Accueil Blog Page 19

De l’imposture comme manière de s’en sortir

 « On n’est imposteur que lorsqu’on l’est à demi »

Helvétius (Maximes et pensées)

Au cours d’un festival de cinéma, j’ai eu la chance de revoir le film « l’adversaire » (2002), mis en scène par Nicole Garcia et avec acteur principal Daniel Auteuil qui joue le rôle de Jean-Claude Romand, héros d’un tragique fait divers où un homme, imposteur, se fit passer durant 18 ans pour un médecin employé par l’organisation mondiale de la santé à Genève. Présentant tous les aspects du « gendre idéal », coincé peu à peu par sa vérité, il abattra sa famille et tentera de se donner la mort.

Prison de la Santé
Prison de la Santé à Paris – Porte d’entrée

Après de nombreuses années de prison, il sera remis en semi-liberté sous conditions. Il est intéressant de constater que les analyses psychiatriques ne mentionnent aucun diagnostic de psychose ou de perversion. Comme si le problème se trouvait, à la base, dans un autre fonctionnement plus global de l’humain qui, s’il ne trouve pas un dépassement, va aller vers la dépression ou le crime.

I-LE TROMPER-VRAI OU L’ART DE LA VERITE EN TROMPE-L’OEIL.

Ce qui frappe, en premier lieu dans l’imposture, c’est le désir d’être soi par l’autre, comme s’il n’y avait pas d’autorisation à l’être en direct, par soi-même. Ainsi, le faussaire va signer la reproduction du tableau qu’il imite par le nom du véritable artiste, alors que par lui-même, en copiant, il fait œuvre de création. Nous assistons à l’action que les Allemands désigne par le terme d’ « Enfremdung », devenir étranger à soi-même, sans être dans le domaine de la psychose. C’est aussi le thème du roman de Patricia Highsmith, où le héros, Tom Riplay, se sent vivre enfin quand il va imiter un homme qu’il envie et va l’assassiner pour capter sa personnalité (1).

Molière Par Pierre Mignard

Dans la littérature classique, l’imposteur nous met aussi devant une interrogation majeure : par exemple, est ce que le Tartuffe de Molière est un simple pervers ou un homme qui pense qu’il est prêtre et donc qu’il a des prérogatives sur autrui ? Tout se passe entre « jouer à être », imiter, ou « être en double ». Cette mise en scène se passe autour du plaire, de la séduction : je serai aimé si je suis « cela » et j’aurai donc un pouvoir. Mais, à terme, je vais assimiler ce rôle à moi-même, comme si je serai devenu mon personnage, je l’aurai assimilé, en déniant ma propre personnalité qui, cependant cohabite avec l’intru. Cela s’harmonise peu à peu avec la complicité du public qui croît à l’imposture et renforce l’imposteur dans sa propre croyance. Une forme de « délire à deux » où l’imposteur ne dépasse pas le roman familial et ne peut le réaliser, dans un échec au succès personnel et l’impossibilité d’un travail de deuil. Comme dans la mélancolie, il y a identification à l’objet mort auquel on s’identifie. Echec assuré d’être l’un et l’autre, car l’imposteur est roulé par lui-même !

Cette importance de l’imposture fit que la psychologie et la psychanalyse, hors du champs psychiatrique, s’intéressèrent à cette question jusqu’à penser que, dans notre évolution, nous sommes obligés de vivre l’imposture comme adaptation et que cette stratégie se poursuit parfois toute une vie. Bien entendu, c’est dans l’enfance, que ce comportement prend racine.

II- L’ENFANCE ? UN BOULET !

psychothérapie maçonnique

Il est difficile d’imaginer pire épreuve pour l’être humain que la naissance et son cortège d’angoisse et de solitude, si ce n’est la mort au terme du parcours. Le nouveau-né est totalement dépendant de la famille et de la mère en particulier, ce qui amène envers elle, à fois, un amour de prendre soin de lui et une haine de la dépendance auquel il est soumis. Avec la prise de conscience que sa survie est liée à l’intégration du discours familial et de montrer qu’on s’y rallie et ce, au détriment, de ses propres pulsions. Une double conscience voit le jour : celle de porte-voix du discours parental et de deviner les manques que les parents aimeraient combler à-travers lui et sa propre personnalité qui se révolte très tôt contre cette manœuvre qui lui est capitale pour être aimé. Si un dépassement ne s’opère pas, l’adulte va demeurer dans ce fonctionnement névrotique permanent d’une double nature, que ce soit dans sa vie affective, professionnelle ou groupale car l’étouffement de la liberté et la contrainte à l’adaptation ne commencent pas au bureau, au parti politique ou dans la loge, mais dès les premières semaines de la vie.

Alice Miller

La psychanalyste Alice Miller nous dit (2) : « Si grâce à un long processus, un individu parvient à vivre le fait qu’étant enfant, il n’a jamais été aimé pour lui-même, mais qu’on avait besoin de lui pour ses performances, ses succès et ses qualités, qu’il a sacrifié son enfance à ce prétendu « amour », il subira de grands bouleversements intérieurs, mais un jour il voudra arrêter de briguer les faveurs de ses parents. Il se découvrira le besoin de vivre son vrai Soi et de ne plus devoir mériter l’amour, un « amour » qui en fin de compte le laisse les mains vides, car il s’adresse au faux Soi dont il a commencé à se dépouiller ». Cela signifie ne plus jouer la comédie où nous étions tenus à jouer un pseudo rôle de « héros », pour compenser les manques familiaux ou répondre à une image complètement factice d’un idéal-type qui n’existe que dans l’imaginaire parental.

Mais se libérer ne mène pas à la joie permanente ni à la complète absence de souffrance, mais à la vie, c’est à dire la liberté de vivre ses sentiments spontanés. Mais si cette quête n’est pas enracinée dans ses vrais besoins et sentiments ressentis, le sujet s’adaptera à ses nouveaux idéaux de la même manière que, jadis, il s’était adapté à ceux de ses parents. De nouveau, de manière inconsciente répétitive, il reniera son vrai Soi pour être reconnu et aimé du groupe auquel il appartient ou de son partenaire, mais cela n’est pas assez efficace contre la dépression, car même adulte, un individu n’est pas lui-même s’il ne se reconnaît pas, ni ne s’aime. Il fait tout alors pour que quelqu’un ou un groupe lui prodigue ce même amour dont, enfant, il avait un impérieux besoin, et qu’il espère retrouver enfin, grâce à l’adaptation.

III- LA FRANC-MACONNERIE SUCCURSALE DE REMPLACEMENT DE LA FAMILLE ?

