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L’antimaçonnisme en 2025 : une résurgence contemporaine sous de nouvelles formes

L’antimaçonnisme, ou opposition à la franc-maçonnerie, est un phénomène historique qui traverse les siècles, oscillant entre hostilité religieuse, politique et sociale. En 2025, il connaît une résurgence notable, portée par des dynamiques contemporaines comme les réseaux sociaux, les théories conspirationnistes et les tensions sociopolitiques mondiales. Cet article explore les racines de l’antimaçonnisme, ses manifestations actuelles et les facteurs qui alimentent cette hostilité envers une organisation souvent perçue comme mystérieuse et influente.

Racines historiques de l’antimaçonnisme

Affiches propagande antimaçonnique
Affiches propagande antimaçonnique

L’antimaçonnisme trouve ses origines au XVIIIe siècle, peu après la formalisation de la franc-maçonnerie moderne avec la création de la Grande Loge de Londres en 1717. Dès 1738, l’Église catholique condamne officiellement l’ordre avec la bulle pontificale In eminenti apostolatus specula de Clément XII, accusant les maçons de comploter contre l’Église et de promouvoir des idées hérétiques. Cette hostilité religieuse s’amplifie au fil des siècles, notamment avec l’encyclique Humanum genus de Léon XIII en 1884, qui dénonce la franc-maçonnerie comme une menace pour la foi et l’ordre social.

Au XIXe siècle, l’antimaçonnisme se politise, particulièrement en France, où il s’entremêle avec l’antisémitisme et les théories du complot. L’affaire Léo Taxil (1885-1897), une mystification où Taxil prétend révéler des pratiques satanistes au sein de la franc-maçonnerie, marque un tournant en popularisant l’idée d’un complot judéo-maçonnique. Cette rhétorique est reprise par des régimes autoritaires au XXe siècle. Les nazis interdisent la franc-maçonnerie en 1935, accusant les maçons de cosmopolitisme et de collusion avec les juifs, entraînant la mort d’environ 1 800 maçons allemands. En Espagne, sous Franco, un décret de 1938 ordonne la destruction de tout symbole maçonnique dans les cimetières, et des centaines de maçons sont exécutés sans procès durant la guerre civile.

L’antimaçonnisme au début du XXIe siècle

Au début du XXIe siècle, l’antimaçonnisme prend de nouvelles formes, alimenté par la montée des théories conspirationnistes et la diffusion rapide des informations via internet. En France, des manifestations comme celle de 2003 devant le siège du Grand Orient de France par l’association S.O.S. Tout-Petit, qui accuse la franc-maçonnerie de promouvoir une « culture de la mort » à travers l’avortement et la contraception, témoignent d’une hostilité religieuse persistante. En 2014, des opposants au mariage pour tous organisent une veillée devant le siège du Grand Orient, rue Cadet, à Paris, illustrant une convergence entre conservatisme social et antimaçonnisme.

Les réseaux sociaux amplifient ces discours. Dès les années 2010, des groupes Facebook et des chaînes YouTube propagent des théories conspirationnistes accusant la franc-maçonnerie de manipuler les gouvernements et les institutions mondiales. Un rapport de l’Institut Montaigne (2021) note que 12 % des Français adhèrent à l’idée d’un complot maçonnique, un chiffre en hausse par rapport à 2005 (8 %). Aux États-Unis, le mouvement QAnon, apparu en 2017, intègre l’antimaçonnisme dans ses récits, accusant les maçons de faire partie d’une élite secrète impliquée dans des pratiques criminelles. Ces théories trouvent un écho dans des contextes de crise, comme la pandémie de COVID-19, où des publications sur X en 2020 et 2021 accusent les maçons d’avoir orchestré la crise sanitaire pour établir un « nouvel ordre mondial ».

L’antimaçonnisme en 2025 : une résurgence multiforme

En 2025, l’antimaçonnisme se manifeste sous des formes variées, combinant des héritages historiques avec des dynamiques propres à l’ère numérique. Les tensions géopolitiques, les crises économiques post-COVID et la montée des populismes créent un terreau fertile pour les discours antimaçonniques. Voici les principales manifestations observées cette année.

