire ou solitaire ». Cette différenciation des destins nous conduit bien évidemment à la tolérance : chacun chemine rarement allégrement ou en boitant dans la plupart des cas, vers l’énigme que nous pose la vision de ce temple en ruines avec les morceaux de statues de ses dieux imaginaires abattus et que nous disions comme Bouddha dans le canon d’écritures pâli du Dhammapada (stances 153-154) : « J’errais sur le chemin sans fin des nombreuses renaissances, cherchant en vain l’architecte de l’édifice. Quelle insatisfaction (Dukkha) que de renaître sans cesse. Ô Architecte de l’édifice, je t’ai découvert ! Tu ne rebâtiras plus l’édifice. Tes poutres sont toutes brisées, le fait de l’édifice est détruit ! L’esprit a perdu ses énergies fabricatrices de phantasmes (Samskôra), il est parvenu à la fin de sa soif (Trisma) »… En voilà un qui n’est pas pour la reconstruction !

Bon … Ces ruines me filent le bourdon ! Je vais prendre l’air avant de rentrer chez moi… A Ithaque.

 NOTES

(1) « Messieurs n’avouez jamais ! N’avouez jamais !». Pour la petite histoire, ce furent les dernières paroles d’un assassin célèbre avant que le couperet ne tombe, Jean-Charles-Alphonse Avinain (1798-1867)) guillotiné à 69 ans. Son procès et son exécution furent l’objet de vives critiques dans l’opinion publique entre tenants et adversaires de la peine de mort.

(2) Godo Emmanuel : Maurice Barrès le grand inconnu (1862-1923). Paris. Editions Tallandier. 2023.

(3) Dosse François : Michel de Certeau le marcheur blessé. Paris. Editions La Découverte. 2007. (page 638).

(4) Lapouge Gilles : L’encre du voyageur. Paris. Editions Albin Michel. 2007. (page 68).

(5) Teilhard de Chardin Pierre : Le coeur de la matière. Paris. Editions du Seuil. 1976. (pages 96 et 97). (6) Vivenza Jean-Marc : Tout est conscience ». Paris. Editions Albin Michel. 2010.

Sectes et manipulations : L’envers obscur du bien-être démasqué par « Charlie Hebdo »

Dans un premier temps, revenons, succinctement, sur l’histoire de Charlie Hebdo. C’est un hebdomadaire satirique français, célèbre pour ses caricatures pointues et souvent controversées, qui abordent des sujets tels que la politique, la religion, et la culture. Le magazine a une longue histoire de défi aux conventions et à l’autorité, utilisant l’humour comme un outil de critique sociale.

Charlie Hebdo trouve ses origines dans un autre magazine satirique appelé Hara-Kiri, fondé en 1960. Après que le gouvernement français a interdit Hara-Kiri en 1970 à la suite d’une couverture controversée sur la mort du général de Gaulle – « Bal tragique à Colombey – 1 mort », c’est ce qu’avait titré l’hebdomadaire –, l’équipe a lancé Charlie Hebdo. Le nom « Charlie » fait référence à Charlie Brown de Peanuts, symbolisant l’innocence, mais aussi à Charles de Gaulle, en écho à leur conflit avec le gouvernement.

Le magazine a connu une première période de publication de 1970 à 1981, mais des difficultés financières ont conduit à sa première cessation.

Cependant, Charlie Hebdo a été relancé en 1992 et continue de publier à ce jour. Le magazine est devenu mondialement célèbre après l’attaque terroriste du 7 janvier 2015, où deux terroristes islamistes ont tué 12 personnes dans les bureaux de Charlie Hebdo, y compris plusieurs dessinateurs emblématiques. Cet acte était une réponse à plusieurs caricatures du prophète Mahomet publiées par le magazine.

Après l’attaque, Charlie Hebdo a reçu un soutien international massif sous le slogan créé par le graphiste Joachim Roncin « Je suis Charlie », symbolisant la défense de la liberté d’expression. Le magazine a continué à publier, restant fidèle à son approche provocatrice et sans concession, malgré les controverses et les critiques.

Aujourd’hui, Charlie Hebdo reste un acteur clé dans le paysage médiatique français, continuant à provoquer et à stimuler le débat public à travers ses caricatures et ses articles satiriques.

Qu’est-ce qu’un « hors-série – Trimestriel » de Charlie Hebdo

Cela désigne une édition spéciale du magazine satirique français qui n’est pas incluse dans l’abonnement régulier. Ces éditions sont publiées à une fréquence de quatre fois par an et sont généralement consacrées à un sujet ou thème particulier. Elles offrent un regard approfondi sur des sujets d’actualité, des phénomènes culturels ou sociaux, ou des enjeux importants, souvent avec une touche critique et humoristique caractéristique de Charlie Hebdo.

Chaque hors-série peut contenir une combinaison d’articles, de reportages, d’entretiens, de dessins et d’autres formes de contenu journalistique ou créatif, tous centrés autour du thème choisi pour l’édition. Ces numéros spéciaux permettent à l’équipe rédactionnelle de développer des sujets en plus grande profondeur que dans le cadre de leur publication hebdomadaire régulière. Ce numéro HS #6 intitulé « Sectes-La nouvelle pandémie » reprend des articles publiés entre le 2021 et mars 2024.

Ce hors-série explore l’ascension et la prolifération des gourous et des charlatans dans le contexte post-Covid. Le magazine expose comment ces individus exploitent la peur et l’incertitude globales pour recruter de nouveaux adeptes, souvent en utilisant Internet et les réseaux sociaux. Ils offrent des solutions simplistes aux problèmes de santé et de bien-être, rejetant la médecine traditionnelle au profit de méthodes new age comme les régimes restrictifs ou les écoles hors contrat.

Photo e-sante.fr

Ces professionnels de la spiritualité et du bien-être ne se cachent plus, cherchant activement de nouveaux adeptes. Leur rhétorique est souvent teintée de complotisme et de discours politique vidé de sa substance.

Les gourous blâment souvent les individus pour leur propre malheur. Si vous manquez de moral, c’est de votre faute, car vous n’avez pas embrassé leur croyance new age. De même, si vous êtes malade, ils vous conseilleront de vous abstenir de consulter un médecin et de jeûner avec trois carottes râpées pour retrouver la santé.

Les charlatans utilisent Internet et les réseaux sociaux pour recruter et inciter les gens à dépenser de l’argent. Dans un monde où le sens critique s’amenuise, ces méthodes modernes sont efficaces pour attirer des adeptes.

L’équipe de Charlie Hebdo enquête sur les dérives sectaires, mettant en lumière les gourous qui opèrent en ligne et les victimes de leurs manipulations.

Ce numéro comprend une série d’articles, d’enquêtes, de reportages, des dessins et des portraits ainsi que des entretiens qui détaillent les tactiques de ces gourous, le déclin du sens critique dans la société, et le combat mené par certains pour dévoiler ces pratiques manipulatrices.

Cornavirus

La Covid-19, facilitateur de dérive sectaire

Si l’édito « Nouvelles sectes, nouveaux mensonges » signé Jean-Loup Adénor pose d’entrée la question de savoir « C’est quoi, une secte ? », reconnaissons que depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, les dérives sectaires ont connu une explosion. Scientologues – qui viennent d’ailleurs de consacrer, le 6 avril dernier, leur Église de Scientology & Celebrity Centre du Grand Paris à Saint-Denis près du Stade de France, complétant ainsi les deux représentations des 12e et 17e arrondissements de Paris – et Témoins de Jéhovah ont désormais de nouveaux concurrents : les nouveaux gourous de la santé et du bien-être. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a enregistré une hausse record des signalements en 2021, soit une augmentation de 33,6 % par rapport à l’année précédente. Cette augmentation est en grande partie attribuée au contexte de crise sanitaire.

La Miviludes a observé une intensification des signalements concernant des « dérives thérapeutiques et pratiques de soins non conventionnels ». Ces dérives sectaires se manifestent notamment par la propagation de croyances non fondées en matière de santé. De plus, le prosélytisme religieux ou spirituel s’est accentué, et de nouveaux gourous ont émergé, notamment grâce aux réseaux sociaux.

La dérive sectaire est définie comme un « dévoiement de la liberté de pensée, d’opinion ou de religion » qui porte atteinte à l’ordre public, aux lois, aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l’intégrité des personnes. Elle se caractérise par la mise en œuvre de pressions ou de techniques visant à créer un état de sujétion psychologique ou physique chez une personne, la privant ainsi d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour elle-même, son entourage ou la société.

La pandémie de Covid-19 a été une aubaine pour les sectes en France, et les dérives liées à la santé sont particulièrement inquiétantes. Propager des soins alternatifs non fondés peut mettre la vie des personnes en danger. Il est essentiel de rester vigilant et d’informer le public sur ces phénomènes sectaires afin de mieux les combattre.

