La Fédération du Cercle Européen des Fraternelles (FCEF) nous convie à un rendez-vous désormais incontournable : la VIIème Journée des Fraternelles, qui se tiendra le samedi 26 avril 2025 dans les locaux prestigieux de la Grande Loge de France, au 8 rue Louis Puteaux, 75017 Paris. Cet événement, ouvert à tous les francs-maçons et franc-maçonnes du grade de Maître, est une occasion unique de découvrir les Fraternelles, de tisser des liens inter-obédientiels, et de vivre pleinement l’esprit de fraternité qui nous unit. Présentons cette journée et profitons-en pour mieux connaître la FCEF, une fédération au service de l’idéal maçonnique.
Un programme au cœur de la fraternité
La VIIème Journée des Fraternelles, organisée avec le concours de la Commission Inter-Obédientielle, se déroulera de 9h30 à 14h30, selon un programme conçu pour favoriser les échanges et la convivialité :
De 9h30 à 12h30 : Rencontres libres avec les Fraternelles membres de la FCEF. Ce moment permettra aux participants de découvrir les activités, les projets et les valeurs des différentes associations fraternelles présentes. Que vous soyez intéressé par des Fraternelles professionnelles, culturelles, philanthropiques ou géographiques, vous trouverez des Sœurs et des Frères partageant vos centres d’intérêt.
De 12h30 à 14h30 : Agapes fraternelles et échanges informels. Ce repas, inclus dans l’inscription, sera l’occasion de prolonger les discussions dans une ambiance chaleureuse, fidèle à l’esprit maçonnique.
Localisation
Grande Loge De France 8, rue Louis Puteaux, 75017 Paris
Informations pratiques : L’inscription est obligatoire et s’élève à 30 € par personne, payable via la plateforme Weezevent (accessible ici : https://my.weezevent.com/fcef-jdf2025). Attention, un seul billet par commande est autorisé, et chaque participant doit remplir l’ensemble des champs demandés dans le formulaire. Pour accéder à l’événement, il est impératif de se munir d’une pièce d’identité, d’un passeport maçonnique ou de tout document maçonnique faisant foi, ainsi que du billet imprimé. Les organisateurs précisent que les rencontres avec les Fraternelles se tiendront uniquement le matin, les agapes étant un moment d’échange plus informel.
La FCEF : Un pont entre les Fraternelles et les obédiences
La Fédération du Cercle Européen des Fraternelles, organisatrice de cette journée, mérite d’être mieux connue. Fondée il y a plus de 20 ans, la FCEF regroupe des associations fraternelles composées de francs-maçons de toutes obédiences, unies par le désir de prolonger la fraternité maçonnique au-delà des loges. Comme le souligne le site officiel de la FCEF, ces associations permettent de « partager avec d’autres Frères et Sœurs les bons et moins bons moments d’un environnement commun, ou tout simplement de faire vivre l’idéal maçonnique dans la vie profane ».
Loin d’être en contradiction avec la démarche initiatique, les Fraternelles constituent un complément précieux. Elles offrent un espace où les valeurs humanistes de la Franc-maçonnerie – fraternité, tolérance, solidarité – peuvent rayonner dans la cité. La FCEF, en fédérant ces associations, joue un rôle clé pour garantir leur respect des principes maçonniques. Elle a ainsi élaboré une Charte éthique, qui engage ses membres à œuvrer dans un esprit de droiture et de bienveillance, sous la supervision d’un Conseil de Surveillance composé de représentants des principales obédiences françaises.
Un soutien concret pour les Fraternelles
La FCEF ne se contente pas de réunir les Fraternelles : elle les accompagne dans leur développement. Elle aide, par exemple, à la création et à la gestion administrative des associations (rédaction de statuts, formalités légales), un soutien précieux pour des maçons souvent peu familiers avec ces démarches. Elle favorise également les échanges entre Fraternelles, encourageant des projets communs et renforçant les liens inter-obédientiels. Comme le précise la FCEF, elle « ne se substitue pas aux associations membres, qui exercent leur pleine et entière souveraineté », mais agit comme un outil pour les aider à atteindre leurs objectifs dans le respect des engagements maçonniques.
La FCEF joue aussi un rôle de passerelle entre les Fraternelles et les obédiences. Elle identifie les associations membres et leurs responsables (président, secrétaire, trésorier), et transmet les demandes d’adhésion des Sœurs et Frères intéressés. Ce fonctionnement démocratique – les associations membres élisent leurs instances dirigeantes lors d’assemblées générales – garantit une transparence et une égalité entre toutes les Fraternelles, qu’elles soient philosophiques, philanthropiques ou culturelles.
Une journée pour découvrir et s’engager
La VIIème Journée des Fraternelles est une occasion unique de découvrir la diversité des Fraternelles affiliées à la FCEF. Parmi elles, on trouve des associations comme « La Beauté », qui regroupe des médecins et chirurgiens plastiques, ou « EVH Écologie Valeurs Humanisme », centrée sur l’écologie, comme le mentionne un article de Gadlu.info datant de 2014. D’autres, comme le GITE (Groupement International de Tourisme et d’Entraide), facilitent les déplacements des maçons en publiant des livrets d’adresses fraternelles. Ces Fraternelles, souvent multi-obédientielles, incarnent la richesse de la Franc-maçonnerie française, où des membres du GODF, de la GLNF, de la GLFF ou du Droit Humain se retrouvent pour partager des projets communs, malgré les divergences entre leurs obédiences.
Cet événement est aussi une invitation à s’engager. En rejoignant une Fraternelle, vous pouvez prolonger votre engagement maçonnique dans la vie profane, que ce soit à travers des actions caritatives, des réflexions philosophiques, ou des moments de convivialité. La FCEF, par son soutien et sa rigueur éthique, offre un cadre sécurisant pour explorer ces opportunités.
Un appel à la fraternité inter-obédientielle
La Journée des Fraternelles est enfin un symbole de l’unité maçonnique. En réunissant des Sœurs et des Frères de toutes obédiences dans un même lieu – ici, le siège de la Grande Loge de France – la FCEF rappelle que la fraternité transcende les différences. Cet événement est un rappel de notre devoir de « réunir ce qui est épars ».
Alors, Sœurs et Frères, ne manquez pas cette VIIème Journée des Fraternelles. Réservez dès maintenant votre place sur Weezevent, et venez vivre une journée placée sous le signe de la Sagesse, de la Force et de la Beauté. Que cette rencontre renforce nos liens et nous inspire à faire rayonner l’idéal maçonnique, dans nos loges comme dans la cité.
Lire le début de ce travail la semaine dernière (cliquez ici)
En Maçonnerie on en met souvent trois entrouvertes au sommet des colonnes.
Les grains dans les loges du fruit symbolisent l’union des maçons dans les loges.
Les noms des colonnes
Yakhin «qui soutient » est le nom donné par Khiram à celle de droite et Bo’az (« Booz » en grec) « en Force » à celle de gauche. On peut y voir un rapport avec l’œuvre de la création après la division de l’unité originelle « ‘J’établirai avec fermeté’, la force et la fermeté présidant à la réalisation du plan divin »
Notons, à propos de ces deux noms, qu’il est inutile d’aller chercher l’histoire de Ruth et de Bo’az, l’ancêtre de David. Il y a d’autres personnes portant le nom de Bo’az. Donner le nom d’un personnage à l’une des colonnes romprait la dualité des colonnes, car il n’y a pas de personnage du nom de Yakhin pouvant faire un pôle complémentaire avec le Bo’az de Ruth. D’ailleurs certains ressentant le même malaise (Ainsi les auteurs dans le Ligou au mot « colonnes ») ont cherché un Yakhin pouvant faire pendant à Bo’az. Ils ont fini par trouver un Yakhin parmi les sacrificateurs (I Chroniques XXIV,17) mais il n’est pas fait mention de lui dans les cérémonies de la consécration.
On pourrait plutôt faire remarquer que les noms ont aussi été choisis pour des raisons de guématrie :
En valeur développée Yakhin est égal à 12 nombre solaire et Bo’az à 15 nombre lunaire :
Yakhin s’écrit Yod Kaf Yod Noun Yod s’écrit Yod Kaf Vav Daleth soit 10 + 6 + 4 = 20 Kaf s’écrit Kaf Pé soit 20 + 80 = 10 Yod s’écrit Yod Kaf Yod Noun soit 10 +6+ 4 = 20 Noun s’écrit Noun Vav Noun soit 50 + 6 + 50 = 106 Total de Yakhin 20+10 + 20 + 106 = 246 = 12 Bo’az s’écrit Beith, ‘Ayin, Zayin Beith s’écrit Beith Yod Tav soit 2 + 10 + 400 = 412 ‘Ayin s’écrit ‘Ayin Yod Noun soit 70 + 10 + 50 = 130 Zayin s’écrit Zayin Yod Noun soit 7 + 10 + 50 = 67 Total de Bo’az : 412 + 130 + 67 = 609 = 15
Douze est évidemment en rapport avec les douze signes du zodiaque et les douze heures doubles de la journée. Nombre solaire, il est bien en rapport avec la colonne
du Sud, telle qu’elle était placée devant le temple de Salomon, la droite représentant toujours le Sud, puisque chez les Hébreux on s’orientait face à l’Est. Et Quinze nombre lunaire particulièrement important, évoquant la force de la lumière de la Pleine Lune, a bien sa place sur la colonne du Nord, le Nord étant généralement associé à la Lune.
Une annexe autour
Sur les trois autres côtés tout autour du Débir et du Héikhal on avait construit une annexe de trois étages de cinq coudées de haut, divisés en trente cellules par étage, soit un total de quatre-vingt-dix cellules et non pas trente-trois comme certains l’ont écrit. On y entrait par un escalier placé sur le côté sud.
La Mer en fonte et l’observation du ciel
Suivant I Rois 7, elle était haute de cinq coudées (2m50), elle avait dix coudées de bord à bord (5 m de diamètre) et quatre doigts d’épaisseur (8 cm). Un cordeau de trente coudées (15 m) en faisait le tour.
