Accueil Blog Page 9

Mysteria : « Je sais pourquoi vous détestez les Francs-maçons… »

De la Chaine du Youtubeur Mysteria

Pourquoi autant de gens croient que les francs-maçons vénèrent le diable ?

D’où viennent toutes ces accusations de rituels sataniques et de loges secrètes Lucifériennes ? Dans cette vidéo, on remonte à la fin du 19e siècle pour découvrir l’un des plus grands canulars de l’histoire moderne : l’affaire Léo Taxil. Converti au catholicisme après avoir été anticlérical, Taxil a inventé de toutes pièces une vaste conspiration maçonnique mêlant démons, messes noires et personnages fictifs comme Diana Vaughan. Le plus fou ?

Tout le monde l’a cru. Église, presse, fidèles… pendant plus de dix ans, ses mensonges ont nourri la peur et la haine de la franc-maçonnerie. Et aujourd’hui encore, ses récits continuent d’alimenter l’imaginaire conspirationniste.

La nécessité du sacrifice dans la conscience

Le sacrement qui naît en nous quand il est né

Le sacrement de la vie, la lumière des règles porteuses, nous le gardons au fond de nous. La lumière est une bougie dans l’endroit le plus sombre et le plus sombre, dans le chaos de nos peurs et de notre désespoir face à l’inconnu. Chacun de nous, à l’expiration de son expérience, reçoit le pouvoir de l’auto-amélioration. La sagesse infinie de votre chemin. Avec une certaine quantité de stress et le volume de la peur remplie — le chaos intérieur d’une personne, remplit l’âme d’un vide, c’est-à-dire une ombre éternelle, des ténèbres.

La lumière de notre sacrement, la bougie de l’âme s’allume et couve… Mais quand il atteint la finale, il y a un épuisement en chacun de nous, la lumière est absorbée par l’obscurité. Et le sacrement qui est en nous depuis la naissance crée de la particule de notre être une étincelle de vie. La bougie de notre esprit renaît comme un Phénix et forme un nouveau cycle de sagesse et d’expérience dans un moment d’obscurité totale. Les ténèbres sous le nom de Mort.

La mort est l’une des Catégories les plus fondamentales de l’existence humaine, qui a toujours été au centre de la Philosophie, de la religion et de la culture.  Historiquement, la mort a été perçue différemment selon les cultures et les époques. Par exemple, dans la Grèce antique, les philosophes ont cherché à comprendre la nature de la vie humaine à travers le prisme de l’immortalité de l’âme (Platon) ou à travers le concept de jouissance épicurienne du moment (Épicure). Dans la tradition chrétienne, la mort était considérée comme le passage de la vie terrestre à l’existence éternelle, ce qui a conduit à la formation de l’idée de la récompense après la mort pour les actes terrestres.

Albert Camus – Portrait de la collection de photographies du New York World-Telegram et du Sun, 1957

Jean-Paul Sartre et Albert Camus, considéraient la mort comme un aspect essentiel de l’être humain. Pour eux, la conscience du membre de leur propre existence est une source d’anxiété et de peur, mais elle Incite également à une vie plus consciente et plus responsable. Sartre a affirmé que « l’existence précède l’essence », c’est-à-dire que l’homme crée lui-même son essence par ses actions et ses choix.

De même, le candidat qui traverse le cabinet de réflexion fait mourir son passé pour ressusciter le nouveau moi.

Les rituels d’initiation ont une longue histoire, enracinée dans les civilisations anciennes. De nombreuses cultures ont utilisé de tels rites pour passer d’un statut social à un autre, par exemple, de l’enfance à l’âge adulte ou de la vie mondaine à la vie religieuse. Le rituel maçonnique d’initiation, malgré sa modernité, s’appuie également sur ces anciennes traditions.

Au siècle des Lumières, lorsque la Franc-maçonnerie moderne est née, l’idée de progrès et d’amélioration de la personnalité est devenue l’un des thèmes centraux des discussions philosophiques. Les loges maçonniques sont devenues un lieu où les gens pouvaient discuter des idées de liberté, d’égalité et de fraternité, ainsi que chercher à s’améliorer. L’initiation à la Franc-maçonnerie est devenue un moyen de démontrer la volonté de cette voie.

La perte de vision a un impact significatif sur l’état mental d’une personne. Beaucoup de gens éprouvent un sentiment de perte, de peur de l’avenir et d’incertitude quant à leurs capacités.

cabiner de réflexion
Composition illustration de Solange Sudarskis à partir de gravures de Pierre- Yves Trémois

Il est important de noter que l’adaptation à une vie sans vision est un processus complexe qui nécessite du temps et du soutien de la part de ceux qui l’entourent. Quelle que soit la fraternité contribue au développement ultérieur de l’être du candidat, à travers la naissance, la naissance et la vie.

La bougie écrite ci-dessus comme un symbole dans un contexte culturel symbolise la lumière de la connaissance, l’espoir et l’illumination spirituelle. Sa lumière douce et chaude est associée à la chaleur du foyer, au confort et à la sécurité. Dans le sens opposé, la bougie peut être un symbole de la fragilité et de la vulnérabilité de l’existence humaine, car elle s’éteint facilement sous l’influence de facteurs externes tels que le vent ou l’eau.

Chacun des symboles a toujours deux significations, pour l’équilibre. Le choix Éternel de la perception.

L’étincelle comme le début de la conscience

Porte du soleil

Une étincelle est le moment où quelque chose de nouveau apparaît à la lumière lors de l’interaction de deux surfaces, entraînant la libération d’énergie. Sur le plan métaphorique, l’étincelle symbolise l’illumination soudaine, l’Épiphanie, la découverte d’une nouvelle connaissance. C’est l’étincelle qui permet à une personne de faire le premier pas vers la connaissance de l’inconnu, de surmonter la peur de l’obscurité et de l’inconnu.

L’obscurité, au contraire, incarne tout ce qui nous est caché, ce qui reste inconnu et mystérieux. C’est un état de manque de lumière visible qui provoque un sentiment de peur et d’insécurité chez une personne. L’obscurité peut être physique (manque de soleil), métaphorique(inconnu, manque de connaissance) ou la fin de tout, la mort (vide Éternel, obscurité).

La bougie, l’obscurité et l’étincelle sont trois éléments interdépendants du processus de connaissance. La bougie illumine le chemin, nous donnant confiance et espoir, mais elle rappelle également notre vulnérabilité et nos capacités limitées. L’obscurité symbolise l’inconnu, qui effraie et attire à la fois. Enfin, l’étincelle est le début de la conscience, la première étape vers la connaissance de la vérité. Phoenix est un être intérieur.

Homme volant
Homme volant devant le soleil

La mort est la fin inévitable du cycle de vie de tout organisme vivant. Cependant, dans le contexte des interactions sociales et de l’évolution des espèces, la mort peut prendre une signification plus complexe liée à la notion de sacrifice.

Dans la nature, on peut souvent observer des exemples de comportements dans lesquels un individu est prêt à sacrifier sa vie pour préserver les autres membres de la communauté.

Ce phénomène est particulièrement évident chez certains insectes, comme les fourmis et les abeilles.

Organismes vivants dans lesquels la chaîne de parenté est séparée. Les travailleurs de ces communautés sont prêts à défendre leur colonie même au prix de leur propre vie. Par exemple, lorsqu’un prédateur est attaqué, les fourmis ouvrières peuvent l’entourer et l’attaquer, ce qui permet aux autres membres de la colonie d’échapper au danger. Un sacrifice au nom d’une cause commune. Certaines espèces d’oiseaux et de mammifères présentent des comportements visant à protéger leur progéniture des prédateurs. Les femelles de ces représentants d’oiseaux détournent l’attention du prédateur vers elles-mêmes, permettant aux poussins de se cacher. Un comportement similaire est observé chez de nombreuses espèces d’ongulés, où les individus adultes forment un cercle autour des petits, les protégeant des attaques.

Du point de vue de la Biologie évolutive, un tel comportement peut sembler paradoxal, car il va à l’encontre du principe de la sélection naturelle selon lequel les individus doivent s’efforcer de maximiser la reproduction et la conservation de leurs gènes. Cependant, il existe plusieurs explications pour lesquelles un comportement sacrificiel peut être bénéfique pour l’espèce dans son ensemble.

Premièrement, cela peut être dû à ce que l’on appelle la « sélection liée« . Selon cette théorie, les individus peuvent se sacrifier pour des parents proches parce qu’ils partagent des gènes communs. Ainsi, la préservation de la vie des parents favorise la propagation de gènes communs dans la population.

Deuxièmement, le comportement sacrificiel peut être le résultat d’une sélection de groupe. Dans ce cas, la survie du groupe dans son ensemble est plus importante que celle d’un individu. Les groupes où le comportement sacrificiel est présent peuvent avoir un avantage sur les groupes où il n’y a pas de tels comportements, grâce à une meilleure protection contre les menaces externes.

Être dans cette parenté de la chaîne, quelle que soit l’attitude de son frère, de son ami, de son voisin. Si nous les classons à nous-mêmes, alors nous nous tiendrons derrière «notre» montagne.