C’est ainsi que l’Église de scientologie veut profiter « de l’événement des Jeux olympiques qui va leur donner une visibilité pendant toute cette période », estime Marie Drilhon, vice-présidente de l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (UNADFI), appelant à la vigilance.

Rappelons que dans certains pays comme la France, la scientologie – ensemble de croyances et de pratiques dont les principes ont été développés aux États-Unis en 1952 par L. Ron Hubbard – est officiellement reconnue comme une secte (en Allemagne ou au Royaume-Uni, la scientologie n’a pas ce statut). Cette classification est principalement basée sur des enquêtes et des rapports qui critiquent les pratiques de l’organisation, notamment des accusations de manipulation mentale et d’exploitation financière des membres.

Church of Scientology « Big Blue » building, Fountain Avenue/L. Ron Hubbard Way, Los Angeles, California

Aux États-Unis et dans d’autres pays (Italie, Espagne ou encore au Portugal), la scientologie est reconnue comme une religion et bénéficie de la protection des lois sur la liberté de religion. Elle a obtenu le statut de religion officielle aux États-Unis en 1993, ce qui lui confère certains avantages fiscaux et légaux.

Le débat sur la nature de la scientologie continue d’être un sujet de controverse internationale, impliquant des discussions sur la liberté religieuse, les droits humains, et les pratiques éthiques…

Parmi les vingt-sept sujets traités sous forme de reportages, enquêtes, témoignages ou entretiens, nous retiendrons ceux concernant :

Les Brigandes, capture d’écran Midi Libre
  • l’École des Arches à Pontarmé, dans l’Oise, a été récemment fermée suite à un arrêté préfectoral en raison de manquements graves dans le suivi de l’obligation scolaire et des conditions de vie des élèves. Cette fermeture fait suite à des allégations concernant des pratiques sectaires et d’endoctrinement, notamment liées aux anciennes activités des dirigeants dans des mouvements extrémistes. Ces allégations ont été renforcées par des témoignages d’anciens membres du groupe « Les Brigandes », connu pour ses positions extrémistes, avec lesquels la direction de l’école était précédemment associée.

Les problèmes à l’école comprenaient des conditions de logement inadéquates pour les élèves et un manque de conformité avec les normes éducatives requises, ce qui a conduit à des signalements par des parents et à l’intervention des autorités. Les critiques concernaient également l’utilisation de méthodes pédagogiques douteuses et l’isolement des élèves dans des conditions précaires. Ces événements soulèvent des questions importantes sur la surveillance et la régulation des établissements scolaires privés, surtout ceux qui opèrent hors contrat avec le système éducatif national ;

  • les télécharlatans. Des individus – ici traités sous forme de dessins – exploitant généralement la crédulité et la vulnérabilité des personnes en quête d’espoir, notamment celles confrontées à des situations désespérées de santé ou personnelles. Les méthodes utilisées par les télécharlatans varient, mais elles comprennent souvent des appels à l’émotion, l’utilisation d’anecdotes personnelles (souvent non vérifiables), et des affirmations grandiloquentes sans preuve médicale ou scientifique solide. Notons que les risques associés à suivre les conseils des télécharlatans incluent non seulement la perte financière, mais aussi des retards dans la recherche de traitements médicaux appropriés, des risques pour la santé dus à des traitements non testés ou dangereux, et parfois des conséquences psychologiques graves ;
  • les thanadoulas, également appelées doulas de la mort ou thanadoulas, sont des femmes qui accompagnent les personnes en fin de vie et leurs familles dans le processus de décès. Le terme thanadoula est dérivé du mot grec ancien signifiant servante. Initialement conçu pour désigner des femmes qui accompagnent d’autres femmes au moment de la naissance, ce terme est désormais utilisé pour décrire celles qui apportent un soutien émotionnel et pratique aux agonisants et à leurs proches.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le nombre de thanadoulas a considérablement augmenté aux États-Unis. Des centaines d’Américaines ont choisi d’exercer cette profession. Des associations de formation ont vu une hausse significative du nombre de candidatures, passant de 200 membres en 2019 à plus de 1 000 membres dans la National End-of-Life Doula Alliance. Cette augmentation s’explique en partie par le contexte de la pandémie, avec près de 900 000 victimes du Covid-19 aux États-Unis. Les thanadoulas aident les personnes en fin de vie à traverser ce moment difficile en leur offrant un soutien compatissant et en les accompagnant dans leur transition. Ces professionnelles de la fin de vie, surnommées par Charlie Hebdo « accompagnatrice new age », sont présentes de plus en plus en France ;

Steiner, vers 1905
  • les écoles Steiner dans les Hautes-Pyrénées, comme celle de Bagnères-de-Bigorre, pédagogie Steiner-Waldorf, inspirée par les idées de Rudolf Steiner (1861-1925). Cette approche éducative est souvent décrite comme alternative et met un accent particulier sur le développement spirituel et créatif des enfants, en intégrant des éléments tels que l’eurythmie et un engagement avec la nature.

Cependant, ces écoles ont été l’objet de controverses et de critiques, notamment en ce qui concerne leur adhérence aux standards académiques conventionnels et la clarté de leur affiliation avec l’anthroposophie, une doctrine ésotérique, voire occulte, développée par Steiner. Des préoccupations ont été soulevées concernant l’enseignement de disciplines fondamentales comme les sciences et l’histoire, qui, selon certaines critiques, ne seraient pas abordées de manière suffisante.

Facebook de l’école des Boutons d’Or

En particulier, l’école des Boutons d’Or à Bagnères-de-Bigorre a été fermée par le rectorat de Toulouse suite à des inspections qui ont mis en lumière des manquements administratifs et pédagogiques. Fondée en 2013 comme un simple jardin d’enfants (niveau maternel), elle a depuis évolué en une école primaire accueillant 68 élèves, avec l’ouverture d’un collège envisagée. Les parents et les « pédagogues » (comme ils appellent les enseignants) ont élaboré un projet pédagogique dense, mettant l’accent sur la nature, la botanique et les sorties en forêt. Cependant, la pédagogie Steiner va au-delà d’une simple alternative à l’éducation traditionnelle. Elle est liée à l’anthroposophie, caractérisée par un certain occultisme, ce qui n’est pas toujours connu ou assumé par ses adeptes. La fermeture de cette école a cependant suscité des réactions diverses, certaines familles exprimant leur frustration face à la décision, tout en valorisant l’approche pédagogique de l’école ;

  • le Salon Marjolaine offre une plateforme formidable pour découvrir et soutenir les initiatives biologiques et écologiques, la vigilance est de mise pour s’assurer que les choix de consommation sont bien informés et responsables. Il est considéré comme le plus grand marché bio de France et se tient Parc Floral de Paris. Cet événement rassemble agriculteurs, commerçants et charlatans… Un salon attirant donc également son lot d’escrocs. On y découvre des stands aux propositions plus farfelues. Les vendeurs rivalisent d’ingéniosité pour vendre leurs produits ésotériques : lunettes pour le « yoga des yeux », bouts de plastique censés dynamiser l’eau, protections contre le compteur Linky, générateurs d’ions négatifs, calendriers biodynamiques… Le Salon Marjolaine est un lieu où le bio côtoie parfois l’absurde et où il faut rester bien sûr vigilant face aux charlatans ;
Photo capt flam
  • « Les extraterrestres débarquent à Limoges », sur le Symposium Exovision, un colloque sur les ovnis et les extraterrestres, s’est tenu au Zénith de Limoges Métropole du 16 au 18 mars 2024. Près de 3 000 personnes se sont rassemblées pour discuter de ces sujets fascinants. L’ONG Alliances Célestes a organisé cet événement avec pour objectif de promouvoir une « paix universelle » en explorant les liens entre les humains et les extraterrestres. Bien que les médias aient été interdits d’accès, le colloque a suscité l’intérêt et la curiosité de nombreux participants. Cependant, malgré son objectif ambitieux, l’événement a été marqué par une controverse, notamment l’interdiction faite aux médias d’assister, ce qui a suscité des inquiétudes concernant la transparence et la nature des discussions menées. En outre, il y a eu des préoccupations concernant les risques de dérives sectaires, étant donné le sujet sensible et l’implication d’une organisation qui promeut des idées potentiellement radicales. Le symposium a donc été un point de convergence pour les personnes intéressées par les théories extraterrestres, mais aussi un sujet de débat et de vigilance quant à la manière dont de tels sujets sont abordés et réglementés dans des forums publics.

Une remarquable exploration des nouvelles formes de sectarisme et les dangers inhérents à ces pratiques. Une belle sensibilisation du public mettant en lumière les enjeux liés aux sectes et à leurs conséquences sur les individus, y compris les enfants. Cette épidémie invisible que sont les ses sectes est enfin démasquée par Charlie Hebdo. Et afin d’éviter la pandémie des esprits, sachons nous garder du fléau sectaire à l’ère du numérique.

