dim 29 décembre 2024 - 00:12
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Le Chêne, le Grand Maître et les Glands

Un grand-Maître de la Franc-maçonnerie se promenait un jour en forêt lorsqu’un chêne qui vivait là, depuis plus de cent ans, s’adressa à lui : « On dit que tu es un homme puissant, car tu gouvernes les humains et tu influences la société grâce aux travaux de ton obédience, est-ce vrai ? »

Le dignitaire d’abord surpris, puis flatté de cet intérêt répondit aussitôt : « En effet le chêne, sous mon autorité le monde a été transformé. J’ai influencé mon pays en militant pour la laïcité par exemple ! »

Le chêne : « Tu veux dire que tu t’es fait débaptiser et cela a été un exemple pour tous, au point que la religion n’a plus d’influence désormais ? »

Le Grand Maître : «  Euh non, pas exactement, j’ai transmis des idées »

Le Chêne : «  Comment peux-tu transmettre des idées que tu n’appliques pas à toi-même ? Comment veux-tu changer le monde si tu ne représentes pas toi-même ce changement ? En fait, la question principale est : Douterais-tu de ta laïcité ? »

Le Grand Maître : « Chez-nous les humains, on fait avancer la société par l’action sur les esprits. Nos faisons évoluer nos consciences par le dialogue »

Le Chêne : « C’est étonnant ce que tu me dis là, car je vois souvent dans ma forêt les humains que tu gouvernes. Leur conscience me semble justement moins évoluée aujourd’hui qu’à l’époque de mon grand père qui vivait à dix mètres d’ici. Ils ne prennent plus le temps de prendre le temps, ils fuient et sont remplis de peurs »

Le Grand Maître : « Grâce à nos rituels maçonniques et notre lien fraternel, nous évoluons, tu comprends ce que je veux dire ? Tout cela n’existe pas chez les arbres, non ? »

 Le Chêne : « Je vais t’instruire, car tu me sembles bien ignorant. Tu milites pour la laïcité et cela est devenu pour toi une forme de religion. Tu ressembles donc à ceux que tu combats. Avoue que ta vraie motivation est ailleurs. Tu me parles de rituel, mais qu’en sais-tu réellement ? Tu me parais avoir bien des contradictions, humain qui se croit puissant. Permets-moi de t’expliquer comment se passe l’élévation spirituelle dans notre monde végétal.

Notre instructeur est un sylviculteur, il plante une graine puis tout autour il crée un autre cercle de graines, puis encore un autre cercle de graines et ainsi de suite de manière assez serrée.

Notre second surveillant est le soleil. C’est lui qui nous permet de nous élever en verticalité. Il est notre fil à plomb. Dès que nous sommes assez hauts, nous passons au second degré, celui des compagnons. Notre instructeur coupe alors le premier cercle, celui de l’horizontalité, celui qui nous a permis de rester droits, grâce aux forces latérales des autres arbres. Ces autres faisaient office de niveau à plomb par leur simple présence bienveillante. Ce bois coupé va ensuite servir à notre instructeur pour réchauffer sa famille. Puis les cendres deviendront engrais pour les générations d’arbres futures.

Alors, vois-tu homme d’influence, notre œuvre comme la vôtre consiste à travailler la verticalité avec le soleil et l’horizontalité avec nos congénères. Il me semble pourtant, quand je vois le résultat de ton obédience, que beaucoup trop de glands sont restés à l’état sauvage, est-ce que je me trompe ? »

Le Grand Maître n’avait pas attendu la fin de cette conversation bien embarrassante, il avait repris son chemin. Il était déjà dans ses pensées qui consistaient à préparer ses futures élections… pour changer le monde évidement.

