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Lieu symbolique : La loge maçonnique de Colmar (Haut-Rhin)

Colmar est une commune française située dans la collectivité européenne d’Alsace, dans la région Grand Est. Préfecture du Haut-Rhin, elle compte un peu plus de 70 000 habitants, ce qui en fait la troisième commune la plus peuplée d’Alsace après Strasbourg et Mulhouse.

La ville de Colmar est mentionnée pour la première fois au IXe siècle. Elle a été une ville libre du Saint-Empire et membre de la Décapole, ce qui lui a permis de se développer rapidement à la fin du Moyen Âge et durant la Renaissance. Bien que protégée par des remparts, Colmar a souffert des troubles de la Réforme, de la guerre des Paysans et de la guerre de Trente Ans, après laquelle elle a été annexée par la France. En 1871, elle a été cédée à l’Empire allemand puis réintégrée à la France en 1918 après l’armistice.

Colmar possède un riche patrimoine architectural, incluant une ancienne collégiale, plusieurs couvents, un théâtre remarquable, des canaux pittoresques connus sous le nom de Petite Venise, et des maisons médiévales. La ville est au cœur du vignoble alsacien et proche du piémont vosgien, bénéficiant d’un climat propice à la viticulture, d’où son surnom de « capitale des vins d’Alsace ». Elle abrite également le musée Unterlinden, connu pour le retable d’Issenheim, et est la ville natale du frère Auguste Bartholdi, créateur de la statue de la Liberté à New York, et de Jean-Jacques Waltz, dit Hansi.

Historique de la construction de la loge de Colmar

Kaiser Wilhelm II of Germany, en 1902

Sis au 37 avenue Georges Clemenceau, le temple abritant la loge de Colmar a été édifiée entre 1905 et 1906 grâce aux fonds personnels de Guillaume II (1859-1941) – membre de la maison de Hohenzollern et troisième et dernier empereur allemand (Deutscher Kaiser) ainsi que le neuvième roi de Prusse, de 1888 à son abdication en 1918. Le rez-de-chaussée abrite le « temple républicain » où se réunit la loge « Clemenceau », l’une des six loges des lieux. Le temple maçonnique proprement dit se situe au premier étage. Une pierre insérée dans la façade indique la date de construction et le nom du conducteur de travaux, Ziegler. Bien que le nom de l’architecte Rothacker soit partiellement effacé, les premières lettres sont encore discernables.

La biographie de Richard Rothacker , architecte

Richard Rothacker est connu pour avoir conçu la loge de Colmar. Les plans de ce bâtiment ont été signés en juillet 1904 à Strasbourg et l’édification, comme précisé supra, s’est déroulée entre 1905 et 1906. La loge avec son style distinctif et ses nombreux symboles maçonniques, reste un témoignage important de l’architecture de cette époque en Alsace.

Ses contributions architecturales

Richard Rothacker a laissé une empreinte durable grâce à son rôle dans l’architecture publique et maçonnique. Ses travaux reflètent une combinaison d’influences impériales et républicaines, intégrant des éléments symboliques forts dans les structures qu’il a conçues.

Sa reconnaissance… éternelle ?

Les plans et les travaux de Richard Rothacker sont archivés et reconnus pour leur valeur historique et architecturale. Le bâtiment lui-même est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 2007, ce qui souligne l’importance de son œuvre.

Son influence

L’œuvre de Richard Rothacker continue d’être étudiée et admirée pour sa contribution à l’architecture maçonnique et publique en Alsace, témoignant de l’esthétique et des techniques de construction du début du XXe siècle.

Richard Rothacker demeure une figure respectée dans le domaine de l’architecture, particulièrement pour son rôle dans la conception de bâtiments symboliquement et historiquement significatifs.

Richard Rothacker, fils de la lumière ?

Il n’existe pas de preuves ni de documents spécifiques indiquant que Richard Rothacker était lui-même franc-maçon. Son rôle principal en tant qu’architecte de la Loge maçonnique de Colmar semble avoir été purement professionnel, se concentrant sur la conception et la construction de bâtiments importants. La participation à la franc-maçonnerie, en tant que membre, n’est pas attestée dans les informations disponibles sur lui.

Les archives disponibles et les documents historiques sur Richard Rothacker mentionnent principalement son rôle en tant qu’inspecteur royal des bâtiments et son implication dans la création de la loge de Colmar, sans détails supplémentaires sur son appartenance à la franc-maçonnerie.

Le descriptif architectural du temple

Le bâtiment, de forme carrée, comprend un avant-corps décentré vers la rue et une tourelle d’escalier vers la cour. Les baies des grandes salles de réunion à l’étage et de l’escalier sont ornées de vitraux. Ces vitraux, ainsi que le décor sculpté et peint, reproduisent des symboles maçonniques. Le bâtiment a été ouvert plusieurs fois lors des Journées européennes du patrimoine, permettant aux visiteurs de découvrir différents symboles maçonniques tels que la corde à nœuds (symbole de fraternité universelle), l’équerre et le compas (symboles de la raison), et l’épée (signe d’égalité).

Les symboles et inscriptions

La façade de l’immeuble comporte diverses inscriptions et symboles maçonniques. Au sommet du fronton, entourant le compas et l’équerre, on trouve les inscriptions « O. DE COLMAR. G.O.D.F.L. LA FIDELITE » et les lettres des points cardinaux. Le compas est répété dans l’angle de gauche et l’équerre dans celui de droite, tandis que l’œil de la providence couronne le tout.

Les plans et archives

Les plans du bâtiment sont signés en juillet 1904 à Strasbourg par l’inspecteur royal des bâtiments Richard Rothacker (kgl. Bauinspektor, königlich signifiant royal). Ces archives comprennent des plans, des dessins en perspective, des coupes et des plans de masse de la loge.

Le projet de réaménagement

En 2001, le cabinet d’architecture Alter Ego a été chargé d’un projet de restructuration et de réaménagement du bâtiment. Un ascenseur a été installé à l’arrière près de la tourelle d’angle.

L’inscription aux Monuments Historiques

L’immeuble a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté du 9 février 2007.

Le bâtiment carré comprend un avant-corps décentré vers la rue, et une tourelle d’escalier vers la cour. Les baies de grandes salles de réunion à l’étage et de l’escalier s’ornent de vitraux. Ces vitraux, de même que le décor sculpté et peint, reproduisent des symboles maçonniques.

Cette inscription inclut l’immeuble en totalité, sa grille, son mur de clôture, ainsi que les huisseries et les éléments immeubles par destination.  Nous nous sommes fondées sur les références suivantes : archives de la ville de Colmar (Bibliothèque) et le site Internet du ministère de la Culture POP : la plateforme ouverte du patrimoine – Notice n°PA68000048, consulté le 14 juillet 2024.

Le temple maçonnique de Colmar est un témoignage précieux de l’architecture et de l’histoire maçonnique en Alsace, reflétant à la fois les influences impériales et républicaines de son époque.

Sources : Archi Wiki ; Monumentum-Carte des Monuments Historiques français ; ministère de la culture

Matthieu 7:7 « Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira. »

Francs-maçons qu’avons-nous raté ?

Élection après élection nous voyons se déliter nos sociétés, monter le sectarisme et la radicalité, l’extrémisme, le dogmatisme, le communautarisme, le rejet de l’autre. Le fossé se creuse entre ces déchirements qui s’opèrent sous nos yeux et ce que nous prétendons appeler de nos vœux : l’amélioration matérielle et morale, le perfectionnement intellectuel et social de l’humanité. Sans compter : la concorde universelle, le respect des autres et de soi-même, la République universelle….

Est-ce encore notre ambition ou avons-nous renoncé ? Ou bien avons-nous échoué ? Sommes-nous en train d’échouer ? 

Un peu partout en Europe, mais particulièrement chez nous, les dirigeants politiques se montrent incapables de trouver des points d’accord qui permettraient de réunir des forces suffisantes pour agir. Trop occupés à vouloir faire triompher leur propre point de vue.

Chacun s’engage dans une guerre contre les autres où tous les coups sont permis : mauvaise foi, travestissement de la vérité, attaques ad hominem, petites manœuvres.

Notre démocratie est en péril, elle s’enfonce. Elles se fragmentent, ces sociétés, elles ne cherchent plus à faire nation, ni région ni village, pas même cour d’immeuble, maison ou famille. Elles font “moi”, juxtaposition de”moi”, chacun revendiquant pour soi-même la plus grande attention, les plus grands égards, mais les refusant aux autres. Tout ce qui semblait fonder la République indivisible, laïque, démocratique et sociale, selon l’article 1er de la Constitution de 58, semble n’avoir plus cours. 

Attaquées de l’intérieur, nos sociétés occidentales le sont encore davantage de l’extérieur, contestées par les régimes autoritaires qui nous reprochent notre faiblesse et notre incapacité à agir face aux enjeux du monde. Mais aussi notre décadence, notre absence quasi totale de valeurs morales. C’est presque sur le même argument que les tenants de l’islam politique nous combattent et cherchent à nous détruire. Sans complaisance aucune vis-à-vis d’eux, il faut bien reconnaître que beaucoup de leurs critiques mériteraient d’être prises en considération, au moins pour les examiner. Car si elles n’avaient aucun fondement, elles n’auraient pas autant de succès.

En voici quelques-unes. Nous serions les champions du : deux poids deux mesures, de l’hypocrisie, du divorce entre les principes qu’on prétend défendre (démocratie, droits de l’homme) et nos pratiques au quotidien (impérialisme, domination économique). Sourds aux critiques qui remontent notamment des pays du Sud, nous continuons de nous enfermer dans nos certitudes occidentales de nous croire encore les Lumières du monde. Mais nous n’éclairons plus grand chose, le centre du monde s’est déplacé ailleurs, pendant que nous continuons de nous regarder dans le miroir. Notre mode de vie occidental est de moins en moins un modèle enviable aux yeux des autres.

Qu’en est-il des valeurs que nous avons voulu partager avec le monde ? L’universalisme est contesté par ceux qui lui opposent le communautarisme, dernier refuge à leur yeux, seule protection quand la nation est défaillante et l’Europe une vaste machine à déréguler. L’universalisme est vue comme une uniformisation qui exigerait de chacun qu’il se noie dans la masse. Nous savons que ce n’est pas vrai, mais personne ne nous écoute. Nous croyons encore en ses vertus mais nous sommes de plus en plus seuls. Est-ce que les valeurs que nous avons élaborées au XVIIIe siècle font encore sens aujourd’hui ? Et la laïcité ? Elle devait être la liberté de conscience, elle est ressentie comme une attaque contre les croyances religieuses. Reprise presque uniquement par l’extrême droite pour justifier l’intolérance. Il est vrai que ceux-là même qui en avaient fait la promotion au XIXe siècle ont été les premiers à l’abandonner, les premiers à accepter toutes les injonctions catégorielles même les plus dogmatiques, même les plus attentatoires à la liberté ou à l’égalité.