Il est indispensable pour un sujet qu’il prenne conscience des modèles destructifs de ses parents, surtout si l’enfance est imaginée comme un paradis où tout baignait dans l’harmonie et l’allégresse ! En fait, il appartient à chacun de décider s’il veut avoir ou non un travail régulier, s’il veut vivre seul ou en couple, s’il veut adhérer à un parti politique, où à la Maçonnerie, y compris par la confirmation de ses choix ou par un départ, l’idéal ne s’avérant souvent qu’un alignement inconscient sur le fonctionnement parental, qui reposait sur son impuissance et sa dépendance d’enfant. Il est capable d’entrer dans un groupe, si sa lucidité est active, sans se placer sous sa dépendance ou lui être asservi. Il devient imperméable au fait de se faire leurrer, y compris dans son vécu maçonnique où, parfois existent des discours et des pratiques idéologiques venant de gourous qui adoreraient asseoir leur propre impuissance sur l’alignement du fonctionnement sectaire, là où l’on vit les choses tellement « en famille » !

Le sujet conscient, pour qui dans l’enfance, le discours de la famille était parole d’Evangile, ce dont il a pris conscience dans sa négativité, risquera moins d’idéaliser les hommes et les systèmes, surtout s’ils mettent en avant le concept de famille. L’avenir de la démocratie dépend en partie de cette démarche individuelle : faire appel à l’amour et à la raison reste vain, tant que nous nous interdirons de faire la lumière sur notre vécu d’enfant. Un être humain capable d’accueillir ses propres sentiments, sans automystification, n’a pas besoin d’idéologie et, par conséquent, ne sera pas un danger pour les autres.

Une question se pose à nous d’emblée : la Franc-Maçonnerie est-elle un lieu de pensée libre qui amène le sujet à prendre distance avec son enfance ou est-elle le renouvellement d’une famille qui ligote le Maçon dans le désir d’être « bien », donc aimé, en suivant une idéologie groupale qui en fait un « bon sujet » qui refoule son Soi personnel au profit d’un Soi collectif. Surtout s’il en a besoin, en regard d’expériences négatives dans son domaine privé ou collectif. Les groupes tentent de régir un équilibre, toujours momentané, en mettant en avant des règles reconnues par les spécialistes du fonctionnement inconscient des groupes :

Le principe de plaisir/déplaisir : le groupe se maintien en fournissant à ses membres l’évitement du déplaisir (les blessures narcissiques, l’angoisse d’être abandonné ou rejeté, d’être sans assignation, sans fonction, dans l’espace groupal). Le membre du groupe a besoin de recevoir une stimulation de pensée régulée, rituélique, dogmatiquement simple à retenir pour s’y assimiler.

Le principe d’indifférenciation/différenciation : orientation théorique où les personnalités nouvelles sont admises dans leur différences, mais sont vite soumises à adopter une personnalité narcissique collective sous peine de rejet ou de mise à l’écart.

Le principe de délimitation dedans/dehors : le groupe se veut, théoriquement, le prolongement du dehors, mais très vite il devient un dedans qui se veut servir de modèle et qui offrirait à ses membres une sécurité et un idéal de relations humaines. Un peu, en reprenant Saint Augustin, comme s’il existait une Jérusalem terrestre (le dehors) et une Jérusalem céleste (Le dedans), dans une sorte de vision messianique du groupe.

Le principe d’autosuffisance/interdépendance : le groupe laisse entendre à ses adhérents que la vie en son sein est supérieure à la réalité individuelle et sociale. Cet aspect des choses reposant sur des rêveries utopiques ou des idéologies autarciques.

Le principe de constance/transformation : le groupe doit se trouver des adversaires pour évacuer les conflits internes qui pourraient naître en son sein. Plus il y a danger de tensions internes, plus se met en place la nécessité de trouver un ennemi extérieur qui va jouer d’objet de décharge de la tension. Si cela n’est pas possible, pour éviter l’éclatement du groupe, il va falloir trouver un ennemi intérieur, un bouc émissaire, sur lequel va se condenser l’agressivité et la peur.

Le principe de répétition/sublimation : le groupe finit par constater que l’esprit du groupe repose peu à peu sur des répétitions qui bloquent son évolution et peuvent le conduire à sa stagnation, voire à sa disparition. D’où l’explication à donner aux répétitions par une très théorique fonction rituélique qui veut donner un sens et qui détournent les buts pulsionnels des participants afin de donner une orientation vers la sublimation des dites pulsions, notamment celles qui relèvent de l’agressivité ou de la sexualité.

Le principe de réalité : s’oppose au couple plaisir/déplaisir et se définit par la réalisation de l’introduction d’un travail concret qui est supposé donner l’entrée du réel dans le monde intérieur et fantasmatique du groupe. Mais ce travail possède la caractéristique d’être infiltré par le discours et les représentations du groupe et ce qui est vécu comme réalité n’est en fait que la projection interne du groupe sur des objets extérieurs en en faisant la propriété du discours du groupe.

Le principe de laïcité/religiosité : à part les groupes purement religieux, la vie des groupes, théoriquement, s’inscrit dans un principe laïque et démocratique. Mais pour subsister, dans une survie symbolique, le groupe met très souvent en place une forme religieuse inconsciente, avec un leader charismatique qui en devient la représentation incarnée, jusqu’à ce qu’un autre désire prendre sa place, « tuer le père ». Lutte fratricide de type œdipien qui met en péril l’unité du groupe même. Existe une nécessité impérieuse pour le groupe, y compris athée, de donner au groupe, pour sa survie, une connotation spirituelle, de type religieux, avec le risque d’une dérive sectaire. Ce que le psychanalyste Otto Rank nous dit dans son ouvrage célèbre (3) : « Le mysticisme philosophique apparaît comme la continuation directe du mysticisme religieux, dans l’un comme dans l’autre l’homme se laissant absorber par son moi intime. La seule différence qui sépare le mystique philosophique du mystique religieux consiste en ce que Dieu que celui-là recherche dans les profondeurs de son propre être s’appelle connaissance. Mais le but est le même dans les deux cas : l’unio mystica, la fusion intime avec le Tout »

On se résume ? Quel est, en fait, le but de la Franc-Maçonnerie : aider le maçon à découvrir sa vraie personnalité, celle qui lui appartient en propre au-delà de l’enfance (quitte à risquer qu’à un certain moment la Franc-Maçonnerie n’apporte plus rien au maçon et qu’il l’abandonne sans culpabilité), ou l’orienter vers une idéologie, de type religieux, qui lui fait renoncer à son Moi, pour se fondre dans le groupe qui l’ « aime » s’il correspond à « la ligne », surtout s’il ne cultive pas son altérité de façontrop voyante !