Le sacrifice comme une mort nécessaire pour soi et ses proches.

Ce qui pousse pousse sur cette voie du sacrifice de soi. Ce chemin se produit sous les impulsions des tourments intérieurs de notre être.

(EI) les impulsions Égoïstes représentent l’une des Catégories clés de la Psychologie et de la Philosophie liées au domaine de la motivation humaine.

Du danger des Diafoirus au pouvoir.

Les pulsions égoïstes sont des pulsions internes visant à satisfaire leurs propres besoins et intérêts sans tenir compte des intérêts des autres. Ces impulsions peuvent se manifester à la fois au niveau de la conscience (désirs conscients) et au niveau inconscient (instincts). Il est important de noter que toutes les actions visant à soi-même ne sont pas des manifestations d’égoïsme; la distinction entre prendre soin de soi en bonne santé et se concentrer trop sur ses propres intérêts est un aspect essentiel de l’analyse de ce phénomène.

Ils ont une base biologique enracinée dans les mécanismes évolutifs de survie. Au cours de millions d’années d’évolution, les organismes vivants ont été contraints de se préoccuper avant tout de leur propre survie et de leur reproduction, ce qui a contribué à ancrer ces instincts au niveau Génétique.

Du point de vue des Neurosciences, les impulsions égoïstes impliquent l’activation de certaines régions du cerveau, telles que le système limbique responsable des émotions et de la motivation.

La formation se produit sous l’influence de divers facteurs :

  • Facteur Génétique : certains gènes peuvent prédisposer à une manifestation plus prononcée de l’égoïsme;
  • Environnement social : l’éducation, les normes et les valeurs culturelles jouent un rôle important dans l’établissement d’une relation avec leurs propres intérêts par rapport aux intérêts des autres;
  • Traits de personnalité : des traits de personnalité tels que le narcissisme et le machiavélisme contribuent à renforcer les tendances égoïstes.

Les EI ont un impact significatif sur le comportement humain. Ils peuvent conduire à des conflits dans les relations interpersonnelles, car le désir de satisfaire leurs propres besoins est souvent en conflit avec les besoins des autres. Cependant, il est important de comprendre que les impulsions égoïstes ne conduisent pas toujours à des comportements négatifs; ils peuvent servir de source de motivation pour atteindre des objectifs personnels et réussir

On peut également remarquer une caractéristique intéressante dans l’évolution du terme dans le courant de la pensée patriotique, où l’égoïsme héroïque est un phénomène complexe et multiforme qui nécessite une analyse approfondie du point de vue de la Philosophie, de la Psychologie et de la sociologie à travers le prisme du sacrifice de soi pour le bien commun, ainsi que

La notion d’égoïsme héroïque

L’égoïsme héroïque peut être défini comme le comportement d’un individu dans lequel il prend délibérément des risques pour sa vie ou son bien-être pour atteindre des objectifs qui peuvent être perçus comme socialement importants. Cela peut inclure sauver d’autres personnes du danger, protéger les valeurs de la société ou se battre pour les idéaux de justice. Cependant, la principale caractéristique de l’égoïsme héroïque est que cet acte de sacrifice de soi n’est pas tant pour le bien des autres que pour la satisfaction intérieure du héros lui-même.

Aspects psychologiques de l’égoïsme héroïque

D’un point de vue psychologique, le comportement héroïque est souvent lié au besoin d’affirmation de soi et de reconnaissance d’une personne. Une personne qui commet des actes héroïques cherche à prouver à elle-même et aux autres sa signification, sa volonté et sa capacité à agir. Ce processus peut être considéré comme une forme de narcissisme, où une personne prend plaisir à ce que ses actions soient évaluées positivement par la société.

Cependant, il existe un autre côté de la médaille. Certains chercheurs soutiennent que le comportement héroïque peut être causé par la culpabilité ou le désir de racheter les erreurs du passé. Dans ce cas, le héros agit non seulement pour lui-même, mais aussi pour compenser ses fautes passées devant la société.

Aspects sociaux de l’égoïsme héroïque

Sur le plan social, l’égoïsme héroïque joue un rôle important dans le maintien de l’ordre public et des normes morales. Les héros deviennent un modèle à suivre, leurs exploits inspirent les autres à faire de bonnes actions. En outre, les héros agissent souvent comme des défenseurs de l’intérêt public, protégeant les faibles et les opprimés.

Cependant, les attentes sociales peuvent exercer une pression sur les héros, les obligeant à commettre des actes qu’ils pourraient eux-mêmes considérer comme inutiles, voire dangereux. Dans certains cas, cela conduit au fait que les héros commencent à agir non pas comme ils le souhaitent, mais parce que c’est « censé » le faire.

Réflexions philosophiques sur l’égoïsme héroïque

La Philosophie propose différentes approches pour comprendre l’égoïsme héroïque. D’une part, on peut le considérer comme une manifestation d’altruisme – une volonté de sacrifier ses intérêts pour le bien des autres. D’autre part, certains philosophes y voient une manifestation d’individualisme, car le héros agit avant tout pour sa propre satisfaction.

Un aspect intéressant est la question de savoir dans quelle mesure l’égoïsme héroïque est vraiment un acte de sacrifice de soi. Après tout, si le héros reçoit la satisfaction de ses actions, peut-on parler d’un véritable sacrifice de soi? Peut-être que le véritable sacrifice de soi serait une action faite sans aucune attente de récompense ou de reconnaissance.

Dans l’aspect du passage des lumières – la mort ne symbolise pas la fin physique de la vie, mais la transformation spirituelle de la personnalité. L’initiation consiste à abandonner les anciennes croyances et habitudes pour commencer une nouvelle vie à partir de zéro. Ce processus peut être comparé au processus de métamorphose d’une chenille en papillon – l’ancien mode de vie doit mourir pour donner lieu à un nouvel état plus parfait.

Le sacrifice en tant que base de la croissance spirituelle est considéré comme un acte de rejet volontaire des intérêts égoïstes pour le bien commun. Cela peut être dû à l’idée de servir les autres, à la recherche de l’amélioration de soi et à la réalisation d’idéaux supérieurs. Ainsi, le sacrifice devient la base de la croissance spirituelle et du développement personnel.

La mort est donc un élément symbolique important associé à la transformation spirituelle et au sacrifice. Ce rituel aide le candidat à prendre conscience de la nécessité d’abandonner ses anciennes croyances et habitudes pour commencer une nouvelle vie remplie de sens et de but. Grâce à ce processus, une personne acquiert la possibilité de devenir meilleure, plus forte et plus sage, atteignant le plus haut niveau de conscience et de compréhension du monde qui l’entoure. Le sacrifice de son âme, pour la résurrection de la vérité dans une nouvelle incarnation de l’être de la conscience.

Masonica n°56 : Voyage initiatique au cœur de l’Art Royal

Masonica n°56, par sa centaine de pages denses et harmonieusement tissées, se présente comme un jardin initiatique aux trois allées, chacune ouvrant sur un horizon différent mais relié par la même lumière. L’« Approche historique » y scrute les archives, exhume les strates enfouies de l’Art royal, éclaire les épisodes oubliés ou travestis. L’« Approche transversale » y déploie des lectures qui vont du mythe arthurien à l’analyse lexicale du mot « adelphité ».

MASONICA - GRA, juin 2025
MASONICA – GRA, juin 2025

L’« Approche littéraire » enfin, comme une loggia ouverte sur les vents du monde, accueille les textes qui interrogent l’ésotérisme, l’histoire religieuse et la poésie des rites. Chaque contribution est une pierre polie qui, par sa forme propre, s’intègre dans un édifice commun : celui de la connaissance maçonnique et de sa transmission.

Dominique-Alain-FREYMOND
Dominique-Alain-FREYMOND

L’éditorial, signé collectivement par Dominique Alain Freymond, rédacteur en chef, Hervé Hoffmann, rédacteur adjoint, et Isabelle Egger, rédactrice adjointe, agit comme une clé ouvrant toutes les portes du numéro. Il évoque la profondeur des recherches, la richesse des sources, mais aussi l’exigence fraternelle qui guide l’entreprise : ne pas seulement documenter, mais offrir à la lecture un acte vivant, un morceau de tradition reçu des mains de nos aînés et transmis, enrichi, à ceux qui viendront après nous.

Dans cette lumière, le premier grand axe de ce numéro est l’étude de Dominique Alain Freymond sur « L’antimaçonnisme en Suisse ». Il ne s’agit pas d’un relevé pétrifié d’hostilités passées, mais d’une fresque en mouvement, où s’enchaînent les interdictions cantonales du XVIIIe siècle, les campagnes de dénigrement du XIXe, les projets de proscription du XXe, et les résurgences récentes portées par des forces populistes ou extrémistes.