Deux rangées de dix coloquintes par coudée, soit trois cents coloquintes de bronze fondues dans la même fonte en faisaient le tour. Cette Mer en fonte Yam (Mer) moudzak (fonte) (I Rois 7) ou en cuivre nekhochet (I Chroniques 18) était posée sur douze bœufs, trois regardant au nord, trois regardant à l’ouest, trois regardant au sud et trois regardant au levant. « La Mer était au-dessus d’eux et toutes les croupes étaient vers l’intérieur ». Si dans I Rois on ne dit pas à quoi elle servait, dans II Chroniques (écrit bien tardif après I Rois) il est écrit que la mer était destinée aux purifications des prêtres : « Pour baigner les desservants » ! Ce qui évidemment paraît bien peu crédible, étant donnée la taille de l’objet, comme de nombreuses illustrations nous le montrent. En fait la Mer était beaucoup plus grande que la cuve qui servait aux ablutions devant la Tente du Rendez-vous. Rien à voir avec cette dernière, que l’on pouvait déplacer comme tout le reste et qui, elle, effectivement servait pour les ablutions. Et qui, pour cet usage, était placée entre l’Autel des holocaustes et la Tente du Rendez-vous. Il semble donc, comme l’a fait remarquer Gérard de Champeaux dans son Introduction au monde des symboles, qu’à cette époque on ait perdu le sens originel de la Mer (le Livre des Rois datait déjà du VI° siècle av. notre ère, Chroniques c’est encore pire – du IV° siècle av notre ère- on est bien loin de l’époque de Salomon soit vers 970 av J.C.). Un bassin à deux mètre cinquante du sol, sans compter le socle des bœufs, est vraiment peu praticable, c’est le moins qu’on puisse dire !
« Quant à la Mer il l’avait placée du côté droit de la Maison, vers l’Est, face au Midi. » et non pas devant l’entrée de la Demeure comme c’était le cas pour la Tente. Elle n’était pas placée au même endroit, justement parce qu’elle n’avait pas la même fonction. Elle était placée sur le côté, où se trouvait l’entrée pour monter dans les chambres latérales. On pouvait alors se placer dans une des salles de la troisième rangée la plus haute, pour de là observer le ciel se projetant sur la Mer, en regardant par la fenêtre, ou encore on pouvait monter sur la terrasse du temple.
Cette Mer entièrement ronde reflet de l’océan céleste
Comme le commente Gérard de Champeau, « non seulement elle forme un magnifique plan d’eau, à l’horizon bien dégagé du fait de sa position surélevée, mais de plus elle porte sur son pourtour une division décimale (30 x 10) tandis que son socle ajoute un système duodécimal (3 x 4), ce qui fournit les éléments de base de tout calendrier saisonnier permettant de repérer les cycles liturgiques. »
Ce procédé d’utiliser un plan d’eau pour observer le ciel n’était pas nouveau. À Babylone, les astronomes astrologues se servaient de bassins d’airain nommés Apsu dans lesquels ils observaient, entre autres choses, les éclipses. On retrouvera cette utilisation des plans d’eau pour observer le ciel chez les Musulmans, par exemple en Turquie près de Konya au XIII° siècle.
« Certains commentateurs modernes », met en note Chouraqui, « attribuent à cette mer et aux douze taureaux qui la supportent, orientés vers les quatre directions de l’espace une signification cosmique. » : Les douze bœufs sont évidemment en rapport avec les douze signes du zodiaque. Les quatre groupes de trois bœufs sont tournés vers les points cardinaux. En fait les bœufs divisent le zodiaque en quatre groupes de signes suivant la croix des solstices et des équinoxes et comme à cette époque le point gamma se trouve à peu près au centre du Bélier, les trois bœufs de l’Est correspondent aux trois signes Bélier, Taureau, Poissons.
Ces douze bœufs disposés par trois au quatre points cardinaux rappellent les douze tribus disposées de la même manière autour de la Tente du Rendez-vous de Moïse : À l’Est : Juda, Issachar et Zabulon autour du point gamma équinoxe de printemps Au Sud : Ruben, Siméon et Gad. À L’Ouest : Ephraïm, Manassé et Benjamin. Au Nord : Dan, Aser et Nephtali. (Les lévites étant à part campant autour de la demeure) Ainsi dit le Midrash Tan’huma (Vème siècle) : « Toutes celles-ci sont les tribus d’Israël (Genèse 48, 28) Mais pour Israël (Jacob) il est dit : Il enfantera douze princes. Les tribus s’orientent selon l’ordre de l’Univers. Le jour compte douze heures, la nuit douze heures, l’année douze mois. Et les signes du zodiaque sont eux aussi au nombre de douze. Toutes celles-ci (les mazzalot féminin) sont les tribus de Jacob. »
Dix bassins d’airain sur dix bases
En plus de la Mer d’airain, se trouvaient dix bases carrées de quatre coudées de côté (2 m) montées sur quatre roues, hautes d’une coudée et demie (75 cm). Chacune de ces bases mobiles soutenaient des bassins, soit dix bassins. Elles furent placées de chaque côté de la Maison, cinq sur le côté droit, cinq à gauche. Elles servaient aux ablutions et à laver les animaux destinés aux holocaustes (II Chroniques IV, 6). Tout comme les deux fois cinq chandeliers dans le Héikhal, l’accent est mis sur le nombre dix, symbole magnifié de l’unité que l’on retrouve dans les Dix Paroles, les dix lois les dix séfiroth… Mais pourquoi donc tout cela ? Les Hébreux s’intéresseraient-ils à la Science sacrée du Ciel ? En douterions-nous ? Il suffit de se pencher sur le costume du Grand Prêtre le seul habilité à pénétrer dans le Débir pour en avoir une idée.
Le costume du Souverain Sacrificateur ou Cohen Gadol
Du temps de Salomon, ce costume est le même que celui porté par le frère de Moïse, Aaron, le premier Cohen Gadol « Grand Sacrificateur » ou « Grand Prêtre ».
Une tunique de lin descendant jusqu’aux talons et par-dessus dessus une robe d’un bleu pourpre, au bas de laquelle étaient attachées en alternance des clochettes d’or et des petites grenades d’azur, (tekhelet) de pourpre (argaman) et d’écarlate (tolaat shani), les clochettes symbolisant le tonnerre et les grenades les éclairs. Par-dessus : l’éphod, une tunique d’or, d’azur, de pourpre rouge et d’écarlate et de lin fin tressé, sans manches avec des épaulières et se fermant avec une ceinture. Sur la poitrine : le « Pectoral » ou plutôt le « Rational de Jugement » Khessen Mishpat, tenu par deux bretelles, avec sur chaque bretelle une pierre de Choham (de Beryl ?) sertie dans de l’or et gravée des noms des enfants d’Israël, six d’un côté, six de l’autre. Et bien sûr, sur un carré de tissu, d’un empan de côté, les douze pierres précieuses sur quatre rangs de trois, en rapport avec les douze tribus et les douze signes du zodiaque, les quatre rangs correspondant aux quatre directions de l’espace. Au Rational s’ajoutaient les Ourim « Lumières » et les Toummim « Perfections » Objets mystérieux, censés apporter la réponse divine à une question posée. Aaron les portera sur son cœur en entrant dans le Saint des saints (Exode 28,30). À l’époque de Cyrus et de la construction du Second Temple ils seront perdus. Enfin la Tiare en lin Mitsnefet sur laquelle, au-dessus de son front, sera la plaque en or, marquée du nom du Tétragramme et mise sur un ruban d’azur. Les vêtements du Grand Prêtre, écrivait Philon d’Alexandrie représentent l’univers. Certes on comprend bien comment le Grand prêtre par son costume manifestait l’importance des liens entre la Terre et le Ciel.
En Franc Maçonnerie
On retrouvera le Grand Souverain Sacrificateur (Le Président de la loge) installé sur un trône à l’Orient du Temple maçonnique avec à sa droite un roi et à sa gauche un Lévite au 23ième degré du REAA, « Chef du Tabernacle ». Le rituel, construit comme un midrash , est hors du Temps ; Le Grand Prêtre fait référence à Aaron, frère de Moïse, le roi à Salomon et le prêtre en tunique blanche à un lévite soit le récipiendaire qui est un « véritable Hiram ». C’est pourquoi, devenu lévite, il accède au Saint des saints.
La science sacrée du ciel chez les Hébreux
Qu’est-ce donc que cette science et pourquoi serait-elle sacrée ? Aujourd’hui, elle n’évoque généralement que les douze signes du zodiaque et les horoscopes des journaux. Nous pouvons peut-être faire appel à Philon d’Alexandrie, ce célèbre philosophe juif (- 20/45), qui, ne l’oublions pas, fut le premier à avoir pensé Dieu comme « Architecte de l’Univers » ! Il explique à propos des Chaldéens, d’où est issu Abraham, que « les astrologues ont rattaché les évènements de la Terre à ceux des airs et les phénomènes célestes à ce que ce qui se passe ici-bas. Ils ont fait sentir comme une musique de la pensée la symphonie absolument parfaite de l’ensemble grâce à la cohésion et à la sympathie des parties qui malgré la distance intervenant entre elles demeurent inséparables par leur commune origine. » Quoiqu’il en soit, c’est très tôt dans la Bible, avant le déluge ! que la science du Ciel fait son apparition avec Hénoch , cet initiateur initié qui jouera un rôle clef au grade de Royal Arch du REAA. Et ce qui apparaît de plus flagrant au premier abord est l’importance que les Hébreux accordaient à la précession des équinoxes, aux changements d’ère et à la sacralisation de l’ère en cours, celle du Bélier à partir d’Abraham, qui se termine avec Jean de Patmos au dernier chapitre de la Bible.
Avant le déluge Hénoch
Hénoch, septième patriarche d’avant le déluge, à partir d’Adam, à l’époque de l’ère du Taureau restée fameuse, est enlevé dans les cieux, sur ordre du Seigneur, par des anges, qui lui enseignent l’astrologie. Finalement, il doit écrire sous la dictée de l’ange Ouriel tout ce qu’on aura tenté de lui enseigner. Muni de ces précieux écrits, il redescend et n’aura que trente jours pour donner à Mathusalem son fils (et grand père de Noé) un enseignement oral. Il lui dit : « Maintenant, Ô mon fils Mathusalem, je te dis toutes ces choses et les écris pour toi. Je t’ai tout révélé et je t’ai donné les livres qui les contiennent toutes. Garde mon fils, ce qu’a écrit la main de ton père, pour le donner à la génération finale. Je t’ai donné la science ainsi qu’à tes enfants pour qu’ils donnent aux leurs pour des générations cette science supérieure à leur entendement »
Après le déluge Abraham
Avec Abraham, dixième patriarche d’après le déluge, on est aux environs de l’entrée dans le deuxième millénaire avant notre ère. Né en Chaldée, à Ur, il est fils d’astrologue et astrologue. Alors qu’on entre dans l’ère du Bélier, il sacrifie cet animal à la place de son fils Isaac.
