sam 27 avril 2024 - 01:04

Renaître pour se retrouver

De notre confrère italien expartibus.it – de Chrétien de Rosemunda

Il faut reprendre les pas déjà posés, les répéter, et tracer de nouveaux chemins à leurs côtés. Nous devons recommencer le voyage. Toujours.
José Saramago

Je veux dédier chaque mot de cet écrit à tous mes frères et sœurs, en particulier à ceux qui se sentent perdus ou égarés, qui tâtonnent dans le noir, qui n’entendent plus la “Parole“. Et je veux le faire tout de suite, ni hier ni demain, parce que maintenant c’est l’heure de la renaissance, c’est l’heure de se retrouver.

A ces Frères et Sœurs qui, pour les raisons les plus disparates, ont décidé de ne plus fréquenter le Temple, à ceux qui sont dans la balance, un pied dedans et un dehors, mais aussi à ceux qui ont décidé de renaître et de se retrouver à chaque fois…

Je leur réserve chaque mot, en effet, non, ce « Mot », celui-là même qui se répète à l’oreille depuis des siècles, celui qu’il ne faut ni écrire ni graver, mais que nous répétons secrètement dans notre esprit.

Bien sûr, il faut du courage et de la force pour vivre un Carême, voulu ou non, et aussi pour affronter une Passion, mais ensuite, une fois le tremblement de terre passé, il faut aussi de la témérité pour recoller les morceaux, les assembler et faire un base pour redémarrer renouvelé.

Il faut avoir de l’audace pour être franc-maçon. Plus j’y pense, plus je suis convaincu que c’est le cas, car parfois cela signifie fermer un cycle, une porte, en franchir une autre, être prêt à se faire moquer des clichés et des rumeurs, prendre une croix pour pouvoir arriver à la catharsis tant attendue.

Et il faut aussi un peu d’égoïsme sain. Les moments difficiles, les discussions, les départs, les adieux, les clashs, les souffrances, les carences, les mauvaises humeurs sont les bienvenus si cela implique d’avoir l’énergie de ne pas « lâcher », mais de continuer sur ce chemin initiatique, non sans complexité.

L’entreprendre, c’est commencer un voyage de transformation, qui concerne toutes les dimensions qui nous composent. C’est la démarche qui fait la différence : elle enseigne la patience, le courage, la prévoyance, la rigueur du travail et de l’écoute, la tolérance des limites et de la frustration, le désert autant que l’épanouissement.

Pratiquer cet exercice nous amène à voir la vie pour ce qu’elle est, pas comme on le voudrait, mais pas pire encore, une existence pleine de limites mais aussi pleine de possibilités, précaire et fragile oui, mais aussi tenace et résistante.

La renaissance amène un renoncement, un petit ou un grand deuil, quelque chose ou quelqu’un à lâcher, à se retrouver autrement et on n’est pas toujours prêt à faire face à la part de nous qui doit mourir.

Je demande à tous ces frères et sœurs pleins de doutes et de perplexités de s’accorder du temps pour qu’ils puissent identifier la bonne direction dans laquelle aller pour ne pas perdre le bon chemin. Laissez la vie pulser.

Renaître c’est aussi ça.

Prendre soin de soi n’est pas un acte magique, il est plus proche du travail de sculpter sa propre statue, comme disait Plotin, c’est une pratique quotidienne, qui conduit à se donner une forme.

Nous ne venons au monde que partiellement formés ; devenir soi-même est un engagement long et complexe et notre épanouissement dépend de la volonté que nous avons pour y arriver.

On ne peut pas prévoir à quoi ressemblera notre existence, encore moins la “permanence” au sein d’une Loge, mais on peut choisir d’y faire face, de trouver notre mode de vie, notre orientation et de la faire varier au mieux au gré des événements, de l’âge , existence, relations.

Un changement individuel ou collectif peut être vécu de deux manières : le subir passivement ou le chevaucher avec enthousiasme.

Nous, francs-maçons, ne sommes jamais complets, mais en constante évolution à travers les étapes du parcours initiatique. Un Frère ou une Sœur est appelé à recommencer sans cesse dans la vie profane et, parfois, aussi dans la vie maçonnique. Pour cette raison, parmi les vertus qui nous sont si chères, il y a celle de savoir recommencer.

Revenir encore et encore dans le monde est difficile et souvent douloureux et implique de vouloir prendre des risques. Recommencer comme le Phénix qui renaît de ses cendres, car ça vaut toujours le coup !

L’ici et maintenant nous ramène au monde.

Renaître, c’est comme s’ouvrir à l’existence, pratiquer l’être à la fois dans la peur de l’inconnu et dans l’ivresse de l’occasion. Renaître comme cette nuit où nous avons prêté et signé notre serment.

Nous retrouver comme francs-maçons conscients d’avoir entrepris ce chemin, qui comporte et met en œuvre à la fois un chemin de transformation intérieure et la manifestation de cette conversion dans notre quotidien.

Naître ne suffit pas. C’est pour renaître que nous sommes nés. Tous les jours.
Paul Néruda

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