« Quand le peuple suisse défend sa liberté d’expression - L’initiative Fonjallaz et la votation du 28 novembre 1937 »
« Quand le peuple suisse défend sa liberté d’expression – L’initiative Fonjallaz et la votation du 28 novembre 1937 »

Chaque attaque est replacée dans un cycle plus vaste, comme si le même affrontement symbolique rejouait sa scène à travers les siècles : d’un côté la volonté d’élever un Temple universel, de l’autre le désir de le cloisonner ou de le renverser. Les tentatives législatives, les motions parlementaires, les discours électoraux deviennent, à la lumière de ce travail, des outils d’une dramaturgie ancienne où la Franc-Maçonnerie helvétique, éprouvée mais debout, transforme l’adversité en pierre d’angle. Ainsi se dessine une leçon initiatique… Le chantier ne cesse pas lorsque souffle la tempête, il s’enracine davantage dans le sol de la liberté et de la fraternité.

Vient ensuite un second axe, qui plonge au cœur même de notre pratique rituelle. L’étude de Christian Mermet sur le renouvellement de la connaissance du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) à travers trois manuscrits majeurs, « Quesada », « Smith-Lesouëf » et « Courtin ». Cette recherche, issue d’une conférence donnée au GRA le 28 septembre 2024, est plus qu’un travail érudit. C’est une descente dans la crypte des origines rituelles, là où le silence conserve les voix anciennes, et où les mots, ciselés par le temps, deviennent des pierres porteuses.

Le manuscrit « Quesada » révèle l’art de conjuguer la rigueur du tracé et la respiration vivante de la tradition. Les lignes y sont comme les arêtes d’un bloc encore brut, prêtes à recevoir la main du tailleur. Le « Smith-Lesouëf » nous transporte dans l’espace atlantique, là où les influences se croisent comme les compas au-dessus d’une même planche à tracer, prouvant que le rite, loin d’être figé, a toujours accueilli les vents porteurs de l’échange et du voyage. Quant au manuscrit « Courtin », il apparaît comme la pierre de clef d’une voûte : il ne change pas la structure, mais il en ajuste les proportions, pour que l’édifice conserve sa stabilité dans le temps.

FONDATION-LATOMIA
Fondation Latomia

Christian Mermet ne se contente pas d’en dresser l’inventaire. Il en lit les silences, les hésitations, les choix de vocabulaire, et montre que chaque variante est comme un coup de ciseau dans le marbre du rituel. L’étude de ces manuscrits devient un véritable travail de loge : on y mesure, on y pèse, on y ajuste, jusqu’à ce que la forme rejoigne l’idée. En filigrane, c’est toute la philosophie du REAA qui se dessine, faite de fidélité aux landmarks et d’attention à l’évolution des formes, afin que la transmission reste à la fois exacte et vivante.

Les deux volets de ce numéro – défense de l’Ordre face à l’hostilité et approfondissement du sens rituel – dialoguent subtilement. L’un garde l’entrée du Temple, l’autre façonne l’intérieur. Ils disent tous deux la même vérité : la Franc-Maçonnerie ne se maintient pas seulement par la fidélité à ses valeurs, mais par l’examen patient de ses fondements, qu’ils soient juridiques ou rituels.

John Belton
John Belton

C’est dans ce tissage que prennent place les hommages fraternels. Le souvenir de Thomas Müller, initié en 2003 à la loge Beauplan n°65, membre actif du GRA, rédacteur en chef de la revue Alpina, élu vice-président en 2023, rejoint l’Orient Éternel le 7 mai 2025. Sa présence dynamique, son ouverture d’esprit et son sourire constant étaient autant de pierres posées dans l’édifice commun. De même, John Belton, passé à l’Orient Éternel le 14 avril 2025, historien et conférencier passionné, porteur de liens précieux avec le Quatuor Coronati, laisse derrière lui un sillage de rigueur et de curiosité fraternelle. Ces figures rappellent que l’histoire et le rituel ne vivent pas sans ceux qui les portent, et que l’Orient Éternel est aussi un chantier invisible où se poursuivent nos travaux.

logo-GRA-Alpina
logo-GRA-Alpina

Ce numéro s’achève sur l’annonce des prochaines rencontres : le 27 septembre 2025, au Musée maçonnique suisse, la conférence de Joël Gregogna sur la symbolique maçonnique dans la bande dessinée, et, le 20 septembre, pour le 40e anniversaire du Groupe de Recherche Alpina à Lausanne, l’intervention de Yonnel Ghernaouti sur la presse et la Franc-Maçonnerie, dans la dynamique exigeante d’un dialogue parfois conflictuel.

Refermer Masonica n°56, c’est mesurer combien la Franc-Maçonnerie, en Suisse comme ailleurs, se nourrit à la fois de la vigilance face aux menaces, de la recherche minutieuse de ses racines rituelles, et du souvenir vivant de ceux qui ont œuvré à son rayonnement. C’est comprendre que l’histoire et le rituel, le combat et la contemplation, le visible et l’invisible, forment un seul et même travail, qui nous engage à poursuivre l’édification du Temple intérieur et universel.

Masonica GRA
Masonica GRA

MASONICA

Revue du Groupe de Recherche Alpina

GRA N°56, juin 2025, 100 pages, 45 € abonnement 2 numéros/an (domiciliation à l’étranger : entrée gratuite aux conférences GRA et mailings (Suisse : 59 CHF)

NB – Rendez-vous en écho à ce numéro de Masonica :

  • Samedi 20 septembre 2025 (Lausanne, Loges maçonniques de Pt-Beaulieu) : Jubilé des 40 ans du Groupe de Recherche Alpina (GRA). Journée triptyque : rétrospective de quatre décennies de travaux, panorama des publications européennes, puis conférence-événement de Yonnel Ghernaouti sur « La presse et la Franc-Maçonnerie : un dialogue conflictuel ». De l’antimaçonnisme médiatique du XVIIIe siècle aux fake news contemporaines, cette réflexion rappellera combien l’Ordre et la presse entretiennent une relation aussi fertile que tumultueuse. Un moment de mémoire et de fraternité, mais aussi d’ouverture et de débat.
  • Samedi 27 septembre 2025 (Musée maçonnique suisse, Berne) : Conférence de Joël Gregogna, écrivain franc-maçon, autour de « La symbolique maçonnique dans les bandes dessinées d’Hugo Pratt à Didier Convard ». Une exploration des clefs symboliques dans l’univers graphique, suivie d’une visite commentée, d’une séance de dédicaces et d’un apéro fraternel.
  • Samedi 21 mars 2026 (Musée maçonnique suisse, Berne) : Conférence de Manuel Matthys, collectionneur de BD maçonniques, sur « La Franc-Maçonnerie dans les BD anglo-saxonnes ». De l’œuvre d’Alan Moore (From Hell, The League of Extraordinary Gentlemen) aux figures maçonniques américaines en passant par comics, biographies et super-héros, un parcours inédit dans l’imaginaire graphique maçonnique, suivi d’une visite et d’un apéritif.

Ces trois événements – jubilé, conférence symbolique et exploration transatlantique – prolongent la dynamique de Masonica n°56 : vigilance face aux menaces, attention aux racines rituelles, mais aussi ouverture aux langages de l’art et de la culture populaire. Autant de pierres vivantes qui participent à l’édification du Temple de la recherche maçonnique.

Prométhée : du mythe grec au symbolisme maçonnique

Le mythe de Prométhée, l’une des figures les plus emblématiques de la mythologie grecque, incarne un récit universel de rébellion, de sacrifice et d’émancipation. Ce titan, connu pour avoir dérobé le feu sacré de l’Olympe pour l’offrir à l’humanité, est à la fois un symbole de défi face à l’autorité divine et un porteur de lumière, au sens propre comme figuré. Dans le contexte de la franc-maçonnerie, particulièrement dans ses courants symbolistes, le mythe de Prométhée résonne profondément, offrant une métaphore puissante pour le travail initiatique, la quête de connaissance et l’engagement humaniste.

Analysons d’abord le mythe de Prométhée dans ses origines et ses significations, avant d’étudier son influence sur la franc-maçonnerie symboliste, en mettant en lumière les parallèles entre le sacrifice prométhéen et les valeurs maçonniques.

I. Le mythe de Prométhée : une figure de rébellion et de sacrifice

Origines et récits fondateurs

Prométhée, dont le nom signifie en grec « celui qui pense avant » ou « prévoyant », est un titan, fils de Japet et de Thémis (ou Clymène selon les versions). Il apparaît dans plusieurs sources antiques, notamment la Théogonie d’Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.), les tragédies d’Eschyle (Prométhée enchaîné) et les récits plus tardifs comme ceux d’Apollodore. Dans la mythologie grecque, Prométhée est une figure complexe, à la croisée de la ruse, de la bienveillance et de la révolte.

Selon Hésiode, Prométhée est d’abord un bienfaiteur de l’humanité. Lors de la création des hommes, il les modèle à partir d’argile, leur insufflant vie et dignité. Cependant, c’est son acte de défi contre Zeus qui le rend célèbre : constatant que les humains, privés de ressources, vivent dans la misère, Prométhée vole le feu sacré de l’Olympe – symbole de connaissance, de technologie et de pouvoir – pour le leur offrir. Ce don transforme l’humanité, lui permettant de développer l’artisanat, l’agriculture et les sciences.

