mar 08 juillet 2025 - 11:07

Le maçon errant… de Loge en Loge

De notre confrère expartibus.it – Par Rosamunda Christian

Le phénomène du « Franc-maçon errant » est de plus en plus répandu, les Frères migrant d’une Obédience à l’autre à la recherche d’un idéal qui semble leur échapper. Cette instabilité reflète une crise profonde, où les certitudes qui ont guidé la franc-maçonnerie pendant des siècles vacillent. Les Obédiences, autrefois piliers de stabilité, apparaissent aujourd’hui fragmentées. Les divisions, les conflits internes et les divergences idéologiques ont miné la confiance de leurs membres.

Alchimie laboratoire
Alchimie laboratoire

Le Franc-maçon errant, dans ce contexte, incarne la figure de quelqu’un qui, bien qu’animé par de nobles intentions, se retrouve perdu, incapable de trouver un lieu où les principes maçonniques sont authentiquement vécus. Pour endiguer ce problème, un retour à l’essentiel est nécessaire. Les Ordres initiatiques doivent cesser de rivaliser comme « récipients » et redevenir des laboratoires de pensée, des temples du silence laborieux, des forges de véritable initiation.

Rejoindre une Obédience doit être un choix conscient et profond, non dicté par des déceptions ou des stratégies personnelles.

Il faut travailler sur plusieurs fronts : offrir une formation initiatique sérieuse et constante, créer de véritables espaces de discussion fraternelle, valoriser les mérites au lieu de cultiver des clientèles, décourager le prosélytisme exaspéré et renforcer le sentiment d’appartenance par des rituels soignés et des moments communautaires sincères.

Autrefois, le cas du Franc-Maçon errant était rare et était contenu avec fermeté, mais aussi avec sagesse. L’entrée en Loge était précédée de longues périodes d’observation et de réflexion ; l’initiation n’était pas une ligne d’arrivée, mais le début d’un véritable voyage transformateur. Les Frères aînés, gardiens du savoir, veillaient sur les nouveaux adeptes avec un esprit paternel et sévère, les guidant par l’exemple et non seulement par les paroles.

Une expression latine qui décrit parfaitement ce phénomène est :

Errat homo qui ubique habitat, nulli domus est

c’est-à-dire

L’homme qui vit partout se trompe, aucune maison n’appartient à personne.

Elle exprime parfaitement la confusion de ceux qui passent d’une Obédience à une autre sans prendre racine, dans la recherche continue de quelque chose qui n’est peut-être pas à l’extérieur, mais à l’intérieur d’eux-mêmes.

Astronaute dans l'espace
Astronaute dans l’espace

C’est seulement ainsi que le Franc-Maçon errant pourra cesser d’errer et trouver enfin le chemin vers la Lumière stable d’un Temple qui est le miroir de son propre esprit.

Cette expression latine résume l’essence du franc-maçon errant : celui qui erre sans s’arrêter, sans trouver un « lieu initiatique » stable, finit par perdre le sens même de son voyage. C’est un avertissement : il faut trouver le centre, travailler sur sa propre pierre avant de chercher de nouveaux temples.

L’avenir du Franc-Maçon errant dépendra de la capacité des Ordres à redécouvrir l’essence la plus authentique du chemin initiatique. L’errance, qui apparaît aujourd’hui comme une fuite continue d’un Temple à l’autre, naît souvent d’un vide intérieur, d’une déception face à des formes désormais vidées de leur contenu ou de la recherche de quelque chose que l’on ne sait plus nommer.

Pour enrayer ce phénomène, il est nécessaire de reconstruire un sentiment profond d’appartenance, de proposer de véritables parcours de formation, centrés sur l’individu, sur l’éthique, sur la réflexion symbolique. Ce n’est qu’avec des rituels soignés, des rencontres authentiques et un véritable esprit fraternel que nous pouvons redonner au Maçon le désir de rester, de construire, d’appartenir.

Autrefois, ce risque était limité par une entrée sélective, une longue période d’apprentissage et un sens aigu du sacré. Aujourd’hui, nous devons retrouver cet esprit : ralentir, écouter, travailler. Car le Franc-Maçon qui erre n’est pas perdu s’il trouve en chemin une Lumière qui n’éblouit pas, mais réchauffe.

Errat sed quaerit. Il se trompe, mais il cherche.

Et c’est en cherchant consciemment que l’on peut retrouver le chemin.

Ce n’est pas un hasard si la célèbre expression « le pouvoir use ceux qui ne l’ont pas » trouve un terrain fertile jusque dans les colonnes du Temple. Souvent, plutôt qu’une course à l’ascension, on assiste à une course au titre, à la position, à l’influence. Mais lorsque le pouvoir devient une fin, plutôt qu’un moyen de servir, la franc-maçonnerie perd son sens spirituel et se vide de son sens.

Peut-être est-il temps de nous demander : sommes-nous encore là pour construire le Temple… ou simplement pour le dominer ?

12 Commentaires

  1. Le propos de Claude Temperance md convient est c’est celui que j’ai pratiqué. 25 ans dans la même obédience avec des affiliations à d’autres obediences successives pour vivre la maçonnerie différemment et m’enrichir à chaque fois.
    Maintenant je quitte mon obédience première pour un problème dans ma Loge qui me la rend « Non Respéctable » et n’ayant pas trouvé alentour ce que je cherche, je suis « obligé » de changer d’obédience. Réflexion qui m’a pris une année maçonnique et beaucoup de visites pour me décider.

  2. L’Errance si elle devient volontaire est-elle encore de l’errance ? Les circonstances de ma vie internationale et maçonnique (43 ans) ont fait qu’aujourd’hui je suis dans ma neuvième obédience et multi Rites. Globalement cela n’a été qu’enrichissements, y compris parfois sous des formes négatives. Même pas de pertes de temps.

