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La symbolique du taureau minoen

Du site lieuxsacres.canalblog.com

Le taureau est omniprésent dans l’architecture et la vie quotidienne des Minoens. Peut-être est-ce dû à l’ère zodiacale du Taureau qui débuta vers -4 500/4 300 et se termina vers – 2 150/-1 700 (selon différentes études), dates auxquelles la civilisation minoenne débuta et s’épanouit. C’est la période où le taureau prend de l’importance au niveau de la symbolique : fécondité, puissance, force et courage.

L’origine des bovins domestiques se trouve dans la région du nord de l’Iran actuel aux environs de 10 000 ans avant notre ère (comme pour beaucoup d’autres choses, comme le blé ou la vigne par exemple). Ces animaux migrèrent avec leurs propriétaires et à la sélection naturelle s’ajoutera celle des hommes avec les croisements. La symbolique des bovidés est toujours en rapport avec la puissance, la fertilité et les forces créatrices et nourricières, avec le renouveau.

On retrouve le culte du taureau, devenu animal sacré, chez les Égyptiens avec Apis et Hathor, fils et fille de Râ. Dans le bassin de l’Indus, le védisme présente le roi des dieux Indra comme un taureau et la vache est considérée comme éminemment sacrée. Audhumia, la vache nourricière du premier être vivant, le géant Ymir, est une divinité nordique primitive. L’indouisme en fait Nandi, la monture du dieu Shiva.

Dans le croissant fertile, entre Tigre et Euphrate, en Assyrie, le taureau est l’animal symbole du dieu de l’orage, Adad. Chez les Hittites c’est aussi Tarhūnah, dieu de l’orage, principal dieu du panthéon, qui est accompagné d’un taureau. Akkad le représente en génie protecteur ailé aux portes des palais, le Lamassu.  Chez les Hébreux, le veau d’or revient à la charge. Zeus, dans ses premières amours, se transforme en taureau pour séduire Europe qui donnera naissance au roi Minos. Les bovins, qui portaient souvent les dieux fondateurs sur leur dos, représentaient la structure de l’univers et son renouvellement.

Le taureau sera sacrifié lors de l’ère suivante, quand apparaitra dans le ciel la constellation du Bélier. Ram le bélier (Ram : racine indo-européenne qui veut dire bélier) apparait en Celtie et devient Belenos. Ab Ram, fils de Ram, devient Abraham. Gilgamesh tue le taureau céleste envoyé par la déesse Inanna, Khnoum entrera en Égypte ainsi qu’Amon auquel il est associé, Mithra répandra son sang et la tauromachie verra le jour.

L’ère actuelle, celle des poissons, a commencé avec l’apparition du Christianisme.

Des poissons, que Jésus va multiplier pour ses disciples pêcheurs, que l’église romaine primitive va prendre comme signe de reconnaissance avec l’acronyme ICHTUS, poisson en grec, Iêsoûs Khristòs Theoû Uiòs Sōtḗr, c’est-à-dire Jésus Christ, fils de dieu, sauveur.  Le bélier laisse sa place, Jason part à la recherche de la toison d’or de Chrysomallos, l’agneau est sacrifié, le bélier est diabolisé, perd sa symbolique et devient un Baphomet cornu androgyne.

Ainsi vont les cycles.

Revenons à la Crète. Chez les minoens, à l’époque de l’ère du Taureau, apparut la taurokathapsia (tαυροκαθάψια) ou taurocatapsie, le saut du taureau, l’une des scènes les plus représentées dans l’art minoen. La plus connue est une fresque trouvée à Cnossos, où trois acrobates, dont deux femmes, exécutent les trois phases du saut par-dessus le taureau : prise des cornes, saut en salto sur le dos de l’animal et réception.

À Cnossos également fut retrouvée la célèbre représentation d’une tête de taureau sous forme de Rhyton, c’est-à-dire un vase servant lors de repas de gala, de cérémonies rituelles ou libations (lorsqu’on verse quelques gouttes de liquide sur le sol en l’honneur des dieux).

Le taureau minoen est aussi représenté dans les mythes et légendes qu’il ne faut pas prendre à la légère en sachant que derrière ces récits se tiennent toujours des vérités et des symboles universels. Le mythe du Minotaure en fait partie et même si ces légendes ne font pas partie de l’époque minoenne (aucune trace du minotaure dans cette civilisation), elles en découlent.

Au début de l’histoire, Zeus, toujours très actif sexuellement, jeta son dévolu sur Europe, une belle princesse Phénicienne fille du roi Agénor de Tyr, lui-même fils de Poséidon. Pour arriver à ses fins et se protéger de la jalousie de sa femme Héra, il se métamorphosa en un magnifique taureau blanc. La jeune fille, attirée par la beauté de l’animal, se rapprocha et monta sur son dos. Zeus en profita et partit en Crète avec sa conquête, à Gortyne plus précisément. C’est là, sous un platane, qu’ils s’unirent. Certains disent qu’elle fut consentante, d’autres non. Quoi qu’il en soit, Europe, enceinte, fut confiée par Zeus à Astérion, roi de Crète. De cette union avec Zeus naquirent Minos, Radhamante, futur juge des enfers avec son frère, et Sarpédon, tué par Patrocle lors de la guerre de Troie, tous trois élevés par Astérion.

Minos, à la mort de son père adoptif, réclame la couronne et pour évincer ses deux frères, demande l’aide de Poséidon. Le dieu de la Mer lui accorde sa protection et lui envoie, pour sceller leur pacte, un magnifique taureau blanc qu’il devra sacrifier après son couronnement. Minos devint roi, épousa Pasiphaé, qui avait pour sœur Circé la magicienne et pour frère Eétès, gardien de la Toison d’or. Pasiphaé est la fille du titan Hélios, le soleil, et de Persé, elle-même fille du titan Océan. Mais Minos, trouvant le taureau très beau, voulut le garder et le remplaça par un simple taureau qu’il sacrifia à sa place. Poséidon, pas né de la dernière pluie, s’en aperçut et pour se venger, rendit le taureau blanc furieux pour qu’il détruise une grande partie de l’ile, puis il inspira à Pasiphaé une passion dévorante pour l’animal. Celle-ci, afin d’assouvir son désir, fit construire par Dédale, l’architecte du palais, une génisse en bois et en cuir dans laquelle elle entra. L’accouplement eut lieu et de cette union contre nature naquit Astérios, l’homme à tête de taureau, le Minotaure. 

Le Minotaure en grandissant devint féroce. Minos demanda à Dédale de construire un labyrinthe afin qu’il puisse l’y enfermer. Quelque temps après, le fils de Minos, Androgée, excellent athlète, fut tué par les athéniens à la demande du roi Égée, jaloux que le crétois gagne tous les prix aux fêtes Panathénées.  Le roi de Crète attaqua alors la cité grecque qui, vaincue, dut lui payer un tribut : tous les 9 ans, Athènes devra livrer à Minos 7 jeunes hommes et 7 jeunes filles qui seront donnés en sacrifice au Minotaure.

C’est Thésée, fils d’Égée, qui viendra venger son peuple en empruntant le labyrinthe pour tuer la bête. Ariane, la fille du roi Minos, séduite par le beau jeune homme, va l’aider à en sortir en lui fournissant un fil qu’il va dérouler le long du chemin, ce qui lui permettra de sortir facilement, et en lui donnant l’épée de son père qu’elle a dérobée (offerte à Minos pour son mariage par Héphaïstos), tout cela contre la promesse d’un mariage.

Thésée tua le Minotaure, sortit du labyrinthe et s’enfuit avec Ariane, mais l’abandonna sur l’ile de Naxos ou de Dia selon Homère (ile située à quelques kilomètres au nord d’Héraklion). Certains mythographes disent qu’il n’était pas lâche mais fut obligé de le faire suite à une tempête qui emporta le navire après qu’il eut débarqué Ariane, ou bien en obéissant à un ordre d’Athéna qui lui apprit qu’elle était promise à Dionysos. Ariane se consola effectivement avec Dionysos et Thésée épousa Antiope, reine des Amazones, puis Phèdre, la propre sœur d’Ariane, qui eut des démêlés avec Hyppolite, le fils que Thésée eut d’Antiope, tout le monde connait l’histoire.

