Accueil Blog Page 175

Le pavé mosaïque des fous

7

(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)

Dans un pays qui n’a plus de boussole, où il n’y a plus que des gyrophares et des sirènes hurlantes, les Jeux Olympiques se sont ouverts sous un ciel pluvieux. Je voudrais ici revenir brièvement sur la cérémonie qui a illustré à plaisir les multiples talents des artistes et des techniciens français, qui abreuvent, de longue date, sur des budgets publics, des courants culturels ne tombant pas, pour le moins, dans la soupière commune des programmes audiovisuels.

Cette soirée aura réuni beaucoup de Français, projetant à la face du monde une image ironique de leur pays que bien des peuples sans doute ont du mal à saisir, quoiqu’ils prêtent volontiers à l’esprit hexagonal de l’audace voire de la témérité poussant l’éclat jusqu’à la lisière de la caricature.

Bref, nous nous revendiquions universels, ce soir-là, je crains que nous soyons surtout apparus plus Français que jamais, sauf que probablement les Français, non plus, ne sont pas ainsi, même s’ils ont récemment montré dans les urnes que, contre un danger venant d’eux-mêmes, risquant de les isoler du monde, ils étaient prêts, sans conjurer tous leurs démons, à se mobiliser à cet instant critique, au-delà de leurs autres divisions, pour protéger toutes les minorités… sans pour autant, soulignons-le, les porter aux nues.

Ce dernier point ne saurait être négligé car nos concitoyens respirent encore à pleines narines tous les remugles de leur histoire. Néanmoins, force est de constater qu’ils voient avec faveur leurs couleurs triompher, dans les stades, grâce à des athlètes de toutes origines. Ils sont même prompts à les prendre alors en exemples, entonnant d’un seul cœur l’hymne national. Au fond, le principe d’universalité qu’ils prétendent encore porter sous leur drapeau  – et qui, regrettons-le, est de moins en moins un phare pour le monde –, va-t-il réellement bien au-delà de la fierté et de l’émotion ?

L’enfer, dit-on, est pavé de bonnes intentions. Il le serait aussi de bons sentiments. La situation générale que nous affrontons, y compris dans la parenthèse des Jeux, ne résout rien de nos scissions internes, des dualités que nous réputons insurmontables, rien des excitations violentes et spectaculaires dans lesquelles se complaît le débat public, rien donc de cette schizophrénie qui nous déphase des réalités, rien davantage non plus de cette hystérie qui électrise nos moindres réactions.

Je vous le dis, Mes Sœurs et Mes Frères – si l’humour est encore permis au pays de l’ironie –, il faudrait, au moins, rendre obligatoires des stages de franc-maçonnerie car, sans le secours du dialogue et de la raison, le pavé mosaïque des foules, opposant des passions brûlantes et ravageuses, tout recouvert qu’il soit, pendant quelques semaines, des rêves glorieux d’un olympisme lénifiant, le pavé mosaïque des foules risque de demeurer, pour trop longtemps encore, le pavé mosaïque des fous.

Une plongée mystique au cœur de la Commanderie templière de La Villedieu-lès-Maurepas

La Commanderie de La Villedieu-lès-Maurepas, nichée au cœur des Yvelines, est un sanctuaire de pierre et de mystère, témoin silencieux des tumultes de l’histoire. Fondée au XIIe siècle par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, cette enclave médiévale s’éveille dans la brume des légendes et des mythes, mêlant le réel et le fabuleux.

À l’aube de son existence, la commanderie se dressait fièrement, bastion de la foi et de l’hospitalité, accueillant les pèlerins en route pour la Terre Sainte. Ses murs épais résonnaient des prières des moines-soldats, hommes dévoués au double idéal de la croix et de l’épée. Les voyageurs y trouvaient refuge, tandis que les terres alentour, sous l’œil vigilant des frères, prospéraient, nourrissant corps et âmes.

L’architecture de la commanderie, sobre et robuste, évoquait la rigueur et la discipline des Hospitaliers. L’église, cœur spirituel du domaine, s’élevait comme un phare de pierre, ses vitraux colorés filtrant la lumière céleste. Les salles de réunion résonnaient des débats stratégiques, où se mêlaient les échos des croisades lointaines. Les dortoirs austères murmuraient les rêves des chevaliers, tandis que les granges et les écuries s’animaient des activités quotidiennes, symbole d’une vie communautaire intense et rigoureuse.

Au fil des siècles, l’histoire de la commanderie se teinta de nuances plus sombres et plus douces. Après la dissolution de l’ordre des Hospitaliers au XVIe siècle, ses pierres vénérables connurent divers avatars. Transformée, abandonnée, restaurée, elle traversa le temps, gardienne des secrets enfouis. La commanderie devint alors le théâtre de récits fabuleux, de trésors cachés et de souterrains mystérieux, autant de légendes qui enflammaient l’imagination des villageois et des visiteurs.

Entre secrets et légendes des Templiers

Le mythe du trésor des Hospitaliers, caché dans quelque recoin obscur de la commanderie, hante les esprits avides d’aventures. On murmure que les frères, avant de quitter les lieux, auraient dissimulé des richesses inestimables, attendant patiemment d’être redécouvertes par des âmes assez courageuses pour percer les mystères des lieux.

De même, les histoires de souterrains secrets, reliant la commanderie à d’autres bastions médiévaux, ajoutent une couche de mystère à ce lieu déjà enchanteur. Ces passages cachés auraient servi de refuges ou de routes discrètes pour transporter des biens précieux loin des regards indiscrets.

Les nuits de pleine lune, la commanderie se transforme en un théâtre spectral où les légendes prennent vie. Des témoins affirment avoir aperçu des chevaliers fantomatiques, leurs armures scintillant d’une lueur éthérée, parcourant silencieusement les ruines. Ces apparitions, réelles ou imaginaires, nourrissent les récits locaux et attirent les curieux en quête de frissons historiques.

Aujourd’hui, la Commanderie de La Villedieu-lès-Maurepas s’ouvre au monde, particulièrement lors des Journées Européennes du Patrimoine (JEP). Ces journées sont une invitation à voyager dans le temps, à découvrir les secrets bien gardés de ces vieilles pierres.

Les visiteurs, guidés par des experts passionnés, peuvent déambuler à travers les vestiges, revivant les heures glorieuses des Hospitaliers. Des reconstitutions historiques plongent le public dans le quotidien des moines-soldats, tandis que des conférences éclairent d’un jour nouveau les aspects méconnus de leur existence. Les enfants, eux, s’immergent dans des activités ludiques, initiés à l’histoire médiévale de manière captivante.

Chevaliers de l'ordre du Temple
Chevaliers de l’ordre du Temple

La Commanderie de La Villedieu-lès-Maurepas est plus qu’un site historique ; c’est une fenêtre ouverte sur un passé riche et fascinant, où l’histoire et le mythe s’entrelacent pour tisser une tapisserie narrative captivante. Entre ses murs, le visiteur sensible peut encore percevoir les murmures des âmes anciennes, échos d’un temps où la foi, le courage et le mystère régnaient en maîtres.

Les Journées Européennes du Patrimoine 2024

La Commanderie de La Villedieu-lès-Maurepas s’éveille encore une fois pour accueillir les visiteurs lors des Journées Européennes du Patrimoine, les 21 et 22 septembre 2024. Ce lieu historique, ancré dans le passé glorieux des Templiers, ouvre ses portes à tous pour un voyage dans le temps, au cœur du Moyen Âge.

Le samedi 21 septembre 2024, de 10h00 à 18h00, et le dimanche 22 septembre 2024, de 11h00 à 17h00, la Commanderie des Templiers de La Villedieu, située sur la route de Dampierre (CD 58), à Élancourt, dans les Yvelines, invite le public à découvrir son histoire et ses mystères. L’entrée est libre, offrant à tous une opportunité unique d’explorer ce site emblématique.

La Commanderie de La Villedieu-lès-Maurepas est l’une des nombreuses commanderies templières qui ont prospéré en Occident entre le XIIe et le début du XIVe siècle. Ces domaines agricoles étaient essentiels, fournissant les ressources humaines, financières et logistiques nécessaires à l’Ordre monastique pour soutenir les croisades au Proche-Orient. De cette époque révolue, il subsiste encore la chapelle et le bâtiment des gardes, témoins silencieux de l’histoire tumultueuse des Templiers.

Au fil des siècles, la commanderie a subi de nombreuses transformations. La ferme, vendue comme bien national pendant la Révolution, est devenue la plus importante exploitation agricole d’Élancourt, modernisée au XIXe siècle et exploitée jusqu’en 1963, avant de se muer en un centre culturel. Aujourd’hui, la commanderie accueille des expositions d’art contemporain, et la chapelle, inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1926, continue de fasciner par son architecture et son histoire.

Pour les visiteurs, une exposition détaillée sur le site et l’histoire de la Commanderie de La Villedieu est présentée dans la chapelle. En outre, un jeu interactif en équipe permet de tester ses connaissances tout en s’amusant, rendant l’expérience à la fois éducative et ludique.

L’accès au site est aisé. En voiture depuis Paris, il suffit de suivre l’autoroute A13/A12/N10 et de prendre la sortie Élancourt/Commanderie. Pour ceux qui préfèrent les transports en commun, depuis la Gare SNCF de La Verrière, le bus 402 vous dépose à l’arrêt Chapelle de La Villedieu.