Furieux de cette transgression, Zeus punit Prométhée avec une cruauté exemplaire. Il le fait enchaîner à un rocher sur le mont Caucase, où un aigle dévore son foie chaque jour, organe qui se régénère chaque nuit, infligeant au titan une souffrance éternelle. Dans certaines versions, Prométhée est finalement libéré par le héros Héraclès, qui tue l’aigle et brise ses chaînes, symbolisant une forme de rédemption.

Significations du mythe

Le mythe de Prométhée porte plusieurs significations universelles :

  1. La quête de connaissance : Le feu, au-delà de son aspect pratique, symbolise la lumière de la raison, la créativité et le progrès. Prométhée incarne le désir humain de transcender ses limites par la connaissance.
  2. Le sacrifice pour l’humanité : En défiant Zeus, Prométhée accepte un châtiment terrible pour le bien des hommes, devenant une figure christique avant l’heure.
  3. La rébellion contre l’autorité : Prométhée s’oppose à l’ordre divin, questionnant la légitimité d’un pouvoir oppressif.
  4. La dualité progrès/souffrance : Le don du feu apporte des avancées, mais aussi des responsabilités et des dangers, reflétant l’ambivalence du progrès humain.

Ce mythe, riche en symbolisme, a traversé les siècles, influençant la philosophie, la littérature (notamment chez Goethe, Shelley ou Camus) et les traditions ésotériques, dont la franc-maçonnerie.

II. Prométhée et la franc-maçonnerie symboliste : une résonance profonde

La franc-maçonnerie, en particulier dans ses courants symbolistes s’appuie sur un riche corpus de symboles et de mythes pour structurer son travail initiatique. Le mythe de Prométhée, bien que non explicitement intégré dans les rituels maçonniques, exerce une influence significative en raison de ses parallèles avec les idéaux maçonniques : la recherche de la lumière, le travail sur soi, l’humanisme et la quête de progrès.

1. Prométhée, porteur de lumière

Dans la franc-maçonnerie, la « lumière » est une métaphore centrale, symbolisant la connaissance, la vérité et l’élévation spirituelle. Les initiés passent des « ténèbres » à la « lumière » lors de leur initiation, un processus qui évoque le don prométhéen du feu. Comme Prométhée, le franc-maçon symboliste cherche à éclairer son esprit et celui de ses frères, en repoussant l’ignorance et les préjugés. Le feu prométhéen peut être vu comme une allégorie de la « lumière maçonnique », qui guide l’initié dans son cheminement intérieur.Dans les loges symbolistes, où l’accent est mis sur l’interprétation des symboles et des mythes, Prométhée incarne l’idée que la connaissance est un bien universel, à partager pour élever l’humanité.

2. Le sacrifice et l’engagement maçonnique

Le sacrifice de Prométhée, qui accepte la souffrance pour le bien commun, trouve un écho dans le travail maçonnique, où l’initié s’engage à œuvrer pour le bien-être de ses frères et de la société. Le maçon symboliste, par son travail en loge, cherche à « tailler sa pierre brute », c’est-à-dire à se perfectionner moralement et intellectuellement, souvent au prix d’efforts et de remises en question. Ce processus introspectif peut être comparé à la souffrance de Prométhée, qui endure un châtiment pour avoir offert un don inestimable.

3. La rébellion et l’esprit critique

Le défi de Prométhée contre Zeus incarne un esprit de révolte contre l’autorité arbitraire, une valeur partagée par la franc-maçonnerie, qui prône la liberté de conscience et l’indépendance intellectuelle. Dans les loges symbolistes, où les débats philosophiques et éthiques occupent une place centrale, les maçons sont encouragés à questionner les dogmes et à cultiver un esprit critique. Prométhée, en défiant l’ordre divin, devient un modèle de résistance face à l’oppression et à l’obscurantisme, des thèmes chers à la franc-maçonnerie des Lumières.

4. Prométhée et le symbolisme du feu

Acrylique sur lin – F12 – 50×61 – janvier 2024

Le feu, élément central du mythe, est également un symbole maçonnique récurrent. Dans certaines loges, le feu est associé à la purification, à la transformation et à la régénération, des concepts proches du travail initiatique. Le châtiment de Prométhée, où son foie se régénère chaque nuit, peut être interprété comme une métaphore de la résilience et du renouvellement constant, des qualités valorisées dans le parcours maçonnique. Le maçon, comme Prométhée, est appelé à se régénérer spirituellement à travers l’introspection et le travail collectif.

5. Prométhée dans les rituels et la pensée maçonnique

Bien que Prométhée ne figure pas explicitement dans les rituels maçonniques, son mythe est parfois évoqué dans les planches (réflexions écrites) des maçons symbolistes, en particulier dans les loges travaillant au REAA ou au Rite Français. Ces rituels mettent l’accent sur des figures héroïques et des récits mythologiques pour illustrer des vertus comme le courage, la générosité et la quête de vérité. Prométhée, en tant que « transmetteur du feu », s’inscrit dans cette tradition de héros mythiques (comme Hiram, l’architecte du Temple de Salomon) qui incarnent des valeurs fondamentales de l’initiation.

Dans les hauts grades du REAA, où les symboles deviennent plus complexes, l’idée prométhéenne de sacrifice pour la connaissance peut être rapprochée de certaines épreuves initiatiques, où le maçon doit surmonter des obstacles pour accéder à une compréhension supérieure. Par exemple, le grade de Chevalier Kadosh (30e degré du REAA) valorise la lutte contre l’oppression et la quête de justice, des thèmes en résonance avec la rébellion de Prométhée.

Pour conclure…

Le mythe de Prométhée, avec ses thèmes de connaissance, de sacrifice et de rébellion, trouve une résonance particulière dans la franc-maçonnerie symboliste. Il incarne l’idéal maçonnique de quête de lumière, de travail sur soi et d’engagement pour l’humanité, tout en mettant en garde contre les dangers d’un progrès mal maîtrisé. Pour le franc-maçon, Prométhée est une figure inspirante, un miroir de l’initié qui, par son travail en loge, aspire à éclairer le monde tout en acceptant les épreuves de ce cheminement.

Le maçon symboliste peut voir en Prométhée un modèle d’humanisme et de courage, capable de guider son action dans un monde en perpétuelle transformation.

5/09/25 – Le Convent de Lausanne : mémoire vive et jalon fondateur du REAA

Colloque du Grand Collège des Rites Écossais – Vendredi 5 septembre 2025, Temple Arthur Groussier, GODF, Paris 9e

Colloque Grand Collège des Rites Écossais du Grand Orient de France
Colloque Grand Collège des Rites Écossais du Grand Orient de France

Le Grand Collège des Rites Écossais du Grand Orient de France, avec le concours de plusieurs juridictions écossaises amies, propose un colloque d’exception le vendredi 5 septembre au matin dans le Temple Arthur Groussier de la rue Cadet à Paris.

Au centre des travaux : le Convent de Lausanne. Souvent évoqué comme une référence, il demeure pourtant méconnu dans sa complexité. Or ce convent du XIXᵉ siècle a marqué une étape essentielle pour le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) : celle où il a cherché à se penser comme rite universel, porteur de repères durables, de véritables landmarks.

Ce colloque, ouvert à tous les Frères et Sœurs du GODF, des obédiences et des juridictions amies, sera un moment de mémoire, de transmission et de réflexion vivante. Car revisiter Lausanne, c’est non seulement retrouver les clés d’une histoire, mais aussi interroger notre présent : comment conjuguer l’idéal écossais et les exigences de notre époque ?

Les intervenants

Michel Meley

Très Puissant Grand Commandeur du Grand Conseil de la Fédération française du Droit Humain, ancien Grand Maître de la Fédération française du DH, il est une figure marquante de la franc-maçonnerie mixte contemporaine. Chercheur attentif aux racines historiques, il incarne l’alliance entre fidélité à la tradition et ouverture universelle. Michel Meley est l’auteur, en 2019, de Le Convent de Lausanne, Temple de la Cité – 6 au 22 Septembre 1875: Documents et analyse.

➡ « Le Convent de Lausanne : ses origines, son déroulement, ses conséquences. »

André Combes
André Combes

André Combes

Historien reconnu, ancien président de l’Institut d’Études et de Recherches Maçonniques (IDERM), spécialiste de l’histoire maçonnique et politique du XIXᵉ siècle. Passeur de mémoire, il relit le parcours d’Adolphe Crémieux comme l’expression d’un engagement où l’action politique rejoint l’idéal initiatique.

➡ « Adolphe Crémieux et les stratégies d’un Grand Commandeur. »

Pierre Mollier
Pierre Mollier

Pierre Mollier

Historien spécialisé en iconologie, héraldique et dans l’étude de la franc-maçonnerie. Directeur de la bibliothèque du Grand Orient de France de 1995 à 2025 et conservateur du Musée de la franc-maçonnerie de 2013 à 2025. Pierre Mollier est membre du Suprême Conseil du Grand Collège des Rites Écossais. Chercheur d’une rigueur lumineuse, il met en dialogue l’histoire et le symbolisme, le factuel et le spirituel. Chercheur d’une rigueur lumineuse, il met en dialogue l’histoire et le symbolisme, le factuel et le spirituel.

