À travers une lettre ouverte adressée au préfet de la Haute-Loire, la loge maçonnique Le Réveil Anicien se dresse contre les lourdes enveloppes d’argent public destinées à la rénovation de la Statue Saint-Joseph à Espaly-Saint-Marcel. Les signataires posent une question : « Le subventionnement de la statue de Saint-Joseph est-il conforme à la loi de 1905 ? ».
Le financement du projet s’élève à environ un million d’euros. Pour ces travaux, le diocèse finance la rénovation à hauteur de 230 000 euros. Le reste provient de financements publics, autrement dit des impôts.
Avant l’intervention de la loge maçonnique ponote du Réveil Anicien, Guy Vallery, président de l’association Libre Pensée Haute-Loire, avait déjà estimé que l’opération financière était « un détournement de la loi de 1905 ». Pour l’ensemble du collectif, « la laïcité est bafouée. C’est une volonté délibérée d’enfumer tout le monde. »
La source de cette colère ? Le changement radical de position de la Région sur le sujet. Laurent Wauquiez avait déclaré au micro de RCF en 2016, que « ce monument n’est ni classé, ni inscrit et s’il est un emblème de la commune d’Espaly-Saint-Marcel et du bassin du Puy, il ne s’agit pas d’une compétence du conseil régional. Alors pourquoi se mobiliser pour cet édifice ? ».
Avant de faire volte-face. Car quelques années plus tard, la Région finance finalement le projet en donnant 600 000 euros. Aucune explication claire n’a été donnée.
« Le troisième cas, enfin, concerne le décret du régime de Pétain auquel nous faisions référence »
À propos de l’alerte partagée par Le Réveil Anicien, le discours reste sensiblement le même, puisant les arguments des irrégularités dans l’histoire des lois. « Ce n’est certes pas la première fois qu’un édifice religieux fait l’objet de subventions publiques. Trois situations peuvent se présenter. La première concerne les bâtiments dont les collectivités ont la charge : c’est le cas, par exemple, des églises paroissiales dont les communes sont propriétaires depuis la Révolution. Le deuxième cas concerne tous les bâtiments religieux classés monuments historiques ».
« Aujourd’hui, partout dans notre monde en guerre, le besoin de laïcité saute aux yeux. Il ne s’agit nullement pour nous de combattre une religion en portant atteinte à la conscience de quiconque, mais de demander le respect scrupuleux des lois de la République »
« La statue de St-Joseph appartient au diocèse du Puy, et n’est donc ni un bâtiment public, ni un Monument historique »
Avant d’ajouter : « Le troisième cas, enfin, concerne le décret du régime de Pétain auquel nous faisions référence. Dans celui-ci, il est dit que « ne sont pas considérées comme subventions les sommes allouées pour réparations aux édifices affectés au culte public, qu’ils soient classés ou non aux Monuments historiques ». C’est ce dernier argument qui est mis actuellement en avant par les financeurs publics. En effet, la statue de St-Joseph appartient au diocèse du Puy, et n’est donc ni un bâtiment public, ni un Monument historique ».
« Non seulement il nous paraît inacceptable de s’appuyer sur un décret d’inspiration anti-républicaine, mais dans ce cas précis nous en contestons l’utilisation pour un édifice religieux qui n’est aucunement, en lui-même, un lieu de culte »
« Le subventionnement de la statue de Saint-Joseph est-il conforme à la loi de 1905 ? »
« Compte tenu de l’ampleur des sommes engagées, nous vous demandons Mr le préfet, en tant que représentant de l’État, garant des lois républicaines, d’apporter une réponse publique aux interrogations que nous nous posons, ainsi que tous nos concitoyens, et qui peuvent se résumer à une seule : le subventionnement de la statue de Saint-Joseph est-il conforme à la loi de 1905 ? »
La Semaine de la santé des hommes se succède, et il y a de fortes chances que vous ne le saviez même pas. Le manque d’attention accordé à ce sujet crucial n’est pas seulement décevant ; c’est une indication flagrante de l’échec de la société à donner la priorité au bien-être des hommes.
Boxeur sur le ring en combat
En ne s’attaquant pas de manière proactive à la santé mentale des hommes, nous avons raté une occasion vitale de faire partie de la solution pour lutter contre les horribles actes de violence et de violence domestique commis par les hommes. Nous avons également raté l’occasion de contribuer à soulager la souffrance silencieuse d’innombrables hommes aux prises avec des problèmes de santé mentale.
En tant que franc-maçon, vous faites partie d’une organisation qui a le pouvoir de faire la différence. Pourtant, nous avons laissé passer l’occasion d’être les champions de la santé masculine et de la masculinité positive.
Nous devons dénoncer les comportements et attitudes toxiques. Si nous ne le faisons pas, ils continueront de s’envenimer dans la société au sens large. Ces garçons qui se disent hommes sont ceux qui causent les problèmes que nous cherchons à prévenir.
Mais il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. La franc-maçonnerie détient la clé pour promouvoir une masculinité positive à travers ses principes et ses allégories. La pierre de taille brute et parfaite, par exemple, nous enseigne que la croissance et le raffinement personnels sont des processus continus. En adoptant ces enseignements et en incarnant des vertus telles qu’un bon caractère, une moralité forte et la justice, vous pouvez devenir un modèle pour les autres hommes, démontrant que la véritable masculinité consiste à être vertueux et non à la richesse matérielle ou aux prouesses physiques.
Le chemin vers un changement positif commence avec vous. En tant que maçon, vous avez la responsabilité de corriger les erreurs et les erreurs de vos frères, mais cela s’étend à nos semblables dans la société. Cela signifie dénoncer la masculinité toxique lorsque vous la voyez, que ce soit sous la forme de commentaires misogynes, de comportements agressifs ou de promotion de stéréotypes néfastes. En défendant ce qui est juste et en donnant l’exemple, vous pouvez inspirer les autres à suivre vos traces.
Mais le chemin vers une meilleure santé mentale ne peut être entrepris seul. L’histoire d’un collègue maçon aux prises avec une perte d’emploi et des difficultés financières nous rappelle de manière poignante le rôle crucial que nous jouons tous en nous soutenant les uns les autres. En tant qu’officier attentionné de la loge, vous devez vérifier de manière proactive le bien-être de vos frères, en leur offrant une oreille attentive, un soutien émotionnel et des conseils en cas de besoin.
La réalité est que les hommes ont souvent du mal à demander de l’aide lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes de santé mentale. La pression exercée pour paraître fort et maître de la situation peut conduire à un cycle dangereux d’isolement et de désespoir, aux conséquences dévastatrices. Le suicide, manifestation ultime de cette lutte silencieuse, nous rappelle tragiquement l’importance de briser les barrières qui empêchent les hommes de rechercher le soutien dont ils ont besoin. En fait, plusieurs maçons m’ont confié leurs propres combats contre la dépression et les pensées suicidaires, soulignant le rôle essentiel que le soutien de leurs confrères a joué dans leur rétablissement.