BON, ON EN REPARLERA AUTOUR DE L’APERO UN PEU PLUS TARD !

 NOTES

  • (1) Highsmith Patricia : Le talentueux monsieur Riplay. Paris. Ed. Caman-Levy.1956.
  • Le livre a inspiré le film « Plein soleil » de René Clément, avec Alain Delon, Maurice Ronet et Marie Laforêt.
  • (2) Miller Alice : Le drame de l’enfant doué. Paris. PUF. 1996. (Page 55).
  • (3) Rank Otto : Le traumatisme de la naissance. Paris. Ed. Payot. 1976. (Pages 178 et 179).

 BIBLIOGRAPHIE

  • Anzieu Didier : « Le groupe et l’inconscient ». Paris. Ed. Dunod. 1975.
  • Baruk Henri : « Psychoses et névroses ». Paris. PUF. 1970.
  • Bion W.R. : « Recherches sur les petits groupes ». Paris. PUF. 1965.
  • Debesse Maurice : « L’adolescence ». Paris. PUF. 1969.
  • Decherf Gérard : « Oedipe en groupe. Psychanalyse et groupes d’enfants ». Paris. Ed. Clancier-Guénaud. 1981.
  • Freud Sigmund : « Trois essais sur la théorie sexuelle ». Paris. Ed. Gallimard.1987.
  • Kaës René : « Les théories psychanalytiques du groupe ». Paris. PUF. 2002.
  • La Revue Lacanienne : « Famille je vous aime ? – Les complexes familiaux aujourd’hui». N° 19. Toulouse. Ed. Erès. 2018.
  • Rank Otto : « Le traumatisme de la naissance ». Paris. Ed. Payot. 1976.
  • Reich Wilhelm : « L’irruption de la morale sexuelle ». Paris. Ed. Payot. 1972.
  • Winnicot Donald W. : « L’enfant et sa famille ». Paris. Ed. Payot. 1957.
  • Winnicot Donald W : « De la pédiatrie à la psychanalyse ». Paris. Ed. Payot. 1969

« Francs-maçons, l’obsession des dictateurs » arrive sur Histoire TV

De notre confrère histoire.fr

Préparez-vous à plonger dans un voyage captivant au cœur de l’histoire avec la diffusion imminente de Francs-Maçons, l’Obsession des Dictateurs – Épisode 1 sur Histoire.fr ! Ce documentaire passionnant, prévu pour bientôt, promet de révéler les secrets d’une des persécutions les plus intrigantes du XXe siècle, et vous ne voudrez pas manquer cette occasion unique.

Dimanche 17 août 2025 À 15:25

Ce premier épisode explore une facette fascinante et troublante : pourquoi les dictateurs tels que Mussolini, Hitler et Franco ont-ils développé une obsession dévorante envers les francs-maçons ? À travers des archives rares et les analyses d’experts, vous découvrirez comment ces régimes totalitaires ont perçu la franc-maçonnerie comme une menace insidieuse, orchestrant des campagnes de persécution impitoyables. L’Italie fasciste, l’Espagne franquiste et l’Allemagne nazie ont tour à tour interdit cette société secrète, souvent avec le soutien tacite de l’Église catholique, transformant les loges maçonniques en boucs émissaires d’une supposée conspiration mondiale.

Ce documentaire ne se contente pas de narrer les faits : il vous immerge dans les coulisses de cette chasse aux francs-maçons, dévoilant les stratégies de survie de cette communauté face à la fureur des dictateurs. Avec une mise en scène soignée et des témoignages éclairants, chaque minute vous tiendra en haleine, entre tension historique et réflexion sur les dynamiques de pouvoir.

Ne laissez pas cette expérience vous échapper ! Rejoignez des milliers de curieux et d’amateurs d’histoire pour cet épisode inaugural qui pose les bases d’une série prometteuse. Consultez le site Histoire.fr pour les détails de diffusion et préparez-vous à une soirée où le passé ressuscite pour nous interroger sur notre présent. Réservez votre soirée, invitez vos proches, et plongez dans cette aventure historique qui marquera les esprits !

Produit par : GA&A
Réalisé par : Luigi Maria Perotti
Auteur : Luigi Maria Perotti et Carlo Ghiani

Année de production : 2022
Nationalité : Italie

FRANCE CULTURE : Pierre de rosette, la clé des hiéroglyphes

2

De notre confrère radiofrance.fr

L’écriture hiéroglyphique, oubliée depuis le IVe siècle, a longtemps été considérée comme purement symbolique. En 1799, la découverte de la pierre de Rosette offre un texte trilingue qui permet à Champollion de la déchiffrer. Comment la Pierre de Rosette a-t-elle changé le monde ?

Avec

  • Hélène Virenque, egyptologue
  • Laurent Coulon, egyptologue français

L’écriture hiéroglyphique, pourtant utilisée pendant plus de 3 000 ans, tombe dans l’oubli au IVᵉ siècle de notre ère. Sa nature éminemment figurative conduit les savants à la considérer, à tort, comme une écriture uniquement symbolique, ce qui anéantit toute tentative de traduction.

Il faut attendre 1799, en pleine campagne d’Égypte menée par Napoléon, pour qu’un événement change la donne : la découverte de la pierre de Rosette. Une stèle sur laquelle est gravé un même texte en trois systèmes d’écriture. C’est cette pierre qui va permettre, quelques années plus tard, à Jean-François Champollion de percer enfin le secret des hiéroglyphes. Comment la pierre a-t-elle permis de redonner vie aux hiéroglyphes ? Comment Champollion a-t-il découvert la clé pour les déchiffrer ? Comment la Pierre de Rosette a-t-elle changé le monde ?

La pierre de Rosette est un fragment de stèle gravée de l’Égypte antique portant trois versions d’un même texte qui a permis le déchiffrement des hiéroglyphes au XIXe siècle. L’inscription qu’elle comporte est un décret promulgué à Memphis par le pharaon Ptolémée V en 196 av. J.-C. Le décret est écrit en deux langues (égyptien ancien et grec ancien) et trois écritures : égyptien en hiéroglyphes, égyptien démotique et alphabet grec. La pierre a pour dimensions 112,3 × 75,7 × 28,4 cm d’épaisseur. La stèle est en granodiorite, un matériau fréquemment assimilé à tort à du basalte ou du granite.