Nous continuons d’invoquer nos valeurs comme des mantras, comme si, à force de les répéter, elles pouvaient, comme par magie, reprendre de la force.

Mais le message ne passe plus, nous sommes en train de perdre cette bataille. 

Qu’avons-nous raté ? Mais d’abord, sommes-nous responsables de cette situation ? Ce serait une bien grande responsabilité pour une si petite société que nous sommes : 150 000 francs-maçons parmi 68 millions de français. Et pourtant, cette responsabilité, nous ne pouvons pas la récuser, car elle est notre essence même. Si nous ne sommes pas capables d’améliorer l’homme et la société, à quoi servons-nous ? Que nous nous réclamions de ceux qui pensent qu’il faut se concentrer sur l’amélioration de soi-même, et que par contrecoup, la société s’en trouvera mieux. Ou bien de ceux qui pensent qu’il faut mettre les mains dans le cambouis et que les francs maçons ont vocation à se mêler directement des affaires de la société. Dans les deux cas, c’est un échec. 

Nous qui revendiquons, à tort ou à raison, d’avoir joué un rôle majeur dans la Révolution de 1789, dans la Commune de Paris, dans la fondation de la IIIème République, dans la Résistance, dans la reconstruction de la République après la Libération, depuis combien de temps n’avons-nous pas sorti une idée nouvelle, une qui soit porteuse d’espoir pour l’humanité ? Ou une initiative, un projet, une réalisation concrète ?

Sommes-nous présents et actifs dans les grandes révolutions qui bouleversent nos sociétés : la révolution numérique, la révolution féministe, la révolution écologique ? Y jouons-nous un rôle moteur ou courons-nous derrière, en brandissant des étendards d’un autre âge? 

Nous n’avons pas réussi à transformer le monde. Mais il y a quelque chose de pire que de ne pas avoir réussi : avons-nous réellement essayé ? La plupart des écrits que nous produisons sont destinés à d’autres francs-maçons, dans le meilleur des cas. Chaque année le Grand Orient de France publie une synthèse des travaux portant sur les 6 questions à l’étude des loges. Les 1640 loges du GODF sont censées avoir travaillé ces questions, puis adresser une synthèse à leur congrès régional qui réalise une synthèse de synthèse, puis les synthèses de synthèses des 17 régions sont compilées au niveau national pour donner un ouvrage de deux cents pages, distribué aux délégués du Convent.

Combien vont simplement l’ouvrir ? Un sur trois ? Nous organisons des colloques, des événements, des rencontres, des Utopiales. On y trouve 80% de maçons venus discuter entre maçons de choses qui intéressent les maçons. Ça ne fait pas beaucoup de bruit à l’extérieur. Comment pourrions-nous avoir un impact sur le monde ? 

Qu’avons-nous raté, nous qui prétendons améliorer la société et qui la voyons s’éloigner de plus en plus des idéaux que nous défendons ? Il n’est pas question de prétendre qu’on trouvera ici les réponses. C’est à chacun de s’emparer de ce questionnement, s’il le juge pertinent, et d’engager son propre travail de réflexion. Pour ma part, je vois quelques pistes pour commencer.

Nous sommes beaucoup trop centrés sur le passé. La plupart de nos productions consistent à réaffirmer des principes ou des valeurs qui ont brillé autrefois et que nous croyons devoir conserver. C’est une position défensive et conservatrice. Pas constructive. Les Utopiales 2024 du GODF avaient pour thème Résister. Pas : Reconstruire. Pas : Bâtir du nouveau. Non : tenter de conserver ce qui nous échappe. Et si nous recommencions à imaginer des avenirs possibles. Après tout, nous savons bien que le monde a besoin d’être réinventé en profondeur. 

Nous sommes beaucoup trop centrés sur nous-mêmes. La franc-maçonnerie est un écosystème fermé. La quasi totalité des échanges et des interactions est tournée vers l’intérieur. Cela avait du sens au XVIIIe siècle dans une société totalement verrouillée où chacun se voyait assigner une place par sa naissance. Cela condamne à l’impuissance dans des sociétés ouvertes comme les nôtres qui fonctionnent en réseaux. Les articulations que nous avions avec le monde sont devenues obsolètes. Nous avons besoin de nouvelles relations entre l’intérieur et l’extérieur. Et si nous allions à la rencontre des gens ? Et si nous apprenions à travailler avec eux ? Pas “à côté”, pas “au-dessus”, pas “ailleurs”. Avec eux.

Nous sommes beaucoup trop bardés de certitudes. Pour des gens qui prétendent travailler sur eux-mêmes, il est étonnant de voir le nombre de dogmes que nous nous contentons de réaffirmer et que nous n’acceptons pas de voir mis en discussion.

À commencer par la laïcité, ou encore la République, et bien sûr l’universalisme. De quoi avons-nous peur ? S’ils ne résistent pas à la discussion, c’est qu’ils ne méritent pas d’être conservés. Si au contraire, ils résistent, ils en sortiront renforcés et renouvelés. 

Nous nous cantonnons dans une attitude de prise de parole. “Nous parlons et vous écoutez”. Lorsque nous organisons des évènements, lorsque nous éditons, c’est pour diffuser la production intellectuelle des francs maçons. Je crois fermement que les gens n’en peuvent plus des leçons de morale permanentes des politiques, des médias, des militants de tous bords, des professeurs, des réseaux sociaux… Une voix de plus dans cette cacophonie moralisatrice n’a aucune chance d’être audible.

Et si nous reprenions tout depuis le début ? Si nous recommencions à pratiquer ce que nous avons appris à faire en entrant en franc-maçonnerie : nous taire pour pouvoir écouter ? Nous disposons de savoir-faire qui sont, plus que jamais, indispensables à nos sociétés : la capacité d’échanger des idées et de réfléchir ensemble sans que cela tourne à l’affrontement de personnes.

Qu’attendons-nous pour partager ces pratiques à l’extérieur ? 

Protestation à la GL de Cuba pour élire un nouveau Grand Maître

De notre confrère cubain cibercuba.com

Les maçons se sont présentés avec l’intention de communiquer à Mario Urquía Carreño leur avis sur l’illégitimité de son poste et de négocier son départ du bureau qu’il a usurpé avec l’aide de l’appareil répressif de l’État.

Un fait sans précédent dans l’histoire de la franc-maçonnerie cubaine, des dizaines de frères se sont réunis ce mardi à la Grande Loge de Cuba pour protester contre la restitution par le ministère de la Justice de Mario Urquía Carreño en tant que Grand Maître de l’Ordre.

Urquía Carreño, qui a été démis de ses fonctions au début de l’année par les propres maçons, après la disparition de 19 000 dollars de l’Asilo Nacional Masónico, a fait appel aux autorités judiciaires du régime cubain qui ont décidé de le rétablir dans ses fonctions.

Le fait a provoqué une fracture au sein de l’Ordre en supposant le mépris de la volonté des plus de 300 loges du pays qui ont convenu de l’expulsion d’Urquía Carreño, et une imposition du pouvoir judiciaire du régime cubain qui a annulé la désignation de Juan Alberto Kessel Linares en tant que Grand Maître, comme l’ont exprimé les francs-maçons de manière majoritaire.

Après la décision des tribunaux, la communauté maçonnique de l’île a exprimé son rejet total de la restitution du Grand Maître et a considéré comme une ingérence le verdict du MINJUS en s’immisçant dans ses affaires et en imposant ses décisions.

Selon le média indépendant CubaNet, certains maçons ont exprimé leur préoccupation face aux actions du gouvernement, qui cherche à « dominer les maçons et à se débarrasser de tous ceux qui lui sont inconfortables à la dictature ».

Ce mardi, après avoir annoncé la tenue de la concentration et reçu des pressions de la part de la Sécurité de l’État (la lieutenant-colonel Kenia) pour suspendre l’événement, des dizaines de maçons se sont réunis à la Grande Loge de Cuba devant un important dispositif de répression déguisée en civil et dans une calme tendue, appelant à maintenir la dignité de la protestation sans céder aux provocations ni à la violence de quelque nature que ce soit.

«Nous devons restaurer la morale et l’ordre de la Grande Loge de Cuba», a déclaré sur les lieux Iriel Hernández Cobreiro, selon des déclarations recueillies par le média indépendant mentionné.

Pour sa part, Evelio Núñez, de la loge Eureka, a expliqué à CubaNet que « la maçonnerie cubaine fait une très juste demande concernant tout ce qui se passe et nous considérons que M. Urquía Carreño est une personne d’une très faible stature morale pour occuper le poste de Grand Maître et nous représenter et être notre voix ici comme ailleurs dans le monde ».

Avec la présence de la journaliste indépendante Camila Acosta de CubaNet et de reporters de l’AFP, les maçons se sont rassemblés devant le siège de l’Ordre et ont exposé les raisons pour lesquelles ils étaient là : informer Urquía Carreño de leur avis sur l’illégitimité du poste qu’il a usurpé avec l’aide de l’appareil répressif de l’État, et négocier son départ du bureau afin de laisser place à un nouveau gestionnaire qui relancerait le processus d’élection d’un nouveau leader.

Sous le regard attentif de la statue de l’Apôtre dans le hall de la Grande Loge, les franc-maçons désignèrent trois représentants pour qu’ils entrent dans le bureau du Grand Maître afin de lui communiquer la volonté des loges du pays et de négocier une issue digne pour tous. De là, ils montèrent jusqu’au onzième étage du bâtiment, mais ne furent pas reçus par Urquía Carreño, qui resta enfermé dans son bureau.

Face à cette réaction, les maçons rassemblés ont décidé de rester plantés là en attendant qu’Urquía Carreño se présente et accepte un dialogue avec les représentants élus pour préserver le principe maçonnique de maintenir l’intégrité morale de l’Ordre et transmettre aux générations futures l’esprit forgé en plus d’un siècle de tradition de civisme et de fraternité.