Charlie HebdoHors-Série – Trimestriel #6

Sectes-La nouvelle pandémieSAS les Éditions Rotative, Mai-Juillet 2024, 64 pages, 7 €

Charlie Hebdo, l’abonnement. En vente, prés de chez vous, dans toutes bonnes maison de la presse.

Franc-maçonnerie italienne du Rite Écossais Ancien et Accepté entre Loges « couvertes » et Ésotérisme (1968-1983)

De notre confrère italien corrispondenzaromana.it – par le Père Paolo M. Siano

Après avoir examiné le pouvoir du Gelli-P2 entre les services secrets et l’ésotérisme (voir ici), j’ai présenté ensuite le résumé d’une de mes études déjà publiée en deux volets dans la revue « Fides Catholica » N° 1/2015 et N° 2/2015.

La Commission parlementaire d’enquête sur la Loge P2 (Commission présidée par l’Honorable Tina Anselmi, en activité du 10 novembre 1981 au 11 juillet 1983 ) ne s’est pas limitée à l’objet principal de ses investigations, à savoir la Loge « Propagande 2 », dite simplement « P2 », mais a également examiné d’autres groupes maçonniques italiens, à savoir les Obédiences (Grandes Loges ou Grands Orients) et les Rites des Hauts Degrés, en particulier le Rite Écossais Ancien et Accepté (RSAA), qui retenaient en leur sein des Loges « couvertes », c’est-à-dire des Loges dont les membres n’étaient pas connus des autres Maçons de la même Obédience mais seulement du Grand Maître et éventuellement des autres dirigeants de la même Obédience ou Rite.

Par ailleurs, j’ai découvert que certains francs-maçons mentionnés dans les actes de la commission d’enquête parlementaire sur P2 étaient également auteurs de textes ésotériques (non cités par ladite commission) que je cite et résume dans mon étude dans le but de montrer à quel point l’appartenance à la franc-maçonnerie comporte en soi à la fois l’action dans le monde profane et la formation ésotérique du franc-maçon.

De l’enquête de la Commission Parlementaire, qui, à travers la Police Judiciaire, a saisi des documents de divers quartiers maçonniques (Obéissance et Rites du Palais Giustiniani, Place du Gesù, Palais Vitelleschi …), il ressort que la Loge P2 (GOI) n’était pas la seule « forme couverte » de la Franc-maçonnerie dans laquelle il existe un lien spontané et automatique entre le recrutement des élites et « un régime particulier de confidentialité » (cf. Note éditoriale , dans Chambre des Députés – Sénat de la République – IXe Législature – Commission Parlementaire). Enquête sur la Loge maçonnique P2 – Pièces jointes au rapport – Série II , Tome I, Doc XXIII Documentation recueillie par la Commission Tome IV Autres formes maçonniques couvertes: n  .

Le 28 avril 1983 , lors d’une séance de la Commission parlementaire d’enquête sur P2, l’hon. Tina Anselmi annonce deux opérations de Police Judiciaire : la première, au siège de la Franc-Maçonnerie de Rite Écossais Ancien et Accepté (RSAA) liée à l’Obédience du Grand Orient d’Italie – Palazzo Giustiniani (GOI), et la seconde à la Franc-Maçonnerie de RSAA liée à la Grande Loge d’Italie de Piazza del Gesù – Palazzo Vitelleschi (GLDI) : « La première opération trouve sa base dans les documents envoyés à la Commission […] et dans les documents qui m’ont été envoyés personnellement […], à partir desquels elle peut être déduite du lien étroit existant entre le Grand Orient et le Rite Écossais de son émanation dans la couverture et la protection de la loge P2 et des activités des Gelli, même à des époques pas trop lointaines. […]. La deuxième opération naît de l’information qui m’est parvenue à deux reprises, et appuyée par la bonne fiabilité des sources, que le matériel qui nous intéresse était disponible à la franc-maçonnerie de la Piazza del Gesù, qui y était arrivé du Palais Giustiniani, à l’époque de nos opérations pour saisir les listes maçonniques. Je dois ajouter qu’outre l’évaluation de ces sources, j’ai pris en considération tous les éléments circonstanciels et documentaires qui démontrent à mon sens combien l’archipel maçonnique est plus complexe qu’il n’y paraît au profane et comment les éléments de connexion et la division semble souvent ne pas correspondre exactement à ce qui apparaît en surface » (CPIP2, Doc. XXIII n. 2- quater /4/I, op. cit., Rome 1984, p. 17).

Le député Anselmi déclare : « L’examen des documents trouvés par la Commission au siège central de l’organisation du « rite écossais » de la franc-maçonnerie au Palazzo Giustiniani a révélé l’existence de structures couvertes, avec des noms divers, qui ont persisté jusqu’en 1982 » (CPIP2, Doc. XXIII n. 2- quater /4/I, op. cit., Rome 1984, p.

1. Le GLDI entre Loges « couvertes », Église, Ésotérisme…

Avec une lettre du 7 mai 1968 , protocole n° 08/68 – GB, et la mention « Secret », alors Grand Maître Giovanni Ghinazzi (« Grande Loge d’Italie des Anciens Maçons Acceptés Libres », GLDI-ALAM, ou simplement GLDI) écrit entre autres au franc-maçon Pietro Papalia (alors Grand Inspecteur Provincial pour l’Est de Turin) : « En ce qui concerne le R.·.L.·. Couverte « MINERVE », comme pour toutes les Loges Couvertes de la Communion – qui sont considérées comme des sections périphériques de la seule Loge Couverte Nationale gouvernée par le Grand Maître -, je tiens à vous informer que la nomination du Vénérable Maître relève de ma compétence exclusive.  » (CPIP2, Doc. XXIII n. 2- quater /3/I, Rome 1984, p.

Dans la lettre Prot. 08/342 G/r , datée « GO de Rome, 7ème jour du deuxième mois de AVL 5979 » ( 1979 ), adressée à Pietro Leonardis « ex MV de RL Cop. « MINERVA » (Or. de Turin), le Grand Maître Giovanni Ghinazzi mentionne « le Div. Général Augusto DE LAURENTIS qui est devenu ces derniers jours [écrit Ghinazzi] Commandant Général Adjoint de la Guardia di Finanza ». Ghinazzi ajoute : « Cette personnalité semble appartenir à notre Famille et, en fait, à une liste de la Loge Nationale Couverte n° 1. J’ai eu l’occasion de lui téléphoner à plusieurs reprises, lorsqu’il dirigeait l’Inspection de l’Alta Italia à Milan. J’ai toujours reçu des réponses sur des tons froids et détachés. Et ce n’est pas dans mon caractère de le tolérer. Je vous envoie une photocopie du formulaire que j’ai rempli pour lui à l’époque, afin que vous ayez l’amabilité de pouvoir me dire si les signatures apposées dans le document préfacé et répétées de la même manière dans les différents serments prêtés par lui jusqu’au 9ème Degré inclus sont autographes ou non. En vous assurant du plus grand secret à ce sujet, je vous remercie par avance et vous adresse une chère triple accolade .Frère abbr .» (CPIP2, Doc. XXIII n. 2- quater /3/I, Rome 1984, p. 14).

Avec lettre prot. 08/48 Gr , datée (selon le calendrier maçonnique) « 4ème jour du II mois de AVL 5980 » ( 1980 ), le Grand Maître Ghinazzi répond au « Frère » Sergio Lupo, alors Vénérable Maître de la Loge Couverte « Minerva » de Turin, qui, par lettre du 19 mars 1980, avait demandé si sa Loge couverte pouvait entretenir des relations avec des Loges étrangères, peut-être du même type, c’est-à-dire « couvertes ». Ghinazzi répond ainsi à propos des loges couvertes : « Très cher Lupo, ta lettre attentionnée du 19 mars 1980 EV m’est maintenant parvenue. Le schéma couvert est caractéristique uniquement de la franc-maçonnerie italienne. Le Palazzo Giustiniani l’a également, bien qu’il s’appelle autrement  » (CPIP2, Doc. XXIII n. 2- quater /3/I, Rome 1984, p. 16). 

Ghinazzi poursuit à propos du projet des loges « couvertes » : « Il constituait une nécessité – qui ne me plaisait pas beaucoup – par rapport à l’état politico-religieux de l’Italie. Il s’agit d’une structure anormale ou, comme je l’appelle, « atypique ». Et, comme tout ce qui est anormal, il présente des avantages et des inconvénients, qui doivent être pris dans leur ensemble, sans possibilité de divisions. La possibilité de contacts avec des Loges Étrangères n’a jamais été envisagée, également parce que les « Loges Couvertes » ne sont pas des Loges au sens rituel du terme, mais des sections détachées de la « Loge Couverte Nationale N°1 ». En effet leurs Vénérables Maîtres ne sont pas électifs. , mais de nomination Magistrale » (CPIP2, Doc. XXIII n. 2- quater /3/I, Rome 1984, pp. 16-17).