Entre temps, Égée, qui avait demandé à ce que la couleur des voiles du navire de son fils soit blanche en cas de victoire et noire en cas de défaite contre le Minotaure, attendait des nouvelles. Thésée ayant oublié de changer les voiles, à cause du chagrin d’avoir perdu Ariane ou des soucis du voyage, Énée, voyant les voiles noires, se jeta du haut d’un rocher dans la mer qui prit son nom en hommage.

Comment ne pas voir, dans ces récits, la démarche initiatique du héros qui se trouve lui-même, et l’allégorie de la Grèce se libérant du joug crétois par le meurtre du taureau (montrant aussi la fin de l’ère lui correspondant) et la domination et la séduction des femmes crétoises, qu’elles soient amazones ou pas, ne montre-elle pas dans le même temps la fin du matriarcat et son remplacement par l’hégémonie masculine des dieux guerriers ?

Mais ce mythe fut élaboré au VIIe siècle avant notre ère, bien après que la civilisation minoenne eut disparu. Thésée, représenté au départ affrontant des Centaures, devint roi d’Athènes. Le mythe le fit même en devenir son fondateur, ainsi que celui de la démocratie. 

La symbolique du labyrinthe fut utilisée dans les siècles suivants, de la Rome antique jusqu’au XIIe siècle aux sols de nos cathédrales. En son centre, Astérios, l’homme à tête de taureau est très souvent représenté. Le voyage qu’il propose est bien entendu initiatique, c’est une quête à la recherche de la vérité, partant de la matière pour arriver au spirituel. Le héros devra parcourir ce dédale et trouver son chemin, qui mène au centre du monde, au centre de lui-même, là où il devra vaincre les forces du mal ou sa propre animalité.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Cr%C3%A8te

https://fr.wikipedia.org/wiki/Civilisation_minoenne#Culture

https://www.histoire-pour-tous.fr/civilisations/2986-la-civilisation-minoenne.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9s%C3%A9e

Les nazis fascinés par les sciences occultes, un mythe tenace mais infondé

De notre confrère slate.fr – Jean-Christophe Piot — Édité par Louis Pillot

Si l’image d’un commandement nazi versé dans la magie noire a fait les beaux jours de la pop culture, elle ne repose en réalité pas sur grand-chose. Commençons par le plus simple: en dépit du fatras de légendes et de mythes qui entoure le Troisième Reich, Adolf Hitler n’a pas pratiqué de sombres rituels dans le secret de sa chancellerie berlinoise.

Pas de pentacles, pas de magie noire, pas de rituels obscurs, et pourtant: portée par des dizaines de romans, de bandes dessinées, de jeux vidéo et –hélas– d’ouvrages «historiques» plus ou moins épouvantables, la légende d’un Reich voué aux puissances infernales traine dans nos imaginaires.

Fatras mystico-historique

Commençons par la rumeur la plus simple à démolir: celle qui tourne autour de la Vril-Gesellschaft, ou société du Vril. Active dans le Berlin d’avant-guerre, cette sorte de loge noire aurait réuni la fine fleur des dignitaires nazis autour d’une croyance commune: l’existence du Vril, une mystérieuse énergie ouvrant à la pratique de la télépathie ou de la télékinésie. Le hic? Aucun travail d’historien n’est jamais venu confirmer l’existence d’une société du Vril, à Berlin ou ailleurs.

D’où vient la légende? D’abord de Willy Ley, un ingénieur allemand exilé en 1933 aux États-Unis reconverti dans la littérature fantastique. Dans un récit de 1947, l’homme affirme avoir été sérieusement approché par la fameuse société du Vril, une thèse qui passe royalement inaperçue jusqu’en 1960, lorsque le journaliste Louis Pauwels et le chimiste Jacques Bergier publient un ouvrage tiré à un million d’exemplaires en France, qui va marquer les esprits: Le Matin des magiciens.

Dans ce pavé de 500 pages qui prétend poser les bases du «réalisme fantastique», les auteurs exposent un fatras de théories plus foireuses les unes que les autres, en mélangeant joyeusement l’Atlantide, les extraterrestres, la magie noire, les grimoires oubliés, la pierre philosophale et les nazis. Une thèse en ressort: Hitler n’aurait été qu’une marionnette, le jouet de différents cercles occultes réunis pour dominer le monde et modifier la nature même de l’humanité. Parmi elles, la fameuse société du Vril, simple émanation de l’organisation-reine, la société Thulé. Précisons au passage que l’ouvrage ne cherche en rien à atténuer ou à relativiser les crimes du nazisme: Bergier était lui-même un ancien déporté, revenu vivant de Mauthausen.

Seul hic: le Vril n’a jamais existé en dehors d’un monde de fiction, celui de l’auteur anglais Edward Bulwer-Litton. Dans La Race future, en 1871, l’auteur en avait fait l’énergie nécessaire aux technologies avancées d’une nouvelle espèce de créatures souterraines. L’épisode en dit long sur la manière dont fonctionne Le Matin des magiciens, qui ne cesse d’entrelacer le vrai et le faux. L’existence de la société Thulé, elle, est bien attestée. Mais elle n’a rien de secret.

Groupuscule raciste

Née en 1918 à Munich dans la foulée de la défaite allemande, la société Thulé doit son nom à une île mythique, située quelque part entre la Grande-Bretagne et l’Islande par l’explorateur grec Pythéas et siège semi-légendaire de la glorieuse race aryenne pour certains nazis. Elle n’est surtout pas plus secrète que le Deutsche Arbeiterpartei, le parti dont Hitler fera plus tard le NSDAP, toujours à Munich.

Surtout, Thulé –sans doute forte de 250 membres à peine– n’a rien d’ésotérique: la Gesellschaft (association) n’est qu’un des innombrables groupuscules racistes de la galaxie völkisch, un mouvement «ethno-nationaliste» (le mot est réputé intraduisible, mais l’historien Christian Ingrao propose cette équivalence) qui donne dans la nostalgie d’un passé germanique très largement mythifié, folklorique et romantique.

Son créateur, Theodor Fritsch, qualifié par l’auteur de Mein Kampf de «vieux maître de l’antisémitisme allemand», est un théoricien raciste déjà âgé qui a certes joué un temps le rôle de mentor après du jeune caporal Hitler, mais sans beaucoup se frotter à l’occulte. Entre le NSDAP et Thulé, des liens réels existent: le journal du parti, le Völkischer Beobachter (L’Observateur populaire), appartenait à la société Thulé, à qui le parti nazi emprunta quelques éléments symboliques comme le svastika ou le «Sieg Heil!» (salut à la victoire).

Surtout, le parti et la société partagent une triple conviction. Fondés tous deux sur l’idée que les juifs veulent dominer le monde, ils prônent un antisémitisme absolu, une haine viscérale de la démocratie et la volonté affichée de mettre fin à la république de Weimar, trois points qui n’ont strictement rien d’original dans la galaxie völkisch que Theodor Fritsch rêve d’unifier.

Toujours pas de pentacles et surtout pas la moindre trace d’une adhésion du Führer lui-même à une société qui n’est pas plus ésotérique que secrète. 

L’ésotérisme de Thulé se limite à la glorification de l’homme aryen et, pour citer l’historien Ian Kershaw, Thulé se résume à «un Who’s Who des premières personnalités nazies» dans le Munich dans les années 20. Un club, mais rien de plus, même si de futurs dignitaires nazis sont incontestablement passés par les rangs de la société Thulé, à commencer par Alfred Rosenberg et Rudolf Hess.

L’un d’entre eux, le théoricien et universitaire raté Dietrich Eckart, a même exercé une certaine influence sur Adolf Hitler qui remercie ce «père spirituel» et cet «ami paternel» dans Mein Kampf. Mais toujours pas de pentacles et surtout pas la moindre trace d’une adhésion du Führer lui-même à une société qui n’est pas plus ésotérique que secrète. L’influence d’Eckart prend d’ailleurs rapidement fin, pour l’excellente raison que l’homme, d’ailleurs fâché avec Hitler à cette date, meurt en 1923.

