sam 28 décembre 2024 - 09:12
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L’associé du G∴A∴D∴L∴U∴

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Une nuit, lassé des querelles de personnes et des luttes d’egos surdimensionnés au sein de la Franc-maçonnerie, le Grand Architecte de l’Univers décide de rappeler à Lui les Grands Maîtres des trois principales Obédiences françaises. Au premier, Il demande :

– « Que crois-tu ? »

La main droite à l’ordre, le Grand Maître murmure d’une voix tremblante :

– « À la Sagesse, la Force et la Beauté. »

« Prends place à ma droite », dit le G∴A∴D∴L∴U∴, avant de se tourner vers le second Grand Maître, à qui Il demande :

– « Et toi, que crois-tu ? »

La main sur le cœur, d’une voix indignée de nature, le Grand Maître s’exclame :

– « À la défense de l’humanisme, au combat pour la laïcité… »

Mais avant qu’il ne se lance dans un interminable discours, le G∴A∴D∴L∴U∴ l’interrompt :

– « Toi, tu t’installes à ma gauche. »

Reste le dernier Grand Maître …

À la différence des deux autres, il porte tous ses décors. Il est vrai que des mauvaises langues prétendent qu’il dort avec.

Le G∴A∴D∴L∴U∴ le regarde avec curiosité…

– « Le voilà donc, ce Grand Maître qui défraye la chronique, encombre les prétoires et vide les Loges. »

 – « Et toi, que crois-tu ? »

Le torse bombé, le troisième Grand Maître n’hésite pas un instant :

– « Moi, je crois que tu es assis à ma place ! »

(Cette histoire est née au début des années 2010 suite à des conflits nés dans une grande Obédience française à cette époque)

Le portable

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Comme chacun va très vite le comprendre, l’histoire que je vais vous raconter est totalement fictive… enfin, espérons-le.

La scène se déroule dans une Loge totalement pervertie par les métaux. Le Vénérable Maître (fondateur de cette Loge, évidemment), en poste depuis dix-huit ans, réunit comme chaque année, au « Café de la Fraternité » près du Temple, ses potentiels futurs Officiers pour négocier avec eux les Plateaux qu’il va leur « vendre » !

Le Vénérable met donc aux enchères le sautoir de Premier Surveillant.

– « Pour 1000 €, enchère de départ, qui dit mieux pour devenir mon Premier Surveillant ? »

« 1100 € pour moi » dit l’un.

« 100 € de mieux pour moi » dit l’autre.

Etc. et le Plateau est donc attribué pour 1800 € au Frère Jean-Marc qui l’avait justement manqué à 100 € près l’année précédente.

Le Véné met ensuite le Plateau de Second Surveillant aux enchères à 800 €… et ainsi de suite avec tous les Plateaux et Offices.

Tous les postes d’Officiers sont pratiquement pourvus. Il reste maintenant à pourvoir l’Office stratégique de Trésorier. Une Sœur et deux Frères sont en lice. Hasard ou coïncidence, les trois possèdent, en tout et pour tout, 300 € d’économie chacun dans leur porte-monnaie. Le Vénérable lance l’enchère à 100 €. Le premier Frère attaque aussitôt.

– « 200 € pour moi »

« 100 € de mieux pour moi » lance le second Frère.

Puis, silence complet, plus personne ne parle et tout le monde se regarde.

Le Vénérable qui comptait tirer au moins 500 € de ce Plateau est surpris et déçu.

– « Allez ma Sœur, mes Frères, un petit effort, soyez fraternels, dites 400 € ! ».

La Sœur, comprenant rapidement que ses deux concurrents de Frères sont aussi fauchés qu’elle, sort sa botte secrète. Elle s’adresse au Vénérable :

– « Vénérable, je te propose donc 300 €, mais en prime… je te donne mon portable ».

Le Vénérable, qui est au fait de la valeur des choses, regarde aussitôt les deux autres et, d’un signe d’approbation, accepte l’offre comme monnaie d’échange. Le tour est joué, la Sœur emporte cet Office.

Arrive le moment d’encaisser. Le Vénérable s’approche de la Sœur fraîchement « nommée » Trésorier et vient chercher son dû.

– « Ma Sœur, il est l’heure de payer ta dette »

– « Ah oui, Vénérable, tu as raison, voici la somme promise ». Elle sort aussitôt ses trois billets de 100 € qu’elle remet au Vénérable.

Le Vénérable inquiet :

« Ma Sœur, tu as oublié, tu dois aussi me donner ton portable ? »

La Sœur étonnée de cet oubli s’exécute aussitôt :

– « Ah oui, excuse-moi, Vénérable, j’avais la tête ailleurs, alors tu notes… 06 45 25 65 74 !!! ».

Toute ressemblance avec des personnages ayant existé est purement fortuite bien évidemment !

Le siège vide

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Comme chaque année, en janvier, le Président de la République a invité les Grands Maîtres et Hauts Dignitaires de la Franc-maçonnerie française, accompagnés de leur conjoint.

Après le traditionnel discours annuel du Président et l’habituel cocktail dans les jardins de l’Élysée, tout le Monde prend place à table. Soudain, c’est l’étonnement général car entre le Président et le Grand Maître de la G∴L∴M∴U∴ (Grande Loge Mondiale de l’Univers), le siège est vide. Tout le monde se regarde et s’interroge.

Alors, sa voisine qui n’est autre que l’épouse du Grand Maître de la G∴L∴U∴M∴ (Grande Loge Universelle du Monde), se lance, afin d’assouvir sa curiosité.

– « Excusez-moi, Sérénissime Grand Maître, le siège entre le Président et vous est vide ? »

Alors, son très illustre voisin de répondre.

– « Écoutez très chère Madame, c’est la troisième année que le Président nous invite, et malheureusement mon épouse est décédée, donc vous comprenez… »

La femme est quelque peu gênée par la situation qu’elle a créée. Elle présente, bien évidemment, ses condoléances à son voisin veuf et reste silencieuse un instant… avant de reprendre.

– « Vous allez penser que cela ne me regarde pas, mais quand même, le repas annuel du Président !!! N’aviez-vous pas une Sœur Dignitaire de votre Obédience qui pouvait vous accompagner ? »

Le Très Respectable Grand Maître s’approche alors de sa voisine et lui répond :

– « J’aurais bien aimé… mais elles sont toutes parties à l’enterrement de mon épouse ! »

Peut-être, mais peut-être pas ?

Il existait, il y a fort longtemps, une Loge dans une contrée reculée de la France profonde, dont le Vénérable était, dit-on, un homme très sage. La Franc-maçonnerie avait poli son âme, au point que tous les Frères et toutes les Sœurs de sa Loge l’aimaient sans condition. Il les aimait toutes et tous, lui aussi. Durant sa vie maçonnique, il fut élu Vénérable Maître de cette Loge à trois reprises. On raconte une histoire le concernant.

Un soir de Tenue il arriva comme à l’habitude, le premier dans la Loge, pour aider les Apprentis à tout installer. Stupeur ! Tout le matériel de la Loge avait disparu, les décors n’étaient plus là non plus. Une catastrophe pour toutes les Sœurs et les Frères. Ils se demandaient bien ce qu’ils allaient pouvoir faire. Un par un, ils venaient voir leur Vénérable pour gémir et se plaindre.

– « Qu’allons-nous devenir Vénérable Maître, si nous n’avons plus de matériel, tout est fichu. C’est un très grand malheur ! ».

Invariablement, le Vénérable répondait à chacun avec un sourire fraternel et bienveillant :

– « Un malheur ? Peut-être… mais peut-être pas ? ».

Les Sœurs et les Frères, totalement désemparés par la situation pensaient que leur Vénérable, tellement choqué par la situation, avait perdu la tête.

Pour éviter de rester oisifs durant cette soirée, on se retrouva dans la salle humide et la Tenue fut remplacée par une soirée d’instruction générale. On prit le temps de se parler et de s’écouter. Les Apprentis et les Compagnons furent ravis de cette soirée improvisée et tout le monde se quitta heureux de ce moment passé ensemble. Tout le monde avait reçu son salaire.

Le lendemain, les Maîtres se retrouvèrent au Temple et à la grande surprise générale, tout le matériel était de retour avec un petit mot d’accompagnement.

– « Vénérable Maître et vous toutes mes Sœurs et mes Frères. Veuillez nous pardonner pour notre maladresse. Nous nous sommes trompés de casier et avons emprunté par mégarde tout votre matériel. Pour nous faire pardonner, notre Frère tailleur de pierre vous offre une magnifique pierre cubique à pointe faite à la main par ses soins. Sincères salutations fraternelles. Signé les Frères et Sœurs de « La Loge de l’Harmonie ».

Aussitôt, ce fut la liesse générale parmi les membres de la Loge. Chacun venait voir le Vénérable pour lui dire qu’il avait eu raison dans le fond. La mésaventure d’hier était une véritable chance. Invariablement, le Vénérable répondait à chacun avec un sourire fraternel et bienveillant :

– « Une chance ? Peut-être… mais peut-être pas ? ».

Effectivement, lors de la Tenue suivante, une Sœur Apprentie entreprit de soulever la pierre cubique qui avait été offerte peu de temps avant. Elle était nettement trop lourde pour elle. Elle glissa et tomba sur son pied en entraînant une douleur insupportable. Aussitôt, on la conduisit à l’hôpital. Le ballet des jérémiades reprit et chacun revint voir le Vénérable Maître :

– « Vous aviez raison la dernière fois, ce n’est pas une chance du tout cette pierre cubique, c’est même un malheur, un très grand malheur ! ».

Invariablement, le Vénérable répondait à chacun avec un sourire fraternel et bienveillant :

– « Un malheur ? Peut-être… mais peut-être pas ? ».

Les Sœurs et les Frères étaient une fois de plus décontenancés par l’attitude de leur Vénérable. Ils mettaient cela sur le compte de l’émotion. Ils savaient tous que leur Vénérable était attaché à ses Apprentis.