Flavius Josèphe, s’appuyant sur divers auteurs, notamment sur Bérose, fait d’Abraham un astrologue quasiment légendaire. « Bérose parle en ces termes de ce grand personnage, sans le nommer, ‘En l’âge dixième après le déluge, il y avait parmi les Chaldéens un homme fort et juste et fort intelligent dans la science d’astrologie.’» Citant Nicolas de Damas , il écrit qu’Abraham lors de son périple hors de la Chaldée « séjourna à Damas et y est encore fort célèbre pour cette science ». Enfin il termine en racontant que lors de son séjour en Egypte (lorsqu’il y avait envoyé sa femme en faisant croire que c’était sa sœur) Abraham enseigna aux Égyptiens l’arithmétique et l’astrologie, qui leur était inconnues et que c’est ainsi que ces sciences sont passées de la Chaldée à l’Égypte et de là aux Grecs…
Les descendants d’Abraham astrologues
Les Patriarches descendants d’Abraham sont tous pasteurs de petit bétail. Ou plus exactement « Hommes de troupeau » ainsi que l’explique Joseph, son arrière-petit-fils au Pharaon. Tout s’éclaire si l’on sait que les étoiles dans l’antiquité étaient comparées à des troupeaux de moutons ou de chèvres. On distinguait les moutons errants ou sauvages (les planètes) et les moutons fixes ou apprivoisés (les étoiles fixes) gardés par un bon berger (Orion). Ainsi l’homme de troupeau est un homme d’étoiles, soit un astrologue.
Joseph
C’est d’ailleurs toujours Joseph (Genèse 41), qui expliquera au Pharaon le sens du songe qu’il a fait concernant les sept vaches maigres suivies de sept vaches grasses et les sept épis sains suivis de sept épis maigres : ce sont sept années d’abondance suivies de sept années de famine, en rapport avec le cycle d’Uranus, qui passe sept ans dans un signe… Mais direz-vous les Anciens ne connaissaient que sept planètes ! Pourtant sur cette tablette nous voyons onze globes 9 + 2 plus petits. Il ne faut pas oublier que sept était un nombre sacré chez les Chaldéens comme ce le sera ensuite chez les Hébreux. On distinguait, comme aujourd’hui d’ailleurs, les sept planètes dites traditionnelles (dont font partie le Soleil et la Lune) en rapport avec les sept métaux et les autres. Les Hindous quant à eux manifestent depuis l’Antiquité le nombre 9 par le mot planète…
Moïse
Enfin Moïse scelle l’importance de cette ère, au milieu de laquelle il se trouve, avec le sacrifice du mouton lors de la première Pessah, celle qui eut lieu au départ d’Égypte. Sans oublier sa colère, en redescendant de la montagne, au sommet de laquelle il prenait ses ordres de Yahvé, lorsqu’il vit que les Hébreux avaient fondu un Veau d’or comme idole sous la direction d’Aaron. Ce dernier lui avait fait bâtir un autel devant lequel les Hébreux se prosternaient en criant « Voici tes dieux, Israël, qui t’ont fait monter de la terre d’Egypte ! » On avait quitté l’ère du Taureau depuis au moins mille ans. Moïse fit alors tuer trois mille hommes parmi les siens. Il manifeste ensuite l’importance de la structure du Ciel par les objets placés dans le Tabernacle (le chandelier à sept branches pour les 7 planètes et les douze pains des faces pour les 12 signes du zodiaque) ainsi que par la disposition des douze tribus placées autour de la Tente, préfiguration des douze bœufs placés sous la Mer du Temple de Salomon. Le Tabernacle de Moïse, puis le temple de Salomon se font le reflet du Cosmos, le grand Temple de l’Éternel et la Précession des équinoxes est un thème fondamental pour les Hébreux.
Du temps de Salomon
Non seulement le temple on l’a vu est construit en rapport avec le Ciel, tout comme le costume du Cohen Gadol, mais on a aussi des références symboliques dans le palais de Salomon : Ainsi : « On parvient à son trône par six marches flanquées de chaque côté par des lions, soit deux fois six lions en rapport avec les douze signes du zodiaque et avec la connaissance de l’univers. Et douze c’est trois fois quatre soit un cycle associant le quatre terrestre et le trois spirituel dans un dynamisme qui lui permet de régir l’espace et le temps et de faire avancer la connaissance de l’univers. Douze va à la quête de la parole perdue. » En fait, si on veut trouver le point de départ de la Science sacrée du Ciel dans la Bible, il nous faut retourner au tout début soit au Jardin d’Eden. Car si les Hébreux avaient conscience de la succession des ères et de leur importance ils ont donné un début et une fin à cette succession. C’est là que se crée pour le lecteur la première évocation du lien étroit entre la Terre et le Ciel lors de la Création et le démarrage de la roue du temps.
Le Jardin d’Eden : de la Terre au Ciel ou la Chute du Ciel à la Terre
« Yahvé Elohim planta un jardin en Eden (« Plaine » du babylonien edinu), à l’Orient et il plaça là l’être humain qu’il avait façonné.» Et il fit surgir du sol tout arbre agréable pour la vue et pour la nourriture. Et l’Arbre de la Vie au milieu et l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. On comprend que ces deux arbres sont tout proches : au centre. Adam et Ève, placés dans ce jardin, peuvent manger des fruits des arbres, sauf ceux de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. « Tu n’en mangeras pas », leur dit Yahvé Elohim, «car du jour où tu en mangerais tu mourrais ». Un fleuve sort d’Eden pour irriguer le jardin. De là il se divise en quatre branches. Qui vont délimiter quatre régions. Le premier c’est Pishone qui entoure la terre de ‘Havila. Pour Flavius Josèphe c’est le Gange. Le second Gui’hone qui entoure la terre de Kouch » soit le Nil pour F. Josèphe. Le troisième ‘Hideqel à l’Est d’Achour (Assur) le Tigre (pour tout le monde). Le quatrième est Frat soit l’Euphrate. Mais, on le sait, un serpent maléfique va convaincre Ève de prendre un fruit et de le manger, ce qu’elle fait puis en donne à Adam qui fait de même. Ils sont chassés sans avoir eu le temps de prendre un fruit sur l’Arbre de Vie. Yahvé Elohim leur fait aussitôt des tuniques de peau, les en revêt et les chasse, fait garder l’accès au chemin de l’Arbre de Vie à l’Orient, par les kérubim et la lame de l’épée flamboyante. C’est la chute. Ils sont revêtus de peau soit ils sont incarnés et devenus mortels. Ils n’oublieront pas les dernières paroles qui leur fut alors adressées en guise d’Au revoir par l’Éternel « Tu es poussière et tu retourneras en poussière »
En Chaldée une géographie symbolique
Avec les Chaldéens on voit comment une géographie symbolique avec ses quatre régions ait pu jouer un rôle important dès 2000 ans avant notre ère. Ainsi dans le livre d’astrologie compilé et rédigé par les ordres du roi Sar-Yukin l’ancien, on voit le pays d’Akkad ou la Chaldée considérée, comme situé au centre de l’univers et entouré de quatre contrées qui correspondent exactement aux quatre points cardinaux, et 12 étoiles président aux destinées de chacune de ces régions. Le roi ainsi se faisait appeler « Roi des quatre régions ». Les douze étoiles nous donnent la clef : Celle du Ciel :
Dans un monde où la technologie transforme nos sociétés à une vitesse fulgurante, la Franc-maçonnerie, fidèle à ses traditions séculaires, doit-elle rester à l’écart de cette révolution numérique ? La Province maçonnique de Middlesex, en Angleterre, apporte une réponse audacieuse avec le lancement de SecGPT, un outil d’intelligence artificielle (IA) conçu pour révolutionner l’administration des loges. Présenté le 31 mars 2025 sur le site de Middlesex Freemasonry, cet outil suscite déjà l’intérêt au-delà des frontières britanniques. Mais qu’est-ce que SecGPT, et pourrait-il inspirer les obédiences françaises dans leur gestion quotidienne ? Décryptage.
Qu’est-ce que SecGPT ?
SecGPT est une intelligence artificielle développée par la Province de Middlesex, en collaboration avec la société technologique Masonic Digital Solutions. Son nom est un clin d’œil à la fois au rôle de secrétaire de loge (Secretary, en anglais) et à ChatGPT, le célèbre modèle d’IA conversationnelle. Concrètement, SecGPT est un assistant numérique conçu pour alléger les tâches administratives des loges, souvent chronophages pour les officiers, en particulier les secrétaires.
L’outil promet de simplifier des processus essentiels :
Rédaction automatisée des procès-verbaux : SecGPT peut générer des comptes rendus de tenues en quelques minutes, en s’appuyant sur des notes ou des enregistrements audio (avec le consentement des membres, bien entendu). Fini les longues heures passées à retranscrire les débats !
Gestion des convocations : L’IA peut envoyer des convocations personnalisées aux membres, en tenant compte des spécificités de chaque loge (dates, lieux, ordres du jour).
Suivi des cotisations : SecGPT permet de gérer les capitations, d’envoyer des rappels automatiques et de produire des rapports financiers clairs pour le trésorier.
Organisation des événements : Qu’il s’agisse d’un banquet fraternel ou d’un séminaire, l’outil peut coordonner les inscriptions, gérer les listes d’invités et même suggérer des menus adaptés aux traditions maçonniques.
Support linguistique : Pour les loges multilingues, SecGPT offre une traduction instantanée des documents, un atout précieux dans une province comme Middlesex, où la diversité culturelle est forte.
Un outil au service de la fraternité
Delta lumineux sur PC portable
L’objectif de SecGPT, comme l’explique le Provincial Grand Secretary de Middlesex, W. Bro. James Carter, est de « libérer les officiers de loge des tâches administratives pour qu’ils puissent se concentrer sur l’essentiel : le travail initiatique et la fraternité ». En effet, dans de nombreuses loges, les secrétaires passent des heures à gérer des aspects logistiques, au détriment du temps consacré à la réflexion symbolique ou aux échanges fraternels. SecGPT vise à rétablir cet équilibre, en permettant aux membres de « vivre pleinement leur engagement maçonnique ».
Un exemple concret : lors d’une tenue, un secrétaire peut enregistrer les points clés de la réunion (via un système sécurisé), et SecGPT génère un procès-verbal prêt à être validé. L’outil est également capable d’adapter le ton et le style du document aux usages de la loge, respectant ainsi les traditions maçonniques. De plus, SecGPT intègre des fonctionnalités de sécurité avancées : les données sont cryptées, et l’accès est strictement réservé aux membres autorisés, conformément aux principes de discrétion chers à la Franc-maçonnerie.
Une réponse aux défis contemporains
La Province de Middlesex, qui regroupe environ 150 loges et plus de 5 000 membres, fait face à des défis similaires à ceux rencontrés par les obédiences françaises : un turn-over élevé des membres, une surcharge administrative pour les officiers, et la nécessité d’attirer les nouvelles générations tout en préservant les traditions. SecGPT s’inscrit dans une stratégie plus large, appelée The Strategy for Freemasonry: 2022 and Beyond, initiée par la United Grand Lodge of England (UGLE). Cette stratégie vise à moderniser la Franc-maçonnerie tout en restant fidèle à ses valeurs fondamentales : intégrité, fraternité, respect et service.