Le nazisme non, des nazis oui

« Pseudoscience in Naziland », essai de Willy Ley, paru dans le magazine de science-fiction Astounding, mai 1947. Illustration de B. Tiedeman.

Si le nazisme et son idéologie mortifère n’ont pas été marqués par l’ésotérisme, les arts occultes ou à l’alchimie, il n’en est en revanche pas de même pour certains dignitaires nazis de premier plan. Deux d’entre eux ont fréquenté de près certains cercles mystiques: Rudolf Hess et surtout Heinrich Himmler, maîtres des SS. Si le rôle du premier reste limité après 1933, le poids du second est indéniable.

Fasciné par les mythes germaniques et le néopaganisme, Himmler s’intéresse indéniablement à l’occultisme, au «sang pur», aux runes, à l’Atlantide ou à la réincarnation. Que gravitent autour de lui quelques mages autoproclamés ne fait aucun doute, mais comme l’écrit l’historien Johann Chapoutot: «Leur réel pouvoir se bornait aux goûters partagés avec leur ami, esprit faible porté sur le mystère. Himmler induisait de ses conversations des idées fulgurantes (…) dont il faisait immédiatement part à ses services sous la forme d’instructions aussi urgentes que comminatoires. Lesquels services répondaient poliment que oui, bien sûr il en serait fait selon ses désirs avant de glisser la dernière lubie de leur chef dans le tiroir dévolu à cet effet.»

Les petites manies du patron des Schutzstaffel se sont pourtant traduites sur le terrain avec l’intégration en 1940 de l’Ahnenerbe à la SS. Fondée en 1935, cette mission archéologique devient alors la branche scientifique de la SS avec une idée: donner du corps à son idéologie raciale en allant dénicher un peu partout des preuves de l’ancienne grandeur nordique. Himmler finance notamment une branche nouvelle de la «science» nazie, la science des runes ou runologie. On en trouve la trace dans la fameuse rune «Sig», en forme d’éclair. Dédoublée, elle orne le col des officiers SS, mais aussi leurs drapeaux, leurs dagues ou leurs médailles.

Dans cet État dans l’État qu’est la SS, l’envergure de l’Ahnenerbe n’est pas neutre. À son sommet, elle compte plus de soixante-dix centres de recherche et finance des expéditions d’envergure comme celle de l’ethnographe Ernst Schäfer au Tibet, en 1938. Mais comme beaucoup d’autres, Schäfer utilise surtout l’Ahnenerbe pour mobiliser des fonds, refusant tout net d’emmener avec lui les «spécialistes» d’Himmler, censés démontrer que la race aryenne trouvait ses origines dans les montagnes tibétaines.

Hitler
Hitler – Nazisme

Déjà plombée par les réticences d’une bonne partie de ses membres pour les thèses fumeuses de leur patron, l’influence de l’Ahnenerbe se révèle surtout passablement limitée au sein du Reich. Le vernis d’antiquité germanique que le chef des SS souhaite donner à ses convictions se limite à quelques symboles, à des «découvertes» sans lendemain et à des quêtes absurdes comme celle d’Otto Rahn, un archéologue autoproclamé qui a eu un temps la faveur de Himmler.

Modèle des archéologues nazis cinglés de la saga Indiana Jones, Rahn a vraiment réussi à faire financer sa quête du Graal par l’Ahnenerbe. Pendant quatre ans, Rahn mène un peu partout en Europe des recherches toujours plus foireuses dont il publie des comptes-rendus enthousiastes dans la revue des SS, Das Schwarze Korps (Le Corps noir). Il en tire même un livre en 1937, Le Tribunal de Lucifer –une parfaite guignolade qu’Himmler aime assez pour en faire tirer séance tenante 5.000 exemplaires de luxe, destinés aux officiers SS. La plupart s’en servent aussitôt pour caler leur table de chevet préférée.

L’agacement d’Hitler

Au-delà des foucades d’Himmler, reste à mesurer l’influence de cet ésotérisme à la sauce SS. Hitler lui-même se montre passablement agacé par les manies d’Himmler, comme par celles de la mouvance völkisch en général. Dès 1923, il écrit: «J’ai trop bien appris à connaître ces gens-là pour que leur misérable comédie ne m’inspire pas le plus profond dégoût.»

En 1936, dans un discours à Nuremberg, il proclame: «Nous n’avons rien à voir avec ceux qui ne comprennent le national-socialisme qu’en termes de rumeurs et de sagas (…) et qui font maintenant porter leurs recherches sur une culture atlante nordique.»

L’attirail historique et symbolique mobilisé par le Reich doit bien davantage à l’Antiquité classique, grecque et romaine, qu’à la mobilisation d’un légendaire germanique qui gênait Hitler aux entournures.

Nazi à Berlin
Croix gammées – Nazi à Berlin

Himmler, présent dans la salle, a dû en avaler sa salive, d’autant que le Führer ne se prive pas de se moquer publiquement de son obsession pour un passé germain ambigu. Et pour cause: plus le chef de la SS finance de fouilles le long du Rhin ou en Scandinavie, plus les accomplissements germains font pâle figure au regard des merveilles du monde grec ou romain: «À quoi cela sert-il sinon à montrer que nous n’avons pas d’histoire?», enrage Hitler à plusieurs reprises.

Dans un de ses ouvrages, l’historien du nazisme Johann Chapoutot a largement mis en évidence le fait que l’attirail historique et symbolique mobilisé par le Reich doit bien davantage à l’Antiquité classique, grecque et romaine, qu’à la mobilisation d’un légendaire germanique qui gênait Hitler aux entournures.

Le mythe et la fable

Reste à comprendre pourquoi le mythe d’un nazisme féru d’occultisme et de magie noire s’est enraciné dans la mémoire collective. On a déjà cité le poids du Matin des magiciens, de Pauwels et Bergier (1960). Paru dans la pourtant prestigieuse maison Gallimard, le Matin est une invraisemblable collection de thèses qui relèvent pour la plupart de la pseudo-histoire quand elles ne frôlent pas le complotisme. Pris au sérieux, le livre s’avère d’autant plus toxique qu’il conduit constamment ses lecteurs sur une ligne de crête qui ne distingue jamais la réalité de la fiction.

Ce n’est pas le cas de la pop culture dont la puissance de frappe est en revanche redoutable. Trois des cinq films de la saga Indiana Jones surfent ainsi sur la vague du mysticisme archéologique revisitée à la sauce nazie: la quête de l’Arche d’alliance d’abord (Les aventuriers de l’arche perdue, 1981), le Graal ensuite (La dernière croisade, 1989) et la machine d’Anticythère enfin (Le cadran de la destinée, 2023). David Brin, avec D-Day, le jour du désastre (2004), s’inspire après Spielberg d’un autre artefact biblique, la lance de Longinus en l’occurrence (avec laquelle le légionnaire éponyme a percé le flanc du Christ en croix), qui permet à Hitler de s’opposer aux superhéros américains.

Et le grand écran n’est que la face émergée d’un iceberg qui lorgne aussi du côté des jeux vidéo (WolfensteinBloodRayne) et des comics: Crâne Rouge, chez Marvel, est un ancien responsable de la société Thulé. Hellboy, de Mike Mignola, surfe déjà sur la thématique en faisant des nazis des initiés de la même organisation, bombardée au rang de puissante organisation occulte.

Pourquoi ce portrait du nazi en mage noir est-il si tenace? Sans doute pour deux raisons. La première renvoie au manque d’intérêt des universitaires pour un sujet jugé à juste titre mineur, et donc peu traité par les historiens –ce qui a laissé la place à des auteurs à sensation, moins soucieux du respect de la méthode historique que de leurs chiffres de vente.

Suite de l’article sur le site officiel de Slate

Franc-maçonnerie, Palerme : les loges du Sud du Droit Humain réunies

De notre confrère – agenparl.eu

Le week-end dernier, pour être précis samedi 22 juin, les loges du Sud de l’Italie du Droit Humain, franc-maçonnerie internationale d’hommes et de femmes, se sont réunies, pour célébrer le solstice d’été. Les loges « Platone » (Tarente), « Krathis » (Cosenza), « Paolo Ventura » (Lamezia Terme), « Athanor » (Reggio de Calabre) et « Giustizia e Verità » (Catane) se sont accueillies dans la belle ville de Palerme, où l’Ordre maçonnique a préparé le terrain pour de nouveaux développements intéressants.