Exposée à l’origine dans un temple, la stèle est probablement déplacée au début de l’ère chrétienne ou durant le Moyen Âge, et par la suite utilisée comme matériau de construction pour des fortifications dans la ville de Rosette, dans le delta du Nil, sur un fort rebaptisé Fort Jullien par Bonaparte en souvenir de son aide de camp Thomas Prosper Jullien mort durant la campagne d’Égypte. Elle est redécouverte, dans ce fort, le 15 juillet 1799 par le lieutenant Pierre-François-Xavier Bouchard, lors de la campagne d’Égypte de Bonaparte. Porteuse du premier texte égyptien bilingue connu, la pierre de Rosette éveille rapidement l’intérêt du public en raison de son potentiel pour la traduction des langues de l’Égypte antique jusque-là indéchiffrées. C’est à l’adjudant-général Jullien, frère de l’aide de camp de Bonaparte et commandant de la ville, que Bouchard annonce en premier, en juillet 1799, sa découverte de la pierre de Rosette et c’est lui, en tant que commandant de Rosette, qui l’adresse à l’Institut d’Égypte au Caire. Des copies et moulages circulent parmi les musées et les savants européens. Pendant ce temps, Bonaparte est défait en Égypte et la pierre originale devient une possession britannique en 1801. Transportée à Londres et exposée au British Museum dès 1802, elle est l’un des objets phares de ce musée.

La fin des Juifs de France ?

Au sein de l’Hexagone, cette terre aux contours chargés d’histoires entrelacées, où les rues parisiennes portent encore les traces des tumultes passés, une interrogation lancinante émerge, pareille à un murmure qui traverse les âges et ébranle les certitudes collectives.

Didier Long
Didier Long
La fin des Juifs de France
La fin des Juifs de France

Didier Long, cet explorateur des mondes numériques qui, après avoir navigué les eaux troubles d’une vie monastique bénédictine pendant une décennie, a redécouvert les racines juives enfouies dans les paysages corses, imprégnés de mémoires marranes, nous livre ici une réflexion forgée dans le feu d’une quête personnelle.

Ses ouvrages antérieurs, tels que Jésus le rabbin qui aimait les femmes ou L’invention du christianisme, tissent des dialogues profonds entre judaïsme et christianisme, tandis que Mémoires juives de Corse exhume les strates oubliées d’une identité insulaire, fusionnant récits historiques et explorations spirituelles en un témoignage vivant sur les croisements des fois.

Dov Maïmon
Dov Maïmon

À ses côtés, Dov Maïmon, ce stratège des relations complexes entre mondes juif et musulman, émerge comme un observateur aguerri, ayant consacré trente années à décrypter les mécanismes de l’antisémitisme, conseillant les arcanes du pouvoir israélien dans ses approches face à l’islam. Son étude sur le judaïsme européen à l’horizon 2030 dessine des cartes prospectives des destinées collectives, où se mêlent analyses géopolitiques et visions d’un avenir partagé, marquant son engagement comme un phare dans les tempêtes des relations interconfessionnelles.

Publiée sous les auspices du Cherche Midi

Cette maison d’édition française née en 1978 des aspirations de Philippe Héraclès et Jean Orizet, au cœur d’une librairie nichée dans la rue du Cherche-Midi à Paris, où la liberté individuelle s’élève en valeur cardinale, comme un étendard contre les chaînes de la conformité, l’ouvrage s’inscrit dans un catalogue qui célèbre l’audace narrative et les voix inclassables, des fictions américaines inventives aux récits qui franchissent les murs de l’imaginaire.

L'Étoile de David, symbole du judaïsme et des juifs
L’Étoile de David, symbole du judaïsme et des juifs

Dans cette œuvre commune qui pulse au rythme des angoisses contemporaines, nous nous immergeons dans une exploration minutieuse de la présence juive en France, cette communauté ancrée dans le tissu national pourtant secouée par des vents hostiles.

Les auteurs, avec une persévérance qui évoque les grands enquêteurs des époques troublées, ont parcouru les artères de la nation pendant plus d’une année, dialoguant avec ministres gardant les équilibres précaires du pouvoir, policiers affrontant les remous des quartiers sensibles, juges antiterroristes scrutant les abysses de l’extrémisme, et citoyens ordinaires dont les voix portent les échos du quotidien. Ils ont puisé dans des rapports confidentiels, ces documents gardés secrets par les services français et israéliens, pour révéler des vérités crues sur les menaces qui pèsent, transformant ainsi leur récit en un miroir tendu à une société en pleine mutation.

Mezuzah moderne

L’éruption d’actes antisémites suivant le 7 octobre 2023

Ce jour où Israël a enduré le massacre le plus meurtrier depuis la Shoah, a vu les incidents décupler en un millier de pour cent sur le sol français, marquant un basculement où les profanations – mezouzot arrachées des portes, écoles transformées en bastions gardés, noms juifs murmurés avec mépris dans les rues – ne sont plus des anomalies isolées mais les signes d’une dérive collective.

Cette lecture, que nous abordons avec une subjectivité assumée, comme si nous étions nous-mêmes témoins de ces fissures, nous conduit à travers les strates historiques qui relient les expulsions médiévales aux tragédies plus récentes, telles que les attentats de Toulouse en 2012 où des enfants ont péri dans une école juive, ou ceux de l’Hyper Cacher et du Bataclan en 2015, avec leurs cent trente victimes emportées dans un tourbillon de violence qui a ensanglanté les terrasses parisiennes et ébranlé les fondations de la convivialité nationale.

Les auteurs dépeignent une communauté de cinq cent mille âmes dont un tiers, soit cent cinquante mille personnes, se trouve en situation de vulnérabilité accrue, concentrées dans des enclaves comme Sarcelles, Créteil, Strasbourg ou Villeurbanne, où l’entrisme islamiste gagne du terrain avec une subtilité qui alarme, profitant d’une hésitation gouvernementale à interdire des organisations comme les Frères musulmans, pourtant proscrites ailleurs pour leur potentiel déstabilisateur.

Les 10 commandements
Les 10 commandements

Nous percevons dans ces pages non seulement les statistiques accablantes – sept cents attaques en 2023 contre deux cents l’année précédente, des écoles incendiées aux commerces vandalisés – mais une analyse nuancée des dynamiques sociales, où l’antisémitisme sert d’outil à des puissances étrangères comme l’Iran, la Russie ou la Chine pour fracturer une société déjà divisée, en misant sur le Juif comme fusible éternel d’un malaise plus vaste.

Plongeant plus avant dans les méandres de l’ouvrage, nous effleurons les comparaisons éclairantes avec d’autres contrées, comme le Canada où vingt-six pour cent des étudiants non juifs nourrissent une opinion négative contre cinquante-quatre pour cent en France, ou les États-Unis où le taux reste à trente-quatre pour cent, soulignant un écart qui interroge les racines éducatives et culturelles d’une détestation plus ancrée ici qu’ailleurs.