➡ « La réaction du Grand Collège des Rites et du Grand Orient de France au Convent de Lausanne. »

FONDATION-LATOMIA
FONDATION-LATOMIA

Christian Mermet

Historien, membre du Suprême Conseil pour la France, fin connaisseur des rituels maçonniques. Son travail révèle comment l’architecture des rituels est aussi une grammaire spirituelle. En explorant le rôle du Tuilleur, il éclaire le Convent comme une tentative de donner une langue commune aux bâtisseurs de l’esprit. Il est secrétaire de la Fondation LATOMIA.

➡ « Le Tuilleur du Convent de Lausanne : un essai de normalisation des rituels. »

Évelyne Grimal-Richard
Sœur de la Grande Loge Féminine de France depuis 1982, elle a participé à la fondation de plusieurs loges et occupé de nombreux plateaux, au service de la GLFF comme du Suprême Conseil Féminin de France. Son parcours témoigne d’un attachement constant à la démarche initiatique et d’une volonté de transmission fraternelle. Psychologue de formation, aujourd’hui proviseure de lycée, elle est également chargée de mission auprès de la rectrice de l’Académie Orléans-Tours pour l’égalité Femmes/Hommes et référente académique Égalité-Diversité. Elle incarne, dans la société civile comme dans la voie maçonnique, l’exigence d’une fraternité inclusive.

Présidente de l’Aréopage de recherche Mnémosyne, membre du Suprême Conseil Féminin de France, elle s’attache particulièrement à l’étude de la pensée symbolique, de l’histoire des rituels et de la recherche de leur sens profond, dans une perspective de partage, d’ouverture et de compréhension. Elle incarne ainsi une voix féminine et universelle de l’Écossisme, attentive à l’articulation entre la quête de l’idéal et les contraintes de l’histoire. Sa réflexion ouvre le Rite à l’avenir en rappelant que l’utopie n’est jamais vaine, mais force de transformation.

« Les enjeux de l’universalisme du Convent de Lausanne : comment conjuguer utopie et réalité historique. »

Christian Confortini, Grand Commandeur du Grand Collège des Rites Écossais – Grand Orient de France
Christian Confortini, Grand Commandeur du Grand Collège des Rites Écossais – Grand Orient de France

La conclusion sera donnée par Christian Confortini, Très Puissant Souverain Grand Commandeur du Grand Collège des Rites Écossais – GODF. Sa parole, à la fois enracinée dans l’héritage et tournée vers l’avenir, rappellera que Lausanne n’est pas seulement un épisode du passé mais un jalon vivant dans la construction d’un Écossisme universel.

Un moment de mémoire et d’avenir

De 9h30 à 12h45, le Temple Arthur Groussier vibrera au rythme d’une réflexion à la fois historique et initiatique. Car le Convent de Lausanne n’est pas une relique : il demeure une source de lumière pour qui cherche à comprendre comment le Rite Écossais Ancien et Accepté a su unir tradition et modernité, rigueur et ouverture, mémoire et universalité.

Inscription colloque REAA
Inscription colloque REAA

Infos pratiques

Inscriptions obligatoires / Vendredi 5 septembre 2025, de 9h30 à 12h45

Temple Arthur Groussier – Grand Orient de France – 16, rue Cadet, Paris 9e

La voie du Maître Maçon

La couverture de La Voie du Maître Maçon d’Olivier C. de Lespinats est déjà un seuil initiatique. Le chemin forestier, plongé dans la pénombre mais traversé par les rayons d’un soleil naissant, évoque la route intérieure du franc-maçon : une avancée dans l’ombre où la lumière, peu à peu, s’impose et sculpte l’espace.

La voie du Maître Maçon
La voie du Maître Maçon

La nature se fait alors temple, les troncs d’arbres deviennent colonnes, et les faisceaux lumineux rappellent ces lames célestes qui pénètrent l’âme lorsqu’elle s’ouvre à une vérité plus haute. Cette image n’est pas un simple décor, mais une métaphore puissante de l’expérience initiatique. Marcher sur ce chemin, c’est accepter d’être conduit de l’opacité à la clarté, de l’errance à l’élévation, de la dispersion du multiple à l’unité intérieure. Le titre inscrit en lettres blanches sur la terre obscure semble dire que la maîtrise ne se conquiert que dans l’épreuve du réel, mais qu’elle est toujours orientée vers la lumière.

L’ouvrage, fidèle à son titre, explore la voie du Maître non comme une acquisition définitive mais comme un cheminement, une ouverture toujours recommencée. Olivier Chebrou de Lespinats montre que la Maîtrise n’est pas un état figé, mais une marche, une ascension qui suppose sacrifice, dépouillement et transmission. Le Maître n’est pas celui qui possède, mais celui qui offre et transmet. La légende d’Hiram, cœur du grade, devient chez lui plus qu’un récit fondateur : elle est un miroir tendu à chaque initié, l’invitant à mourir à ses illusions pour renaître à une vérité plus vaste.

Le meurtre d’Hiram par les trois compagnons, symboles des passions dévorantes, met en scène cette exigence de vaincre les ténèbres intérieures. La mort initiatique est alors un passage obligé vers une renaissance qui n’est pas promesse d’immortalité mais éveil à une conscience élargie. À travers cette lecture, nous retrouvons les correspondances avec les grandes figures spirituelles universelles, d’Osiris à Jésus, rappelant que la voie maçonnique s’inscrit dans la continuité d’une humanité en quête de lumière.

Olivier Chebrou de Lespinats ne se contente pas de commenter le mythe. Il en dévoile la portée existentielle. La Maîtrise est cette exigence de dépasser l’ego, d’abandonner les métaux qui nous encombrent pour accueillir l’humilité, la patience et la sagesse. Ce dépouillement est une ascèse intérieure, une alchimie de l’être où chaque défaut transmuté devient une pierre de lumière. Le Maître ne règne pas, il rayonne. Il n’impose pas, il inspire. Sa marche est jalonnée de signes et de pas qui ne sont pas de simples formalités rituelles, mais des gestes habités, autant de seuils qui inscrivent dans la chair et dans l’esprit le souvenir de la transformation. Le huitième pas, symbole de l’infini, dit que l’initiation n’a pas de fin, que la quête est illimitée. La Voie du Maître est donc ouverture perpétuelle, au-dedans et au-delà.

Ce qui frappe dans l’ouvrage, c’est la constante articulation entre intériorité et responsabilité. Devenir Maître, c’est construire son temple intérieur, mais c’est aussi participer à la construction du Temple universel. La sagesse acquise n’est pas une jouissance privée, elle est destinée à irriguer la Loge et le monde. Le Maître incarne une éthique de la transmission : il veille sur les apprentis et les compagnons, les guide avec bienveillance et les encourage à devenir eux-mêmes des porteurs de lumière. Son exemplarité se mesure moins à son savoir qu’à sa capacité à incarner les vertus de justice, d’humilité et de fraternité. Le Maître est le pont entre l’intérieur et l’extérieur, entre la Loge et la Cité, entre la tradition et la modernité. La Maîtrise est alors un service, une offrande, une mission.

L’ensemble de l’ouvrage résonne comme un chant initiatique, une méditation sur le sacrifice et la renaissance, sur la discipline intérieure et la responsabilité universelle. Il convoque l’alchimie en filigrane, lorsque l’ego est transmuté en humilité, lorsque la mort symbolique ouvre sur la vie intérieure. Il évoque la mystique chrétienne, lorsqu’il cite saint Jean de la Croix et la nuit obscure de l’âme. Il s’accorde avec l’hermétisme, lorsqu’il voit dans le Maître l’architecte de son temple intérieur, microcosme reflétant le macrocosme. En ce sens, ce livre n’est pas une simple exégèse maçonnique, il est une véritable traversée de l’esprit, où chaque page invite à méditer sur notre propre cheminement. Nous sortons de cette lecture comme d’un rituel, transformés, enrichis, rappelés à notre propre devoir d’initiation continue.

Olivier de Lespinats
Olivier de Lespinats

La richesse de ce texte tient aussi à la personnalité de son auteur. Olivier Chebrou de Lespinats, humaniste spiritualiste et chevalier du XXIe siècle, a consacré plus de trente-cinq années à l’étude des rites et des symboles, qu’ils soient ésotériques, mystiques, spirituels ou psychologiques. Son parcours est celui d’un homme qui a choisi de mettre l’Homme au centre de sa quête, en plaçant la transmission au cœur de sa mission. Historien reconnu, il a publié de nombreux ouvrages sur l’histoire des Haras, qui lui valurent le Prix « Spécial Haras Nationaux », et il fut nommé en 2005 Historien du Cheval, participant à l’émission de Stéphane Bern sur Marengo, le cheval de Napoléon. Passionné par l’histoire chevaleresque et spirituelle, il a également écrit plusieurs livres consacrés à l’Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem, ce qui lui valut le Prix « Réginald Attard » en 2019. Il dirigea la revue Le Messager de la Croix Verte, et poursuivit une recherche sur les continuités spirituelles et humanistes des ordres chevaleresques. Son parcours fut couronné par la Médaille d’Or de la Renaissance Française pour sa contribution à la culture, à la solidarité et à la francophonie. Décoré de la Médaille de la Défense Nationale, de la Médaille d’Or pour acte de courage et de la Médaille d’Honneur et de Reconnaissance du patriarche d’Antioche et de Jérusalem, Olivier Chebrou de Lespinats incarne une fidélité chevaleresque et spirituelle qui prolonge dans notre temps l’idéal ancien de service et de transmission.