987 – PORTABLES INSUPPORTABLES

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Pas un trajet en train, bus ou métro sans PARTAGER, par smartphone interposé,  la vie personnelle – et souvent insipide- de nos concitoyens. Qu’il est loin le temps des cabines téléphoniques ou la discrétion et l’intimité régnaient pour tous comme pour chacun. En fait le téléphone portable n’est, peut-être, qu’un signe extérieur de détresse. Comment faire autrement ? si l’on ne s’en sert que chez soi, à quoi bon posséder un portable ?  Un peu plus d’un demi million de smartphones sont volés chaque année et, comme l’a finement analysé Laurent Ruquier, juridiquement  compassionnel , on peut en conclure que :  « les agresseurs sont  généralement sans mobiles ».

CANARIS 2.0

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Touche pas à ma bagnole. Après la limitation des vitesses à 80, Le prix de l’essence est un déclencheur qui cache une révolte de fond.En 1789 on disait à ceux qui manquaient de pain ” qu’ils mangent de la brioche” – En 2019 on dit à ceux qui manquent d’essence : ” qu’ils roulent en voiture électrique” Les gilets jaunes sont des révoltés 2.0. Trois milles casseurs,  ce samedi premier décembre à midi place de l’Etoile de Paris,  sont devenus dix mille samedi soir. Ce que Macron ne voit pas c’est que ce qui a fait son succès : le “DEGAGISME” est un succès qui devient celui des gilets jaunes aujourd’hui. ” MACRON DEMISSION” est une révolte symbolique contre les ELITES dont on brûle les voitures sur les boulevards chics de Paris. Une amertume contre une fiscalité jugée injuste  et une défiance envers l’autorité étatique considérée comme «  hors sol ». Un Gilet Jaune déclarait ressembler à «  un citron beaucoup trop pressé et chargé de pépins »  Mais que signifie, symboliquement un gilet jaune sinon un moyen d’ETRE VU afin de ne PAS ETRE ECRASE ? On usait autrefois, dans les mines,  de canaris ( jaunes)  pour prévenir du grisou. Puissent les CANARIS 2.0 ne pas être l’annonce que demain TOUT RISQUE DE PETER !

Les chroniques d’Ascelin: peut-on être fraternel et prendre les transports en commun?

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J’étais en Loge hier soir, et comme souvent, pour partir de mon bureau, j’ai pris les transports en commun. A Paris où je vis et travaille, prendre une voiture est en effet un exercice éprouvant pouvant transformer le plus civilisé des hommes en barbare haineux… Je me souviens d’un soir, où faisant une course, j’ai vu le métro 2 bondé, les bus sur les grands boulevards bondés, lesdits boulevards saturés et j’ai supposé que les lignes souterraines devaient être bien pleines aussi. Bref, j’ai pris les transports. Comme à chaque fois, j’ai observé mes semblables. A l’heure de sorties de bureau, beaucoup de gens aux yeux et au visage fatigués, souvent plongés, casque sur les oreilles sur le contenu de leur smartphone, ou plus rarement dans un livre. Tout ce monde en contact involontaire, les gens les uns sur les autres et n’ayant pas d’autre choix que les transports parisiens