Le franc-maçon Dr Comm. Vittorio Tirapani (de Bologne, courtier en assurances ), par une lettre du 9 mars 1981 , déclare au Grand Maître Giovanni Ghinazzi (GLDI) qu’il se considère déjà « en sommeil », suite à la déclaration par laquelle le Saint-Siège [17-2-1981] a réitéré et confirmé l’excommunication des catholiques inscrits dans la franc-maçonnerie. Tirapani en est très attristé, témoignant de son estime pour les francs-maçons et la franc-maçonnerie… Après avoir consulté deux prêtres dominicains qu’il connaît depuis plus de trente ans (et qui lui ont donné des «éclaircissements appropriés», «au confessionnal»), conformément avec sa foi catholique et le serment prêté comme Chevalier du Saint-Sépulcre avant de devenir franc-maçon, Tirapani a désormais décidé de quitter la franc-maçonnerie (cf. CPIP2, Doc. XXIII n. 2- quater /4/II, Rome 1985, p. 292 ).

Par une lettre datée du 27 avril 1981 , le Grand Maître Ghinazzi écrit à Tirapani qu’il souhaite s’adresser à lui davantage en ami qu’en Grand Maître… Tout d’abord, Ghinazzi informe Tirapani qu’il a consulté différents francs-maçons de son obédience (GLDI ) qui étaient catholiques comme lui (Ghinazzi), y compris où « un Père Gardien d’un Ordre, catholique par excellence » et tous – écrit Ghinazzi – révèlent en confession qu’ils sont francs-maçons et tous sont absous… Certains francs-maçons ont parlé « avec Ordinaires et cela avec des Prélats ayant juridiction effective » et ont assuré que cette Déclaration de l’ancien Saint-Office (qui inquiète tant Tirapani) n’ajoute rien de nouveau… Ghinazzi écrit qu’il a lui aussi accompli le précepte pascal, s’est confessé, s’est révélé à le confesseur (un des Pères Jésuites de la Paroisse de S. Roberto Bellarmino à Rome) d’être franc-maçon, fut absous et autorisé à recevoir les sacrements.

C’est pourquoi Ghinazzi reproche à Tirapani d’avoir été trop hâtif en suivant cette Déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Puis Ghinazzi, laissant transparaître une certaine dureté, écrit : « Sûrement, dans la crainte illogique et gratuite de rompre deux serments (envers l’Église et envers l’Ordre du Saint-Sépulcre), vous en avez transgressé au moins trente envers nous. J’espère toujours, cher Vittorio, que vous souhaiterez réexaminer votre décision avec plus de sang-froid et de sérénité, pour lesquelles je serais à votre disposition. C’est aussi la raison pour laquelle, en tant que Grand Maître, je ne fais pas encore de déclaration » (CPIP2, Doc. XXIII n. 2- quater /4/II, Rome 1985, p. 294).

Après cet « avertissement », la lettre se termine par l’habituelle « étreinte fraternelle » maçonnique…

En 1978 , Romolo Lepore, membre de la loge couverte « Adriano Lemmi » (GLDI), dirigée par le Vénérable Maître Giuseppe Quaratino 32°, a obtenu le 30e degré RSAA (cf. CPIP2, op. cit., Doc. XXIII n. 2- quater /4/II, Rome 1985, p. D’une lettre datée de juin 1979, il ressort que Giuseppe Quaratino, encore Vénérable Maître de la Loggia couverte « A. Lemmi »est le 33ème degré RSAA (p. 906).

Tommaso Palamidessi [1915-1983] faisait également partie de la loge couverte « Adriano Lemmi » (GLDI) (cf. extrait du rapport sténographique de l’audition de Giovanni Ghinazzi devant la Commission , le 6 octobre 1983, devant la Commission parlementaire d’enquête sur la loge maçonnique P2 , op. cit., Doc. XXIII n.2- quater /4/II, Rome 1985, p. Palamidessi était un ésotériste, occultiste, spiritualiste, théosophe, intéressé par l’Alchimie, l’Astrologie, le Yoga tantrique… Depuis 1960 Palamidessi était membre de l’Ordre Franciscain Séculier (sans renoncer à sa passion ésotérique), défenseur d’un Esotérisme « chrétien », fondateur de l’Archéosophie ou de l’Association Archéosophique (ici : http://it.wikipedia.org/wiki/Tommaso_Palamidessi ).

2. Le Chapitre national « confidentiel » du RSAA au Palazzo Giustiniani (1978)

Je rapporte quelques passages du document fondateur du Chapitre National RSAA (Palazzo Giustiniani), Décret n. 91/MC du 2 juillet 1978 : « NOUS Manlio CECOVINI 33ème Souverain Grand Commandeur du Conseil Suprême du 33ème et dernier Degré de la RSAA pour la Juridiction Maçonnique d’ITALIE PAR LES POUVOIRS NOUS CONFÉRÉS et en vertu de la résolution prise par le Conseil Suprême au Couvent Réservé du 2 JUILLET 1978 EV NOUS AVONS DÉCRÉTÉ ET NOUS DÉCRETONS

art. 1 Le CHAPITRE NATIONAL du RSAA est fondé

art. 2 Il comprend les membres effectifs du SC d’ITALIE, et les francs-maçons reconnus comme MAÎTRES réguliers par le GM du GO D’ITALIE, sont récompensés dans la hiérarchie rituelle d’un degré non inférieur à celui du Prince ROSE CROIX (I8ème) mais n’appartiennent à aucune chambre rituelle. L’adhésion à la section nationale n’est pas compatible avec l’adhésion à un organisme dépendant du SC de la RSAA.

art. 3 Le Chapitre National est gouverné par le GRAND COMMANDEUR SOUVERAIN, dans les fonctions de SAGE, assisté dans les différents rôles rituels par les MEMBRES du CONSEIL SC.

art.4 La liste des bas de page du CHAPITRE NATIONAL est tenue exclusivement par le Grand Secrétaire Chancelier du SC qui correspond directement avec tous les membres individuels. […]»

(Manlio Cecovini 33°, Souverain Grand Commandeur, Décret n° 91/MC , 2 juillet 1978, dans CPIP2, Doc. XXIII n° 2- quater /4/I, Rome 1984, pp. 37-38, capitalisation du texte ) .

Le Chapitre National susmentionné du RSAA sera dissous par le SGC Cecovini 33° par décret n. 335/MC du 3 octobre 1982 (voir p. 39).

Parmi les membres du Chapitre National du RSAA, convoqués à la réunion du dimanche 28 septembre 1980 (au siège de Piazza del Gesù, 47), il y a « Frugoni Cesare, […] Rome » (p. 44), qui est présent à la réunion du 22 novembre 1980 au cours de laquelle furent également discutés «Cabalà» et «Rosa + Croce» (voir pp. 45-47).

Lors de la séance du 21 février 1981 , il s’agit des Loges du 4e au 18e degré RSAA. Le thème annoncé pour la prochaine rencontre (4/11/1981) est : « le gardien du seuil » (cf. pp. 49-50).

Par lettre Prot/ CN/ n° 27 du 16 mars 1981, Carlo Stievano (Grand Secrétaire Chancelier du Conseil Suprême RSAA de Palazzo Giustiniani) annonce aux membres du Chapitre National que la réunion prévue pour le samedi 11 avril (1981) est reportée. au samedi 16 mai (1981) toujours sur le thème « LE GARDIEN DU SEUIL » (p. 51).

Je ne connais pas le texte de cette leçon, cependant de la littérature ésotérique il ressort que le Gardien du Seuil peut également être comparé ou identifié au XVème Arcane Majeur du Tarot, c’est à dire le Diable androgyne, considéré comme le Baphomet des Templiers. . Gardien du Seuil, ou Diable, il garde les « trésors », l’immortalité, la Connaissance supérieure… C’est aussi l’aspect obscur de l’Initié… L’Initié doit rencontrer et assimiler ce côté obscur (cf. Maria Pia Fiorentino, Tarot et chemin initiatique. La procession des Arcanes – attachées les 22 lames des Arcanes Majeurs , Edizioni Mediterranee, Rome 1997, pp. 111-113)… L’Initié doit descendre aux enfers, dans les Ténèbres, il doit rencontrer ce Gardien, le Diable, rencontre dangereuse ou nécessaire pour atteindre l’illumination authentique (cf. pp. 117-118)… 

Avec lettre du 27-2-1980 au F. Carlo Stievano 33° (Grand Secrétaire Chancelier du Conseil Suprême RSAA du Palais Giustiniani), l’avocat. «Franco Cuttica 33°» communique qu’il est franc-maçon «des temps lointains de la Piazza del Gesù», qu’il souhaite régulariser sa position «CONFIDENTIELLE» et joint donc une photocopie de sa carte de membre signée par le Grand Maître et datée du 1 /30/1980. Dans cette fiche, il est précisé que Franco Cuttica est un Maître Maçon (3ème degré) du Grand Orient d’Italie (cf. CPIP2, Doc. XXIII n. 2- quater /4/I, Rome 1984, pp. 462-463 ) .