La Commanderie des Templiers de La Villedieu est plus qu’un simple vestige historique. C’est un lieu où le passé et le présent se rencontrent, offrant aux visiteurs une immersion totale dans l’histoire locale et le patrimoine des Templiers. Que vous soyez passionné d’histoire, amateur d’architecture ou simplement curieux, cette commanderie est un trésor à découvrir à votre rythme, entre récits captivants et quizz numériques.

Source : Unidivers – l’Unité dans la Diversité

Les mystères de l’Histoire : Décryptage des énigmes et légendes cathares

L’édition numéro 24 de Les grandes énigmes de l’Histoire, nous invite à explorer des mystères historiques d’une profondeur saisissante, chacun révélé à travers des articles méticuleusement documentés et généralement bien rédigés.

Le magazine nous entraîne dans un voyage à travers le temps, où les récits de civilisations anciennes, de sociétés secrètes, de mystères non résolus et de légendes fascinantes sont mis en lumière avec une clarté impressionnante.

L’édito de cette édition pose d’emblée le cadre : l’histoire des cathares est l’une des plus grandes tragédies de l’histoire, évoquant des émotions profondes. Le magazine commence par établir ce ton dramatique et intrigant, nous préparant à une série d’articles qui promettent de dévoiler des secrets bien gardés et des histoires inoubliables.

Croix cathare

Les premières pages du magazine sont consacrées aux actualités de l’histoire, une rubrique rédigée par Vincent Willaime, qui met en lumière les découvertes récentes et les nouvelles perspectives historiques. Cette partie est une mise en bouche parfaite, offrant aux lecteurs un aperçu des dernières avancées dans le domaine de l’histoire.

Le dossier principal, intitulé « Les Cathares : autopsie d’une tragédie médiévale », rédigé par William Cevennit, plonge profondément dans l’histoire de ce mouvement religieux dissident qui a marqué le Midi de la France aux XIIe et XIIIe siècles. Ce dossier explore non seulement les croyances et les pratiques des cathares, mais aussi les raisons de leur persécution brutale par les pouvoirs en place. William Cevennit réussit à capturer l’essence de cette tragédie, offrant une analyse nuancée de la manière dont la politique et la religion se sont entremêlées pour éradiquer ce groupe pacifiste.

Ensuite, le magazine s’aventure dans le monde des sociétés secrètes avec un article sur les ninjas, « Les ninjas : les guerriers de l’ombre ». William Cevennit démythifie ces figures emblématiques du folklore japonais, révélant la réalité derrière les légendes. Les ninjas, souvent représentés comme des super-héros dans les médias modernes, étaient en réalité des espions et des saboteurs, accomplissant des tâches que les samouraïs, avec leur code d’honneur, ne pouvaient pas exécuter. Cet article offre un regard captivant sur la vraie nature des ninjas et leurs méthodes secrètes.

Montségur

Un autre mystère fascinant est celui de la colonie perdue de Roanoke. Umberto Vasco, dans son article « La colonie perdue de Roanoke : un mystère vieux de plus de quatre siècles », nous transporte en 1587, lorsque les premiers colons anglais se sont installés sur l’île de Roanoke, au large de l’actuelle Caroline du Nord. Umberto Vasco décrit de manière vivante comment, trois ans plus tard, le gouverneur de la colonie revient pour découvrir que tous les colons ont disparu sans laisser de trace. Ce récit est imprégné de mystère, et malgré de nombreuses hypothèses, le sort des colons de Roanoke reste inexpliqué.

L’article suivant, « Le feu grégeois : l’arme secrète des Byzantins », par Xavier Jeannot, explore une arme légendaire qui a contribué à la défense de l’Empire byzantin contre ses nombreux ennemis. Le feu grégeois, une substance inflammable projetée depuis des canons embarqués sur des navires, semait la terreur parmi les flottes ennemies. Jeannot offre une analyse détaillée de cette arme mystérieuse, explorant son invention, son utilisation et l’impact qu’elle a eu sur les conflits de l’époque.

Enfin, le magazine nous entraîne dans une exploration du Graal avec l’article « Le Graal : cœur lumineux de la chevalerie » de Paul-Georges Sansonetti. Rappelons simplement que Paul-Georges Sansonetti a été chargé de conférences à l’école pratique des Hautes-Etudes Sorbonne.  Il est spécialiste de la littérature comparée aux mythologies, au cinéma et aux Art graphiques et est diplômé de l’École du Louvre et titulaire d’un doctorat de lettres.

Paul-Georges Sansonetti

Le Graal, symbole ultime de la quête chevaleresque, est un mélange de légende et de mysticisme. Paul-Georges Sansonetti décrit les diverses interprétations du Graal à travers les âges, de l’objet sacré au symbole de la quête spirituelle. Cet article clôture le magazine sur une note mythique, laissant les lecteurs réfléchir à la convergence de la réalité et de la légende.

Cette édition de Les grandes énigmes de l’Histoire est une lecture incontournable pour tous les amateurs d’histoire et de mystères. Chaque article est une invitation à explorer des récits fascinants, à démêler des énigmes anciennes et à se perdre dans les pages d’un passé riche et complexe. Que ce soit à travers les tragédies des cathares, les secrets des ninjas, les mystères non résolus de Roanoke, les armes redoutables des Byzantins ou les quêtes mythiques du Graal, ce magazine nous rappelle que l’histoire est une source inépuisable de fascination et de découverte.

Les grandes énigmes de l’Histoire

Les Cathares : autopsie d’une tragédie médiévale

Diverti Editions, N°24, 2024, 100 pages, 7,90 €

La Franc-maçonnerie dans la Tunisie coloniale

De notre confrère leconomistemaghrebin.com

Rencontre littéraire autour du livre « La Franc-maçonnerie dans la Tunisie coloniale, Saga de la loge “L’Aurore du XXe Siècle” de Bizerte(1900-1940) » de Hedi Saidi

Publié dans la collection Mémoires du Sud aux Editions du Cygne 2024, le récent livre «La Franc-maçonnerie dans la Tunisie coloniale, Saga de la loge “L’Aurore du XXe Siècle” de Bizerte (1900-1940) » de Hedi Saidi sera présenté lors d’une rencontre littéraire. Organisée par l’Alliance Française de Bizerte en partenariat avec l’Amicale des anciens élèves de Bizerte, l’Association de la Sauvegarde de la Médina, l’Association Méditerranée Action Nature et l’Association de Protection et de Sauvegarde du Littoral de Bizerte, la rencontre-débat est programmée pour le vendredi 09 août 2024, à la médiathèque de l’Alliance à partir de 18h00.

La rencontre sera une occasion pour mettre en avant l’histoire de la franc-maçonnerie en Tunisie coloniale qui s’apparente à un voyage à travers un labyrinthe d’histoires et de perceptions. Comme le souligne Hedi Saidi, chaque Franc-maçon nourrit sa propre vision de cet art de vivre, rendant sa définition unique et plurielle.

L’ouvrage se présente comme une invitation à décrypter cette institution souvent méconnue, en retraçant ses origines tunisiennes et en s’attardant sur l’histoire de la loge bizertine “L’Aurore du XXe Siècle”. Cette approche permet d’appréhender la franc-maçonnerie dans son contexte colonial, en analysant son évolution, sa sociabilité et les figures qui l’ont animée.

L’auteur met en lumière les représentations de la franc-maçonnerie véhiculées au sein de la société coloniale. Il interroge les réactions des Francs-maçons face à ces perceptions et examine les réponses concrètes apportées aux problématiques sociales rencontrées par la population tunisienne.

S’il est difficile de dresser un bilan exhaustif de l’implantation maçonnique en Tunisie coloniale, compte tenu des disparités d’information, l’ouvrage pose une question centrale : la franc-maçonnerie a-t-elle réussi à s’intégrer au sein de la société coloniale tunisienne ?

L’analyse de l’auteur, loin de prétendre à des révélations absolues, s’appuie sur des sources accessibles et invite à une réflexion approfondie sur le rôle et l’impact de la franc-maçonnerie dans ce contexte historique complexe.

Hédi Saïdi, est agrégé, enseignant d’Histoire au Campus des Métiers Gaston Berger de Lille (France) et à l’Institut Social de Lille et membre de LERIC-Sfax (Tunisie) et de L’URMIS-Paris. Il est Chevalier de la Légion d’Honneur et Chevalier des Palmes académiques.

Il est également président- fondateur de l’Association jeunesse-intégration-solidarité républicaines et président du Forum régional contre les discriminations et pour une nouvelle citoyenneté depuis 2003.Il est également Président du festival culturel franco tunisien « De Carthage à Paris », de 1996 à 2002, membre de la cellule académique de veille contre les discriminations et le repli identitaire de l’Académie de Lille depuis 2004 e Depuis 2012, il dirige la collection « Diversités », L’Harmattan-Paris. Avec TAP

Bible : quelques récents étonnements

Par recoupements avec d’autres sources, les historiens rétablissent une image crédible de ce qui s’est réellement passé lors de la naissance du peuple hébraïque et de sa religion. Les imports dans les légendes maçonniques sont eux aussi secoués.