Au moment de rédiger cette note, on ne connaît pas l’issue de ces événements qui se déroulent dans la capitale d’un pays en crise, ravagé par les politiques d’un gouvernement de plus en plus incapable de répondre aux intérêts de la population et qui mise sur la peur et la répression pour rester au pouvoir, tandis que l’angoisse, la misère et l’inégalité croissent au sein de la population.

Révolte et liberté : L’odyssée d’Olympe de Gouges

Olympe de Gouges (1748-1793), née Marie Gouze, est l’incarnation même du courage et de la révolte face à l’injustice, une figure emblématique qui a su dire non aux discriminations et aux inégalités de son époque.

Dès son enfance marquée par son statut de « batârde », Marie est consciente de l’illégitimité qui lui colle à la peau. Cette conscience aigüe de son statut marginalisé devient, paradoxalement, son arme la plus redoutable.

Sous la plume d’Elsa Solal, Olympe de Gouges se révèle dans toute son intensité et sa charnalité. L’auteure, habituée à explorer les violences et leur mécanisme historique, plonge avec complicité dans la vie de cette femme hors du commun. Dès les premières pages, le lecteur est entraîné dans un tourbillon d’émotions et de révolte, à travers une narration romanesque qui permet de se projeter aisément dans l’esprit indomptable de Marie.

Olympe de Gouges

Marie Gouze devient Olympe de Gouges lorsqu’elle quitte sa province natale pour Paris, une ville en pleine effervescence révolutionnaire. Déterminée à vivre librement et à défendre les droits des femmes, elle utilise sa plume comme une épée. Elle écrit des pièces de théâtre et des pamphlets, dénonçant avec ferveur l’esclavage, les inégalités de genre et les injustices sociales. Sa « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » en 1791 est un manifeste audacieux qui ébranle les fondements de la société patriarcale de l’époque.

Olympe de Gouges est une femme de paradoxes et de passions, oscillant entre l’ardeur de ses convictions et les réalités cruelles de son temps. Elle ne craint pas de se dresser contre Robespierre et les Jacobins, dénonçant leurs excès et leur tyrannie. Sa voix, bien que souvent minoritaire, résonne avec une telle force que même les murs de la Bastille semblent vibrer.

Anonyme, Olympe de Gouges. Mine de plomb et aquarelle, XVIIIe siècle. Musée du Louvre

Elsa Solal peint un portrait de femme intense, charnelle, et profondément humaine. Elle rend hommage à la détermination et à la bravoure d’Olympe de Gouges, tout en montrant ses vulnérabilités et ses doutes. Le lecteur ne peut qu’être captivé par cette personnalité complexe et inspirante, qui a su transformer sa propre marginalisation en une cause universelle.

Le parcours d’Olympe de Gouges est une tragédie en soi, une épopée qui la mènera inexorablement vers la guillotine. Accusée de sédition et de trahison, elle est arrêtée en 1793. Ses procès sont autant de parodies de justice, où sa voix continue de résonner avec clarté et défi. Jusqu’à son dernier souffle, Olympe de Gouges demeure fidèle à ses idéaux, clamant haut et fort son innocence et son combat pour l’égalité et la liberté.

Signature d’Olympe de Gouges

À travers ce récit, Elsa Solal ne se contente pas de retracer une biographie. Elle nous invite à partager le destin hors norme d’une femme qui a su dire non, avec une puissance narrative qui rend ce voyage littéraire inoubliable. Non à la discrimination des femmes est non seulement un titre mais un cri de guerre, un appel à la résistance et à la persévérance face à l’injustice.

Pour les jeunes lecteurs – à compter de l’âge de 10 ans d’après l’éditeur –, ce roman est une porte ouverte vers la prise de conscience et l’engagement. Il montre que le courage et la détermination peuvent changer le cours de l’histoire, que dire non, ça s’apprend, et que chaque voix compte dans la lutte pour un monde plus juste. Elsa Solal, à travers Olympe de Gouges, nous rappelle que l’esprit de révolte est le ferment de la liberté et de la justice, et que chaque génération doit porter ce flambeau avec fierté et courage.

« Ceux qui ont dit NON », une collection de romans historiques d’Actes Sud Junior

Depuis des temps immémoriaux, des hommes et des femmes se sont dressés contre l’injustice en osant dire non. Ces figures intrépides, engagées dans des combats ardents au service des idéaux de démocratie et d’humanisme, partagent un même flambeau : celui du courage de se révolter. Par leur détermination, ils ont fait triompher la liberté, la justice, ou simplement une part essentielle de notre humanité.

Des récits romanesques

Cette collection sublime ces destins extraordinaires à travers des récits romanesques. En choisissant le roman plutôt que le documentaire, elle permet aux lecteurs de s’immerger pleinement dans les vies de ces héros, épousant ainsi l’esprit de révolte et d’indignation propre à leur âge. Les auteurs, animés par une passion sincère pour leurs personnages, nous font revivre de l’intérieur l’engagement et les luttes de ces âmes vaillantes.

Le lecteur sera heureux, en explorant les thèmes et les valeurs véhiculés par ce livre, et à la lumière des idéaux maçonniques tels que la liberté, l’égalité, la fraternité et la quête de la vérité de vivre une véritable ode à la liberté. Le combat d’Olympe de Gouges pour l’égalité des sexes s’inscrira toujours dans une quête universelle de justice. Clamons haut et fort que les droits fondamentaux doivent être universels et doivent s’appliquer à tous les êtres humains sans distinction de genre. La franc-maçonnerie, avec ses valeurs d’égalité et de justice, soutient activement de tels combats pour les droits de l’homme et l’équité sociale. Le livre rappelle que la lutte pour l’égalité est un chemin ardu, mais nécessaire, pour bâtir une société plus juste et harmonieuse.

Le courage de dire NON

Le titre même du livre, Non à la discrimination des femmes, évoque le courage de s’opposer à l’injustice. Dire non est souvent le premier pas vers la transformation sociale. La franc-maçonnerie valorise ce courage, cette capacité à résister face à l’oppression et à défendre les principes de liberté, d’égalité et de fraternité. Olympe de Gouges, par son exemple, enseigne que la révolte est une forme d’initiation, un passage obligé pour la construction d’un monde meilleur.

Non à la discrimination des femmes d’Elsa Solal, lorsqu’on le regarde à travers le prisme des valeurs maçonniques, apparaît comme un hommage puissant aux idéaux de liberté, d’égalité, de fraternité, et de quête de vérité. Olympe de Gouges, par son parcours et ses écrits, illustre parfaitement la force et la nécessité de ces principes dans la lutte contre les injustices et pour l’émancipation de l’humanité. Le livre est un rappel poignant de l’importance de la vigilance, du courage et de l’engagement dans la quête d’un monde plus équitable et plus fraternel.

Encore aujourd’hui, et même en franc-maçonnerie, il faut avoir le courage de dire NON !

*Elsa Solal est une femme de théâtre et écrivain française, reconnue pour son engagement à aborder les différentes formes de violences et leurs mécanismes à travers l’histoire. Elle s’est notamment distinguée par son travail sur les violences faites aux femmes et leur effacement de la sphère publique et politique.

Elsa Solal

Son écriture, à la fois intense et charnelle, témoigne de sa profonde sensibilité aux injustices sociales et de son désir de redonner voix à ceux et celles qui ont été marginalisés. Elsa Solal a contribué de manière significative à la littérature jeunesse avec des œuvres qui visent à éveiller l’esprit de résistance et à encourager l’engagement civique chez les jeunes lecteurs.

Olympe de Gouges-« Non à la discrimination des femmes »

Elsa Solal Actes Sud Junior, Coll. Ceux qui ont dit NON, 2014, 96 pages, 9,90 € – Format Kindle 6,99 €

Josep Anselm Clavé : Musicien, politicien, fondateur des Chœurs de Clavé et… franc-maçon

L’œuvre civilisatrice des chœurs de Clavé est un grand triomphe—cachée au sein de la Franc-maçonnerie, base de tout le mouvement progressiste du XIXe siècle.

Josep Anselm Clavé est aussi l’auteur de la célèbre citation :

« Associez-vous et vous serez forts, instruisez-vous et vous serez libres, aimez-vous et vous serez heureux. »

Un grand merci au Grand Orient de Catalogne (GOC) pour leur contribution. Il se présente comme une institution initiatique, philosophique et philanthropique qui œuvre pour le progrès moral, intellectuel et matériel de l’Humanité et propose un parcours symbolique. Leurs trois piliers sont la liberté, l’égalité et la fraternité.

Josep Anselm Clavé

Frère Josep Anselm Clavé, qui êtes-vous ?

Né à Barcelone en 1824, Josep Anselm Clavé était un musicien, poète et politicien. Fils d’un humble menuisier, Josep Anselm Clavé connut un événement bouleversant à l’âge de 14 ans lorsqu’il perdit son œil droit. Ce handicap l’obligea à travailler de côté, ce qui finit par affecter ses épaules. À l’âge de dix-sept ans, Josep Anselm Clavé gagnait sa vie en chantant dans des cafés et des tavernes, toujours accompagné de sa guitare.

L’implication politique de Josep Anselm Clavé commença très tôt avec son adhésion au parti républicain dirigé par Abdó Terrades1, également franc-maçon. Il collabora avec son ami Narcís Monturiol2, un autre franc-maçon, dans divers projets socialistes utopiques inspirés par les idéaux de Robert Owen et de Charles Fourier.

Robert Owen by William Henry Brooke

Pour mémoire, Robert Owen (1771-1858) était un entrepreneur et théoricien socialiste britannique. Pionnier du « socialisme utopique » ou « owenisme », ses idées ont marqué la première moitié du XIXe siècle. Il est reconnu comme le « père fondateur » du mouvement coopératif et du socialisme britannique, ayant réalisé des réformes sociales et économiques progressistes dans ses entreprises. Ses travaux ont grandement influencé les pratiques de coopération et les théories socialistes ultérieures.

Charles Fourier – BnF Les essentiels – Découvrir, comprendre, créer, partager

Quant au philosophe Charles Fourier (1772-1837), il est le fondateur de l’École sociétaire. Considéré par Karl Marx et Friedrich Engels comme une figure du « socialisme critico-utopique », aux côtés de Robert Owen, Charles Fourier a inspiré plusieurs communautés utopiques dès les années 1830. Ses théories sur l’organisation harmonieuse de la société ont marqué l’histoire des idées socialistes. Charles Fourier est notamment connu pour ses concepts de phalanstères, visant à réformer la société industrielle. Même s’il fut très proche de francs-maçons lyonnais, en particulier Jean-Baptiste Gaucel et Aimé Martin, Charles Fourier n’a probablement pas été lui-même initié.

