dim 09 novembre 2025 - 06:11

1905–2025 : la laïcité, mémoire vive et avenir commun

Frères, Sœurs, amies et amis de la liberté intérieure,
il y a cent vingt ans, la République traça une ligne claire pour que chacun avance sans crainte sur le chemin de sa conscience. La loi du 9 décembre 1905 n’a pas fermé des portes, elle en a ouvert.

Elle n’a pas arraché la foi des cœurs, elle l’a délivrée de la tutelle des pouvoirs. Depuis, la vie commune respire mieux quand l’État se tient à égale distance des croyances et quand les croyants comme les non-croyants se reconnaissent d’abord citoyens.

Cette respiration tient à trois exigences qui ne se résument pas à des slogans.

La liberté, d’abord, qui protège la conscience autant que le culte et laisse à chacun le loisir de croire, de douter ou de se taire.

La neutralité publique, ensuite, par laquelle l’autorité ne subventionne ni ne dirige les cultes, n’entre pas dans les querelles théologiques et sert chaque usager avec la même égale attention.

Enfin, le pluralisme, non comme simple tolérance mais comme reconnaissance mature qu’aucune vérité spirituelle ne peut être adoubée par l’État. Ces principes ne dressent pas des murs, ils dessinent l’espace où la rencontre devient possible.

Notre histoire a mis du temps à trouver cette juste mesure. De la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, qui consacre la liberté d’opinion « même religieuse », au Concordat de 1801 qui tenta un compromis, des grandes lois scolaires des années 1880 qui ouvrirent l’école à tous jusqu’à la séparation de 1905, puis à l’inscription de la laïcité dans les textes constitutionnels en 1946 et au rappel, en 2004, d’un cadre apaisé pour l’école publique, chaque étape a cherché l’équilibre entre l’élan spirituel des personnes et la paix civile. Cet héritage n’est pas un musée : il vit dans la manière d’enseigner sans catéchiser, d’administrer sans préférence, de débattre sans humilier.

Car la laïcité n’est pas une posture d’hostilité.

C’est un climat, une manière d’habiter la cité. Elle protège le secret de l’âme et elle apaise la rencontre. Elle rend possible le dialogue parce qu’elle interdit la contrainte ; elle relève les consciences parce qu’elle refuse les hiérarchies de vérité imposées par la force.

L’article 1er de notre Constitution rappelle que la France est « indivisible, laïque, démocratique et sociale »

Le Préambule de 1946 et la Déclaration de 1789 disent que la liberté de conscience n’est pas un privilège mais un droit naturel. Ce n’est pas un vernis juridique : c’est l’ossature d’une société qui ne demande à personne de renier ce qu’il est pour appartenir à la communauté politique.

On affirme parfois que la laïcité divise. C’est l’inverse lorsqu’on la comprend.

Elle ne réclame pas qu’on renonce à ses convictions ; elle exige qu’on reconnaisse à l’autre la même profondeur de conscience que l’on réclame pour soi. Elle ne gomme pas les différences ; elle apprend à les accueillir sans les transformer en frontières.

C’est notre laïcité à la française : non pas indifférence molle, mais neutralité active de l’État ; non pas nivellement, mais universalisme hospitalier ; non pas crispation, mais art de la mesure. Elle n’oppose pas le spirituel au politique : elle maintient chacun à sa juste place pour que tous puissent respirer.

À l’heure où les passions s’enflamment vite et où l’invective remplace trop souvent l’argument, il nous revient de la défendre autant que de la célébrer. Défendre, non par la raideur mais par la clarté ; non contre des personnes, mais contre les confusions. À l’école, cela signifie un cadre serein où l’on apprend à penser par soi-même. Dans les services publics, une impartialité tangible qui se voit et se ressent. Dans l’espace civique et numérique, une parole ferme contre les haines, patiente dans l’explication, rigoureuse dans le droit. Partout, la même délicatesse : écouter sans juger, contredire sans mépriser, tenir la loi sans humilier.