La bible a longtemps été considérée comme à la fois livre religieux et historique. D’ailleurs il existe toujours des congrégations qui imposent une lecture au premier degré de tous les textes, d’où il ressort que le monde a été créé ex nihilo il y a environ 6000 ans. Heureusement, chez nous, tout n’ est que symbole.  Les historiens contemporains, eux, ont décidé de ne déclarer historique que les éléments que l’on a pu recouper avec d’autres sources. Ces autres sources sont les textes des peuples contemporains et voisins des tribus juives. Il y a d’abord les grandes puissances régionales, dont les peuples de taille plus modeste étaient souvent vassaux : l’Assyrie en Mésopotamie, relayée plus tard par Babylone, L’Egypte des pharaons, puis plus tard la Perse et enfin les grecs avec Alexandre le Grand et la période hellénistique. Mais les voisins plus modestes ont également des apports intéressants.

Par exemple, ils avaient des dieux tutélaires, avec leur cortège de légendes donnant d’éclairants parallèles avec la bible.  

Une immersive plongée dans cette époque, et dans le cheminement prudent de la pensée des historiens, est constituée par le livre «  l’invention de Dieu », de Thomas Römer, membre du Collège de France. Parmi les difficultés à ne pas négliger figurent l’écriture hébraïque ancienne, et son absence de transcription des voyelles, mais aussi les multiples recopies/traductions/remaniements qu’ont subi les textes. En effet,  les rouleaux de papyrus ou de peaux de chèvre ou de vache avaient une durée de vie limitée et leur contenu devait au bout de quelques décennies être recopié sur de nouveaux rouleaux. Il est néanmoins saisissant de suivre la progression de la pensée religieuse de ce peuple, sachant que pendant tout ce temps se déroulent des guerres, révoltes ou dominations avec à chaque fois des influences culturelles et cultuelles imposées. Au bout de tout cela fut inventée la notion de monothéisme, reprise par le christianisme et l’islam, quasiment inchangée depuis. La migration vers le monothéisme a nécessité beaucoup d’autres changements dans les pratiques et les mentalités, c’est l’objet de ce billet.

Offrons nous juste quelques arrêts sur image.

Yhwh se fait connaître lorsque Moïse, faisant paître le troupeau de son beau-père Jethro, se perd et arrive à une « montagne de dieu » appelée Horeb.  L’idée que le dieu Yhwh a une origine non israélite s’est assez vite imposée dans la recherche. Jethro était prêtre madianite, ce qui pointe la région sud avec notamment le Neguev. Autour des égyptiens gravitaient plusieurs peuples semi-nomades, dont les madianites, les Shasou et les Hapiru. Moïse était peut-être un révolté de l’un  de ces groupes. Une alliance est scellée entre Yhwh, qui se présente comme celui qui a vaincu les égyptiens, et le peuple de Moïse, et ratifiée par un rituel de sang. A noter que les sacrifices humains étaient courants à l’époque, chose que les transformations religieuses juives élimineront au cours du dernier millénaire avant JC, en parallèle de la marche vers le monothéisme.

D’autres dieux étaient vénérés à l’époque dont El ( ou El Elyon ), noms qui reviennent à plusieurs reprises dans la Genèse, par exemple en rapport avec Abram. On le retrouve aussi dans la dernière syllabe d’Israël , nom pris par Jacob après sa lutte.  

La véracité historique d’une victoire des révoltés conduits par Moïse sur les égyptiens est ébranlée depuis la découverte de la stèle du pharaon Merenptah, muette quant à un exode hors d’Egypte, mais indiquant que suite à une guerre «  Israël est détruit, sa semence même n’est plus ». Allez savoir.

Toujours est-il que ce dieu Yhwh a été introduit dans la région de Benjamin et Éphraïm où se trouve Israël. 

Le fait que Yhwh ne soit devenu le dieu du peuple d’Israël qu’au tournant du deuxième et du premier millénaire avant notre ère est conforté par les toponymes judéens ou israélites. Israël, étant le royaume du Nord, jouira de la prospérité avant la Judée, royaume du sud, et finira par prendre Samarie comme capitale. Mais le polythéisme régnait. A côté de El et Yhwh il y avait aussi un Baal, dieu de l’orage, similaire au Baal phénicien. Et les Baal étaient représentés par des taureaux…de là à voir Yhwh représenté par un taureau, il n’y a qu’un pas. Car oui, les statues n’étaient pas interdites à l’époque. L’imagerie pouvait aussi être une représentation stylisée : c’était le cas d’Ashérah, parèdre de Yhwh ( mentionnée dans la bible ). Et des pierres levées furent également utilisées, par exemple dans les sanctuaires de plein air des petites bourgades. C’est donc un autre point de la révolution monothéiste : l’élimination progressive, mais pas lente, de ces représentations pour obtenir l’aniconisme que nous connaissons.

Ceux qui ont surtout tenu la plume de l’écriture des textes bibliques provenaient du royaume judéen, et ils ont chargé la mule de la culpabilité du royaume du Nord.

C’était une explication nouvelle ( le storytelling, il n’y que ça qui marche ! ) : les échecs ont été provoqués par Yhwh en instrumentalisant nos ennemis, pour punir les juifs des irrégularités commises. La première de celles-ci est l’adoration d’autres dieux que Yhwh, dieu jaloux. Le veau d’or semble s’être situé à Samarie plutôt qu’au Sinaï. Le fervent yahwiste Jéhu a dû néanmoins se soumettre aux Assyriens et reconnaître du coup la suprématie de leurs dieux. Ceci a ouvert la porte à l’essor du royaume du Sud, notamment par déplacement d’une partie de la population du Nord.

Concernant le royaume de Judée, l’existence de la « maison de David » est attestée par une inscription araméenne retrouvée à Tel Dan. Les territoires de David se trouvent dans la zone d’influence des Philistins et David est représenté comme ayant été l’un de leurs vassaux.

Plusieurs épisodes concernent l’arche, protection mobile de Yhwh. 

Main sur la Bible lors du serment

(« Yhwh a dit qu’il voulait habiter dans l’obscurité. »)  La construction (ou rénovation) du temple vient ensuite, fort détaillée. Dans ce temple, serait réservée une sorte de chapelle latérale, un deuxième dĕḇîr, pour Yhwh. Le sanctuaire abriterait donc non pas un mais deux dieux !! N’est-ce pas étonnant ?

Je ne comprends pas pourquoi nos exégètes maçonniques ne se sont pas emparés de cette question vitale.

Ils étaient sans doute trop occupés à se quereller au sujet de l’obligation ou non de croire en un dogme révélé ( Laurence Dermott, si tu nous regardes… ).

Même à Jérusalem, Yhwh n’a pas été vénéré seul.

Bible et 3 grandes Lumières
Bible ouverte avec équerre, compas dans le Temple. Serment

À Moab au fil du temps les membres du panthéon cananéen s’effacent quelque peu derrière le dieu dynastique qui prend de plus en plus de place. Un développement similaire a sans doute eu lieu à Jérusalem.  Dans le cadre du culte royal, on a dû assez rapidement affirmer la supériorité de Yhwh sur la divinité solaire. L’importance du culte solaire à Jérusalem peut, entre autres, s’expliquer par l’influence égyptienne.

Contrairement au royaume du Nord, le Yhwh de Jérusalem a été fréquemment imaginé assis sur un trône flanqué de chérubins ou entouré de séraphins ( également courants dans l’iconographie assyrienne ).  Des trônes avec des chérubins figurent aussi sur le sarcophage du roi phénicien Ahiram ( tiens ? ) , daté entre le IXe et le VIIe siècle av JC.

Pendant que je vous tiens sur ce sujet, sachez que le seul Hiram de Tyr historiquement attesté se trouve sous le nom de Hirammu dans les annales du roi assyrien Tiglath-Piléser. Voilà, moi aussi je suis érudit.

Les récits de construction de temple sont nombreux dans les textes assyriens, et celui dans la bible leur ressemble mucho mucho…

La catastrophe de la destruction de Jérusalem et de l’exil par les Babyloniens en 587 a été expliquée par une ou des statues de Yhwh, ce qui a précipité l’interdiction des représentations. Le chandelier se substituera à la statue. Yhwh accompagnera les exilés à Babylone. « On ne dira plus : “Arche d’alliance de Yhwh.” Cet oracle substitue à l’arche, en tant que trône de Yhwh, la ville de Jérusalem qui tout entière devient le « siège » du dieu d’Israël, le centre du monde.

Être le seul vrai dieu n’autorise guère de partenaire, aussi Ashérah fut, malgré les résistances, « exfiltrée » comme relevant d’un culte non yahwiste.  En Mésopotamie, la « maison d’Ishtar » peut aussi désigner le bordel, et il existe sans doute un lien entre prostitution et culte d’Ishtar. L’interdiction de la prostitution dans les lieux de culte fut une autre des innovations bibliques.

Yhwh devient le dieu « un » et Jérusalem le seul endroit légitime pour pratiquer le culte sacrificiel. 

L’insistance sur l’unité de Yhwh s’accompagne de l’exigence d’un amour total et sans partage pour la divinité.  La fermeture (au moins théorique) des boucheries dans les sanctuaires locaux nécessite maintenant la permission d’un « abattage profane ».