En tant que francs-maçons, nous avons le pouvoir de créer un refuge où les hommes peuvent partager ouvertement leurs luttes sans crainte de jugement ou de stigmatisation. En favorisant une culture d’ouverture et d’empathie, nous pouvons aider nos frères à surmonter les défis auxquels ils sont confrontés, en leur offrant une bouée de sauvetage dans leurs moments les plus sombres. Cela peut être aussi simple que de prendre régulièrement des nouvelles les uns des autres, de créer des opportunités de discussions honnêtes sur la santé mentale et de veiller à ce que nos loges soient des environnements accueillants et solidaires pour tous.
Mais créer cet environnement favorable ne suffit pas. Nous devons également reconnaître que demander de l’aide est un signe de force et non de faiblesse. Le roi Salomon, réputé pour sa sagesse, a compris l’importance de la collaboration et de la recherche de l’expertise des autres. Il n’a pas construit le temple seul, mais a plutôt fait appel à Hiram, le roi de Tyr, et à Hiram Abiff, un artisan qualifié, pour donner vie à sa vision. Cela nous rappelle avec force que même les plus sages et les plus capables d’entre nous ont besoin de soutien et de conseils de temps en temps.
De la même manière, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide en cas de besoin. Qu’il s’agisse de se confier à un frère de confiance, de demander l’aide d’un professionnel ou de rejoindre un groupe de soutien, agir pour améliorer sa santé mentale est un acte de courage et de respect de soi. C’est un signe de votre engagement envers votre croissance personnelle et de votre détermination à devenir la meilleure version de vous-même.
La voie à suivre est claire. En tant que francs-maçons, nous avons l’obligation morale de défendre la santé mentale des hommes et de promouvoir une masculinité positive. En incarnant nos principes, en nous soutenant les uns les autres et en brisant les préjugés entourant la santé mentale, nous pouvons créer un monde où les hommes ne souffrent plus en silence. Nous pouvons être le catalyseur du changement, en inspirant les autres à suivre notre exemple et en créant un effet d’entraînement de transformation positive dans nos communautés.
Le temps d’agir est maintenant. Relevons le défi et soyons le changement que nous souhaitons voir dans le monde. Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir où la santé mentale des hommes recevra l’attention et les ressources qu’elle mérite. Un avenir où aucun frère ne devra affronter seul ses démons et où nous pouvons tous travailler ensemble pour construire une société plus forte et plus compatissante.
Selon les mots de nos enseignements maçonniques : « Demandez, et on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et on vous ouvrira. » Demandons la force d’affronter ce problème de front, recherchons la sagesse pour nous guider sur cette voie et abattons les obstacles qui font obstacle au progrès.
La lutte silencieuse prend fin maintenant. Ensemble, défendons la santé mentale des hommes et créons un héritage de masculinité positive qui perdurera pour les générations à venir. Soyons la lumière qui guide nos frères hors des ténèbres et vers un avenir plus brillant et plus plein d’espoir.
De notre confrère ticinolive.ch – Par Giuseppe Bellantonio
Le 24 juin 1717, le jour le plus saint pour les francs-maçons, quatre loges londoniennes se sont réunies, formant la Grande Loge Unie d’Angleterre, « Mère du Monde ». Anthony Sayer a été élu Grand Maître. Au fil du temps, cette loge est devenue de plus en plus importante, à tel point qu’elle est devenue l’institution maçonnique centrale capable de « reconnaître » ou de « ne pas reconnaître » les obédiences de telle ou telle nation.
Ce jour-là est née la franc-maçonnerie moderne, également appelée « spéculative », car ce qui avait existé jusqu’alors était une franc-maçonnerie « opérationnelle » ; ainsi appelée parce que les francs-maçons médiévaux construisaient des bâtiments religieux et militaires, et des résidences de seigneurs ; tandis que les « spéculatifs » traitent de problèmes théoriques et philosophiques.
Notre brève mention historique de la Saint-Jean, le 24 juin, a été suivie de cette lettre de Rome d’un haut dignitaire maçonnique, que nous publions dans son intégralité.
Chers rédacteurs, je lis et commente depuis l’Italie voisine.
J’ai lu avec intérêt la note qui entend rappeler la naissance de la franc-maçonnerie « moderne », et je vous félicite d’avoir réussi à donner – en quelques coups de pinceau – une représentation qui peut certainement être un stimulant pour des études approfondies.
À la fois de nature générale et donc historique, et purement actuelle, contemporaine et donc contextuelle aux événements de la Société.
Évidemment, je me réfère à des situations générales, mais permettez-moi de souligner combien le moment historique et social actuel marque une certaine lourdeur pour la franc-maçonnerie italienne, contrairement à ce qui peut arriver dans la Confédération suisse, où la franc-maçonnerie jouit du respect de la société et des institutions publiques et civiles.
Je voudrais juste souligner deux choses . La première : si celle de 1717 était « moderne », l’actuelle est certainement « post-moderne » et – d’un certain point de vue, qu’il n’est pas possible d’aborder ici sans abuser de l’espace – elle est « post-contemporaine », c’est-à-dire orientée vers un avenir possible et probable où une profonde action de désintoxication des scories actuelles a eu lieu.
La seconde : l’opération des « francs-maçons » a été suivie par l’opération « spéculative » des francs-maçons (à la fois les francs-maçons et les anciens et ceux qui ont été acceptés plus tard) ; Mais par « spéculatif », nous devons entendre la science distincte de la pratique qui comprend la capacité accessible à l’esprit humain de « maintenir l’intellect fixe dans la contemplation des choses », c’est-à-dire une activité de type purement intellectuel, qui remplace la pratique manuelle, opérationnelle.
Il y aurait beaucoup plus à dire, surtout en connaissant l’attention et la curiosité avec lesquelles les Frères suisses suivent – notamment au Tessin – les événements de la franc-maçonnerie italienne et leur curiosité de mieux comprendre ses aspects historiques, traditionnels, rituels, symboliques, à la lumière des divisions (et des… multiplications) qui le marquent malheureusement.
Reconnaissant de votre aimable attention et disponible pour une analyse et des éclaircissements plus approfondis tant sur la question que sur le problème, je vous adresse mes salutations cordiales.
Giuseppe Bellantonio
Président de la Communion de la Piazza del Gesù – Italie
Pourquoi certains frères ou sœurs gravissent allègrement les degrés maçonniques tandis que d’autres somnolent aux grades symboliques de base. JISSEY s’interroge, cette semaine, sur ces différences de salaires générateurs de mauvais compagnons. Avec, comme d’habitude, un diagnostic un peu moqueur.
Emmanuel Macron a rendu visite le 7 novembre dernier au Grand Orient de France dans son hôtel du 9e arrondissement de Paris pour les 250 ans de la première obédience maçonnique française. Retour sur l’histoire de la franc-maçonnerie et sur les liens au pouvoir qu’on lui impute.
