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La mesure de la Spiritualité

La Spiritualité est une activité mentale comme le sport est une activité physique. Il y a plusieurs types de spiritualités comme il y a plusieurs sports mobilisant l’énergie du corps dans leur pratique. Il faut sortir l’être spirituel de la dimension abstraite et passive où le cantonnent les grandes religions occidentales, et lui reconnaître une dimension concrète et active, où l’esprit et l’énergie du corps se dynamisent mutuellement et concourent au développement du fruit de leur union.

En orient c’est une évidence où les hindouistes conjuguent leur adhésion aux principes et aux déités hindoues avec la pratique de yogas mobilisant à la fois l’esprit et le corps.

Il y a ainsi en orient autant de spiritualités actives qu’il y a de praticiens, les hommes et les femmes développant leur propre dimension spirituelle tout en évoluant ensemble dans une même matrice globale sans fondateur ni dogme, ni institution cléricale imposés. En occident c’est tout l’inverse, le corps étant subordonné à un esprit dictant ses dogmes à la terre entière « sans prendre de gants ». Les Maçonnes et Maçons, esprits insubordonnés de cette pensée occidentale, « mettent des gants » au contraire pour appréhender, saisir, et comprendre le monde dans lequel ils évoluent. Ces gants qui recouvrent leurs mains leur permettent de garder une certaine distance avec tout ce qu’ils saisissent physiquement et intellectuellement, et de développer individuellement et collectivement leur connaissance du monde et d’eux-mêmes.

Cette connaissance peut s’exercer dans tous les domaines de la philosophie, des sciences et des arts, au fondement des trois piliers Sagesse, Force, et Beauté d’une Loge au travail, et renforcer le pied des colonnes qui les symbolisent, mais sans pour autant déclencher l’élévation spirituelle des Maçonnes et Maçons dans leurs propres colonnes. Car ce processus d’élévation dépend de leur désir et de leur volonté de s’élever spirituellement.

Ils doivent croire à la devise de la Dame à la Licorne « À MON SEUL DÉSIR », inscrite sur une tapisserie du XVè siècle du musée de Cluny à Paris, et il leur faut intérioriser l’existence symbolique de ces colonnes en eux-mêmes pour déclencher leur développement. Pour y parvenir, deux voies s’offrent à eux : la voie longue est celle de l’assiduité aux tenues et de la contemplation des colonnes qui s’ancrent peu à peu dans leur imaginaire, y prennent racine et s’y développent ; la voie courte accélère cette intériorisation par des visualisations et l’intégration en soi-même de constructions géométriques.

Le grand Initié Henri Vincenot raconte cette aventure spirituelle intérieure dans son livre Les Étoiles de Compostelle, en commençant par le tracé du pentagramme dans lequel s’inscrit l’Étoile flamboyante des Compagnons et son Nombre d’Or. Un maître du Trait, maître Gallo, dit ainsi à son apprenti Jehan :  » C’est la divine proportion qui commande toute la construction de nos édifices. Souviens-toi bien de cela, lapin ! Voilà pourquoi je t’ai chanté l’autre jour : Cinq engendre le Nombre d’Or, il ouvre la Divine Proportion. Et bien mieux : si le pentagramme équilatère contient le Nombre d’Or, réciproquement il est aussi engendré par lui …

Et il reconstruisit un triangle d’or AOC, traça en pointillé la médiane de l’angle O, construisit sa perpendiculaire EF, plaça la pointe de son compas en E et traça l’arc FG. Piquant ensuite la pointe de son compas en F, il traça l’arc EH et s’écria comme s’il avait vaincu Lucifer en personne : Et je dis que GEFH donne les trois côtés du pentagramme ! Et c’est un jeu de construire ensuite le point I, un lapin de dix-huit ans doit comprendre cela.

« Jéhan béait d’étonnement devant l’aisance de la démonstration. Il eût voulu qu’il continuât indéfiniment, car cela lui donnait un vertige. Le grand Gallo s’élevait, comme d’un coup d’aile, et baignant dans une sorte d’aura, d’une voix que Jehan ne lui avait jamais entendue, disait : Notre Nombre d’Or est privilégié et prééminent autant que dire se peut, en raison de son pouvoir infini. De même que la sublime proportion qu’il te faut bien caser dans le bon coin de ta cervelle. Parce qu’en vérité un très grand nombre de choses dignes d’admiration au plus haut point, tant en philosophie qu’en toute autre science, ne pourra jamais sans eux parvenir à la lumière. Ce don leur est certainement concédé par la nature immuable des principes supérieurs, parce qu’elle les accorde entre eux en une irrationnelle symphonie. »

Ces Architectes et ces Compagnons pratiquaient ainsi l’Art du Trait, à la fois pour figurer l’action des forces dans la nature et se préparer à intégrer en eux-mêmes l’action de ces forces et canaliser leur énergie. Ils pouvaient même pré-figurer leurs propres transformations spirituelles intérieures en visualisant les structures géométriques qui les symbolisent, en particulier le passage du cercle en 2D à la sphère en 3D,

et les tracés dans la sphère des cinq solides de Platon. C’est en marchant, notamment en effectuant leur Tour de France, qu’ils visualisaient mentalement ces tracés et en intégraient les vertus, car un tracé à la règle et au compas est un sillon canalisant les pensées et les énergies qui le parcourent et cristallisant leurs vertus. Leurs tracés parsemaient ainsi leur mémoire des principes actifs de ces cristaux pleins de vertus intellectuelles et morales, et les transformaient en êtres responsables se dotant par soi-même d’une vie spirituelle autonome.

Le tracé du Nombre d’Or à partir d’un carré, symbole d’une assise matérielle équilibrée, est l’illustration de cette activité intérieure procédant par étapes pour passer de la perception rationnelle du monde dans son épaisseur à l’aperception irrationnelle de sa transparence. Le Compagnon commence par transformer son imaginaire en planche à tracer. Puis il trace un carré, et s’attache au côté inférieur et aux deux points qui le délimitent, symbole de l’unité de la connaissance horizontale. Alors, il fixe de son regard l’un de ces points et prend du recul jusqu’à la moitié du trait, comme en ajustant la vision d’un télescope. Puis son regard s’élève en ligne droite verticalement et se projette jusqu’au point supérieur du côté vertical du carré, symbole de la conscience en élévation. Alors, il trace un arc de cercle de ce point supérieur à la droite prolongeant le premier côté du carré, symbole du désir concret d’élargir le cercle de ses connaissances. Le point d’intersection de l’arc de cercle et de cette droite crée un deuxième segment de droite, qui, mis en rapport avec le premier, donne le Nombre d’Or.

Ce tracé effectué mentalement conjugue ainsi la ligne droite et l’arc de cercle, la règle et le compas, l’assise horizontale de la connaissance matérielle et la projection verticale dans la conscience spirituelle, le recul et la projection du regard. Il permet surtout de conjuguer dans une même opération des fonctions mentales qui relèvent des cerveaux gauche et droit. L’irrationnelle symphonie contée par Henri Vincenot est écrite en eux-mêmes par les hommes et les femmes devenus responsables de leur existence à force d’activer et croiser les pensées de leurs deux cerveaux et leurs fonctions spécifiques. Le cerveau gauche est dévolu à la logique, au calcul, au langage, à l’écriture, à la rationalité et au système binaire, et le cerveau droit à l’intuition, à la créativité et à l’imagination.

C’est ainsi que les Maçonnes et Maçons peuvent devenir des agitateurs en puissance qui génèrent non seulement des bouillonnements d’idées mais déclenchent aussi en eux-mêmes des réactions physico-chimiques en chaînes qui démultiplient leur énergie. Connaître c’est renaître en agitateur et en régulateur, en passeur et en gardien de toute connaissance, qu’elle soit traditionnelle, phiosophique, scientifique, ou artistique.

C’est surtout désirer connaître, pour que le souffle du désir transforme l’arc de cercle de cette construction du Nombre d’Or en spinnaker de voilier en mouvement, porté par une irrésistible soif de connaître le monde et de se connaître soi-même, et de mettre ainsi « en regard » le monde fini déterminé et l’univers infini indéterminé, le connu et l’inconnu.

Il faut du courage pour affronter cet univers inconnu vers lequel le désir d’être soi-même propulse irrésistiblement, pour larguer des amarres bien ancrées dans un monde connu et confortable physiquement et intellectuellement. Pourquoi toujours et encore aspirer à cet inconnu, au-delà du bien-être présent dans la matérialité ? Parce que le bien-être spirituel a vocation à compléter harmonieusement et couronner l’existence dans sa globalité. Et surtout l’élévation spirituelle établit une relation active entre soi-même ici-bas et une dimension incommensurable à la fois en soi et au-delà de soi, favorisant et « autorisant ou non » cette élévation symbolisée par les degrés atteints par les Maçonnes et Maçons. Autrement dit, plus on s’élève spirituellement, moins on est seul(e).