La prise de Babylone par Cyrus en 539 avant notre ère permit le retour des exilés avec autorisation de pratique de leur culte.  Yhwh est certes le dieu qui règne sur tous les peuples, néanmoins, il entretient une relation particulière avec Israël.  Cependant, Israël ne doit pas « profiter » de cette connaissance, d’où l’interdiction, qui se précise durant la seconde partie de l’époque perse, de prononcer le nom de Yhwh. Satan apparaît sous l’influence mazdéiste du dualisme perse. Le remplacement des sacrifices animaliers par un sacrifice d’encens peut également refléter une influence perse car le mazdéisme préfère les sacrifices végétaux aux sacrifices sanglants.

Vu tout cet historique, le monothéisme yahwiste ne s’enracine plus dans l’idéologie royale, mais est une réaction à la disparition de la royauté et à l’écroulement de la religion nationale traditionnelle. 

Un des premiers gouverneurs de Yehud semble avoir été Zorobabel, un déporté, d’ascendance royale davidique et commis par les Perses.

Bible maçonnique
Bible maçonnique

Ceux-ci pensaient sans doute que son pedigree royal convaincrait la population autochtone de collaborer avec lui.  La disparition très soudaine de Zorobabel dans la Bible suggère cependant que les Perses l’ont démis de ses fonctions pour empêcher des attentes messianiques.

C’est le Pentateuque qui se substitue aux institutions politiques, mais aussi au pays, de sorte qu’il devient, pour reprendre une expression célèbre du poète Heinrich Heine, une « patrie portative » qui permet au judaïsme de vénérer Yhwh en conservant les lois qui se trouvent dans la Torah et qu’on peut lire partout où il y a des synagogues. Lorsque Pompée entre en 63 avant notre ère dans le temple de Jérusalem, il découvre avec stupéfaction qu’il est vide, ce qui paraît une chose inconcevable.

La transformation de Yhwh en dieu unique est achevée par le refus du judaïsme de l’appeler par son nom et, surtout, par la traduction de la Torah en grec, ce qui permet alors au monde entier (vu de la perspective gréco-romaine) de le découvrir et, éventuellement, de se tourner vers lui.

Ce trop court survol d’un millénaire particulier doit nous faire réfléchir au processus de formation des croyances, religieuses ou idéologiques. Comment ne pas voir que toutes ont été construites par « cherry-picking » d’éléments captés alentour ? Et en cela la franc-maçonnerie a fait strictement pareil.

Loges maçonniques attaquées : la justice demande la condamnation de 8 néonazis

De notre confrère leparisien.fr – Par Pascale Égré et Jérémie Pham-Lê 

Une « entreprise terroriste » caractérisée, même si l’action violente envisagée n’a pas été mise en œuvre, mais le choix d’une qualification délictuelle. Telle est la position du parquet national antiterroriste (PNAT) pour l’un des pans du vaste dossier concernant le gourou complotiste et ex-cadre du MoDem Rémy Daillet-Wiedemann (RDW) : le « projet Alsace » d’attaque contre des loges maçonniques dans l’est de la France, fomenté à partir d’avril 2020 et jusqu’en mai 2021 par « un groupe d’individus acquis à l’idéologie néonazie ».

Dans un réquisitoire définitif du 4 juillet, le PNAT demande le renvoi de huit personnes pour « association de malfaiteurs terroriste » devant le tribunal correctionnel de Paris. RDW avait échappé à une mise en examen dans ce volet où son rôle apparaît « indirect et résiduel », considère-t-il.

Lire la suite sur le Parisien

[NDLR : Pour mémoire, nous vous proposons un aperçu de l’affaire concernant Rémy Daillet-Wiedemann et le « projet Alsace » :

Rémy Daillet-Wiedemann

Rémy Daillet-Wiedemann est une figure controversée en France, ayant été associé au parti centriste MoDem avant de s’en éloigner et de devenir un gourou complotiste. Il est connu pour ses théories du complot et ses appels à la sédition. Il a notamment gagné en notoriété pour ses prises de position contre les mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid-19 et pour ses discours incitant à la rébellion contre les autorités françaises.

Le « projet Alsace »

Le « projet Alsace » est l’une des branches de l’enquête sur les activités de Rémy Daillet-Wiedemann. Ce projet visait à attaquer des loges maçonniques dans l’est de la France. Selon les informations disponibles, le projet a été préparé par un groupe d’individus adeptes de l’idéologie néonazie. Les préparatifs ont commencé en avril 2020, en pleine pandémie, et se sont poursuivis jusqu’en mai 2021.

Les loges maçonniques

Les loges maçonniques, cibles du complot, sont souvent perçues par certains groupes extrémistes comme des lieux de pouvoir occulte et de complot international, ce qui alimente les théories du complot à leur égard.

L’enquête du PNAT

Le parquet national antiterroriste (PNAT) a pris en charge cette affaire en raison de la gravité des accusations et de la menace potentielle que représentait ce complot. L’enquête a permis de révéler les intentions du groupe néonazi et de prévenir toute attaque contre les loges maçonniques.

Le démantèlement du réseau

Grâce à une surveillance accrue des communications et des activités en ligne des groupes complotistes et néonazis, les autorités ont pu identifier et arrêter plusieurs individus impliqués dans ce projet. Cette opération a été cruciale pour empêcher une attaque terroriste et pour démanteler une partie du réseau de Daillet-Wiedemann.

Le contexte général

Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de montée des idées complotistes et extrémistes en France et ailleurs, souvent exacerbées par la pandémie de Covid-19. Les mesures de confinement et les incertitudes liées à la pandémie ont contribué à une radicalisation de certains groupes, qui voient dans les théories du complot une explication simpliste à des problèmes complexes.

Rémy Daillet-Wiedemann posant fièrement devant la place Saint-Etienne lorsqu’il était président du Modem de Haute-Garonne, en octobre 2008. (©Archives Actu Toulouse)

Rémy Daillet-Wiedemann, aujourd’hui

Rémy Daillet-Wiedemann fait l’objet de plusieurs enquêtes et accusations, non seulement pour le « projet Alsace », mais aussi pour d’autres activités illégales, y compris l’organisation de réseaux de kidnapping. Il continue de nier les accusations portées contre lui et se présente comme une victime d’un complot étatique.

En conclusion, le « projet Alsace » est un exemple frappant de la manière dont les théories du complot peuvent se transformer en menaces réelles, nécessitant une vigilance accrue de la part des autorités pour prévenir des actes de violence.]

Courir vers la Lumière : Une lecture maçonnique des « Chariots de Feu »

En cette période exaltante des Jeux olympiques de Paris 2024, nous avons l’honneur et le plaisir d’inviter nos fidèles lecteurs à partager une lecture maçonnique du film emblématique « Les Chariots de feu ».

« Les Chariots de feu », le chef-d’œuvre

Ce chef-d’œuvre cinématographique, plus qu’un simple récit sportif, est une profonde exploration des aspirations humaines, des convictions personnelles et de la lutte contre les préjugés, des thèmes qui résonnent puissamment avec les valeurs et les principes de la franc-maçonnerie. À travers les parcours inspirants d’Éric Liddell et Harold Abrahams, nous découvrirons ensemble comment leur quête de perfection, leur engagement inébranlable et leur volonté de surmonter les obstacles reflètent les idéaux maçonniques de persévérance, de fidélité à soi-même et de recherche de la vérité.

Une analyse enrichissante, mais profane

Rejoignez-nous pour cette analyse enrichissante où nous explorerons les symboles et les messages profonds de ce film intemporel, et célébrons ensemble la convergence de l’excellence sportive et des valeurs spirituelles en ces moments de célébration olympique.

« Les Chariots de feu », une œuvre cinématographique britannique de 1981 réalisée par Hugh Hudson et scénarisée par Colin Welland, transcende le simple film de sport pour devenir une exploration poétique des aspirations humaines, des convictions religieuses et de la lutte contre les préjugés. L’intrigue, basée sur des faits réels, plonge le spectateur dans l’histoire de deux athlètes britanniques, Éric Liddell et Harold Abrahams, qui, par leurs parcours singuliers, convergent vers les Jeux olympiques de Paris en 1924.

Éric Liddell, JO 1924

Liddell, fils de missionnaires écossais, est habité par une foi chrétienne inébranlable. Pour lui, la course est une manière de rendre gloire à Dieu, une expression de sa spiritualité et de sa gratitude pour le don de la vitesse. Son engagement est total, sa détermination sans faille, mais il est également tiraillé entre sa passion pour la course et son devoir religieux. La tension culmine lorsque Liddell découvre que l’épreuve du 100 mètres, pour laquelle il est favori, doit avoir lieu un dimanche, jour sacré pour lui. Fidèle à ses principes, il refuse de courir ce jour-là, un geste qui pourrait lui coûter la médaille d’or. Sa résolution, néanmoins, est récompensée lorsqu’il participe à une autre épreuve et remporte la victoire, transcendant ainsi les limites de l’exploit sportif pour devenir un symbole de la foi et de la persévérance.

Harold Abrahams, vainqueur du 100 mètres aux JO de 1924

Abrahams, quant à lui, est un jeune homme d’origine juive, confronté aux barrières de l’antisémitisme et aux attentes de la société britannique de l’époque. Sa quête de reconnaissance et de succès est animée par un désir intense de prouver sa valeur et de briser les stéréotypes. Contrairement à Liddell, sa motivation ne réside pas dans la religion mais dans une volonté farouche de dépasser ses limites et de défier ceux qui doutent de lui. Abrahams engage un entraîneur professionnel, Sam Mussabini, une décision controversée dans un milieu où l’amateurisme est encore vénéré. Cette collaboration, pourtant, s’avère fructueuse et marque un tournant décisif dans sa préparation. La relation entre Abrahams et Mussabini est l’illustration parfaite de l’alchimie entre le talent inné et l’expertise acquise, entre le potentiel brut et le raffinement technique.