En 1843, Josep Anselm Clavé participa à la révolte centraliste contre le général Espartero. En 1845, il fut emprisonné dans la Citadelle de Barcelone. Pendant son incarcération, Josep Anselm Clavé utilisait sa guitare pour rendre la vie plus agréable à ses codétenus, au point que les gardiens lui fournissaient du papier et un crayon pour noter les paroles de ses mélodies. Ce comportement fut jugé positif, ce qui mena à sa libération anticipée.

Gran Orient de Catalunya

Poussé par un désir fervent d’éduquer la classe ouvrière et de les éloigner des tavernes, Josep Anselm Clavé acquit des connaissances en violon, flûte et théorie musicale pour organiser des groupes de chanteurs. Le succès de ses compositions le conduisit à créer, en 1845, un groupe choral nommé « L’Aurora », qui devint plus tard « La Fraternitat ». Cette société de secours mutuel fut la première société chorale de la péninsule ibérique, bien qu’elle dût être renommée « Euterpe » pour éviter les controverses politiques.

Josep Anselm Clavé commença à organiser des festivals choraux et des événements musicaux à grande échelle. Parmi ceux-ci, la première de la « Marche de Tannhäuser », marquant Josep Anselm Clavé comme un précurseur du wagnérisme catalan.

Malgré son dévouement à la musique, Josep Anselm Clavé n’abandonna jamais ses passions politiques, luttant constamment contre le totalitarisme et la tyrannie. Pendant le Biennat Progressiste, dirigé par le général O’Donnell, Clavé participa à diverses activités et organisations libérales. Après la chute d’O’Donnell, Josep Anselm Clavé fut exilé aux Baléares et plus tard emprisonné à Madrid en 1867. Suite à la Révolution de Septembre, connue sous le nom de « La Gloriosa », Clavé participa à l’établissement d’activités démocratiques.

Josep Anselm Clavé, Manresa
Barcelone, Espagne

L’un des premiers actes du nouveau contexte politique fut la démolition de la Citadelle détestée. La politique absorba presque toutes les activités de Clavé : il fut militant du Parti Fédéral, membre de la Junta Révolutionnaire et contribua à la rédaction de La Vanguardia –  quotidien généraliste du matin, publié à Barcelone et destiné à toute l’Espagne disponible, depuis 2011, en deux versions parallèles, en espagnol et en catalan ; son premier numéro a été publié le 1er février 1881, faisant de lui l’un des journaux les plus anciens d’Espagne – et de El Estado Catalán, dirigé par son ami Valentí Almirall3, également franc-maçon.

En 1873, sous le règne d’Amadeo I, Josep Anselm Clavé fut élu président du Conseil Provincial de Barcelone. La même année, après l’abdication d’Amadeo et la proclamation de la Première République Espagnole, Josep Anselm Clavé fut nommé député aux Cortes Constituantes, gouverneur civil de Castellón de la Plana et de Tarragone. Il se retira de la vie publique après le coup d’État du général Pavía, qui marqua la fin des illusions démocratiques et la restauration de la monarchie.

Josep Anselm Clavé, fondateur des Chœurs de Clavé

Dans la vibrante ville de Barcelone, Josep Anselm Clavé se distingue comme une figure emblématique du chant choral catalan. Il a dédié sa vie à la musique, fondant les célèbres Chœurs de Clavé et promouvant le chant choral à travers la Catalogne. Son influence s’étendait à toutes les couches sociales, marquant profondément la culture musicale de son époque.

En 1956, un monument néoclassique en son honneur fut érigé sur le Paseo de Sant Joan, immortalisant son rôle de chef de chœur. Créé en 1888 par Josep Vilaseca et Manuel Fuxà, il symbolise l’importance de Josep AnselmClavé dans l’histoire culturelle de Barcelone.

L’héritage de Josep AnselmClavé perdure à travers les nombreuses chorales et festivals qui animent encore Barcelone aujourd’hui. La Clave Diagonal Barcelona, dédiée au chant choral, est un lieu de rencontre pour musiciens et mélomanes, célébrant son œuvre et son impact durable sur la musique catalane.

Sépulture de Josep Anselm CXalvé

Ainsi, Josep Anselm Clavé, pionnier du chant choral et fondateur des Chœurs de Clavé, reste une référence incontournable, son héritage vibrant imprégnant encore la culture musicale de Barcelone.

En 1874, à l’âge de 50 ans, Josep Anselm Clavé mourut après une vie riche et intense dédiée aux idéaux de la franc-maçonnerie, mis en pratique à travers ses sociétés chorales fondées sur les principes de fraternité, d’amour, de vertu et de progrès.

Abdó Terrades i Pulí

1Abdó Terrades i Pulí (1812-1856) était un politicien républicain catalan, considéré comme le pionnier du républicanisme fédéral. Né à Figueres, il a étudié à Perpignan avant de s’installer à Barcelone où il fonda la Societat Patriòtica et le journal El Republicano. En 1842, il devint maire de Figueres, mais son élection fut contestée à cause de son refus de prêter serment à la régence d’Espartero. Il fut emprisonné et exilé à plusieurs reprises pour ses idées révolutionnaires.

Abdó Terrades i Pulí, signature

En tant que franc-maçon, il fut lié au carbonarisme, un mouvement adoptant des formes maçonniques adaptées à un discours démocratique et radical. Abdó Terrades i Pulí a également été un écrivain prolifique, avec des œuvres marquantes comme la chanson « La campana », devenue un hymne républicain, et la pièce de théâtre antimonarchique «  El rei Micomicó ». Sa vie et son œuvre ont inspiré plusieurs mouvements révolutionnaires et il est toujours honoré dans sa ville natale de Figueres pour son rôle dans le développement du républicanisme catalan.

Narcís Monturiol

2Narcís Monturiol i Estarriol (1819-1885) est surtout connu pour ses contributions pionnières à la navigation sous-marine, mais il a également été un intellectuel influent et un politicien dévoué.

Narcís Monturiol est principalement célèbre pour avoir inventé les sous-marins Ictíneo I et Ictíneo II. L’Ictíneo I, lancé en 1859, était propulsé par la force musculaire de quatre marins et conçu initialement pour la récolte de corail. Cependant, en raison de ses limitations, Monturiol a développé l’Ictíneo II, lancé en 1864, qui était le premier sous-marin doté d’un moteur à combustion interne, capable de générer chaleur et oxygène pour alimenter une petite machine à vapeur.

Ictíneo I
Ictíneo II

Malgré l’enthousiasme populaire, Narcís Monturiol n’a pas réussi à obtenir un soutien financier suffisant du gouvernement espagnol et a dû organiser une collecte nationale pour financer ses projets. Bien que l’Ictíneo II ait réalisé plusieurs plongées réussies, des difficultés financières ont conduit Narcís Monturiol à faire faillite en 1867, et son sous-marin a été démantelé.

En dehors de ses travaux sur les sous-marins, Narcis Monturiol a également innové dans divers domaines, comme l’amélioration de la fabrication des adhésifs pour les timbres postaux, les procédés de conservation de la viande, et la conception de machines à fabriquer les cigarettes.

Narcís Monturiol était un fervent défenseur des idées socialistes utopiques et un proche du penseur français Étienne Cabet. Il a popularisé les principes de la cité idéale d’Icarie en Catalogne. Sa carrière politique a été marquée par son engagement dans le Parti Fédéral et son élection en tant que député lors de la Première République Espagnole en 1873.

Narcís Monturiol est honoré à travers diverses commémorations en Catalogne. En 2009, le cent-cinquantième anniversaire de la mise à l’eau de l’Ictíneo a été célébré, et plusieurs monuments à Barcelone et Figueres rendent hommage à ses contributions. La marine espagnole a également nommé deux de ses sous-marins en son honneur.

À Figueres, Narcís Monturiol est considéré comme l’un des citoyens les plus illustres après Salvador Dalí. Une rue porte son nom, et un monument commémoratif a été érigé en 1918.

Valentí Almirall

3Valentí Almirall (1841-1904) a grandi dans une famille bourgeoise catalane, ce qui lui a permis d’accéder à une éducation de qualité. Valentí Almirall a étudié le droit à l’Université de Barcelone, où il a obtenu son diplôme et est devenu avocat.

Très tôt, Valentí Almirall s’est engagé dans la politique, influencé par les idéaux républicains et fédéralistes. Il a été l’un des premiers à plaider pour une plus grande autonomie des régions espagnoles, notamment la Catalogne. Ses idées le rapprochaient des mouvements de gauche de l’époque, ce qui lui a valu une certaine notoriété parmi les intellectuels et politiciens progressistes.

En 1879, Valentí Almirall a fondé le Diari Català, le premier journal écrit en catalan. Ce journal a joué un rôle crucial dans la promotion de la langue et de la culture catalanes, contribuant à l’essor du catalanisme politique. À travers ses articles, Valentí Almirall a défendu l’idée d’un fédéralisme espagnol où chaque région aurait une autonomie significative tout en restant intégrée à l’État espagnol.

Valentí Almirall était également membre de la franc-maçonnerie. Cette affiliation reflétait son engagement envers des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, qui étaient en accord avec ses convictions politiques et sociales.

Première page de l’édition originale de l’essai Lo Catalanisme de Valentí Almirall (1886)

Valentí Almirall a laissé un héritage intellectuel important à travers ses écrits et ses discours. Parmi ses œuvres notables, on trouve Lo Catalanisme (1886), un ouvrage où il développe ses idées sur le catalanisme et propose des réformes politiques pour l’Espagne. Il a également été actif dans divers mouvements et associations promouvant les droits et les libertés civiques.

Son héritage perdure dans l’histoire du catalanisme et de la politique espagnole. Il est souvent considéré comme l’un des pères fondateurs du mouvement catalan moderne, ayant jeté les bases idéologiques qui inspireront de nombreux autres leaders et intellectuels catalans.

Drapeau de la province de Barcelone

Puyravault : Les Templiers ont marqué l’histoire du village

De notre confrère larochesuryon.maville.com avec Ouest-France

Jean-Guy Bluteau, président de l’association tourisme et animation culturelle en Sud-Vendée a entraîné, vendredi 19 juillet, un petit groupe de locaux et de vacanciers sur les pas des Templiers.