pour se déplacer. A d’autres heures, ce sont plutôt les fêtards qui vont d’after en before. Et très souvent, juste des gens qui se déplacent… Parfois aussi, des roms qui vont massacrer un instrument de musique et mon audition, parfois des gens quémandant une aumône après avoir raconté une histoire. Et en hiver, des gens qui dorment sur les quais, que les agents de la RATP tentent de réorienter… Bref, un spectacle de la condition des classes moyennes et populaires et des populations marginales. Le spectacle de nos manques de manières et considération, aussi. A ce propos, j’ai eu la chance de voyager et d’observer nos semblables dans les transports. Ainsi à Tokyo, les usagers du métro se mettent en rang et avancent en bon ordre, de même qu’en Allemagne et aux Pays-Bas. En France, c’est tout autre chose : entrer dans une rame relève du pogo ou du wall of death. Nous ne connaissons pas la notion de file d’attente et détestons avoir à attendre. J’avais entendu dans une conférence le sociologue Roger Sue expliquer que notre individualisme français nous menait au paradigme suivant : « chacun s’imagine être quelqu’un ». J’aurai plutôt tendance à être d’accord avec lui. Je crains que notre immense culture française de l’individualisme ne nous pousse à nous croire chacun plus important que notre voisin. Si je voulais pousser plus loin, je dirais que nous sommes dans un cas de rareté de ressources, comme ce que l’homme de lettres René Girard avait décrit après avoir approfondi le narcissisme des petites différences de Freud : l’espace et le temps sont rares et demandés, donc précieux. Notre désir mimétique amplifié par notre individualisme nous pousse donc à croire que nous méritons le temps et l’espace du métro et nous permet en conséquence de justifier ainsi de passer devant le voisin (qui pense la même chose). De la même manière, nous ne supportons pas d’attendre dans la file d’attente, puisque nous sommes quelqu’un et non quelconques. C’est une remise au niveau que notre individualisme nous fait trouver insupportable. 
A ce propos, en Loge, nous utilisons le symbole du Niveau. Kipling écrivait dans la Loge-Mère : « nous nous réunissions sur le Niveau, nous nous quittions sur l’Equerre ». Le Niveau nous rappelle que quelle que soit notre situation sociale (ce qui inclut l’origine, la situation professionnelle, etc.), quelle que soit notre identité, nous sommes tous sur un pied d’égalité. Nous avons tous en Loge, le même âge (3 ans au grade d’Apprenti, par exemple), nous avons tous le même droit à l’expression et à la parole. Nous avons tous aussi les mêmes devoirs, droits et devoirs étant les facettes d’une même obligation. S’imaginer n’avoir que des droits constitue un contresens majeur ! Même maçonniquement parlant. Fort de cela, je déteste cette attitude de gens pressés, qui sautent dans la rame en bousculant d’autre usagers et qui s’imaginent en avoir le droit, au motif qu’il croient être quelqu’un. Je déteste ce spectacle qui me rend toujours un peu plus misanthrope et me fait perdre espoir dans les sociétés urbaines.