La voie du Maître Maçon, 4e de couv.
La voie du Maître Maçon, 4e de couv.

Ainsi, à travers ses écrits comme à travers son engagement, Olivier Chebrou de Lespinats ne cesse de faire résonner une voix claire et fraternelle : celle d’un chercheur de vérité qui refuse l’enfermement dogmatique et qui invite chacun à franchir le seuil. La Voie du Maître Maçon est l’expression de cette quête et de cette fidélité. C’est un livre à la fois rigoureux et méditatif, un livre qui ne s’adresse pas seulement aux Maîtres, mais à tous ceux qui désirent comprendre que la vie initiatique est un chemin de lumière, qu’elle exige le courage du dépouillement et la joie du partage. Ce n’est pas un manuel, c’est un compagnon de route, un miroir dans lequel nous pouvons contempler nos ombres et nos espérances, un appel à marcher plus avant, dans la forêt lumineuse de l’esprit.

La voie du Maître Maçon

Olivier Ch. de Lespinats

Éditions L.O.L., 2025, 182 pages, 11 € – Format Kindle 5 €Pour commander

Éditions L.O.L.
Éditions L.O.L.

Le mot du mois : « Intensité »

0

Le sémantisme *ten- *ton- désigne l’idée de « tendre, étirer ». Très vaste champ lexical, en grec comme en latin. Que ce soit le ton, son absence ou sa variation, la tonalité d’un son. Tonique, diatonal, catatonique, monotone, atone, baryton. Ou l’électronique, l’hypoténuse, le ténia qui s’étire dans l’intestin ou le tétanos qui prête à tension convulsive des muscles.

Le latin insiste sur l’effort que l’on fait, la tendance, la tension, la toile de tente, la tenture sur un mur. Le champ lexical est très abondant. Contingence, détente, distendre, détention, étendard. Entretien, extension, intendance. L’entendement, l’ostentation. Prétendre, appartenir. Se sustenter. Entre autres.

Les Latins n’établissaient pas une frontière nette entre tendre et tenter. Le tentateur entraîne dans le péché. L’attentat. Le tentacule sert à la préhension.

L’idée générale, dans tous les emplois, insiste sur le mouvement qui pousse vers, ou retient, ou recule loin de. Content, continu, mécontent, discontinu. Maintenant, pertinence, détenir, retenir, obtenir, soutenir.

Ce qui est *tenuis, ténu, est mince parce qu’étiré.

Cette tension omniprésente dans le sémantisme se retrouve évidemment dans l’intention et l’intensité qu’on y met. Ce qui motive la vie active, comme valeur suprême.

Au point que, pour nos sociétés contemporaines, l’intensité tourne à l’obsession dans une forme d’avidité de vivre chaque moment comme s’il était l’ultime.

Tel est le paradoxe : à trop cultiver l’intense, on en perd la saveur de l’instant. Une impossible respiration entre les moments, les occasions, les rencontres. Le temps d’en peser, d’en apprécier la saveur.

Les  « minutes », au sens propre de ce qui est découpé en petits morceaux, le temps « menu », sont même considérées comme un étirement de lenteur. Les secondes, c’est-à-dire ce qui « suit » les précédentes, sont dépassées à la course par les dixièmes, les centièmes, les « nano- ». L’existence est constamment « minutée » dans une frénésie de gain de temps jusqu’à l’absurde.

Gagner du temps ? Mais quel temps, puisque seule compte sa mensuration minimaliste ? Pour en faire quoi ? Une ubiquité fallacieuse, et non moins absurde, place l’individu toujours ailleurs, sans conscience de la densité de ce qui l’entoure, choses et gens. On se lasse de tout, matériel, humain, sentiment, avant même d’en avoir tenté l’aperçu.

Tout plutôt que la routine aux aguets ! C’est pourtant le prix à payer pour vivre – parfois –  intensément. L’insatiabilité n’est-elle pas une accélération diabolique ? Et, si elle est en contraste avec le monotone, l’intensité qui devrait emplir de contentement, au lieu de mettre en relief certaines fulgurances, concourt à rebours au gouffre insondable du manque immédiat.

L’intensité serait-elle une obsolescence programmée à la nanoseconde ?

Annick DROGOU

Si l’on se contente de mesurer l’intensité, on trouvera des réalités nuancées : une lumière, un son, un tremblement de terre de forte ou faible intensité. Mais cette magnitude ne s’applique pas aux sentiments. Émotion, désir, passions, douleur : quand ils sont là, ils sont intenses, ou ils ne sont pas. Parler d’intensité, c’est déjà parler du maximum.

Être intense, c’est tout ou rien. On ne dit pas « faiblement intense » comme on ne dit pas « presque éternel » ou « légèrement absolu ». L’adjectif emporte sa propre radicalité. L’intensité n’est pas une graduation, mais un accomplissement. Elle est ce degré de tension où tout se concentre, sans demi-teinte. Acuité, véhémence, puissance. Elle surgit comme une flamme, comme une pointe extrême.

« L’expérience consiste en intensité, non en durée », écrivait Thomas Hardy. On peut vivre longtemps sans jamais atteindre cette brûlure. Et l’on peut, en un instant, toucher au sommet. Regarder avec intensité, aimer avec intensité, croire avec intensité : c’est là que se joue la vérité d’une existence. Non pas dans la longueur du temps, mais dans l’accomplissement d’un instant qui embrase tout.

Car l’intensité est toujours passagère : elle n’habite que l’éclair. Lui donner place dans nos vies, c’est accepter l’éphémère et la brûlure. Sommes-nous prêts à courir ce risque ? 

Jean DUMONTEIL

La magie des rituels maçonniques

Lors des tenues maçonniques, les sentiments ressentis par les officiants et les maçonnes et maçons présents dépendent étroitement du strict respect du rituel et de l’implication de chacun des acteurs, en particulier lors de l’ouverture et de la fermeture des travaux, et durant les initiations. L’expérience montre que plus le président et les officiants sont en phase, et même en symbiose, avec les mots à chaque moment du rituel, plus l’atmosphère ambiante se densifie, et plus l’assistance est saisie par le sens des mots, jusqu’à donner du sens au silence toujours omniprésent.

Autrement dit, plus le rituel est respecté, plus les maçonnes et maçons présents perçoivent ce que le monde des apparences leur masquait, et plus ils ont envie de percevoir un au-delà indéterminé et désorientant qui peu à peu, au fil des tenues, va prendre dans leur existence un rôle déterminant.

Ce fonds commun rituélique se perpétue depuis les Anciens Égyptiens, et a traversé les civilisations grecques et romaines avant d’inspirer et de structurer jusqu’à aujourd’hui les rituels initiatiques de toutes natures en occident. Un même rapport à la dimension mystérieuse de l’existence anime les initiations depuis toujours, pour inciter les « mystes » à développer leurs niveaux perceptions du monde sensible et les inviter à oser passer de l’autre côté de leur propre miroir. Cet univers invisible et insaisissable en soi et autour de soi semble se découvrir aux mystes en quête sincère et constante de soi-même, tout en leur dévoilant peu à peu leur propre dimension divine.

Mais dans leur rapport avec cette dimension invisible de l’existence, les initiés égyptiens gardent un temps d’avance, car ils s’y relient plus efficacement en intériorisant et en activant comme par magie des forces qui échappent aux esprits rationnels grecs et romains. Les Maçons évoluent entre ces deux modèles d’intériorisation des forces à l’œuvre dans l’initiation, les uns attachés plutôt aux mystères grecs, les autres plutôt aux cérémonies d’inspiration égyptienne empruntes de magie.

L’initiation aux Mystères grecs d’Éleusis, comme aux Mystères égyptiens dont ils dérivent, devait être parfaitement accomplie par les mystagogues encadrant les mystes, pour être performative et consteller leur mémoire de secrets et de clés de vie. Les tableaux vivants ne souffraient d’aucun écart aux rituels, au risque d’annihiler tout l’effet produit par leurs images et leurs symboles sur les mystes. Tout ce qui devait être fait et dit composait des tableaux et des scènes désormais en vie et en mouvement dans leur mémoire, destinées à se perpétuer dans le temps de manière cyclique.