Vangelis, en juillet 2012

Le film, magnifié par la musique envoûtante du grec Vangelis nom de scène d’Evángelos Odysséas Papathanassíou (1943-2022), dont le thème principal est devenu iconique, évoque non seulement la beauté de l’effort physique mais aussi la profondeur des motivations personnelles. Les scènes de course, filmées au ralenti, capturent la grâce et l’intensité des athlètes, leurs visages tendus par l’effort, leurs muscles tendus comme des arcs, chaque foulée résonnant comme un battement de cœur. La bande sonore électronique, contrastant avec l’époque représentée, insuffle une dimension intemporelle et presque mystique aux exploits des coureurs.

« Les Chariots de feu » a été salué par la critique et le public, remportant quatre Oscars, dont celui du meilleur film. Il a également été primé pour son scénario original, ses costumes d’époque authentiques et bien sûr, pour sa musique originale. Le film n’est pas seulement un témoignage de l’histoire sportive, mais une réflexion sur la condition humaine, sur ce qui pousse les individus à se dépasser, à rester fidèles à leurs convictions, et à lutter contre l’adversité. Chaque personnage, chaque scène, chaque note de musique contribue à tisser une toile riche et complexe où se mêlent les thèmes de la foi, de l’identité, de la discrimination et de l’amitié.

En somme, « Les Chariots de feu » transcende les frontières du genre pour offrir une expérience cinématographique profonde et émouvante. Il nous rappelle que derrière chaque victoire sportive se cache une histoire humaine de sacrifice, de courage et de détermination. Le film nous invite à réfléchir sur nos propres motivations et sur la manière dont nous pouvons, chacun à notre manière, courir notre propre course dans la vie.

L’analyse de « Les Chariots de feu » à travers le prisme de la franc-maçonnerie

Elle révèle des thèmes et des symboles profondément en résonance avec les valeurs et les principes de l’art royal.

La franc-maçonnerie, imprégnée d’aspirations à la quête de perfection morale, à l’amélioration de soi et au service de l’humanité, trouve dans ce film un terreau fertile pour une lecture enrichissante.

Éric Liddell, le premier protagoniste

La dualité des protagonistes, Éric Liddell et Harold Abrahams, peut être vue comme une illustration de la dualité maçonnique du parcours initiatique. Éric Liddell, avec son engagement religieux et sa course pour la gloire de Dieu, incarne la quête spirituelle, le voyage intérieur vers une illumination personnelle et divine. Son refus de courir le dimanche, malgré les pressions, est une expression de sa fidélité à ses principes, une valeur chère à la franc-maçonnerie où l’adhésion à ses propres convictions et l’intégrité morale sont fondamentales. Cette fidélité aux principes malgré les sacrifices nécessaires rappelle la nature initiatique du chemin maçonnique, où chaque épreuve surmontée rapproche l’initié de la lumière.

Harold Abrahams, le second

Harold Abrahams, de son côté, représente la lutte contre les préjugés et la quête de reconnaissance sociale, un autre aspect de l’initiation maçonnique. En tant que juif, il est confronté à l’antisémitisme et à la discrimination, ce qui résonne avec la franc-maçonnerie qui prône l’égalité et la fraternité au-delà des différences de race, de religion ou de statut social. Sa détermination à s’améliorer, son recours à un entraîneur professionnel malgré les conventions de l’époque, symbolise la quête de la maîtrise et de la perfection, un pilier central de l’idéal maçonnique. Abrahams, en brisant les chaînes des préjugés, incarne l’aspiration maçonnique à la libération de l’esprit et à la promotion de l’égalité.

Le parcours des deux athlètes peut être comparé à l’ascension à travers les degrés maçonniques. Chacun, à sa manière, franchit les obstacles et surmonte les épreuves pour atteindre son but ultime. Leur préparation et leurs entraînements sont autant de symboles des épreuves initiatiques que doivent traverser les francs-maçons pour atteindre la connaissance et la lumière. Le soutien de leurs mentors, que ce soit l’entraîneur Sam Mussabini pour Abrahams ou la foi profonde pour Liddell, peut être assimilé au rôle des parrains et des guides dans le chemin maçonnique, fournissant les outils et les conseils nécessaires pour progresser.

La musique de Vangelis, omniprésente et envoûtante, ajoute une dimension presque rituelle aux scènes de course. Les moments de silence, suivis de la montée en puissance de la musique, peuvent être perçus comme des phases de réflexion et d’illumination dans les rites maçonniques. La bande sonore électronique contraste avec l’époque représentée, créant une ambiance intemporelle, tout comme les rituels maçonniques transcendent le temps pour relier les initiés aux valeurs éternelles de la fraternité et de la quête spirituelle.

Enfin, le thème central du film, la victoire au-delà de la simple compétition sportive, est en parfaite adéquation avec l’idéal maçonnique de la victoire de l’esprit sur la matière. Les triomphes de Liddell et d’Abrahams ne sont pas seulement des succès athlétiques, mais des triomphes personnels et moraux, fruits de leur persévérance, de leur foi et de leur volonté de surmonter les obstacles. Cela rappelle la quête maçonnique de la transformation personnelle et de l’élévation de l’âme, où chaque succès est une marche de plus vers l’idéal de perfection humaine.

En conclusion, « Les Chariots de feu » peut être interprété comme une allégorie de l’initiation maçonnique, où les valeurs de persévérance, de fidélité à soi-même, de lutte contre les préjugés et de quête de perfection sont magnifiquement mises en lumière. Les personnages et leurs parcours incarnent les principes maçonniques de la quête de la vérité, de l’amélioration de soi et du service à l’humanité, faisant de ce film non seulement un chef-d’œuvre cinématographique, mais aussi une source d’inspiration pour toute réflexion philosophique et spirituelle.

« Les Chariots de feu » (« Chariots of Fire ») de Hugh Hudson, avec Nigel Havers, Ian Holm, John Gielgud

Anneaux olympiques
Anneaux olympiques

09/08/24 :  « Le Matriarcat breton, mythe ou réalité ? », en tenue d’été à « La Solidarité Bretonne » (GLDF – Lorient)

Comme chaque année, la loge de Lorient « La Solidarité Bretonne » de la Grande Loge de France – une obédience maçonnique traditionnelle et spiritualiste suivant une démarche de tradition au cœur des enjeux contemporains –, organise sa tenue d’été la veille de l’ouverture du Festival Interceltique de Lorient1 (FIL). Cette année, le festival a lieu officiellement du 12 au 18 août.

Blason de la loge « La Solidarité Bretonne »

En 2023, la thématique de la loge était « Quel drapeau et emblème pour la Bretagne ? »

2024 verra « La Solidarité Bretonne », une loge fondée à la veille de la Première Guerre mondiale, traiter de « Le Matriarcat breton, mythe ou réalité ?2 »

En ce qui concerne la tenue d’une loge de la Grande Loge de France, il est rappelé que les sœurs ne sont pas admises. Quant aux frères désirant y assister, la convocation indique clairement le dresse code : « Une tenue correcte est requise, comprenant une chemise et un pantalon léger, des chaussures fermées, ainsi que des gants blancs, tabliers et décors. »

L’occasion aussi pour nous de rappeler le dynamisme de la Grande Loge de France en Bretagne en général et à Lorient (Morbihan, région Bretagne) en particulier avec « L’Union Juste et Parfaite » créée il y trente-deux ans et la plus récente « Les Mégalithes ».

1Le Festival Interceltique de Lorient (FIL)

Événement annuel incontournable en Bretagne, il incarne la fusion vibrante des cultures celtiques du monde entier. Depuis sa fondation en 1971, il se déroule chaque mois d’août, attirant des centaines de milliers de visiteurs venus célébrer la richesse et la diversité des traditions celtiques.

Pendant dix jours, la ville de Lorient se métamorphose en un carrefour culturel où la musique, la danse, l’art et la gastronomie tissent des liens entre les nations celtiques. La ville résonne au son des cornemuses, des harpes et des violons, tandis que les voix des chanteurs et les pas des danseurs animent les rues et les places. Les concerts, qu’ils soient intimistes ou grandioses, mêlent des airs traditionnels à des compositions contemporaines, révélant l’âme éternelle et toujours renouvelée des peuples celtes.

Les parades colorées et festives, où se côtoient costumes traditionnels et instruments ancestraux, offrent un spectacle éblouissant aux spectateurs émerveillés. La Grande Parade des Nations Celtes est sans doute le point culminant de ces célébrations, un défilé majestueux où chaque région affirme son identité tout en s’unissant sous la bannière d’une culture commune.

Les ateliers et les expositions permettent aux visiteurs de s’initier aux danses celtiques, de découvrir l’artisanat local et de plonger dans l’histoire fascinante de ces peuples. Les concours de cornemuses et de harpes témoignent de l’excellence et de la passion des artistes, tandis que les pavillons des nations celtes présentent des trésors culturels et des innovations contemporaines.