Le lendemain, en se rendant à l’hôpital pour s’assurer de l’état de santé de leur Sœur blessée, ils constatèrent tous que la peur avait été supérieure au mal. Ils furent tous rassurés. Cet incident aurait pu passer inaperçu si un évènement n’était pas venu changer le cours des choses. En effet, la voisine de chambre de notre Sœur blessée était elle aussi franc-maçonne. Mais dans sa vie profane, elle était chef d’agence d’une banque bien connue. Les deux Sœurs purent discuter une partie de la soirée, ce qui permit à notre Sœur d’obtenir un financement pour sa future maison.

Une fois informés de cette grande nouvelle, les Sœurs et les Frères de la Loge accoururent voir le Vénérable Maître.

– « Vous aviez raison la dernière fois, c’est une chance cette histoire d’accident, la preuve…! ». Ils racontèrent toute l’histoire au Vénérable qui restait imperturbable. Comme à l’habitude, il répondait :

– « Une chance ? Peut-être… mais peut-être pas ? ».

Alors le Frère Orateur, au nom de toute la Loge, pris la parole :

« Vénérable Maître, à chaque événement, bon ou mauvais, vous répondez toujours que c’est une chance ou un malheur… peut-être ou peut-être pas. Nous ne vous comprenons pas. Que voulez-vous dire ? ».

Avec sa bienveillance habituelle, le Vénérable pris la parole et répondit :

– « Lorsque l’architecte pose ses pierres, qu’elles soient bien ou mal posées, on ne peut pas prétendre qu’il s’agit d’une chance ou d’un malheur. Il faut voir le Temple dans son entier. Or personne ne peut jamais savoir, à part le Grand Architecte de l’Univers lui-même. C’est pourquoi, il convient de prendre ce qui arrive et de s’en émerveiller sans jugement positif ni négatif. »

Plus personne n’osa ajouter quoi que ce soit. Une chose était certaine, la Loge avait beaucoup de chance d’avoir ce Vénérable Maître pour la diriger. Tout le Monde le savait. Enfin, quoique… peut-être ou peut-être pas ?

Franck Fouqueray

Dis-moi à quoi ressemble ta Loge.

Juste avant l’ouverture des travaux, un Couvreur officie à l’entrée de sa Loge, lorsqu’un jeune Frère visiteur s’approche et lui dit :

– « Nous nous réunissons dans une Loge juste en face de la tienne et notre Tenue vient d’être annulée, Je ne suis jamais venu vous visiter, comment sont les Frères et les Sœurs de ta Loge ? »

Le couvreur, très sage lui répond par une question :

– « Comment sont les Frères et les Sœurs de la Loge d’où tu viens ? »

– « Assez égoïstes et peu fraternels en réalité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis content de vous visiter ce soir, dit le jeune Frère. »

Le couvreur répond :

– « Tu trouveras exactement les mêmes Francs-maçons ici. »

Le jeune Frère le remercie de sa réponse, puis il part ailleurs, en quête de la Loge idéale.

Cinq minutes plus tard, une jeune Sœur se présente à la porte et lui pose exactement la même question.

– « Nous nous réunissons dans une Loge juste en face de la tienne et notre Tenue vient d’être annulée, Je ne suis jamais venue vous visiter, comment sont les Frères et les Sœurs de ta Loge ? »

Le couvreur répond de même :

– « Comment sont les Frères et les Sœurs de la Loge d’où tu viens ? »

– « Ils sont bons, accueillants, honnêtes et Fraternels, j’y ai de bons amis. J’ai beaucoup de regrets que notre Tenue soit annulée, répond la jeune Sœur. »

– « Tu trouveras les mêmes Francs-maçons ici, répond le couvreur. »

Le Premier Surveillant, non loin de là, avait entendu les deux conversations. Il attend que la jeune Sœur s’éloigne, puis il s’adresse au Couvreur sur un ton de reproche :

– « Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la même question posée par deux Francs-maçons ? »

– « On trouve en Loge uniquement ce qu’on y apporte ! Celui qui ouvre son cœur change aussi son regard sur les autres, répond le Couvreur. Chacun porte son univers dans son cœur. »

Adaptation de Franck Fouqueray – Ma Franc-maçonnerie mise à nu… pour les profanes (Editions LOL – 2016) www.ma-franc-maconnerie.com

Comment se manifeste l’orgueil du franc-Maçon ?

A la gloire du G.A.D.L.U., mes B.A.S. et mes B.A.F. en vos degrés et qualités, par tous les nombres qui nous sont connus

Pourquoi aborder ce thème, qui semble plus relever de la sociologie que de la maçonnerie, de surcroît, dans une loge où le travail sur le symbolisme prime avant tout ?
La réponse est simple : « L’orgueil est au maçon ce que le mirage est au désespéré qui erre dans le désert ». C’est une nécessaire et irrésistible illusion. Il convient donc d’en devenir le maître par un travail acharné au risque d’en demeurer un esclave soumis.

Nous le savons tous, dans la loge, tout est dualité :

– soleil / Lune –
– Blanc / Noir du pavé –
– Midi / Minuit –
– Zenith / Nadir –
– Orient / Occident –
– Septentrion / Midi –
– Colonne J / B –
– Epée / Canne –
– 1er surv. / Sec. Surv – Etc.

On peut donc en déduire que l’orgueil, lui aussi à son binôme, c’est une réalité. Il se nomme humilité. Ce terme grec plus connu sous le nom de « humus », la terre, celle que nous avons quasiment embrassé au passage de la porte basse, lors de notre initiation.

Revenons à l’orgueil pour mieux le définir. Je demande à Henri Bergson de le faire à ma place :

« Il y a une différence entre l’orgueil et la vanité. L’orgueil est le désir d’être au-dessus des autres, c’est l’amour solitaire de soi-même. La vanité au contraire, c’est le désir d’être approuvé par les autres. Au fond de la vanité, il y a de l’humilité; une incertitude sur soi que les éloges guérissent. ».

Bergson nous dit bien que l’orgueil, c’est la comparaison à l’autre. Certainement pas pour se nourrir de lui et grandir, mais pour l’annuler afin de nous rassurer dans nos peurs fondamentales. L’orgueil est une manifestation de la schizophrénie, c’est dire à l’autre : « j’ai besoin de toi pour que tu me reconnaisses », mais en même temps, lui dire aussi : « je te nie pour ne pas perdre ma place d’élu, celui qui est le plus aimé ».

Ainsi, tout mon propos va reposer sur le principe suivant : « les ténèbres n’existent pas en tant qu’entité, elles ne résultent que d’une absence de lumière. Au même titre que le froid est une absence de chaleur ». Il m’apparait donc que l’orgueil est une absence d’humilité. Si l’humilité c’est la terre, le solide, le concret, son antithèse est donc caractérisée par la vacuité ou l’illusion.

Le maçon qui a grandi selon les étapes conventionnelles de la F:.M:. (apprenti, compagnon et maître), celui qui a étudié les symboles et les a intégré, pour leur donner un sens dans le quotidien et dans la fraternité, il devient semblable au fil à plomb. Il est posé, aligné, il est juste et il occupe sa place à lui, les deux pieds dans la terre. Il ne cherche pas à prendre la place de son voisin. Il ne cherche pas à être considéré plus qu’il ne se perçoit, il EST tout simplement.

En revanche, le maçon qui est passé à côté de la réelle intensité des épreuves initiatiques, il sait très bien qu’il lui manque des morceaux, des parties de son ensemble personnel. Il n’est pas entièrement rempli de lui-même et ce manque l’amène à intellectualiser, à fantasmer avec son mental. Alors, il pense ! Il réfléchit, il trouve des réponses dans le registre de la logique. Il argumente et surtout, il s’agite. Il créé des perturbations, car ce qu’il est dans son essence profonde, nous parle beaucoup plus sur lui que ce qu’il nous dit avec ses mots ou gesticulations stériles.

Alors, les débats d’idées, les rivalités apparaissent. Comme le disait Auguste Comte : « L’orgueil nous divise encore davantage que l’intérêt. ». Le maçon devient incapable de rassembler ce qui est épars, car il est désormais dans la séparation, la division et surtout dans la discrimination de toutes choses. Le masculin et le féminin ne sont plus les deux côtés d’une même pièce, mais deux genres humains distincts qu’il convient de placer en dualité voire en conflit. Les apprentis deviennent alors pour lui des petits débutants. Les compagnons sont des sans grades qu’il humilie facilement et tous les autres maîtres des rivaux qu’il faut surpasser au plus vite. Ce type de maçon devient fier de son tablier et de ses promos au sein de la loge. Certains vont même jusqu’à penser que les plateaux sont une reconnaissance, une forme de grade. Cela doit être vrai, car lors des distributions de plateaux en début d’année, nous entendons en fin de tenue d’autres frères ou sœurs venir les féliciter pour leur nouvelle nomination. Réfléchissons un peu, la seule félicitation possible, c’est celle qui doit intervenir en fin d’année, quand le travail a été bien fait par l’officier.

Antoine de Rivarol au 18ème siècle avait dit : « Il faut faire mourir l’orgueil sans le blesser. Car si on le blesse, il ne meurt pas. ». En effet, l’animal est coriace. Plus il est touché, plus il gonfle. Il est déconnecté de la réalité des choses, il n’a aucun contact avec son voisinage, je parle de l’intelligence du cœur ou celle de la raison. Nous connaissons tous des êtres érudits ou très cultivés, pourtant totalement remplis d’un orgueil qui tentent désespérément de les maintenir au dessus des autres, comme si les autres pouvaient les diluer. Je connais même une catégorie d’orgueilleux qui surpasse toutes les autres. Ils se nomment les modestes. Comme l’a écrit la Rochefoucauld dans ses pensées : « La modestie est le plus haut degré de l’orgueil ». Ne confondons pas humilité et modestie. Jules Renard l’a écrit : « Sois modeste ! C’est le genre d’orgueil qui déplaît le moins ».