Après Émile Loubet (1899-1906) et son prédécesseur François Hollande, Emmanuel Macron était seulement le troisième président de la République en exercice à se déplacer rue Cadet, à Paris, au siège du Grand Orient ; pour marquer le 250e anniversaire de la première obédience maçonnique de France et manifester la « reconnaissance de la République » à son égard, selon l’Élysée.
Si les visites de ministres ou de présidents de chambre parlementaire ne sont pas rares, les visites présidentielles ne sont donc pas habituelles. Pourtant, il ne faut rien y voir d’exceptionnel pour Pierre-Yves Beaurepaire, professeur d’histoire moderne à l’Université Côte d’Azur et auteur de nombreux ouvrages sur la franc-maçonnerie. Selon l’universitaire, la venue de Macron s’inscrit surtout dans une démarche certes politique, mais surtout mémorielle.
Quelle réalité recouvre l’appellation « Grand Orient de France », la franc-maçonnerie a-t-elle des relations avec le pouvoir aussi étroites qu’on le lui impute, quelles causes défend-elle encore ?
Elle est parfois prise, à tort, pour une société secrète très ancienne… Pouvez-vous revenir sur les origines de la franc-maçonnerie ?
Elle arrive en France au début du XVIIIe siècle. Le reste tient du mythe, mais de cela on est sûr puisqu’on dispose d’archives. En effet, comme toute nouveauté, cette société secrète fait peur sous l’Ancien régime, donc il y a des descentes de police dans les années 1720-1730-1740, avec des saisies de documents.
Vue de Big Ben et d’une cabine rouge de tél à Londres
La franc-maçonnerie vient des îles britanniques, et on pense à ce moment-là qu’il s’agit d’une mode anglaise parmi d’autres, et qu’elle ne va pas durer. Mais c’est tout le contraire qui se passe. Elle connaît un essor considérable, non seulement en France mais dans toute l’Europe des Lumières, et ce malgré les nombreuses guerres. Derrière la franc-maçonnerie, il y a la dimension de l’architecture, de la géométrie, qui fascinent les hommes du XVIIIᵉ siècle – je dis « les hommes » parce que les femmes sont très, très minoritaires.
Mais en réalité, ils le font en amateurs : ce ne sont pas des ouvriers du bâtiment, ce sont des gens qui appartiennent aux strates supérieures de la société et qui veulent revisiter, avec un projet philosophique, culturel, artistique, toutes les grandes réalisations de l’Antiquité, mais aussi leur donner un sens en phase avec l’époque.
Pour eux, le projet maçonnique, c’est permettre à des hommes qui seraient restés sans cela « à distance », c’est l’expression qu’ils utilisent, de se découvrir comme « frères ». Ils peuvent être catholiques, protestants – car au départ la franc-maçonnerie s’inscrit vraiment dans un monde chrétien, ce qui ne sera plus le cas ensuite -, ils peuvent se reconnaître et dialoguer entre eux. Pour une Europe fortement marquée par les conflits religieux, c’est vraiment quelque chose de nouveau.
Et pour ce qui est du Grand Orient de France, en particulier ?
Le Grand Orient a une prédécésseure : la Grande Loge de France. Une « loge » est un atelier, donc une réunion de deux maçons, soit avec un temple bien identifié, soit chez l’un, chez l’autre… Il n’existe pas de vision administrative de la franc-maçonnerie à cette époque, comme cela a pu apparaître par la suite. C’est assez souple au départ. Quand il y a un groupe de loges, on appelle cela une « grande loge ».
La Grande Loge de France (ou de Paris) devient le Grand Orient de France en 1771, en fait deux ans avant l’anniversaire célébré cette année. Mais celui destiné à être le grand maître de l’obédience, le duc de Chartres, futur duc d’Orléans, est condamné à un exil de deux ans suite à des intrigues dans la famille royale. Ce qui explique que l’inauguration du Grand Orient soit repoussée à 1773. On dit « Grand Orient », « Grande Loge du Grand Orient ». C’est une fédération de loges.
Il y a toute une réflexion au XVIIIᵉ siècle, à la fois sur la lumière et sur les lumières ; et la lumière vient de l’Orient. Les francs-maçons travaillent symboliquement entre midi et minuit et de ce fait, ils se tournent vers la lumière. Symboliquement, ils ont donc choisi l’Orient, comme d’autres références connues : l’équerre, le compas, etc. Dans une loge, celui qui préside, qu’on appelle « le vénérable », siège à l’Orient.
Quelles ont été les grandes étapes, les grandes évolutions du Grand Orient de France et de la franc-maçonnerie ?
Le premier grand tournant a lieu à la Révolution française. On croit souvent que les francs-maçons ont voulu la Révolution mais pas du tout : ils sont souvent très légalistes. On pense toujours à Philippe Égalité, le grand maître du Grand Orient qui vote la mort de son cousin Louis XVI.
Mais la plupart des francs-maçons sont jeunes, comme les révolutionnaires de 1789 ; ils ont grandi à la fin de l’Ancien Régime. Comme pour le reste de la société, la Révolution leur tombe un peu dessus, ils sont déstabilisés par la situation. Il y a ceux qui s’engagent dans la Révolution, il y a ceux qui partent en émigration, ceux qui se mettent en retrait en attendant de voir comment ça va tourner… La franc-maçonnerie reflète tout le spectre des opinions de cette époque-là.
Mais après la Révolution, il y a une sorte de relecture à posteriori de ce qu’était la franc-maçonnerie au siècle des Lumières. Si on appartient à une famille noble, on va se dire qu’on a eu des attitudes coupables, qu’on a trop accepté les idées nouvelles ; donc on fait disparaître des archives familiales ou des engagements familiaux le souvenir d’avoir été franc-maçon.
Au lendemain de la Révolution, et notamment de la Restauration des Bourbons, la franc-maçonnerie qui comptait vraiment la sociabilité huppée, mondaine, qui avait très bonne réputation au XVIIIᵉ siècle, devient quelque chose de sulfureux. La plupart des francs-maçons modérés se mettent en retrait.
Les effectifs diminuent, ceux qui restent sont des convaincus qui ont des positions beaucoup plus radicales, beaucoup plus politisées qu’au XVIIIᵉ siècle. Il va devenir très difficile d’avoir une sorte de consensus modéré comme c’était le cas avant ; ne serait ce que parce que l’Église catholique, qui se reconstruit après la Révolution, est une Église de combat, ultra conservatrice, très hostile aux Lumières, à tout ce qui est ouverture sociale. Elle fait de la franc-maçonnerie une de ses cibles privilégiées, alors qu’au XVIIIᵉ siècle même des abbés étaient vénérables de loges.