Cet au-delà lumineux est symbolisé au deuxième degré par une étoile à cinq branches dont les pointes sont reliées entre elles et s’inscrivent dans un pentagramme et dans un cercle. Du centre de l’étoile est appelée à transparaître, dans un temps indéterminé,

cette dimension divine de l’être spirituel symbolisée par un G signifiant God, Dieu, mais aussi Géométrie, l’un et l’autre signifiant à la fois le moyen et la fin d’un même cheminement spirituel d’élévation dans la dimension divine de l’existence.

7/08/25 à 19h30 Les Entretiens d’Été 2025 : « Migrations…. Odyssées du vivant »

Il peut sembler naturel à chacun d’entre nous de considérer qu’après une phase
plus ou moins longue d’apprentissage il ne reste plus qu’à mettre en pratique ce
qui a été appris. Et s’il n’en était rien ? Si, au contraire, la formation de base n’était que le point de départ vers autre chose ? C’est ce que chantait déjà le poète : “Au fond de l’inconnu, pour trouver du nouveau“.

Dans cette perspective le parcours professionnel peut devenir parfaitement
novateur et se révéler un voyage vers de nouvelles expériences et, à terme,
transformer les professionnels eux-mêmes et le milieu au sein duquel ils exercent.
Le domaine de la santé et ses innovations concrètes, dans le champ des relations
entre soignants et patients en particulier, est probablement l’un des plus mal
connus. C’est ce que nous vous proposons d’explorer

Réservation obligatoire

https://us06web.zoom.us/webinar/register/WN_VVSVEmjERd-YrFf8QdKxyQ

Pourquoi etre initié Franc-maçon en 2025 ?

Faire le choix d’être initié en Franc-Maçonnerie en 2025, c’est choisir, en pleine liberté de conscience, en pleine responsabilité, de travailler sur soi-même, à son propre perfectionnement, et en même temps et par là-même contribuer au perfectionnement de l’humanité.

En effet, en même temps que l’initié, étape après étape, degré après degré, va se construire et bâtir son temple intérieur, il va contribuer avec d’autres à construire le monde autour de lui. Nous disons qu’il va concourir à l’édification du temple de l’humanité. C’est ainsi qu’il va participer à l’amélioration de la société en s’engageant à titre individuel, en faisant preuve d’exemplarité et en pratiquant de son mieux dans sa vie quotidienne, professionnelle, familiale, civique, sociale, bref en pratiquant hors du Temple les valeurs et les vertus qu’il cultive et travaille à l’intérieur.

Rituel d’initiation d’un candidat

C’est ainsi que le Maçon agira, inlassablement, sans avoir besoin de bannière ni de mot d’ordre, sans espérer de récompense ni dans le présent ni dans une hypothétique vie future. Il travaillera à créer davantage de justice et d’équité, davantage de vérité, davantage de respect de l’autre, de tolérance et d’Amour. Il fera vivre ces valeurs qui ne sont hélas pour beaucoup que des paroles vides de sens gravées au fronton de nos édifices publics et auxquelles nous nous vouons solennellement dans nos Loges : Liberté – Egalité – Fraternité. 

Oui il faut le dire et le faire savoir : alors même qu’elle est sans contrepartie matérielle attractive dans la vie, la méthode initiatique attire toujours, et de plus en plus.

On peut s’interroger sur les raisons de cette permanence, sur les motivations qui sous-tendent cet engouement. Il faut y voir une raison essentielle : nous pouvons faire assurément le constat que le monde contemporain est en quête de valeurs, en quête de repères, en quête de sens. Il est aussi, ce qui n’est peut-être qu’une manière de dire la même chose, en quête de spiritualité. Mais il est aussi en quête de liberté, prônant l’épanouissement des potentialités individuelles, l’abolition des carcans idéologiques, la responsabilité au travers du libre-arbitre.

Les diverses religions, prises dans leurs particularismes et non pas dans ce que leur message peut avoir d’universel, et sans même parler des dérives sectaires ou fondamentalistes, sont des philosophies de la réponse. Il en est de même des  idéologies politiques, souvent contraintes par démagogie d’osciller ou de choisir entre radicalisation et compromis, pour ne pas dire compromission,

Religions et idéologies se nourrissent de dogmes, de certitudes, de visions préétablies et de vérités descendantes. A l’inverse, la Franc-maçonnerie et sa démarche initiatique constitue une philosophie de la question. Elle ne procède que d’elle-même, réfute les affirmations dogmatiques, invite chacun de ses membres à faire preuve d’une absolue liberté de conscience.

Les laissant libres de leur foi et de leur pratique religieuse, elle n’impose rien et n’exclut personne du fait de ses croyances ou convictions métaphysiques.

Concrètement, les obédiences maçonniques traditionnelles  ne requiert de leurs membres qu’une seule croyance : celle dans la conception selon laquelle l’Univers procède d’un Principe Créateur ordonnateur du chaos primordial.

Libre à chacun de rapprocher ou non cette vision de la foi en un Dieu, révélé ou non. Libre à chacun de pratiquer ou de ne pas pratiquer la religion de son choix.

Tel est le sens, respectueux de la liberté de chacun, qu’il faut donner au mot « laïcité ».

La croyance des Francs-maçons et des Francs-maçonnes en ce principe qu’ils nomment Grand Architecte de l’Univers leur offre le champ infini d’une spiritualité ouverte, qui ne leur interdit ni ne leur impose aucune appartenance, aucune croyance ou aucune pratique.

Pour parvenir à l’objectif de construction individuelle que s’assignent Maçonnes et Maçons, il leur faut conquérir leur liberté, c’est-à-dire s’affranchir des conditionnements antérieurs. C’est bien sûr la condition requise à tout mouvement, à toute progression véritable. 

C’est dans ce cadre ouvert, non dogmatique, sans donner prise par conséquent aux conflits qu’engendrent immanquablement les débats politico-religieux, que s’épanouissent librement la conscience et la spiritualité des Francs-maçons.

Livre tenu dans des mains
livre, lumiere, symbole,

Personne ne juge personne. Personne ne censure personne. Chacun cherche la vérité, sa vérité. Chacun chemine en lui-même, pour lui-même, en présence et avec l’aide des autres Frères de la Loge. Grâce à eux, qu’il fait également progresser en sollicitant leur écoute et en les écoutant à son tour, il est l’esprit et le cœur ouverts.

Ici réside la véritable fraternité, qui est un corollaire, une composante intrinsèque de la démarche initiatique.

Initié, chacun est admis parmi ses Frères qui disposent des mêmes références, des mêmes outils symboliques que lui. IL peux donc partager, échanger avec eux ses convictions, ses doutes, ses certitudes, sans craindre l’incompréhension.

Chacun s’exprime librement à son tour, autant qu’il a envie ou besoin. Chacun ajoute sa pierre à l’édifice avant que la réflexion se poursuive en lui-même, nourrie de ces échanges qui sont autant d’enrichissements potentiels.

Il ne s’agit pas d’arriver à un consensus, plus ou moins sincèrement partagé. Il ne s’agit pas davantage de recevoir une vérité qui aurait été conçue par quelque puissance supérieure. Au contraire, il s’agit, en faisant usage d’une méthode partagée, de donner à chacun l’occasion de progresser vers sa vérité, dans ce qu’elle a d’intime, comme dans sa vision de la vérité universelle.

On voit donc que l’initiation maçonnique n’est pas la transmission d’un savoir secret, de fragments d’une vérité révélée qui se reconstituerait à la manière d’un puzzle, degré après degré. Elle est encore moins la clé d’un quelconque pouvoir, si ce n’est, bien sûr, une meilleure emprise sur soi-même, fruit du travail sur soi, en précisant s’il en était besoin que la démarche maçonnique n’est pas une psychanalyse, tant s’en faut !

Revenons un instant sur la notion de secret. Le secret des rituels n’existe plus depuis bien longtemps. Tout ce qu’ils renferment se trouve dans des ouvrages en vente libre dans n’importe quelle librairie ou même accessible gratuitement sur Internet.

S’il persiste un secret, s’il demeure une part d’incommunicable, c’est bien le vécu de l’Initié. Ne parlons pas  ici du récit de l’initiation, que l’on peut trouver partout et qui, en tant que tel, n’a guère d’intérêt que du point de vue de l’ethno-sociologue. il s’agit plutôt ; en évoquant le secret du vécu de l’Initié, de faire référence aux sensations qu’il a éprouvées, à l’écho que cette expérience a trouvé en lui, à la résonance que l’initiation a entraîné sur sa conscience, ses pensées. Rien n’est plus intime et personnel qu’un vécu de cette sorte. Et rien, par nature, n’est aussi peu communicable, partageable.