La gastronomie n’est pas en reste, avec des stands proposant des délices culinaires tels que les crêpes bretonnes, les ragoûts irlandais et les fruits de mer galiciens. Ces saveurs authentiques ravissent les papilles et racontent, elles aussi, une histoire de terroirs et de traditions.

Le Festival Interceltique de Lorient est bien plus qu’un simple événement. Il est un hommage vivant et vibrant à une culture riche et diverse, un pont entre le passé et le présent, une célébration de l’unité dans la diversité. Chaque année, il renforce les liens entre les nations celtes, tout en accueillant avec chaleur et ouverture les curieux et les passionnés du monde entier.

Ce festival est une fête de l’âme, un voyage au cœur des légendes et des mélodies qui ont traversé les âges. Il rappelle que, malgré les océans et les frontières, les peuples celtes partagent une histoire commune et un patrimoine culturel précieux, à la fois ancien et résolument tourné vers l’avenir.

Rendez-vous du 12 au 18 août 2024 pour la 53e édition du Festival Interceltique. La jeunesse celte sera à l’honneur !

2Le matriarcat breton

Souvent évoqué dans les discussions sur les structures sociales traditionnelles de la Bretagne, c’est un sujet fascinant qui oscille entre mythe et réalité. Pour comprendre cette notion, il est essentiel d’examiner les éléments historiques, culturels et sociologiques qui l’entourent.

La Bretagne, région imprégnée de légendes et de traditions uniques, a longtemps été perçue comme une société où les femmes occupaient une place centrale. Cette perception est alimentée par diverses sources, y compris la littérature, les récits oraux et certains aspects de l’organisation sociale bretonne.

Historiquement, la société bretonne a présenté des caractéristiques matrifocales, c’est-à-dire centrées sur la femme, mais sans véritablement constituer un matriarcat au sens strict du terme. Dans un véritable matriarcat, les femmes détiendraient le pouvoir politique et social, et la descendance se transmettrait par la lignée maternelle. En Bretagne, bien que les femmes aient eu un rôle prépondérant dans la gestion de la famille et de la communauté, le pouvoir politique et les droits de succession étaient majoritairement patriarcaux.

Cependant, la place des femmes en Bretagne ne peut être sous-estimée. Elles étaient souvent les gardiennes des traditions et des coutumes, jouant un rôle clé dans la transmission des savoirs et des pratiques culturelles. Les femmes bretonnes géraient fréquemment les affaires domestiques et agricoles, surtout en l’absence des hommes partis en mer ou à la guerre. Cette gestion quotidienne leur conférait une autorité et une autonomie considérables au sein du foyer.

De plus, certaines études ethnographiques et historiques suggèrent que les femmes bretonnes jouissaient d’une relative indépendance par rapport à d’autres régions de France. Elles pouvaient posséder des biens, diriger des entreprises familiales et participer activement aux affaires communautaires. La figure emblématique de l’Ankou, la personnification de la mort en Bretagne, est parfois représentée comme féminine, reflétant peut-être une reconnaissance symbolique du pouvoir féminin.

Gwenn ha Du

Néanmoins, il est crucial de distinguer entre la réalité historique et les projections romantiques ou idéalisées. Le concept de matriarcat breton peut parfois être amplifié par la nostalgie et le désir de retrouver un âge d’or où les femmes auraient dominé. En réalité, la société bretonne, comme beaucoup d’autres, était complexe et stratifiée, avec des dynamiques de pouvoir qui n’étaient pas exclusivement centrées sur le genre.

En conclusion, le matriarcat breton est davantage un mythe qu’une réalité historique strictement définie. Cependant, ce mythe repose sur des éléments de vérité concernant l’importance et l’influence des femmes dans la société bretonne. Il reflète une reconnaissance culturelle de la valeur et de la force des femmes, même si le pouvoir politique et légal restait largement aux mains des hommes. Cette dualité entre mythe et réalité continue de nourrir les discussions et les recherches, enrichissant notre compréhension de la société bretonne à travers les âges.

Infos pratiques

Vendredi 9 août à 19h30

Tenue estivale de « La Solidarité Bretonne » de la Grande Loge de France à Lorient 

Vendredi 9 août à 19h30

La Tenue sera suivie d’agapes.

Renseignements et inscriptions : vm@solidaritebretonne.fr

Être citoyen en France aujourd’hui : Réveillez votre pouvoir de changer le monde

Après nos lectures estivales, nous sommes ravis de reprendre le cours normal de nos partages littéraires, comme annoncé dans notre dernière rencontre. Nous espérons que vos vacances ont été enrichissantes et que vous avez découvert de nouveaux horizons littéraires. C’est avec enthousiasme que nous nous retrouvons pour continuer à explorer ensemble le monde fascinant des livres et des idées. Bienvenue à tous pour cette nouvelle saison de discussions et de découvertes littéraires !

L’ouvrage Être citoyen en France au XXIe siècle d’Édith Jacquemot se présente comme une réflexion critique et profonde sur la citoyenneté française contemporaine. Le texte, sous forme d’essai, aborde la nécessité de redéfinir ce que signifie être citoyen dans un contexte marqué par une multitude de crises et de transformations sociétales.

L’introduction commence par rappeler les craintes et les espoirs qui entouraient l’entrée dans le XXIe siècle, telles que la fin du monde ou un retour au spirituel, qui ne se sont finalement pas concrétisés. Au lieu de cela, la société française est confrontée à une montée de la violence et à une perte des valeurs républicaines et morales. L’auteure observe que de nombreux adultes et jeunes expriment des angoisses et une perte de repères.

Édith Jacquemot propose de faire le bilan de cette situation pour comprendre les raisons de cette dérive et trouver des solutions pour redresser la situation en France. Elle souligne l’importance de redéfinir la citoyenneté en s’inspirant des valeurs et de la logique héritées des générations précédentes. L’ouvrage se veut à la fois critique et porteur d’espoir, en appelant chaque individu à devenir acteur du changement plutôt que simple spectateur. L’auteure invite les lecteurs à réfléchir ensemble pour préparer un avenir meilleur pour les générations futures.

Dessinée par Eugène Grasset, la Semeuse soufflant sur une fleur de pissenlit

Les premiers chapitres se concentrent sur des définitions essentielles pour comprendre le propos. Édith Jacquemot insiste sur l’importance des mots et des définitions précises, en se référant aux dictionnaires Larousse, une maison pionnière dans l’édition de dictionnaires et d’ouvrages de référence, et Le Robert, une maison fondée en 1951 par Paul Robert sous le nom de Société du nouveau Littré (SNL). Notons que Paul Robert s’inspire de l’œuvre de d’Émile Littré, qui fut initié en franc-maçonnerie le 8 juillet 1875 dans la loge « La Clémente Amitié », le même jour que Jules Ferry.

Édith Jacquemot met en évidence des divergences dans les définitions de termes clés comme pays, nation, peuple et citoyen, soulignant ainsi la complexité et l’importance de ces concepts.

Image générée par Intelligence Artificielle (IA)

Le constat sur l’état actuel de la France est sans équivoque : la société française est en souffrance. L’auteure dresse un tableau sombre des défis physiques (climatiques), économiques (faillites d’entreprises, crises agricoles), sociaux (chômage, précarité) et politiques (crise de gouvernance). Elle évoque également la montée des violences et le désespoir ressenti par de nombreux citoyens.

Les causes de cette situation sont explorées en profondeur. Édith Jacquemot analyse les transformations sociétales du siècle dernier, de l’industrialisation et de l’exode rural à l’indépendance des femmes, et leurs répercussions sur la structure familiale et les liens intergénérationnels. Elle critique la consommation de substances illicites, l’isolement causé par les avancées technologiques, et la montée de l’individualisme au détriment des valeurs collectives.

Édith Jacquemot appelle à un retour aux valeurs républicaines et morales, telles que définies dans la Constitution française et les textes fondateurs comme la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Elle insiste sur la nécessité de connaître et de respecter les lois, et sur l’importance des valeurs morales pour vivre en harmonie avec ses concitoyens.

Enfin, l’auteure critique l’organisation des collectivités territoriales en France, proposant des réformes pour simplifier et améliorer l’efficacité administrative. Elle suggère, par exemple, de réduire le nombre de communes et de rationaliser les strates administratives pour mieux répondre aux besoins des citoyens.

Édith Jacquemot, la bio

Édith Édith Jacquemot est une essayiste française engagée, connue pour ses réflexions profondes sur la société et la citoyenneté. Ayant consacré une grande partie de sa carrière à l’étude des dynamiques sociales et politiques, Édith Édith Jacquemot combine dans ses écrits une rigueur académique avec une passion pour l’engagement civique. Ses travaux explorent souvent les tensions entre les valeurs traditionnelles et les évolutions contemporaines, cherchant à offrir des solutions constructives pour l’avenir de la société française.

BoD – Books on Demand, l’éditeur

BoD – Books on Demand est une maison d’édition spécialisée dans l’édition à la demande. Située en Allemagne, elle permet aux auteurs de publier leurs ouvrages de manière indépendante, offrant des services de publication, d’impression et de distribution. BoD se distingue par sa flexibilité et son approche centrée sur les besoins des auteurs, facilitant ainsi l’accès à la publication pour un large éventail de créateurs de contenu. Elle joue un rôle crucial dans la démocratisation de l’édition, permettant à des voix diversifiées de se faire entendre sur le marché littéraire.

