sam 27 avril 2024 - 11:04

Aqua ça sert …

Du site blog-glif.fr

Dieu a créé les eaux dès l’origine (la Bible ne le dit pas explicitement), en même temps que le ciel et la Terre. Au commencement, l’eau existait sous une forme singulière, le “grand abîme”, une profondeur impénétrable qui s’étendait depuis la surface de la Terre jusqu’au ciel. Il n’y avait pas encore de lumière pour l’illuminer.

Dieu a ensuite séparé les eaux d’en haut de celles d’en bas par le firmament, et au troisième jour, il a rassemblé les eaux d’en bas pour que la terre ferme apparaisse. Ces eaux primitives sont à la source de toutes les eaux , douces et salées.

Les eaux sont à la fois eaux de la mort, l’abîme où les êtres disparaissent et perdent leur forme et meurent, et eaux de la vie, qui lui donnent naissance comme une matrice, qui fertilisent, qui régénèrent, ce sont les eaux “cosmogoniques” (Science de la formation des objets célestes).

Le symbolisme de l’eau est donc radicalement ambivalent. Pas de vie sans eau : dans le ventre de sa mère, l’enfant grandit dans les eaux, sources fécondes, sources maternelles. Toute sa vie, l’enfant, devenu homme, aura un besoin radical d’eau pour boire et aussi pour se laver .

C’est ainsi que le monde est sorti du chaos originel, chaos essentiellement humide, avec les eaux d’en haut et les eaux d’en bas. Il fallait séparer le sec ou le “continent” de cette masse des eaux. Les eaux sont la substance primordiale et le fondement du monde entier. L’eau est “germinative” et source de toute vie. L’eau est appelée “eau vive”.

Scientifiquement parlant l’eau est constituée de deux molécules  (très inflammable): un atome d’oxygène (O) relié à deux atomes d’hydrogène (H), formant ainsi la molécule d’eau (H₂O) . Cette structure moléculaire confère à l’eau ses propriétés uniques et essentielles pour la vie telle que nous la connaissons. 

Le corps humain contient entre 60 et 75 pour cent d’eau, ce chiffre est influencé par différents facteurs tels que l’âge et le sexe. La masse corporelle des nouveau-nés est composée d’eau à environ 75 pour cent, et se situe autour des 65 pour cent chez les adultes.

Du déluge à une nouvelle création.

Mais les eaux sont aussi celles du déluge destructeur de toute vie. L’histoire du déluge est celle d’un cataclysme mortel comme un cyclone. L’eau d’une inondation subite après un orage est une eau qui détruit et qui tue. Mais, paradoxalement, après la mort vient la vie : le déluge ouvre sur le récit d’une nouvelle création, d’une régénération. L’univers repart à neuf. La vie renaît aussitôt après. C’est ce qu’évoque, dans notre inconscient collectif, tout rite de passage par l’eau : il «renvoie à des eaux primordiales» d’où sont sortis tous les êtres déterminés. «Le rite des eaux a donc valeur de recréation et de renaissance pour l’existence historique» (L. Beirnaert prêtre jésuite français).

Le déluge Michel-Ange 1508-9.Chapelle Sixtine, Vatican

 

Ce symbolisme de vie et de mort est lié à celui de l’eau purificatrice. La psychologie jungienne y verra un de ces archétypes qui habitent la “psychè” de l’humanité. Mircea Eliade estime que le rite de l’immersion exprime l’abolition de l’histoire.

En franc-maçonnerie, l’eau revêt une signification profonde et symbolique. Voici quelques interprétations liées à l’épreuve de l’eau.

Mémoire vive et mystère initiatique:

L’eau est porteuse du mystère initiatique. Dans certains mythes, les eaux délivrent la pierre de lumière.

«Ces mots résonnent comme un poème mystique, une énigme de l’univers. L’eau, fluide et changeante, transporte-t-elle en elle la clé de la lumière? La pierre, solide et ancienne, cache-t-elle un secret divin? 

Peut-être que les eaux, dans leur danse incessante, portent en elles la sagesse des étoiles. Peut-être que la pierre, avec sa patience millénaire, détient la vérité de l’aube. »

La pierre brute et la pierre cubique découlent de cette symbolique.