En France, où les obédiences comme le Grand Orient de France (GODF), la Grande Loge de France (GLDF) ou la Grande Loge Nationale Française (GLNF) comptent environ 120 000 membres au total, les mêmes enjeux se posent. Les secrétaires de loge, bénévoles, jonglent entre leurs obligations professionnelles, familiales et maçonniques. La gestion des capitations, par exemple, peut devenir un casse-tête, surtout dans les loges où les membres sont dispersés géographiquement. De plus, la crise du COVID-19 a accéléré la transition numérique, avec des tenues virtuelles et des échanges par visioconférence, mais les outils numériques restent souvent rudimentaires.
Un modèle adaptable à la Franc-maçonnerie française ?
Pour les francs-maçons français, SecGPT pourrait-il être une source d’inspiration ? La réponse est nuancée. D’un côté, l’outil répond à des besoins universels : simplifier l’administration, gagner du temps, et permettre aux loges de se concentrer sur leur mission initiatique. La traduction automatique, par exemple, pourrait être un atout pour des obédiences comme la GLCS (Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité), qui prône la mixité et la diversité culturelle, ou pour le Droit Humain, qui opère à l’international.
Cependant, plusieurs obstacles pourraient freiner son adoption en France :
La diversité des obédiences : Contrairement à l’Angleterre, où l’UGLE centralise la majorité des loges masculines, la Franc-maçonnerie française est plurielle, avec des obédiences aux pratiques et aux philosophies variées. Un outil comme SecGPT devrait être adapté aux spécificités de chaque obédience (rites, usages administratifs, attentes des membres).
La méfiance envers la technologie : En France, certains maçons pourraient craindre que l’introduction d’une IA ne dénature l’esprit maçonnique, qui repose sur l’humain et le symbolique. La question de la confidentialité des données est également cruciale : les obédiences françaises, marquées par une histoire de discrétion face aux persécutions, pourraient hésiter à confier leurs informations à un outil numérique, même sécurisé.
Les ressources financières : Développer un outil comme SecGPT nécessite des investissements importants. Si la Province de Middlesex bénéficie du soutien de l’UGLE, les obédiences françaises, souvent plus petites et fragmentées, pourraient manquer de moyens pour un tel projet.
Une réflexion pour l’avenir
Grande Loge Nationale Francaise GLNF Siege social 12 rue Christine de Pisan Paris 17e Photo : Yonnel Ghernaouti
Malgré ces défis, SecGPT ouvre une voie intéressante pour la Franc-maçonnerie française. Il ne s’agit pas de remplacer l’humain par la machine, mais de faire du numérique un allié au service de la fraternité. Comme le souligne W. Bro. Carter, « la technologie doit rester à sa juste place : un outil pour libérer du temps, pas pour dicter nos pratiques ». En France, certaines obédiences ont déjà expérimenté des instructions par visioconférence et des séminaires annuels mêlant tradition et modernité, pourraient être pionnières dans l’adoption de telles innovations.
Et si SecGPT était l’occasion de revenir aux fondamentaux de la maçonnerie en complément de la gestion des loges ? En libérant les officiers des tâches administratives, un tel outil pourrait leur permettre de se consacrer pleinement à l’essentiel : le travail symbolique, l’écoute fraternelle, et la transmission des valeurs maçonniques. À l’heure où les nouvelles générations, habituées au numérique, rejoignent nos colonnes, il est peut-être temps de repenser nos méthodes, tout en restant fidèles à notre idéal : construire un monde plus juste, plus fraternel, et plus éclairé.
Et après ?
Siège de la GLUA à Londres
La Province de Middlesex prévoit de déployer SecGPT dans toutes ses loges d’ici la fin de l’année 2025, avec une évaluation prévue pour 2026. Des démonstrations seront organisées lors de l’Annual General Meeting de la Province, le 29 mai 2025, à Freemasons’ Hall, à Londres. Pour les maçons français intéressés, il pourrait être utile de suivre cette expérience de près, voire d’entamer un dialogue avec nos frères anglais pour explorer des collaborations.
En attendant, SecGPT nous rappelle une vérité maçonnique intemporelle : l’innovation, lorsqu’elle est au service de l’humain, peut être une lumière sur le chemin de la Sagesse, de la Force et de la Beauté. À nous, francs-maçons français, de savoir l’accueillir avec discernement, pour que nos loges restent des lieux d’élévation et de fraternité, même à l’ère du numérique.
La Franc-maçonnerie, avec ses rituels, ses symboles et sa quête de sens, peut sembler proche de la philosophie, cette « amour de la sagesse » qui cherche à comprendre le monde par la raison. Pourtant, malgré des points communs, elle ne peut pas être considérée comme de la philosophie au sens propre. Voici pourquoi, en cinq arguments simples et limpides.
1. Une voie symbolique, pas une démarche rationnelle
La philosophie est une quête intellectuelle qui repose sur la raison et l’analyse critique. Depuis Socrate ou Aristote, elle dissèque des concepts comme la vérité ou la justice avec des arguments logiques. La Franc-maçonnerie, elle, utilise des symboles – comme l’équerre ou le compas – et des rituels pour transmettre des idées. Cette approche est suggestive, émotionnelle, parfois poétique, mais elle ne construit pas de raisonnements rigoureux. Là où le philosophe débat et démontre, le maçon symboliste médite et ressent. Ce sont deux chemins différents.
2. Pas de penseurs pour questionner en profondeur
Portrait de Friedrich Nietzsche
En philosophie, des figures comme Kant ou Nietzsche explorent les savoirs avec une liberté totale, souvent en défiant les idées reçues. Ils écrivent, argumentent, et proposent des systèmes de pensée. Dans une loge maçonnique, il n’y a pas d’équivalent : les membres suivent des traditions et des enseignements établis, pas une discussion ouverte pour tout remettre en cause ce serait une exclusion immédiate. La Franc-maçonnerie guide ses membres vers des valeurs comme la fraternité ou la tolérance, mais elle ne les invite pas à les interroger comme un philosophe le ferait. Elle transmet, elle n’invente pas.
3. Un cadre rituel, pas une recherche universelle
Travail sur la pierre brute
La philosophie cherche des vérités générales sur l’existence, valables pour tous, à travers une réflexion accessible par la seule raison. Elle est ouverte, sans frontières. La Franc-maçonnerie, au contraire, est une expérience fermée : ses rituels et ses symboles ne parlent qu’à ceux qui sont initiés. Par exemple, le « travail sur la pierre brute » a du sens dans une loge, mais pas dehors. Cette dimension secrète et collective la coupe de l’ambition universelle de la philosophie, qui ne demande ni serment ni appartenance pour être comprise.
4. Des limites face à la critique radicale
La philosophie n’a pas de dogmes : elle doute de tout, même d’elle-même. Descartes, par exemple, a reconstruit la connaissance en partant de zéro. La Franc-maçonnerie, elle, repose sur des principes intouchables, comme la croyance en un “Grand Architecte” (du moins dans certaines obédiences) ou l’importance de la fraternité (dans toutes). Ces idées ne sont pas soumises à une critique radicale dans les loges ; elles sont acceptées comme des bases. Un philosophe les mettrait en pièce pour les examiner, là où un maçon les vit comme des vérités données.
5. Une expérience vécue, pas une science des concepts
La philosophie produit des disciplines – logique, éthique, métaphysique – et vise à clarifier des notions abstraites comme le bonheur ou la justice. Elle est un exercice de l’esprit, souvent théorique. La Franc-maçonnerie, elle, est une pratique : elle propose une transformation intérieure à travers des rites et une communauté. Elle ne cherche pas à définir le bonheur, mais à le faire ressentir dans la solidarité entre membres. Ce vécu est précieux, mais il ne remplace pas l’effort intellectuel de la philosophie pour comprendre le monde.
Deux quêtes distinctes
La Franc-maçonnerie et la philosophie se croisent parfois : toutes deux parlent de sens, de morale, de progrès. Mais la première est une expérience initiatique, encadrée par des symboles et une tradition, tandis que la seconde est une aventure rationnelle, libre et critique. Si elle inspire des réflexions profondes, la Franc-maçonnerie n’est pas de la philosophie. Pour explorer les grandes questions de l’existence, mieux vaut ouvrir un livre de Platon que frapper à la porte d’une loge – même si rien n’empêche de faire les deux !
Si la Franc-maçonnerie n’est pas une philosophie, Le franc-maçon peut-être un philosophe, son amour de la sagesse place ce mot en tête de la triade sagesse, force, beauté. Le philosophe est un archéologue de la pensée humaine. Le Franc-maçon est un spéléologue du monde intérieur mais la philosophie est pour l’homme effort vers la sagesse qui reste toujours inaccompli.
L’obédience visée par ce piratage est la Gran Logia de la Masonería del Uruguay (Grande Loge de la Maçonnerie d’Uruguay), comme mentionné dans plusieurs sources, notamment El Observador et El País Uruguay. Cette obédience est l’une des principales structures maçonniques du pays, regroupant de nombreuses loges et jouant un rôle central dans la Franc-maçonnerie uruguayenne. Fondée au XIXe siècle, elle est historiquement liée à la tradition maçonnique régulière, souvent alignée sur les principes de la Grande Loge Unie d’Angleterre (UGLE), bien qu’elle ait évolué dans un contexte local marqué par une forte influence cosmopolite et des liens avec d’autres obédiences sud-américaines, comme le Gran Oriente do Brasil.
Cependant, un point mérite notre attention : la Gran Logia de la Masonería del Uruguay a publié un communiqué interne, relayé par El Observador le 1er avril 2025, affirmant que ce n’était pas un piratage externe, mais une fuite provenant d’un membre actif de l’obédience. Ce « frère » aurait utilisé ses accès légitimes (via un système de double authentification) pour extraire les données entre le 19 et le 28 mars 2025, avant de les transmettre à un groupe identifié comme LaPampaLeaks. Ce groupe, connu pour des cyberattaques contre des institutions uruguayennes (comme la Fiscalía ou des sites gouvernementaux), a ensuite revendiqué la fuite et mis les données en vente sur Internet.
Que contiennent les données piratées ?
Les 13 Go de données incluent des informations sensibles, selon El Observador et El País Uruguay :
Listes de membres : Noms, adresses, numéros de téléphone, et courriels de maçons actifs et retirés, ainsi que des données personnelles de candidats à l’initiation.
Documents internes : Règlements des loges, actes, correspondances internes, et circulaires sur les candidatures et réintégrations.