Lire un extrait sur BoD Librairie

Être citoyen en France au XXIe siècle

Édith Jacquemot

BoD – Books on Demand, 2024, 128 pages, 13,50 € – Ebook 8,99 €

Disponible sur BoD Librarie

L’Étoile Flamboyante en Franc-maçonnerie

En Franc-maçonnerie il existe plusieurs types d’étoiles. Si les plus connues s’inscrivent dans un cercle, elles se différencient par le nombre de leurs branches et leur forme. Ainsi le même objet céleste désigné par le mot « é-toile » devient porteur de sens symboliques différents. Ici je vais évoquer L’Étoile Flamboyante, symbole numineux dans le dais céleste du deuxième Degré de la Franc-maçonnerie.

Lors de mes voyages j’ai pu remarquer qu’au Rite Écossais Rectifié on retrouve l’Étoile Flamboyante sur le Tapis de Loge du 1er Degré. Sachant que je n’ai pas observé de Delta lumineux dans ce rite, je pense voir dans cette absence la présence d’un autre point de vue que celui qui m’est habituel.

Au Rite Opératif de Salomon, on la retrouve blanche immaculée sur le Tapis de Loge du 1er Degré et c’est au 2ème Degré que ses couleurs et la lettre G seront dévoilées.

De retour en Ithaque, au Rite Écossais Ancien et Accepté, l’Étoile Flamboyante n’est visible qu’au 2ème Degré. Lors de la cérémonie nommée « augmentation de salaire » elle est présentée au récipiendaire après les 5 Voyages. D’après le texte du Rituel actuel de la Grande Loge de France elle symbolise l’infini du Logos, le Ternaire, s’exprimant dans le fini de la Matière, le Binaire. Elle est intimement reliée au chiffre 5 par le nombre de ses branches. Cependant, l’angle aigu formé par une branche est de 72° ou 288° ; l’angle obtus formé par la base des branches est de 108° ou 252°. Elle s’inscrit dans un cercle de 360° (voir fig 3). Si l’on ajoute ces nombres (7+2 ; 2+8+8 ; 1+0+8 ; 2+5+2 ; 3+6) on retrouve toujours 9, le « n-œuf » et sa spirale descendante.

Hors de l’habitus de la Loge, pour évoquer un symbole, il convient de préciser d’où on l’observe car selon les différents rites et rituels on ne la retrouve pas toujours au même endroit sur les cartes et dans le territoire. L’universalité n’est pas dans l’énumération du « même » mais dans la rencontre avec « l’autre » à mon sens. Franc-maçon initié à la Grande Loge de France, c’est à partir du Rite Écossais Ancien et Accepté en cours dans cette obédience que je m’exprime ici dans une Géométrie construite à l’aide d’un outil cependant commun aux Loges Bleues opératives et spéculatives : la Corde à Nœuds. En plus de la présente introduction j’évoquerai ce symbole par le ternaire « Macrocosme Microcosme Flamboyance » ce qui, avec la conclusion vérifiera le Quinaire de l’âge du Compagnon.

Le N-œuf primordial
Le N-œuf primordial au cœur de la Loge – Croquis sur papier – 07/2024 ©Stefan von Nemau

Dans le Macrocosme : « sic transit gloria mundi »i

Au Rite Écossais Ancien et Accepté donc, la première fois que le récipiendaire rencontre l’Étoile Flamboyante c’est après avoir effectué ses 5 Voyages : les 5 Sens, les 5 Ordres d’architecture, le quadrivium et le trivium des Arts Libéraux, les 5 Grands Initiés dont Jésus, et la Glorification du Travail. Tout comme l’Étoile du berger a guidé les pas des trois rois mages vers le lieu consacré par la naissance du Nouveau Né. Cette Étoile guide l’initié sur l’orbite de son écliptique qui le ramène en son Centre G. De Girations en Générations son Voyage révèle en lui « l’être en G », ce « Je » que l’on pensait en « Autre ».

Aux quatre Éléments alchimiques contenus dans les quatre branches formant les jambes et les bras de l’Étoile Flamboyante vient s’ajouter un cinquième nommé Éther contenue dans la branche dans laquelle prend place la tête de l’homme. Corporellement complet il est ainsi symbolisé par l’Étoile à 5 branches.

Ces 5 Éléments rassemblés au cœur de l’Athanor secret, le pentacle microcosmique contenu au Centre de l’Étoile première est formé. Il est ceint par les limites reliant les extrémités de ses branches. Le tout formant un pentagone contenant un pentagramme. Ces limites enracinent ainsi l’Étoile Flamboyante macrocosmique dans une dimension fractale qui dépasse, par sa manifestation, sa simple dimension formelle

A la pointe de ses branches s’exprime le Thanatos de la dissipation incontrôlée des Passions éphémères et parfois assassines, tandis qu’au Cœur de l’Étoile se trouve l’exaltation de l’Éros générateur de ces mêmes Passions. C’est dans le maelstrom créé par la friction de ces courants ambivalents que naît la Pulsion de Vie Originelle, la Flamboyance de l’exaltation de la Vie Humaine, dualité « deux venues » oxymore : la pulsation (fig 5)

Peut-être est-ce de cet Athanor que nous vient le symbole du Grand Initié « ignitié » : Jésus transcendé en Christ. En effet, dans la statuaire de la tradition chrétienne c’est son Cœur consacré par le Feu intérieur qu’il désigne en lui, c’est à dire en nous. Il nous montre la Voi(e)(x) du Cœur, celle de l’Amour inconditionnel. En nous invitant à passer du Macrocosme (le Corps) au Microcosme (l’Âme) il nous révèle le Chemin de la Lumière (l’Esprit). Ce Chemin mène de la dissipation à la concentration ; de l’expansion vers la compression ; de la diastole à la systole dans une alternance qui trouvera sa finitude apparente dans le changement de tessiture de sa prochaine transmutation… « Ordo ab Chao »

Peut-être est-ce ainsi que nous devrions appréhender l’Étoile Flamboyante : par le flux « sans gain » apparent qu’elle nous propose.

« Si tu te préoccupes uniquement de ce qui est visible et matériel tu passeras à côté des véritables richesses de l’âme. La superficialité des biens extérieurs ne doit pas détourner de la quête intérieure de la sagesse et de la vertu. »

Sénèque – Lettre 42 à Lucillius

Les "Cercles-Mondes quantiques" préparatoires - Croquis sur papier - 07/2024 ©Stefan von Nemau
Les « Cercles-Mondes quantiques » préparatoires – Croquis sur papier – 07/2024 ©Stefan von Nemau

Le Microcosme : « ecce homo »ii

L’Étoile Flamboyante que l’on trace, ici avec la Corde à Nœuds est circonscrite dans un pentagramme « pointe en haut » lui-même contenu dans un cercle macrocosmique. Les bases de ses 5 branches centrifuges prennent racine sur le cercle microcosmique contenu dans le noyau de l’Étoile Flamboyante. Les 5 enracinements centrifuges forment un pentagramme « pointe en bas » contenant l’Étoile Flamboyante microcosmique à la Giration centripète.

La dimension fractale – Croquis sur papier – 07/2024 ©Stefan von Nemau

Cette Étoile Flamboyante est inversée par rapport à la première. Si l’Étoile « pointe en haut » symbolise traditionnellement l’humain, celle « pointe en bas » symbolise généralement « Baphomet ». Par la réunification des Dualités vécues en opposition chacun trouve sa place, sa Géométrie ; ainsi, rajouter une branche à l’Étoile serait une solution d’équilibre possible par delà le Bien et le Mal, l’Ordre et le Chaos, le masculin et le féminin par exemples.

L’Étoile à 5 branches ainsi dessinée étant tracée dans un cercle, la prédominance d’un côté de la Dualité dépend du sens dans lequel nous la contemplons. Peut-être que cette Géométrie symbolique fractale nous invite à vérifier par elle nos choix dans la façon dont nous vivons notre vie et distillons sa quintessence : notre Connaissance.

En attendant, « ce qui est en haut [étant] comme ce qui est en bas » c’est par la Table d’Émeraude que la dualité Macrocosme/Microcosme se relie au Ternaire pour former le Quinaire transcendant le primate, faisant face au monolithe noir, en « homo sapiens sapiens ». Cette préhension du monde, cet état « d’Être humain », se trouve relié par cet « ombilic serpent vert » qu’il parcourt, au centre de la Loge. Il marche sur ce Fil reliant l’Étoile exogène au Plomb endogène.

Devenir Compagnon c’est sortir de « Taire » en retrouvant son horizontalité grâce au Niveau ; la verticalité de la marche ayant été réapprise par l’exploration de la Gravité du Zénith au Nadir… Cette Gravité maîtrisée, peut-être que retrouver le Centre de l’Architecture « Unie vers celle » est devenu une destination envisageable.