Saracen Sands Hotel & Congress Centre

L’événement a eu lieu à 17h30 à l’hôtel Saracen de l’Isola delle Femmine, et a vu la participation de hauts fonctionnaires de la Fédération italienne, dont le Grand Commandeur Michele Ferraro et le Président du Conseil National Francesco Obino ; de nombreux Frères et Sœurs d’autres Orients d’Italie et de délégations de Fédérations étrangères du Droit Humain, en particulier de Prague et de Belgique.

La Fédération Italienne de l’Ordre Maçonnique, présente dans 67 pays à travers le monde, poursuit son travail d’expansion et de consolidation dans les territoires, mais aussi de comparaison et de dialogue avec les institutions locales, dont la population, en particulier les jeunes, et avec d’autres Obédiences maçonniques.

Le Grand Maître de la GLTSO s’adresse aux frères de l’Obédience et au grand public

Les évènements qui surviennent dans l’environnement social ou politique font souvent réagir les Francs-maçons et plus particulièrement les Frères de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra. Si les réactions sont unanimes face à l’insoutenable, il en va différemment lorsque des débats politiques ou religieux s’invitent. Nous avons alors coutume de dire que nous ne devons pas entrer dans ces débats.

La Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, mais plus largement la « Famille Opéra » s’attache à prôner et promouvoir les valeurs universelles que sont la fraternité et l’amour de l’autre quel qu’il soit et d’où qu’il vienne.

Elle ne saurait prendre une quelconque position quant à une coterie, quelle qu’elle soit ; elle exhorte donc ses frères à ne pas céder à la tentation de querelles profanes au sein et dans l’environnement de nos loges qui doivent demeurer un espace sacré et imperméable aux scories de la société.

Nous portons toute notre attention à l’individu, ses actes et son engagement envers nos valeurs et selon les termes de notre charte du 2 Octobre 1958 :

« Notre conviction profonde est que c’est par sa valeur intellectuelle ou morale, par son rayonnement, social ou spirituel, que chacun prouve l’authenticité de son initiation. Et le reste n’est qu’arguties. »

L’adhésion à ces valeurs conditionne l’appartenance à la « Famille Opéra ». Si un Frère ne les partage pas dans le fond de son cœur, il est alors préférable qu’il s’en sépare. Nous invitons chaque Frère au discernement et à la raison pour maintenir comme seul flux empathique et moral celui qui va de la loge vers la société et non l’inverse, en portant au dehors les valeurs cultivées à tout instant sur nos colonnes.

Philippe Cangémi, Grand Maître de la GLTSO

Moi Passé Grand Maître, Maître du monde et des extraterrestres !

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En 2024, au moins quatre grands maîtres vont descendre de charge – certains mêmes écrivent Grand-Maître ainsi (avec un trait d’union) afin de ne pas opposer Grand Maître à Petit Maître, tout est déjà dit ! Ou presque…

Même le PR ne l’a pas fait. Et pourtant, lui, n’a pas besoin de courir après la Légion d’honneur :

« Monsieur le président de la République, nous vous reconnaissons comme grand maître de l’ordre national de la Légion d’honneur » trouve-t-on sur le site Web de la grande chancellerie de l’ordre de la Légion d’honneur.

La retraite des grands maîtres descendant de charge en 2024 suscite plusieurs questions (pour eux en termes d’individus) intéressantes (pour nous en termes de communauté maçonnique) quant à leur avenir et leur rôle futur dans la franc-maçonnerie.

Chers lecteurs, émettons quelques hypothèses sur ce qui pourrait se passer, une fois avoir laissé la main, parfois non sans mal.

Bijou – RF Groussier

Le syndrome du vénérable maître :

Certains grands maîtres (ou grandes maîtresses) pourraient effectivement ressentir ce qu’on appelle le « syndrome du vénérable maître », un sentiment de vide ou de perte d’identité après avoir quitté un poste de haute responsabilité. Ce phénomène est bien connu dans les milieux où les leaders jouent un rôle central et influent pendant de nombreuses années.

Image générée par Intelligence Artificielle (IA)

L’association « L’Éternel Orient » des anciens grands maîtres 

Il est probable que beaucoup d’entre eux continueront à jouer un rôle actif au sein de cette association. Elle regroupe les anciens dirigeants et permet de continuer à contribuer à la franc-maçonnerie par le biais de conseils, mentorat et participation à des projets visant au bien de la collectivité.

Nouveaux désirs et projets

Certains, mais certains seulement, grands maîtres pourraient avoir des ambitions de continuer leur engagement dans des organisations maçonniques alternatives ou innovantes, telles qu’une Grande Loge Mondiale pour l’Univers (histoire d’entrevoir le GADL’U) et les entités extraterrestres. Ces nouvelles initiatives permettraient de continuer à exercer une influence tout en explorant de nouvelles frontières de la franc-maçonnerie !

Une vie tranquille

Enfin, il est également possible que certains choisissent une retraite plus tranquille, se concentrant sur des projets personnels, familiaux ou philanthropiques, tout en restant respectés et consultés pour leurs avis et leur sagesse accumulée au fil des années. Ces derniers, nous les nommerons la « LÉGENDE », mais ils sont si précieux, qu’ils sont fort rares. Moi, je connais un frère qui connaît un frère qui en connaît un !

Finalement, le parcours exact de chaque grand maître après leur retraite dépendra de leurs intérêts personnels, de leurs aspirations et de l’accueil que leur réservera la communauté maçonnique dans leurs nouvelles entreprises.

Image générée par Intelligence Artificielle (IA)

Le « tout à l’égo » !

À ce stade de notre réflexion, il nous faut aborder le concept du « tout à l’égo » appliqué à un grand maître qui descend de charge peut se manifester de différentes manières, influençant la transition de son rôle de leader à celui d’ancien leader.

Considérons donc quelques aspects, à commencer par la difficulté à lâcher prise

Un grand maître ayant une forte identification avec son rôle – du genre je suis resté en poste plusieurs années consécutives – peut éprouver des difficultés à lâcher prise et à accepter de ne plus être au centre de l’attention. Ce besoin de rester en contrôle et d’avoir un impact peut rendre la transition plus compliquée.

Image générée par Intelligence Artificielle (IA)

La recherche de reconnaissance

Même après avoir quitté son poste, un tel individu pourrait chercher à maintenir une certaine forme de reconnaissance et de prestige. Cela peut se traduire par une présence active dans les événements maçonniques, des conférences, ou la publication de travaux pour rester visible et influent.

La résistance au changement

Le « tout à l’égo » peut également se manifester par une résistance au changement. Un ancien grand maître pourrait s’opposer aux nouvelles initiatives ou aux changements apportés par ses successeurs, cherchant à maintenir les traditions et les pratiques instaurées durant son mandat.

Reste alors le mentorat et l’influence

Ce besoin d’ego peut aussi être canalisé de manière positive en jouant un rôle de mentor. Certains ayant même édité un « Guide du Mentor », rarement appliqué en loge mais qui pourrait bien se l’appliquer !

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Restons positif et croyons en l’homme, le passé grand maître peut utiliser son expérience pour guider et conseiller les nouveaux responsables obédientiels, tout en continuant à exercer une certaine influence, y compris dans le domaine financier.

En somme, la manière dont un grand maître gère son ego après être descendu de charge peut déterminer s’il continuera à contribuer positivement à la franc-maçonnerie ou s’il créera des défis supplémentaires pour lui-même et pour la communauté.

Uchronie ou utopie ?

Si un grand maître descendant de charge venait à créer une

Grande Loge Mondiale pour l’Univers & les Extraterrestres (GLMU&E),

plusieurs motivations et avantages pourraient entrer en jeu, y compris des bénéfices matériels et symboliques.