  3. NOMADISME est probablement un terme plus approprié . Pas n’importe quel nomadisme : le nomadisme d’un PELERIN …..

  4. De plus en plus de frères et sœurs errent effectivement mais ce n’est pas par manque de travail sur eux mêmes quand ils sont présents dans une obédience et leur loge pendant de nombreuses années, mais bien d’un constat de malaise de voir le fonctionnement interne de leur loge dévier et des obédiences qui ne gèrent que des intérêts et des matériaux. Monter un peu sur les outils pour s’apercevoir que la vision reste bien pyramidale et donc profane, fait que nombre de gens très ouverts par respect pour eux-mêmes dans leur miroir, quittent les faux-frères et fausses sœurs. Faut-il an=border aussi l’absence totale de démarche de recherche dans le sens spirituel qui rend morne, les loges.

  5. Je suis totalement opposé à la façon dont ce sujet est exposé dans cet article :
    1) les Loges existaient bien avant les obédiences qui ne sont que des associations profanes destinées à gérer les locaux maconniques (exploitation des salles humides, des vestiaires et des toilettes).
    2) j’ai moi même voyagé entre les obédiences avant de fréquenter, puis de créer des Loges Indépendantes…c’est là que j’ai rencontré le vrai chemin lnitiatique, c’est là que je suis devenu maître. En obédience je ne suivais qu’un chemin profane.

  6. Le maçon errant pourquoi le juger , il est le reflet de notre société.
    S il passe de loge en loge c est qu’ il n a pas trouvé ce qu’ il cherchait et cela fait partie peut être de sa propre recherche intérieure.

  7. C’est à force d’errances pour certains, de démissions pour d’autres, de rejets enfin que des maçons se sont regroupés, dans la région niçoise.
    Ils étaient revenus des Grandes Structures où l’on privilégie la qualité à la quantité, la politique politicienne au lieu de la vie dans la cité.
    Revenus aussi des micro-loges/obédiences où le VM a tant d’égo qu’il en oublie la motivation 1ère de son engagement.
    Un peu fous peut-être, idéalistes surement, nous avons crée une loge et un rituel.
    Ledit rituel se nomme Adama (comme la terre et le 1er homme), il a été déposé afin de ne pas être détourné de sa version initiale et initiatique, il est destiné aux SS et FF Maçons qui après le 7 octobre ont dû vivre également l’antisémitisme, en plus du traumatisme.
    Adama c’est un Misraïm hébraïsé, ouvert à tous les philosémites, sans prosélytisme, ni dogmes.
    La maçonnerie du Temple de Salomon sous son aspect spirituel.
    Nous nous sommes placés sous les auspices de la Grande Loge Régulière Mixte Internationale (dont le site sera fonctionnel dès la rentrée) et grandissons doucement, juste parce que la qualité prime pour nous sur la quantité.
    Nous avons cessé d’errer, nous sommes enfin ancrés sur nos deux jambes : la maçonnerie et la philosophie juive.

  8. quels impacts sur les loges recevant ces frères et sœurs?
    sommes nous aptes à gérer ces maçons.il y a quelques années je ne me serais jamais poser cette question ,nous étions heureux de cet apport de richesse actuellement je suis plus dans la réserve car le errant je défini comme tel celui qui va de loges en loges et d’obédiences à d’obédiences pas le maçon qui se trouve mal pour de multiples raisons dans une loge et change. le errant recherche une FM fantasmée et souvent se perd en lui même. c’est la recherche d’une maçonnerie à la carte.au final il est mal avec lui et avec le groupe constitué et après un instant de bonheur il redécouvre ces vieux démons.sa non prise en compte de l’historicité de la loge et son intransigeance génère des soucis et des tensions chez ceux qui l’accueille . soyons très vigilants lors de leur intégration si nous ne voulons pas de déceptions .

  9. L’herbe est elle vraiment plus verte ailleurs ? Le voyage n’est il pas plutôt intérieur et donc intime ?
    Celui qui doit traverser la savane reste attentif aux marques sur le chemin pour ne pas se perdre, il y a tellement de dangers à éviter.
    Je ne crois pas qu’il y ait une organisation parfaite pour nous accueillir, mais au lieu de nous attarder sur les imperfections prenons du temps pour notre quête. Celui-là ne sera jamais perdu.

  10. Un article éclairant pour une apprentie qui y voit matière à se questionner sur son chemin.
    Car je suis de ces maçons errants.
    Cet article est riche de nuances, comme un miroir tendu pour questionner ma part de responsabilité dans ma propre errance.

  11. Il y a beaucoup à dire sur le sujet. Certes il y a recherche, quête du maçon errant. Il a pu ressentir les limites qu’on lui imposait et de fait il s’est installé dans sa liberté totale de mouvement.
    Un gros problème actuellement c’est le refus des appartenances multiples. Au lieu de garder ses membres, ses limites les font fuir. Les obédiences devraient vite réagir.
    Personnellement, déjà 6 obédiences et bientôt 7 en 36 ans de maçonnerie et vous savez quoi ? : je ne regrette en rien cette énorme expérience maçonnique ! Et oui, un maçon libre dans une loge libre. Je suis libre !! Et de fait ai vécu sur différents rituels, des moments superbes. Et ça n’est pas du tout ni un égarement de ma part, ni une stratégie personnelle, ni une tromperie. Mais bien comme l’air, comme le vent, bouger selon son intuition.
    C’est un choix de voyages initiatiques. En maçonnerie, il n’y a jamais d’échecs, il n’y a que des expériences et je vous encourage à les vivre vraiment : Bougez ! Et n’écoutez pas les docteurs en spécialités.

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