Après une petite marche dans le village, le groupe a découvert le marais du Commandeur où l’on cultivait des fèves à l’époque Templière, puis une maison templière qui servait de stockage. Le groupe s’est ensuite rassemblé à l’église templière, typique dont l’architecture est basée sur le théorème de Pythagore et qui recèle un baptistère daté du Moyen Âge, orné d’un calice des Templiers.

La visite s’est achevée à la Commanderie, maison qui recevait des pèlerins, malades ou blessés en route vers Jérusalem où la propriétaire a aimablement ouvert son jardin pour y découvrir l’église sous un autre angle. Elle a souligné :  J’ai la joie d’avoir l’église dans mon jardin et il faut montrer ce qui est beau. 

Katia, a déclaré :  J’ai pris un réel plaisir à venir découvrir mon village, son histoire son église, la Commanderie. 

Vendredi 16 août, prochaine visite prévue à 10 h 30, durée 1 h 30, rendez-vous place de la mairie, gratuit.

Pour la première fois en France… un Souverain Grand Commandeur devient Grand Maître… d’Arts Martiaux

Nous vous présentions le Frère Benjamin John en octobre dernier lors de son élection à la charge de Grand Commandeur de la Grande Loge Française de Misraïm. Il se rendait, il y a quelques semaines, à Séoul (Corée) pour passer le 9ème et plus haut grade de cet Art Martial Coréen qu’est le Taekwondo.

Cette performance est assez exceptionnelle, car il est ainsi devenu le Français le plus haut gradé

Nous partageons ci-dessous l’interview qu’il a donné à notre confrère Taekwondo Choc

GM Benjamin JOHN : premier français 9ème Dan Kukkiwon !

L’itinéraire et les enseignements d’une voie royale et sacrée

Devenir 9ème dan de Taekwondo, c’est entrer dans le monde de la SAGESSE, mais on n’y arrive pas tout seul, ni par hasard. C’est le fruit de longues années de travail et d’acharnement contre toutes les épreuves de la vie, sans oublier tous ceux qui nous ont montré le chemin, cru en nous, supportés et accompagnés. Il s’agit de nos différents grands maîtres, professeurs, instructeurs, assistants, coachs, arbitres et juges, sparing partenaires, les présidents, dirigeants et le personnel fédéral, de ligue ou de département, les maires, responsables dans les mairies, financeurs de projets, les médecins,  kinésithérapeutes, ostéopathes, nos parents, époux, épouses, enfants, nos assistants, nos élèves, les bénévoles, etc …

TKDC – GM Benjamin JOHN, il y a 13 ans vous reveniez de Corée, auréolé du premier 8ème dan Kukkiwon français et vous aviez fait la fierté du Taekwondo français. Vous voici aujourd’hui de retour parmi nous, avec le premier 9ème dan Kukkiwon français et nous souhaitons faire un bilan de votre vie sur cette voie royale et sacrée, qu’est le TAEKWONDO et à laquelle vous avez consacré toute votre vie, au détriment parfois de votre famille. Vos origines GM ?

GM Benjamin John – Je suis né en Côte-d’Ivoire le 31 mars 1953, de père ivoirien et de mère béninoise, j’ai vécu toute mon enfance au Bénin par les soins, essentiellement de feu mon grand-père maternel, dont j’ai hérité du caractère, de l’opiniâtreté, de l’obstination, du leadership, de l’esprit de liberté, du libre-arbitre et de bonnes mœurs… J’ai découvert très tardivement mon père biologique en Côte-d’Ivoire en 1970, Alexandre NIABA JOHN, très peu de temps avant sa mort, lui qui avait été le chef des gendarmes de toute l’Afrique de l’Ouest, comme cela m’avait été raconté.

Le président de la république de l’époque, feu SEM Houphouët Boigny avait alors désigné feu le général Gaston OUASSENAN KONE, commandant la gendarmerie, comme mon tuteur légal, appuyé par Mme Angèle NEMIN assistante sociale. Au passage, on doit au général, mon père adoptif, la création de la fédération ivoirienne de Taekwondo, la FITKD, la meilleure et la plus brillante des fédérations de Taekwondo en Afrique avec tous ses grands champions olympiques et mondiaux.

J’ai été entraîné au tout début par mes premiers maitres, Aime Aikpa Gnamba, mon cousin qui vit actuellement en Italie, par feu Arsène Zirignon, un grand combattant de son époque, autant au Taekwondo qu’en full-contact, ancien président de la FITKD, et enfin par le GM Kim Young Tae, pionnier du Taekwondo en Afrique de l’Ouest en 1967, ex directeur technique de la WT, ex président du Kukkiwon par intérim et actuellement le plus ancien 9ème dan au Kukkiwon qu’il détient depuis le 7 avril 1990 soit près de 34 ans ! Il est à ce jour le président du comité des sages au Kukkiwon.

TKDC – Puis vous êtes arrivé en France … et quel fut votre apport au Taekwondo français?

GM Benjamin John – De la Côte d’Ivoire, je suis arrivé en France en 1974, il y a tout juste 50 ans, après avoir obtenu ma CN 1er dan directement des mains du GM Kim Young-Tae, la veille de mon départ et non de la FITKD…

J’ai travaillé successivement avec le GM Michel Morlon, avec Feu le GM Bang Seo Hong, un grand ami du GM KIM Young-Tae, puis depuis son retour en France en 1975, après la réalisation de plusieurs films à Hong Kong, avec le GM LEE Kwan Young, pionnier du Taekwondo en France, depuis 1969 duquel j’ai été son assistant. Nous avons œuvré, et réalisé de belles choses, vécu de belles aventures. Il a formé la plupart de tous les hauts gradés en France, accompagnés des autres GM et maitres coréens dont bons nombres sont arrivés en France grâce à lui.

Avec son 1er président, le Dr. Paul VISCOGLIOSI, assisté de feu le GM Serge TROCHET et de moi-même, est née la Fédération Française de Taekwondo, FFTDA, issue de la Fédération Française de Karaté, grâce à notre statut de Sport olympique, que nous devons à feu le Dr Un Young KIM, lors de la 103ème session du CIO, au CNIT à la Défense à Paris, le 4 septembre 1994.

J’avais réuni sur les instructions du Dr. Paul VISCOGLIOSI plus de 300 pratiquants devant le CNIT à la Défense à Paris pour attendre le signe de notre admission comme sport olympique par le Dr. Un-Young KIM. Que de joie et de bonheur ce jour-là …Nous avions traversé plusieurs phases, à la fois passionnantes, excitantes, difficiles et douloureuses, comme notre marche sur Paris, depuis la Bastille et qui s’est achevée devant la maison de la Radio par une grande démonstration de plus de 500 pratiquants de Taekwondo que je dirigeais, face à des CRS en arme …

Très vite, vu la jeunesse de la fédération française, le président fulminait avec les autorités de tutelle pour préparer la stabilité qui a vu émerger les présidents suivants : Roger PIARULLI, Denis ODJO et Hassan SADOK, et tous ceux qui ont contribué comme ils ont pu de leur côté, comme Philippe BOUEDO, Janine MORANDIN, Sydney MELOUL, Martine STANSZACK, etc..

Feu le GM Serge Trochet bâtissait les prémices de la DTN avec l’aide du GM Lee Kwan-Young, alors que j’ai décidé pour ma part de continuer l’œuvre démarrée sous la FKATAMA en 1989, à savoir consolider la commission d’arbitrage du Taekwondo français, compte-tenu de l’importance que prenaient la compétition, les championnats nationaux, internationaux et olympiques.

TKDC – Votre contribution à la pérennité du taekwondo en France et dans le monde ?

GM Benjamin John – J’ai ainsi formé tous les arbitres nationaux, internationaux et olympiques français jusqu’en 2016, près de 30 ans, avant de passer la main à Maître My Youansamouth puis à Maître Serge Sembona.

J’ai été le 1er arbitre WT français, arbitré plusieurs Championnats WT et Coupe du monde. Puis je suis devenu le 1er arbitre olympique français à l’occasion des JO de Barcelone en 1992 et d’Athènes en 2004. Avec Denis ODJO, nous sommes les deux arbitres olympiques à avoir été deux fois arbitres olympiques et j’en profite pour remercier tous ceux qui ont contribué au rayonnement de la commission française, à savoir maître Edouard BRANCO, Pascale METIFEU, 1ère arbitre internationale féminine française, Richard PASSALAQUA et bien d’autres dont personne ne se souvient, comme Jean-Louis SOTTIL, Frédéric FOUBERT, Mandé MAHMOUD. Malgré leur âge, d’autres sont encore actifs comme les maitres Joël BRIEND, Engelbert AGBOTON, Adolphe YAO et bien d’autres que je remercie ici pour fidélité à la cause de l’arbitrage en France.

Je veux ici remercier tous les grands champions français qui ont fait progresser l’arbitrage français, Mikael MELOUL, le 1er Champion du Monde français, Franck CRIBALLET, Myriam BAVEREL, Gwladys EPANGUE, Mamedy DOUKARA, Pascal GENTIL, etc …

J’ai eu à effectuer plusieurs missions, stages et passages de grade confiés par la WTF et la solidarité olympique dans plusieurs pays en Afrique, notamment au Bénin et en Centrafrique. J’ai été Membre de la commission d’arbitrage de la WT et je suis actuellement le 1er et seul arbitre international S Class en France et en Afrique depuis 2011.

TKDC – Il parait que le chemin vers ce graal fut laborieux. Racontez-nous s’il vous plait.

GM Benjamin John – Aujourd’hui à 71 ans, je deviens le premier 9ème dan Kukkiwon français depuis l’introduction du Taekwondo en France en 1969 par le GM Lee Kwan-Young. L’obtention de ce 9ème dan est l’aboutissement de l’œuvre suprême pour mes deux grands maîtres, en l’occurrence pour le GM KIM Young-Tae en Côte-d’Ivoire avec les deux premiers 9ème dan africains, le GM Siaka Minayaha COULIBALY en 2022 et moi-même en 2023 et pour le GM Lee Kwan-Young avec le premier 9ème Dan Kukkiwon en France !

Avec l’apparition de mes difficultés physiques et de santé actuelles, suite au Covid en 2021, j’ai dû me battre avec grande volonté, acharnement et sans abnégation aucune, avec de grandes souffrances, à la recherche de toutes les solutions médicales, pour enfin réussir, au bout de 3 tentatives, à l’obtenir cette CN 9ème dan Kukkiwon, le 8 décembre 2023, suite aux tests du 15 novembre 2023.