Les auteurs

En interrogeant des figures de toutes confessions, esquissent les contours d’un dialogue possible entre judaïsme et islam, cherchant les fils communs pour contrer une radicalisation qui transforme la diversité en source de discorde, et avertissent contre les pièges d’une reconnaissance hâtive d’un État palestinien qui pourrait enflammer les banlieues en renforçant les islamistes.

Pourtant, au cœur de cette densité analytique, émerge une réflexion philosophique sur l’antisémitisme non comme une fatalité inscrite dans les astres mais comme un révélateur des failles sociétales, un miroir où se reflète l’échec partiel de l’intégration et les jeux géopolitiques mondiaux qui instrumentalisent la haine pour affaiblir l’Occident.

La fin des Juifs de France, 4e de couv.
La fin des Juifs de France, 4e de couv.

Ce livre, enrichi de scénarios prospectifs…

Un exode massif vers Israël où un sursaut démographique post-traumatique symbolise la résilience, ou un regroupement en zones protégées évoquant des ghettos contemporains – ne se contente pas de décrire un déclin mais pose avec acuité la question de l’avenir, invitant à une vigilance accrue pour protéger les vulnérables face à une infiltration qui ronge les piliers de la démocratie.

Nous, en tant que lecteurs engagés dans ce récit, ressentons l’appel à une action collective, car l’indifférence, cette torpeur qui laisse prospérer les ombres, représente le vrai péril, tandis que la France, ce creuset de cultures, pourrait encore préserver son étincelle juive si l’on ravivait les flammes de la tolérance et de la solidarité.

Au-delà des fusillades récentes aux États-Unis ou des violences en Europe du Nord, l’ouvrage souligne que l’antisémitisme n’appartient pas au passé mais hante l’horizon, avec les Juifs, moins d’un pour cent de la population, servant de baromètre à une crise impliquant l’ensemble de la nation. Cette méditation nous laisse en suspens, vibrants d’une interrogation profonde sur le départ ou la résistance, où la fin potentielle se mue en appel à une renaissance partagée, un horizon à redessiner dans le silence des consciences éveillées.

La fin des Juifs de France ?
Didier Long – Dov Maïmon Le Cherche midi, 2025, 208 pages, 19,50 €

22/08/25 – Soirée inoubliable en perspective : rejoignez l’Académie Maçonnique de Bourgogne

Amis francs-maçons et Maîtres (et plus), préparez-vous à une soirée exceptionnelle ! L’Académie Maçonnique de Bourgogne vous invite chaleureusement à une réception inter-obédientielle mixte, réservée aux Soeurs et Frères Maîtres (et au-delà), qui se tiendra le vendredi 22 août 2025 à partir de 17h30 à Dijon (lieu à confirmer début août). Tenue de ville simple, sans décors, cette soirée promet des échanges riches et une immersion dans l’univers symbolique maçonnique.

Le programme s’annonce captivant avec une série de conférences sur le thème :

« Des symboliques de la Pierre »

Salle de réunion, une main levée

modérée par Philippe Fagot. À partir de 18h00, des experts tels que Robert Michelin, René A. Spitz, Hugues Juricic, Rémi Cariel, Philippe Fagot et Marc Defaut exploreront des sujets fascinants : la pierre de fondation et angulaire, la transformation de la pierre brute à la pierre cubique à pointe, les pierres dans la Bible et les traditions hébraïques, la pierre du ciel, et les pierres levées dans les traditions celtiques. Une occasion unique de plonger dans la profondeur des symboles qui animent la franc-maçonnerie !

La journée débutera à 17h30 par un accueil convivial autour d’un rafraîchissement, suivi d’un apéritif offert à 20h00. Pour clore cette belle soirée, un buffet dînatoire simple (environ 18 €, à confirmer) sera proposé à 20h30, avec un lever de séance prévu pour ne pas s’étendre trop tard. Les conjoints, même non maçons, sont les bienvenus au repas, rendant cet événement encore plus inclusif et chaleureux.

Que vous soyez adhérent 2025 de l’Académie (accès gratuit aux conférences) ou non, l’inscription est ouverte à tous les Maîtres. Les non-adhérents peuvent adhérer pour 35,00 € (bulletin en pièce jointe) ou opter pour un forfait Maître Visiteur de 20,00 €, couvrant rafraîchissement, conférences, apéritif et envoi des Actes par mail. Accompagnez-vous d’un proche (adhésion ou forfait de 20,00 € requis pour les Maîtres visiteurs) et profitez ensemble de cette expérience.

Ne manquez pas cette opportunité de renforcer les liens fraternels, d’enrichir vos connaissances et de partager un moment de convivialité. Inscrivez-vous dès maintenant en remplissant le formulaire ci-joint et envoyez-le au secrétaire, Romain Bertrand. Les places étant limitées, hâtez-vous !

Plus d’informations suivront début août pour confirmer le lieu. Nous avons hâte de vous accueillir pour une soirée mémorable sous le signe de la pierre et de la fraternité.

Les Francs-maçons du Devonshire offrent une subvention de 61 000 £ pour aider 130 familles en difficulté

De notre confrère anglais ivybridge-today.co.uk

Les Francs-maçons du Devonshire ont annoncé une généreuse donation de 61 000 £ pour venir en aide à 130 familles confrontées à des difficultés financières dans la région. Cette contribution significative, facilitée par la Fondation caritative maçonnique (MCF), vise à fournir un soutien essentiel à ceux dans le besoin, reflétant l’engagement continu de l’organisation envers le bien-être communautaire.La subvention sera distribuée à des associations caritatives locales et des groupes communautaires travaillant directement avec des familles en difficulté à travers le Devon.

Ces fonds permettront de couvrir des besoins de base tels que la nourriture, le chauffage et d’autres dépenses essentielles, offrant un soutien vital aux ménages touchés par les défis économiques. Cette initiative intervient à un moment où la hausse du coût de la vie exerce une pression supplémentaire sur les communautés vulnérables.

Nicholas Ball, responsable des Francs-Maçons du Devonshire, a souligné l’importance de cette démarche, déclarant :

« Nous sommes fiers de soutenir les familles en détresse grâce à cette subvention importante. Nos membres sont profondément engagés à avoir un impact positif dans le Devon, et cette donation en est une preuve concrète. »

La MCF, financée par les francs-maçons, leurs familles et leurs amis en Angleterre et au Pays de Galles, joue un rôle clé dans la redistribution de ces ressources vers les zones les plus nécessiteuses.Les organisations locales bénéficiaires de ces fonds ont exprimé leur gratitude pour ce soutien. Un représentant d’une association a déclaré :

« Cette donation fera une réelle différence pour les familles que nous accompagnons, leur offrant un peu plus de stabilité dans ces moments difficiles. »

Le processus d’allocation a été soigneusement coordonné pour garantir que l’argent parvienne à ceux qui en ont le plus besoin, avec un accent mis sur la transparence et l’efficacité.Cette dernière contribution s’ajoute à l’historique généreux des dons caritatifs des Francs-Maçons dans le Devon.