Grande Loge Mondiale pour l’Univers & les Extraterrestres (GLMU&E) – Image générée par Intelligence Artificielle (IA)

Le passé grand maître pourrait aussi avoir l’envie de vouloir étendre son influence et son héritage en créant une nouvelle entité maçonnique. Ladite Grande Loge permettrait de réunir toutes les entité de préférence francophones autour de valeurs et de traditions régulièrement partagées, tout en consolidant son propre rôle de chef !

Il pourrait ainsi, en sa qualité de chef, bénéficier de divers avantages…

Par exemple, en tant que fondateur et potentiellement leader de cette nouvelle Grande Loge, le grand maître pourrait bénéficier d’un logement de fonction, facilitant ainsi sa mission et son travail quotidien.

Les déplacements pour représenter la Grande Loge, assister à des conférences internationales ou rencontrer d’autres grandes loges seraient couverts, permettant au grand maître de voyager largement sans frais personnels.

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L’organisation de réceptions et d’événements permettrait de maintenir un certain niveau de prestige et de visibilité – de vie aussi surtout si petit revenu –, avec des frais souvent pris en charge par la nouvelle fraternité.

Sans compter les avantages que nous pourrions, à ce stade, qualifier de symboliques…

Être à l’origine d’une Grande Loge Mondiale pour l’Univers & les Extraterrestres (GLMU&E) apporterait un prestige considérable et une reconnaissance au sein de la communauté maçonnique internationale.

La création de GLMU&E, nouvelle entité dons, offrirait l’opportunité de bâtir un réseau influent de contacts, renforçant sa position de leader et facilitant des collaborations futures.

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C’est très important pour l’avenir de la planète, les extraterrestres !

L’établissement d’une GLMU&E durable constituerait un héritage symbolique important, marquant SON passage et SON impact sur la franc-maçonnerie MONDIALE ! De l’Art Impérial !!

Bien que ces avantages puissent être attrayants, il est crucial pour un grand maître de considérer les aspects éthiques et la perception de ses actions par les membres de la communauté. La TRANSPARENCE (ce qui n’est pas toujours le cas, ce qui offre donc des marges de progrès) et la focalisation sur les objectifs altruistes de promotion de la fraternité, de la culture et des valeurs maçonniques sont essentielles pour éviter les critiques de recherche de bénéfices personnels.

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En somme, si un passé grand maître descendant de charge décide de créer une GLMU&E, il pourrait être motivé par un mélange d’ambitions personnelles, culturelles et altruistes, tout en cherchant à préserver certains avantages matériels et symboliques associés à sa position de leader.

Noam Chomsky en 2017

Ce futur grand maître de la GLMU&E aurait-il lu Les États manqués-Abus de puissance et déficit démocratique (Fayard, 2007) de Noam Chomsky… ?

Si ce grand maître, en dépit des critiques de Noam Chomsky, adoptait des comportements contraires aux principes démocratiques et éthiques dénoncés dans l’ouvrage, les conséquences pour les membres de ladite nouvelle grande loge seraient probablement négatives.

Le fondateur de la GLMU&E et premier grand maître pourrait centraliser le pouvoir, prenant des décisions unilatérales sans consulter les membres, ce qui pourrait créer un environnement autoritaire.

Les voix des membres seraient ignorées ou minimisées, menant à une participation réduite et à une perte de motivation et d’engagement.

Les décisions et les finances de la GLMU&E seraient gérées de manière opaque, empêchant les membres de comprendre ou de remettre en question les actions des dirigeants.

Sans mécanismes de responsabilité, les dirigeants pourraient abuser de leur pouvoir sans avoir à rendre de comptes, ce qui pourrait entraîner des abus et des malversations.

Le grand maître pourrait s’attribuer des privilèges excessifs, tels que des logements de fonction luxueux, des voyages coûteux aux frais de la loge, et d’autres avantages matériels, créant un fossé entre les dirigeants et les membres ordinaires.

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Les privilèges injustifiés des dirigeants pourraient susciter du ressentiment parmi les membres, entraînant des divisions internes et une atmosphère de méfiance. Et de nombreux départs après quelques années de maçonnerie.

Pour maintenir son pouvoir, ce grand maître pourrait réécrire les règlements, manipuler les élections et les processus de nomination, s’assurant que ses alliés restent en poste et écartant les opposants.

Les membres critiques ou dissidents pourraient être réprimés, censurés, ou exclus, réduisant encore plus la diversité des opinions et la liberté d’expression au sein de la loge.

Vous avez dit déficit démocratique ?

Les principes de fraternité, d’égalité, et de démocratie, qui sont au cœur de la franc-maçonnerie, seraient érodés, transformant la loge en une entité où règnent l’injustice et l’inégalité.

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La confiance des membres dans la direction et dans l’institution elle-même serait gravement compromise, pouvant conduire à des départs massifs et à une baisse de l’adhésion.

Une telle gouvernance pourrait ternir la réputation de ladite grande loge et de la franc-maçonnerie en général, provoquant des critiques de la part d’autres loges et de la communauté maçonnique internationale.

Massachusetts Institute of Technology

En résumé, si un grand maître décidait d’ignorer les critiques du Professeur émérite de linguistique depuis 2002 au Massachusetts Institute of Technology Noam Chomsky et de gouverner de manière autoritaire, opaque et injuste, cela entraînerait des conséquences délétères pour les membres de la GLMU&E, leur engagement, et la santé de l’institution dans son ensemble.

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Les Francs-maçons indignés par les subventions allouées à la Statue St-Joseph

De notre confrère zoomdici.fr – Par Nicolas Defay

À travers une lettre ouverte adressée au préfet de la Haute-Loire, la loge maçonnique Le Réveil Anicien se dresse contre les lourdes enveloppes d’argent public destinées à la rénovation de la Statue Saint-Joseph à Espaly-Saint-Marcel. Les signataires posent une question : « Le subventionnement de la statue de Saint-Joseph est-il conforme à la loi de 1905 ? ».

Le financement du projet s’élève à environ un million d’euros. Pour ces travaux, le diocèse finance la rénovation à hauteur de 230 000 euros. Le reste provient de financements publics, autrement dit des impôts.

Avant l’intervention de la loge maçonnique ponote du Réveil Anicien, Guy Vallery, président de l’association Libre Pensée Haute-Loire, avait déjà estimé que l’opération financière était « un détournement de la loi de 1905 ». Pour l’ensemble du collectif, « la laïcité est bafouée. C’est une volonté délibérée d’enfumer tout le monde. »

La source de cette colère ? Le changement radical de position de la Région sur le sujet. Laurent Wauquiez avait déclaré au micro de RCF en 2016, que « ce monument n’est ni classé, ni inscrit et s’il est un emblème de la commune d’Espaly-Saint-Marcel et du bassin du Puy, il ne s’agit pas d’une compétence du conseil régional. Alors pourquoi se mobiliser pour cet édifice ? ».

Avant de faire volte-face. Car quelques années plus tard, la Région finance finalement le projet en donnant 600 000 euros. Aucune explication claire n’a été donnée.

« Le troisième cas, enfin, concerne le décret du régime de Pétain auquel nous faisions référence »

À propos de l’alerte partagée par Le Réveil Anicien, le discours reste sensiblement le même, puisant les arguments des irrégularités dans l’histoire des lois. « Ce n’est certes pas la première fois qu’un édifice religieux fait l’objet de subventions publiques. Trois situations peuvent se présenter. La première concerne les bâtiments dont les collectivités ont la charge : c’est le cas, par exemple, des églises paroissiales dont les communes sont propriétaires depuis la Révolution. Le deuxième cas concerne tous les bâtiments religieux classés monuments historiques ».

« Aujourd’hui, partout dans notre monde en guerre, le besoin de laïcité saute aux yeux. Il ne s’agit nullement pour nous de combattre une religion en portant atteinte à la conscience de quiconque, mais de demander le respect scrupuleux des lois de la République »

« La statue de St-Joseph appartient au diocèse du Puy, et n’est donc ni un bâtiment public, ni un Monument historique »

Avant d’ajouter : « Le troisième cas, enfin, concerne le décret du régime de Pétain auquel nous faisions référence. Dans celui-ci, il est dit que « ne sont pas considérées comme subventions les sommes allouées pour réparations aux édifices affectés au culte public, qu’ils soient classés ou non aux Monuments historiques ». C’est ce dernier argument qui est mis actuellement en avant par les financeurs publics. En effet, la statue de St-Joseph appartient au diocèse du Puy, et n’est donc ni un bâtiment public, ni un Monument historique ».