Mais la mise en œuvre de ces forces et leur effectivité dépendaient et dépendent toujours aujourd’hui de la prise en compte réelle et de leur objectivation par le président et les officiants de la cérémonie. Les modifications régulières des rituels dans la Maçonnerie contemporaine, et la légèreté avec laquelle sont mis en œuvre leurs symboles, produit logiquement l’effet inverse, supprimant la force performative des symboles à laquelle d’ailleurs les officiers eux-mêmes pour la plupart ne croient plus. Et dans ce domaine il n’y a pas d’entre-deux.

Ce qui confère surtout un caractère sacré à ces symboles aussi précis qu’insaisissables est le rituel qui les charge de sens et de force comme par magie.

Il respecte les règles opérationnelles des Anciens Égyptiens qui se reliaient ainsi à la dimension divine invisible du cosmos et que leurs prêtres intégraient dans l’espace/temps de la cérémonie pour en faire des symboles « performatifs« , qui sinon n’auraient eu aucune raison d’être. Ils avaient l’art de rendre efficaces leurs rituels en transformant leurs officiants en passeurs des champs de forces actives du cosmos, et tous les participants à la cérémonie en réceptacles chargés de ces forces ainsi reçues et répandues.

Les prêtres des Anciens Égyptiens, comme les officiants des degrés d’initiations de la Maçonnerie égyptienne, rendent performatifs les symboles juste en prononçant les mots qui les désignent, mettant ainsi en œuvre les forces qu’ils symbolisent. Le pouvoir de la représentation ou de l’écrit découle de la fonction performative du signe, et, de fait, il n’existait pas de magiciens égyptiens spécialisés mais bien plutôt des scribes, intellectuels de haut niveau connaissant l’art et la technique de l’écriture. L’écriture étant l’expression de la parole divine, son utilisation relevait du sacré. Grâce à elle, on avait « pouvoir sur » ce qui était signifié par l’écriture. » (Yann Kœnig, Magie et magiciens dans l’Égypte ancienne) D’une manière générale, l’écriture comme toute la gestuelle des rituels, révèle et restructure les forces omniprésentes dans l’univers et le macrocosme pour qu’elles intègrent le microcosme actif des cérémonies rituéliques accompagnant les transformations spirituelles des initié(e)s.

Ces concrétions de forces et d’énergie ne sont pas que des vues de l’esprit comme le prétendent les esprits rationalistes agrippés à leurs certitudes, incapables de se laisser dériver comme des tangentes aux ondes de leur propre lumière. Ils sont bien loin des initié(e)s qui « se consacrent » eux-mêmes et passent avec délice et à volonté dans une autre dimension de conscience insensible. Dans le « panthéon » égyptien, « Heqat, la magie« , avec « Sia, la perception, l’imagination » et « Hou, l’expression créative », sont à côté de Rê dans la barque solaire. Sia se tient à la poupe, Hou est à l’arrière et Heqat se tient devant Rê. Plus spécifiquement dans l’Égypte Antique inspirant les rituels de la Maçonnerie égyptienne, ces techniques empruntent à la magie des formules répétitives et s’inspirent pour agir des forces appelées « ḤkꜢw, Ꜣḫw, md.t« , la magie Hékaou, la magie Akhou et la parole Médet.

La magie Hékaou dérive du Heka, le principe fluidique qui assure la correspondance entre tout ce qui existe, qui équilibre les forces structurantes et rend chaque être libre de son destin. Les Hékaou sont les millions de Ka du créateur, Ka étant la force structurante de la vie, empêchant l’entropie, et maintenant la cohésion d’ensemble des éléments visibles avec les éléments invisibles. L’Hekaou est la magie des hommes et l’Akhou la magie des dieux. Les Anciens Égyptiens considéraient la magie comme un art légitime, les prêtres pratiquant la magie pour l’État, pour le Pharaon ou pour faire fructifier les bénéfices d’un commerce. Il n’existait pas non plus de notion de magie positive ou négative, la magie étant neutre, et les bénédictions et les malédictions pouvaient être invoqués comme tout ce qui protège de ce type de sorts.

Le cœur « jb, hib » complète le rôle de la langue dans la genèse du verbe performatif. La joie est appelée et écrite par les Anciens Égyptiens « dilatation du cœur«  et correspond à l’ouverture du cœur de celui et celle qui cherche et trouve la clé de lecture des textes sacrés des Traditions. C’est par le cœur que s’opère l’intégration et la concordance de ces flux parcourant les pensées en tous sens, jusqu’au moment où surgit le verbe performatif par lequel tout se relie d’un coup, tout se produit et se révèle, le cœur dotant alors les pensées et les paroles de puissance et d’un pouvoir magique de projection efficace. C’est par la pratique des rituels dans les temples que « le cœur et la langue » des prêtres et des fidèles entrent en phase et se transforment en flux d’énergies performants revivifiants les participants à tous les niveaux : physique, moral, mental, et spirituel.

Bien que la Maçonnerie traditionnelle exclue ces pratiques magiques de ses rituels, il n’en demeure pas moins qu’elle en appelle à ces forces pour initier les Maçonnes et Maçons, constituer une Loge ou consacrer un Temple. Le ternaire de la formule « Je vous crée, constitue, et reçois » du Vénérable Maître parachevant par ces mots une Initiation et le passage de l’état de profane à celui d’initié(e), reproduit sans le reconnaître les ternaires actifs d’innombrables formules magiques. Dans la Maçonnerie traditionnelle, lors de l’ouverture et la fermeture d’une tenue de Loge, quelqu’en soit le degré, le président use d’une formule à trois niveaux de délégation de pouvoir telle que :

« À la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, Au nom de la Franc-Maçonnerie Universelle, En vertu des pouvoirs qui me sont conférés« .

Cette délégation de pouvoir reproduit celle du magicien égyptien qui reçoit de la divinité, donc du roi-Pharaon, les trois éléments Hékaou, Akhou et la parole Médet, pour mener à bien son rituel et user ainsi de « pouvoirs » qu’il ne possède pas en tant que simple mortel.

Erudit dans sa bibliothèque

La magie opère en particulier au profit des Maçonnes et Maçons dont le cœur est devenu l’écrin de la conscience, de l’intelligence et de la mémoire comme chez les Anciens Égyptiens. Non seulement leur cœur actif stimule leur intelligence, mais il projette comme par magie leur regard au-delà des formes visibles, dans un univers invisible de forces indécelables à l’œil nu et pourtant bien présentes en soi et dans tout l’univers.

La Tour Triangle : Une pyramide moderne aux échos maçonniques ?

Paris, surnommée « Ville Lumière », demeure un symbole intemporel de la connaissance, de la créativité et de la beauté. À travers son histoire, riche en Lumières intellectuelles et en élans spirituels, la capitale française continue de briller comme un phare d’inspiration pour les générations actuelles et futures. Or, une nouvelle silhouette s’apprête à marquer son horizon : la Tour Triangle.

Située dans le 15e arrondissement

Tour Triangle

le plus peuplé de la capitale, sur la rive gauche de la Seine, au cœur du parc des expositions de la Porte de Versailles –, cette structure audacieuse de 180 mètres de hauteur, conçue par les architectes suisses Herzog & de Meuron, est en construction depuis fin 2021, avec une ouverture prévue en 2026. Elle abritera bureaux (95 500 m²), hôtel quatre étoiles, centre culturel et de conférences, espaces verts de 8 000 m² le long du boulevard Victor, crèche, belvédère et restaurant panoramique.
Mais au-delà de sa fonction, c’est sa forme pyramidale trapézoïdale qui intrigue et suscite un débat inattendu : cette tour est-elle, consciemment ou non, marquée par une inspiration maçonnique ?

Un projet architectural ambitieux et controversé

Tour Triangle

Avec ses 44 étages, sa base de 200 mètres et ses façades vitrées captant la lumière parisienne, la Tour Triangle évoque une pyramide moderne, clairement inspirée de l’architecture égyptienne antique. Le projet a connu de vives oppositions : associations écologistes, élus et riverains dénoncent un urbanisme jugé énergivore et dépassé. Rejeté en 2014, validé en 2015, le chantier a traversé recours judiciaires, enquêtes pour favoritisme, et même un accident tragique en 2024. Mais, malgré ces tempêtes, la tour continue de s’élever, portée par des acteurs puissants comme Unibail-Rodamco-Westfield et Axa, et construite par l’entreprise belge BESIX, déjà bâtisseuse de la Burj Khalifa, la plus grande tour au monde culminant à 828m de haut et l’une des attractions les plus populaires de Dubai.

Triangle, pyramide et symbolique maçonnique

Officiellement, les architectes revendiquent une inspiration égyptienne. Pourtant, pour beaucoup, la silhouette triangulaire résonne avec le symbolisme maçonnique. Le triangle équilatéral est un emblème central : il incarne l’équilibre cosmique, la divinité, l’union de la verticalité et de l’horizontalité, et la trinité des principes fondateurs – Sagesse, Force et Beauté. Dans les Temples, le delta lumineux veille sur l’initié, lui rappelant de gravir les degrés de l’échelle invisible. Quant à la pyramide, issue des sables d’Égypte, elle reste la matrice des mystères antiques, gardienne de l’éternité.