Au fil des années, l’organisation a soutenu une vaste gamme de causes, allant des programmes pour la jeunesse aux initiatives de santé, démontrant un effort constant pour améliorer la communauté. La subvention de 61 000 £ renforce leur mission continue d’adresser les besoins sociaux urgents.Pour plus d’informations sur les Francs-maçons du Devonshire et leurs activités caritatives, les lecteurs intéressés peuvent consulter le site officiel.

FRANCE CULTURE : Le Grand Orient de France veut constitutionnaliser les 2 premiers articles de la loi de 1905

5

De notre confrère radiofrance.fr

Ce dimanche 3 août 2025 France Culture rediffusait l’émission du dimanche 4 mai dernier. C’est l’occasion de vous présenter cette émission.

Le grand maître du Grand Orient de France, Nicolas Penin, est notre invité ce matin. Il analyse les raisons pour lesquelles la principale obédience française s’engage pour inscrire dans la constitution les deux premiers articles de la loi de séparation des églises et de l’État.

L’objectif de cette initiative, a expliqué Nicolas Penin, est de défendre la liberté de conscience, mise en danger par les obscurantismes, ainsi qu’une laïcité non édulcorée. Il a pris l’exemple des États-Unis, soulignant que la liberté républicaine est toujours un acquis précaire, à la merci de l’arbitraire d’un pouvoir illibéral.

En deuxième partie d’émission, interrogé sur les outre-mer, Nicolas Penin a souligné le rôle fondamental des ateliers maçonniques dans les départements et collectivités ultramarins pour refonder avec le ministre d’Etat Manuel Valls l’articulation entre ces territoires et la métropole.

Comment la maçonnologie sert de paravent à la perte de spiritualité dans la Franc-maçonnerie ?

La maçonnologie, discipline universitaire étudiant la Franc-maçonnerie à travers des approches historiques, sociologiques, philosophiques et culturelles, trouve ses racines au XIXe siècle, notamment avec l’école historico-critique de Tübingen en Allemagne. Elle vise à analyser le phénomène maçonnique avec rigueur, dépassant les mythes – comme celui d’une influence directe sur la Révolution française – pour éclaircir son évolution et ses pratiques.

Pierre Mollier

En France, malgré des résistances dues aux tensions idéologiques entre détracteurs et défenseurs, des figures comme Roger Dachez, Pierre Mollier… en France, ou encore Luc Nefontaine en Belgique, ainsi que des organismes comme l’Institut maçonnique de France, ont contribué à son essor. Fondée sur l’examen des archives et des rituels, elle offre une grille de lecture académique, mais se heurte parfois à la richesse symbolique et ésotérique des sources internes.

Au cœur de la franc-maçonnerie, le travail sur les symboles, transmis par les rituels, constitue une pratique spirituelle essentielle. Ces rituels, hérités des corporations médiévales de maçons, utilisent des outils comme l’équerre ou le compas pour symboliser des valeurs morales et spirituelles : l’équilibre, l’harmonie, la quête intérieure. L’historiographie montre que cette symbolique, explorée depuis les premières Constitutions de James Anderson (1723), vise à initier les membres à une transformation personnelle, reliant le matériel à l’esprit. Ce processus, ancré dans une tradition ésotérique, est censé nourrir une spiritualité vivante, où chaque symbole devient un miroir de l’âme et un guide vers l’humanisme.

Cependant, un glissement inquiétant semble s’être opéré : la théorie a pris le pas sur la pratique.

La maçonnologie, en rationalisant et intellectualisant l’étude de la franc-maçonnerie, risque de détourner l’attention de son essence spirituelle au profit d’analyses académiques. Cette tendance est illustrée par un article du Figaro Magazine du 1er juillet 2025, qui se concentre exclusivement sur des débats maçonnologiques – histoire, régularité, sociologie – sans aborder le sens concret des rituels ou leur impact spirituel.

En se focalisant sur les discours savants, cet article masque l’utilité pratique de la franc-maçonnerie, comme son rôle dans la charité ou l’épanouissement personnel, au profit d’une approche distante qui érode la dimension initiatique. Cette intellectualisation excessive pourrait ainsi contribuer à une perte de spiritualité en amplifiant ainsi les méfaits du matérialisme, transformant une quête intérieure en simple objet d’étude.

Mais le tort causé par la maçonnologie va encore plus loin, notamment pour les maçons spéculatifs dont le travail repose sur le symbolisme vivant. En réduisant la franc-maçonnerie à un objet d’étude théorique, la maçonnologie prive ces maçons de l’expérience initiatique qui donne tout son sens à leur pratique. Si la maçonnologie est destinée à nourrir l’esprit par l’analyse intellectuelle, elle rend inutile, voire obsolète, l’initiation en loge.

Erudit dans sa bibliothèque

Un érudit, un « rat de bibliothèque », peut devenir un excellent maçonnologue sans jamais franchir le seuil d’une loge, accumulant des savoirs livresques sans jamais saisir l’essence de la fraternité maçonnique.

Pourtant, cette fraternité ne s’apprend pas dans les pages jaunies d’un traité : elle se vit, se ressent dans les échanges, les silences et les rituels partagés.

De plus, la maçonnologie ignore les dimensions profondes que seul un long travail symbolique peut révéler. Prenons le principe d’abstraction : il ne s’acquiert pas par la lecture, mais par une pratique assidue qui permet au maçon de transcender les apparences matérielles pour atteindre une compréhension universelle. De même, la palingénésie – cette renaissance spirituelle que peut ressentir un Maître maçon après des années d’initiation – est une expérience intime, impossible à théoriser ou à enseigner hors du cadre vivant de la loge. Le principe de substitution, où chaque symbole remplace un autre dans une quête de sens, échappe également aux livres : il naît de l’intuition et de l’engagement personnel, non d’une dissection académique.

Enfin, la maçonnologie occulte les expériences vécues qui forment le cœur de la franc-maçonnerie : les émotions partagées lors d’une tenue, les liens fraternels forgés dans l’adversité, la méditation collective sur les symboles ou la Fraternité. Ces moments, imprégnés de spiritualité, ne peuvent être réduits à des analyses historiques ou sociologiques.