Pour ce 120e anniversaire, 450.fm n’invite pas seulement à se souvenir : nous appelons à faire vivre et à défendre la laïcité, non comme un mot d’ordre mais comme une politesse de l’esprit et un art de la rencontre. Qu’elle inspire nos choix, qu’elle adoucisse nos désaccords, qu’elle rende à la conversation française son goût de la mesure et sa promesse d’humanité. C’est ainsi que la mémoire deviendra avenir, et que l’idéal de 1905 demeurera notre bien commun.

Fraternellement
La rédaction

4 Commentaires

  1. pour ceux qui ne connaissent pas cette excellente chaine youtube qui force a reflechir et en donne les codes, je vous propose de regarder l’episode consacré a la laicité qui est souvent brandie comme un étendard sous couvert d’antimusulman (l’islamophobie étant un terme inventé par les islamistes). https://www.youtube.com/watch?v=4pyUfpXPPEU
    certes, il faut se battre contre l’entrisme islamique (et d’abord faire le menage sur nos colonnes car il s’agit d’un extremisme comme un autre), mais à moins de changer la loi, la laicité est un concept purement juridique qui n’interdit pas de s’habiller en clown ou en djelaba. S’il est vrai que ces vetements sont un entrisme extremiste, ils ne représentent en rien un délis face a la laicité souvent brandi a tort comme tel. pour ma part, je milite pour faire entrer le mot « laicité » dans le triptique habituel liberté, egalité, fraternité dans la constitution. Mais taper 4 fois dans les mains ne symbolisera pas grand chose 😉

  2. Il faut bien avouer que la Grande Loge Nationale Française est tout aussi respectueuse des principes de liberté, d’égalité, et de fraternité sans pour autant les ériger comme une formule impactant simplement les esprits. Elle se réfère à une règle en douze points, règle inspirée des anciens devoirs qui fondent la Tradition maçonnique universelle.
    1-La Franc-maçonnerie est une Fraternité Initiatique qui a pour fondement traditionnel la foi en Dieu, Grand Architecte de l’Univers.
    2-La Franc-maçonnerie se réfère aux « Anciens Devoirs » et aux fondements de la fraternité, notamment qua à l’absolu respect des traditions spécifiques de l’Ordre, essentiel, à la régularité de sa juridiction.
    3-La Franc-maçonnerie est un Ordre auquel ne peuvent appartenir que des hommes nés libres et respectables qui s’engagent à mettre en pratique un idéal de Paix, d’Amour et de Fraternité.
    4-La Franc-maçonnerie vise par le perfectionnement moral de ses Membres, à celui de l’humanité tout entière.
    5-La Franc-maçonnerie impose à tous ses Membres la pratique exacte et scrupuleuse des Rituels et du Symbolisme, moyen d’accès à la Connaissance par les voies spirituelles et initiatiques qui lui sont propres.
    6-La Franc-maçonnerie impose à tous ses Membres le respect des opinions et croyances de chacun. Elle leur interdit en son sein toute discussion ou controverse politique ou religieuse. Elle est ainsi un centre permanent d’Union Fraternelle ou règnent une compréhension tolérante et une fructueuse harmonie entre des hommes qui, sans elle, seraient restés étrangers les uns aux autres.
    7-Les Francs-maçons prennent leurs obligations sur le Volume de la Loi Sacrée afin de donner aux serments prêtés sur Lui le caractère solennel et sacré indispensable à sa pérennité.
    8-Les Francs-maçons s’assemblent, hors du monde profane, dans des Loges où sont toujours exposées les Grandes Lumières de l’Ordre : le Volume de la Loi Sacrée, une Equerre et un Compas, pour y travailler selon le Rite, avec zèle et assiduité et conformément aux principes et règles prescrits par la Constitution et le Règlement Général de l’Obédience.
    9-Les Francs-maçons ne doivent admettre dan leurs Loges que des hommes majeurs de réputation parfaite, gens d’honneur, loyaux et discrets, dignes en tous points d’être leurs Frères et aptes à, reconnaître les bornes du domaine de l’homme et l’infinie puissance de l’Eternel.
    10-Les Francs-maçons cultivent dans leurs Loges l’amour de la Patrie, la soumission aux lois et le Respect des Autorités constituées. Ils considèrent le travail comme le devoir primordial de l’être humain et l’honorent sous toutes ses formes.
    11-Les Francs-maçons contribuent, par l’exemple actif de leur comportement sage et digne, au rayonnement de l’Ordre dans le respect du secret maçonnique.
    12-Les Francs-maçons se doivent mutuellement, dans l’honneur, aide et protection fraternelle, même au péril de leur vie. Ils pratiquent l’art de conserver en toute circonstance le calme et l’équilibre indispensables à une maîtrise de soi.
    Le but de la franc-maçonnerie n’est pas de savoir ce que les francs-maçons clament haut et fort, mais bien ce qu’ils font de leurs principes. En quelque sorte, les serments maçonniques, au même titre que les promesses électorales, n’engagent que ceux qui les reçoivent.