La vie elle-même est portée par l’eau, qui est en mouvement constant en raison de sa nature mobile et fluide .

Les trois épreuves initiatiques:

Après avoir triomphé de la Terre, le néophyte est introduit en loge pour accomplir trois voyages initiatiques.

L’épreuve de l’eau fait suite à l’épreuve de la Terre (plongée dans la matière pour la connaissance de soi) et à l’épreuve de l’Air (tentative d’élévation vers le Principe supérieur).

Contrairement à l’épreuve de l’Air, l’épreuve de l’Eau symbolise le chemin de la persévérance dans la connaissance de soi .

Rite de purification:

L’épreuve de l’eau est apparue bien avant la franc-maçonnerie.

Dans le temple, les rites sont des épreuves préparatoires à l’initiation.

Ils servent à purifier l’initié par les éléments (au sens cosmologique), le ramenant à un état pur pour qu’il soit apte à recevoir la lumière .

En somme, l’eau en franc-maçonnerie représente à la fois la connaissance, la purification et le mystère qui entoure l’initiation. 

L’eau, élément essentiel à la vie, a captivé l’esprit des philosophes à travers les âges. Voici quelques réflexions et textes sur l’eau :

Héraclite : Le philosophe présocratique Héraclite considérait l’eau comme un symbole du changement perpétuel. Il affirmait que tout est en mouvement constant, tout comme les flux d’une rivière.

Héraclite

Gaston Bachelard : Dans son ouvrage “L’Eau et les Rêves”, Bachelard explore l’imaginaire lié à l’eau. Il propose une connaissance du réel à travers les quatre éléments, dont l’eau, qui évoque l’imaginaire et la profondeur de nos rêves.

Olivier Rey : Dans “Réparer l’eau”, Rey critique la place de la science dans notre société et souligne l’importance des rivières. Il invite à prêter attention à ces cours d’eau plutôt que de simplement les protéger par des lois.

Jean-Philippe Pierron : La poétique de l’eau nous rappelle que changer notre imagination peut transformer notre existence. L’eau, canalisée et distribuée, semble ordinaire, mais elle reste un élément essentiel de notre condition humaine.

En somme, l’eau transcende sa réalité physique pour devenir un symbole puissant dans la pensée philosophique. Elle nous invite à méditer sur la vie, le changement et notre relation au monde. 

Tout est “dissout” dans l’eau, aucune forme n’est intégrée, aucune histoire ne subsiste après une immersion dans l’eau, aucun profil, aucun “signe” ni aucun “événement”. Sur le plan humain, l’immersion équivaut à la mort, et sur le plan cosmique, à la catastrophe (le déluge), qui dissout périodiquement le monde dans l’océan primordial.

Désintégrant toute forme et abolissant toute histoire, les eaux possèdent cette vertu de purification, de régénération et de renaissance.

Une chose est sûre, car dans notre soif de vérité, de connaissance, de rêves, d’amour, nous devons sans cesse boire, l’eau étanche notre soif de connaissance, alors, aurions-nous le plaisir de lever nos verres et de nous écrier, buvons, buvons à l’eau, buvons à l’eau-de-vie …

 Pour conclure une ode à l’épreuve de l’eau
Pèlerin d’idéal, je traverse une plaine
Que le brouillard complice enveloppe et j’entends
Les chocs d’armes, les cris d’aveugles combattants
Qu’affrontent leurs instincts de folie et de Haine.
Plus loin, je vais chercher plus de sagesse humaine,
Mais un fleuve m’arrête et je reste hésitant,
Penché sur l’eau perfide aux remous clapotants,
Car le flot est rapide et la rive est lointaine. 

Reculer, c’est déchoir. Mieux vaut risquer la mort
Que renoncer au but promis à mon effort.
Je veux me libérer en acceptant l’épreuve.
Je plonge, nage, lutte, enfin je touche au port.
Et je goutte, vainqueur, cette dignité neuve :
Me posséder moi-même en triomphant du sort.
J. Corneloup (Le symbolisme 1922)

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