En privilégiant la théorie, la maçonnologie risque de transformer les maçons spéculatifs en simples observateurs, déconnectés de la pratique qui donne vie à leur art. Ainsi, loin de renforcer la franc-maçonnerie, elle pourrait bien contribuer à sa sécularisation, vidant de sens une tradition qui, depuis des siècles, repose sur l’expérience vécue plutôt que sur la seule érudition.

Pour comprendre la différence entre la théorie et la pratique : « Will Hunting » avec Robin Williams et Matt demon

Cette scène résume la différence entre le savoir et le connaître.

Escape Game Maçonnique : « Symboles cachés de Sibiu – Le mystère franc-maçon »

Du site eventbrite.com – Par Questo – Jeux et visites d’exploration en plein air 

Promenez-vous dans le riche paysage culturel de la ville, résolvez des énigmes et suivez des indices cryptiques qui révèlent l’héritage mystérieux des francs-maçons. Il s’agit d’un jeu d’exploration autoguidé en plein air qui prendra jusqu’à ⏲️ 2 heures et 🚶‍♂️ 3 000 pas (2 km) et vous en apprendra plus sur l’histoire franc-maçonne de Sibiu que toutes les leçons de votre école ! Vous visiterez 13 lieux emblématiques, trouverez des indices, déchiffrerez des codes, résoudrez des énigmes et apprendrez des faits historiques amusants sur les principales attractions de la région.

À propos de cet événement

Bienvenue à Sibiu, au cœur de la Transylvanie, où rues pavées et façades anciennes vous dévoilent des secrets des siècles passés. Aujourd’hui, vous êtes choisi comme chercheur de symboles, chargé de découvrir les traces cachées laissées par les francs-maçons. Leurs marques sont partout… si vous savez où chercher. Promenez-vous dans le riche paysage culturel de la ville , résolvez des énigmes réalistes et suivez des indices énigmatiques qui révèlent l’héritage mystérieux de ces bâtisseurs secrets. Ce voyage est idéal pour les esprits curieux, les amis et les familles en quête de connexion et de découverte. Entrez dans l’ombre de l’histoire, ouvrez les yeux sur l’invisible et laissez les secrets de Sibiu se révéler, un symbole à la fois. C’est plus qu’une promenade , c’est un voyage dans l’histoire, la connexion et l’aventure.

Lieu

1 Piața Mică 557260 Sibiu Roumanie

COMMENT ÇA MARCHE

Ce jeu est parfait pour tous : aventuriers solitaires, couples, groupes d’amis et même familles avec enfants ! Laissez-vous guider par l’ application mobile Questo sur votre smartphone et explorez les lieux les plus emblématiques des rues de Sibiu . L’expérience est 100 % privée et vous n’avez besoin de rien d’autre que de votre téléphone et de votre âme d’aventurier !


1. Achetez vos billets et vérifiez l’e-mail de confirmation 🎫

2. Téléchargez l’ application Questo sur votre smartphone 📲, connectez-vous avec votre e-mail et trouvez le jeu dans votre page de profil 🔓.

3. Rendez-vous au point de départ et commencez l’activité. N’ENTREZ PAS DANS LES BÂTIMENTS ! L’activité se déroule en extérieur et l’ application Questo vous guidera tout au long du parcours.📍

À propos de Questo

Questo est votre billet pour une aventure authentique, mêlant narration et exploration palpitante ! 🌍✨ Propulsés par des créateurs locaux, nos jeux immersifs et autoguidés sont disponibles dans plus de 500 villes à travers le monde . Rejoignez plus d’un million d’explorateurs qui ont transformé de simples promenades en quêtes épiques ! 🗺️🔎 Découvrez des trésors cachés, résolvez des énigmes amusantes et créez des souvenirs inoubliables en chemin.

Prêt à vous lancer ? Lancez-vous dès maintenant sur www.questoapp.com !

💡 Vous débutez sur Questo ? Consultez notre Guide du joueur pour tout savoir avant de commencer !

La mesure de la Spiritualité

La Spiritualité est une activité mentale comme le sport est une activité physique. Il y a plusieurs types de spiritualités comme il y a plusieurs sports mobilisant l’énergie du corps dans leur pratique. Il faut sortir l’être spirituel de la dimension abstraite et passive où le cantonnent les grandes religions occidentales, et lui reconnaître une dimension concrète et active, où l’esprit et l’énergie du corps se dynamisent mutuellement et concourent au développement du fruit de leur union.

En orient c’est une évidence où les hindouistes conjuguent leur adhésion aux principes et aux déités hindoues avec la pratique de yogas mobilisant à la fois l’esprit et le corps.

Il y a ainsi en orient autant de spiritualités actives qu’il y a de praticiens, les hommes et les femmes développant leur propre dimension spirituelle tout en évoluant ensemble dans une même matrice globale sans fondateur ni dogme, ni institution cléricale imposés. En occident c’est tout l’inverse, le corps étant subordonné à un esprit dictant ses dogmes à la terre entière « sans prendre de gants ». Les Maçonnes et Maçons, esprits insubordonnés de cette pensée occidentale, « mettent des gants » au contraire pour appréhender, saisir, et comprendre le monde dans lequel ils évoluent. Ces gants qui recouvrent leurs mains leur permettent de garder une certaine distance avec tout ce qu’ils saisissent physiquement et intellectuellement, et de développer individuellement et collectivement leur connaissance du monde et d’eux-mêmes.

Cette connaissance peut s’exercer dans tous les domaines de la philosophie, des sciences et des arts, au fondement des trois piliers Sagesse, Force, et Beauté d’une Loge au travail, et renforcer le pied des colonnes qui les symbolisent, mais sans pour autant déclencher l’élévation spirituelle des Maçonnes et Maçons dans leurs propres colonnes. Car ce processus d’élévation dépend de leur désir et de leur volonté de s’élever spirituellement.

Ils doivent croire à la devise de la Dame à la Licorne « À MON SEUL DÉSIR », inscrite sur une tapisserie du XVè siècle du musée de Cluny à Paris, et il leur faut intérioriser l’existence symbolique de ces colonnes en eux-mêmes pour déclencher leur développement. Pour y parvenir, deux voies s’offrent à eux : la voie longue est celle de l’assiduité aux tenues et de la contemplation des colonnes qui s’ancrent peu à peu dans leur imaginaire, y prennent racine et s’y développent ; la voie courte accélère cette intériorisation par des visualisations et l’intégration en soi-même de constructions géométriques.