Si le ou la funambule marche sur le fil reliant ces deux Étoiles, l’Initié ignitié est le Fil d’Ariane « incandescent/Un quand décent/Un quand descend » reliant le Ternaire, formé par les deux Étoiles et le Feu consacré du Chemin, au Binaire du balancier du funambule portant ses Dualités en « bas lanciers » à bouts de bras. Cet Initié est toujours en « deux venir ». J’écris « deux venir » car c’est de l’alchimique transmutation du Savoir et de l’Expérience que naît la Lumière qui guide l’Initié ignitié hors des Ténèbres de l’Ignorance en « Paix naître en » son Cœur de la Flamboyance de sa « Con naissance. »

C’est par le Feu éclairant de son Ignition que l’initié sortira de « l’amertume/l’amer t’hume/l’amer tue-me » de « l’Ignorance/l’ignore rance » en se désaltérant de cette part des anges recueillie dans le Graal de la Connaissance, distillations après distillations.

« Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le Chemin de la nuit »

Khalil Gibran
Tracé et mesures géométriques - Croquis sur papier - 07/2024 ©Stefan von Nemau
Figure 3 – Tracé et mesures géométriques – Croquis sur papier – 07/2024 ©Stefan von Nemau

Par delà la nuit du Temps la Flamboyance : « Memento mori »iii

Dans l’Égypte ancienne et selon la Bible en Job 36-39, l’Ibis et l’Étoile Flamboyante annonçaient les crues du Nil comme le Coq annonçait le jour à la fin de la nuit.Il se peut que contrairement à la lumière aveuglante du soleil trop longtemps fixée à l’œil nu, la Flamboyance de l’Étoile, comme les crues du Nil, fertilisent la « terre/Taire » en guidant l’Initié vers l’aube, ultime étape sur le chemin de sa Nuit dont le Coq sonne le glas.

Ce Flamboiement c’est la partie visible de la révélation du Kaïros, cette dimension où le temps est dissout « dans/par » le Moment. Dans l’instant décisif de l’Instant « l’Un se tend ». Il me semble que ce Flamboiement est provoqué par la friction de ses deux roues du Temps : le Chronos centrifuge du funambule, cette temporalité qui toujours lui échappe ; et le Kaïros centripète de l’Initié ignitié. Ces deux roues gigognes tournant en sens contraires elles illuminent, par leur friction, cet Aiôn qui les contient. L’Aiôn c’est la Destinée, la Génération, l’Ère.

De cet Ère à l’Éther il n’y a peut-être qu’une ultime calcination de plus dans le Flamboiement de la Connaissance, de la Vie, au gré du Flux « sans gain » entre un cœur « gauche », immanent, et un cœur « a droit » transcendant. La Flamboyance serait alors la purification par le Feu secret initiatique de la « Co nnaissance » auquel le « Mal a-droit ».

Il résulte un rayonnement de cette purification. Peut-être est-ce ce cinquième élément qui s’exprime ici. A cet âge je dirai avec conviction que ce rayonnement c’est la Gloire qui entoure l’Initié ignitié, cet Initié Enluminé. C’est par son Travail Herculéen que le Compagnon transmute cette Gloire en Levier de sa propre transmutation tandis que le Flamboiement de l’Étoile le guide dans sa course vers « l’Or riant », son Grand-Œuvre. Il ne faut pas oublier que du lieu où le récipiendaire est l’Étoile est présentée à l’Orient, devant le Vénérable Maître. Il y a donc bien là une « Orient ation » à suivre. C’est par le Travail que la Gloire opère et que « l’Étole Flamboyante » constellée d’étoiles se tisse.

Flamboyance « frictionnelle » – Croquis sur papier – 07/2024 ©Stefan von Nemau

L’Étoile Flamboyante : clef de sol de la musique des Sphères ancrée dans la Taire

En conclusion je dirais que l’Étoile Flamboyante est la clef de sol de la musique des Sphères terrestres et célestes. Elle s’ancre dans la Taire afin de nous laisser nous élever en sécurité dans la Voûte Étoilée.

Elle a ses multiples comme dans les dimensions quantiques. Ainsi, travailler sur l’Étoile du Macrocosme, c’est œuvrer sur celle du Microcosme et inversement. Ces Étoiles quantiques aux dimensions et états épars ne forment qu’un unique symbole indivisible et multiple : l’Étoile Flamboyante.

Dans le labyrinthe des univers imbriqués, elles sont toutes reliées entre elles par un Fil d’Ariane sur lequel chemine, dans sa marche « chant scellante », l’Initié. C’est dans le cheminement et le mouvement qu’il trouve son équilibre et c’est le doute infécond qui lui fait perdre son inertie et le transforme en statue de « sel/scelle ». Méduse l’avait compris, celui qui doute sans questionner sa Connaissance, le vol des oiseaux dans les auspices, en restant sourd à son intuition, sans utiliser en premier lieu tous les Arts Libéraux mis à sa disposition, celui qui se sclérose dans sa pensée ou dans le doute donc, est celui qui s’ancre dans un « pas sait » qui n’est plus ou un « à venir » qui n’a pas encore éclos.

La démarche initiatique c’est lâcher prise en suivant le courant du Kaïros sans jamais le retenir car comme l’eau, il file entre nos doigts. Entre passé et avenir l’Étoile Flamboyante est une clef, l’Éternel Présent est la porte qu’elle ouvre et nous sommes notre seule serrure.

L’Étoile Flamboyante du Macrocosme brûle du Feu sacré des potentialités infinies. De ce Feu sacré naît le Fil d’Ariane sur lequel s’initie, à chaque pas, le funambule.

Derrière lui se trouve l’Étoile Flamboyante du Microcosme dont le Feu sacré calcine le fil du « pas sait ». Ce « pas qui sait » est à la fois le pas qui a révélé la Connaissance mais aussi ce qui reste à appréhender du Chemin : l’inconnu et son cortège d’illusions imaginaires éphémères.

Il reste une troisième Étoile Flamboyante à trouver, car en Franc-maçonnerie il faut un troisième pour exalter la quintessence de « l’homme matière », cet « homme binaire ».

Ce troisième, cette Étoile Flamboyante « Un connue » c’est l’initié lui-même. Il flamboie quand il vit pleinement son humanité duelle incarnée, lorsqu’il avance un pas après l’autre. Quand il joue ainsi de la lyre à Cerbère, seul sur son chemin de crête, il contient alors en lui toutes les étoiles fraternelles de « l’Uni vers ».

C’est lorsqu’il succombe au piège de l’immobilisme, quand il confond équilibre et immobilité mortifère, quand la peur du « pas de plus » lui fait perdre la Joie de l’Instant que son propre feu le consume. Alors il ne peut plus que « des cendres » encore une fois dans la « Taire » au cœur de sa déchéance initiale et traverser à nouveau « les preuves de la Terre » se convaincant et se félicitant de l’inéluctabilité, pourtant illusoire, de sa Chute, de sa Malédiction réalisée par la « mal diction » d’un simple mot de passe pour franchir ce gué qui sépare et réunit tout autant. C’est ainsi que « l’Un Possible » est transmuté en Impossible Étoile et c’est par le Chemin du Cœur Sacré qu’il retrouvera la Voi(e)(x) consacrée de l’Art Royal véritable.

La Joie est le Chemin du lâcher-prise sur ses certitudes et ses espérances qui seront toujours les « espère rances » du « pas d’avant ». L’Étoile Flamboyante est un des symboles de l’Espérance de l’Envol dans la Chute, le symbole de l’Éternelle Présence à l’Aube du Monde, un symbole d’Amour inconditionnel mais à hauteur d’homme !

L’Étoile Flamboyante est un symbole multiple et unique car, pour synthétiser ce qui précède, elle relie entre eux le monde intelligible inaccessible avec le monde sensible de l’être humain. Elle représente ainsi une porte ouvrant sur le monde imaginal, cet « antre-monde » rempli d’autres étoiles.

Je pense que L’Étoile Flamboyante n’est qu’une étape dans l’ascension de la spirale car ses angles renvoient au chiffre 9. La forme du chiffre 9 m’évoque une descente à partir de l’œuf primordial. Pour commencer l’ascension vers l’affranchissement il faudrait transmuter en le retournant le 9 en 6 avec sa spirale ascendante, je pense ici à un kaïros particulier marquant la fin du Degré au Rite Opératif de Salomon.

Pour exprimer le 6 je pense aux 6 branches du Sceau de Salomon dont les deux triangles qui la composent s’équilibrent en hexagone dont les angles intérieurs de 120° ramènent au 3 et les angles extérieurs de 240 ramènent au 6.

C’est aussi par la transmutation du 5 en 7 par le 6, en transmutant sa Dualité en Ternaire, que l’humain peut atteindre les rives de la sagesse salomonienne. Il devient alors sa propre Loge. Il peut alors s’affranchir de sa Loge mère et de ses Frères : ses pairs.

Doit-il aller jusqu’au meurtre du Pair pour gagner sa liberté ? L’homme est-il le gardien de son pair ? Sa liberté individuelle vaut-elle le prix de la Fraternité qui l’a vu le reconnaître ? Peut-être que d’autres étoiles de la voûte céleste pourraient nous aider à retrouver nos réponses lorsque nous sommes perdus au cœur du dais étoilé.

L’envol des cyclopes – Encre sur papier – 30 x 30 cm – 12/2005 ©Stefan von Nemau

Pour une autre approche de ce symbole, lire l’article de Solange Sudarskis : L’étoile flamboyante à contempler ou à suivre en Franc-maçonnerie?

i« Sic transit gloria mundi » : Ainsi passe la gloire du monde

ii« Ecce homo » : Voici l’homme (Évangile de Jean 19.5)

iii« Memento mori » : Souviens-toi que tu vas mourir