« Non seulement il nous paraît inacceptable de s’appuyer sur un décret d’inspiration anti-républicaine, mais dans ce cas précis nous en contestons l’utilisation pour un édifice religieux qui n’est aucunement, en lui-même, un lieu de culte »

« Le subventionnement de la statue de Saint-Joseph est-il conforme à la loi de 1905 ? »

« Compte tenu de l’ampleur des sommes engagées, nous vous demandons Mr le préfet, en tant que représentant de l’État, garant des lois républicaines, d’apporter une réponse publique aux interrogations que nous nous posons, ainsi que tous nos concitoyens, et qui peuvent se résumer à une seule : le subventionnement de la statue de Saint-Joseph est-il conforme à la loi de 1905 ? »

La santé mentale des hommes n’est pas un secret maçonnique

De notre confrère brotherallatt.substack.com – Par Darren Allattdarren Allatt

La Semaine de la santé des hommes se succède, et il y a de fortes chances que vous ne le saviez même pas. Le manque d’attention accordé à ce sujet crucial n’est pas seulement décevant ; c’est une indication flagrante de l’échec de la société à donner la priorité au bien-être des hommes.

Boxeur sur le ring en combat
Boxeur sur le ring en combat

En ne s’attaquant pas de manière proactive à la santé mentale des hommes, nous avons raté une occasion vitale de faire partie de la solution pour lutter contre les horribles actes de violence et de violence domestique commis par les hommes. Nous avons également raté l’occasion de contribuer à soulager la souffrance silencieuse d’innombrables hommes aux prises avec des problèmes de santé mentale.

En tant que franc-maçon, vous faites partie d’une organisation qui a le pouvoir de faire la différence. Pourtant, nous avons laissé passer l’occasion d’être les champions de la santé masculine et de la masculinité positive.

Nous devons dénoncer les comportements et attitudes toxiques. Si nous ne le faisons pas, ils continueront de s’envenimer dans la société au sens large. Ces garçons qui se disent hommes sont ceux qui causent les problèmes que nous cherchons à prévenir.

invitaion à entrer, miroir, passage, chemins

Mais il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. La franc-maçonnerie détient la clé pour promouvoir une masculinité positive à travers ses principes et ses allégories. La pierre de taille brute et parfaite, par exemple, nous enseigne que la croissance et le raffinement personnels sont des processus continus. En adoptant ces enseignements et en incarnant des vertus telles qu’un bon caractère, une moralité forte et la justice, vous pouvez devenir un modèle pour les autres hommes, démontrant que la véritable masculinité consiste à être vertueux et non à la richesse matérielle ou aux prouesses physiques.

Le chemin vers un changement positif commence avec vous. En tant que maçon, vous avez la responsabilité de corriger les erreurs et les erreurs de vos frères, mais cela s’étend à nos semblables dans la société. Cela signifie dénoncer la masculinité toxique lorsque vous la voyez, que ce soit sous la forme de commentaires misogynes, de comportements agressifs ou de promotion de stéréotypes néfastes. En défendant ce qui est juste et en donnant l’exemple, vous pouvez inspirer les autres à suivre vos traces.

Mais le chemin vers une meilleure santé mentale ne peut être entrepris seul. L’histoire d’un collègue maçon aux prises avec une perte d’emploi et des difficultés financières nous rappelle de manière poignante le rôle crucial que nous jouons tous en nous soutenant les uns les autres. En tant qu’officier attentionné de la loge, vous devez vérifier de manière proactive le bien-être de vos frères, en leur offrant une oreille attentive, un soutien émotionnel et des conseils en cas de besoin.

La réalité est que les hommes ont souvent du mal à demander de l’aide lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes de santé mentale. La pression exercée pour paraître fort et maître de la situation peut conduire à un cycle dangereux d’isolement et de désespoir, aux conséquences dévastatrices. Le suicide, manifestation ultime de cette lutte silencieuse, nous rappelle tragiquement l’importance de briser les barrières qui empêchent les hommes de rechercher le soutien dont ils ont besoin. En fait, plusieurs maçons m’ont confié leurs propres combats contre la dépression et les pensées suicidaires, soulignant le rôle essentiel que le soutien de leurs confrères a joué dans leur rétablissement.

Couple et amour

En tant que francs-maçons, nous avons le pouvoir de créer un refuge où les hommes peuvent partager ouvertement leurs luttes sans crainte de jugement ou de stigmatisation. En favorisant une culture d’ouverture et d’empathie, nous pouvons aider nos frères à surmonter les défis auxquels ils sont confrontés, en leur offrant une bouée de sauvetage dans leurs moments les plus sombres. Cela peut être aussi simple que de prendre régulièrement des nouvelles les uns des autres, de créer des opportunités de discussions honnêtes sur la santé mentale et de veiller à ce que nos loges soient des environnements accueillants et solidaires pour tous.

Mais créer cet environnement favorable ne suffit pas. Nous devons également reconnaître que demander de l’aide est un signe de force et non de faiblesse. Le roi Salomon, réputé pour sa sagesse, a compris l’importance de la collaboration et de la recherche de l’expertise des autres. Il n’a pas construit le temple seul, mais a plutôt fait appel à Hiram, le roi de Tyr, et à Hiram Abiff, un artisan qualifié, pour donner vie à sa vision. Cela nous rappelle avec force que même les plus sages et les plus capables d’entre nous ont besoin de soutien et de conseils de temps en temps.

De la même manière, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide en cas de besoin. Qu’il s’agisse de se confier à un frère de confiance, de demander l’aide d’un professionnel ou de rejoindre un groupe de soutien, agir pour améliorer sa santé mentale est un acte de courage et de respect de soi. C’est un signe de votre engagement envers votre croissance personnelle et de votre détermination à devenir la meilleure version de vous-même.

La voie à suivre est claire. En tant que francs-maçons, nous avons l’obligation morale de défendre la santé mentale des hommes et de promouvoir une masculinité positive. En incarnant nos principes, en nous soutenant les uns les autres et en brisant les préjugés entourant la santé mentale, nous pouvons créer un monde où les hommes ne souffrent plus en silence. Nous pouvons être le catalyseur du changement, en inspirant les autres à suivre notre exemple et en créant un effet d’entraînement de transformation positive dans nos communautés.

Le temps d’agir est maintenant. Relevons le défi et soyons le changement que nous souhaitons voir dans le monde. Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir où la santé mentale des hommes recevra l’attention et les ressources qu’elle mérite. Un avenir où aucun frère ne devra affronter seul ses démons et où nous pouvons tous travailler ensemble pour construire une société plus forte et plus compatissante.

Selon les mots de nos enseignements maçonniques : « Demandez, et on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et on vous ouvrira. » Demandons la force d’affronter ce problème de front, recherchons la sagesse pour nous guider sur cette voie et abattons les obstacles qui font obstacle au progrès.

La lutte silencieuse prend fin maintenant. Ensemble, défendons la santé mentale des hommes et créons un héritage de masculinité positive qui perdurera pour les générations à venir. Soyons la lumière qui guide nos frères hors des ténèbres et vers un avenir plus brillant et plus plein d’espoir.

1717 La franc-maçonnerie moderne naît à Londres

De notre confrère ticinolive.ch – Par Giuseppe Bellantonio

Le 24 juin 1717, le jour le plus saint pour les francs-maçons, quatre loges londoniennes se sont réunies, formant la Grande Loge Unie d’Angleterre, « Mère du Monde ». Anthony Sayer a été élu Grand Maître. Au fil du temps, cette loge est devenue de plus en plus importante, à tel point qu’elle est devenue l’institution maçonnique centrale capable de « reconnaître » ou de « ne pas reconnaître » les obédiences de telle ou telle nation.