Le Franc-Maçon va donc échanger et partager, dans sa Loge comme au dehors, à partir d’expériences non échangeables et non partageables. Pourtant, il va s’échanger et partager le fruit de son travail, de sa réflexion, de son niveau de compréhension; échanger et partager la Connaissance telle qu’il appréhende peu à peu.

Il va offrir, par l’exemplarité de ses actes, la part de sagesse qu’il aura acquise, et qu’il ne saurait garder pour lui seul. Ainsi, on comprend que la méthode initiatique pratiquée en Franc-maçonnerie n’est d’aucun lieu, ni d’aucun temps.

Elle emprunte naturellement le référentiel dont elle a besoin aux grands récits mythiques de l’humanité – et notamment aux récits bibliques. D’autres emprunts évoquent des faits saillants de l’histoire. Mais au-delà de ces supports, elle est fondamentalement universelle en même temps qu’elle est intemporelle.

Prenons un exemple simple : de nombreux degrés du Rite écossais Ancien et Accepté s’appuient sur différents épisodes de la construction du Temple de Jérusalem à l’initiative du Roi Salomon.

Le Temple est pris ici en tant qu’archétype d’une construction sacrée, et Salomon comme celui d’un souverain inspiré, déterminé et clairvoyant. Il ne s’agit là que d’un référentiel communément admis, de figurations parlantes qui n’ont guère besoin d’être actualisées.

L’initiation fait partie intégrante d’une méthode de transmission non pas tant de la Connaissance elle-même que d’un moyen de s’en approcher graduellement. Le chemin est ardu. Il requiert détermination et persévérance. Mais l’effort est amplement gratifiant.

En tant que méthode, l’initiation fait indiscutablement preuve d’une permanence qui lui a permis, lui permet et lui permettra de traverser le temps et l’espace.

Certes, le concept même d’initiation s’inscrit dans la tradition, remontant aux civilisations les plus anciennes. Mais on comprend bien qu’un tel projet, qu’un tel engagement, dont l’objet est le véritable humanisme compris comme une spiritualité universelle, n’a rien de contingent.

C’est là que réside la vocation universaliste à laquelle se voue l’initié.

Dans l’application qu’en fait la Franc-maçonnerie, loin d’établir des divisions entre les hommes, la voie initiatique s’attache à les rassembler. L’engagement maçonnique  diffère fondamentalement de la plupart des idéologies profanes en ce qu’il n’est ni d’une époque, d’une culture ni d’une contrée, pas plus que d’une croyance ou d’un système de gouvernement.

Surtout, la progression initiatique du Franc-maçon ne restreint nullement sa liberté.

Au contraire, et à l’inverse de ce qui caractérise les démarches sectaires, l’initiation maçonnique est émancipation, conquête progressive de la liberté intérieure. Le Franc-maçon n’est pas asservi à une idéologie mais fondamentalement libre, pour créer davantage de liberté donc de responsabilité.

Au terme de ce propos, retenons que la voie initiatique est un mode de progression et de transmission inscrit dans la tradition de nombreuses sociétés humaines. Pour nous qui sommes imprégnés de culture méditerranéenne et judéo-chrétienne, cette voie est présente dans notre société depuis les mystères d’Isis puis ceux de Déméter jusqu’à nos jours. La Franc-maçonnerie en est sans conteste la manifestation la plus importante aujourd’hui, dans le monde occidental au sens large.

Dans un monde en quête de sens et de valeurs morales autour desquelles construire un vivre-ensemble harmonieux , elle met en œuvre cette phrase de Platon voici 24 siècles, et qui est d’une absolue modernité : « Le désir nait du manque et permet de se mettre en chemin vers la connaissance ».

Loin d’être une démarche passéiste ou nostalgique, la voie maçonnique fait preuve de sa permanence  par un dynamisme notable.

Le parcours initiatique, s’appuyant de la Tradition pour en tirer les enseignements, s’offre comme une voie de progression pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui, désireux d’exercer et de développer leur liberté de conscience religieuse et citoyenne tout en respectant celle des autres, Il s’agit de travailler à des valeurs éthiques autour desquelles peuvent se rassembler des hommes de toutes origines et de toutes conditions, travaillant ensemble dans l’estime, le respect et la tolérance mutuels, et finalement désireux de se construire eux-mêmes pour construire le sens de leur vie.

La quadrature du cercle

Passer de l’équerre au compas revient à dire qu’il faudrait savoir passer du carré au cercle, c’est-à-dire réaliser ce que l’on appelle la quadrature du cercle.

Selon l’article Un premier scandale en géométrie ? de Bernard Vitrac : « La question, dit-on, mobilisait les philosophes de l’Antiquité grecque.
Plutarque affirme qu’Anaxagore de Clazomènes – le maître de Périclès – écrivit quelque chose sur la question lorsqu’il fut jeté en prison (vers 433 avant notre ère). Aristote mentionne aussi les tentatives – selon lui irrespectueuses des principes mêmes de la géométrie – d’Antiphon, puis du sophiste Bryson.

Aristote

De quoi s’agissait-il ? De déterminer l’existence d’un carré ayant la même aire qu’un cercle ? Puisqu’il existe des carrés d’aire plus petite et d’autres d’aire plus grande que celle d’un cercle donné, pourquoi n’y aurait-il pas, en quelque sorte par continuité, un carré de même aire que le cercle ? La question paraît naïve, mais si on raisonne en termes philosophiques, « carré » et « cercle » appartiennent à des genres différents et rien ne garantit que la surface puisse prendre n’importe quelle valeur, indépendamment de la forme qui la reçoit. Dans un registre comparable, au ive siècle avant notre ère, Aristote, dans sa Physique, affirme que la circonférence du cercle et la droite (c’est-à-dire le segment de droite) n’ont pas des longueurs comparables ! »

« La manière dont les géomètres posent le problème est plus limitée : un cercle étant donné, il s’agit de fournir une procédure pour déterminer explicitement (construire) le carré – ou son côté – équivalent en aire au cercle. Bien entendu, il faut savoir quelles données relatives au cercle nous devons posséder pour déterminer ce carré équivalent. Si le diamètre et la circonférence sont donnés, la question est simple, mais si le diamètre (ou le rayon) seul est connu, elle l’est beaucoup moins. Ainsi le cercle, figure simple quant à sa forme et à son tracé, soulève un problème d’une difficulté qui deviendra proverbiale : l’impossibilité de la quadrature du cercle à la règle et au compas ne sera démontrée qu’au xixe siècle. »

Le cercle contient le carré : il est transcendance. Le carré (comme toute figure inscrite) en tournant, se fait cercle, ce qui veut dire qu’il contient dans son essence la possibilité de sublimer sa propre nature. Il est immanence.

La quadrature du cercle est, aussi, un symbole de l’œuvre alchimique, en ce sens qu’elle décompose l’unité originelle pour la réduire aux quatre éléments, qu’elle recombine ensuite en une unité supérieure. L’unité est représentée par un cercle et les quatre éléments par un carré.

En fait, la quadrature du cercle est la recherche d’une équivalence de surface ou de périmètre entre le cercle et d’autres formes géométriques.

Si vous êtes intéressés par les démonstrations géométriques que je vous épargne ici, consultez mon ouvrage Tracés géométriques, L’esprit de la géométrie (aux éditions Numérilivre)

La quadrature du périmètre du cercle avec un quadrilatère

Le périmètre du cercle O est égal au périmètre du rectangle ASFG
Le pyramidion rouge, qui serait celui de la pyramide de Kéops, mesure 1,57m de côté avec une hauteur de 1 mètre. Proportionnel à la pyramide on peut voir que son demi-périmètre divisé par la hauteur donne le nombre Pi
La hauteur de la pyramide de Gizeh est donc égale au rayon du cercle réalisant la quadrature d’un cercle de même circonférence que le périmètre de la pyramide.

La quadrature de la surface du cercle à partir du carré

Dürer a mis en évidence qu’une bonne approximation de la quadrature de la surface du cercle qui consiste à tracer un cercle dont le rayon est le 4/5e de la demie-diagonale du carré.

Dans la construction médiévale, le passage du double carré au carré puis du carré au cercle (de même surface que le carré) correspondait à une purification puis une sacralisation de la Terre.

L’approche de l’égalité des surfaces du narthex, de la nef et du chœur, donc de la quadrature du cercle, est donnée par un tracé, imbriquant les 3 espaces (double carré, carré et cercle). Ce tracé peut se faire également avec la corde à nœuds.