Elle reconstruit de toutes pièces une image de la franc-maçonnerie qui serait proche des protestants, par la suite proche des Juifs… progressivement on va vers le complot judéo-maçonnique. À la fin du XIXᵉ siècle, elle parlera de la « synagogue de Satan ». Au cours du XIXᵉ siècle, la franc-maçonnerie entre en politique pour transformer la société, développer l’éducation pour tous… Elle réfléchit à la place des femmes dans la société. Bien évidemment, ses effectifs fondent parce que plus elle est engagée, plus les gens lui reprochent d’aller trop loin.
Cette franc maçonnerie-là, très active à la fin du XIXᵉ siècle, veut une laïcité militante. Dans la France de la IIIe République, elle est associée de très près au pouvoir parce que la plupart de ses députés, radicaux ou autres, viennent de ses rangs.
Alors qu’elle est à l’acmé de son pouvoir politique, arrive le régime de Vichy, qui la dissout…
Je n’aime pas trop l’expression mais on parle d' »Église de la République » pour la franc-maçonnerie de la IIIe République, comme si c’était une sorte d’Église laïque, ce qui est absolument impossible à accepter pour la France de Vichy.
devise de la république française inscrite sur un fronton
En 1940, quand Vichy enterre la IIIe République et donne naissance à l’État français, une de ses premières décisions est d’enterrer la franc-maçonnerie. Quand le maréchal Pétain choisit de créer un organisme chargé de lutter contre les sociétés secrètes, il ne confie pas la tâche à un policier ou à un haut-fonctionnaire…
Pas du tout ! Il va choisir un spécialiste du XVIIIᵉ siècle qui s’appelle Bernard Faÿe en lui disant : « Il faut aller chercher dans les archives des francs-maçons les causes de l’effondrement de la France en 1940 face à l’Allemagne nazie. » La Révolution de Vichy se construit sur la diabolisation de la Révolution de 1789. La troisième République, c’était « Liberté, égalité, fraternité », ça sera « Travail, famille, patrie », etc. Et d’ailleurs, dans les affiches de Vichy, on voit la France de la « révolution nationale », c’est le terme employé par Vichy, comme l’antithèse de la révolution de 1789.
Cela a des conséquences tout à fait directes : on fait des listes des francs-maçons vivants, on les chasse de la fonction publique, on en déporte certains, on pille leurs archives, et ce que Vichy ne prend pas, les nazis le volent.
Après la Seconde Guerre mondiale, la franc-maçonnerie renaît mais ses liens avec la politique et le pouvoir se distendent. Pourquoi ?
Pour une raison très simple : la franc-maçonnerie s’est largement émiettée. Cela ne veut pas dire qu’il y a moins de monde, mais il y a « beaucoup de tout ». Aujourd’hui, il existe de très nombreuses obédiences. Il y en a de beaucoup plus traditionalistes que le Grand Orient de France : la Grande Loge nationale française, par exemple.
Le Grand Orient a été considéré comme à gauche de l’échiquier politique pendant longtemps, mais cela ne veut plus dire grand chose. Prenez l’une des grandes figures récentes et médiatiques du Grand Orient de France, Alain Bauer : aujourd’hui, vous aurez du mal à le situer sur le spectre politique. Il a été conseiller aussi bien de Nicolas Sarkozy que d’autres. Les francs-maçons se distribuent sur l’ensemble du spectre politique.
Le Grand Orient est encore un lieu d’échange : il y a chaque année des questions sociétales sur lesquelles les loges réfléchissent. La contraception, l’IVG, sont des questions qui ont été discutées en loges pendant longtemps et qui ont pu donner lieu à des travaux législatifs. C’était ça le canal de d’influence. C’était une sorte de laboratoire de la République et des transformations sociales mais c’est un ressort qui marche moins aujourd’hui. La franc-maçonnerie se consacre davantage à la « défense »; de la laïcité, de la République, etc.
Pourtant il y a toujours beaucoup de fantasmes et de théories complotistes circulant au sujet de la franc-maçonnerie. Par exemple, le discours d’investiture d’Emmanuel Macron en 2017, devant la pyramide du Louvre, avait donné lieu à beaucoup de spéculations, la pyramide étant un symbole maçonnique. La question des rites initiatiques fascine également…
Comme toujours, on ne prête qu’aux puissants. En 2001, deux journalistes, Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre, avaient fait paraître un livre au titre un peu racoleur, qui avait eu beaucoup de succès : Les Frères invisibles. Dedans, ils prétendaient que Jacques Chirac avait été reçu par une loge particulièrement influente et secrète qui s’appelait « Alpina ». En fait Alpina est la Grande Loge de Suisse. Elle a pignon sur rue comme la Grande Loge d’Angleterre, elle n’a rien de secret et Jacques Chirac n’en a jamais fait partie. Ces spéculations sont très fréquentes et vivent sur le souvenir de l’époque où la franc-maçonnerie était un lieu de puissance.
Déjà au XVIIIᵉ siècle, il y a plein livres qui ont des titres comme « Le secret des francs-maçons dévoilés », etc. C’est un effet de librairie. Mais de fait, il suffit de consulter des livres ou d’aller sur internet pour connaître tous les détails d’un rituel maçonnique.
Mais comme dans toute forme de sociabilité initiatique, il s’agit d’un lien d’initiation partagé, et les francs-maçons diraient que, quel que soit ce qui est révélé, dès lors qu’on ne le vit pas de l’intérieur, le sens profond échappe. Il y a énormément de rituels qui se sont créés depuis le XVIIIᵉ siècle.
Certains sont vraiment totalement dépouillés de toute valeur religieuse, et d’autres pas du tout.
Il y a une franc-maçonnerie chrétienne, d’inspiration templière par exemple, qui date du XVIIIᵉ siècle et qui est encore très présente aujourd’hui. Il y en a une autre qui est vraiment purement symbolique. Et le Grand Orient lui, fait une sorte de synthèse avec une dimension symbolique, et une autre très sociétale.
Utilisée à dessein, notre expression Compagnonnage vs Franc-maçonnerie met en lumière la comparaison et les différences entre deux traditions distinctes, souvent confondues mais ayant des origines, des objectifs et des structures différentes.
Le site du Musée du Compagnonnage, avec deux textes, nous donnent toutes les clés.Mais revenons tout d’abord sur ce merveilleux Musée pour ne pas dire ce musée du Merveilleux !
Le Musée
Le Musée du Compagnonnage, situé dans l’ancienne abbaye Saint-Julien de Tours, est un établissement municipal classé « Musée de France ». Ce musée présente des collections exceptionnelles qui illustrent l’art et les traditions des Compagnons du tour de France.