Ce jour-là est née la franc-maçonnerie moderne, également appelée « spéculative », car ce qui avait existé jusqu’alors était une franc-maçonnerie « opérationnelle » ; ainsi appelée parce que les francs-maçons médiévaux construisaient des bâtiments religieux et militaires, et des résidences de seigneurs ; tandis que les « spéculatifs » traitent de problèmes théoriques et philosophiques.

Notre brève mention historique de la Saint-Jean, le 24 juin, a été suivie de cette lettre de Rome d’un haut dignitaire maçonnique, que nous publions dans son intégralité.

Chers rédacteurs, je lis et commente depuis l’Italie voisine.

J’ai lu avec intérêt la note qui entend rappeler la naissance de la franc-maçonnerie « moderne », et je vous félicite d’avoir réussi à donner – en quelques coups de pinceau – une représentation qui peut certainement être un stimulant pour des études approfondies.

À la fois de nature générale et donc historique, et purement actuelle, contemporaine et donc contextuelle aux événements de la Société.

Évidemment, je me réfère à des situations générales, mais permettez-moi de souligner combien le moment historique et social actuel marque une certaine lourdeur pour la franc-maçonnerie italienne, contrairement à ce qui peut arriver dans la Confédération suisse, où la franc-maçonnerie jouit du respect de la société et des institutions publiques et civiles.

Je voudrais juste souligner deux choses . La première : si celle de 1717 était « moderne », l’actuelle est certainement « post-moderne » et – d’un certain point de vue, qu’il n’est pas possible d’aborder ici sans abuser de l’espace – elle est « post-contemporaine », c’est-à-dire orientée vers un avenir possible et probable où une profonde action de désintoxication des scories actuelles a eu lieu.

La seconde : l’opération des « francs-maçons » a été suivie par l’opération « spéculative » des francs-maçons (à la fois les francs-maçons et les anciens et ceux qui ont été acceptés plus tard) ; Mais par « spéculatif », nous devons entendre la science distincte de la pratique qui comprend la capacité accessible à l’esprit humain de « maintenir l’intellect fixe dans la contemplation des choses », c’est-à-dire une activité de type purement intellectuel, qui remplace la pratique manuelle, opérationnelle.

Il y aurait beaucoup plus à dire, surtout en connaissant l’attention et la curiosité avec lesquelles les Frères suisses suivent – notamment au Tessin – les événements de la franc-maçonnerie italienne et leur curiosité de mieux comprendre ses aspects historiques, traditionnels, rituels, symboliques, à la lumière des divisions (et des… multiplications) qui le marquent malheureusement.

Reconnaissant de votre aimable attention et disponible pour une analyse et des éclaircissements plus approfondis tant sur la question que sur le problème, je vous adresse mes salutations cordiales.

Giuseppe Bellantonio

Président de la Communion de la Piazza del Gesù – Italie

Le Dessin de Jissey : « Méritocratie »

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Pourquoi certains frères ou sœurs gravissent allègrement les degrés maçonniques tandis que d’autres somnolent aux grades symboliques de base. JISSEY s’interroge, cette semaine, sur ces différences de salaires générateurs de mauvais compagnons. Avec, comme d’habitude, un diagnostic un peu moqueur.

250 ans du Grand Orient : comment la franc-maçonnerie perd peu à peu en influence

De notre confrère leral.net

Emmanuel Macron a rendu visite le 7 novembre dernier au Grand Orient de France dans son hôtel du 9e arrondissement de Paris pour les 250 ans de la première obédience maçonnique française. Retour sur l’histoire de la franc-maçonnerie et sur les liens au pouvoir qu’on lui impute.

Après Émile Loubet (1899-1906) et son prédécesseur François Hollande, Emmanuel Macron était seulement le troisième président de la République en exercice à se déplacer rue Cadet, à Paris, au siège du Grand Orient ; pour marquer le 250e anniversaire de la première obédience maçonnique de France et manifester la « reconnaissance de la République » à son égard, selon l’Élysée.

Si les visites de ministres ou de présidents de chambre parlementaire ne sont pas rares, les visites présidentielles ne sont donc pas habituelles. Pourtant, il ne faut rien y voir d’exceptionnel pour Pierre-Yves Beaurepaire, professeur d’histoire moderne à l’Université Côte d’Azur et auteur de nombreux ouvrages sur la franc-maçonnerie. Selon l’universitaire, la venue de Macron s’inscrit surtout dans une démarche certes politique, mais surtout mémorielle.

Quelle réalité recouvre l’appellation « Grand Orient de France », la franc-maçonnerie a-t-elle des relations avec le pouvoir aussi étroites qu’on le lui impute, quelles causes défend-elle encore ?

Elle est parfois prise, à tort, pour une société secrète très ancienne… Pouvez-vous revenir sur les origines de la franc-maçonnerie ?

Elle arrive en France au début du XVIIIe siècle. Le reste tient du mythe, mais de cela on est sûr puisqu’on dispose d’archives. En effet, comme toute nouveauté, cette société secrète fait peur sous l’Ancien régime, donc il y a des descentes de police dans les années 1720-1730-1740, avec des saisies de documents.

Vue de Big Ben et d'une cabine rouge de tél à Londres
Vue de Big Ben et d’une cabine rouge de tél à Londres

La franc-maçonnerie vient des îles britanniques, et on pense à ce moment-là qu’il s’agit d’une mode anglaise parmi d’autres, et qu’elle ne va pas durer. Mais c’est tout le contraire qui se passe. Elle connaît un essor considérable, non seulement en France mais dans toute l’Europe des Lumières, et ce malgré les nombreuses guerres.
Derrière la franc-maçonnerie, il y a la dimension de l’architecture, de la géométrie, qui fascinent les hommes du XVIIIᵉ siècle – je dis « les hommes » parce que les femmes sont très, très minoritaires.

Mais en réalité, ils le font en amateurs : ce ne sont pas des ouvriers du bâtiment, ce sont des gens qui appartiennent aux strates supérieures de la société et qui veulent revisiter, avec un projet philosophique, culturel, artistique, toutes les grandes réalisations de l’Antiquité, mais aussi leur donner un sens en phase avec l’époque.

Pour eux, le projet maçonnique, c’est permettre à des hommes qui seraient restés sans cela « à distance », c’est l’expression qu’ils utilisent, de se découvrir comme « frères ». Ils peuvent être catholiques, protestants – car au départ la franc-maçonnerie s’inscrit vraiment dans un monde chrétien, ce qui ne sera plus le cas ensuite -, ils peuvent se reconnaître et dialoguer entre eux. Pour une Europe fortement marquée par les conflits religieux, c’est vraiment quelque chose de nouveau.

Et pour ce qui est du Grand Orient de France, en particulier ?

Le Grand Orient a une prédécésseure : la Grande Loge de France. Une « loge » est un atelier, donc une réunion de deux maçons, soit avec un temple bien identifié, soit chez l’un, chez l’autre… Il n’existe pas de vision administrative de la franc-maçonnerie à cette époque, comme cela a pu apparaître par la suite. C’est assez souple au départ. Quand il y a un groupe de loges, on appelle cela une « grande loge ».

La Grande Loge de France (ou de Paris) devient le Grand Orient de France en 1771, en fait deux ans avant l’anniversaire célébré cette année. Mais celui destiné à être le grand maître de l’obédience, le duc de Chartres, futur duc d’Orléans, est condamné à un exil de deux ans suite à des intrigues dans la famille royale. Ce qui explique que l’inauguration du Grand Orient soit repoussée à 1773. On dit « Grand Orient », « Grande Loge du Grand Orient ». C’est une fédération de loges.

Il y a toute une réflexion au XVIIIᵉ siècle, à la fois sur la lumière et sur les lumières ; et la lumière vient de l’Orient. Les francs-maçons travaillent symboliquement entre midi et minuit et de ce fait, ils se tournent vers la lumière. Symboliquement, ils ont donc choisi l’Orient, comme d’autres références connues : l’équerre, le compas, etc. Dans une loge, celui qui préside, qu’on appelle « le vénérable », siège à l’Orient.

Quelles ont été les grandes étapes, les grandes évolutions du Grand Orient de France et de la franc-maçonnerie ?