Dans un formulaire RSAA (du Palais Giustiniani) signé par Franco Cuttica (daté du 27-2-1980 et saisi par la Commission parlementaire d’enquête sur P2), il apparaît que Cuttica lui-même a été initié franc-maçon en 1956 dans la Communion de Piazza del Gesù , promu au 3ème rang en 1958, au 4ème rang en février 1959, au 9ème rang en 1960, au 18ème rang en 1962, au 30ème rang en 1963, au 31ème rang en 1965, au 32ème rang en avril 1967 et au 33ème diplôme en novembre 1968 (cf. p. 466).

Par déclaration du 28-2-1980, Carlo Stievano 33ème (Grand Secrétaire Chancelier) et Italo Balice 33ème (Membre honoraire du Conseil Suprême) certifient que Franco Cuttica, franc-maçon de longue date de la Piazza del Gesù, est régulièrement équipé du brevet du 33ème degré RSAA. Stievano et Balice affirment que puisque Cuttica «est en position régulière «réservée» au Grand Orient d’Italie», ils demandent également sa régularisation au RSAA Justinien (cf. p. 467).

Puis avec une lettre du 13 mars 1980, Prot. 18/CN/80, Carlo Stievano 33 (Grand Secrétaire Chancelier RSAA) a communiqué à Franco Cuttica 33 qu’avec le Décret N° 201/MC de 13 cm, le Souverain Grand Commandeur Manlio Cecovini Le 33° accorde sa « régularisation au 33ème degré » et son « inclusion dans le CHAPITRE NATIONAL DU RSAA ». Stievano demande à Cuttica : « chèque de banque à l’ordre du « RSAA » d’un montant de £. 260.000 (£. 200.000 frais de régularisation le 33 £. 50.000 capitation année I980 £. 10.000 Clausen volume), pour pouvoir procéder à la délivrance du nouveau brevet » (p. 468).

Par lettre du 20 novembre 1980, l’avocat. Franco Cuttica communique à Carlo Stievano (« via Giustiniani, 5 – ROME », alors siège de la franc-maçonnerie justinienne du GOI jusqu’en 1985) : « Je vous informe qu’en tant que défenseur du professeur Aldo Semerari, dans le procès concernant le massacre de Bologne , je serai absent de Rome le 22 novembre. Je vous demande donc de me justifier  » (p. 471).

Dans un livre sur Aldo Semerari (1923-1982 ; ici : http://it.wikipedia.org/wiki/Aldo_Semerari ), le psychiatre et écrivain de Salerne Corrado De Rosa affirme que Semerari mangeait du foie cru pendant les rites solstitiels ; attiré par le monde ésotérique, Semerari était ouvertement païen et adorateur du Soleil (cf. Corrado De Rosa, La mente nera. Un mauvais maître et les mystères de l’Italie : l’étrange cas d’Aldo Semerari , Sperling & Kupfer, Milan 2014, p 37 ).

Francesco Siniscalchi et Ferdinando Accornero, deux francs-maçons du GOI hostiles à P2, rapportent qu’Aldo Semerari (ancien assistant universitaire dudit Accornero, neuropsychiatre) est entré dans la franc-maçonnerie (GOI), et a été initié dans la Loge « Pythagore ». Puis, grâce à sa connaissance du Grand Maître Gamberini, Semerari s’approcha de Gelli-P2 (cf. pp. 144-145).

Lors d’une audience (procès) en 1988, Carlo Semerari a déclaré que son frère Aldo était inscrit à la Grande Oriente d’Italia depuis de nombreuses années et avait déménagé au P2 de Gelli (voir p. 146).

En 2011, dans une interview publiée dans l’hebdomadaire Oggi , l’ancien Vénérable Maître de la Loge P2, Licio Gelli, déclarait à la journaliste Raffaella Fanelli qu’Aldo Semerari était « un criminologue très apprécié à l’époque » et « il était membre de P2» ( cf. p. 147).

3. La « CAMEA » et l’ésotérisme

Aldo Vitale, Souverain Grand Commandeur du CAMEA ( Centre d’Activités Maçonniques Ésotériques Acceptées du Rite Écossais – Conseil Suprême du 33ème et dernier degré d’Italie ), adresse la lettre protocolaire no. 22 AV/AM du 4 juin 1981 (sur papier à en-tête de la CAMEA) au juge d’instruction de Palerme de l’époque, Giovanni Falcone (1939-1992), sur une brève histoire de la CAMEA et des francs-maçons Michele Barresi et Giacomo Vitale. CAMEA a été fondée en 1958 à S. Margherita Ligure. Depuis 1974, la CAMEA rejoint la Grande Loge d’Italie – Palazzo Vitelleschi (GLDI) dont elle s’est séparée le 20 avril 1978. Le 9 août 1978, la CAMEA a été officiellement créée par acte notarié. Le professeur. Michele Barresi avec d’autres francs-maçons siciliens a quitté le GLDI et a rejoint la CAMEA et a été régularisé le 31/07/1978. Le 20/01/1979 Michele Barresi a été nommé Délégué Régional de Sicile pour la CAMEA. Le 8-5-1979, Michele Barresi a reçu le 33ème degré et est devenu membre des fonctions suprêmes de la CAMEA. Le 1er septembre 1979, Giacomo Vitale est également élevé au 33e degré (cf. CPIP2, Doc. XXIII n. 2- quater /4/II, Rome 1985, pp. 467-468).

Le 15 juin 1981, à Palerme, la Guardia di Finanza a procédé à une perquisition et à une saisie au domicile de Michele Barresi (cf. CPIP2, Doc. XXIII n. 2- quater /6/XIV, Rome 1987, pp. 82-83 ). Parmi les papiers saisis chez Michele Barresi, nous trouvons diverses notes sur des thèmes initiatiques. J’en citerai quelques-uns très intéressants. «[…] les moments de l’Histoire de la Franc-maçonnerie – Symbolisme – Schéma rituel – ne sont ni séparés ni séparables, mais constituent un tout organique puisque la Franc-maçonnerie est l’institution dans laquelle se matérialisent symbole et rituel » (p. 87).

« Les intelligences d’autres formes d’évolution différentes de la nôtre, si elles entrent en contact avec la vie humaine, peuvent parfois être persuadées d’utiliser ces formes, tout comme un homme enfile une combinaison sous-marine et descend dans un autre élément. Les francs-maçons, membres d’une même Loge, travaillant rituellement de la manière la plus orthodoxe possible, peuvent construire en chœur la forme de manifestation d’une intelligence, généralement un Ange, l’Ange de la Loge. L’exercice est le père de la perfection et dans notre cas, la répétition du rituel est la clé pour construire une forme de manifestation précise et claire. L’Ange synthétise la Loge et chacun développe la conscience de groupe, qui est la base de la véritable fraternité, sans toutefois jamais perdre son identité propre » (pp. 90-91).

Sur papier à en-tête Tribunal de Palerme – Bureau d’Éducation pour les Procès Pénaux, Prot. n° 5078, le juge d’instruction Giovanni Falcone adresse une lettre du 8 novembre 1982 à l’hon. Tina Anselmi, présidente de la commission d’enquête parlementaire sur P2. Le juge Falcone annonce qu’au cours des enquêtes sur les organisations mafieuses siciliennes, il est apparu que certaines personnes « accusées de crimes graves et appartenant à des bandes mafieuses » ont travaillé au transfert de Michele Sindona d’Athènes à Palerme en août 1979. Il s’agit de Giacomo Vitale et Francesco Foderà, tous deux fugitifs et appartenant à la Loge CAMEA (Centre d’Activités Maçonniques Ésotériques Acceptées) susmentionnée. Concernant «les liens entre P2 et l’affaire Sindona», Falcone communique que «il a déjà été constaté que le Dr Giuseppe Miceli Crimi, également franc-maçon et l’une des personnes les plus impliquées dans cette affaire, a eu de nombreux contacts avec Licio Gelli au cours de Michele Le séjour de Sindona à Palerme » (cf. CPIP2, Doc. XXIII n. 2- quater /4/II, Rome 1985, pp. 465-466).

La Grande Loge CAMEA est entrée en hibernation en 1982 suite à l’implication de ses membres dans diverses affaires imputables aux hommes de la Loge P2. En 2003, le Conseil Suprême RSAA de la CAMEA a été réveillé par son fondateur Aldo Vitale 33° (1925-2004 ; voir ici : http://it.wikipedia.org/wiki/Gran_Loggia_Madre_C.AMEA . ; et ici : http://www .supremoconsigliocamea.com/chi-siamo.html ).