La Sanctification du tracé

Le Poteau

Le premier de ces Nombres, P, détermine une grandeur verticale, valant P fois le module de fondation. C’est la hauteur d’un Poteau, ou d’une colonne, érigé au point que nous appellerons D, Point Sacré, correspondant à la position ultérieure de l’autel matutinal au centre de l’abside ou près du mur du chevet. Ce Poteau matérialise la liaison Terre-Ciel ou Matérialité-Spiritualité, cause première de l’existence même d’un sanctuaire religieux.

Pourquoi midi ? Pour comprendre, il convient de revenir aux dires des Pères de l’Église et plus particulièrement à ceux d’Origène (IIIe siècle). Celui-ci a magnifiquement exposé que voir Dieu en face, c’est le voir dans la lumière de midi…

Le Double carré

Le deuxième nombre, 2a, issu de la décomposition du Nombre de Fondation, définit la longueur du grand côté d’un Double Carré qui est tracé sur le sol.
Ses côtés sont strictement dirigés suivant les directions cardinales. Son côté oriental est confondu avec DT et son angle Nord-Est est placé en T, point précédemment obtenu, extrémité de l’ombre du Poteau.

Ce Double Carré est la traduction symbolique de la Création terrestre. Il se réfère au Carré, nombre 4, symbolisant dans toutes les cultures méditerranéennes la Terre et la Création parfaite, mais il est doublé pour traduire l’imperfection (Bien-Mal) régnant sur notre Terre. Représentant notre Terre, il se doit, comme elle, d’être orienté suivant les directions cardinales.
On retrouve dans ces deux figures, Double Carré et Carré, les éléments architecturaux constitutifs du temple de Jérusalem décrit dans la Bible : le Saint et le Saint des saints.


La quadrature du périmètre du cercle et l’équerre égyptienne du vénérable

Source De la véritable Équerre du Vénérable Maître

Petit cercle et petit carré représentent le microcosme (en pointillé). Grand cercle et grand carré représentent le macrocosme.
L’équerre du Vénérable s’inscrit comme joignant le microcosme au macrocosme (et inversement) avec l’équerre extérieure s’appuyant sur 3 points du cercle céleste qui représente, en particulier, l’Esprit et l’équerre intérieure s’appuyant sur 3 points du carré terrestre qui représente, en particulier, la Matière..

La quadrature de la surface du carré à partir du cercle et du pentagone

Équivalence retenue par les bâtisseurs : 6/5F2 = p

La quadrature de la surface du carré à partir du cercle et de l’étoile hexagonale

Il existe une autre solution pour le tracé de la quadrature du cercle : en se contentant, pour le nombre p de la valeur approchée de 3,14, qui correspond au mot hébreu shaddaï (shin, 300, daleth, 4, yod, 10), nom sous lequel Dieu était connu d’Abraham, Isaac, et Jacob. Elle est fondée sur le sceau de Salomon, appelé aussi la moguem David (l’étoile de David), la double étoile hexagonale.
Quand Shaddaï géométrise, la surface du carré est égale à la surface du cercle et les nombres de la structure de la beauté s’accouplent dans le Nom : (p x F)2 se rapproche de 26, en hébreu la valeur du tétragramme יהוה (YHVH, forcément inaccessible).

Le mathématicien Pierre de Fermat fit remarquer que le nombre 26 est une exception et qu’aucun autre nombre ne lui ressemble parce que situé entre un carré (52) et un cube (33), c’est-à-dire entre une surface et un volume. Le 26 permettrait donc de passer de la 2ème dimension à la 3ème, ce nombre est celui du tétragramme YHVH, il est aussi celui de l’existence, havaya (hé, vav, iod, hé).

La meilleure solution pour la quadrature surfacique du cercle

Cette solution a été mise en évidence par Frédéric Beatrix, (consultez également son article publié par L’Université de Sydney dans le journal de l’école de mathématiques, Parabola).

 

La surface du carré rouge de côté FM égale la surface du cercle rouge de centre G’ (avec AZ =1 et l’équivalence retenue par les bâtisseurs, 6/5Phi2 = Pi

Ce procédé n’est-il pas inscrit dans l’Emblema XXI de L’Atalanta fugiens ? Le carré redressé coupe le cercle aux pieds et aux sommets des têtes de l’homme et de la femme.

La connaissance de la quadrature du cercle est en quelque sorte la médiation et la connaissance de la relation intime entre les choses du ciel et celles de la terre, entre le 1 (le pas encore manifesté) et le 2 (la manifestation). C’est une référence spirituelle à la quête instinctive de l’homme pour harmoniser ses natures physique et spirituelle

Le Cube, du grec kubos, comme le carré, est une figure représentative de la Terre, il incarne l’implantation solide et ferme, la puissante et stable fondation au sein du monde manifesté. À la base des principes fondateurs de l’architecture, le cube, ou plus exactement la pierre cubique, est le socle inébranlable de tout édifice comme de tout pouvoir terrestre ; c’est pourquoi elle est placée symboliquement à la base des trônes et des chaires épiscopales.

Le symbole de Cybèle de Kubélé est la «Pierre noire». Le centre de son culte se trouvait dans la Turquie actuelle sur le mont Dindymon, à Pessinonte, où le bétyle, la pierre cubique noire, est à l’origine de son nom, Kubélè. Cette pierre représente l’Axe reliant la Terre au Ciel, dont Cybèle en tant que «Terre-Mère» symbolisait le Principe substantiel de la Manifestation universelle, incarnant la stabilité originelle.

René Guénon démontre que Cybèle de Kubélè, vient en réalité de l’hébreu gebal et fait remarquer que gebal était également le nom de la ville phénicienne de Byblos, dont les habitants portaient le nom de Ghiblim, ce nom étant en Maçonnerie le mot de reconnaissance du degré travaillant précisément sur la pierre cubique.

Le cube de Métraton est une figure géométrique sacrée qui superpose l’ensemble des Solides de Platon ainsi que la Merkaba sur une seule et même figure géométrique.

Et bien sûr je ne saurais trop vous recommander, si vraiment vous voulez de nouvelles mises en lumière des proportions architecturales des édifices sacrés, l’ouvrage de Frédéric Béatrix Le Tracé primordial – La géométrie secrète des bâtisseurs. Il y dévoile le Tracé Primordial, le tracé régulateur unique qui structure l’essentiel des édifices sacrés occidentaux durant vingt-cinq siècles, depuis les plus grands temples grecs jusqu’aux cathédrales gothiques, puis baroques et classiques. Cette découverte bouleverse notre compréhension de l’architecture sacrée et de la transmission de son art géométrique à travers les siècles.

Widow’s Sons USA : Quand les bikers maçons illuminent l’espoir à Staten Island

De notre confrère des USA silive.com

Dans un grondement de moteurs et une bouffée de fraternité, les « Widow’s Sons », un groupe unique mêlant passion pour la moto et valeurs maçonniques, ont fait vibrer Staten Island d’une belle initiative. Le 2 août 2025, ce chapitre new-yorkais de l’association internationale de motards francs-maçons a remis un généreux don de 10 000 dollars au Brian Halpin Cancer Center, niché au sein du Northwell Staten Island University Hospital.

Derrière leurs vestes ornées de patchs et leurs engins rutilants, ces hommes révèlent une âme charitable, transformant le bitume en un chemin vers la guérison. Une histoire qui allie solidarité, héritage et un zeste de rébellion bienveillante.

Une fraternité sur roues au service de la vie

Les « Widow’s Sons Cornerstones NYC » ne sont pas de simples amateurs de deux-roues. Fondée sur les principes de la franc-maçonnerie – amour fraternel, soulagement et vérité –, cette branche locale d’une association mondiale s’est donné pour mission de soutenir des causes nobles. Leur récent don vise à financer un centre pédiatrique ultramoderne, intégré dans le Florina Cancer Center, un complexe de 40 000 pieds carrés dédié à la lutte contre le cancer. Danny Calemine, l’un des fondateurs, résume leur ethos avec simplicité : « Nous adorons rouler, mais notre priorité reste la charité. »

Ce geste s’inscrit dans une tradition bien rodée. À travers des événements comme des tombolas de motos ou des week-ends solidaires, les Widow’s Sons amassent des fonds pour des projets locaux. Leur rencontre avec l’équipe de l’hôpital, orchestrée par Laura Longo, vice-présidente associée de l’oncologie, a été un déclencheur. Lors d’une visite émouvante des installations, Pete Van Alphen, président du chapitre, a été frappé par l’engagement de Longo et la nécessité d’offrir des soins de pointe sans exiger de longs déplacements. « Voir ces enfants courageux nous a motivés », confie-t-il, évoquant l’angoisse des familles face aux trajets vers Manhattan.