Comme l’a si bien dit le GM LEE Kwan-Young, ce fut un match douloureux, gagné au 3ème round. Quelle belle image pour l’arbitre que je suis.

Merci ici à tous ceux qui, nombreux, m’ont soutenu dans ce vaillant combat, des coréens comme Maître Pierre KIM DUNCK YONG, qui dirige une boutique de produits coréens à Paris, que très peu connaissent car très discret, il aime plutôt rester dans l’ombre. Il m’a soutenu de toutes ses forces et a même pleuré à mon deuxième échec. Je ne le connaissais pas bien, il est devenu mon ami. Merci à tous les soutiens venus d’Afrique, de Corée, des USA, etc. Je remercie très chaleureusement le GM Kwon Yong UN qui m’a accompagné durant mes quatre voyages en Corée, sans rechigner, tellement ému par ce courage inexplicable pour lui.

TKDC – Un enseignement à partager GM John ?

GM Benjamin John – Il est intéressant de comprendre comment le Taekwondo, qui nous place sur un chemin où notre égo est sublimé par nos hauts grades, tous nos combats et nos accomplissements pour le rayonnement du Taekwondo dans nos pays, sur le plan mondial, de nous-mêmes, de nos Dojangs, de nos élèves, pour devoir à la fin de chemin magnifique chemin, cultiver et faire naitre au plus profond de nous, de nouvelles valeurs symboliques pour nous relever là ou beaucoup sombrent ou baissent les bras.

En fait c’est l’ultime cheminement vers la sagesse pour porter cet ultime grade du 9eme dan qui m’a fait passer par ces chemins difficiles, pour enfin comprendre les vertus du DO contenus dans notre art royal qu’est le Taekwondo. D’ailleurs, très peu de nos grands maîtres enseignent le DO, alors que c’est le fondement même de leur culture, du confucianisme et du Bouddhisme.

Dans cette culture asiatique, comme nous le pratiquons en général, la notion d’un Dieu incarné et sublimé est absent, représenté par l’amour de la complémentarité de notre prochain, la paix, l’altruisme, la sérénité, l’élévation de soi vers son accomplissement ultime.

C’est la seule voie d’élévation recherchée dans cette culture.

Le seul fait de nos saluts permanents en nous prosternant avant de pénétrer sur le Dojang, nos saluts avant et à la fin des cours, autant envers les drapeaux de nos différents pays, les différents symboles qui ornent l’Orient de nos Dojangs, les photos de nos maîtres, de même que les œuvres et accomplissements de nos assistants, nos Élèves, vers nous et entres-eux, nos parents, la société, la vie et ses composantes, nous montrent le sens et la direction du DO, tel qu’il est inscrit dans les symboles du drapeau coréen pour ceux qui s’en donnent la peine. Le drapeau coréen rappelons-le ici, est le seul drapeau au monde qui contient un enseignement digne d’être pratiqué toute une vie durant pour l’élévation de son âme vers le salut final, car il contient tous les codes pour une vie accomplie et bien dirigée.

TKDC – Il y a une cérémonie d’investiture particulière réservée a cet ultime grade. Qu’en avez-vous retenu GM John ?

GM Benjamin John – Ce 9ème dan comporte plusieurs éléments très symboliques.

Tout d’abord c’est le seul grade qui est ponctué par une cérémonie d’investiture, d’intronisation et d’élévation particulière au Kukkiwon, le centre mondial du Taekwondo, devant son président, le comité des sages du Kukkiwon, les Hauts Dignitaires 9ème dan Kukkiwon et tous les membres des jurys de passage des grades. Tous les récipiendaires, le président et les deux assistants devant diriger la cérémonie portent des costumes typiques coréens, comprenant différents attributs et sont de trois couleurs différentes, le doré pour le président, le bleu pour ses deux assistants et le rouge pour les récipiendaires.

Le jaune symbole du sol et la fertilité de la terre, correspond au centre de l’univers; c’est la couleur principale utilisée par les empereurs, et en Corée il est associé à la noblesse, la dignité et à la sainteté. Le bleu, associé au bois et à l’Est, représente le printemps, la création, la vie, la créativité, l’immortalité et l’espoir. Le rouge représenté l’autorité, la création, la production, la passion, l’amour et la poursuite du bonheur. Cette couleur d’après les croyances chamanistes a la propriété de repousser les esprits malins, les mauvaises énergies et la malchance.

Après une minute de silence et une allégeance aux disparus, aux symboles et aux vertus de la Corée, le président de la cérémonie explique l’itinéraire, le temps et les épreuves qui conduisent au 9ème dan et ce que devrait dorénavant devenir l’axe de vie des récipiendaires porteurs de cet ultime grade du Taekwondo. Puis remerciement à tous ceux qui œuvrent dans le monde pour le rayonnement du Taekwondo dont les 9ème dan en sont les garants.

Rappelons ici qu’actuellement, on compte environ 80.000.000 de pratiquants de Taekwondo dans le monde, environ 3.000.000 de ceintures noires Kukkiwon, et seulement 1.200 ceintures noires 9ème dan Kukkiwon dont environ 200 étrangers, 12 en Europe, 1 Français.

Puis nous recevons officiellement notre diplôme, notre ceinture noire 9ème dan et prêtons un serment qui nous est propre et où nous faisons chacun à son tour, allégeance à être les garants d’une pratique du Taekwondo teintée de sagesse, d’apaisement et d’amour.

TKDC – Que de symboles pour marquer la fin d’un itinéraire de vie. C’est aussi le seul grade avec un dobok très spécial n’est-ce pas  ?

GM Benjamin John – Il nous est aussi demandé lors de la cérémonie d’investiture, en référence à la culture et aux traditions coréennes de promouvoir la pratique du Taekwondo en respect des traditions coréennes et de promouvoir le Kukkiwon dont nous devenons de facto les représentants à travers le monde.

A ce propos, c’est le seul grade avec un dobok différent où différents symboles sont gravés en lettre dorée.

Il y a tout d’abord aux cols du Dobok, le dessin du phénix, qui comme nous le savons renaît de ses cendres, et représente pour les coréens le symbole de la beauté et de la pureté.

Il y a aussi le symbole du Gankyil et du Sam-taegueug, outil rituélique issu du bouddhisme coréen, japonais, tibétain et le chamanisme himalayen. Il illustre l’inséparabilité entre les éléments de la vie qui sont le ciel, la terre et les humains, tel qu’il est dit « que ce qui est haut est comme ce qui est en bas et que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, pour faire les miracles d’une seule chose grâce aux humains ».

Enfin, il y a 9 anneaux dorés qui sont au bout des manches du dobok pour symboliser les 9 dans.

La symbolique du chiffre 9 revêt aussi tout un sens car c’est la marque de l’accomplissement final, de l’univers. Il permet d’ouvrir les horizons et d’élever la conscience. Il est l’amour, le positif et le sens de l’absolu. Le chiffre 9 évoque la triple triade, esprit, corps et âme sur le plan humain, Dieu, l’univers et l’homme sur le plan cosmique ou encore conscience, matière et vie sur le plan spirituel.

Deux derniers symboles se trouvent au bout de chaque extrémité du pantalon du dobok : d’un côté, le Dragon et de l’autre côté le Tigre, des animaux sacrés de l’ancienne Corée au 6è siècle et de nos jours, étroitement associés à la culture, le folklore, la mythologie, les peintures et la sculpture coréenne. On constate ainsi que tous les symboles attachés à ce grade, montrent à quel point le Kukkiwon donne une mission subtile, mais très claire à tous les 9è dan, de faire rayonner les principes et les symboles de la culture coréenne, pour ceux qui s’en donnent les moyens qui prennent le temps de le comprendre

Mieux encore, ce grade est l’achèvement d’un parcours, d’un cycle et l’aboutissement des missions terrestres, car le 10ème dan n’est attribué qu’à titre posthume pour manifester à mon sens, l’ultime étape qui permet de réunir ce qui est épars, afin de réunir tout en 1, pour la rencontre ou la confrontation avec celui-là qui gouverne et ordonne tout de par le monde et dont la non-rencontre rendrait la mort bien triste comme l’a si bien écrit Jean d’Ormesson.

TKDC – un dernier message pour terminer GM ?

GM Benjamin John Je dédie ce testament à tous ceux qui, un seul instant de leur vie, ont cru en moi, mes Parents, mes maîtres et mes grands maîtres, les GM et les maitres coréens qui m’ont tendu les mains durant ce passage laborieux en Corée, mes Enfants et leurs Mères, Marie-Paule et Sigolène, mes élèves, les éditeurs de mes livres, les maires et les député-maires qui m’ont tendu les mains, les Présidents des fédérations que j’ai servis, ici en France et dans différents pays africains, surtout au Bénin et en Côte-d’Ivoire.

Tout particulièrement, je voudrais remercier l’ex-Président de la FITKD, Mr le ministre et maître Bamba Cheick Daniel qui a œuvré pour la réhabilitation de mon honneur en CI, en réussissant à me faire décerner la médaille d’officier dans l’ordre du mérite National ivoirien, par le président de la République, SEM Alassane Dramane Ouattara, lors de l’inauguration du Centre Sportif culturel et TIC Ivoiro-coréen Alassane OUATTARA d’Abidjan.

Je prie de toutes mes forces pour qu’ensemble, le nouveau président, maître Jean-Marc YACE, maire de Cocody à Abidjan, dont je suis le conseiller spécial et lui-même, œuvrent de concert pour que le Taekwondo ivoirien maintienne sa place de leadeur en Afrique.

Je me tiens dès cet instant à la disposition de tous les présidents des fédérations de Taekwondo en Afrique qui souhaiteraient mon implication à leur côté.

La réussite de ce 9ème dan, malgré tous les obstacles et les épreuves qui se sont dressées sur mon chemin, montre l’exemple à suivre et démontre bien que la résilience vient d’abord soi-même, de l’acharnement dans la volonté d’aboutir, de notre capacité à nous dépasser et à aller chercher au plus profond de soi, de notre cabinet de réflexion, les solutions qui nous permettront de nous placer sur d’autres chemins plus lumineux, loin des ténèbres et dépouillés de tout l’égocentricité qui bloque les humains.

TKDC – Peut-on savoir quel est le serment prononcé lors de la cérémonie d’investiture et d’élévation au grade de 9è dan, le 8 mars 2024 au Kukkiwon ?