J’aimerais maintenant vous parler d’une autre catégorie d’orgueil. On l’appelle « L’orgueil spirituel ». Son représentant est un élu. Il est l’Ambassadeur du Grand Architecte sur terre. Il est en connexion directe avec lui. Il a reçu des super pouvoirs. Il se fait un point d’honneur à être le leader incontesté de la pratique du rituel. Il peut vous montrer la liste de ses titres et distinctions… en résumé, il raconte avec une fausse modestie que son parcours maçonnique l’a rendu meilleur. Il peut-être même condescendant. Celui-là est assez dangereux, car il avance sournoisement avec le masque du maçon qui ne travaille que pour vous et que sa propre vie ne l’intéresse pas. On lui donnerait le bon Dieu sans confession. Enfin quand je dis bon Dieu, je voulais dire le G.A.D.L.U. !

Pour paraphraser Auguste Detoeuf, je dirais que : « Les maçons se répartissent naturellement en trois classes : les vaniteux, les orgueilleux et les autres. Mais je n’ai pas encore rencontré les autres ».

Cette affirmation volontairement provocatrice n’a pas pour but de blesser qui que ce soit. Je veux seulement affirmer que nous sommes tous, et moi le premier, pourvu de cette fonction propre aux humains. Comment vivre avec ce sentiment et l’utiliser comme une boussole qui nous montrerait la mauvaise route afin de nous aider à trouver la bonne ?

Tout d’abord, comprenons bien que « Ce qui nous rend l’orgueil des autres insupportable, c’est qu’il blesse le nôtre. ». Alors, si nous utilisions justement cette réaction courante pour travailler sur notre propre Orgueil ? Imaginons simplement qu’à chaque fois que nous ressentons ce sentiment d’agacement au contact d’un orgueilleux, c’est notre propre orgueil qui est touché. Pourquoi ne pas essayer d’être dans la gratitude et de remercier ce partenaire involontaire avec son orgueil, pour nous aider à nous affranchir du notre. Au delà de l’aide que nous apporterions à ce maçon qui à besoin de briller plutôt que de rayonner, nous pourrions enfin devenir un exemple et surtout, nous pourrions enfin quitter le monde infernal de la comparaison pour ETRE.

Les initiations maçonniques sont une suite de dissolutions et de coagulations ou, si vous préférez, une suite de déstructurations et de reconstructions qui permettent la transmutation au sens alchimique du terme et invitent le franc-maçon à passer de l’Œuvre au noir à l’Œuvre au rouge. C’est le solve et coagula, le « dissous et coagule » des alchimistes. Si seulement, nous osions prendre notre orgueil comme antimoine, cette matière première, pour tenter d’en faire une pierre philosophale, alors nous pourrions produire une essence d’humilité qui serait un parfum d’humanité comme nous aimons le sentir dans nos loges.

Pour conclure ce travail, je citerai une pensée de Thich Nhat Hanh, ce sage qui se bat actuellement contre la mort pendant que je vous lis mon travail : « L’humanité souffre de 3 complexes, le complexe de supériorité, le complexe d’infériorité… et le complexe d’égalité ». Vous l’avez tous et toutes compris, cela nous ramène au « Deviens qui tu es » de Nietzsche et surtout à notre « Connais-toi toi-même… » qu’on nous cite lors de notre arrivée en loge. En fait, je le constate trop souvent, les vrais problèmes d’orgueil naissent au moment où on nous revêt de notre tablier de maître. Car pour certains, ce tablier devient alors un paravent qui nous sépare, plutôt qu’une passerelle qui nous relie.

Franck Fouqueray

Une franc-maçonnerie sans symboles est elle viable?

A la gloire du G.A.D.L.U., mes B.A.S. et mes B.A.F. en vos degrés et qualités, par tous les nombres qui nous sont connus

Il existe une confusion courante entre le symbole et le signe. Pour certains, il s’agirait même d’un synonyme. Il n’en est rien du tout, car les deux ont des fonctions totalement différentes, même si elles sont parfois complémentaires. Le signe sert avant tout d’indicateur. Son objectif est de nous guider sur la voie de l’information. Son origine étymologique indo-européennes nous conduit au verbe « suivre ». Pour résumer, disons que les chiffres, les lettres, les panneaux de circulation, les devises… sont des signes. Alors j’entends d’ici quelques uns me dire, mais alors le 3, le 5 et les 7 c’est quoi ? Vous connaissez déjà la réponse, ce ne sont pas des chiffres… mais bien des nombres, ils sont mêmes mystérieux selon notre Rituel que tout le monde a entendu tout à l’heure.

Même s’ils nous indiquent la direction d’un lieu sacré, les signes demeurent des représentations généralement profanes. Prenons quelques exemples : les mots de passe en maçonnerie, le serment au tribunal « Je le jure », etc. sont des preuves du caractère sacré de certains signes. Pourtant, même si certains de ces signes sont porteurs d’une forte « signification », ils ne recèlent en eux-mêmes aucune essence, ils n’existent que pour remplacer les mots pour le dire.

Parlons maintenant du sujet qui nous concerne : le symbole.

Dans toutes les Loges maçonniques, on voit  entre autres symboles, l’équerre et le compas. En dehors de la Loge, on trouve la croix du Christ, l’étoile de David, le logo de Nike ou celui de Mc Donald. Même s’il est vrai, je vous l’accorde, que les deux derniers occupent la fonction de symbole lorsqu’ils sont porteurs des valeurs de la marque  et de signe lorsqu’ils sont placés sur le bord de la route pour indiquer le prochain magasin. Quant au compas, symbole du ciel, de la spiritualité ou de l’infini chez le maçon, ce compas n’invite pas à une action extérieure, mais plutôt à un mouvement intérieur : une introspection. Nous touchons là au cœur de la question maçonnique.

Pour mieux comprendre, retournons à la source du mot « symbole ». Il est issu du grec ancien « sumbolon » qui signifie « mettre ensemble », « joindre », « comparer ». Dans la Grèce antique, le sumbolon était le nom donné au morceau de poterie volontairement cassé, que deux contractants utilisaient pour servir de preuve de leur entente. Lorsque les deux personnages se retrouvaient un peu plus tard pour liquider la dette, chacun fournissait son morceau de poterie, qui devait parfaitement s’emboiter dans celui de son partenaire. C’était la reconnaissance d’une volonté commune entre deux personnes.

Pour faire simple, le symbole est là pour rassembler et réunir. « Rassembler ce qui est épars ». Il s’agit bien là du travail sur l’unité.

Si nous parlons d’unité, nous devons aussi parler de division qui est le contraire du symbole. Le mot qui traduit son opposé est le mot « diable », le diabolo est donc ce qui divise, ce qui sépare, ce qui désunit !!!

Les religions ont ensuite remplacé le mot Symbole par celui de Dieu, afin de l’opposer au Diable, puis le Diable par Lucifer (le fameux porteur de Lumière, l’ange déchu). Tout cela pour mieux asservir les fidèles et créer une malsaine confusion grâce au glissement sémantique.

La réalité est qu’il existe deux forces antagonistes, d’un côté la force diabolo, celle lunaire qu’on retrouve sur le septentrion, ce mot issu du Latin, les 7 bœufs de labour car le maçon ne doit-il pas labourer sa terre pour se cultiver ?

De l’autre côté, nous avons le sumbolon sur la colonne du midi qui réunit car tel qu’expliqué dans nos rituels, le midi est l’heure où l’ombre portée est la plus courte, pour cause de verticalité et d’unité du Soleil bien entendu !

Regardez bien d’ailleurs, notre S :. Maître des Cérémonies, elle possède la canne et ouvre la voie, son opposé de Loge, notre F :. Expert, il possède l’épée. Chez les égyptiens, le pharaon avait  un fouet dans la main droite, la main qui donne, (appelé flagellum), il s’agit de l’épée de l’Expert. Le sceptre de gauche, la main qui reçoit, il avait la forme du crochet (appelé Heka). Car le pharaon devait avec le crochet attirer et guider son peuple de l’avant et avec le fouet le pousser de l’arrière. C’est la canne de notre S:. MdC qui remplace le crochet et l’épée de notre F :. Exp :. qui remplace le fouet. L’union des deux constitue le mariage des contraires, le feu et l’eau, le jour et la nuit, le masculin et le féminin…

Pourquoi ce petit rappel symbolique me direz-vous ?

Juste pour confirmer que toute la Loge n’est que symbole et rien de ce que nous y faisons n’est neutre, car nous baignons totalement dans les énergies qui émanent de ces symboles. Nous venons ici pour nous Initier, c’est-à-dire commencer le chemin de la voie intérieure et si nous continuons le travail c’est pour trouver l’égrégore. Certains ici, pensent que cet égrégore est une forme d’esprit collectif de type Jungien, il n’en est rien du tout c’est totalement erroné et c’est méconnaître le sens symbolique du mot. La maçonnerie n’est pas un ersatz de football avec un esprit d’équipe. Elle n’est pas non plus une thérapie qui nous permettrait de nous réparer des bobos de l’âme et encore moins un centre de formation ou nous devrions apprendre des techniques ou adhérer à une idéologie. Je sais que je vais choquer quelques SS :., mais loin de moi tout désir de blesser, en affirmant que la Franc-maçonnerie est justement le contraire du coaching, car si le coach est le digne héritier des cochers, celui qui conduisait sur la route leur client dans des coches, le maçon quant à lui chemine absolument seul en utilisant fraternellement les autres pour grandir. Il fait son « Pas Sage » dans un vide qu’il doit apprendre à aimer et personne ne peut l’accompagner, ni coach, ni jumeau, rien que lui-même.

Comme je le disais, le mot égrégore n’est donc pas le signe d’un esprit partagé par la bienveillance collective, puisqu’il trouve son origine dans le grec égrègoraô  qui signifie « faire lever », « éveiller », « réveiller ». Une fois de plus nous nous trouvons dans la notion d’unité, de fil à plomb et de rectitude mais en aucune manière dans la notion de réunion collective ou d’esprit partagé.