Migrations, climat et frontières au XXIème siècle

Le Grand Orient de Suisse organise une conférence publique avec pour orateur M. François Gemenne, le vendredi 31 mai à Genève, sur le thème Migration, climat et frontières au XXIème siècle.

Spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement et des migrations, François Gemenne est professeur à HEC Paris, où il dirige le Master ‘Sustainability and Social Innovation’. Il est également chercheur qualifié du FNRS à l’Université de Liège (Belgique), où il dirige l’Observatoire Hugo. Il a été auteur principal pour le 6ème rapport du GIEC, et enseigne également les politiques du climat et les migrations internationales dans plusieurs universités, notamment à Sciences Po Paris et à la Sorbonne. Il est par ailleurs le co-directeur (avec Julia Tasse) de l’Observatoire Défense et Climat du Ministère des Armées (France), établi à l’IRIS.

Ses recherches sont essentiellement consacrées à la gouvernance internationale du climat et des migrations. Il a notamment beaucoup travaillé sur les déplacements de populations liés aux dégradations de l’environnement, sur les politiques d’adaptation au changement climatique, ainsi que sur les politiques d’asile et d’immigration.

Il est titulaire d’un doctorat en sciences politiques de Sciences Po Paris et de l’Université de Liège, en Belgique (double diplôme). Il possède également un Master d’études en Développement, Environnement et Sociétés de l’Université de Louvain, et un Master de Recherche en Science politique de la London School of Economics, où il a aussi enseigné.

Il a publié ses travaux dans de nombreuses revues, dont Science et Global Environmental Change, et est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont L’écologie n’est pas un consensus(Fayard 2022), On a tous un ami noir (Fayard 2020), Géopolitique du climat (Armand Colin, 2009 et 2015), ainsi que deux atlas : un Atlas des Migrations Environnementales avec D. Ionesco et D. Mokhnacheva (Presses de Sciences Po et Routledge 2016) et un Atlas de l’Anthropocène, avec A. Rankovic et l’Atelier de Cartographie de Sciences Po (Presses de Sciences Po 2019).

Il a également de nombreux engagements éditoriaux et associatifs : en particulier, il est président du Conseil scientifique de la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) et président du Conseil d’Administration de l’ONG Climate Voices, qui cherche à relier les jeunes du Nord et du Sud autour des enjeux climatiques. Par ailleurs, il est directeur du domaine Politiques de la Terre aux Presses de Sciences Po.

Enfin, il est chroniqueur régulier à la radio et à la télévision en France et en Belgique (notamment Zéro Émission, sur France Info). Il est très souvent invité sur les plateaux en qualité d’expert pour participer à des débats d’idées et rendre la science accessible au plus grand nombre.

Obtenir des billets: ici

Le concept maçonnique de civilité

De notre confrère espagnol nuevatribuna.es – Par EDUARDO MONTAGUT

Qu’ont en commun la civilité et la franc-maçonnerie ? Pour répondre, nous allons au XIXe siècle, et avec l’aide de quelques experts, à savoir  Rossend Arús  et  Lorenzo Frau Abrines , qui dans leur  Dictionnaire encyclopédique de la franc-maçonnerie , publié en 1883 à La Havane, considéraient qu’il y avait beaucoup de relations entre les deux.

En récupérant ce que ces auteurs ont proposé il y a si longtemps, nous voulons profiter de l’occasion pour proposer une sorte de « modèle éduqué » pour traiter avec les autres dans tous les domaines, sociaux ou politiques, et donc une alternative au chaos et à la violence qui règnent. En sauvant ces questions qui semblent si lointaines parce qu’elles datent d’un autre siècle et/ou se réfèrent à ce prétendu univers étrange des loges maçonniques, et dans un monde où de nombreuses formes de courtoisie sociale ont été perdues, il peut sembler à beaucoup que nous effectuons un exercice anachronique, même si nous ne le croyons pas, car, insistons-nous, ils peuvent nous donner des indices pour retrouver un climat civilisé dans les relations sociales où le respect d’autrui est si souvent perdu.

La civilité serait liée à une bonne éducation, elle devrait donc être la loi de la franc-maçonnerie, dans tous ses actes et cérémonies.

La civilité serait synonyme de « courtoisie, retenue, attention et bonnes manières ». La civilité serait liée à une bonne éducation, elle devrait donc être la loi de la franc-maçonnerie, dans tous ses actes et cérémonies. Face à cela, la vanité, les « manières libres, les paroles et les familiarités » généraient un excès de confiance, de sorte que de nombreuses réunions pouvaient facilement perdre leurs plus beaux attraits, devenant ennuyeuses et même désagréables.

    Une civilité bien comprise suffisait pour éviter ces inconvénients, en ne tombant pas dans l’indiscrétion ou les libertés de mauvais goût.

    La loi de la civilité doit prévaloir chez les francs-maçons comme garantie d’ordre et de sang-froid, mais aussi en faveur de la paix et de l’harmonie. Les réunions de loge devaient être régies par cette loi. Si d’un côté l’égalité et la fraternité doivent prévaloir dans ces rencontres,  le civisme doit aussi régner. Il ne s’agirait pas d’une fausse conformité ou d’éloges flatteurs, mais il ne s’agirait pas non plus d’une légèreté et de libertés « intempestives ». Tout devait être basé sur la retenue, le naturel et la modestie.

    La loi de la civilité devait prévaloir chez les francs-maçons comme garantie d’ordre et de sang-froid, mais aussi en faveur de la paix et de l’harmonie.

    Bon, quittons les loges maçonniques et réfléchissons un peu à ces concepts et procédures. Il ne s’agirait pas, comme le soulignent ces deux francs-maçons du XIXe siècle, d’hypocrisie et de mensonge dans le traitement, mais plutôt d’établir quelques règles minimales de courtoisie, d’ordre et de sang-froid en faveur de l’harmonie, au moins dans le traitement et la confrontation, notamment. politique, et pas seulement.

      Parfois, avec ces choses, ce serveur croit que c’est d’une autre époque, mais bon, nous collectons du matériel historique pour suggérer un traitement différent car celui qui prévaut actuellement ne semble pas approprié.

      S’il y a un initié parmi les lecteurs, qu’il lève le doigt…

      Combien de fois avons-nous entendu la phase suivante : « Il ne peut rester parmi nous, car ce n’est pas un(e) initié(e) ». Chacun comprend qu’il s’agit implicitement d’une personne qui n’a pas reçu la Lumière de l’initiation maçonnique. Le problème avec le verbe, c’est qu’il est souvent créateur.

      Pour de nombreux maçons, il existe deux catégories d’humains, les francs-maçons, ceux qui sont des initiés et les autres, ceux qu’on nomme habituellement « les profanes ». Cette croyance recèle un poison mortel, celui de la discrimination qui conduit tout droit vers la suffisance… En d’autres termes, c’est l’autoroute de l’ignorance avec un embranchement vers l’orgueil ou vers la vanité.

      Parmi toutes les voies initiatiques disponibles sur le marché des initiations, il en est une qui se nomme le rosicrucianisme. Elle est encore plus ancienne que la Franc-maçonnerie, puisque les « manifestes Rose-Croix », la Fama Fraternitatis et la Confessio Fraternitatis furent publiés une centaine d’années avant la création de la Grande Loge de Londres en 1717. Chez les rosicruciens, on ne devient Rose-Croix qu’après des années de travail. Comme le rappelle Serge Toussain, le Grand-Maître de l’A.M.O.R.C. : « Il est de coutume de désigner ses membres par le mot « Rosicruciens ». Quant au terme « Rose-Croix », il est plutôt utilisé pour qualifier l’état de Sagesse que tout Rosicrucien s’évertue à atteindre en étudiant l’enseignement de l’Ordre et en mettant sa philosophie en pratique. Dans l’absolu, un Rose-Croix est donc un homme ou une femme qui, ayant fait du Rosicrucianisme le fondement de sa quête spirituelle, est devenu un Sage, au sens le plus mystique de ce terme. »

      Chez les maçons, cette nuance n’existe pas. Un Apprenti ayant été initié le lundi précédent ou un vieux maçon du 33° du REAA initié il y a 45 ans sont appelés tous deux des Initiés. C’est assez fâcheux, car dans les deux cas, ils sont coupés des non-initiés, mais rien ne les distingue des sages et des non sages. Certains m’objecteront qu’à un certain degré, on informe le candidat que : « Nul n’a le pouvoir de vous transmettre l’initiation. Vous seul pouvez cheminer sur la voie de la maçonnerie ». Mais combien entendent cette sentence… et surtout, combien la comprennent réellement afin de la pratiquer ?