Un centre d’excellence au cœur de la communauté

Le Brian Halpin Cancer Center, soutenu par ce don, incarne une révolution médicale pour Staten Island. Avec ses services d’imagerie, de radiothérapie et ses six baies d’infusion pédiatriques conçues pour apaiser les jeunes patients, ce lieu promet une prise en charge humaine et avancée. Laura Longo souligne l’impact :

« Ce centre allie science de pointe, compassion et accès local, offrant à notre équipe les outils pour un soin mondial sans quitter l’île. »

Pour les Widow’s Sons, c’est une victoire personnelle : garder les familles près de chez elles, loin du stress des ponts encombrés.

Ce n’est pas leur première danse avec la philanthropie. Depuis des années, ils soutiennent des causes variées, des hôpitaux pour enfants aux courses caritatives. Leur nom, inspiré de l’appel maçonnique « Qui aidera le fils de la veuve ? » – lié à la légende d’Hiram Abiff –, reflète leur engagement à protéger les plus vulnérables. Avec ce don, ils posent une nouvelle pierre à leur édifice de solidarité.

Un engagement qui roule vers l’avenir

Les Widow’s Sons ne comptent pas s’arrêter là. Engagés à reverser chaque dollar collecté à l’hôpital, ils planifient déjà de nouvelles initiatives. Leur présence, entre vrombissements de Harley et poignées de main fraternelles, rappelle que la franc-maçonnerie peut s’exprimer au-delà des temples, sur les routes ouvertes. Cette fusion de liberté motocycliste et de devoir moral offre une leçon : l’entraide transcende les clichés, qu’il s’agisse de cuir ou de tabliers.

Alors que le soleil se lève sur Staten Island, l’écho de ce don résonne comme une promesse.

Les Widow’s Sons, avec leur générosité rugissante, montrent que la lumière de la fraternité peut briller sur les circuits comme dans les cœurs, illuminant un avenir où la santé des enfants prime sur tout.

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Le gouvernement cubain interroge José Ramón Viñas Alonso, leader maçon critique du régime

De notre confrère cubain fr.cibercuba.com

Dans les méandres oppressants de la politique cubaine, un nouvel épisode de répression vient troubler les esprits, mettant en lumière les tensions entre le régime et l’une des rares institutions indépendantes du pays : la franc-maçonnerie. Le 2 août 2025, José Ramón Viñas Alonso, leader respecté de cette communauté, a été interrogé par la Sécurité de l’État, accusé d’un prétendu délit économique lié à des transactions financières internes.

Derrière cette affaire se dessine une stratégie plus large visant à étouffer les voix critiques, et cette histoire, empreinte de courage et de résilience, mérite qu’on s’y attarde avec cœur et vigilance.

Un leader maçonnique sous pression

José Ramón Viñas Alonso
José Ramón Viñas Alonso, grand secrétaire général du Conseil suprême de Cuba

José Ramón Viñas Alonso, figure emblématique de la franc-maçonnerie cubaine, s’est retrouvé au centre d’une tempête orchestrée par les autorités. Convoqué par la Sécurité de l’État, il a été soumis à un interrogatoire musclé, sous prétexte d’un supposé trafic de devises. L’accusation repose sur une décision unanime prise par le Patronato maçonnique : deux transferts de 100 dollars entre frères, effectués cette année, afin de couvrir des dépenses urgentes en pesos cubains pour l’entretien d’un asile. Le hic ? Ces échanges ont été réalisés à une taux non officiel de 370 pesos par dollar, loin du taux étatique fixé à 120 pesos, ce que le régime qualifie de délit passible de deux à cinq ans de prison.

Avec une dignité remarquable, Viñas a dénoncé cette accusation comme un prétexte fallacieux.

« Nous n’avons aucune inquiétude, car en tant que citoyens, nous n’avons même pas une amende de stationnement »

a-t-il affirmé avec une pointe d’ironie, soulignant l’absurdité de la situation. Il a également révélé que des mesures restrictives lui ont été imposées : une limitation de mouvement entre son domicile et son travail, ainsi qu’une régulation migratoire entravant toute possibilité de quitter l’île. Ces sanctions, bien que sévères, ne semblent pas ébranler sa détermination.

Un prétexte économique masquant une répression politique

Grande Loge de cuba

Derrière cette affaire financière se profile une intention plus sombre. Viñas, conscient des enjeux, a laissé entendre que les véritables motivations du régime dépassent largement la question monétaire. « Nous savons ce qui se trame avec tout cela », a-t-il écrit, s’adressant à ses frères avec une foi inébranlable dans leur innocence. Cette persécution s’inscrit dans une campagne plus large contre la franc-maçonnerie cubaine, perçue comme l’une des dernières structures autonomes capables de défier l’hégémonie du pouvoir en place.

La franc-maçonnerie, avec ses idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, a souvent été un refuge pour les esprits critiques à Cuba. Le régime, sensible à toute forme d’opposition, semble utiliser ces accusations économiques comme un levier pour discréditer et contrôler ses leaders. Le choix de Viñas, connu pour son engagement et son intégrité, en fait une cible symbolique, un signal envoyé à tous ceux qui osent penser différemment.

Une résistance silencieuse mais ferme

Malgré les pressions, José Ramón Viñas Alonso incarne une résistance silencieuse mais ferme. Ses mots, empreints de sérénité et de défi, résonnent comme un appel à la solidarité maçonnique. « Ce sera ce que cela doit être, mais je laisse une trace de notre innocence devant mes frères », a-t-il déclaré, transformant cette épreuve en un acte de témoignage. Cette attitude reflète l’esprit initiatique qui anime la franc-maçonnerie : face à l’adversité, l’élévation de l’âme prime sur la soumission.

Les mesures imposées – restriction de mouvement et contrôle migratoire – visent à isoler Viñas, mais elles pourraient paradoxalement renforcer la cohésion de sa communauté. Les frères et sœurs cubains, habitués à naviguer dans un climat de surveillance, pourraient transformer cette injustice en un moteur de mobilisation, rappelant que la lumière de la connaissance et de la fraternité ne s’éteint pas sous la pression.

Un regard vers l’avenir

Cette affaire soulève des questions troublantes sur l’avenir de la franc-maçonnerie à Cuba. Si le régime poursuit sa stratégie de répression sous des prétextes économiques, d’autres leaders pourraient être ciblés, fragilisant une institution déjà sous pression. Pourtant, l’histoire nous enseigne que les idées, comme celles portées par Viñas, résistent aux tempêtes. La solidarité internationale des obédiences maçonniques pourrait jouer un rôle clé, offrant un soutien moral et, peut-être, diplomatique.

Alors que l’aube se lève sur une île marquée par les silences imposés, l’interrogatoire de José Ramón Viñas Alonso devient un symbole. Symbole d’une lutte pour la liberté d’expression, d’une fraternité menacée mais vivante, et d’un espoir que, même dans l’obscurité, la lumière initiatique continue de briller.

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L’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem : Une épopée de foi, de chevalerie et de compassion

Dans l’écheveau complexe de l’histoire médiévale, l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, plus tard connu sous les noms d’Ordre des Hospitaliers, d’Ordre de Malte ou de Souverain Ordre Militaire de Malte, se dresse comme un pilier d’une grandeur intemporelle. Fondé au cœur des croisades, cet ordre religieux et militaire a traversé les siècles, évoluant d’une mission de soin des pèlerins à une influence diplomatique et humanitaire mondiale.

Plongeons dans cette saga fascinante, où foi, courage et charité se sont entrelacés pour façonner un héritage encore vivant aujourd’hui.

Les origines : Une lueur d’humanité au berceau des croisades

L’histoire de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem prend racine au XIe siècle, dans la ville sainte de Jérusalem, alors sous domination musulmane. En 1048, des marchands italiens d’Amalfi, profitant d’un accord avec le calife fatimide Al-Hakim, établissent un hospice dédié à Saint-Jean-Baptiste pour accueillir les pèlerins chrétiens. Cet acte de charité marque le début d’une institution qui, sous l’impulsion des croisades, se transformera radicalement. En 1099, après la prise de Jérusalem par les croisés, l’hospice est repris et placé sous la direction de moines bénédictins, fondant officiellement l’Ordre des Hospitaliers en 1113, sous la bulle pontificale Pie Postulatio Voluntatis du pape Pascal II.

À l’origine, l’ordre se consacre au soin des malades et des pauvres, incarnant un idéal de compassion chrétienne. Mais la menace constante des incursions ennemies pousse ses membres à prendre les armes. Vers 1120, sous l’influence de Raymond du Puy, second maître de l’ordre, les Hospitaliers adoptent une double vocation : religieuse, avec des vœux de pauvreté, chasteté et obéissance, et militaire, avec la formation d’une milice défendant les pèlerins. Ce mélange unique de charité et de chevalerie distingue l’ordre des autres institutions de l’époque, comme les Templiers ou les Teutoniques, avec lesquels il entre parfois en rivalité.