Résultat, après ma Tenue, pour conserver mon bel égrégore et la joie spinozienne inspirée par les travaux de ma loge, je suis rentré à pied.

Les chroniques d’Ascelin : Pour faire un enfant, il faut être deux!

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Présentation : Ascelin est Franc-maçon, au grade de Maître, initié dans une Loge parisienne de la Grande Loge de France. Il est un Frère très actif et vous propose de partager ses expériences et ses vues, sous l’angle maçonnique.

J’étais en Loge hier soir, et nous avons parlé de la question ô combien délicate de l’interruption volontaire de grossesse. En fait, j’allais écouter un Frère que je connais, mais dans une Obédience majoritairement de Rite Français et traitant majoritairement de questions de la Cité. Bref, j’écoutais le conférencier parler des lois Neuwirth et Weil, ainsi que de la vie et de l’œuvre du docteur Pierre Simon. La question est d’autant plus délicate qu’en ce moment, des mouvements fondamentalistes religieux font pression pour revenir sur le droit des femmes à disposer de leur propre corps. Généralement, ces questions sont surtout abordées par des hommes. A ce propos, il me paraît important de clarifier certaines choses avant d’aller plus loin. Les femmes ont le droit de disposer de leur propre corps et de procéder à une interruption volontaire de grossesse et la société a le devoir de leur fournir le cadre le plus sûr possible, pour qu’elles puissent avorter sans y laisser leur vie. Que ceux que l’extinction prochaine de l’espèce humaine effraie soient rassurés : le droit à l’IVG n’augmente pas de façon drastique le nombre d’avortements.
Par contre, je pense qu’on a oublié deux choses fondamentales : le traumatisme que l’intervention peut engendrer, mais surtout le rôle de l’homme ! 
Il est facile d’imaginer le rôle du mâle : il dépose sa graine et s’en va son chemin. Par contre, les conséquences, c’est la femme qui les subit. Et dans le cas d’une grossesse non désirée, ce n’est pas l’homme qui va aller au planning familial, ni l’homme qui va subir le traitement médical et ses conséquences, ni l’homme qui va subir le regard culpabilisant de notre société patriarcale !
Chez les Francs-maçons, Il n’y a pas de droit sans devoir. Avec ce principe, si la femme a le droit d’interrompre sa grossesse, l’homme a logiquement le devoir de prendre ses précautions et d’éviter à la femme d’avoir à recourir à l’IVG. Donc, messieurs … à vos condoms ! J’ai eu vent également de techniques de contraception masculine : caleçons adaptés, vasectomie (peut-être un peu radicale)… Bref, nous n’avons aucune excuse pour rejeter la faute sur la femme.
Au-delà de cette considération, je crois qu’il est temps de changer un peu les mentalités. Nous vivons un héritage latin et une forte « méditerranéisation » de nos mœurs. Ainsi, un homme qui séduit, qui a plusieurs partenaires, provoque, se bagarre et qui n’assume pas les conséquences de ses actes est vu comme un homme viril. A l’inverse, une femme qui aurait le même comportement qu’un homme est vue comme une salope. Cette disparité existe dès l’enfance, où les petites filles sont reléguées dans les coins de la cour, quand les garçons en occupent la majeure partie. Du point de vue de la psychanalyse, c’est plus subtil : si le modèle freudien de l’Œdipe est adapté aux garçons, il n’en est pas de même pour les filles. En fait, la culture occidentale demande en effet aux petites filles d’être adultes quand elles sont enfants (et une fois adultes, il ne leur est plus permis d’avoir des attentes d’enfant, contrairement aux hommes). Il suffit de regarder les catalogues des marchands de jouets pour se rendre compte de ce clivage subtil. Pas étonnant que le paradigme patriarcal soit maintenu dans ces conditions. La société permet donc aux hommes de prendre l’ascendant sur les femmes et donc de faire leurs affaires à leurs dépens, en cantonnant les femmes au maintien du foyer. Et si on changeait un peu la donne ? Et si on expliquait aux petites filles qu’elles ont le droit de jouer aux mêmes choses que les petits garçons et réciproquement, que les petits garçons ont le droit de jouer aux mêmes choses que les petites filles ?
Si j’en reviens à l’IVG, et si on expliquait aux hommes que pour faire un enfant, à moins d’un miracle, il faut être deux ? Et si on expliquait aux mêmes hommes qu’aller au planning familial n’est jamais une partie de plaisir pour une femme, et qu’une IVG n’est jamais une intervention de confort ? Et si on inculquait un minimum d’empathie et de responsabilisation aux hommes pour qu’ils prennent leurs responsabilités, en faisant le nécessaire pour éviter à leur partenaire de subir l’intervention ? Bref, si on apprenait aux hommes à se comporter en adultes et si on laissait les femmes tranquilles ?

Le pied gauche

Un prisonnier, condamné à mort attend sa peine dans le couloir de la prison. Le bourreau est un peu en avance sur l’horaire et, pour « tuer » le temps, propose d’en savoir un peu plus sur sa prochaine « victime ».

– « Alors mon vieux, dit-il au condamné, comment en êtes-vous arrivé là ? »

– « C’était il y a un an environ. J’avais invité mon meilleur ami chez moi pour prendre un verre. Nous avons bu au point d’en être ivres morts. La nuit est venue et le lendemain matin, je l’ai retrouvé chez moi, assassiné. J’ai appris qu’il était franc-maçon. Au Tribunal, j’ai pris un avocat. Il ne m’a pas vraiment défendu car il était aussi franc-maçon et il cherchait à condamner celui qui était supposé avoir tué un de ses “Frères”. Il se trouve que le juge et le procureur de la République étaient aussi franc-maçons. Je n’avais vraiment aucune chance de m’en sortir. C’était un complot franc-maçon… C’est injuste… je hais les Franc-maçons ! »

Le bourreau regarde l’heure.

– « C’est l’heure ! déclare-t-il… Je suis désolé, mais c’est l’heure.

Avancez vers moi s’il vous plaît… Non, non, partez du pied gauche ! »

Le fameux Rite

Un jeune taureau est enfermé dans un champ où se reposent trois génisses et un vieux taureau.