C’est pourquoi, mes SS :. et mes FF :., je vous laisserai la parole à l’issu de mon travail, et j’aimerais qu’un de vous puisse m’expliquer comment une Franc-maçonnerie travaillant sur des sujets intellectuels, traitant du social, du culturel, du scientifique ou même du spiritisme par la voie de la réflexion ou de l’analyse pourrait-elle mener à l’unité et à l’éveil. Cette méthode mentale est un encouragement à la division, au diabolo. Car le lundi toute la Loge est en accord après avoir âprement débattu pendant  2 heures sur la Laïcité ou la fin de vie et le mois suivant on remet cela sur les OGM avec des intervenants dont les connaissances sont incomplètes, pour ne pas dire superficielles. Je vous le demande, même si l’exercice est fortement distrayant, en quoi, ce genre de travail mental créé-t-il de l’unité en soi pour mener à la Sagesse ?

Il ne me viendrait pas à l’idée d’imposer aux 175 000 maçonnes et maçons gaulois l’obligation de pratiquer une maçonnerie symboliste car, une bonne partie donnerait sa démission immédiatement pour cause d’incompréhension et d’incompatibilité. Chacun doit donc pratiquer la maçonnerie qu’il est en mesure de supporter et de comprendre. En revanche, il serait fort utile que la médiocrité de certaines de nos pratiques, ne tire pas vers le bas l’ensemble de notre Art Royal, de manière à ce que notre recette ne suive pas le même chemin que celui de l’église catholique, qui peu à peu s’est vidée de son sens symbolique pour devenir un simulacre de spiritualité qui ne tient plus que par ses dogmes et ses souvenirs du passé.

Il serait donc utile que les Maîtres, porteurs de la connaissance maçonnique, par l’exemplarité de leur attitude, transmettent le message et le sens profond de notre pratique, afin que chacun puisse un jour déclarer : « j’ai le sentiment chaque matin de cheminer sur la voie de l’égrégore. Car je sens cet alignement en moi qui me rapproche de mon essence et me relie à celle des autres. »

Alors oui dans ce cas, nous pourrons affirmer que le maçon travaille à l’amélioration de l’humain et de la société, car chaque F :. ou S :. devenu libre, sera un ambassadeur de l’Univers et un témoin qui confirmera qu’il est possible d’avoir les pieds sur terre, la tête dans les étoiles et les mains unies dans une chaîne d’Union universelle avec tous les Humain, maçons ou pas !

J’ai dit Vénérable Maître.

14 mars 2016

Les secrets de la substitution en Franc-Maçonnerie

A:.L:.G:.D:.G:.A:.D:.L:.U:. et vous toutes mes SS:. et mes FF:. en vos grades et qualités.

Nous nous limiterons aujourd’hui au travail du premier degré, même si ce sujet semble prédestiné aux grades supérieurs. Tout d’abord, je voudrais commencer cet exposé par une histoire qui me semble bien résumer l’évolution du travail en franc-maçonnerie :

Un homme d’une vingtaine d’années se promène sur un boulevard, découvre à droite une petite ruelle et l’emprunte. Il y a un porche à quelques mètres et sous ce porche un agresseur est caché. Au passage de notre homme, il l’attaque, le met KO et lui vole son portefeuille en prenant la fuite. Notre homme se relève, se soigne et va ensuite s’inscrire dans un club d’art martiaux où il pratique durant 20 ans.

Un jour, il repasse par ce même boulevard, vois une petite ruelle à droite et l’emprunte à nouveau. Il y a toujours le même porche et le même agresseur qui attend ses victimes. Lorsque notre héro est attaqué, cette fois, il se défend et règle son compte à l’agresseur grâce à ses techniques martiales. Il en profite ensuite pour récupérer son portefeuille volé 20 ans plus tôt et reprend sa route. Il continue aussi la pratique des arts martiaux pendant encore 20 ans.

Et puis un jour, il y a 60 ans, il se promène sur le boulevard, il voit une petite ruelle à droite, il passe devant. Il ne sait pas pourquoi, une petite voix l’invite à continuer son chemin. Il tourne la tête et change de trottoir pour rentrer chez lui tranquillement.

Cette allégorie en 3 tableaux symbolise parfaitement le travail maçonnique. Lors du premier tableau, on pense être la victime d’un agresseur, c’est injuste. Dans le deuxième tableau on pense avoir évolué en nous réparant par la vengeance. Nous croyons alors être mieux que l’agresseur, c’est plus acceptable moralement. Mais en réalité, nous sommes toujours dans la confrontation. Même si nous croyons en sortir victorieux, nous sommes toujours une des deux extrémités de la même histoire de cette violence que nous sommes certains de fuir. Dans le troisième tableau, la paix et l’harmonie règnent. Il ne se passe rien de particulier, car notre essence n’est plus obligée de se frotter au chaos pour grandir. On peut sans difficulté saisir le parallèle avec la franc-maçonnerie. J’aimerais partager avec vous une pensée de la sagesse amérindienne : « La paix n’est pas l’absence de conflit. Il s’agit plutôt de notre capacité à faire face à ce conflit avec harmonie et justesse ». Nous pensons trop souvent à tort que notre travail maçonnique doit nous conduire dans un état de divinité lumineuse, en quasi lévitation. C’est une illusion, le monde des bizounours n’existe que pour les enfants. Notre sagesse vient selon moi du sens que nous donnons à chaque événement vécu.

Dès notre entrée en loge, nos rencontres avec nos FF:. et SS:., nous permettent de créer des liens, un peu comme dans notre histoire. Il arrive parfois qu’on soit agacé, qu’on soit aussi parfois agaçant et puis il y a des cas où rien ne se passe et tout va bien… c’est l’harmonie.

Dans les deux premiers cas, cela peut susciter un travail vers l’extérieur, pour forcer indirectement l’autre à devenir conforme à ce que nous jugeons être “normal”. Il existe aussi la possibilité d’envisager un travail d’introspection, afin de se réconcilier avec sa violence intérieure et arriver enfin à ne plus pénétrer dans ces petites ruelles dangereuses qui nous attirent inconsciemment pour leur violence. Car soyons lucides, lorsqu’il y a violence entre deux acteurs d’une scène (agresseur / agressé), il y a bien rencontre pour une même histoire, avec deux humains concernés par la violence. Un est émetteur et l’autre est récepteur, mais ils sont tous deux en vibration de cette même violence. De vous à moi, combien d’entre nous, sommes capables de nous remettre en question lorsque nous croyons être victimes, juste en travaillant sur nous pour changer notre futur ?

Cette question est fondamentale : combien de maçons, parmi les 150 000 qui pratiquent en France, recherchent concrètement un travail personnel sur leur pierre ? Tout le monde sait ce que le voisin doit changer, mais combien peuvent faire réellement un travail d’introspection ?

Ne nous voilons pas la face, même si chacun de nous vient pour trouver la lumière et la fraternité, dès que le premier dérangement survient… nous faisons comme l’éléphant. Tout petit il est attaché avec une corde et un pieux au sol. Il va tirer, une fois, mille fois… sans succès. Puis un jour il renoncera. Une fois adulte, il pourrait tirer avec succès, mais il n’osera jamais se libérer. Il reste attaché à sa corde mais surtout à ses vieux schémas, son monde connu. Pour ce qui est de notre travail maçonnique, il en est de même, on oublie facilement les belles théories. On se comporte au dedans comme au dehors et les frontières de la sagesse disparaissent assez rapidement. Les exemples ne manquent pas. Pour les uns, la frustration viendra d’un plateau ou d’un office qui nous échappe. Pour d’autres, ça pourra être pour un tablier ou un grade mérité, mais attribué à un autre. A une échelle plus grande, on l’a vu récemment, il peut s’agir du grand maître qui sème la zizanie dans l’obédience et à une échelle plus petite, deux candidats qui s’affrontent pour un maillet.

Nous voyons alors apparaître dans la loge, une fusion des matériaux. L’athanor, sous l’effet du feu des passions transmute les métaux et transforme des hommes et des femmes habituellement très fraternels en ennemis jurés. La rencontre brutale des passions renvoie à la case départ toutes ces bonnes volontés. Tout ce que la maçonnerie nous enseigne disparait alors comme par enchantement. On peut donc considérer sans risque d’erreur que le travail mental en maçonnerie, comme dans le reste d’ailleurs, ne mène nulle part. Le vrai travail se trouve dans des couches nettement plus profondes de la conscience ou de l’âme.

Parmi les moyens d’évolution, il est un sujet à travailler, celui sur la substitution. D’où, le thème de ce travail aujourd’hui. : « Les secrets de la substitution en Franc-Maçonnerie »

Tout d’abord qu’est-ce que la substitution ? La définition nous dit qu’il s’agit de : « mettre une personne, ou une chose, à la place d’une autre. Et en quoi ce travail peut il donc nous aider dans notre évolution maçonnique ? »

Regardons autour de nous, nous avons des équerres, des règles, des compas, des tabliers, un soleil, une lune, des maillets…

Chacun sera d’accord avec moi, aucun de ces objets n’a d’utilité opérative en tant que tel. Il s’agit exclusivement de symboles spéculatifs. Tous étant porteurs de sens et de valeur. On peut donc affirmer que leur utilité réside dans ce qui ne se voit pas, ce qui est donc invisible… voir absent !

Continuons la démonstration, nous travaillons ici sur un rite égyptien. Chacun de nous connait donc parfaitement le « mythe osiriaque ». Dois-je le rappeler ? (raconter la légende si besoin)

Dans ce mythe, une femme immaculée enfante d’un Dieu. Ce dernier, aimé de tous, est ensuite tué par un groupe d’humains. Son corps disparait puis réapparait sous une autre forme, mais avec une essence régénérée pour donner la vie à nouveau. Le parallèle est proche avec l’histoire du christ tout le monde l’aura compris.

Dans le cas d’Osiris, la renaissance s’effectue sous la forme d’Horus, son fils, qui naitra grâce aux efforts d’Isis sa femme (sœur). Ainsi, Horus est appelé le petit Osiris. Il va devoir cependant affronter les forces du mal et de la matière en combattant Seth, son oncle qui a assassiné son père. Au final, il s’agit d’un substitut du dieu initial. Notez au passage qu’on parle bien de renaissance et non de résurrection. On assiste à une transmutation et non pas une transformation.