À l’origine, l’ordre se consacre au soin des malades et des pauvres, incarnant un idéal de compassion chrétienne. Mais la menace constante des incursions ennemies pousse ses membres à prendre les armes. Vers 1120, sous l’influence de Raymond du Puy, second maître de l’ordre, les Hospitaliers adoptent une double vocation : religieuse, avec des vœux de pauvreté, chasteté et obéissance, et militaire, avec la formation d’une milice défendant les pèlerins. Ce mélange unique de charité et de chevalerie distingue l’ordre des autres institutions de l’époque, comme les Templiers ou les Teutoniques, avec lesquels il entre parfois en rivalité.

Une ascension glorieuse : de Jérusalem aux Îles de la Méditerranée

L’essor de l’Ordre coïncide avec les succès des croisades. Installé dans le quartier du Muristan à Jérusalem, il développe un hôpital impressionnant, capable d’accueillir jusqu’à 2 000 patients, avec des soins avancés pour l’époque, incluant des chirurgies. Mais la reconquête musulmane, notamment sous Saladin en 1187, force les Hospitaliers à quitter la ville sainte. Ils se replient successivement à Margat, puis à Acre, avant de s’établir à Chypre en 1291 après la chute définitive des États croisés.

En 1310, sous l’impulsion du Grand Maître Foulques de Villaret, l’ordre s’installe à Rhodes, marquant une nouvelle ère de puissance maritime. Forts de leur flotte, les Hospitaliers repoussent les assauts ottomans, notamment lors du siège de 1480, et deviennent une force navale redoutable en Méditerranée. Leur bannière à huit pointes – symbolisant les huit béatitudes – flotte fièrement sur leurs galères, mêlant la croix blanche à une aura de résistance. Cette période dorée culmine avec leur départ forcé de Rhodes en 1522, après un siège héroïque face à Soliman le Magnifique, les conduisant à une errance temporaire.

L’établissement à Malte : un siècle de splendeur et de défi

En 1530, l’empereur Charles Quint et le pape Clément VII offrent à l’ordre l’archipel de Malte, un cadeau stratégique qui redéfinit son destin. Sous la direction de grands maîtres comme Jean de La Valette, les Hospitaliers transforment l’île en forteresse imprenable. La victoire éclatante contre les Ottomans lors du Grand Siège de Malte en 1565, où 6 000 chevaliers et soldats repoussent une armée de 40 000 hommes, consacre leur légende. La Valette, mort en 1568, laisse son nom à la capitale, La Valette, un hommage gravé dans la pierre.

À Malte, l’ordre atteint son apogée culturel et architectural. Les auberges, comme celle de Provence ou d’Italie, témoignent d’une organisation par « langues » – divisions géographiques regroupant les chevaliers européens. Les hôpitaux, tels celui de La Valette, rivalisent avec les meilleures institutions médicales de l’époque, offrant des soins gratuits aux malades, qu’ils soient chrétiens ou non. Cependant, cette splendeur s’accompagne de tensions internes : l’ordre, riche et influent, attire les critiques pour son luxe et ses rivalités, tandis que les pressions ottomanes persistent.

En 1798, l’arrivée de Napoléon Bonaparte met fin à cette ère. Les Hospitaliers, incapables de résister à l’invasion française, abandonnent Malte, marquant un tournant douloureux dans leur histoire.

Une renaissance humanitaire : De l’exil à la modernité

L’exil conduit l’ordre à une dispersion temporaire, mais sa résilience est remarquable. Installé à Rome en 1834 sous la protection pontificale, il renonce progressivement à sa vocation militaire pour se consacrer à l’humanitaire. Rebaptisé Souverain Ordre de Malte, il obtient un statut d’entité souveraine, reconnu par plus de 100 pays, avec des ambassades et des passeports propres. Aujourd’hui, basé au Palais Magistral à Rome, l’ordre compte environ 13 000 membres, 80 000 employés et 20 000 volontaires, opérant dans 120 pays.

Sa mission s’est recentrée sur l’aide médicale et sociale. L’Ordre de Malte gère des hôpitaux, des ambulances et des programmes d’assistance aux réfugiés, comme ceux en Ukraine ou au Soudan du Sud. En 2023, il a fourni plus de 7 millions de consultations médicales, démontrant une adaptabilité remarquable. Ses initiatives, souvent menées en partenariat avec des organisations comme la Croix-Rouge, reflètent un héritage de compassion ancré dans ses origines.

Un héritage vivant : symboles et défis contemporains

L’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem laisse une empreinte symbolique profonde. Sa croix à huit pointes, adoptée par les services d’urgence modernes, incarne l’universalité de son message. Ses liens historiques avec la franc-maçonnerie, bien que débattus, enrichissent son aura mystique, certains loges s’inspirant de ses idéaux chevaleresques.

Pourtant, des défis persistent. Les tensions internes, exacerbées par des réformes comme celle de 2023 sous le Grand Maître John T. Dunlap, ont conduit à des démissions et à des controverses sur la gouvernance. L’ordre doit aussi naviguer dans un monde sécularisé, où son statut religieux et souverain suscite des interrogations. Malgré cela, son engagement humanitaire reste un phare, attirant de nouveaux membres, souvent des laïcs, séduits par sa mission.

Un lien avec la Franc-maçonnerie : une connexion spirituelle et symbolique

L’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem entretient un lien historique et spirituel fascinant avec la franc-maçonnerie, bien que leur relation soit complexe et souvent sujette à débat. Dès le XVIIIe siècle, avec la dissolution des Templiers en 1312 et l’évolution des Hospitaliers, des parallèles émergent entre les deux institutions. Les francs-maçons, cherchant à s’inspirer des ordres chevaleresques, ont parfois intégré des éléments de l’héritage johannite dans leurs rituels, notamment dans les hauts grades du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA). Le 18e degré, connu sous le nom de « Chevalier de Rose-Croix », fait écho à la chevalerie hospitalière, tandis que le 30e degré, « Chevalier Kadosch », évoque une vengeance symbolique liée à la chute des Templiers, un thème qui résonne avec les migrations de l’Ordre de Malte.

Cette connexion s’est renforcée avec la création de loges maçonniques au XVIIIe siècle, lorsque des membres de l’Ordre de Saint-Jean, exilés après la perte de Malte, ont rejoint des cercles maçonniques en Europe, notamment en Angleterre et en France. Des figures comme le chevalier de Seingalt, membre des Hospitaliers et franc-maçon notoire, illustrent cette porosité. Les symboles communs – la croix à huit pointes, l’engagement envers la charité et la quête initiatique – ont alimenté une admiration mutuelle. Certains rites maçonniques, comme ceux des « Chevaliers de Saint-Jean » ou des « Écossais de Saint-Jean », revendiquent une filiation directe, bien que les historiens restent prudents, soulignant l’absence de preuves formelles.

Au XIXe siècle, cette influence s’est cristallisée avec la fondation de loges inspirées par l’Ordre de Malte, notamment en Angleterre, où des chevaliers hospitaliers ont contribué à des structures comme la Grande Loge Unie. Aujourd’hui, des obédiences maçonniques, comme le Grand Orient de France, reconnaissent cette parenté spirituelle, organisant des conférences sur les liens entre les deux ordres. Cependant, l’Ordre de Malte, fidèle à son statut catholique, maintient une distance officielle, évitant toute assimilation formelle. Cette tension enrichit leur dialogue : là où la maçonnerie explore une spiritualité universelle, l’Ordre de Malte ancre sa mission dans un cadre confessionnel, créant un équilibre subtil entre héritage commun et identités distinctes.

Une flamme qui ne s’éteint pas

l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem se dresse comme un témoignage vivant de l’histoire humaine. De l’hospice modeste de Jérusalem aux champs de bataille de Malte, de l’exil romain aux cliniques modernes, il a su transformer les épreuves en actes de foi et de service. Son lien avec la franc-maçonnerie, tissé de symboles et d’aspirations partagées, ajoute une couche de profondeur à son héritage, reliant deux quêtes parallèles de lumière et de fraternité.

Plus qu’une relique médiévale, cet ordre est une invitation à unir courage et compassion, un legs que le monde d’aujourd’hui a encore tant besoin de célébrer.

Le Dessin de Jissey « Le phénomène des dédicaces va-t-il disparaitre ? » 

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La dédicace en péril : adieu les griffes maçonniques au salon !

Mes chers Frères et Sœurs, préparez vos mouchoirs – ou du moins vos tablettes numériques – car une tragédie silencieuse se joue dans les couloirs feutrés de nos loges : la lecture maçonnique s’effrite comme un vieux pavé mosaïque sous les assauts du temps, et la numérisation galopante des ouvrages vient planter le dernier clou dans le cercueil de la dédicace traditionnelle !