Le Musée expose :
– Chefs-d’œuvre collectifs du XIXe siècle : des œuvres réalisées par des groupes de compagnons ;
– Chefs-d’œuvre de patience : des pièces mettant en avant la minutie et la dextérité des artisans ;
– Œuvres de réception : les chefs-d’œuvre exécutés en vue de la réception des compagnons ;
– Attributs des Compagnons : cannes, gourdes, couleurs ;
– Tableaux souvenirs : représentations des moments et des lieux marquants du compagnonnage ;
– Outils et archives : instruments de travail et documents historiques ;
– Traditions et œuvres contemporaines : les coutumes et les créations des compagnons, de leurs origines à nos jours.
Un lieu vivant et dynamique
Le musée propose également :
– Animations périodiques : événements réguliers pour tous les âges ;
– Expositions : présentations temporaires de nouvelles collections ou de thèmes spécifiques ;
– Visites thématiques : parcours guidés autour de thématiques particulières ;
– Activités pour les enfants : ateliers et découvertes ludiques.
Les collections sont fréquemment renouvelées, notamment avec des œuvres contemporaines, offrant ainsi une expérience toujours enrichissante et diverse aux visiteurs.
Le patrimoine culturel immatériel
Le Compagnonnage est reconnu par l’Unesco comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, soulignant ainsi l’importance et la richesse de cette tradition séculaire.
Venez découvrir ce lieu unique qui célèbre le savoir-faire et la culture des Compagnons du tour de France !
Deux articles sur le site du Musée nous interpellent et nous permettent d’en savoir plus sur Compagnonnage vs Franc-maçonnerie
Le premier dans la rubrique « GÉNÉALOGIE – Franc-maçonnerie » qui explore la distinction entre le compagnon du tour de France et le compagnon franc-maçon. Cet article met en lumière les différences historiques et objectives entre ces deux associations. Contrairement à une idée reçue, le compagnonnage n’est pas l’ancêtre de la Franc-maçonnerie. Cette dernière s’est constituée en Angleterre au XVIIIe siècle avant de s’établir en France et en Europe dans les années 1730. Cette lecture vous éclairera sur les origines et les objectifs distincts de ces deux traditions.
Le second article, intitulé « L’ESPRIT – Comparaison », clarifie la nature du compagnonnage en le comparant à d’autres types d’associations. Le compagnonnage n’est pas seulement une association de formation professionnelle, ni une société de secours mutuels ou un syndicat. Il n’est ni une religion, ni une secte, ni une société secrète. Cet article détaille les similitudes et les différences importantes entre le compagnonnage et la Franc-maçonnerie, mettant en lumière l’esprit unique et la mission du compagnonnage.
Lisez-les et enrichissez votre compréhension des Compagnons du Tour de France et de leur riche héritage culturel.
« GÉNÉALOGIE – Franc-maçonnerie »
Une autre confusion est possible entre le compagnon du tour de France et le compagnon franc-maçon. Compagnonnage et Franc-maçonnerie sont des associations distinctes, historiquement et dans leurs buts. Contrairement à une idée reçue, le compagnonnage n’est pas l’ancêtre de la Franc-maçonnerie, laquelle s’est constituée en Angleterre au cours du XVIIe siècle avant de s’établir en France et en Europe dans les années 1730. Association de type initiatique, philosophique, fraternel, la Franc-maçonnerie use de façon symbolique des outils des maçons de métier. A cette époque, certains symboles maçonniques, certains rites, des références légendaires, se retrouvent dans les compagnonnages et dans la Franc-maçonnerie, mais sont relativement peu nombreux. En revanche, au XIXe siècle, d’assez nombreux compagnons se sont affiliés dans des loges et beaucoup de symboles, rites et légendes ont migré de la Franc-maçonnerie vers les compagnonnages. Ainsi en est-il des trois points en triangle, de l’étoile flamboyante à cinq branches associée à la lettre G, de la légende de l’architecte Hiram, etc. En revanche, le compas et l’équerre entrecroisés sont communs aux deux institutions, sans qu’il y ait eu emprunt de ce symbole par l’une à l’autre.
La découverte d’un diplôme, d’objets décorés de symboles, d’attributs tels que des écharpes, peut entraîner des confusions. Signalons aussi que les termes d’apprenti, compagnon et maître sont employés dans la Franc-maçonnerie pour désigner trois grades, mais ils n’ont pas de rapport avec l’organisation interne des compagnonnages, qui ne concerne ni l’apprentissage ni la maîtrise au sens réel ou symbolique de ces mots. Dans le Compagnonnage, il n’y a que des aspirants (ou affiliés), des compagnons et quelquefois, dans certaines associations, des compagnons finis.
Précisons cependant qu’il y eut de nombreux termes pour désigner la progression du futur compagnon et du compagnon lui-même au sein de sa société. Ces mots ont varié selon les époques et les associations : attendant, sociétaire, jeune homme, aspirant, affilié, novice, postulant, initié, remerciant, maître remercié, etc. sans parler de leurs synonymes : lapin, renard, bouquin, loup, chien, singe, agrichon…
« L’ESPRIT – Comparaison »
Le compagnonnage n’est pas qu’une association de formation professionnelle, ni une société de secours mutuels, ni un syndicat. Il n’est ni une religion, ni une secte, ni une société secrète. Il présente des similitudes avec la Franc-maçonnerie mais également des différences importantes.
Le Compagnonnage se définit aussi par son contraire. Il ne peut pas se résumer à une association de formation professionnelle ni à une société de secours mutuels ou encore à un syndicat ouvrier, bien qu’il ait englobé autrefois ces trois fonctions. Ce n’est pas une religion, car ses membres ne vénèrent pas un dieu spécifique et ne pratiquent pas de culte, si ce n’est celui du travail bien fait et une morale de vie en société qui a pu, autrefois, être inspirée de la religion chrétienne. C’est encore moins une secte, car le but du Compagnonnage est d’insérer les jeunes dans leur métier et la société toute entière, sans détournements financiers ni gourous. Ce n’est pas non plus une société secrète, car les associations de compagnons ont toujours été connues de tous et sont aujourd’hui déclarées, voire reconnues d’utilité publique.
Le Compagnonnage n’est pas une société secrète, ses membres ne se cachent pas d’être compagnons mais n’affichent pas non plus leur qualité, surtout s’ils sont établis, afin de ne pas utiliser leur titre à des fins commerciales, sachant qu’en matière professionnelle la modestie doit rester de rigueur. On peut cependant qualifier le Compagnonnage de « société à secrets », puisqu’il en est ainsi de certains rites qui constituent la partie privée et vécue des compagnons.
Par leurs buts, leur forme, leurs symboles, les associations compagnonniques sont parfois confondues avec d’autres mouvements. En premier lieu, avec la franc-maçonnerie, en raison du symbole commun du compas et de l’équerre entrecroisés.