      En résumé, chez les maçons, il existe une fâcheuse habitude à se séparer du monde dit « profane » avec une certaine défiance pour ne pas dire mépris de classes. Or, chacun de nous connait un nombre incalculable de profanes qui cheminent sur des voies de la sagesse avec une profondeur et une sincérité incomparables, ce qui les rend « sages », et des maçons de degrés dit élevés, qui sont la honte de l’humanité pour certains. Pour enfoncer le clou, chacun a entendu la formule : « Il existe de nombreux maçons sans tablier, mais il existe aussi, tellement tabliers… sans maçon ».

      Aussi, il serait peut-être utile d’ouvrir un débat sémantique afin de trouver un mot nouveau pour remplacer ce terme fourre-tout « d’initié ». Faut-il rappeler qu’avant de recevoir la Lumière, chacun de nous est passé par 5 états : « profane », « postulant », « candidat », « impétrant », « récipiendaire ». Le souci est que le terme d’initié laisse supposer qu’il s’agit d’un accomplissement, alors qu’il n’est question que d’une promesse future, conditionnée par le travail permanent de plusieurs décennies. Si certains, par fausse modestie affirment qu’ils sont d’éternels apprentis, dans le fond, une chose est certaine, nous sommes tous d’éternels apprenants. Enfin, c’est le postulat de base.

      J-30 : Masonica Tours – Focus sur les tables rondes

      Premier à vous donner l’info et à lancer un « Save the date ! » le 8 janvier dernier avec « 01-02/06/24 : MASONICA TOURS-1er Salon du Livre et de la Culture. Réservez la date ! », puis à vous communiquer en EXCLUSIVITÉ les visuels du Salon du Livre maçonnique le 13 mars 2024 avec notre article intitulé « Masonica Tours : Visuel et message, en exclusivité pour 450.fm » et enfin le 9 avril courant, ainsi qu’à vous offrir le programme « Masonica Tours : Le programme du Salon du Livre maçonnique ! », 450.fm souhaite aujourd’hui faire un focus sur les tables rondes (TR).

      Michel Maffesoli
      Michel Maffesoli

      Surtout parce que les conférenciers sont connus de tous tel Michel Maffesoli, sociologue notable qui a fortement influencé la pensée sociologique contemporaine, notamment avec ses théories sur le postmodernisme et le tribalisme urbain. Il a longtemps enseigné à la Sorbonne (Paris Descartes), et il a été membre de l’Institut Universitaire de France, une institution prestigieuse qui reconnaît les professeurs pour leur excellence en recherche. Il a aussi dirigé le Centre d’Études sur l’Actuel et le Quotidien (CEAQ) à l’Université Paris Descartes. Revenons sur ses contributions majeures :

      Le concept de tribalisme urbain : Notre frère Michel Maffesoli est reconnu pour avoir introduit et développé le concept de néo-tribalisme, une idée qui décrit comment les individus modernes se regroupent en petites communautés basées sur des intérêts ou des passions partagées ;

      Le Temps des tribus : Dans ce livre influent, il explore la dissolution de la conscience collective traditionnelle au profit de microgroupes ou tribus, marquant un changement significatif dans la structure sociale.

      Citons son dernier ouvrage Le Grand Orient – Les Lumières sont éteintes (Éd. Guy Trédaniel, 2023). Rappelons que Michel Maffesoli est contributeur à 450.fm, en charge de la rubrique « Sociologie et Franc-maçonnerie ».

      Ou encore cet érudit qu’est Roger Dachez, présidant de l’Institut Maçonnique de France, connu pour ses travaux sur l’histoire de la franc-maçonnerie et la médecine. Outre sa carrière dans le domaine médical, Roger Dachez est également un universitaire et un auteur prolifique, pour notre plus grand profit et plaisir. Il a écrit de nombreux livres et articles sur la maçonnerie sujet, explorant les origines, l’évolution, et les divers aspects culturels et historiques de cette fraternité. Ces travaux illustrent brillamment son rôle de communicateur, d’éducateur et de pédagogue dans le domaine de l’art royal. Son dernier opus Les mots essentiels pour comprendre… La franc-maçonnerie (Cairn, 2024). Des ouvrages toujours éclairants !

      La soirée festive

      Des sœurs de Notre-Dame de Charité du Refuge en 1711 à l’emblématique loge du Grand Orient de France qui tient tenue rue Georges Courteline, le temple des Démophiles est un lieu chargé d’histoire.

      C’est ici que se tiendra le spectacle de François Morel et Philippe Benhamou « Les colonnes sont muettes chez les Argonautes ». Humour et poésie, avec la participation de Franck Fouqueray.

      La soirée festive a rencontré un succès éclatant, affichant COMPLET bien avant l’événement. L’engouement exceptionnel pour cet événement témoigne de son immense popularité et de l’anticipation palpable parmi les participants. Nous sommes ravis de constater l’enthousiasme débordant pour une soirée qui promet d’être inoubliable !

      Focus sur les tables rondes

      Le Salon du Livre maçonnique de Masonica Tours se distingue par une série de tables rondes enrichissantes qui promettent d’approfondir la compréhension de la franc-maçonnerie sous plusieurs aspects fondamentaux.

      Jean Dumonteil

      1re Table Ronde : La franc-maçonnerie initiatique de tradition

      – Animateur : Jean Dumonteil

      – Intervenants : Francis Bardot, Laurent Jaunaux, Catherine Quentin, Bernard Simmenauer

      Cette session plonge dans les racines traditionnelles de la franc-maçonnerie, explorant son rôle et son évolution à travers l’histoire. Les discussions promettent d’éclairer les rituels, les symboles et l’impact socioculturel de ces traditions sur les membres et la société.

      Lauric Guillaud

      2e Table Ronde : La recherche de la vérité

      – Animateur : Lauric Guillaud

      – Intervenants : Pierre Pelle Le Croisa, Nelly Dupont, Jacques Morabito

      Centrée sur le thème de la quête de vérité, cette table ronde aborde la manière dont la franc-maçonnerie encourage ses membres à poursuivre la connaissance et la compréhension profondes des mystères de la vie et de l’univers.

      Laure Bellier

      3e Table Ronde : Mixité et parcours maçonnique

      – Animateur : Stéphane Cognon

      – Intervenants : Laure Bellier, Annick Drogou

      Cette discussion s’attache à la question de la mixité au sein de la franc-maçonnerie, examinant comment l’inclusion des femmes et des différents genres enrichit les expériences et les perspectives au sein de l’ordre.

      4e Table Ronde : La Franc-maçonnerie, un horizon pour une société contemporaine en crise ?

      – Animateur : Bertrand Gimonnet

      – Intervenant : Éric Badonnel, Michel Desgroux

      Les intervenants débattront du rôle potentiel de la franc-maçonnerie comme fondement pour surmonter les crises contemporaines, proposant des réflexions sur comment les principes maçonniques peuvent offrir des solutions aux défis sociaux actuels.

      Alain-Noël Dubart

      5e Table Ronde : Franc-maçonnerie et religion

      – Animateur : Yonnel Ghernaouti

      – Intervenants : Alain-Noël Dubart, Salah Merabti, Emmanuelle Nguyen, Jean Marie Onfray, Patricia Randrianame Rahamelisone, Michel Tobiano

      Cette table ronde explore les intersections entre la franc-maçonnerie et différentes confessions religieuses, discutant de la manière dont ces croyances coexistent au sein de l’ordre, enrichissant mutuellement les pratiques et les compréhensions spirituelles.

      C’est dans un cadre idéal pour ces échanges profonds que ces tables rondes promettent d’apporter des points de vue précieux et des débats stimulants pour tous les participants intéressés par la franc-maçonnerie, son histoire, et son impact sur la société moderne.

      Informations pratiques : Masonica Tours – Salon du Livre maçonnique, le site

      MAME Cité de la Création & de l’Innovation – 49, Boulevard Preuilly 37000 Tours

      Teramo : une rue de la ville porte le nom du franc-maçon et antifasciste Biancone

      Du site officiel du grandeoriente.it

      Le 20 janvier dernier à Teramo a eu lieu la cérémonie du nom d’une rue de la ville en l’honneur de l’intellectuel antifasciste et franc-maçon Umberto Biancone (1893-1960). La cérémonie, présidée par le maire Gianguido D’Alberto et la conseillère Pina Ciammariconi, s’est déroulée en présence des membres de la famille Biancone et des représentants de l’ANPI.

      Biancone, décoré d’une médaille pour la Première Guerre mondiale, était chevalier de l’Ordre de la Couronne d’Italie, socialiste libéral, avocat, journaliste, éditeur et bibliothécaire. Déjà en 1910, il participa avec quelques pairs à la réorganisation de la salle de lecture rattachée à la bibliothèque Delfico et en 1914 il fonda et dirigea 11 Risveglio » qui, pour les élections de 1924, soutint une liste maçonnique d’où surgit un comité de lutte contre le fascisme.