Enregistrements de réunions : des vidéoconférences Zoom, principalement tenues pendant la pandémie, abordant des sujets institutionnels, des activités rituelles, et des discussions réservées aux membres.
Symboles et rituels : des documents sur les rituels des premiers degrés, incluant des symboles et mots-clés internes, ainsi que des schémas de l’organisation des loges.
Cependant, la Gran Logia a minimisé l’ampleur de la fuite, précisant que les données extraites étaient « de caractère superficiel » et que aucune information sensible (comme des données financières ou des secrets rituels majeurs) n’aurait été compromise. Cette affirmation est contredite par des experts en cybersécurité, comme Birmingham Cyber Arms LTD, qui ont confirmé la présence de données personnelles et confidentielles. De plus, Telenoche rapporte que LaPampaLeaks a prétendu détenir des documents liant la Franc-maçonnerie à des « délits et conspirations contre l’ordre public », une accusation démentie par Birmingham Cyber Arms, qui n’a trouvé aucune preuve de telles activités.
Que sait-on de plus sur cette affaire ?
Contexte du piratage
Ce piratage s’inscrit dans une vague plus large de cyberattaques en Uruguay. Le 31 mars 2025, les sites gouvernementaux uruguayens (terminaison « .gub.uy ») ont subi une panne massive, attribuée à LaPampaLeaks. Le même groupe a attaqué la Fiscalía et d’autres institutions, comme la Dirección Nacional de Aviación Civil e Infraestructura Aeronáutica (Dinacia). Cette série d’attaques suggère une campagne coordonnée visant à déstabiliser des institutions clés, y compris la Franc-maçonnerie, souvent perçue comme un cercle d’influence dans les sphères politiques et économiques.
Un détail troublant émerge : selon Montevideo Portal, la fuite n’est pas le résultat d’un piratage externe, mais d’une trahison interne. Un membre de la Gran Logia aurait volontairement fourni les données à LaPampaLeaks. Les accès ont été effectués via un compte légitime, et aucune anomalie (tentatives d’intrusion, trafic inhabituel) n’a été détectée sur les serveurs de l’obédience. On ignore si des mesures ont été prises contre ce membre, mais cet élément rappelle l’importance de la vigilance au sein de nos propres rangs.
Réactions et implications
La Gran Logia a réagi rapidement en informant ses membres via un communiqué interne, insistant sur le fait que son site web n’a pas été « hacké » ni modifié (malgré un defacement signalé par El País Uruguay, c’est-à-dire une altération visuelle de la page). L’obédience a également souligné que les données accessibles étaient limitées à des documents publics ou à des formulaires autorisés pour les membres actifs.
Cependant, cette affaire soulève des questions graves :
Sécurité numérique : Cet incident met en lumière les failles potentielles dans la gestion numérique des obédiences. En France, où les tenues virtuelles se sont multipliées depuis la pandémie, devons-nous revoir nos propres protocoles de sécurité ?
Confidentialité : Même si les données sont jugées « superficielles » par l’obédience, la divulgation de noms et d’informations personnelles peut exposer les membres à des risques, notamment dans un pays où la Franc-maçonnerie est parfois perçue avec suspicion, comme le montrent certains commentaires sur Reddit (r/uruguay), où des utilisateurs décrivent les maçons comme des « vieux riches qui parlent d’argent et de philosophie » ou des « cercles de pouvoir ridicules ».
Réputation : La Franc-maçonnerie uruguayenne, qui s’efforce de combattre son image de société secrète en promouvant la transparence, voit sa crédibilité entachée. Cette fuite pourrait renforcer les préjugés sur son influence supposée dans la politique et l’économie, un thème récurrent dans l’histoire uruguayenne (par exemple, son rôle dans le secteur de la santé, comme évoqué dans un article de 2017 d’El Observador).
On parle souvent du Soi comme de l’essence pure de l’être, ce noyau intemporel et sacré qui réside en nous, et du Moi comme de la façade sociale et psychologique qui nous permet d’exister dans le monde. Trop souvent, ces deux dimensions semblent opposées, voire incompatibles : le Soi dans sa verticalité spirituelle, et le Moi dans ses fluctuations et ses jeux de masques. Pourtant, l’un et l’autre sont les deux pôles nécessaires d’une seule et même réalité intérieure.
Le véritable chemin initiatique, qu’il soit spirituel ou psychologique, n’est pas d’écraser le Moi pour glorifier le Soi, ni d’ignorer le Soi pour nourrir indéfiniment le Moi. Il consiste à tisser un pont entre les deux, à harmoniser ces dimensions apparemment contradictoires, afin que le Soi devienne la source vivifiante du Moi, et que le Moi en devienne l’expression fidèle et créatrice.
Le chemin du Soi au Moi est ainsi celui d’une réconciliation profonde, qui nous invite à dépasser les illusions, à pacifier les conflits intérieurs et à faire descendre la lumière transcendante dans les gestes simples du quotidien.
I. Soi et Moi : deux réalités, un même voyage
Carl Gustav Jung
Le Soi, dans la tradition jungienne, représente l’unité profonde de l’être, la totalité psychique et spirituelle, ce centre caché qui relie l’humain au divin. Il est ce que nous sommes avant d’être nés, et ce vers quoi nous aspirons à retourner. Le Soi, c’est l’Origine et la Finalité. Il est silence, Présence et Intemporalité.
Le Moi, lui, naît du frottement du Soi avec le monde. Il est façonné par les expériences, l’histoire familiale, les rôles sociaux, et constitue la structure fonctionnelle grâce à laquelle nous interagissons avec notre environnement.
Dans leur complémentarité, ces deux pôles participent d’une dynamique essentielle : le Soi nourrit le Moi de son énergie, et le Moi offre au Soi un terrain d’expression et de réalisation. Mais lorsque le lien entre eux se distend, l’un devient tyrannique : le Moi se fige dans l’ego, le Soi se dilue dans l’abstraction.
« Le Soi est ce que nous sommes, le Moi est ce que nous croyons être. L’harmonie réside dans la rencontre des deux. »
(C.G. Jung)
II. Les obstacles du chemin : entre résistance et oubli
Passer du Soi au Moi suppose de franchir des résistances intérieures importantes. Car si le Soi est cette lumière stable et profonde, le Moi, lui, craint souvent de disparaître face à cette immensité.
Un Memento mori en mosaïque (ier siècle apr. J.-C.) accompagné de l’inscription Gnothi seauton. Provient des excavations de l’église San Gregorio al Celio (Rome) ; actuellement au Musée des Thermes de Dioclétien.
1. La peur de l’anéantissement
Le Moi redoute de se dissoudre dans l’expérience du Soi. S’ouvrir au Soi, c’est abandonner le contrôle, lâcher les définitions limitées de ce que nous croyons être. Ce saut dans l’inconnu effraie.
2. La toute-puissance de l’ego
Lorsque le Moi s’est construit sur des blessures ou des succès, il s’accroche à des identités rigides. L’ego refuse alors de se laisser traverser par le Soi, persuadé que sa survie en dépend.
3. L’amnésie spirituelle
Beaucoup ont oublié qu’un Soi existe. Englués dans les urgences du quotidien, nous finissons par vivre uniquement à travers les exigences du Moi, coupés de la source intérieure.
4. La confusion des rôles
Parfois, le Soi est projeté sur le Moi : nous idéalisons notre image sociale, croyant qu’elle reflète notre essence. D’autres fois, nous refusons au Moi toute légitimité, croyant qu’il faut l’effacer pour être “spirituel”.
III. La nature du passage : une descente et une remontée
Le chemin du Soi au Moi n’est pas linéaire. C’est un mouvement spiralé, fait d’allers et retours, de descentes vers l’intérieur et de remontées vers le monde.
De la profondeur à la surface
L’expérience du Soi se vit souvent dans le silence, la méditation, la contemplation. Mais pour être féconde, elle doit ensuite redescendre dans les mots, les actes et les relations. Sinon, elle se dissout dans l’abstraction.
De l’invisible au visible
Le Soi agit comme une lumière intérieure que le Moi rend perceptible à travers l’engagement, la création, la parole et le service. Ce passage fait de chaque instant du quotidien une opportunité d’incarner la sagesse.
De l’unité à la multiplicité
Le Soi est unité. Le Moi, multiplicité. Découvrir ce chemin, c’est accepter de tenir ensemble ces deux pôles, et d’unifier nos contradictions sans les abolir.
« Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, pour accomplir le miracle d’une seule chose. »
(Table d’Émeraude)
IV. Outils pratiques pour harmoniser Soi et Moi
La méditation active
Descendre dans le silence du Soi, puis remonter dans l’expression du Moi à travers l’écriture, le chant, ou le dialogue intérieur.
2. Le travail symbolique
Utiliser des symboles (cercle, carré, croix, labyrinthe) pour relier l’intuition du Soi à la structure du Moi. Les rituels maçonniques en sont un exemple puissant.
3. L’écoute du corps
Le Soi s’exprime aussi dans les sensations corporelles. Relier le souffle, le mouvement et l’intention permet d’ancrer cette présence dans la matière.
4. La gratitude quotidienne
Reconnaître dans chaque acte du Moi une opportunité d’exprimer le Soi, même dans les tâches les plus ordinaires.
5. L’observation de ses résistances
Identifier les moments où le Moi refuse l’ouverture, où il se referme sur ses certitudes, puis travailler à relâcher ces crispations.
Conclusion
Le passage du Soi au Moi est celui de l’incarnation. Il ne s’agit pas de choisir entre l’un ou l’autre, mais d’opérer leur réconciliation dans un espace de pleine conscience.
Quand le Soi inspire le Moi, nos gestes deviennent justes, nos paroles sont habitées, nos engagements prennent un sens profond. Et lorsque le Moi sert le Soi, il cesse d’être une armure pour devenir un instrument, souple et fidèle, par lequel la lumière intérieure peut s’exprimer dans le monde.
« Deviens ce canal par lequel l’invisible prend corps, et le Soi et le Moi danseront ensemble à travers toi. »
PANDORE vient du grec ancien désignant la première femme dans la mythologie grecque.
Quelle est donc la légende de PANDORE ?
ZEUS, atteint dans ses prérogatives et par vengeance envers Prométhée, celui qui voulait être Dieu à la place de Dieu en dérobant la puissance du feu, celui-ci a créé PANDORE, une sorte de Golem créée par la terre, l’eau, le feu et la force de l’esprit du dieu des dieux.
Elle fut fabriquée dans l’argile par HEPHAISTOS et ATHENA lui donna la vie, puis l’habilla, lui apprit l’habileté manuelle et le tissage. APHRODITE lui offrit la beauté, APOLLON le talent musical et HERMES lui enseigna le mensonge ainsi que l’art de la persuasion. ARGOS enfin compléta son éducation par l’art oratoire des fourbes et des menteurs.