Ainsi, vous conviendrez avec moi que nous travaillons sur des objets qui ne nous servent pas pour ce qu’ils sont, sur un Dieu remplacé par son fils, puis en loge je suis avec des frères ou des sœurs avec lesquelles je peux m’accrocher à tout moment. Rien de ce que je crois ou de ce que je vois n’est-il donc réel ? Tout ceci n’est pas très rassurant quand même, surtout si on démarre un travail initiatique !

Comme le dit le célèbre Mulder dans une série TV non moins célèbre, “la vérité est ailleurs”. Alors ou se trouve t’elle ?

Comme nous pouvons le comprendre avec les mythes et les légendes, ou encore, en regardant nos symboles de loge, c’est par l’absence et l’extraction de l’essence cachée, que se révèlent à nous la compréhension ressentie du travail maçonnique. Pour prendre un parallèle assez éloquent, c’est en quelque sorte grâce à la pierre posée sur la tombe du défunt, que nous pouvons mieux effectuer notre travail de deuil. L’absence de l’être aimé se cristallise dans la pierre, devenue porteuse de la valeur amour. La pierre se substitue alors à la personne disparue. Pourtant cette pierre n’est pas la personne, et pire, le corps au dessous, n’est plus la personne non plus ! Où est donc l’être que nous pleurons ? (accessoirement je rajouterais même « qui pleure qui », mais ne nous égarons pas dans des taquineries intellectuelles)

Prenons un autre exemple concret, le sautoir du second surveillant qui est reconnaissable à son fil à plomb. La loi de la gravité nous amène instinctivement à prendre conscience du mouvement ciel > terre et de la verticalité, signe que l’on retrouve dans le symbole féminin de vénus qui est bien descendant.

Continuons maintenant avec le sautoir du premier surveillant avec son niveau à plomb, qui pour sa part représente plutôt mars, l’horizontalité, le masculin.

Rapprochons les deux lignes et nous avons une équerre à 90°, comme celle du vénérable. Si nous croisons nos deux lignes, on obtient une croix c’est à dire 4 équerres, soit 360°. Nous sommes donc en présence non pas de signes qui nous indiquent une direction, mais plutôt de symboles qui portent un sens et par conséquent, produisent un effet. Or, l’effet produit résulte non pas du symbole lui-même, mais bien de la substitution. Car l’équerre seule n’aurait aucun effet si elle ne recelait pas un message, une essence qu’il convient de décoder. Je vais revenir plus en détail sur ce principe.

Prenons un peu de recul et raisonnons maintenant par l’absurde. Intéressons-nous à un symbole totalement vide de sens et d’effet : le petit LU (le gâteau de chez Lefèvre Utile). Tout le monde le connait ? Vous ne le savez peut-être pas, mais il est très symbolique. Il a 4 oreilles qui correspondent aux 4 saisons, il a 52 dents qui correspondent aux 52 semaines et vous pouvez vérifier, il y a aussi 24 trous au centre qui correspondent aux 24 heures. Pourtant, je peux vous assurer qu’en restant une année durant en prosternation devant un petit LU, il ne se passera rien.

Quant à l’équerre que l’on retrouve dans la mise à l’ordre, le signe pénal, le pas d’apprenti, et même la prise de parole à trois personnages en loge… elle est bien porteuse d’un sens concret. Essayons de voir de quelle substitution il pourrait bien s’agir.

Je vais vous aider à me suivre dans cette logique. Imaginez une ligne de temps. Chaque trait sur la ligne symbolise une seconde. Posez sur cette ligne notre fameuse équerre pour représenter la seconde présente dans sa verticalité, bien enracinée dans la terre. Grâce à une télécommande magique fournie par le Dieu Chronos, arrêtons le temps quelques instants. Cette seconde est donc le “ici et maintenant”. La seconde d’avant est déjà morte, nous devons en faire le deuil. Elle a transmuté et se trouve désormais contenu dans la seconde du présent.

Quant à la seconde d’après qui n’est pas encore née, nous devons faire le deuil de son espoir. Car il est possible qu’on ne la voit jamais ? La seule seconde qui soit réelle et digne d’intérêt, est bien celle du moment actuel. Celle qui symbolise le présent. Notre équerre peut donc maintenant se charger du sens de la seconde immédiate, tout en conservant, bien vivante, la mémoire ou le potentiel, des deux autres secondes (passée et future). Comme le rappelle d’ailleurs notre rituel, nos travaux débutent à midi, l’heure de la verticalité absolue, celle du présent.

Nous voyons bien dans cette scène, un exemple d’histoire de substitution derrière le symbole. Je n’en dirai pas plus pour ce soir. Car maintenant, il s’agit avec votre âme de maçon de vous laisser toucher par toutes les substitutions qui nous entourent et de laisser agir ce principe en vous afin de l’extrapoler.

Une bonne planche étant une planche qui suscite plus de questions que de réponses, il me semble urgent de rendre la parole.

J’ai dit

Le voyage symphonique des symboles

Quelle drôle d’idée que cet assemblage de mots : Voyage, Symphonique et Symboles. Pourtant leur lien étymologique coule de source.

Le voyage est à la base de notre Initiation. Son origine latine « viaticus » nous fait entendre très clairement la racine « via », qui signifie voie. Or l’initiation est bien le début de la voie, ou si vous préférez du chemin. Puis, souvenons-nous qu’un voyage ne devient complet que lorsqu’on a effectué un aller et un retour. Il s’agit donc bien là, de l’accomplissement intégral d’un cycle.

Parlons maintenant de Symphonie et de Symboles. Vous l’avez remarqué, leur racine grecque est commune : « Sym ». Elle signifie « ensemble », « rassembler », « unir » !

La Symphonie représente le rassemblement phonique, l’union des sons et des vibrations.

Le « Symbolon » quant à lui, représente le rassemblement de deux morceaux de poterie volontairement brisés pour preuve d’une entente entre deux personnes.

Le son de la Symphonie nous fait naturellement penser au fameux verbe créateur, la vibration initiale, l’origine de toutes choses et de tous êtres dans notre Univers ?

Quant à l’harmonie qui résulte d’un contrat entre deux êtres, par le « Symbolon », elle se nomme précisément « entente ». Quelle coïncidence que d’associer le sens de l’ouïe pour représenter un lien contractuel entre des humains.

Nous n’en sommes qu’à la première minute de ce travail, pourtant les neurones dansent. Elles s’agitent déjà et s’échauffent par la percussion des mots et des idées.

Ma proposition est de vous inviter à un voyage aller-retour dans la Loge au travers de ses symboles. Car si elle est ornée de tous ces objets chargés de notre culture, c’est uniquement pour composer une symphonie, destinée à nous faire retrouver la vibration initiale de notre univers. Ce son pur que nous tentons désespérément par des agitations stériles de retrouver pour vivre l’harmonie et sentir l’Amour inconditionnel.

Dans le fond, le but de tout notre travail en Loge, c’est de sentir en écho notre propre musique intérieure. Ce rythme universel synchronisé, qui nous berce depuis tellement longtemps que nous avons fini par l’occulter. La conscience dont il est question dans  notre Rituel, lorsqu’il est dit «  C’est par la conscience que l’Homme est relié au divin », ne serait-ce pas précisément cette harmonie musicale qui rend juste et parfaite la matière qui nous entoure et qui n’est en réalité, que de l’énergie en action, vibrant à une fréquence plus basse, tel un instrument plus rapide que les autres.

Certains considèrent que pour accomplir ce voyage, nous pouvons régulièrement faire des escales en nous égarant, nous séparant, sur des sujets de div…ertissement donc de div… ersion qui nous conduisent en définitif sur le chemin de la div…ision.

Le maçon qui veut retrouver son unité symbolique n’a pas d’autre choix que de rester attaché au mat et ne surtout pas succomber au chant des sirènes. Le mat représente d’ailleurs le centre en mouvement et les sirènes autours la division que nous retrouvons dans l’opposition de la Lumière et des Ténèbres.

Si la Franc-maçonnerie s’est développée durant les trois derniers siècles, c’est parce que son rythme, ou son mouvement (tiens, encore deux mots issus de la musique) étaient plus rapides que celui de notre société conservatrice de l’époque. Elle s’est donc positionnée devant comme un chef d’orchestre. Elle conduisait la société selon un principe d’attraction, comme une locomotive.

Mais depuis le siècle dernier, pour nous affranchir de la mort, pour nous donner une illusion d’immortalité, nous sommes devenus des apprentis sorciers de la technologie. Si celle-ci permet d’ajouter des années supplémentaires à la vie, elle ne donne pas pour autant plus de vie aux années. En revanche, nos sciences modernes accélèrent bien le tempo de notre quotidien de manière totalement frénétique. Les humains pensent ainsi qu’ils doivent s’adapter et courir à côté de leurs machines affolées. L’humain du XXIème siècle, n’a jamais vécu aussi vieux. Il n’a jamais vécu dans un monde aussi pacifique, aussi harmonieux et solidaire, quoi qu’en disent les média dont le fonds de commerce est de singer Cassandre en portant les mauvaises nouvelles et en les fabriquant au besoin si leur noirceur est insuffisante. Pourtant, l’Humain de ce siècle a peur. Il est muré dans sa grotte où il croit voir la vraie Lumière au travers de ses écrans de pseudo-contrôles… au déni du rythme vibratoire réel qui l’obligerait à sortir. Et il bouge, il s’agite jusqu’à tomber, jusqu’à s’oublier. Il gesticule sans même entendre les musiques extérieures, il a sombré dans la folie.

La Franc-maçonnerie n’échappe évidemment pas à cette démence. Quelques grandes maisons maçonniques montrent même l’exemple. Elles entrent dans cette transe et accélèrent le tempo de nos travaux ou nous distraient avec des sujets divertissants. Tels des jardiniers qui tireraient frénétiquement sur leur bien-aimée plante pour la faire pousser plus vite. En résumé, pour masquer notre trouille de la mort, nous nous agitons avec le mental. Là où la sagesse devrait précisément nous conduire à nous pondérer, notre peur nous entraine hors du rythme naturel pour se caler sur cette danse arythmique qui nous éloigne de notre rectitude. Nous éloigne de nous-même, tout simplement.