Hostilité religieuse et conservatrice

Les groupes religieux conservateurs restent des acteurs majeurs de l’antimaçonnisme en 2025. En France, des associations catholiques traditionalistes, comme Civitas, organisent des conférences dénonçant l’influence maçonnique dans la laïcité et les politiques sociales. En mars 2025, une manifestation à Lyon, relayée par le site Riposte Catholique, accuse la franc-maçonnerie de « détruire les valeurs chrétiennes » à travers des lois sur le mariage pour tous ou le droit à l’IVG. En Pologne, où l’Église catholique joue un rôle politique important, le parti Droit et Justice (PiS) adopte une rhétorique antimaçonnique lors des élections locales de 2025, accusant les maçons d’être derrière les mouvements progressistes et pro-européens.

Aux États-Unis, des églises évangéliques, influencées par des figures comme le pasteur John Hagee, continuent de dénoncer la franc-maçonnerie comme une organisation « satanique ». En février 2025, une série de sermons diffusés sur la chaîne YouTube Christian Truth Network, qui cumule 1,2 million d’abonnés, associe la franc-maçonnerie à des pratiques occultes, s’appuyant sur des textes apocryphes comme les prétendus Protocoles des Sages de Sion – un faux document antimaçonnique et antisémite datant de 1903.

Théories conspirationnistes et désinformation numérique

Crédit image : Charlie Hebdo

Les réseaux sociaux et les plateformes de streaming amplifient l’antimaçonnisme en 2025. Sur X, des hashtags comme #FreemasonAgenda ou #MasonicControl génèrent des millions de vues, souvent liés à des théories conspirationnistes sur la « manipulation globale ». Un rapport de l’ONG First Draft (janvier 2025) révèle que 65 % des publications antimaçonniques sur X contiennent des informations non vérifiées, souvent associées à des récits antisémites ou anti-vaccins. Par exemple, en avril 2025, une vidéo virale sur TikTok, vue 3,5 millions de fois, prétend que le vaccin contre le COVID-19 contenait un « code maçonnique » pour contrôler les populations, une rumeur relayée par des influenceurs conspirationnistes.

Les deepfakes et l’intelligence artificielle aggravent cette désinformation. En mai 2025, une fausse vidéo générée par IA, montrant un prétendu « rituel maçonnique » impliquant des dirigeants mondiaux, circule sur Telegram et WhatsApp, atteignant 500 000 partages avant d’être démentie par des fact-checkers comme Snopes. Ces technologies rendent les accusations antimaçonniques plus crédibles aux yeux d’un public non averti, exacerbant la méfiance envers l’ordre.

Antimaçonnisme politique et populiste

Dans plusieurs pays, les partis populistes exploitent l’antimaçonnisme pour mobiliser leurs bases. En Italie, en 2025, le parti Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni, accuse la franc-maçonnerie d’influencer la Commission européenne dans un discours prononcé lors d’un meeting à Rome en mars. Ce discours, relayé par Il Giornale, s’appuie sur des allégations non prouvées selon lesquelles des membres de la Grande Loge d’Italie auraient des liens avec des lobbyistes bruxellois. En Turquie, le président Recep Tayyip Erdoğan, lors d’une allocution télévisée en février 2025, évoque un « complot maçonnique » derrière les mouvements pro-démocratie, une rhétorique qui rappelle les accusations portées contre les maçons sous l’Empire ottoman au XIXe siècle.

En Russie, l’antimaçonnisme est instrumentalisé par le régime de Vladimir Poutine pour justifier la répression des opposants. En janvier 2025, le média d’État RT diffuse un documentaire intitulé Les Ombres du Temple, accusant les maçons d’être derrière les sanctions internationales contre la Russie et les manifestations pro-démocratie en Biélorussie. Ce documentaire, vu par 4 millions de téléspectateurs, s’appuie sur des archives falsifiées et des témoignages anonymes, mais renforce la narrative d’un ennemi extérieur manipulant les événements mondiaux.