La boite de Pandore
PANDORE avait deux frères , EPIMETHEE celui qui pense après, dépourvu d’esprit d’initiative et PROMETHEE celui qui pense avant intelligent, rusé.
ZEUS confia à chacun une mission.
PROMETHEE la construction des vivants.
et à EPIMETHEE celle des animaux.
PANDORE épousa EPIMETHEE. Ce dernier promit à son frère de refuser tout cadeau de mariage venant de ZEUS. Celui-ci offrit une boite à PANDORE qui l’accepta avec l’interdiction de l’ouvrir PANDORE brava cette interdiction et ouvrit la boite
Cette boîte contenait tous les maux de l’humanité : la vieillesse, la maladie, la guerre, la famine, la misère, la folie, la mort, le vice, la tromperie, la passion, l’orgueil ainsi que l’espérance. Tous ces maux s’échappèrent et partirent sur la terre. Alors PANDORE referma la boîte mais il était trop tard, plus aucun mal ne s’y trouvait, sauf l’espérance qui était plus lente à réagir.
Hermès transportant Pandore depuis le mont Olympe, une médaille basée sur un dessin de John Flaxman.
Le comportement de PANDORE : une curiosité la pousse à ouvrir la boîte. La curiosité est une attitude complexe. Le LAROUSSE souligne la dualité de la curiosité qui peut être positive ou négative. Elle est décrite comme la qualité de quelqu’un qui a le désir de savoir ou comme un désir indiscret de savoir. La question est posée et très souvent on entend l’expression curieuse de tout mais aussi l’expression curiosité malsaine.
La deuxième considération qui vient au sujet du comportement de PANDORE est la transgression. ZEUS le dieu des dieux interdit l’ouverture de la boîte. Peine perdue on passe outre. Mais aussi EPIMETHEE avait fait la promesse de refuser tout cadeau de ZEUS. On peut supposer que PANDORE en bonne épouse se devait d’être solidaire de cet engagement. La transgression est l’action de ne pas respecter une loi, une obligation, un ordre. On pressent que la valeur de la transgression sera relative et inverse à la valeur qu’on reconnait à ce qui est transgressé. Ainsi on arrive aussi à la notion de transgression positive et la question est posée sur l’application de la transgression.
Pandore, par Jules Joseph Lefebvre, 1882, collection privée.
Poussée par la curiosité et suite à la transgression PANDORE est témoin du désastre. Est-elle animée de remords ? A-t –elle peur ? À la vue de l’espérance restée au fond de la boîte car plus lente à s’échapper. Une intuition salvatrice survient et le couvercle de la boîte est refermé. PANDORE crée le dérèglement de l’ordre des choses et craint le châtiment.
Les conséquences de ce comportement : si PANDORE n’avait pas refermé la boîte avec précipitation l’humanité était condamnée à subir les maux et les hommes n’auraient vécu que dans l’attente de leur mort avec l’abattement qui lui est lié. L’espérance pourrait donc être l’antidote du poison générateur du mal. Ainsi PANDORE est représentée comme un beau malheur.
Cette légende nous permet de mieux comprendre le sens de la curiosité et de la transgression. Dans la Bible, la première transgression est interprétée comme une désobéissance qui aboutit à une sanction : la sortie de l’Eden. Selon le texte dogmatique, la faute originelle commise par Adam a fait tomber la nature humaine, et c’est Jésus-Christ par son sacrifice sur la croix qui nous a rachetés du péché originel. L’état parfait du commencement est remis en cause par un accident, il justifie l’épreuve du Christ pour le rétablissement du paradis perdu. Le thème du péché originel établit une thèse selon laquelle la transgression établie et nécessaire n’est pas forcément péché, elle est une épreuve qualifiante. D’une part, nous n’avons pas commis une faute car le péché originel est l’état d’imperfection constitutionnelle dans laquelle naissent tous les hommes (péché étant traduit du latin peccatum signifiant « défaut »).
Au fil de l’histoire, s’est imposé un jugement néfaste de la femme : incompétence, malfaisante, Influençable.
Eva prima Pandora, Jean Cousin l’Ancien, entre 1549 et 1560, Musée du Louvre.
Mais aujourd’hui la femme n’est plus sur le banc des accusés. Au cours des siècles elle a gagné son émancipation au point qu’on peut étendre cette légende à l’être humain en général. Si bien que l’expression « ouvrir la boîte de PANDORE » signifie déclencher une série d’évènements successifs désastreux. Mais bien que générant de nombreux maux à l’encontre de nos semblables ces derniers ne doivent jamais perdre espoir. Nous devons nous obliger à prendre conscience que la vie ne sera pas parfaite. Il reste à chacun de travailler à l’améliorer et avant tout à s’améliorer soi-même soyons curieux, réfléchi, critique, actif, ne restons pas sous le joug des dieux et construisons notre destin.
Pour cela la Franc Maçonnerie nous offre une voie, un chemin long et tortueux persuadés que nous n’arriverons pas au bout mais heureux de l’avoir emprunté. Long travail contre la tentation, la facilité. Une intuition nous guide l’homme est perfectible. Dans le rituel d’initiation le fil conducteur de la démarche est vite découvert FUIR LE VICE ET PRATIQUER LA VERTU.
Nous reconnaissons l’existence du vice et la tentation de le posséder. Pratiquer la vertu veut dire que tout n’est pas perdu. La vertu est en nous et nous devons la faire vivre .Notre espérance est là. Ce cheminement » vers toujours plus de vertu est un travail de longue haleine. Il faut de la persévérance pour lutter contre son égo : « VIGILANCE ET PERSEVERANCE » dès le cabinet de réflexion. Les résultats de toujours plus de lutte plus de travail se concrétisent par plus de confiance en l’avenir. L’espoir est là.
SOCRATE disait pour la vertu :
« la vertu demande une participation active de l’être, de faire un effort constant sur son égo pour réaliser cet idéal de perfection que représente le bien. »
Nous devons refermer le couvercle de cette boîte de PANDORE enfouie dans notre personnalité. La maxime de notre rite écossais ancien et accepté nous y engage : ORDO AB CHAOS, l’ordre après le désordre, le dérèglement des comportements de l’être humain.
En conclusion l’homme est–il d’ores et déjà condamné à souffrir ? L’espoir existe–t-il ?
A-t-il une raison d’être ?
Allégorie de la Vanité (Pandore), Nicolas Régnier, 1620, Staatsgalerie Stuttgart.
Certain assimilent ce mythe à une bonification de l’homme. C’est face à l’adversité qu’il démontrerait ses qualités. A l’heure des suicides, des dépressions existeraient t-il deux sortes d’hommes ? Ceux pour qui l’espoir serait resté dans la boîte, soumis à l’adversité et qui verraient la vie avec pessimisme ? Ou bien ceux pour qui la crainte serait restée dans la boîte et qui chercheraient à vaincre l’adversité afin de vivre avec optimisme. Pour vaincre il faut lutter, agir sans oublier que l’oisiveté est la mère de tous les vices.
Il n’est pas question de se hasarder dans les interprétations du mythe elles sont multiples. La femme est souvent la victime expiatoire de l’orgueil de l’homme. L’envie, la curiosité, l’âpreté au gain, sont souvent la perte de l’homme et de l’harmonie du monde.
Les malheurs arrivent par l’ignorance, le manque de modestie et d’humilité, ce sont souvent les hommes qui sont en cause. Ne pas obéir à un ordre, une loi, ne pas respecter un dogme, franchir, dépasser les bornes, aller au-delà : Transgresser.
C’est de ma libre volonté, que je demande l’entrée du temple, de ce temple intérieur rempli de mystères. Je veux connaître ce qui est caché, derrière le voile, c’est ma démarche vers la liberté. Je ne suis pas venu ici en simple curieux.
L’initiation maçonnique cette maïeutique est consubstantielle à la transgression, elle met en scène grâce à ses rituels la volonté de transgresser de l’adepte, de ce celui qui veut se connaître, s’affranchir de ses limites visibles, de sa carapace, celui qui veut concilier humanité et spiritualité. Les rituels initiatiques permettent de mettre de l’ordre dans ce chaos apparent, mais nécessaire au rétablissement de l’ordre intérieur. La lumière ne jaillit que des ténèbres, l’expérience de la transgression destruction, est le passage pour la reconstruction.
Transgresser les valeurs illusoires de la matérialité, pour retrouver son unité. L’homme est comprimé, enfermé dans l’avoir, par la dictature de son ego, mais aussi animé du désir d’être, de sa volonté d’être, de maîtriser sa vie, de lui donner du sens. Si par son travail sur lui-même, par sa volonté, il maîtrise sa transgression, cela dépasse alors son simple désir, sa curiosité.
Aristote dans son Éthique à Nicomaque le traduit ainsi : « L’homme intempérant agit par désir, mais non par choix, tandis que l’homme maître de lui, à l’inverse, agit par choix et non par désir. » Mais peut-il y avoir volonté sans désir ? D’où la nécessaire aide de l’autre : « Seul je ne puis rien. » C’est la grandeur de la fraternité qui aide à la réalisation de cette transgression, sans cette main tendue, ce rituel ouvert, comment sortir des ténèbres de l’erreur, de ce labyrinthe obscur.
Transgresser c’est donc s’initier, se connaître, connaître le noir et le blanc du pavé mosaïque, l’impur et le pur, le profane et le sacré. Transgresser c’est se transformer, se purifier, pour aller jusqu’à l’orée de la spiritualité, jusqu’au point du jour où va apparaître la grande Lumière.
Alors quand la boîte de Pandore est ouverte plus personne n’est capable d’arrêter les malheurs qui s’abattent sur tous, il reste la foi et l’espérance.
« le monde des microbes : à l’ère de l’anthropocène, l’homme victime de lui-même »
Tous les mois, la Grande Loge de France organise un petit-déjeuner d’échanges, ouvert au public, maçons ou non, avec une personnalité du monde culturel ou spirituel. En 2025, ce fil directeur est “l’humain, le vivant, la planète“.
Après avoir reçu en janvier et février le paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin puis le philosophe Josef Schovanec et en mars Marine Calmet, ce sera au tour du Professeur Philippe Sansonetti d’être accueilli par Dominique Losay, 1er Grand Maître Adjoint, également en charge de la vie culturelle.
Philippe Sansonetti est chercheur à l’Institut Pasteur et professeur au Collège de France.
Il est notamment l’auteur d’un remarquable ouvrage, “microbes sans frontières” (Odile Jacob 2024) qui sera disponible sur place à la vente par la librairie “au bonheur des livres“
Le Pr Sansonetti fera part de son expérience et de ses travaux sur les épidémies et pandémies :
“le monde des microbes : à l’ère de l’anthropocène, l’homme victime de lui-même”.