      Son appartenance à la franc-maçonnerie, interdite par le régime en 1925, conduit à son arrestation. En 1944, il rejoint le premier Comité provincial de Libération. Il reprend son activité journalistique en dirigeant en 1945 « Il Risveglio Abruzzese », un périodique soutenant le Parti Démocratique du Travail.

      À la croisée des destins : Une exploration initiatique avec « Trois vœux pour un Royaume »

      Commençons par l’illustration de la première de couverture. Cette peinture, intitulée « Dante et Béatrice au paradis » a été réalisée en 1893 par l’artiste danois Poul Simon Christiansen (1855-1933) . L’œuvre est actuellement exposée au Musée national d’art, à Copenhague, au Danemark.

      Dans cette peinture, l’artiste représente Dante Alighieri (c. 1265-1321), le célèbre poète italien du Moyen Âge, et son amour idéalisé, Béatrice. Selon la Divine Comédie de Dante, Béatrice est une figure céleste qui guide Dante à travers le Paradis. Poul Simon Christiansen capture ici un moment éthéré, avec Béatrice debout, imposante et sereine, vêtue de jaune et bleu, des couleurs souvent associées à la fidélité et à la divinité. Dante est agenouillé en rouge vif, une couleur qui peut symboliser la passion et l’amour, avec les mains jointes en prière, ce qui démontre sa dévotion et son admiration.

      Le paysage derrière eux semble être une vue idyllique du Paradis, avec une nature luxuriante, des eaux calmes et un ciel ouvert, symbolisant la paix et la perfection du cadre. La scène illustre le thème de l’amour élevé à un niveau spirituel et divin, une notion centrale dans les écrits de Dante.

      L’utilisation de la couleur, la composition et la juxtaposition de la figure terrestre et dévote de Dante avec la figure céleste et paisible de Béatrice soulignent l’aspiration à la beauté, à la vertu et à la grâce spirituelle qui sont au cœur de la vision du paradis de Dante. L’artiste a réussi à capturer non seulement la scène narrative mais aussi l’atmosphère de révérence et de divinité qui entoure le récit de Dante.

      La peinture capture l’idée d’élévation spirituelle. C’est fort justement vers cet idéal de méditation sur la quête mystique de l’âme humaine, la beauté transcendante et la promesse d’un paradis éternel que nous conduit Trois vœux pour un Royaume, le dernier opus de Bernard Séjourné qui a réalisé l’essentiel de sa carrière dans les industries de l’énergie et a posé désormais ses valises au bord du Bassin d’Arcachon, joyau enchanteur de la côte atlantique, trésor de patrimoine mélangeant harmonieusement culture et nature, captant ainsi les cœurs et les esprits.

      Trois vœux pour un Royaume, roman initiatique, nous invite à plonger dans un univers symbolique et mystérieux.

      L’auteur, en écrivant Royaume avec un ‘’R’’ majuscule nous fait entrer dans une dimension symbolique forte. En effet, le choix d’une majuscule souligne l’importance du concept de Royaume dans le contexte du livre qui représente plus qu’un simple territoire physique mais des idées plus vastes telles que la spiritualité, la quête de sens ou l’exploration intérieure. Bernard Séjourné attire donc l’attention du lecteur, et sa curiosité évoquant une atmosphère toute particulière… Une harmonie visuelle qui renforce le ton du récit.

      Quant au nombre de chapitres composant l’ouvrage, trente-trois (33), nous n’imaginons pas un seul instant que Bernard Séjourné n’ai pas eu à l’esprit la richesse du symbole tant culturel – le 33 peut simplement être vu comme un signe de chance ou de bon augure –, religieux – Jésus-Christ avait 33 ans lorsqu’il a été crucifié et ressuscité –, ésotérique – les 33 degrés dans le RÉAA ; le 33 est parfois lié à la conscience universelle et à l’énergie spirituelle, étant considéré comme un vecteur de paix, d’amour et de compréhension spirituelle – ou encore en numérologie, où le nombre 33 est considéré comme un des maîtres nombres, symbolisant un potentiel de croissance spirituelle et de compréhension, d’altruisme et de service à l’humanité…

      Poul S. Christiansen : Dante et Béatrice au paradis (1895) 

      Le récit est un véritable voyage initiatique.  La terminologie roman initiatique figure du reste sur la première de couverture. Également appelé roman d’apprentissage, il s’agit d’un genre littéraire qui a vu le jour en Allemagne au XVIIIe siècle sous le nom de Bildungsroman. Ce terme, créé par le philologue allemand Johann Carl Simon Morgenstern, désigne l’essence même du roman, en opposition au récit épique. L’auteur y intègre bel et bien toutes les caractéristiques clés : la quête,  les épreuves et les enseignements, la transformation (le héros gagne en maturité, en sagesse et souvent en compétences et/ou en connaissances), une révélation et un retour qui est autant une fin qu’un nouveau départ, avec une nouvelle perspective sur la vie et parfois une mission renouvelée.

      Le livre de Bernard Séjourné est donc un récit allégorique ou un conte philosophique qui suit le parcours d’un prince dans sa quête de sagesse et de compréhension du monde. Ce voyage est une métaphore du cheminement intellectuel et spirituel que l’on peut entreprendre dans la vie.

      Le prince, destiné à devenir roi, se lance dans un périple pour comprendre ce que c’est que d’être un roi sage. Ce thème évoque les récits classiques de la quête du héros, où le protagoniste doit voyager loin de chez lui pour acquérir la connaissance et la maturité nécessaires au leadership. Comme Ulysse, le prince rencontre divers guides et subit des épreuves qui le mettent à l’épreuve et l’aident à grandir. Ces guides sont variés, incluant des philosophes, des religieux et d’autres figures érudites, rappelant les rencontres faites par Dante dans la Divine Comédie – un des plus importants témoignages de notre civilisation médiévale et un des chefs-d’œuvre de la littérature –, une influence explicite citée dans le texte.

      Béatrice, ici, est décrite comme une femme mystérieuse et belle, rappelant le personnage de Béatrice dans les œuvres de Dante qui sert de guide spirituel. Il semble qu’elle joue un rôle similaire dans ce récit, offrant des dons symboliques comme une fleur d’églantier qui pourraient avoir une signification allégorique profonde, peut-être liée à l’amour, la pureté ou le sacrifice.

      Bernard Séjourné évoque également une introspection personnelle qui a débuté dans les années 80 et qui a abouti à la rédaction du livre. Il établit un parallèle entre l’écriture et le besoin d’exprimer ses pensées et idées, ce qui suggère que le livre pourrait offrir des perspectives personnelles sur la vie et la complexité du monde.

      Croix, donnée et fleur d’églantier

      Le « fil rouge » qui accompagne le prince dans sa quête pourrait être une métaphore de la cohérence et de la continuité tout au long du livre, reliant les différentes expériences et révélations du prince.

      La croix, donnée par un « frère », et la fleur d’églantier sont des symboles représentent la foi et la beauté, ou peut-être l’amour et le sacrifice. Dans certaines traditions chrétiennes, l’églantier peut représenter la Vierge Marie et est donc associé à la spiritualité et à la dévotion.

      Dr Faustroll, interprétation libre

      Et la référence à Alfred Jarry et à son personnage docteur Faustroll suggère une influence du pataphysique, une branche de la philosophie qui traite de ce qui se trouve au-delà du domaine de la métaphysique. Le style littéraire de l’auteur joue avec les conventions et explore des idées abstraites ou absurdes. La référence à l’écriture comme un moyen de tester et d’affiner les idées suggère que le livre vise à stimuler la réflexion chez le lecteur.

      Enfin, le fait que l’auteur ait choisi de partager ses cogitations indique une intention didactique et partageuse. C’est cela aussi la transmission !

      Cet ouvrage est bien plus qu’une simple narration. Il aspire à provoquer une introspection chez le lecteur, l’invitant à réfléchir sur les thèmes de la sagesse, de la quête de sens et du leadership. Il offre une narration détaillée et riche en développement de personnages et en explorations philosophiques.

      Trois vœux pour un Royaume est une œuvre de fiction littéraire avec une richesse de symbolisme, un voyage initiatique philosophique et une exploration personnelle de l’auteur. Le récit propose une réflexion sur la sagesse, la connaissance et l’expérience personnelle transposée dans un conte allégorique.

      Trois vœux pour un Royaume

      Bernard SéjournéAuto-édition – Impression Copymédia, 2023, 316 pages, 22 €

      À commander chez l’auteur b.sejourne@orange.fr

      Règlement par chèque, à adresser au domicile ou par PayPal

      Expédition par Mondial Relais à réception du règlement – frais de port gratuit