Le vieux taureau, chose inhabituelle, porte un kilt et fume la pipe.

Le jeune taureau, tout fougueux, pense « chouette, chouette, chouette, ces trois jolies donzelles égarées, elles sont pour moi, hé, hé… ».

La première génisse passe devant le jeune taureau, puis file vers le vieux taureau qui immédiatement lui fait honneur.

Le jeune taureau reste consterné. Qu’importe, pense-t-il, il en reste deux autres.

La seconde génisse passe devant le jeune taureau, le toise, puis file voir le vieux taureau qui, immédiatement lui fait honneur…

Le jeune taureau est stupéfait. Il pense qu’il va avoir les faveurs de la troisième génisse. Il se dirige alors vers elle. Celle-ci, comprenant les intentions du jeune taureau, court se réfugier auprès du vieux taureau (qui ne quitte jamais son kilt de surcroît…) qui, immédiatement, lui fait honneur.

– « Ca c’en est trop !» déclare le jeune taureau. « Je veux savoir pourquoi. » Il se dirige alors, furieux vers le vieux taureau accoudé à la barrière de l’enclos, vêtu de son kilt et fumant toujours la pipe.

« Pourquoi ? » demande-t-il, presque au bord du désespoir.

Et le vieux taureau, flegmatique, répond :

– « Ô jeune taureau, ne sais-tu point qu’ici, seul le Rut Écossais Ancien est Accepté ? »

Quel âge avez-vous ?

Deux frangins, d’un même Atelier, se retrouvent par hasard à l’aéroport Charles de Gaulle. Après de longues et chaleureuses embrassades, ils décident de prendre ensemble un même taxi. Un taxi se gare devant eux. Ils montent dedans.

– « Au fait, dit l’un, rappelle-moi ton âge ? »

– « Cinq ans dit l’autre, et toi ? »

– « Moi, je viens tout juste d’avoir sept ans et plus…

Pendant ce temps, le chauffeur de taxi démarre silencieux… Il écoute d’une oreille la conversation de ses passagers. Il en a déjà rencontré des passagers, des gens bizarres, des marginaux, des riches, des pauvres, mais des gars aussi givrés que ça, jamais ! L’un prétend avoir cinq ans, alors qu’il en fait au moins cinquante. Quant au plus vieux, celui qui prétend avoir sept ans, il fait plus jeune que le premier. Il les regarde discrètement dans le rétroviseur intérieur de son taxi.

L’un des deux Frères, se rendant compte de l’attitude du chauffeur du taxi, déclare à l’attention de l’autre Frère: « Attention, il pleut !… ».

Cette fois c’en est trop, le chauffeur de taxi regarde dehors et le soleil brille depuis le début de la semaine. « Complètement givrés », pense-t-il.

Au détour d’une rue, il voit un agent de police. Faisant mine de demander son chemin, il s’arrête :

– « Monsieur l’agent, j’ai quelque chose d’important à vous dire. »

– « Je vous écoute. »

– « Je transporte deux fous qui doivent très certainement être échappés d’un asile. Le plus vieux pense avoir cinq ans, et le plus jeune déclare avoir sept ans. Et encore, selon eux, il pleut monsieur l’agent, il pleut ! Vous pouvez les arrêter ? »

– « Cher monsieur, déclare l’agent, l’air navré, vous savez, je n’ai que trois ans et je ne sais ni lire ni écrire, alors ça va m’être difficile de les arrêter. »

La visite du G∴A∴D∴L∴U∴

La Tenue a débuté, les travaux ont repris déjà force et vigueur, les membres sont attentifs et silencieux, le Rituel se déroule sans anicroche. Trois coups sont frappés à la porte du Temple.

Léger étonnement en regard de l’heure.

– « Frère Couvreur, voyez qui frappe ainsi à la porte de la Loge ! »

Sortie, absence se prolongeant quelque peu, et voilà le Frère Couvreur de retour se penchant vers le Second Surveillant pour lui murmurer ses observations selon le Rituel.