Nous sommes certains de l’intérêt que vous porterez à cette approche.
Initier, comme vous le savez, veut dire « mettre sur le chemin… ». En traitant ce sujet, je souhaiterais évoquer la question de l’influence de la Franc-maçonnerie dans l’évolution de notre société dans les années qui viennent. Car pour autant que nous soyons des hommes qui faisons de la Tradition, notre socle, nous ne pouvons oublier que ce mot a aussi pour origine la transmission. D’année en année, de maçon à maçon, de degré en degré, le temps nous façonne. En quoi façonnons-nous notre environnement, notre vie, bref notre avenir à partir de ce que nous sommes et devenons, nous maçons ? Il s’agit uniquement ici de proposer des axes de réflexion, et ce à partir d’une base, le R.E.A.A et notre vécu de chacun dans nos ateliers.
Etant « une alliance universelle d’hommes éclairés, groupés pour travailler en commun au perfectionnement intellectuel et moral de l’humanité » ainsi que le précise le mémento de l’Apprenti, il est clair que nous avons, directement ou indirectement une influence sur ce que notre monde devient. Car ce que nous sommes dit aussi ce que nous faisons. Dès lors, on peut raisonnablement penser que le Chemin initiatique n’aura pas de fin, puisque ceux qui le suivent ne cessent de se succéder en construisant autour d’eux. Ne sommes-nous pas nous-mêmes le passé et déjà la tradition de ce futur qui arrive ?
– I Les Fondations d’un autre Ordre : Ordo ab chao
C’est avec les matériaux du passé que nous construisons l’avenir. Car si des hommes, au XVIIIème siècle – mais même avant, car ce XVIIIème ne fut pas une génération spontanée – ont ressenti la nécessité de se réunir régulièrement, de travailler ensemble et de défendre des valeurs nouvelles, puis de forger une pensée à partir d’une symbolique c’était évidemment soit pour proposer un autre sens au vécu, dû-t-il être limité au temps partagé en tenue, soit pour permettre à certains d’entre eux de jeter les bases d’une autre vie profane reposant notamment sur un autre vision de la vie, de l’homme et de la société. Les textes des Anciens Devoirs jusqu’au Discours de Ramsay, puis du Convent de Lausanne en 1861 en témoignent. Les maçons ont contribué au façonnement du monde d’hier et d’aujourd’hui. Souvenons-nous par exemple de l’influence des maçons dans la naissance des Etats-Unis d’Amérique, l’influence des maçons dans l’abolition de l’esclavage, pendant les guerres mondiales et jusqu’à aujourd’hui dans l’installation du droit à l’interruption volontaire de grossesse.
La diversité des obédiences maçonniques, la diversité des rites pratiqués témoignent d’ailleurs de chemins initiatiques frères concourant au même but : participer de la construction d’un avenir à partir de visions éparses.
Les Obédiences maçonniques ne sont pas les seuls axes de réflexions de nos sociétés. Les Eglises, les partis politiques, les divers mouvements connus ou inconnus ont leur credo, leur méthode et leurs espérances. Nous maçons participons souvent également à ces autres sérails.
Nos ateliers sont avant toute chose des laboratoires, ou des enclumes sur lesquels nous forgeons nos consciences, et par-là sans-doute aussi les contours de nos sociétés à venir.
Si nous n’avons pas collectivement de credo, de certitudes, mais une méthode initiatique, un chemin, le REAA nous participons, tenue après tenue à la naissance d’un autre homme à partir du profane: l’initié. Puis d’initié en initié nous travaillons à la naissance d’un frère. Cet initié, ce frère n’est qu’un homme voué à une sorte de pèlerinage perpétuel au fond de lui-même, vers une cité nouvelle dont il sera à la fois le concepteur, le bâtisseur et l’habitant.
Chez nous, l’avenir se choisit et par-là aussi s’auto-détermine et se détermine collectivement. En effet chacun se détermine librement en choisissant un jour de frapper à la porte du temple et de demander la Lumière. Nous accueillons chaque profane dans une réception également libre. Contrairement à ce que beaucoup pensent, notre idéal n’est pas d’exclusion ou d’élitisme, mais de participation, de lente métamorphose, de conservation, puis de construction. Disons que de nos broussailles nous aimons faire des jardins: ordo ab chao. Nous accompagnons le temps, véritable athanor alchimique. Ainsi faisons-nous du passé en puisant nos racines dans notre tradition, du présent en enrichissant nos tenues régulières de nos travaux, et de l’avenir dans l’accueil régulier de nouveaux frères pour l’accomplissement d’hommes nouveaux dans leur idéal. En effet quelque chose ne vaut, dans la durée du temps, que s’il y a transformation et seulement s’il porte témoignage sous de nouvelles figures, ou de nouveaux langages, comme un vin nouveau que l’on met dans de nouvelles outres.
– II Chez nous, d’une certaine manière, le Verbe se fait chair :
Nous sommes redevenus des hommes libres, c’est à dire « des hommes morts aux préjugés du vulgaire et nouveaux nés à une vie nouvelle que nous a conféré l’initiation ». Est-ce une simple formule ou une réalité ? C’est en fait à chacun de nous d’en décider et c’est ce qui détermine profondément chacun de nous, individuellement puis collectivement jusque dans la vie profane. Les neuro- physiciens comprennent aujourd’hui combien les intentions et les attentes jouent un rôle fondamental pour façonner et diriger notre expérience consciente.
Si nous sommes des hommes « nouveaux » notre regard et notre vision changent aussi. Nous avons en effet reçu la Lumière. Et c’est sous le faisceau de cette Lumière que nous agirons peu à peu différemment. Dans les Anciens Devoirs on peut trouver par exemple la recommandation suivante: « vous vous montrerez aimants et loyaux l’un envers l’autre ». L’impact d’une telle attitude, si elle était généralisée par un groupe, pourrait avoir un impact non négligeable à tous les niveaux d’une société. Les textes fondateurs de la franc-maçonnerie, en mettant de côté les influences religieuses de l’époque, établissent clairement une vision plus juste des rapports entre tous. Dans le manuscrit Dumfries (1710), il est écrit : « Ce sont là des devoirs généraux auxquels tout maçon doit se tenir… Il est fortement souhaitable que ceux-ci les conservent soigneusement dans leur cœur, leur désir, et leurs inclinations. En faisant ainsi il se rendront eux-mêmes réputés aux yeux des générations futures ». Sans dire, pour l’heure que nous préfigurons tel type de société plutôt qu’un autre, nous pouvons cependant reconnaître dans nos structures, notre organisation globale, les sujets sur lesquels nous travaillons, que nous participons d’une certaine vision de la vie. Nous y reconnaissons nos choix. L’esprit du Convent de Lausanne témoigne en soi du rejet de tout dogmatisme, d’un esprit qui respecte le libre arbitre de chacun et l’acceptation d’un seul axiome : l’existence d’un Principe Créateur. En cela Lumière, Esprit et Liberté constituent les fondements de notre Rite. Il est difficile d’admettre que des hommes baignant par choix dans l’eau de ce genre d’idées de cherchent pas à en teindre leurs actes quotidiens.
Pour nous le Chemin initiatique est non seulement une vision éclairée globale de la société qui nous laisse augurer petit à petit d’évolutions progressives dans le monde profane, mais c’est aussi une organisation de nos actions et un fonctionnement de notre communauté. En nous abritant ainsi sous la devise « ordo ab chao » nous acceptons le principe certes symbolique d’un ordre dans l’agencement phénoménologique du monde, qui témoigne en partie d’un fonctionnement et d’une organisation. L’ordonnancement de nos tenues, les prises de paroles, les responsabilités des officiers, la répartition de l’espace et du temps selon des colonnes, des points cardinaux, le rôle de la Lumière, nos travaux en eux-mêmes révèlent un parti pris dans la gestion de nos énergies intérieures et extérieures, et d’une volonté de la maîtrise de l’espace et du temps. Pour reprendre une formule de notre frère Yves Litzellmann dans un de ses articles : « la tradition, en soi, est chose vivante puisqu’elle s’élabore à même la vie, elle se transmet en formulations gestuelles ou orales, porteuses de vérité concrète et guides pour l’action ».
Enfin, comme il l’a été maintes fois souligné, je cite Hubert Greven: « Le REAA est le Rite d’un ordre initiatique dont l’unique objet est la transformation de l’homme… ». En effet chemin initiatique, par le truchement du Rite Ecossais Ancien et Accepté a le mérite de faire un autre homme. Cet homme n’est pas changé. Il se change d’année en année, de degré en degré. Qui est et qu’est-ce que cet autre?
A la manière de Gérald Edelmann qui écrit dans son livre « comment la matière devient conscience » qu’il faut reconnaître leur place aux valeurs dans un monde faits, nous disons notre frère est un homme qui a reçu la Lumière. Cela n’apprend rien en soit à celui qui ne le vit pas, mais cette Lumière est sensée éclairer chacun de nos actes, chacune de nos pensées et donc influence notre vie d’aujourd’hui et celle de l’avenir. L’initié peut ou non s’initier pour lui-même, mais une fois la tenue terminée il se retrouvera inévitablement dans le monde profane pour « achever à l’extérieur l’œuvre commencée dans le temple ». Un homme qui tente d’aller au-delà de ses préjugés ne réfléchit pas à l’avenir de la même manière que celui qui n’en a pas conscience.
Autre évidence : Un homme qui tente d’être équitable, franc, loyal, sincère ne prépare pas le même avenir que celui qui ne l’est pas.
“L’Homme et le Sacré”
Un homme, qui dans sa relation aux autres essaie de s’inspirer du sentiment d’équité, vise au nivellement des inégalités pour élever sans cesse l’état moral et matériel des individus et de la Société toute entière ne construit pas les mêmes fondations que celui qui négligent ces invitations. En ce sens le choix d’un Chemin initiatique et de sa mise en application dans le quotidien préfigure bien une espérance quant aux capacités positives des hommes à s’entendre, œuvrer en commun à un avenir commun à l’avènement duquel ils se dévouent. Dès lors si chemin initiatique il y a, il est en effet intérieur en chacun de nous, et ainsi il agit en nous dans notre calme intérieur retrouvé ou acquis, dans l’abandon provisoire ou prolongé de notre ego, dans le recul que nous prenons quant aux dimensions souvent médiocres de la vie profane. Par là nous nous redressons en nous pour mieux agir au dehors une fois chaque tenue close.