Adieu les salons maçonniques où, entre un verre de mauvais vin et une poignée de main maladroite, l’auteur griffonnait son nom avec une fierté d’artisan taillant sa pierre. Aujourd’hui, que reste-t-il à ces pauvres scribouillards, condamnés à tapoter des « merci pour votre achat » sur un écran glacial ?

La faute en revient, bien sûr, à nos chers Frères et Sœurs, qui, lassés de porter des volumes poussiéreux sous leur tablier, se sont convertis aux PDF et aux e-books – plus légers, mais ô combien moins romantiques ! On imagine déjà le Grand Maître, les larmes aux yeux, contemplant sa bibliothèque virtuelle où les chefs-d’œuvre de Pike ou de Guénon ne sentent plus l’encre fraîche, mais le plastique bon marché d’un Kindle. Résultat : les auteurs, ces héros discrets de nos tenues, se retrouvent désarmés. Plus de plume pour signer, plus de page à caresser d’une dédicace tremblante – juste un QR code à scanner, aussi chaleureux qu’une loge en plein hiver !

Quel avenir pour ces âmes créatives ? Vont-ils se reconvertir en influenceurs numériques, lançant des lives depuis leur temple pour vendre des e-books à coups de clins d’œil cryptiques ? Ou peut-être offriront-ils des NFT de leurs dédicaces, un « Fraternellement vôtre » pixélisé à 0,001 Ethereum ? Cynisme oblige, on pourrait suggérer des salons virtuels où, via Zoom, l’auteur dessine son autographe avec un curseur tremblotant – un spectacle aussi émouvant qu’un apprenti maladroit avec un maillet de vénérable !

Mais soyons sérieux une seconde : la dédicace, c’est le fil d’Ariane de la rencontre humaine, ce moment où le savoir maçonnique passe du papier au cœur. Sans elle, nos salons risquent de devenir des foires aux algorithmes, où la fraternité se perd dans un nuage de données.

Alors, Frères, rallumons la flamme – achetez un livre papier, demandez une griffe, et sauvons nos auteurs d’une retraite numérique bien triste !

Jean-Raphaël Notton, le nouveau Grand Maître de la Grande loge de France, rencontre Var-Matin

De notre confrère Var Matin – Par QV

Il a été élu il y a un peu plus d’un mois Grand maître de la Grande loge de France, la deuxième obédience maçonnique française comptant environ 32 000 membres. Pour sa première apparition officielle, Jean-Raphaël Notton s’est rendu dans le golfe de Saint-Tropez, où une grande fête annuelle réunit chaque année Francs-maçons et non-initiés autour d’une conférence – cette année, sur l’intelligence artificielle – et d’un repas.

Traditionnellement, le Grand Maître, choisi pour accomplir un triple mandat d’un an (soit, sauf incident, trois ans à raison d’un mandat d’un an renouvelé deux fois), provient d’une région différente à chaque élection. Originaire de Paris, où il est devenu franc-maçon en 1986, Jean-Raphaël Notton, médecin égalment engagé à haut niveau dans la défense nationale, succède à Thierry Zaveroni, marseillais. Âgé de 69 ans, ce Parisien possède toutefois des racines méditerranéennes.

synthèse de l’interview

C’est votre première sortie officielle, ici dans le Var, près de Saint-Tropez ?

Jean-Raphaël Notton, Grande Loge de France
Jean-Raphaël Notton, Grand Maître de la GLDF

Oui, c’est à la fois un honneur et une joie. Un honneur de porter la responsabilité de Grand maître, une joie car je me sens méditerranéen dans l’âme, élevé par mes grands-parents corses à Monticello, en Balagne, portant le prénom de mon grand-père. Ici, je suis chez moi, et voir 200 personnes assister à la conférence malgré la chaleur estivale est impressionnant !

Que représente la Franc-maçonnerie aujourd’hui dans notre société ?

Nous perpétuons une tradition ésotérique transmise par l’initiation. Notre mission est de préserver cet héritage tout en ouvrant nos portes. Franc-maçon depuis 40 ans, je suis heureux et souhaite partager ce que cette expérience m’a donné. La Grande loge de France, obédience traditionnelle et la plus ancienne en France, doit rester accueillante. D’où le thème de ma première conférence : « Osez pousser les portes de nos loges ! ».

Pour les Journées du patrimoine, plus de trente sites seront ouverts au public à travers la France.

Il y a toujours un mystère autour des Francs-maçons. Que faites-vous exactement ?

Nous cherchons humblement à améliorer le monde, parfois chaotique ! Contrairement à d’autres, nous ne manifestons pas, mais chacun apporte des valeurs comme l’humanisme, le respect et la tolérance. Notre démarche, spirituelle et traditionnelle, privilégie l’esprit sur le matériel.

Les Francs-maçons peuvent-ils agir efficacement dans la société moderne ?

Je citerai Winston Churchill, qui, face à un lac pendant la guerre, trempa une cuillère dedans et dit : « Vider ce lac prendra du temps, mais on y arrivera ! » Comme lui, nous avançons avec patience et espérance, convaincus que tout est possible.

Parlez-nous de la Grande loge de France dans cette région.

La région méditerranéenne, s’étendant de l’Espagne à l’Italie via la Corse, est la deuxième en effectifs dans notre fédération mondiale. Avec des sites clés comme Montpellier, le château Saint-Antoine à Marseille et Saint-Raphaël, elle regroupe 200 loges et plusieurs milliers de membres, une région très active.

La franc-maçonnerie parle-t-elle encore aux jeunes ?

Oui, les jeunes sont notre avenir. Si l’âge moyen atteignait 62 ans, il baisse aujourd’hui grâce à leur intérêt. Ils cherchent un sens à leur vie, pas une répétition de leur quotidien. Nous adaptons nos horaires, ajoutant des réunions entre midi et 14 heures pour les actifs ou parents.

Quel est votre message principal aujourd’hui ?

Je crois profondément que notre tradition porte l’espérance. Par une démarche individuelle, chaque frère contribue avec ses valeurs, créant un impact collectif, comme Pierre Simon avec Simone Veil ou Isaac Crémieux avec son décret. Chacun a sa place pour faire de son mieux !

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Le rejet de l’Occident – Réflexions sur l’ésotérisme, le complotisme et le refus de la société libérale

Même si la première de couverture porte l’étrange mention « Réflections », comme une énigme typographique invitant à percer le voile des apparences, Le rejet de l’Occident – Réflexions sur l’ésotérisme, le complotisme et le refus de la société libérale de Stéphane François se révèle une œuvre d’une profondeur initiatique rare.

Le rejet de l'Occident
Le rejet de l’Occident

Dans l’obscurité du monde profane, où la raison instrumentale projette une lumière froide, dépourvue de chaleur, l’auteur, tel un Maître d’Œuvre guidé par la flamme du Delta Lumineux, nous convie à une quête sacrée, un voyage au cœur des souterrains de l’âme humaine.

Cet ouvrage n’est pas une simple analyse. C’est un véritable rituel de passage. Une invitation sincère à franchir le seuil du temple intérieur pour explorer les courants ésotériques, complotistes et antimodernes qui, tels des fils d’or, tissent une tapisserie spirituelle dans un Occident désenchanté.

Chaque page vibre d’une intention sacrée, chaque idée est une pierre polie, ajustée avec soin pour édifier une cathédrale de pensée, où le profane et le sacré s’entrelacent dans une harmonie mystérieuse, guidée par l’équerre de la rigueur et le compas de la contemplation.

Stéphane François
Stéphane François

Stéphane François, né en 1973 sous les cieux de France, incarne la figure de l’initié-voyageur, un historien des idées et politologue dont l’esprit, façonné par l’étude des âges charnières – l’Antiquité et le XXe siècle –, s’est affiné dans la contemplation des courants qui défient les voiles de l’illusion. Formé à l’histoire, armé d’un DEA en science politique de l’Institut d’études politiques de Lille et d’un doctorat en science politique de l’Université Lille II, où il a sondé les paganismes de la Nouvelle Droite, il s’est fait architecte des marges de la pensée. Chercheur associé au Groupe Sociétés, Religions, Laïcités du CNRS, maître de conférences à l’IPAG de l’Université de Valenciennes, il a parcouru les sentiers de l’érudition, enseignant l’histoire contemporaine et la science politique avec la gravité d’un gardien des mystères.

L'occultisme nazi
L’occultisme nazi

Ses écrits, publiés dans des sanctuaires de la connaissance tels que Religioscope, Journal for the Studies of Radicalism, Politica hermetica, Sociétés ou Raisons politiques, et ses contributions au site « Fragments sur les temps présents », révèlent un esprit en quête perpétuelle de la Vérité cachée. Parmi ses œuvres, L’occultisme nazi (CNRS Éditions, 2020), préfacé par l’éminent Johan Chapoutot, témoigne de sa capacité à plonger dans les ténèbres des idéologies marginales pour en extraire des éclats de lumière.