Benjamin John

GM Benjamin John – « Devenir 9ème dan de Taekwondo, c’est entrer dans le monde de la Sagesse. Mais on n’y arrive pas tout seul, ni par hasard. C’est le fruit de longues années de travail et d’acharnement contre toutes les épreuves de la vie, sans oublier tous ceux qui nous ont montrés le chemin et accompagnés.

Merci à mes Parents, au GM KIM Young Tae, mon père spirituel, au GM LEE Kwan-Young en France, à mes Maîtres Gnamba Aimé AIKPA, et feu Arsène ZIRIGNON, à tous mes élèves, les pratiquants et les Arbitres de Taekwondo en France, en Côte-d’Ivoire, au Bénin, et partout en Afrique.

Un grand merci au président du Kukkiwon, aux présidents des fédérations que j’ai servi, aux membres du jury et à tous ceux qui m’ont soutenu à travers le monde. Enfin, par la grâce de Dieu, je m’engage devant vous, à poursuivre l’enseignement du Taekwondo jusqu’à ma mort, quelles que soient les épreuves qui se dresseront devant moi. »

Les droits de l’homme au cœur des défis contemporains

La cinquième édition de,Les droits de l’homme de la professeure émérite à l’université Paris Ouest-Nanterre Danièle Lochak, publiée en 2024 dans la collection Repères sciences politiques – droit chez La Découverte, est une œuvre essentielle pour quiconque souhaite comprendre les dynamiques, les conditions d’existence et les défis contemporains des droits de l’homme.

En 128 pages, cet ouvrage propose une réflexion approfondie et critique sur l’évolution des droits humains, en les situant dans leur contexte historique, idéologique et juridique.

Dès l’introduction, Danièle Lochak nous rappelle que les droits de l’homme ne sont pas des principes immuables mais des concepts en constante évolution. Elle souligne leur naissance sur le terrain des idées avant d’être consacrés par le droit positif et utilisés comme étendard dans de nombreux combats politiques. Cette perspective historique pose les bases d’une analyse qui se décline en trois parties : « La dynamique des droits de l’homme », « Les conditions d’existence des droits de l’homme » et « L’achèvement des droits de l’homme ».

Dans la première partie, intitulée « La dynamique des droits de l’homme », en son premier chapitre  « De l’émergence du concept à la proclamation solennelle », l’auteure explore la généalogie des droits de l’homme, en retraçant leur développement depuis les sociétés anciennes jusqu’à la modernité, avec un accent particulier sur les Lumières et les déclarations révolutionnaires. Elle met en lumière la transition vers une conception juridique et politique des droits humains, marquée par des proclamations emblématiques comme celles de l’État de Virginie ou de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

Danièle Lochak poursuit avec une analyse des « Contestation et mutations des droits de l’homme », où elle examine les différentes formes de contestation et de reconnaissance de nouveaux droits. Elle traite des prolongements et des critiques des droits traditionnels, ainsi que des nouvelles revendications sociales et environnementales qui redéfinissent constamment la portée des droits humains.

« Les conditions d’existence des droits de l’homme », titre du deuxième chapitre, débute avec « L’état de droit », chapitre qui aborde les conditions d’existence des droits de l’homme, en se concentrant sur l’assimilation progressive des droits dans le système juridique. Elle examine les garanties d’efficacité inégale, les autorités indépendantes, et les instances internationales, en soulignant les défis actuels auxquels fait face l’état de droit, tels que les tensions politiques et le spectre de la régression démocratique.

« La démocratie » est un autre thème central de cette partie, où Danièle Lochak discute du lien entre démocratie et droits de l’homme, l’indépendance des juges, et les enjeux civiques. Elle met en avant l’importance d’une vigilance citoyenne active pour protéger et promouvoir les droits humains dans un contexte de tensions politiques croissantes.

« La justice sociale », dernier chapitre de cette partie, explore les figures de la justice et de l’égalité, les critères de justice sociale, et les dilemmes liés à la non-discrimination et aux législations antidiscriminatoires.

Danièle Lochak traite également des « Équilibres instables et toujours menacés » débutant la troisième et dernière partie titrée « L’inachèvement des droits de l’homme », abordant les bornes légitimes de la liberté, les impératifs contradictoires de sécurité et liberté, et les défis posés par l’État-nation.

Enfin, l’ouvrage se termine par une réflexion sur « De nouveaux défis », où l’auteure examine l’impact des progrès techniques, de la mondialisation et des migrations sur les droits de l’homme. Elle analyse la mutation des risques, les enjeux pour l’individu et la société, et la montée des inégalités. Danièle Lochak conclut sur la nécessité de continuer à lutter pour les droits humains malgré les menaces et les reculs apparents, soulignant que leur histoire est celle de combats incessants pour plus de justice et d’égalité.

Source Babelio

Cette cinquième édition de, Les droits de l’homme est une lecture incontournable, offrant une perspective enrichie et nuancée sur les droits humains, ancrée dans une solide compréhension historique et une analyse critique des défis contemporains.

L’engagement de Danièle Lochak, tant académique qu’associatif – elle a été présidente du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) et vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme. confère à cet ouvrage une profondeur et une pertinence qui en font un guide précieux pour tous ceux qui s’intéressent à la défense et à la promotion des droits de l’homme dans le monde d’aujourd’hui.

Les droits de l’homme

Danièle Lochak La Découverte, Coll. Repères sciences politiques – droit, 2024, 5e édition, 2024, 128 pages, 11 € – Format Kindle 8,90 €

« Corto Maltese – Une vie romanesque », l’expo à la Bpi (Paris)

Vous avez dit Corto Maltese ?

Immédiatement nous vient à l’esprit ce qu’en disait Umberto Eco (1932-2016) !

Umberto Eco

En maître de l’ironie, l’écrivain, philosophe, médiéviste et sémiologue italien distille son intelligence avec finesse dans cette phrase : « Quand je cherche à me détendre, je lis un essai d’Engels, quand je veux quelque chose de sérieux, je lis Corto Maltese ». À travers ces mots, il nous convie à une réflexion profonde et ludique sur la nature même de la lecture et les clivages culturels souvent artificiels.

L’antithèse initiale se révèle avec éclat. Friedrich Engels, philosophe et théoricien politique, cofondateur du marxisme avec Karl Marx, se voit attribuer le rôle de pourvoyeur de détente. Ses essais, denses et érudits, abordant des thématiques économiques, sociales et politiques, sont ainsi ironiquement suggérés comme des lectures légères. C’est un pied-de-nez évident à la réalité de la rigueur intellectuelle qu’exigent ses œuvres.

À l’opposé, Corto Maltese, héros de bande dessinée créé par Hugo Pratt, incarne le sérieux. Ce marin aventurier, évoluant dans des récits mêlant aventure, mystère et fantastique, est présenté comme une source de lecture sérieuse, malgré le statut souvent frivole attribué aux bandes dessinées. Umberto Eco, par ce retournement, joue malicieusement avec les stéréotypes culturels : il bouscule les idées reçues, où les essais académiques sont perçus comme graves et les bandes dessinées comme du simple divertissement.

Cet exercice de style nous pousse à revoir nos préjugés. Umberto Eco suggère que la gravité et la légèreté résident là où on les attend le moins. Il interroge les frontières entre culture « haute » et « basse », révélant leur caractère parfois arbitraire. En exaltant la profondeur des bandes dessinées et en soulignant la complexité des œuvres littéraires, quelle que soit leur forme, il invite à une appréciation plus nuancée de la littérature.

Ainsi, cette déclaration d’Umberto Eco ne se contente pas d’être une boutade spirituelle ; elle incite à une méditation sur la valeur intrinsèque de toute œuvre littéraire. En exaltant les vertus cachées de la bande dessinée et en redéfinissant la gravité des essais, Eco nous rappelle que la lecture est une aventure intellectuelle où les surprises sont la norme, et où les distinctions rigides méritent d’être revisitées. En somme, c’est une ode à la curiosité intellectuelle et à l’ouverture d’esprit, emblématique de l’esprit brillant et ironique d’Eco.

Corto Maltese est devenu l’un des personnages les plus emblématiques de la bande dessinée

Centre Pompidou

Créé par Hugo Pratt en 1967, Corto Maltese est devenu l’un des personnages les plus emblématiques de la bande dessinée. Gentilhomme de fortune, aventurier romantique, ce marin anarchiste et solitaire parcourt le monde en traversant les bouleversements politiques et historiques du premier quart du XXe siècle. Le récit de ses pérégrinations, riches en intrigues et rebondissements, est aussi parsemé de références et de citations littéraires. Elles viennent donner une dimension sensible à cette odyssée et construire une poétique singulière, où la valeur fictionnelle est nourrie et troublée par des “effets de réel” qui participent à l’ambiguïté du héros.

Appuyée sur une sélection de documents originaux (photographies, notes, storyboard, croquis, études, planches et aquarelles), l’exposition proposée par la Bibliothèque publique d’information explorera tout particulièrement cette dimension “littéraire” des albums de la série.

Elle évoquera pour cela la genèse du personnage : son apparition dans le paysage de la bande dessinée, la biographie “imaginaire” qui fait de Corto Maltese un héros à l’existence partagée entre réel et fiction, ainsi que sa relation complexe aux événements historiques de son époque : en même temps qu’il y est toujours plus fortement impliqué, il les tient à distance par le biais de l’ironie et d’une fausse indifférence. On appréciera les interactions qu’il établit avec d’autres personnages, féminins et masculins, qui lui permettent de révéler et d’affirmer sa personnalité au contact de figures tout aussi attachantes, qu’il s’agisse de Pandora, de Bouche Dorée, de Shanghai Lil, de Steiner ou du guerrier Cush.

Pour construire son personnage et l’inscrire dans une tradition littéraire, Hugo Pratt puise une partie de son inspiration dans les grands récits qui ont fondé notre histoire littéraire : les légendes celtiques et leur déclinaison shakespearienne, la poésie de Coleridge et de Rimbaud, les romans d’aventure de Stevenson. Constamment présente dans l’intrigue, cette inspiration se retrouve de surcroît dans de nombreuses scènes de lecture évoquées dans la série : l’image de Corto un livre à la main est récurrente, ses lectures se mêlent souvent à ses rêves et donnent aux histoires racontées une forte dimension onirique. Corto Maltese croise dans ses périples d’illustres personnages : des écrivains, tels que Jack London, Hermann Hesse, Gabriele D’Annunzio, mais aussi des figures inscrites dans l’Histoire, qui viennent ajouter une véracité trouble au récit et apporter à la trame romanesque une dimension spatio-temporelle tout à fait originale par rapport aux codes traditionnels de la bande dessinée.