Le dictionnaire nous enseigne qu’une symphonie est une composition instrumentale savante de proportions, comprenant plusieurs mouvements, et faisant appel aux ressources de l’orchestre. C’est généralement une opposition entre la musique vocale et la musique instrumentale au profit de cette dernière. En somme, l’ensemble des symboles de la Loge représente une composition géométrique instrumentale.

Le Serbe Nikola Tesla  avait affirmé en son temps «  Si vous voulez trouver les secrets de l’univers, pensez en termes d’énergie : fréquence et vibration. ». Quant à Albert Einstein, son propos était le suivant : «  Ce que nous avons appelé matière est l’énergie, dont la vibration a été hautement réduite afin d’être perceptible par les sens. Il n’y a pas de matière. »

Ecoutons maintenant comment cet ensemble génère sa création vibratoire, pour ensuite influencer le maçon et le ramener à sa musique primordiale.

Commençons par le collège des officiers. D’après Plutarque, chaque note est en relation avec une planète. Ainsi, il existe une musique des sphères, tel que l’ont découvert ensuite l’astronome Johannes Kepler,  puis le philosophe Isaac Newton au XVIIème siècle.

Vénérable Jupiter – Jeudi SOL
Premier Surveillant Mars – Mardi FA
Second Surveillant Vénus – Vendredi RE
Orateur Soleil – Dimanche MI
Secrétaire Lune – Lundi SI
Expert Saturne – Samedi LA
Maître des Cérémonies Mercure – Mercredi DO

Quittons maintenant toutes ces considérations intellectuelles, pour entamer le voyage symphonique que je vous avais promis. Maestro musique…

Quelle est la première phrase que nous avons tous entendu lors de notre Initiation ? : « Qui frappe à la porte du temple en profane ? ». Le V:.M:. confirme par ces mots, que les trois coups de notre batterie, sur la porte du temple, constituent  la première musique entendue, n’est-ce-pas ?

Maintenant, si vous observez ce son de la batterie. C’est un rythme composé d’une forme géométrique que je vais détailler. Que vous travaillez au Rite Français ou aux Rites Egyptiens, vous savez que les trois Lumières de la loge (VM et les deux Surv:.) forment un triangle isocèle. Le 1er et le Sec:. Surv:. sont proches et le V:.M:. plus éloigné. Par conséquent la batterie ressemble à ce triangle. Deux points rapprochés, un point éloigné. Si vous étiez au Rite Ecossais Ancien et Accepté, vous travailleriez avec un Sec:. Surv:. qui serait au milieu de la colonne du midi et vous obtiendriez alors un triangle équilatéral. La batterie au REAA est justement composée de 3 coups d’égale distance. Cette vibration initiale qui vous a créé, reçu et constitué n’a pas cessé ensuite de vous pénétrer physiquement sous plusieurs formes.

Reprenons dès l’entrée, votre premier voyage en Loge a bien été ordonné par un coup de maillet du V:.M:.. Ce coup constitue le principe géométrique du point ! Puis vous avez longé la colonne du midi en formant avec vos pieds une ligne droite, c’est-à-dire, une suite de points alignés, semblable à la règle qui se trouve actuellement sur le Naos. Votre expert vous a ensuite fait réaliser le demi-cercle devant l’Orient pour représenter le compas, puis la planche dans son moment de bascule vous a bien imprégné d’une sensation de changement de plan de l’horizontale à la verticale, telle une équerre. Ca y est, vous avez maintenant imprimé en vous de manière vibratoire, dans votre chair : « les trois joyaux de la Loge ». Ce que vos cellules ont ressenti, c’est le reflet de ce qui rayonne au centre de la Loge. Mais telle une onde qui s’étend sur l’eau de manière concentrique, je vous invite maintenant à écouter notre orchestre reprendre ce SOL issu du V :.M :. symbolisant la Sagesse qui nous créé, ce RE issu du 1er Surv symbolisant la Force qui nous constitue et ce FA issu du Sec :. Surv :. symbolisant la beauté qui nous a reçu !

D’ailleurs, ce refrain triangulaire sera de nouveau rejoué quelques minutes plus tard avec le maillet et l’épée flamboyante sur la forme du triangle. Lorsque le V:.M:. rejouera sa batterie, avec son épée, posée à 90° sur le sommet du crâne, renvoyant ainsi une vibration musicale dans la terre, afin qu’elle vienne tous nous toucher, réactivant ainsi celle que nous avions reçu lors de notre propre cérémonie. Créant un lien entre le temps et l’espace.

Est-ce encore un hasard de la musique, si le « constitue » et « reçois » qui viennent ensuite, sont frappés sur ce que nous nommons des clavicules, qui dans son origine étymologique signifie « petite clé », serait-ce d’ailleurs une clé de sol ou une clé de ciel ? Décidemment, la Franc-maçonnerie est harmonieusement symphonique. Mais puisque nous parlons de musique, rappelons que dans son sens premier, la musique était ce qui appartenait aux Muses ou en dépendait. Or les Muses sont les neuf filles de Zeus et de Mnémosyné.  Si Zeus est le dieu suprême de la mythologie grecque, Mnémosyné est quant à elle la fille de la Terre et du Ciel, une sorte d’enfant du compas et de l’équerre. Elle est aussi la déesse de la Mémoire.

Vous souvenez-vous lors de votre initiation des mots que le V:.M :. a prononcé à ce propos : « Tout à l’heure vous avez bu le breuvage de l’oubli, destiné à vous dépersonnaliser, à vous enlever tout volonté propre. Voici une seconde coupe, celle du breuvage de mémoire, l’eau de mnémosyné. ». Nous retrouvons ainsi notre déesse de la Mémoire.

La musique serait donc liée à la mémoire ? Mais qu’avons-nous donc si peur d’oublier (ou de nous souvenir ?), pour qu’il faille boire un breuvage en écoutant le son des Muses ?  La réponse est : « La Vérité ! » or ce terme en Grec se dit Alètheia. Il pourrait se traduire de la manière suivante : « Lever le voile sur ce qu’on a oublié ». Ainsi, nous tournons en rond. Nous recherchons quelque chose que nous avons oublié en buvant une boisson qui nous ramène cette mémoire et en écoutant une production Mus… icale complémentaire à ce traitement amnésique.

En résumé mes Bien Aimées SS :. et FF :. nous sommes tous là pour retrouver la mémoire. Mais le souvenir de quoi en fait ? Pour conclure ce travail, je ne vous donnerai pas Ma réponse, car cela voudrait dire que j’ai fini mon chemin, or je n’aurais pas cette outrecuidance. J’aimerais juste vous proposer une réflexion et vous inviter à reprendre notre échange dans quelques temps à la Lumière de ces réflexions futures.

Ma proposition est la suivante : « Le secret de la Franc-maçonnerie, que nous avons oublié, est peut-être tout simplement le sens de l’Amour de nous-même, sans aucune condition, action ou attente. Nous aimer comme une mère peut aimer son enfant ». Cette idée de l’amour de nous-même nous terrorise tant, que nous passons tout notre temps sur terre à inventer des machines pour retarder le moment de la rencontre avec nos forces créatrices. Nous voulons devenir immortels afin d’oublier que nous ne vivons pas, nous survivons. Et je ne parle pas des paradis futurs que nous inventons parfois pour éloigner l’horizon.

Nous savons tous intuitivement, au fond de notre cœur, que nous nous mentons. Nous savons tous que ce fameux pêché originel n’est certainement pas celui d’avoir voulu manger le fruit de la connaissance. Cela est faux, mensonger et manipulatoire. Notre seul pêché originel est d’avoir douté de nous et de notre propre amour. Nous recherchons sans cesse au dehors ce qui se trouve là ; dans l’attente de notre retour à la maison. Nos besoins élémentaires étant désormais comblés, nos guerres destructrices s’éloignant elles aussi, le travail maçonnique du XXIème siècle pourrait justement être une merveilleuse occasion pour enfin travailler le pardon à nous même.

Ce pardon qui vient du latin dono, are et du préfixe per qui renforce l’action, signifie « être quitte de », ne plus être en dette, ne plus devoir. Dans ces conditions, nous parlons bien de libération, si nous prenons conscience que la seule dette qui vaille la peine, est celle que nous avons envers nous-même. Alors dans ce cas, et seulement dans ce cas, le maçon devient un maçon libre, un freemason. Car si la liberté avec les autres est un lien, la dette envers soi-même est une chaine… et je vous assure que celle-ci n’est certainement pas une chaine d’union. Pour ma part, je n’ai pas encore fini de me pardonner, mais il y a une chose dont je ne doute pas, Guillaume d’Orange l’a exprimé avant moi au XVIème siècle : « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ». En somme, je marche vers une destination que j’ai choisi en conscience. Chaque pas contient en lui-même le voyage intégral. Car celui-ci est universel, l’intérieur et l’extérieur n’existent que dans notre tête. Lorsque je prends conscience que celui que je vois face à moi, mon Frère, ma Sœur, n’est qu’un reflet perceptible de ma propre personne, alors je comprends enfin que le miroir de mon initiation était la première note de ma symphonie, mais aussi la dernière.

VM J’ai dit

La part d’ombre du chercheur de la lumière

A la gloire du G\A\D\L\U\

L’être humain dans son essence originelle, lorsqu’il arrive sur cette terre, ne connait qu’un seul langage, une seule essence, un seul code : l’amour.

Ses vibrations intrinsèques et immanentes vont l’amener très rapidement à se confronter et à créer des relations expérientielles bonnes ou mauvaises. A l’image de la gravité, lorsque la terre attire la pomme de Newton, l’humain va attirer à lui les expériences et les relations au travers de ses expérimentations terrestres. En revanche, ce que nous savons moins, c’est que la pomme attire elle aussi la terre avec la même intensité. Il va donc s’opérer un même monde d’interactions bidirectionnelles entre l’humain et tout ce qui l’entoure. Ce dernier va créer et va évoluer dans son propre univers régi par cette même loi de la gravité. Un univers dans lequel sa perception mentale va agir et rayonner tout au long de son existence. Le jeune humain va évoluer et se construire durant ses premières années pour donner du sens à sa vie, à son existence. Mais comme cet humain passera par différentes étapes de vie, à quel moment pourra t’on dire qu’il est lui-même. Qui de ses diverses facettes de personnalité est-il réellement ? Devra-t-il attendre sa mort pour savoir qui il est ?