Tel un alchimiste, Stéphane François transmue la matière brute des pensées alternatives en un or philosophique, offrant à ses lecteurs une méditation sur les forces souterraines qui façonnent notre époque. Dans Le rejet de l’Occident, l’auteur nous guide à travers un labyrinthe sacré, où l’ésotérisme et le complotisme se révèlent non comme des aberrations, mais comme des expressions d’une quête immémoriale : celle du sens, de la transcendance, de l’harmonie perdue.

Avec la précision d’un compas et la droiture d’une équerre, il trace les contours d’une pensée irrationnelle qui, loin d’être chaotique, s’organise en une cosmologie cohérente, un refus de l’aridité matérialiste au profit d’un réenchantement du monde. Cette exploration, menée avec une rigueur scientifique tempérée par une empathie initiatique, nous invite à dépasser le jugement hâtif pour contempler ces phénomènes comme des reflets de l’âme humaine, des tentatives, parfois maladroites, de renouer avec le sacré dans un monde dominé par la froideur technoscientifique.

René Guénon, photographie de 1925 (à 38 ans)
René Guénon, photographie de 1925 (à 38 ans)

L’ombre de René Guénon, ce Grand Architecte de la pensée traditionnelle, plane sur l’ouvrage comme un guide spirituel, dont les écrits sur la Tradition Primordiale et la crise du monde moderne résonnent avec une force intacte. René Guénon, tel un flambeau dans la nuit, éclaire les cercles ésotériques et maçonniques, ces temples où les symboles – l’équerre, le compas, le pavé mosaïque, le delta rayonnant – deviennent des clés pour transcender le voile du profane. La Franc-Maçonnerie, avec ses rituels empreints de mystère, apparaît ici comme un creuset alchimique où l’ésotérisme prend vie, un chemin initiatique vers une vérité supérieure que l’Occident, dans son aveuglement rationaliste, semble avoir oublié.

Stéphane François, tel un maître du rite, ne se contente pas d’analyser ces symboles. Il nous fait ressentir leur puissance, leur capacité à ouvrir des portes vers l’invisible, à transformer l’âme de celui qui s’y engage. Chaque phrase de l’ouvrage semble vibrer d’une intention rituelle, comme si la lecture elle-même devenait une cérémonie, un voyage vers les tréfonds de l’être. Mais le voyage ne s’arrête pas aux rives de l’ésotérisme.

Avec une finesse digne d’un tailleur de pierre, François nous conduit dans l’univers du complotisme, ces récits modernes qui, tels des mythes contemporains, peuplent l’imaginaire de cabales secrètes et de forces occultes. Loin de les rejeter comme irrationnels, il les envisage comme une réponse à l’aliénation d’un monde perçu comme chaotique, une tentative de redonner un sens à l’absurde.

Illuminati
Illuminati

Dans une méditation d’une rare subtilité, il relie ces récits aux traditions ésotériques, montrant comment ils partagent une même aspiration à percer les voiles de l’illusion. Les théories du complot, avec leurs figures d’élites manipulatrices – Illuminati, sociétés secrètes, ou extraterrestres énigmatiques –, deviennent des projections modernes de l’antique quête du divin, des reflets d’une humanité en mal de transcendance. François ne les glorifie pas ; il en souligne les dangers, notamment lorsqu’ils s’égarent dans les dérives de l’extrême droite, où les récits conspirationnistes peuvent nourrir des idéologies de haine.

Colonisation de l’espace - Pioneer, plaque
Colonisation de l’espace – Pioneer, plaque

Pourtant, il refuse de les réduire à de simples pathologies, les voyant comme l’expression d’un besoin fondamental : celui de croire en un ordre caché, en une vérité qui dépasse l’apparence. Dans ce refus de la surface, nous discernons l’écho d’un principe maçonnique : chercher la Lumière au-delà des ombres. L’analyse atteint son apogée dans l’exploration de l’ufologie, que Stéphane François qualifie de forme « hypermoderne » de complotisme. Dans un monde saturé de technologie, où la science semble avoir colonisé tous les mystères, l’idée d’une présence extraterrestre devient une nouvelle mythologie, un substitut à la divinité absente. Avec une acuité remarquable, l’auteur décrypte ce phénomène non comme une fantaisie, mais comme une tentative de réenchanter le cosmos.

Photo d'un prétendu ovni lors de la vague de 1990. En 2011, son auteur avoue que c'est la photo d'un triangle en polystyrène avec quatre ampoules
Photo d’un prétendu ovni lors de la vague de 1990. En 2011, son auteur avoue que c’est la photo d’un triangle en polystyrène avec quatre ampoules

L’ufologie, avec ses récits d’enlèvements et de contacts, devient une forme contemporaine de l’expérience mystique, où l’extraterrestre remplace l’ange ou le dieu des traditions anciennes. François nous guide à travers ce paradoxe : dans une société dominée par la rationalité, c’est dans l’irrationnel que l’homme cherche à retrouver une connexion avec l’invisible, une communion avec l’au-delà.

Photo d'un « UFO »
Photo d’un « UFO »

Cette réflexion, d’une profondeur saisissante, révèle comment l’ufologie s’inscrit dans une longue lignée de quêtes spirituelles, adaptées à l’ère de l’hypermodernité. Elle nous rappelle un enseignement maçonnique fondamental. Derrière chaque symbole, chaque mythe, se cache une vérité éternelle, accessible à celui qui sait voir. Ce qui rend cet ouvrage si singulier, c’est sa capacité à tisser une réflexion à la fois historique, philosophique et spirituelle, tout en restant ancré dans une dimension initiatique.

Stéphane François, tel un architecte du Temple, construit son analyse comme une œuvre sacrée, chaque idée étant une pierre soigneusement taillée, chaque phrase un pas vers une vérité plus haute. Sa prose, dense et poétique, évoque les cadences d’un rituel maçonnique, où chaque mot semble chargé d’une intention sacrée. Nous sommes transportés dans un espace liminal, entre le profane et le sacré, où l’analyse devient une méditation, une invitation à contempler les profondeurs de notre propre être. L’auteur assume une subjectivité éclairée, une posture d’Initié qui ne craint pas d’exprimer son propre émerveillement face aux mystères qu’il explore.

Le rejet de l'Occident, 4e de couv.
Le rejet de l’Occident, 4e de couv.

À travers son regard, nous percevons la pulsation d’une pensée vivante, qui ne se contente pas d’expliquer mais cherche à transformer. L’ouvrage nous confronte à une tension fondamentale, celle entre la raison et la foi, entre le visible et l’invisible. Tel un Frère sur le pavé mosaïque, Stéphane François nous invite à tenir ces opposés en équilibre, à reconnaître dans le rejet de l’Occident une quête complexe, à la fois destructrice et créatrice. Ce refus, nous dit-il, n’est pas un simple rejet ; il est une aspiration à reconstruire, à réenchanter, à rétablir une harmonie perdue. Nous sommes saisis par la nuance de son propos, par sa capacité à naviguer entre l’empathie pour ces mouvements et la lucidité face à leurs dérives. Car Stéphane François n’ignore pas les dangers du complotisme, notamment lorsqu’il s’acoquine avec les idéologies extrémistes, ni les ambiguïtés de l’ésotérisme, qui peut parfois se perdre dans des abstractions stériles.

Pourtant, il nous exhorte à ne pas juger trop vite, à voir dans ces phénomènes une expression de l’éternelle quête humaine pour le sens, pour la Lumière. En refermant Le rejet de l’Occident, nous ne sommes pas simplement plus savants, nous sommes aussi transformés. Stéphane François, avec son érudition et sa sensibilité d’initié, nous a conduits à travers les méandres d’une pensée qui refuse de se plier à l’aridité du monde moderne. Nous avons contemplé les symboles maçonniques, les récits complotistes, les visions ufologiques, non comme des curiosités, mais comme des reflets de notre propre quête intérieure.

Le rejet de l'Occident, détail
Le rejet de l’Occident, détail

L’ouvrage, par sa richesse et sa profondeur, nous laisse avec une question lancinante : et si le rejet de l’Occident était, au fond, une invitation à nous réconcilier avec nous-mêmes, à retrouver, dans les replis de l’irrationnel, la lumière d’une vérité oubliée ? Dans cette méditation, Stéphane François ne nous donne pas de réponses définitives ; il nous offre quelque chose de bien plus précieux : une clé pour ouvrir les portes de notre propre temple intérieur, un appel à poursuivre, dans le silence de notre cœur, la quête de l’Absolu.

Dervy
Dervy

Le rejet de l’Occident – Réflexions sur l’ésotérisme , le complotisme et le refus de la société libérale

Stéphane FrançoisÉditions Dervy, 2020, 240 pages, 18 €