ven 04 octobre 2024 - 01:10

Les lois de Vichy sur la FM : tout a commencé un certain 10 juillet 1940 !

Le vote des pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain est un vote de l’Assemblée nationale (réunion du Parlement composé de la Chambre des députés et du Sénat) convoquée à Vichy (Allier) le 10 juillet 1940 par le président de la République française Albert Lebrun, à la demande du président du Conseil Philippe Pétain, maréchal de France, conformément au conseil des ministres du 4 juillet.

La poignée de main entre Philippe Pétain et Adolf Hitler le 24 octobre 1940 à Montoire. À l’arrière-plan, le Dr Schmidt, interprète de Hitler et sur la droite, von Ribbentrop, ministre allemand des Affaires étrangères

Quelques jours avant, l’armistice du 22 juin 1940 avait été signé à Rethondes, après la défaite de la France contre l’Allemagne nazie.

Le 10 juillet 1940, un bien sinistre mercredi…

Sur 150 parlementaires Francs-Maçons, les deux tiers ont voté les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940, à Vichy. Leur attachement à la République ne saurait pourtant être mis en doute.

Archives départementales de l’Aisne, les docs :

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la franc-maçonnerie subit l’épreuve la plus terrible de son histoire. Celle qui s’est identifiée à la philosophie des Lumières choisit le camp de la France républicaine et démocratique. Affirmant vouloir travailler à « l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité », elle trouve face à elle l’acharnement diabolique des nazis et l’entreprise de persécution mise en place par l’État français du maréchal Pétain. La période 1940-1944 marque l’aboutissement de décennies de frénésie antimaçonnique. L’ordre nouveau du maréchal Pétain, de Laval et de Darlan n’a de cesse de liquider, dans tous les sens du terme, tout ce qui, de près ou de loin, peut avoir un quelconque lien avec la franc-maçonnerie. Pour Pétain, un Juif n’est jamais responsable de ses origines, un franc-maçon l’est toujours de son choix. Les chiffres, sont eux aussi éloquents : 3 000 fonctionnaires perdent leur emploi, plus de 1 000 sont assassinés par les Allemands et 64 000 francs-maçons sont fichés.

Tout commence le 10 juillet 1940 quand l’Assemblée nationale vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Dès l’été, la répression s’abat sur la franc-maçonnerie, frappant les structures de l’ordre, ses biens, ses adhérents, et jusqu’à son image avec la diffusion du film Forces occultes en 1943.

Lettre du préfet de l’Aisne au Chef de l’administration militaire de la feldkommandantur 602 relative à la cessation de fonction de francs-maçons, 12 septembre 1941 (Archives départementales de l’Aisne, SC 11 248)

La loi du 13 août 1940 s’attache également à légiférer sur le sort du patrimoine des sociétés secrètes. Le dépouillement de l’Ordre de tous ses biens se fait au profit de l’administration générale de l’Assistance publique pour la capitale et des bureaux de bienfaisance pour la province. Plus tard, les immeubles seront également attribués aux Scouts de France ainsi qu’aux œuvres scolaires et sportives.

Cette loi s’attache en premier lieu à mettre au pas la fonction publique. L’article 5 stipule : « Nul ne peut être fonctionnaire, agent de l’État, des départements, communes, établissements publics, colonies, pays de protectorat et territoires sous mandat français, nul ne peut être employé par un concessionnaire de service public ou dans une entreprise subventionnée par l’État ou par une des collectivités publiques ci-dessus désignées :

1° S’il ne déclare pas sur l’honneur, soit ne jamais avoir appartenu à l’une des organisations définies à l’article 1, soit avoir rompu toute attache avec elle ;

2° S’il ne prend l’engagement d’honneur de ne jamais adhérer à une telle organisation, au cas où elle viendrait à se reconstituer.

La déclaration et l’engagement prévus par le présent article sont constatés par écrit. »

En cas de fausse déclaration, des sanctions sont prévues combinant révocation, fortes amendes et peines de prison pouvant atteindre deux années. Dès le 14 août, la menace véritable se précise avec la communication des formulaires prévus à la déclaration des fonctionnaires. Ils sont de deux sortes : un pour les profanes et un autre de renoncement définitif pour les anciens membres. Une deuxième circulaire en date du 1er juillet 1941 prescrit de nouvelles déclarations. Cette fois, les obédiences sont expressément visées : Grand Orient de France, Grande Loge Nationale, etc. La chasse aux faux déclarants, c’est à dire ceux qui ont souscrit la déclaration de non-appartenance à la place de celle de renonciation définitive, peut alors recommencer.

La loi du 11 août 1941 ordonne la publication au Journal officiel des noms et rangs des dignitaires et hauts gradés de la franc-maçonnerie. Cette loi prive des milliers de francs-maçons de leur emploi et de leur mandat d’élu. Ainsi, Jules Émile Crapet, maire d’Abbécourt, est dans l’obligation de démissionner et Fernand Amandio cesse ses fonctions de professeur de musique à Saint-Quentin le 31 juillet 1941 sans pouvoir être réintégré l’année suivante.

Jamais, les enfants de la « Veuve » n’ont, en tant que tels, apporté un quelconque soutien au régime de Vichy. Tout au contraire, face à l’adversité, ils ont entrepris de faire face, en se défendant pied à pied, avec « Force, sagesse et beauté ».

Source : Conseil départemental de l’Aisne – Archives départementales

Affiche illustrée en couleurs de l’État français montrant la photo du Maréchal PETAIN : “Etes-vous plus Français que lui ?”. (35x50cm), datant de 1943, imprimerie DRAEGER, visa n°23536 ; source  http://www.aiolfi.com/

2 Commentaires

  1. ” est un vote de l’Assemblée nationale (réunion du Parlement composé de la Chambre des députés et du Sénat) convoquée à Vichy (Allier) ”
    ll me semble (en tout cas c’est ainsi aujourd’hui) que Parlement = Assemblée nationale (députés) + Sénat.

  2. A ma connaissance, tous les députés et sénateurs francs-maçons présents à Bordeaux ont voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, toutes obédiences et tous grades confondus. Aucun n’a demandé sa réintégration à la Libération.

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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