De notre confrère expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

Il y a une route qui appelle le franc-maçon avant même qu’il n’y entre. Ce n’est pas un chemin extérieur, fait de briques ou de signes : c’est un chemin intérieur, gravé dans l’âme comme un sceau invisible. Ceux qui sont francs-maçons dans l’âme connaissent leur chemin. Même lorsqu’ils s’égarent, ils le sentent. Même lorsque le monde qui les entoure les trouble, ils le retrouvent dans le silence de leur conscience.
Tout commence par un « coup ». Ce geste ancien, symbolique et profond n’est pas seulement une demande d’entrée : c’est une déclaration d’intention. Le profane frappe, mais la Lumière répond. L’initiation n’est pas un simple rite : c’est une mort et une renaissance symboliques, c’est le début du voyage vers la conscience.
Ce n’est pas la matière qui génère la pensée, mais la pensée qui transforme la matière.
Giordano Bruno

Entrer en Franc-Maçonnerie, c’est pénétrer dans un monde de symboles, de rituels et d’épreuves. Chaque étape est une invocation, chaque degré une porte qui ne s’ouvre qu’après en avoir obtenu la clé. Dès le premier degré, celui de l’Apprenti, le Maçon apprend à se taire, à observer, à travailler la pierre brute qu’est lui-même.
Il entendit, il vit, il resta silencieux.
Écoutez, observez et gardez le silence.

Non pas par soumission, mais par préparation.
Au deuxième degré, en tant que Compagnon, il commence à cheminer dans le Temple intérieur, à perfectionner ses outils, à comprendre que le travail n’est pas seulement extérieur, mais avant tout éthique, moral et spirituel. L’équerre, le compas et le niveau deviennent des symboles vivants, actifs et poignants.
Le Maître franchit enfin un seuil de responsabilité plus grande. La légende d’Hiram le bouleverse : c’est une mort symbolique que tout franc-maçon doit affronter pour comprendre le sens de la perte, du sacrifice, de la vérité qui s’acquiert malgré la douleur.
Dans le travail, la vertu.

Mais la route ne s’arrête pas au troisième degré.
Pour ceux qui sentent la flamme brûler, il reste encore beaucoup à faire. Les degrés de perfection en Franc-Maçonnerie, jusqu’au 33e, ne sont pas des titres, mais des niveaux de l’âme, des échelons que l’on gravit uniquement par l’étude, l’abnégation, le doute et, surtout, la transformation.
Le 33e anniversaire n’est pas un jalon, mais un appel conscient à la responsabilité totale. C’est l’engagement à préserver la Tradition, à servir avec humilité et à agir pour le bien de l’humanité.
Comme le rappelle Albert Pike :
Ce que nous faisons pour nous-mêmes meurt avec nous. Ce que nous faisons pour les autres et le monde demeure et est immortel.

Être franc-maçon ne signifie pas porter un tablier ou assister à des réunions : c’est vivre avec cohérence, esprit critique et ouverture d’esprit. C’est avancer même lorsque le chemin est semé d’embûches, lorsque les frères manquent, lorsque le monde semble avoir oublié le sens de la Fraternité.
Ainsi, ceux qui sont francs-maçons intérieurs connaissent le chemin, même lorsque le brouillard obscurcit leur vision. Ils connaissent les difficultés, les moments de solitude, les déceptions. Mais ils savent aussi qu’ils ne peuvent revenir en arrière, car la Lumière qu’ils ont vue ne peut plus être ignorée.
Non nobis solum nati sumus.
Nous ne sommes pas nés seulement pour nous-mêmes.
Voilà ce qu’apprend le Maçon : que son chemin n’est utile que s’il devient un pont pour les autres, si son feu allume de nouvelles lumières, si sa construction personnelle sert la construction collective.

Chaque frère qui parcourt ce chemin le fait à son propre rythme, avec ses propres épreuves, avec ses propres maîtres intérieurs. Et chaque pas le rapproche d’une vérité qui ne se possède pas, mais se vit.
Ceux qui atteignent les plus hauts niveaux ne sont pas meilleurs, mais plus conscients de l’ampleur de la tâche. Ce sont des ouvriers qui savent qu’ils ne verront jamais le Temple achevé, mais qui continueront à travailler avec la même passion.
Et donc, à vous qui lisez, frère, sœur ou voyageur spirituel : vous connaissez votre chemin.
C’est à l’intérieur de toi.
Il vous a choisi avant même que vous ne choisissiez de le parcourir.
Il vous parle dans les silences, dans les symboles, dans les rêves, dans les échecs.
Marchez. Toujours. D’un pas droit, le cœur brûlant, l’esprit clair.
Et quand vous pensez être arrivé, rappelez-vous :
Finis coronat opus.
La fin couronne l’œuvre.
Mais l’œuvre maçonnique ne finira jamais. Car le véritable maçon sait que le chemin ne se mesure pas en degrés, mais en vérités conquises, en pierres taillées, en lumière accordée.
Tu connais ton chemin.
Et chaque jour, tu as le courage de le parcourir.

je suis tout à fait d’accord avec Hubert Kengne: on nait (est) franc-maçon; chez moi il y a toujours eu une vision « idéaliste » de la vie et de l’humain et de ce fait la FM semblait faite pour moi.
De très belles vérités livrées dans ce texte qui fait office de livre de chevet.
C’est clair comme l’eau de roche ;
on est Franc-maçon dans l’âme.
Et j’ajouterai, on naît Franc-maçon ; c’est un chemin déjà balisé et gravé au fond de notre âme dont la preexistance et la prédisposition constituent le levier et le déclic pour une résurgence instinctive.
De ce fait, la Franc-maçonnerie devient une école de culture et de la promotion des vocations et des facultés psychiques et spirituelles.
C’est exactement cela, naître Franc-maçon et devenir Franc-maçon.
Très respectueusement…