Mais au-delà de certains symboles et de références légendaires (à la construction du temple de Salomon, notamment) et du fait qu’il s’agit dans les deux cas d’associations de type initiatique, ces mouvements ont une origine géographique distinctes (l’Angleterre pour la Franc-maçonnerie, la France pour le Compagnonnage) et une histoire différente (la Franc-maçonnerie émerge au cours du XVIIe siècle alors que le Compagnonnage est attesté au XVe). Enfin, la principale différence repose sur l’exercice symbolique du métier de maçon dans la Franc-maçonnerie, alors que le Compagnonnage suppose la pratique effective d’un métier, qui n’est d’ailleurs pas que celui de maçon et de tailleur de pierre. Il y eut cependant au XIXe siècle d’assez nombreux emprunts par les compagnonnages de symboles et de rites maçonniques, sans pour autant que cela aboutisse à des liens entre les deux institutions, qui sont toujours restées indépendantes.
D’autres mouvements présentent des similitudes avec les compagnonnages. Les Bons Cousins charbonniers et les Bons Compagnons fendeurs, attestés dès le XVIIe siècle, étaient des sociétés initiatiques de forestiers, très proches de celles des compagnons. Elles évoluèrent au XVIIIe et XIXe siècle en acceptant des membres étrangers à leur métier, devinrent des groupements d’assistance fraternelle, connurent des dérivés maçonniques ou politiques (les Carbonari italiens et la Charbonnerie française) avant de s’éteindre dans les régions où elles étaient implantées (Bourgogne, Franche-Comté).
Il existe aussi des compagnonnages en pays germaniques et scandinaves, dans les métiers du bâtiment (charpentiers, couvreurs, menuisiers, tailleurs de pierre, maçons). Comme les compagnons français, ils voyagent et pratiquent une réception. Ils portent une canne torse et des cravates de couleur différente selon les sociétés (cravates noires, rouges, bleues) et certains sont sans cravate.
Des analogies marquées avec les compagnonnages ont été constatées au XIXe siècle dans diverses associations : celles des charpentiers Renards Joyeux, Libres et Indépendants, des sociétaires boulangers ou « rendurcis », des sociétaires faïenciers-potiers de Tours, des sociétaires de l’Union des Travailleurs du tour de France, etc. Ils partageaient les mêmes buts d’assistance mutuelle, de travail bien fait, certains rites et symboles et la pratique du tour de France. Ils rejetaient le titre de compagnon mais reprenaient bon nombre des usages des Devoirs.
Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, il apparaît que des compagnons et des francs-maçons avaient remarqué des similitudes dans la structure des deux associations. Sociétés initiatiques, les compagnonnages et les mouvements maçonniques pratiquent des cérémonies de réception, des moyens de reconnaissance (signes, attouchements, mots), des échanges de questions et de réponses pour s’identifier entre frères, « pays » ou « coteries ». Mais si la structure était analogue, le contenu était différent. Contrairement à une idée partagée aussi bien par les compagnons que par les francs-maçons d’aujourd’hui, le Compagnonnage n’est pas la forme primitive et opérative (de métier) de la Franc-maçonnerie. Celle-ci ne lui a rien emprunté pour se constituer puisque sa naissance se situe en Angleterre au milieu du XVIIe siècle et qu’elle ne s’établit en France que vers 1725.
En revanche, séduits par ce qui leur apparaissait comme un modèle, une société prestigieuse plus aboutie et plus riche de sens, les compagnons ont largement puisé dans la symbolique et les rites maçonniques pour réformer et étoffer les leurs dès la fin du XVIIIe siècle. A ce jour, la plus ancienne attestation d’un emprunt par le compagnonnage des tailleurs de pierre d’Avignon aux symboles maçonniques remonte à 1782. Mais c’est au cours du XIXe siècle que les compagnons ont multiplié ces emprunts, pour plusieurs raisons. La première a été la volonté de moderniser après la Révolution une institution jugée archaïque et incompréhensible à la jeunesse du « siècle du Progrès ».
La seconde vient de ce qu’au XIXe siècle, le Compagnonnage maintient en son sein des sédentaires, des patrons, dont certains s’affilient à des loges maçonniques, ce qui favorise les passages d’une société à une autre. La troisième raison est l’élévation du niveau d’instruction des compagnons : sachant de plus en plus lire et écrire, ils découvrent la multitude de rituels maçonniques et autres ouvrages imprimés, dont ils vont intégrer des éléments dans leurs propres rituels. Les plus connus sont la légende d’Hiram, l’étoile flamboyante, la lettre G, les trois points en triangle et divers symboles des hauts grades.
Associés ou substitués à des éléments traditionnels du Compagnonnage, ils ont été « compagnonnisés » comme une nouvelle forme de langage auprès des compagnons du XIXe siècle. Une partie de ces emprunts a été abandonnée au cours du XXe siècle.
En attendant, allez visiter la nouvelle et remarquable exposition temporaire « Partir est une fête : La conduite des compagnons » du 5 juin au 22 septembre 2024.
« Partir est une fête : La conduite des compagnons »
Quitter famille et amis pour poursuivre son chemin est une étape marquante dans la vie de nombreux compagnons, mêlant excitation et déchirement. Lorsqu’un compagnon du Tour de France quitte une ville pour en rejoindre une autre ou rentrer au pays, ses compagnons l’escortent jusqu’aux portes de la ville pour de dignes mais festifs adieux, une tradition appelée « la conduite ».
Cette cérémonie chantée et ritualisée transforme l’au revoir en un souvenir indélébile et célèbre le beau voyage à venir. Au XIXe siècle, cet « art de bien partir » a inspiré de nombreux écrits, chansons et images souvenirs, dont certaines font partie des plus beaux dessins de notre collection, restaurés en 2020.
Loin d’être oubliée, cette pratique est toujours vivante aujourd’hui. L’exposition « Partir est une fête » explore cette tradition à travers les âges.
450.fm reviendra tout spécialement pour ses lecteurs sur cette belle exposition temporaire.
Bien que le texte publié sur le site du Musée du Compagnonnage ne soit pas signé – du moins nous semble-t-il -, nous émettons l’idée qu’il pourrait être écrit par Laurent Bastard, figure notable dans l’étude du compagnonnage, ayant écrit plusieurs ouvrages et articles sur le sujet. En complément, nous constatons que l’antimaçonnisme acerbe d’une grande partie des compagnons et surtout de Jean Bernard, fondateur de l’Association ouvrière des compagnons du devoir et du tour de France (AOCDTF), en 1941 sous le régime collaborationniste de l’État français.
Ce jeudi 27 Juin 2024 à 19h30, les Entretiens d’Été du Collège Maçonnique vous offre un EXCEPTIONNEL webinaire !
Via Zoom, il est gratuit, facile à utiliser, et accessible à tous, permettant une participation large et sans barrières techniques. Profitez-en et rejoignez le Collège Maçonnique.
Alors, « Quelle modernité pour les vertus ? », thème général de ces Entretiens.
La notion de vertu pourrait sembler parfaitement désuète pour les “Modernes“ desquels la plupart de nos contemporains se réclament d’appartenir. Pour la “post-modernité“ dans laquelle nous entrons, il est difficile de prévoir si cette notion aura encore un sens et lequel ?