– « Vénérable Maître, le Frère Grand Architecte de l’Univers demande l’entrée de la Loge ! »

Stupeur à l’Orient, sur les Colonnes, sur tous les points cardinaux.

Pendant quelques instants, en ce lieu hors du temps et de l’espace, le Vénérable en reste muet de stupéfaction, comme s’il avait perdu la Parole.

Dans cette Respectable Loge Bleue, sa pâleur subite rend jalouse la lune qui trône à son côté, le soleil quant à lui en reste tout ébaubi, sur l’une et l’autre Colonne les murmures effarés se propagent en tous grades et qualités.

Reprenant son sang-froid et toute sa maîtrise dans un effort méritoire, le Vénérable Maître en Chaire éructe plutôt qu’il ne parle :

– « Mais, mais, mais… heu, voyons, préparez-vous à la voûte d’acier, maillets battants, à l’ordre, debout, souriez, soyez respectueux mais restez dignes, … »

Bref, le Vénérable assume son Office dans une confusion palpable.

En quelques minutes, il demande à ses Officiers d’être prêts à recevoir avec toute la rigueur du Rituel ce visiteur impromptu, mais néanmoins connu… enfin, selon certains Rites et surtout certaines Obédiences.

Crispé, le Vénérable prononce :

– « Faites entrer le GADLU, sans cérémonie bien sûr, ce serait vexant pour lui. Préparez-vous mes Frères et Sœurs, debout et à l’Ordre, formez la Voûte d’acier et maillets battants ! Tant pis, nous n’aurons pas les porteurs d’étoiles, ni les porteurs de glaives, il n’avait qu’à nous prévenir de sa venue » murmure-t-il un brin défait.

La porte à double battant s’ouvre, la musique retentit, l’assemblée se fige, les maillets battent… tout est conforme au Rituel.

Enfin, apparaît la silhouette !

Comme sur les images, un peu voûté, une longue barbe blanche, un regard lumineux et une simplicité majestueuse dans ses déplacements.

Arrivée au pied des marches de l’Orient, la silhouette s’arrête. Le doux regard croise celui hésitant du Vénérable, le signe d’Ordre est fait. Le Vénérable ne sait plus ce qu’il doit faire tout à coup.

Va-t-il s’agenouiller ? Va-t-il offrir son maillet et ses décors ? Va-t-il éclater en sanglots sous le coup de l’émotion ? Le silence pesant règne sur l’une et l’autre Colonne, mais aussi à l’Orient où s’étouffe le Vénérable Maître en Chaire, devenu aussi rouge que blême, aussi vert que bleu. Un véritable arc-en-ciel, ce qui est de mise en la circonstance, pense-t-il en son for intérieur, et dans son égarement et sa confusion mentale.

Devant ce silence de plomb, et non d’Or, la fragile silhouette majestueuse semble hésiter elle aussi.

Soudain, dans un murmure aussi puissant qu’un grondement de tonnerre dans ce lieu sans bruit, une voix fluette naît et dit :

– « Vénérable Maître en Chaire, et vous tous mes Frères et mes Sœurs, je suis le Frère Legrand, Architecte de profession, membre de la Respectable Loge L’Univers, à l’Orient de Paris, je vous prie de bien vouloir excuser mon retard à vos travaux, mais je n’ai pu trouver facilement à me garer dans votre quartier. »

Le mauvais sort

Un vieil homme se promène sur la plage et se prend les pieds dans quelque chose de métallique. Il dégage l’objet du sable et le nettoie. Il se rend compte qu’il s’agit d’une lampe magique de laquelle sort un génie.

Le génie lui demande s’il a un vœu à exaucer. Le vieil homme répond :

– « Plutôt que d’exaucer un vœu, est-ce qu’il est possible de lever une malédiction qui me frappe depuis bientôt trois ans ? »

– « Oh oui, pas de problème, mais il faut me donner la phrase exacte qui a mis le sort en place. »

Sans hésiter, le vieux répond :

– « Au nom du Très Respectable Grand Maître de notre Obédience, je vous consacre VM de cette Loge ! »