Pour Françoise Dolto l’enfant est appelé “le 3ème désir”. Ce 3ème désir est bien entendu l’âme de l’enfant futur. Pour ma part, cette entité qui prend vie et corps au moment de la conception, ne sélectionne certainement pas ses parents par hasard. Ces derniers, sont le parfait et juste terreau d’un futur travail d’évolution pour son voyage terrestre. Un travail quotidien uniquement basé sur l’expérience de la vie.  N’oublions pas que si chacun de nous est ici ce soir, c’est qu’il a vaincu des millions d’autres spermatozoïdes lors d’une première course de vitesse et d’agilité, pour rejoindre l’ovule disponible et compatible. Il nous a fallu à tous une sacrée volonté pour remporter cette première victoire.

Ainsi, ce troisième désir incarné arrive sur cette terre faire l’expérience de la vie. La route sera longue, semée d’embuches et de moments de bonheurs, jalonné de lumière et d’obscurités, avec lesquels il faudra composer pour aboutir à sa complétude. Car je peux l’annoncer dès maintenant, le voyage terrestre, selon moi ne sert certainement pas à devenir parfait, nous le sommes déjà. Il sert uniquement à apprendre à devenir complet. Mais nous y reviendrons.

L’enfant naissant va donc se construire et donner un sens, un nom, une étiquette à chaque chose qu’il découvrira quotidiennement. Son mental ne pourra fonctionner ou raisonner, que sur ce qui est déjà connu ou identifié par lui même. Excluant ainsi l’inconnu, jusqu’à ce qu’il soit apprivoisé.

Si l’enfant se trouve confronté à l’insupportable, ce qui veut dire à des situations contre nature ou encore, à un univers qui se heurte trop fortement à ses idéaux d’enfant, son mental va opérer en lui un mécanisme d’auto-culpabilisation. La culpabilisation rendra alors supportable l’insupportable. “C’est de ma faute, je suis responsable“. Va s’en suivre un second mécanisme qui se nomme la honte. Puis un troisième verra le jour petit à petit, celui de la tristesse qui pourra être couplé à celui de la colère. Il se peut aussi, dans certains cas extrêmes, que le seul refuge possible pour le mental devienne l’oubli de cet insupportable. Les bases du dérèglement relationnel sont jetées. Vous devez penser que tout ceci est exagéré, ou encore, que les choses sont beaucoup plus simples. Rappelons-nous simplement que, lorsque Boris Cyrulnik, qui est connu comme un des pères de la résilience, est arrivé dans les orphelinats roumains, qui étaient des mouroirs, les enfants étaient alors des pestiférés. Le personnel avait interdiction de toucher ou de créer un contact avec les enfants. Il en résultait que les bébés mourraient les uns après les autres. Jusqu’au jour ou un nouveau né survit sans que l’on comprenne pourquoi. Il s’avérait qu’une infirmière avait désobéi et s’était attachée à ce petit être. C’est alors qu’on commença à comprendre que le lien d’amour chez le nouveau né est aussi important que le biberon. Sans amour pour un bébé pas de vie durable.

Lorsque je suis né, j’étais un magnifique château. Comme chacun le sait, les châteaux sont comme les anges, un corps au centre et une aile de chaque côté. Je voyageais de pièces en pièces et partageais avec mon petit monde chaque recoin de cette grande demeure très lumineuse, très éclairée, dont j’étais très fier. D’ailleurs, comment ne l’aurais-je pas été, je n’en connaissais pas d’autres. Puis vint l’époque de mon éducation. Dans une de mes nombreuses pièces, certaines choses ne plaisaient pas à tous, j’étais trop de ceci. Dans certaines autres, je n’étais pas assez de cela. Au fil du temps, je fermais donc les volets des pièces qui n’étaient pas conformes à l’idée générale et plus particulièrement à la volonté des gens que j’aimais.

Il m’arrivait aussi de fermer les volets de certaines pièces pour me conformer aux injonctions de gens que je craignais, ceux que j’appelais l’autorité. J’acceptais donc d’amputer mon espace pour me faire socialement accepter. Je réduisais ainsi ma surface habitable pour devenir ce que nous nommons, quelqu’un d’aimable. Non pas dans le sens de sympathique, mais bien dans son sens premier, quelqu’un qu’on aime.

Les années avaient passé et j’avais fini par m’habituer à vivre dans 50 m2. Les milliers de mètres carrés de mon enfance avaient totalement disparu. Mais, pourquoi se plaindre, certains vivent dehors et se contentent d’un banc sans trouver à redire ? La seule question que je pouvais me poser, c’est Carl Jung qui eu pu le faire en me disant « Préférez vous être entier ou être bon ? ».

Comme nous l’avons tous entendu le mois dernier, lors de la dernière planche sur « l’alchimie opérative », la lumière n’est qu’une et unique, alors que les ténèbres sont toujours multiples. J’avais donc réussi à multiplier les ténèbres de mon château par ma non-action et surtout, mon besoin d’amour. Fort heureusement, la lumière continuait à briller à l’extérieur en attendant l’heure de mon éveil futur.

Les lois de notre univers ne sont ni justes, ni injustes, du moins selon les critères humain, religieux ou moraux habituels. Ce qui doit arriver arrive tout naturellement car tout événement, beau ou cruel, est porteur d’un sens caché qu’il nous convient de découvrir. Nous ne comprenons pas toujours d’instinct la leçon que la vie nous envoie. Il nous faut parfois du temps pour donner du sens à nos expériences. Comme l’a dit le dramaturge et politicien récemment disparu Vaclav HAVEL « Avoir l’espoir ne veut pas dire que nous pensons que les choses vont se produire bien. Cela signifie simplement que nous pensons que les choses auront un sens ». Et le seul sens que je pouvais donner à la négation de mon être et de mes potentialités ne pouvait trouver son explication logique que par la quête d’amour des autres et parfois par la peur de la honte.

Une autre remarque fit jour, comment pouvais-je me faire dépendre de l’amour des autres, si j’avais été déjà intégralement rempli de mon vrai amour. Cela ne fut point possible ? Cette question est capitale. Tant que je cherchais chez les autres l’amour que je n’osais pas m’accorder à moi-même, je me perdais et m’éloignais de mon but et de mon moi-même.

Il arrive toujours dans la vie qu’une chance, ou plutôt une opportunité, se présente. L’univers envoie à chacun de nous des signes. Ces signes peuvent cependant rester très longtemps incompris ou parfois sembler incohérents. Puis subitement, sans savoir pourquoi, ils prennent un sens et une nouvelle vie peut alors commencer. Nous avons tous remarqué que le jour où nous avons le bras cassé, nous rencontrons comme par hasard, des gens au bras cassé. Ils ne sont pourtant pas plus nombreux que la veille, mais notre attention est soudainement attirée par cette réalité jusqu’alors invisible.

Pour ma part, ce signe que la vie m’envoya vint d’une profane très éclairée. Je m’intéressais depuis très longtemps à la maçonnerie, mais je n’avais pas encore reçu ce que nous appelons la lumière. Elle me dit un jour : « Connais-tu le travail sur la part d’ombre de notre être ? ». Ma réponse fut immédiate, non !

Elle m’initia alors à un concept d’une évidence telle, que je comprends mieux maintenant pourquoi les occidentaux ont pu croire aussi longtemps que la terre était plate.

Elle me dit ceci :

« Il existe en chacun de nous un monde du dehors et un monde du dedans. Le sombre ne signifie pas le négatif, cela concerne tout ce qui est hors de la lumière, hors de ton état conscient. En devenant conscient des parties déniées de toi-même, tu deviens plus entier. De par notre culture, nous sommes constamment en train de sélectionner et de valoriser des expériences, créant ainsi un idéal de nous mêmes et surtout un monde basé sur l’égo. Plus tu recherches la lumière, plus ton ombre s’épaissit. Ce qui ne correspond pas à ton égo-idéal (l’idée idéale de toi même, renforcée par la famille et la culture), tu le mets de côté, cela devient de l’ombre. Si tu mets de la lumière partout sur tes parts d’ombre, alors tu n’as plus besoin de chercher la lumière. Crois moi, essaie plutôt d’éclairer tes parts d’ombre »

J’avais depuis des années acquis une connaissance importante sur des tas de sujets concernant la quête de la vie. J’avais à l’époque plus de réponses que de questions sur l’existence. Pourtant, la vie m’envoyait quotidiennement des agacements incompréhensibles et surtout forts injustes. J’étais continuellement énervé par des perdants, des lents, des lâches, des pauvres, des malhonnêtes et quelques dizaines d’autres catégories qui semblaient volontairement m’énerver à un point qu’il ne m’était pas possible de nouer un lien avec un seul de ces ambassadeurs.

Voila que la théorie de mon amie me faisaient prendre conscience que tous ces gens qui attiraient mon attention en permanence étaient des zones d’ombre refoulées de moi-même ? Je les voyais uniquement parce qu’ils étaient des parties de moi non acceptées. Cela paraissait inconcevable et difficile à croire tellement ça bousculait mes croyances et me faisait sortir de ma zone de confort.

Alors je suis descendu dans le puits et j’ai inspecté. Ce perdant qui baissait les bras ou ce lâche qui fuyait devant l’adversité, comment ces gens pouvaient être moi qui suis si combatif, si courageux ? Si si, je vous assure, j’ai des dizaines d’anecdotes à vous raconter pour vous démontrer mon courage.

Puis je me souvins tout à coup des petites phrase entendues dans mon enfance « Franck tu n’es qu’un bon à rien, si tu continues comme ça tu ne réussiras jamais ». Des bulles de mémoires sont alors remontées et je me suis rappelé de mes dialogues intérieurs « Un jour papa tu verras, je serai le plus fort et tu seras fier de moi ». Mais combien de fois me suis-je campé devant mon père pour lui dire « Ce que tu me dis là est injuste d’un papa qui aime son fils ? » Combien de fois ai-je osé lui demander à être pris dans ses bras comme il le faisait quotidiennement avec ma sœur ? Jamais.