Et pourtant, la franc-maçonnerie dans la globalité de ses rites, prône les notions d’éthique et la pratique de la vertu. L’exhortation terminale des travaux de l’un de ses rituels s’énonce ainsi : « Allez porter au dehors les vertus dont vous avez promis de montrer l’exemple. »
Plus encore, la franc-maçonnerie met en exergue, aussi surprenant que cela puisse paraître, y compris aux maçons eux-mêmes, l’étude et la pratique des vertus cardinales, celles des philosophes grecs, et des vertus théologales, celles de l’héritage judéo-chrétien.
Mais la franc-maçonnerie préconise aussi la pratique de vertus plus contemporaines, se souvenant que le mot vertu vient du latin Vir, viri (l’Homme, au sens générique) et correspond à ce qui détermine la qualité des comportements humains, ce qui fait qu’un Homme est un Homme véritable. Il nous est donc apparu nécessaire de définir, au préalable, le cadre général de ces Entretiens « Des vertus antiques aux vertus modernes ».
Le conférencier
Bertrand Vergely, auteur de nombreux ouvrages, est philosophe, artisan philosophe selon sa propre définition. Il est en fait
ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud et Agrégé de philosophie.
Façade de l’Église Saint-Serge
Membre de l’Église orthodoxe, il enseigne à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge (ITO) à Paris, et également dans les classes préparatoires aux grandes Écoles, en khâgne classique. Il s’intéresse de manière privilégiée à la philosophie morale et à la théologie orthodoxe. Ses recherches couvrent de nombreux domaines : histoire de la philosophie, réflexions sur la mort, la souffrance et le mal, essais sur le bonheur et la foi.
Les modérateurs :
Sophie Mondoré Professeur de philosophie, membre de la Loge Nationale de recherche « Bathilde Vérité » de la Grande Loge Féminine de France et Jean Dumonteil, journaliste, auteur et membre de la loge de recherche de la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française, couramment dénommée L’Alliance.
Nous vous annonçons l’Entretien suivant. Le jeudi 4 juillet, à 19h30, Les Entretiens d’Été accueilleront le Professeur Israël Nisand, gynécologue obstétricien sur le thème « Reproduction Humaine : nouveaux défis. Choisir la Prudence ou le Progrès ? »
Les samedi 1er et dimanche 2 juin 2024, la Grande Loge Mixte Nationale, créée en 2010 et forte d’une centaine de loges s’est réunie en convent à Nîmes. A cette occasion, l’ensemble du Conseil fédéral a été reconduit dans ses fonctions sous la direction de son Sérénissime Grand Maître Jean-Marc MILAN.
Dans un climat détendu et un cadre fort agréable, l’obédience a pu faire adopter l’ensemble de ses projets et a reçu quitus pour l’ensemble de ses actions.
De Gauche à droite : Le Sérénissime Passé Grand Maitre Immédiat : Olivier CHEBROU de LESPINAS Le Président du Convent : Jean-Pierre MOREAU Le Sérénissime Grand Maître : Jean-Marc MILAN
Une dizaine d’obédiences amies ont répondu présentes et ont décoré l’orient. Ce convent a été également l’occasion de signer une convention administrative avec le Grand Orient Mixte de Méditerranée et de confirmer une convention avec la Grande Loge Traditionnelle Symbolique Opéra.
Le thème de ce convent était axé sur l’éthique en maçonnerie, l’engagement et le Serment rappelant ainsi ce qui forme l’ADN de l’obédience et qui en est la devise : «Unissons ce qui est épars ». Ces quelques mots posés sur nos bannières impliquent que notre engagement est totalement tourné vers tous nos Sœurs et Frères sans aucune autre considération que la Fraternité une et indivisible reconnaissant tout initié comme étant notre Frère ou notre Sœur tout simplement dans l’idée et la pratique d’une franc maçonnerie Universelle ; pour ainsi partir du multiple et revenir à l’unité, passer du désordre à l’ordre. Le Sérénissime Grand Maître a rappelé les valeurs qui sont les siennes celles du cœur, du partage et des actes.
Le Rendez-vous est pris pour l’an prochain 17 et 18 mai 2025 à Nîmes.
On parle depuis déjà longtemps des dérives, voir des dangers que peuvent représenter la vulgarisation des contenus maçonniques vers le monde profane. On en parle encore plus aujourd’hui, vu que les médias numériques se trouvent être sur le devant de la scène.
C’est oublier que de brillants ouvrages libre à l’achat en librairie, écrits par des Frères et Soeurs talentueux ont ouvert la voie à la découverte de la Maconnerie et participés ainsi au développement de sa vulgarisation. Le résultat reste cependant le même et le débat est ouvert…
« ma tablette est quand mÊme plus discrete que mes revues maçonniques ! »
Je ne veux pas me « défiler » en affirmant qu’en tant qu’amuseur, mon rôle n’est pas d’entrer dans une discussion de fond. Je tiens à rester dans cette fonction à laquelle je me suis attachée jusqu’à présent, avec mes connaissances, mon savoir-faire, beaucoup de travail, et peut-être un pourcentage infime de talent. Quant à mon égo, je l’ai laissé à la porte du temple, à disposition du monde profane, avec mes spectacles.
Aussi, dans cet article, et plus particulièrement dans la vidéo qui va suivre et toujours avec humour, sans rappeler une certaine époque, je me suis mis dans une situation burlesque voire absurde. Nous aurions à nous protéger et à réagir face aux risques et aux divulgations trop fortes qui nous attendent…
450fm a le plaisir d’offrir à ses lecteurs, tout au long de l’été, un moment de détente propre aux vacances maçonniques.
« La CPA maçonnique du dimanche… »
Chaque semaine, nous vous proposons un instant de récréation spécialement conçu pour nos frères et sœurs en maçonnerie.
Profitez de ces moments privilégiés pour vous ressourcer, réfléchir et partager des instants de convivialité autour de thèmes maçonniques variés. Que ce soit par des histoires, des anecdotes, des réflexions philosophiques ou des jeux intellectuels, chaque CPA, même antimaçonnique, en la resituant dans son contexte – à l’heure où la bête immonde… – vous permettra de vivre des vacances enrichissantes et pleines de sens.
Ne manquez pas ce rendez-vous hebdomadaire unique, et rejoignez-nous chaque dimanche pour célébrer ensemble l’esprit maçonnique dans toute sa splendeur. Bonnes vacances maçonniques à toutes et à tous avec 450.fm !
Retour sur une histoire riche et fascinante, marquée par des évolutions technologiques et culturelles : celle des cartes postales.