  3. La laïcité me fait aussi penser à la devise républicaine Liberté, Egalité, Fraternité
    Car plusieurs grandes obédiences maçonniques françaises inscrivent explicitement notre devise dans leur constitution ou dans leurs textes fondateurs.
    Je pense notamment au Grand Orient de France qui mentionne dans ses textes fondamentaux que sa devise est bien « Liberté, Égalité, Fraternité », laquelle se confond volontairement avec celle de la République française. Cette devise est officiellement inscrite dans ses statuts et sa communication institutionnelle.
    Mais aussi à la Grande Loge de France qui affiche également cette devise, qu’elle considère explicitement comme identique à celle de la République : « La devise de la Grande Loge de France se confond avec celle de la République Française : Liberté – Egalité – Fraternité. »
    Sans oublier la Grande Loge Féminine de France qui a aussi fait sienne la devise de la République « Liberté, Égalité, Fraternité », tant dans ses valeurs fondamentales que dans ses textes de présentation et ses communications officielles.
    Et la Fédération française de l’Ordre maçonnique mixte international Le Droit Humain
    rappelle que la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » éclaire les valeurs, la démarche et la Déclaration de principe de l’Ordre du Droit Humain. Elle figure dans la présentation de la Fédération française et dans ses écrits publics.
    Mais avec ces 4 obédiences majeures, il n’est pas rare que de nombreuses loges ou fédérations locales de différentes obédiences affichent également cette devise comme pierre angulaire de leur engagement républicain et maçonnique.
    Toutes, NON !
    Effectivement, la Grande Loge Nationale Française, une fois de plus, se fait remarquer en ne citant pas la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » dans son règlement général ni dans ses principes fondateurs, mettant l’accent sur la régularité maçonnique internationale, la reconnaissance par la Grande Loge Unie d’Angleterre et une fidélité à la tradition d’inspiration anglo-saxonne, sans assimilation explicite aux valeurs républicaines nationales, ce qui la distingue nettement du GODF, GLDF, GLFF ou du Droit Humain… No comment !

    • Le GODF fidèle aux Constitutions d’Anderson de 1723, travaille : A LA GLOIRE DE LA FRANC MACONNERIE UNIVERSELLE ce qui inclut bien évidemment la GLNF….Par ailleurs, .il ne faut pas avoir une vision trop nationaliste de notre CONFRATERNITE.

      La devise de la République Française , avant d’être une devise est un TERNAIRE et un ternaire est indivisible et perd tout son sens si un de ses termes est en défaut ….De ce point de vue la situation de la Société Française actuelle serait plutôt inquiétante et s’il faut défendre quelque chose c’est bien à ce niveau là

      Il est surprenant d’avoir à défendre la laïcité quelques 120ans après son institution : elle est admise et vécue par tous, qu’on soit athées ou sympathisants d’un religion car ces sympathisants sont,, faut-il le rappeler , une immense majorité de nos concitoyens qui, seraient choqués de voir la laïcité mise sérieusement en défaut.

      Alors il faut défendre la laïcité, bien évidemment, contre ceux qui l’attaquent ; mais qui sont-ils ceux qui la mettent en danger? Curieux combats où l’on ne nomme pas clairement l’adversaire ; un adversaire NOUVEAU, IMPORTANT et SERIEUX qui , au-delà même de la laïcité , pourrait ébranler les fondements même de notre SOCIETE ; c’est la lune qu’il faut regarder, pas le doigt !

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Charles-Albert Delatour
Charles-Albert Delatour
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

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