Soudainement, cela devenait plus clair pour moi. L’échec, la lâcheté et tout le reste était devenus tellement loin de l’image parfaite de ce que je deviendrai plus tard pour impressionner mon père, que je les ai enfermé dans certaines pièces de mon château et me suis empressé de ne pas y revenir. Ainsi mon château se restreignait de jour en jour pour devenir conforme à ce que je croyais être les attentes des autres, et surtout pour obtenir une reconnaissance qui finirait forcément pas venir.

Le temps avait passé et maintenant cela devenait plus clair pour moi, j’allais entreprendre de rouvrir une par une toutes les pièces de mon château. Cela faisait trop longtemps que l’obscurité régnait. Je manquais d’air.

Vous vous posez peut-être une question : et la maçonnerie dans tout cela ? Comment se positionne-t-elle dans ton travail de recherche ?

Quelques années plus tôt, me forcer à côtoyer ou à travailler en fraternité avec tous ces groupes qui m’étaient insupportables, m’aurait certainement permis de prendre conscience qu’ils ne sont pas si dangereux. Mais cela n’aurait certainement pas résolu durablement mon problème de fond. Chassez le naturel, il revient au galop. Il suffit de voyager dans quelques loges de la région pour rencontrer des FF:. ou des SS:. dont le niveau maçonnique est très élevé, mais les parts d’ombres sont tellement opaques que leur château tout entier est en jachère. Leur cœur vit sur un simple banc, pendant que leur égo croit occuper le château de Versailles. Après des dizaines d’années de pratique maçonnique, ils sont capables d’une intolérance, d’une impatience ou d’une incivilité qui gomme d’un trait de crayon toutes les belles intentions de notre ordre. Il est vrai aussi que, chacun fait ce qu’il peut et à son rythme. Il n’y pas de jugement dans ce constat.

Selon mon niveau de compréhension actuel de la maçonnerie, je vous propose de partager avec vous mon point de vue sur l’intérêt de ce travail sur la part d’ombre dans l’Art Royal.

Tout d’abord parlons de la loge et des membres qui la compose. Des hommes et des femmes, une somme de passés et des passifs, comme partout ailleurs. Existe-t-il dans le monde une seule loge composée de SS:. et de FF:. en parfaite harmonie ? Bien entendu que non ! Mais alors comment appliquer ce concept du travail sur la part d’ombre. Rien de plus simple, la SS:. ou le FF:. en loge avec lequel nous avons le moins d’affinité, celui qui nous énerve le plus par son attitude, son élocution, son manque de ponctualité, sa simple présence… est sans nul doute celui ou celle qui nous permettra le plus un vrai travail sur notre pierre. Grâce à cet autre, qui nous renvoie nos propres parts d’ombre, nous pouvons dans cet athanor qu’est la loge, travailler à l’éclairage des nombreuses pièces de notre château trop longtemps fermées. Ce travail introspectif grâce à l’autre qui nous renvoie nos parts d’ombre, va nous faire progresser en rediffusant la lumière en nous, pour devenir entier.

Combien de maçons attendent un miracle qui résulterait des milliers de tours effectués autour des 3 colonnes lumineuses au fil des années de pratique ? Je vous pose une question, avez-vous déjà rencontré un réel maitre ? Vous savez un être lumineux, touché par la grâce, dont la parfaite harmonie intérieure nous donne instinctivement l’envie de pratiquer et de ressembler inconditionnellement à ce sage après quelques années de pratique ? Moi non, jamais à ce jour. J’ai cependant rencontré des centaines, des milliers de maçons qui travaillent et qui cherchent avec leurs imperfections. J’ai rencontré des êtres en évolution. Et bien souvent, le meilleur travail je l’ai fait avec des apprentis. La raison est simple, l’apprenti est toujours dans le doute, dans  l’attention, la crainte de mal faire, la recherche de connaissance. Les pires conflits en maçonnerie, soyons honnêtes et lucides, interviennent dans les ateliers supérieurs là où tout le monde sait, là où les égos peuvent s’épanouir librement car nous avons reçu la lumière.

Le pire ennemi du maçon en quête de lumière n’est pas la gêne ou la nuisance, bien au contraire, c’est son outil de travail principal, son opportunité s’il sait l’utiliser et la transformer. Le handicape du maçon, c’est plutôt la non recherche de sens dans ses expérience vécue. Imaginons, nous nous trouvons dans une obédience ou le Grand Maître est dictatorial ou pire malhonnête. Notre réaction première sera de nous opposer, de tenter de le faire changer ou le faire partir et au final, de quitter l’obédience si rien ne change. Nous sélectionnons alors une autre obédience et nous pensons que tout ira mieux. Puis les mois passent et comble de malchance, l’expérience se réitère. Nous pourrons passer notre vie à changer d’obédience ou de loge, tant que le travail sur l’ombre ne sera pas effectué, l’expérience se reproduira inlassablement. A l’image des femmes violentées qui divorcent pour retrouver comme par hasard le même genre d’homme et ainsi le de suite. Le maçon va ainsi rechercher au dehors ce qu’il refuse de dévoiler et d’éclairer au-dedans. La loi universelle de l’attraction nous permet d’attirer à nous des expériences qui nous sont utiles pour grandir.

Pour illustrer ce thème de travail, je vais vous parler d’une vieille tradition Hawaïenne qui se nomme ho’oponopono que l’on peut traduire par :

Ho =  « commencer  un travail pour… » et

oponopono = « remettre en ordre; juste, retravaillé, harmoniser, corriger, régulariser, ordonner, nettoyer, ranger, agir correctement. ». Cela ne vous rappelle rien ? Notre V.I.T.R.I.O.L. !

Pour illustrer le travail ho’oponopono, je veux vous raconter l’histoire du Dr Len à Hawaï, qui avait en charge des dizaines de dangereux criminels dans un centre de détention. Ils étaient tous enfermés et pour certains en camisole de force. Le Dr Len traita tous les patients de ce centre sans jamais les rencontrer ni leur adresser une seule parole. Sa seule action fut de travailler à se concentrer sur chacun d’eux en répétant : « Je m’excuse. Pardon. Je vous aime. »

En s’excusant et se pardonnant lui-même, en s’imprégnant de réel amour pour chacun de ces cas et leur pathologie, il influença ainsi chacun d’eux. Pour certains, les effets furent flagrants. Même le personnel de ce centre s’en ressenti. Il s’agit d’un exemple de travail interne pour changer l’externe.

Attention, quand je parle de se pardonner, il s’agit uniquement de se redonner sa part… de lumière. Il ne s’agit aucunement de culpabiliser pour les actions passées. Pour ce faire, le travail consiste à se connecter à son amour inconditionnel. Se repentir n’a jamais voulu dire se fouetter, cela veut dire remonter la pente jusqu’à son cœur.

Un de mes amis affirme que la bible contient un virus dommageable pour l’humanité. Il affirme que dans la genèse, lorsque le serpent demande à Eve de manger la pomme pour devenir Dieu et obtenir la connaissance divine, il s’agit d’une parabole du « faire pour être ». Or le G:.A:.D:.L:.U:. comme nous l’appelons chez nous, est déjà présent en nous. Vouloir le chercher au travers d’une action extérieure c’est le début de l’enfer. Nous n’avons pas besoin de « faire » pour  « être », nous devons nous révéler et devenir ce que nous sommes déjà, selon la pensée Nietzschéenne.

Pour résumer et aborder la conclusion de ce morceau d’architecture, il convient de retenir :

  1. Une loi universelle basée sur le principe de la gravité attire à nous ce qui nous permet d’expérimenter, pour nous mettre en cohérence, en harmonie avec ce que nous sommes réellement. Rappelons-nous que le mot « impeccable » signifie être « sans pécher », mais surtout que le mot « péché » n’a jamais voulu dire être sans faute, il vient du grec et signifie « viser hors de la cible » ce qui nous ramène à notre fil à plomb et notre recherche de cohérence et d’alignement avec notre être. Il n’a jamais été question de respect des règles extérieures ou des normes sociétales.
  2. Notre mental, ce compagnon fort utile à une période de notre vie, qui nous a peut-être même sauvé en donnant du sens à l’insupportable, contrôle désormais intégralement notre vie et nous coupe de notre ressenti. Il nous éloigne grâce à de belles théories, de ce que nous sommes réellement. Il convient donc de reprendre les clés et de nous connecter à notre ressenti et nos émotions au détriment de notre analyse et de nos habitudes
  3. Chaque titillement, chaque jugement négatif, chaque nuisance, chaque agacement est l’occasion d’expérimenter ce qui se cache derrière. Quelle est en nous cette zone d’ombre qui nous rend incomplet ? Laissons nous toucher et éclairons de pleine lumière nos pièces fermées afin de devenir complet et ne plus nous priver de nous même. Imaginons un seul instant qu’il nous reste quelques secondes à vivre. Que nous prenions conscience que nous ne nous jamais rencontré réellement. Imaginons ce moment magique de plénitude que de pouvoir sentir l’être d’amour que nous sommes dans le fond.

L’exercice que je vous propose à toutes et à tous, est le suivant : dans les prochains jours, chaque fois qu’une expérience négative se présente à vous, ne la chassez pas, n’essayez pas de la transformer en pensée positive pour la nier, car la méthode du Dr Coué ne marche pas, essayez simplement de lui donner un sens. Tout d’abord acceptez-la, accueillez-la et connectez-vous à ce qu’elle génère chez vous. Que ressentez-vous en la vivant. En quoi cette aspérité vous concerne ? Comment mettre la lumière sur ce point qui ne concerne que vous dans le fond ?

Pour conclure je vais laisser Henri Bergson nous donner le mot de la fin : “Il y a des choses que l’intelligence seule est capable de chercher, mais que par elle-même elle ne trouvera jamais. Ces choses, l’instinct seul les trouverait, mais il ne les cherchera jamais.”

J’ai dit mes SS:. et mes FF:.