Paris, souvent qualifiée de « capitale maçonnique », regorge de ces échos : de la pyramide du Louvre à la dentelle triangulaire de la Tour Eiffel, autant de phares de modernité et de symboles hermétiques. La Tour Triangle, troisième sommet de cette géométrie invisible, pourrait bien s’inscrire dans cette constellation symbolique.

Antimaçonnisme et fantasmes complotistes…

Tour Triangle

Ce n’est donc pas un hasard si l’édifice alimente soupçons et rumeurs. Des blogs affirment qu’elle est « en tous points un édifice maçonnique », tant par sa forme que par son nom. Sur les réseaux sociaux, certains dénoncent un « symbole maçonnique pur jus », d’autres

ironisent : « Ça pue l’Illuminati et la Franc-Maçonnerie ». Comme souvent, l’ombre de l’antimaçonnisme se nourrit de formes géométriques et d’interprétations symboliques. Là où l’initié voit l’appel à la Lumière, d’autres projettent le spectre du complot.

La numérologie du 180 et du 9

La hauteur de 180 mètres n’est pas anodine. Réduite (1+8+0), elle donne le 9, chiffre sacré en Maçonnerie. Le 9 marque l’achèvement et la plénitude, la fin d’un cycle et l’annonce d’une renaissance. Il est le ternaire porté à sa perfection (3 x 3), le nombre des neuf Maîtres élus et celui des neuf Muses inspiratrices. Dans de nombreuses traditions, il incarne l’accomplissement spirituel, la sagesse, l’immortalité et le passage de la gestation à la naissance nouvelle. Ainsi, la Tour Triangle, sans le dire, parle à travers ses proportions le langage discret des initiés.

Tour Triangle

Une lecture alchimique : l’Œuvre au noir, blanc et rouge

À cette dimension maçonnique se superpose une lecture alchimique. La construction de la tour, semée d’épreuves, rappelle l’Œuvre au noir : dissolution, résistances, critiques, tempêtes juridiques. Puis vient l’Œuvre au blanc : la clarté des façades vitrées, l’ouverture à la lumière, la purification de la matière brute. Enfin, l’Œuvre au rouge, lorsque la tour, achevée, se dressera comme un feu de verre et d’acier dans le ciel de Paris, image d’accomplissement et de transmutation.

Le cycle du 9 rappelle aussi les neuf mois de gestation : comme un être en devenir, la Tour Triangle naît d’un long travail intérieur et extérieur. Son sommet peut alors être lu comme la pierre philosophale d’une ville en quête de renouveau, condensant dans sa forme la matière et l’esprit, le profane et l’initié, le temps et l’éternité.

Tour Triangle

Architecture moderne, quête intemporelle

Pour les Francs-Maçons, l’architecture n’est jamais seulement du béton et du verre : elle est quête d’harmonie, hiérophanie de lumière. La Tour Triangle, première haute tour intra-muros depuis Montparnasse en 1973, pourrait être l’expression de cette aspiration à l’élévation. Comme une triangulation initiatique, elle inscrit dans le ciel parisien un signe : invitation à dépasser le profane, à relier la Terre au Ciel.

La Tour Triangle n’est pas officiellement un monument maçonnique. Mais sa forme pyramidale et triangulaire, sa hauteur numérologiquement signifiante et sa résonance alchimique et initiatique ouvrent la porte à une lecture symbolique.

Tour Triangle

Elle incarne ce dialogue entre tradition et modernité.

En 2026, lorsque sa flèche de verre scintillera dans la nuit parisienne, chacun y lira ce qu’il porte en lui : simple gratte-ciel, ou bien phare ésotérique. Peut-être alors la capitale, fidèle à son surnom de Ville Lumière, offrira-t-elle à l’homme moderne une pyramide nouvelle où chercher, encore et toujours, l’étincelle perdue de la sagesse.

Paris a été, est et restera toujours la plus belle ville du monde !

Illustrations : © Yonnel Ghernaouti, YG

La méthode maçonnique invalide-t-elle l’expérience Univers 25 du cloaque comportemental de Calhoun ?

Une expérience controversée face à une philosophie initiatique

L’expérience du « cloaque comportemental », menée par John B. Calhoun en 1962, a révélé que des rats surpeuplés, malgré des ressources abondantes, sombraient dans l’agressivité, l’apathie et l’extinction. Cette étude, décrite dans des articles récents (Le Point, 18 octobre 2024) et analysée dans une perspective sociétale (SciencePost), a suscité des débats sur son applicabilité à l’humanité face à la surpopulation. En parallèle, la Franc-maçonnerie, notamment dans sa branche symboliste et initiatique, propose une méthode basée sur un travail collectif, initiatique qui repose sur la géométrie sacrée, sensée produire harmonie et fraternité.

Explorons si cette approche maçonnique pourrait invalider les conclusions pessimistes de Calhoun, en s’appuyant sur les principes initiatiques et leur potentiel régulateur social.

Le cloaque comportemental : Un modèle de déchéance sociale

L’expérience de Calhoun, réalisée dans des enclos comme « Univers 25 », a montré que des rats en surpopulation, bien que nourris et abrités, perdaient leur structure sociale. Avec une densité croissante (jusqu’à 2 200 individus), les comportements normaux – reproduction, soins aux petits – s’effondraient, remplacés par de la violence, des désordres sexuels et une apathie généralisée. Calhoun identifia quatre phases : saturation, stress, dégradation et extinction. Selon SciencePost, cette dynamique pourrait préfigurer l’effondrement de la civilisation humaine, avec des parallèles dans les mégalopoles modernes marquées par l’anonymat et le stress. Le Point souligne que l’absence de régulation sociale, même avec des ressources, est le facteur clé de cette déchéance.

La méthode maçonnique : Une réponse initiatique

La Franc-maçonnerie, en particulier dans sa tradition symboliste et initiatique, offre un contrepoint à ce scénario. Fondée sur des rituels et des symboles hérités des Lumières, elle vise à perfectionner l’individu (« tailler sa pierre brute ») et à renforcer la cohésion collective via la fraternité. La maçonnerie structure ses travaux en loges, où les membres – appelés Frères et Sœurs – explorent des thèmes comme la justice, la tolérance et la liberté à travers des débats et des réflexions. Cette méthode repose sur plusieurs principes :

  • Maîtrise des passions : Inspirée des stoïciens, elle enseigne de contrôler les émotions (colère, peur) pour éviter les comportements impulsifs observés chez les rats.
  • Réflexion collective : Les tenues mensuelles favorisent un dialogue structuré, contrastant avec l’anarchie sociale du cloaque.
  • Hiérarchie symbolique : Les grades (Apprenti, Compagnon, Maître) instaurent une progression morale, offrant une alternative à la perte de rôles sociaux chez les rats.

Parallèle avec la franc-maçonnerie : Une régulation contre la déchéance

John B. Calhoun en 1986

L’expérience de Calhoun met en lumière l’effondrement face à une surpopulation non régulée. La Franc-maçonnerie, en revanche, propose un cadre initiatique qui pourrait atténuer ces effets. Si les rats perdaient leur hiérarchie sociale, les loges maintiennent une structure ordonnée, où chaque membre a un rôle (Vénérable, Surveillant) et une responsabilité. La surpopulation, dans un contexte maçonnique, est limitée par des critères d’admission stricts et une taille contrôlée des ateliers, évitant la saturation observée dans « Univers 25 ». De plus, le serment fraternel – « aimer et secourir ses Frères » – contrecarre l’abandon des petits rats, incarnant une solidarité active.

Le symbolisme maçonnique, comme le fil à plomb ou l’équerre, renforce une éthique de droiture et d’harmonie, opposée à l’agressivité et à l’apathie.

Limites et critiques : Une idéalisation possible

Cependant, l’application de la méthode maçonnique comme remède universel au cloaque comportemental présente des limites. Tout d’abord, l’accès à la franc-maçonnerie reste élitiste, excluant une large partie de la population, contrairement à une société entière. Ensuite, des dérives internes – conformisme, soumission à l’autorité – peuvent miner son efficacité, comme le soulignent certains critiques (voir article « Quand le silence tue la franc-maçonnerie »). Enfin, l’expérience de Calhoun repose sur des rats, dont le comportement est moins complexe que celui des humains dotés de raison et de culture, rendant l’extrapolation incertaine.

Une invalidation partielle mais significative

La méthode maçonnique, avec sa structure initiatique et ses valeurs fraternelles, invalide partiellement les conclusions du cloaque comportemental en démontrant qu’une régulation sociale et morale peut prévenir la déchéance, même en contexte de densité. Si elle ne peut s’appliquer à l’ensemble de l’humanité, elle offre un modèle alternatif où la vertu et la réflexion collective prédominent sur l’instinct brut. Dans un monde menacé par la surpopulation et le stress, la franc-maçonnerie symboliste pourrait inspirer des solutions, à condition de surmonter ses propres contradictions. Ainsi, loin d’être un simple refuge, elle se révèle un laboratoire d’humanité face aux défis prédits par Calhoun.