Il faut oser le dire et c’est tout à l’honneur de ceux qui nous ont précédés, ou de ceux qui sont aujourd’hui franc-maçons, que de travail invisible avons-nous tous fait dans un esprit de tolérance, de partage, de vision fraternelle, de connaissance symbolique ? Quels résultats innombrables et inconnus ont été acquis à ce jour grâce au respect et la mise en œuvre de notre rite. Combien d’entre nous, d’entre vous, sont devenus meilleurs, plus droits, plus fraternels depuis qu’ils sont devenus les ardents et dignes représentants du REAA. Enfin, d’avoir nombreux travaillé à renoncer au vice pour pratiquer la vertu n’a-t-il pas ici et là et au gré des années voire des siècles peu ou prou contribué à rendre nos sociétés difficiles ?
Ainsi que le souligne Patrick-André Chéné dans un N° d’Ordo ab Chao : « Tous ceux qui mettent tout leur cœur à vivre les principes du rite s’illuminent intérieurement et extérieurement par leur réalisation… car ce rite loin de nous contraindre nous fait exister; l’initié est un nouvel homme qui se réalise dans l’accomplissement de l’ouverture d’esprit que lui donne la pratique du rite» et c’est en ce sens que je fais mienne cette évocation: chez nous, d’une certaine manière, le Verbe se fait chair : en ce sens que nous nous efforçons de mettre en pratique par l’Art Royal, ce que nous évoquons dans notre Rite. Dès lors notre recherche de la Vérité ne peut laisser l’avenir indifférent.
Pour reciter Patrick-André Chéné : « la force de cette voie (la voix initiatique) est son caractère moderne, certes, adaptée à l’homme contemporain, mais ancrée dans ses racines dans nos traditions, notre histoire, c’est histoire de l’humanité gravée en nous, et ayant par ce fait force d’universalité. La conscience du franc-maçon animée d’une intention vraie, percevra ainsi la dimension des objets et des êtres dans leur présence au quotidien» car l’aptitude à l’objectivité extérieure se mesure à l’aptitude du dialogue interne » (Jung : l’Ame et le Soi)
III C’est dans le cœur de l’homme et nulle part ailleurs, que se décide son avenir.
La franc-maçonnerie, dans son Chemin initiatique invite l’homme à se réinventer en se forgeant un devenir. Et pourquoi un devenir ? Tout simplement parce que la Vie vit et parce que tout en nous du corps à l’esprit est évolution. Cette évolution vibre dans nos gènes. Dès lors, il vaut mieux pour nous en avoir la maîtrise. C’est précisément ce à quoi nous travaillons dans nos ateliers « par le perfectionnement graduel de nous-mêmes ». Je ne crois pas que nous répétions inlassablement et sans efficacité des gestes et des discours immuables. Même sans public le discours influe sur l’acteur qui ne joue que pour lui-même. C. G Jung écrit dans l’Ame et la vie : « L’être humain croit avec la grandeur de sa tâche… » et rajoute … pourvu qu’il s’en donne les moyens ». Notre frère Jean-Pierre Papon souligne : « le RÉAA en Occident, propose une approche de la connaissance de soi qui ne dépend pas d’une préalable adhésion à un système de croyance ou d’éthique, mais qui pourtant est susceptible de conférer un sens à l’univers et à notre vie. »
En travaillant sur nous, il s’agit bien d’œuvrer pour le monde. Mais ne nous y trompons pas, le Chemin initiatique n’est pas le but, il est la route vers… un autre monde, donc un autre nous-mêmes puisque nous en serons les acteurs, les figurants et les auteurs. Alors un sens. D’abord celui de l’Occident vers l’Orient, vers cette Lumière du prologue de l’Evangile de Jean, la lumière pour les hommes, pour qu’elle devienne justement sur le Chemin initiatique la lumière des hommes, pour les meilleurs d’entre nous. Par là nous allons vers le sens et nous devenons sens pour les autres en « élevant nos consciences et nos cœurs en fraternité ».
Eclairés nous devons aussi agir dehors selon ce que dis notre rituel de fermeture :
« Que la Lumière qui a éclairé nos travaux continue de briller en nous pour que nous achevions au dehors l’œuvre commencée dans ce Temple, mais qu’elle ne reste pas exposée aux profanes ».
En quoi ce que nous faisons dans nos ateliers est-il l’amorce d’une action dans le monde profane ? Pour bon nombre de profanes ce que nous faisons dans le temple ne les concerne pas. Nous, nous devons au contraire nous sentir tout à fait concernés par notre apport dans le monde profane : pour contribuer à ce que la Paix règne sur la terre, que l’Amour règne parmi les hommes, que la Joie soit dans les cœurs! Certains diront que c’est faire preuve de naïveté que de parler ainsi. J’y vois pour ma part tout le pari de la démarche initiatique du maçon. Si nous lisons ces lignes sur un plan seulement symbolique elles perdent leur substance. Car la Paix, et l’histoire du monde nous l’a assez montré, combien il est crucial pour chacun de nous d’en être d’ardents contributeurs, puis les acteurs quotidiens. Car l’amour, décliné sous toutes ses formes, que nous portons aux autres, quels qu’ils soient contribuent à les rendre meilleurs et installe les respects et la tolérance. En d’autres termes nous pouvons ainsi montrer une alternative à la haine qui est dévastatrice, séparatrice et venimeuse. Quant à la Joie dans les cœurs, un éclat de rire de n’importe quel enfant en ce monde témoigne de notre responsabilité à en créer le cadre salvateur.
Réussir ? Peut-être, espérer sûrement, comme l’aurait dit Guillaume d’Orange. Car on ne peut vibrer de Lumière comme nous le faisons sans partout et toujours propager son éclat dans tous les lieux sombres des hommes. Nous devons incarner l’espérance. Encore un mot dirait peut-être un profane. Et pourtant, c’est peut-être dans ce mot-là que réside toute la puissance de notre devoir de maçon, parce qu’il aide à ne jamais renoncer en disant: au bout du Chemin, au bout du chemin initiatique, il y a un possible auquel nous voulons chacun, à notre manière contribuer et travailler dans nos ateliers respectifs. Je ne vois pas d’autre état d’ouverture que l’espérance pour nous accompagner à chaque tenue, chaque année, en accueillant.
Conclusion :
Dans son Discours de 1737 Ramsay s’exprime ainsi !
«C’est pour faire revivre et répandre ces anciennes maximes prises dans la nature de l’homme, que notre société fut établie. Nous voulons réunir tous les hommes d’un esprit éclairé et d’une humeur agréable, non seulement par l’amour des beaux-arts, et encore plus par les grands principes de vertu, où l’intérêt de la confraternité devient celui du genre humain entier, où toutes les nations peuvent puiser des connaissances solides, et où tous les sujets les différents royaumes peuvent, vivre sans discorde …»
La Franc-maçonnerie fascine par son aura de mystère, ses rituels et son esprit de fraternité. Parfois, certains y voient une solution pour surmonter des difficultés personnelles ou trouver un équilibre émotionnel. Pourtant, malgré ses qualités, elle ne peut pas remplacer une thérapie. Voici pourquoi, en cinq points clairs et accessibles.
1. Une quête spirituelle, pas un soin médical
La Franc-maçonnerie est une organisation initiatique, pas un cabinet de consultation. Elle propose à ses membres de réfléchir à des grandes questions – Qui suis-je ? Comment m’améliorer ? – à travers des symboles comme la “pierre brute”, qui représente le travail sur soi. Mais cette démarche est philosophique, pas médicale. Elle ne s’appuie pas sur des techniques validées pour soigner des troubles comme l’anxiété ou la dépression. Un thérapeute, lui, utilise des méthodes précises, basées sur la science, pour aider ses patients à guérir. La Franc-maçonnerie, elle, cherche à éclairer l’esprit, pas à réparer une souffrance psychologique.
2. Pas de professionnels pour vous accompagner
Dans une loge maçonnique, vous ne trouverez ni psychologues ni psychiatres formés pour écouter vos problèmes personnels. Les membres, appelés “frères” ou “sœurs”, se réunissent pour partager des valeurs et des idées, pas pour analyser vos émotions ou vos traumatismes. Une thérapie, c’est un espace sécurisé où un expert vous guide avec neutralité et compétence. En Franc-maçonnerie, l’entraide existe, mais elle reste informelle et ne remplace pas un suivi professionnel. Si vous traversez une crise, la loge ne pourra pas vous offrir les outils nécessaires pour la surmonter.
3. Un cadre collectif, pas individuel
Plusieurs personnes les mains liées au centre d’une pièce
La Franc-maçonnerie fonctionne en groupe : les rituels et les discussions se vivent ensemble, dans un esprit de communauté. Une thérapie, au contraire, est une démarche personnelle, adaptée à vos besoins spécifiques. Par exemple, un thérapeute peut vous aider à comprendre pourquoi vous ressentez de la tristesse ou de la colère, et vous proposer des solutions sur mesure. En loge, les symboles et les enseignements sont les mêmes pour tous, sans distinction. Ils ne répondent pas à une souffrance unique, mais à une réflexion générale. C’est une différence essentielle.
4. Des limites face aux troubles graves
Certaines loges maçonniques refusent même d’accueillir des personnes souffrant de troubles mentaux sévères ou d’addictions non maîtrisées. Pourquoi ? Parce qu’elles savent que leurs activités demandent une stabilité émotionnelle pour être pleinement vécues. Cela prouve que la Franc-maçonnerie n’est pas équipée pour gérer des cas complexes. À l’inverse, un thérapeute est formé pour accompagner justement ces situations difficiles, avec patience et expertise. Chercher dans la Franc-maçonnerie une solution à un problème profond, c’est risquer de passer à côté d’une aide vraiment adaptée.
5. Un soutien fraternel, mais pas une guérison
Il est vrai que la Franc-maçonnerie crée des liens forts entre ses membres. Cette fraternité peut donner un sentiment d’appartenance et réduire la solitude. Mais ce soutien reste limité : il ne guérit pas une dépression, ne calme pas une crise d’angoisse, ne résout pas un traumatisme. Une thérapie, elle, va plus loin en identifiant les causes de votre mal-être et en vous aidant à les surmonter. La Franc-maçonnerie peut être un complément, un espace de sens ou de convivialité, mais elle ne remplace pas le travail profond d’un professionnel.
Deux chemins différents
La Franc-maçonnerie et la thérapie ne poursuivent pas les mêmes buts. L’une vous invite à explorer des idéaux et à grandir spirituellement dans une communauté. L’autre vous soigne, avec rigueur et précision, dans un cadre privé. Si elle peut inspirer ou réconforter, la Franc-maçonnerie n’a ni les moyens ni la vocation de remplacer une thérapie. Pour aller mieux, mieux vaut frapper à la porte d’un professionnel, tout en gardant, pourquoi pas, un pied dans la fraternité maçonnique si elle vous appelle.