En filigrane à ces différents fils rouges, la figure imposante et tutélaire de Hugo Pratt, grand lecteur et amoureux de la littérature, reste toujours omniprésente.

L’exposition Corto Maltese, une vie romanesque sera accompagnée d’une riche programmation associée (en cours) : ateliers, visites gratuites, rencontres…

Le catalogue

Corto Maltese | Une vie romanesque

Le catalogue de l’exposition Corto Maltese à la Bibliothèque publique d’information (Bpi).

25 € (23,75 € pour les adhérents)

Hugo Pratt, franc-maçon

Hugo Pratt, né le 15 juin 1927 à Rimini, en Italie, et décédé le 20 août 1995 à Grandvaux, en Suisse, est surtout connu comme le créateur de Corto Maltese, une des bandes dessinées les plus influentes du XXe siècle. Outre ses talents d’auteur et d’illustrateur, Pratt est souvent mentionné en lien avec la franc-maçonnerie, un sujet qui a éveillé beaucoup d’intérêt et de spéculation.

Hugo Pratt, nom de plume d’Ugo Eugenio Prat,

Son œuvre et la franc-maçonnerie

Les œuvres de Pratt, en particulier les aventures de Corto Maltese, sont imprégnées de références historiques, culturelles et ésotériques. La franc-maçonnerie, avec ses symboles et ses mystères, apparaît fréquemment dans ses récits.

Des éléments ne sont pas purement décoratifs mais servent souvent à enrichir les intrigues et à ajouter une couche de complexité et de mystère à ses histoires.

Chacun a encore en mémoire la remarquable exposition temporaire « Corto Maltese et les secrets de l’initiation »

Elle se tenait au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France) du 15 février au 15 juillet 2012 au « 16 Cadet », siège du Grand Orient de France (GODF).

Hugo Pratt (1927-1995) révèle une facette méconnue de sa personnalité à travers cette exposition captivante. Membre de la loge maçonnique Hermès de Venise pendant vingt ans, Pratt a subtilement intégré de nombreuses références maçonniques dans ses albums.

Les visiteurs purent découvrir des trésors inédits de l’œuvre de Pratt. Parmi eux, des planches originales de plusieurs albums, dont Fable de Venise, le plus emblématique de sa relation avec la franc-maçonnerie. Sont également exposés des aquarelles, son cordon maçonnique, et deux de ses tabliers, dont l’un est orné de l’initiale « Z », symbole hébreu associé à son grade de Maître secret. Deux masques africains ayant inspiré « Les Éthiopiques » et un pectoral de Nouvelle-Guinée complètent cette collection fascinante.

Un des objets les plus intrigants est une épée maçonnique flamboyante

Cette épée, ramenée par Pratt à la loge Hermès en 1976, avait été dérobée par son père lors du sac de la loge de Venise par les milices fascistes en 1924. Ce geste symbolique de restitution révèle une dimension profondément personnelle et historique de l’engagement maçonnique de Pratt.

Durant cette période troublée en Italie, marquée par les scandales autour de la loge P2, Pratt n’a jamais publiquement avoué son appartenance maçonnique. Cependant, son biographe Dominique Petitfaux raconte que Pratt laissait entendre cette affiliation sans jamais la confirmer explicitement. Ce n’est qu’après sa mort que son ami Luigi Danesin a révélé cette appartenance dans une revue maçonnique italienne.

Toute l’œuvre d’Hugo Pratt est nourrie de ses rencontres avec des peuples aux rites initiatiques variés, qu’il s’agisse des Indiens d’Amazonie, des sociétés précolombiennes, de l’Afrique, de la Mélanésie ou de la Nouvelle-Guinée. Guy Arcizet, Grand Maître du Grand Orient de France d’alors, soulignait que Pratt était toujours en quête d’altérité, un trait partagé avec les francs-maçons, malgré ses nombreuses autres facettes.

Infos pratiques

Jusqu’au 4 novembre 2024/Centre Pompidou – Place Georges-Pompidou 75004 Paris

Horaires d’ouverture : 12h – 22h en semaine (fermeture le mardi)/10h – 22h le week-end. L’agenda

Centre Pompidou

Carl de Nys voyait en Titus un initié Franc-maçon

De notre confrère resmusica.com – Par Matthieu Roc

Luxe vocal pour la Clémence de Titus de Mozart à Aix-en-Provence

Tous les rôles sont tenus magnifiquement par des chanteurs à l’apogée de leurs moyens : Pene PatiMarianne CrebassaKarine Deshayes… mais la direction de Raphaël Pichon à la tête de l’ensemble Pygmalion pose question.

Donné en version de concert, tout doit être fait pour privilégier la beauté sonore d’un opéra. C’est bien le cas ce soir, dans l’acoustique remarquable du Grand Théâtre de Provence. L’ensemble Pygmalion en grande forme développe les couleurs boisées et cuivrées magnifiques des instruments d’époque, encore agrémentées par un pianoforte un rien bavard mais non-envahissant. Le chœur, qui n’a pas une partie très longue ni très difficile, chante avec une précision extrême, de façon investie, avec délicatesse ou dramatisme selon le moment de l’intrigue. La mise en espace de Romain Gilbert, discrète et efficace, profite des très beaux éclairages de Cécile Giovansili Vissiere et porte efficacement l’évolution de l’histoire et des personnages.

Dans le rôle-titre, Pene Pati rayonne. La voix est une merveille de timbre solaire, de souplesse et d’élocution, et il en joue avec un style parfait, des demi-teintes subtiles et des nuances fines. On pardonnera volontiers au ténor un petit coup de savon sur les vocalises, car son interprétation est non seulement superbe, mais fort intéressante : il arrive à donner à son personnage une dimension réellement impériale, mais aussi humaine et fraternelle qui rend enfin intéressant ce personnage, en soi peu évolutif. La tendresse avec laquelle il interroge son ami-traître est étonnamment émouvante.

On ne peut pas ne pas penser à l’analyse de Carl de Nys, qui voyait en Titus un initié franc-maçon : voilà un roi jeune et éclairé, un géant de bonté, une sorte de Tamino qui aurait succédé à Sarastro, et en mission d’aider l’humanité à évoluer.

Face à lui, Marianne Crebassa dans Sextus éclate elle aussi de splendeur. Même niveau de beauté de timbre (mais sombre, velouté et toujours homogène sur tout l’ambitus), même style châtié, mais avec une plus belle aisance encore dans les vocalises. Son interprétation, de surcroit fort digne et dramatiquement crédible, déclenche les succès les plus tapageurs de la soirée. Dans le rôle impossible de Vittelia, on est souvent obligé de renoncer aux graves ou aux aigus. Mais Karine Deshayes, qui évolue en Falcon en gagnant des aigus tout en conservant son beau médium de mezzo-soprano (voir sa dernière Norma à Strasbourg), fait fi de cette difficulté. Ses notes basses ne sont pas « poitrinées », et ses aigus (jusqu’au contre-ré) semblent parfaitement naturels. Pas de problème pour les vocalises, ni pour les écarts vertigineux ! Voilà une Vitellia de première classe, interprétée comme une grande princesse qu’elle est censée être, et non pas comme folle écartelée. Dans les autres rôles, on reste au même niveau d’excellence. Léa Desandre aborde Annius avec une simplicité désarmante, et c’est sans doute elle qui nous donne les moments de beauté mozartienne la plus pure de toute la soirée. Emily Pogorelc fait une très belle Servilia, et Nahuel di Pierro un Publius d’une parfaite stature.

A la baguette, Raphael Pichon use de toutes les libertés que se sont progressivement accordées les chefs dits « baroqueux » : coupures voire longues amputations dans les récitatifs, greffe d’un prélude orchestral venu d’ailleurs pour le deuxième acte, intégration du pianoforte dans la trame de l’orchestre, diverses ornementations vocales plus ou moins signifiantes, et usage immodéré du rubato. C’est sans doute ce dernier point qui est le plus désagréable : de fortes décélérations (par exemple, au milieu de l’air « Parto ») qui vont jusqu’à l’arrêt de quelques secondes, suivis de brutales accélérations. Certes, ces ralentissements expriment quelque chose, comme le doute, le désarroi, et dans les duos le sentiment d’amitié, d’amour, mais la phrase mozartienne est, intrinsèquement, suffisamment porteuse de sens et d’émotion, et n’a pas besoin d’être étirée comme un caoutchouc pour être surinterprétée. Avec tous ces tics et licences importées du répertoire baroque, Raphaël Pichon traite Mozart comme un Vivaldi ou un Porpora. Ce serait acceptable, à la limite, pour Idomeneo, qui est encore un opéra séria « à l’ancienne », mais pas pour la Clemenza, dont Mozart a bien notifié de sa main que ce n’était pas un opéra seria, mais un « opera vera » (sic), un vrai opéra. Le contresens interprétatif est encore plus patent quand on analyse tout ce qui est novateur dans cette œuvre charnière de 1791, et tous les germes du romantisme qu’elle porte en elle et qui annoncent Beethoven, Von Weber, etc. Ce n’est donc pas rendre service ni justice à Mozart que de traiter ce monument testamentaire comme un opéra vénitien de 1715, même si cela plait au public. Et pourtant… Mozart résiste, comme il a résisté à tous les autres traitements qui lui ont été infligés au long des XIXe et XXe siècles. Malgré tous les choix discutables de Raphaël Pichon, la beauté de la musique de Mozart nous subjugue toujours, nous émeut et nous transporte. La soirée se termine en succès, bien mérité pour les valeureux interprètes, mais la question demeure, de savoir comment il faut jouer Mozart de nos jours.

Crédit photographique : Festival d’Aix-en-Provence 2024 — La clemenza di Tito © Vincent Beaume

Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence, 21 VII 2024.
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : La Clemenza di Tito, livret de Caterino Mazzola d’après Pietro Métastasio. Pene Pati, ténor (Tito) ; Karine Deshayes, mezzo-soprano (Vitellia) ; Marianne Crebassa, mezzo-soprano (Sesto) ; Lea Desandre, mezzo-soprano (Annio) ; Emily Pogorelc, soprano (Servilia) ; Nahuel di Pierro, basse (Publio) ; Chœur et orchestre Pygmalion ; Raphaël Pichon, direction. Romain Gilbert, mise en espace ; Cécile Giovansili Vissiere, éclairages.