Le grand Initié Henri Vincenot raconte cette aventure spirituelle intérieure dans son livre Les Étoiles de Compostelle, en commençant par le tracé du pentagramme dans lequel s’inscrit l’Étoile flamboyante des Compagnons et son Nombre d’Or. Un maître du Trait, maître Gallo, dit ainsi à son apprenti Jehan :  » C’est la divine proportion qui commande toute la construction de nos édifices. Souviens-toi bien de cela, lapin ! Voilà pourquoi je t’ai chanté l’autre jour : Cinq engendre le Nombre d’Or, il ouvre la Divine Proportion. Et bien mieux : si le pentagramme équilatère contient le Nombre d’Or, réciproquement il est aussi engendré par lui …

Et il reconstruisit un triangle d’or AOC, traça en pointillé la médiane de l’angle O, construisit sa perpendiculaire EF, plaça la pointe de son compas en E et traça l’arc FG. Piquant ensuite la pointe de son compas en F, il traça l’arc EH et s’écria comme s’il avait vaincu Lucifer en personne : Et je dis que GEFH donne les trois côtés du pentagramme ! Et c’est un jeu de construire ensuite le point I, un lapin de dix-huit ans doit comprendre cela.

« Jéhan béait d’étonnement devant l’aisance de la démonstration. Il eût voulu qu’il continuât indéfiniment, car cela lui donnait un vertige. Le grand Gallo s’élevait, comme d’un coup d’aile, et baignant dans une sorte d’aura, d’une voix que Jehan ne lui avait jamais entendue, disait : Notre Nombre d’Or est privilégié et prééminent autant que dire se peut, en raison de son pouvoir infini. De même que la sublime proportion qu’il te faut bien caser dans le bon coin de ta cervelle. Parce qu’en vérité un très grand nombre de choses dignes d’admiration au plus haut point, tant en philosophie qu’en toute autre science, ne pourra jamais sans eux parvenir à la lumière. Ce don leur est certainement concédé par la nature immuable des principes supérieurs, parce qu’elle les accorde entre eux en une irrationnelle symphonie. »

Ces Architectes et ces Compagnons pratiquaient ainsi l’Art du Trait, à la fois pour figurer l’action des forces dans la nature et se préparer à intégrer en eux-mêmes l’action de ces forces et canaliser leur énergie. Ils pouvaient même pré-figurer leurs propres transformations spirituelles intérieures en visualisant les structures géométriques qui les symbolisent, en particulier le passage du cercle en 2D à la sphère en 3D,

et les tracés dans la sphère des cinq solides de Platon. C’est en marchant, notamment en effectuant leur Tour de France, qu’ils visualisaient mentalement ces tracés et en intégraient les vertus, car un tracé à la règle et au compas est un sillon canalisant les pensées et les énergies qui le parcourent et cristallisant leurs vertus. Leurs tracés parsemaient ainsi leur mémoire des principes actifs de ces cristaux pleins de vertus intellectuelles et morales, et les transformaient en êtres responsables se dotant par soi-même d’une vie spirituelle autonome.

Le tracé du Nombre d’Or à partir d’un carré, symbole d’une assise matérielle équilibrée, est l’illustration de cette activité intérieure procédant par étapes pour passer de la perception rationnelle du monde dans son épaisseur à l’aperception irrationnelle de sa transparence. Le Compagnon commence par transformer son imaginaire en planche à tracer. Puis il trace un carré, et s’attache au côté inférieur et aux deux points qui le délimitent, symbole de l’unité de la connaissance horizontale. Alors, il fixe de son regard l’un de ces points et prend du recul jusqu’à la moitié du trait, comme en ajustant la vision d’un télescope. Puis son regard s’élève en ligne droite verticalement et se projette jusqu’au point supérieur du côté vertical du carré, symbole de la conscience en élévation. Alors, il trace un arc de cercle de ce point supérieur à la droite prolongeant le premier côté du carré, symbole du désir concret d’élargir le cercle de ses connaissances. Le point d’intersection de l’arc de cercle et de cette droite crée un deuxième segment de droite, qui, mis en rapport avec le premier, donne le Nombre d’Or.

Ce tracé effectué mentalement conjugue ainsi la ligne droite et l’arc de cercle, la règle et le compas, l’assise horizontale de la connaissance matérielle et la projection verticale dans la conscience spirituelle, le recul et la projection du regard. Il permet surtout de conjuguer dans une même opération des fonctions mentales qui relèvent des cerveaux gauche et droit. L’irrationnelle symphonie contée par Henri Vincenot est écrite en eux-mêmes par les hommes et les femmes devenus responsables de leur existence à force d’activer et croiser les pensées de leurs deux cerveaux et leurs fonctions spécifiques. Le cerveau gauche est dévolu à la logique, au calcul, au langage, à l’écriture, à la rationalité et au système binaire, et le cerveau droit à l’intuition, à la créativité et à l’imagination.

C’est ainsi que les Maçonnes et Maçons peuvent devenir des agitateurs en puissance qui génèrent non seulement des bouillonnements d’idées mais déclenchent aussi en eux-mêmes des réactions physico-chimiques en chaînes qui démultiplient leur énergie. Connaître c’est renaître en agitateur et en régulateur, en passeur et en gardien de toute connaissance, qu’elle soit traditionnelle, phiosophique, scientifique, ou artistique.

C’est surtout désirer connaître, pour que le souffle du désir transforme l’arc de cercle de cette construction du Nombre d’Or en spinnaker de voilier en mouvement, porté par une irrésistible soif de connaître le monde et de se connaître soi-même, et de mettre ainsi « en regard » le monde fini déterminé et l’univers infini indéterminé, le connu et l’inconnu.

Il faut du courage pour affronter cet univers inconnu vers lequel le désir d’être soi-même propulse irrésistiblement, pour larguer des amarres bien ancrées dans un monde connu et confortable physiquement et intellectuellement. Pourquoi toujours et encore aspirer à cet inconnu, au-delà du bien-être présent dans la matérialité ? Parce que le bien-être spirituel a vocation à compléter harmonieusement et couronner l’existence dans sa globalité. Et surtout l’élévation spirituelle établit une relation active entre soi-même ici-bas et une dimension incommensurable à la fois en soi et au-delà de soi, favorisant et « autorisant ou non » cette élévation symbolisée par les degrés atteints par les Maçonnes et Maçons. Autrement dit, plus on s’élève spirituellement, moins on est seul(e).

Cet au-delà lumineux est symbolisé au deuxième degré par une étoile à cinq branches dont les pointes sont reliées entre elles et s’inscrivent dans un pentagramme et dans un cercle. Du centre de l’étoile est appelée à transparaître, dans un temps indéterminé,

cette dimension divine de l’être spirituel symbolisée par un G signifiant God, Dieu, mais aussi Géométrie, l’un et l’autre signifiant à la fois le moyen et la fin d’un même cheminement spirituel d’élévation dans la dimension divine de l’existence.