Le premier grand tournant a lieu à la Révolution française. On croit souvent que les francs-maçons ont voulu la Révolution mais pas du tout : ils sont souvent très légalistes. On pense toujours à Philippe Égalité, le grand maître du Grand Orient qui vote la mort de son cousin Louis XVI.

Mais la plupart des francs-maçons sont jeunes, comme les révolutionnaires de 1789 ; ils ont grandi à la fin de l’Ancien Régime. Comme pour le reste de la société, la Révolution leur tombe un peu dessus, ils sont déstabilisés par la situation. Il y a ceux qui s’engagent dans la Révolution, il y a ceux qui partent en émigration, ceux qui se mettent en retrait en attendant de voir comment ça va tourner… La franc-maçonnerie reflète tout le spectre des opinions de cette époque-là.

Mais après la Révolution, il y a une sorte de relecture à posteriori de ce qu’était la franc-maçonnerie au siècle des Lumières. Si on appartient à une famille noble, on va se dire qu’on a eu des attitudes coupables, qu’on a trop accepté les idées nouvelles ; donc on fait disparaître des archives familiales ou des engagements familiaux le souvenir d’avoir été franc-maçon.

Au lendemain de la Révolution, et notamment de la Restauration des Bourbons, la franc-maçonnerie qui comptait vraiment la sociabilité huppée, mondaine, qui avait très bonne réputation au XVIIIᵉ siècle, devient quelque chose de sulfureux. La plupart des francs-maçons modérés se mettent en retrait.

Les effectifs diminuent, ceux qui restent sont des convaincus qui ont des positions beaucoup plus radicales, beaucoup plus politisées qu’au XVIIIᵉ siècle. Il va devenir très difficile d’avoir une sorte de consensus modéré comme c’était le cas avant ; ne serait ce que parce que l’Église catholique, qui se reconstruit après la Révolution, est une Église de combat, ultra conservatrice, très hostile aux Lumières, à tout ce qui est ouverture sociale. Elle fait de la franc-maçonnerie une de ses cibles privilégiées, alors qu’au XVIIIᵉ siècle même des abbés étaient vénérables de loges.

Elle reconstruit de toutes pièces une image de la franc-maçonnerie qui serait proche des protestants, par la suite proche des Juifs… progressivement on va vers le complot judéo-maçonnique. À la fin du XIXᵉ siècle, elle parlera de la « synagogue de Satan ».
Au cours du XIXᵉ siècle, la franc-maçonnerie entre en politique pour transformer la société, développer l’éducation pour tous… Elle réfléchit à la place des femmes dans la société. Bien évidemment, ses effectifs fondent parce que plus elle est engagée, plus les gens lui reprochent d’aller trop loin.

Cette franc maçonnerie-là, très active à la fin du XIXᵉ siècle, veut une laïcité militante. Dans la France de la IIIe République, elle est associée de très près au pouvoir parce que la plupart de ses députés, radicaux ou autres, viennent de ses rangs.

Alors qu’elle est à l’acmé de son pouvoir politique, arrive le régime de Vichy, qui la dissout…

Je n’aime pas trop l’expression mais on parle d' »Église de la République » pour la franc-maçonnerie de la IIIe République, comme si c’était une sorte d’Église laïque, ce qui est absolument impossible à accepter pour la France de Vichy.

liberté égalité fraternité devise de la république française
devise de la république française inscrite sur un fronton

En 1940, quand Vichy enterre la IIIe République et donne naissance à l’État français, une de ses premières décisions est d’enterrer la franc-maçonnerie. Quand le maréchal Pétain choisit de créer un organisme chargé de lutter contre les sociétés secrètes, il ne confie pas la tâche à un policier ou à un haut-fonctionnaire…

Pas du tout ! Il va choisir un spécialiste du XVIIIᵉ siècle qui s’appelle Bernard Faÿe en lui disant : « Il faut aller chercher dans les archives des francs-maçons les causes de l’effondrement de la France en 1940 face à l’Allemagne nazie. » La Révolution de Vichy se construit sur la diabolisation de la Révolution de 1789. La troisième République, c’était « Liberté, égalité, fraternité », ça sera « Travail, famille, patrie », etc. Et d’ailleurs, dans les affiches de Vichy, on voit la France de la « révolution nationale », c’est le terme employé par Vichy, comme l’antithèse de la révolution de 1789.

Cela a des conséquences tout à fait directes : on fait des listes des francs-maçons vivants, on les chasse de la fonction publique, on en déporte certains, on pille leurs archives, et ce que Vichy ne prend pas, les nazis le volent.

Après la Seconde Guerre mondiale, la franc-maçonnerie renaît mais ses liens avec la politique et le pouvoir se distendent. Pourquoi ?

Pour une raison très simple : la franc-maçonnerie s’est largement émiettée. Cela ne veut pas dire qu’il y a moins de monde, mais il y a « beaucoup de tout ». Aujourd’hui, il existe de très nombreuses obédiences. Il y en a de beaucoup plus traditionalistes que le Grand Orient de France : la Grande Loge nationale française, par exemple.

Le Grand Orient a été considéré comme à gauche de l’échiquier politique pendant longtemps, mais cela ne veut plus dire grand chose. Prenez l’une des grandes figures récentes et médiatiques du Grand Orient de France, Alain Bauer : aujourd’hui, vous aurez du mal à le situer sur le spectre politique. Il a été conseiller aussi bien de Nicolas Sarkozy que d’autres. Les francs-maçons se distribuent sur l’ensemble du spectre politique.

Le Grand Orient est encore un lieu d’échange : il y a chaque année des questions sociétales sur lesquelles les loges réfléchissent. La contraception, l’IVG, sont des questions qui ont été discutées en loges pendant longtemps et qui ont pu donner lieu à des travaux législatifs. C’était ça le canal de d’influence. C’était une sorte de laboratoire de la République et des transformations sociales mais c’est un ressort qui marche moins aujourd’hui. La franc-maçonnerie se consacre davantage à la « défense »; de la laïcité, de la République, etc.

Pourtant il y a toujours beaucoup de fantasmes et de théories complotistes circulant au sujet de la franc-maçonnerie. Par exemple, le discours d’investiture d’Emmanuel Macron en 2017, devant la pyramide du Louvre, avait donné lieu à beaucoup de spéculations, la pyramide étant un symbole maçonnique. La question des rites initiatiques fascine également…

Comme toujours, on ne prête qu’aux puissants. En 2001, deux journalistes, Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre, avaient fait paraître un livre au titre un peu racoleur, qui avait eu beaucoup de succès : Les Frères invisibles. Dedans, ils prétendaient que Jacques Chirac avait été reçu par une loge particulièrement influente et secrète qui s’appelait « Alpina ». En fait Alpina est la Grande Loge de Suisse. Elle a pignon sur rue comme la Grande Loge d’Angleterre, elle n’a rien de secret et Jacques Chirac n’en a jamais fait partie. Ces spéculations sont très fréquentes et vivent sur le souvenir de l’époque où la franc-maçonnerie était un lieu de puissance.

Déjà au XVIIIᵉ siècle, il y a plein livres qui ont des titres comme « Le secret des francs-maçons dévoilés », etc. C’est un effet de librairie. Mais de fait, il suffit de consulter des livres ou d’aller sur internet pour connaître tous les détails d’un rituel maçonnique.

Mais comme dans toute forme de sociabilité initiatique, il s’agit d’un lien d’initiation partagé, et les francs-maçons diraient que, quel que soit ce qui est révélé, dès lors qu’on ne le vit pas de l’intérieur, le sens profond échappe. Il y a énormément de rituels qui se sont créés depuis le XVIIIᵉ siècle.

Certains sont vraiment totalement dépouillés de toute valeur religieuse, et d’autres pas du tout.

Il y a une franc-maçonnerie chrétienne, d’inspiration templière par exemple, qui date du XVIIIᵉ siècle et qui est encore très présente aujourd’hui. Il y en a une autre qui est vraiment purement symbolique. Et le Grand Orient lui, fait une sorte de synthèse avec une dimension symbolique, et une autre très sociétale.