Origines et début de la carte postale
Avant l’invention des cartes postales, les lettres et les cartes de visite étaient couramment utilisées pour la communication. Cependant, elles étaient souvent coûteuses et encombrantes. L’idée d’une carte de correspondance remonte à la fin du XVIIIe siècle, mais ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que les cartes postales ont commencé à prendre forme. La première carte de ce type a été introduite en 1840 par Sir Rowland Hill, en Angleterre, sous la forme de la « Penny Black » – un timbre postal prépayé.
L’introduction des cartes postales
La première carte postale officielle a été émise en Autriche en 1869. Ces cartes étaient des cartes de correspondance avec un espace pour le message et un autre pour l’adresse. Elles ne comportaient pas encore d’images.
En France, les premières cartes postales ont été émises en 1870, durant la guerre franco-prussienne. Elles étaient utilisées pour envoyer des nouvelles des champs de bataille.
Évolution et popularité : les cartes postales illustrées
Dans les années 1880, les cartes postales illustrées ont commencé à apparaître. Elles présentaient des illustrations ou des photographies d’endroits célèbres, de monuments et de paysages. La photographie devenait plus accessible et les techniques d’impression s’amélioraient.
Les cartes postales sont rapidement devenues des objets de collection et des souvenirs de voyages. Les voyageurs achetaient des cartes postales pour les envoyer à leurs proches ou pour les garder en souvenir de leurs voyages.
L’âge d’or de la carte postale
La période entre 1900 et 1914 est souvent appelée l’« âge d’or de la carte postale ». Pendant cette période, l’utilisation des cartes postales a explosé. Elles étaient bon marché, facilement disponibles et populaires dans le monde entier. Des cartes postales thématiques sont apparues, couvrant une variété de sujets tels que les événements historiques, les fêtes, les célébrités, et même les faits divers.
Impact des guerres mondiales
Pendant la Première Guerre mondiale, les cartes postales ont joué un rôle important dans la communication entre les soldats et leurs familles. Elles étaient également utilisées à des fins de propagande.
La Seconde Guerre mondiale a vu une utilisation similaire des cartes postales, mais les ressources limitées et les contraintes de guerre ont réduit leur production.
L’ère moderne
Après la Seconde Guerre mondiale, l’usage des cartes postales a commencé à décliner avec l’essor du téléphone et, plus tard, de l’Internet et des e-mails. Cependant, les cartes postales n’ont jamais totalement disparu. Elles ont connu un renouveau grâce à la nostalgie et l’intérêt pour le vintage. Les cartes postales modernes incluent souvent des éléments artistiques et sont utilisées pour des correspondances spéciales et des souvenirs.
Les innovations récentes
Avec l’avènement de l’ère numérique, les cartes postales électroniques ou « e-cards » sont devenues populaires. Elles permettent d’envoyer des messages instantanés avec des images et des animations.
Les services en ligne permettent maintenant de créer des cartes postales personnalisées avec des photos personnelles, rendant l’expérience encore plus unique.
La carte postale ancienne (CPA) ; késako ?
Les CPA couvrent généralement la période de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1930-1940. Les cartes postales du début du XXe siècle (1900-1920) sont particulièrement prisées par les collectionneurs.
Les CPA étaient souvent plus petites que les cartes postales modernes, avec des dimensions standards de 9 x 14 cm. Le recto de la carte présentait une illustration ou une photographie, tandis que le verso était divisé en deux sections après 1904 : une pour l’adresse du destinataire et l’autre pour le message de l’expéditeur. Avant 1904, le verso des cartes était entièrement dédié à l’adresse, et le message devait être écrit sur le côté illustré.
Les sujets et les thèmes
Les CPA couvraient une grande variété de sujets : paysages, monuments, scènes de la vie quotidienne, événements historiques, personnages célèbres, publicités, et parfois des thèmes politiques ou satiriques et même les cartes antimaçonniques. Les thèmes patriotique et religieux étaient également courants, reflétant les sentiments et les préoccupations de l’époque.
Les CPA sont des témoins précieux de l’histoire et de la culture des époques qu’elles représentent. Elles offrent un aperçu visuel des modes de vie, des événements, des architectures, et des paysages d’autrefois. Pour les historiens et les collectionneurs, elles constituent une source riche d’informations et de plaisir esthétique.
Notre interprétation de lettre carte postale antimaçonnique
La description de la carte, avec pour titre « Essayons de la persuasion ! » par A. Lemot.
L’illustration principale représente une femme portant une couronne avec une croix chrétienne, vêtue de manière simple, s’appuyant sur une croix. Elle tient un bouclier marqué « France Chrétienne » avec des symboles religieux : une croix, une ancre, et un cœur (symboles de foi, d’espérance et de charité).
En arrière-plan, une grande église ou basilique, probablement une représentation de Saint-Pierre de Rome, illuminée par des rayons de lumière, symbolisant la religion chrétienne.
En bas à droite, deux personnages masculins. En vérité, deux hommes en costume, dont l’un porte un tablier maçonnique, symbolisant les francs-maçons. Ils semblent essayer de convaincre la femme de se détourner de la croix chrétienne vers une maisonnette, symbolisant une loge maçonnique.
Analysons les éléments décrits ci-dessus
Le symbole de la femme représente la France chrétienne. Elle incarne les valeurs et la foi chrétienne que l’illustrateur veut défendre contre l’influence maçonnique.
La croix et l’église. Ces éléments renforcent le message de la foi chrétienne, montrant qu’elle est solide et bien établie, avec la croix en premier plan et l’église majestueuse en arrière-plan.
Les francs-maçons. Les deux hommes, l’un portant un tablier maçonnique, symbolisent la franc-maçonnerie. Ils tentent de convaincre la femme (France chrétienne) de changer ses croyances et de se tourner vers la franc-maçonnerie.
Et le dialogue ? Le texte en bas : « Voyons, chère madame, voilà quatorze siècles que vous vous acharnez à être chrétienne; … changes un peu ! Voyez le gentil petit temple moderne style que nous vous avons construit; … ça ne vous dit rien ? », montre les maçons essayant de persuader la France chrétienne de se détourner de ses croyances traditionnelles.
Une tentative d’interprétation
La carte postale dépeint la franc-maçonnerie comme une force cherchant à détourner la France de ses racines chrétiennes. Elle utilise des images et un dialogue pour montrer la résistance de la France chrétienne face aux tentatives de persuasion maçonniques.
Le contexte historique
Cette carte reflète les tensions entre les organisations religieuses et la franc-maçonnerie, particulièrement marquées en France à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. À cette époque, la franc-maçonnerie était souvent perçue comme anti-cléricale et opposée aux valeurs traditionnelles de la société chrétienne.
La propagande
L’illustration vise à renforcer les préjugés antimaçonniques en montrant les maçons comme des manipulateurs essayant de détourner la foi et les traditions chrétiennes profondément ancrées en France.
Cette carte postale est un exemple clair de la propagande utilisée pour galvaniser l’opinion publique contre la franc-maçonnerie, en mettant en avant la menace perçue contre la foi et les valeurs chrétiennes.
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