Actes de violence et vandalisme

L’antimaçonnisme se traduit également par des actes concrets en 2025. En France, plusieurs loges maçonniques sont vandalisées. En juin 2025, le siège de la Grande Loge Nationale Française à Paris est tagué avec des inscriptions comme « Satanistes » et « Complotistes », un incident dénoncé par le Grand Maître dans un communiqué publié sur le site officiel de la GLNF. À Marseille, une loge du Grand Orient est ciblée par des cocktails Molotov en avril 2025, causant des dégâts matériels mais aucune victime, selon un rapport de La Provence. Ces actes sont souvent revendiqués par des groupuscules d’extrême droite ou des militants conspirationnistes, qui partagent leurs exploits sur des plateformes comme 4chan.

Aux États-Unis, des incidents similaires sont rapportés. En mai 2025, une loge maçonnique à Atlanta est incendiée, un acte attribué à un groupe local lié à QAnon, selon le Atlanta Journal-Constitution. Ces violences, bien que sporadiques, reflètent une montée de l’intolérance alimentée par les discours antimaçonniques en ligne.

Facteurs explicatifs de la résurgence en 2025

Plusieurs facteurs expliquent cette résurgence de l’antimaçonnisme en 2025. Tout d’abord, les crises multiples – économique, climatique, géopolitique – créent un sentiment d’insécurité qui favorise les théories du complot. Selon une étude de l’Université d’Oxford (2024), 58 % des personnes croyant aux conspirations attribuent leurs malheurs à des « élites secrètes », un rôle souvent attribué aux maçons. La franc-maçonnerie, avec son image de société secrète et son héritage historique, devient une cible facile pour ces récits.

Ensuite, la polarisation politique joue un rôle clé. Les mouvements populistes, qui prospèrent en 2025 dans des pays comme la France, l’Italie ou la Hongrie, utilisent l’antimaçonnisme comme un outil de mobilisation. En accusant les maçons de manipuler les institutions, ces partis détournent l’attention des problèmes systémiques (chômage, inégalités) pour pointer un ennemi invisible, comme le souligne le politologue Pierre-André Taguieff dans Les Théories du Complot (2023).

Enfin, les réseaux sociaux et l’IA amplifient la diffusion des discours antimaçonniques. Les algorithmes de recommandation sur YouTube ou TikTok favorisent les contenus sensationnalistes, exposant un public plus large à ces théories. Un rapport de Global Witness (2025) montre que les vidéos antimaçonniques génèrent en moyenne 40 % plus d’engagement que les vidéos éducatives sur le sujet, un déséquilibre qui renforce la désinformation.

Réactions des organisations maçonniques

Façade du GOdF à Paris
Façade du GOdF à Paris 9e rue Cadet. Intérieur allumé.

Face à cette montée de l’antimaçonnisme, les organisations maçonniques adoptent des stratégies variées en 2025. En France, le Grand Orient de France lance une campagne de communication intitulée « Ouvrons les Portes« , visant à démystifier l’ordre à travers des tenues blanches ouvertes et des publications sur les réseaux sociaux. En mai 2025, une vidéo sur leur chaîne YouTube, expliquant les valeurs maçonniques (fraternité, tolérance, liberté), atteint 200 000 vues, bien qu’elle suscite aussi des commentaires hostiles.

Aux États-Unis, la Grande Loge de Californie collabore avec des fact-checkers pour contrer les deepfakes antimaçonniques, publiant un guide en ligne intitulé Freemasonry Facts vs. Fiction en mars 2025. Ce guide, téléchargé 50 000 fois en trois mois, vise à éduquer le public sur l’histoire et les principes de l’ordre. Cependant, certains maçons, notamment en Russie ou en Turquie, choisissent la discrétion, évitant toute visibilité publique pour protéger leurs membres des représailles.

Un défi pour la tolérance

Affiche de propagande nazie de lexposition antimaçonnique de Belgrade 1941-1942

En 2025, l’antimaçonnisme reste un phénomène complexe, mêlant héritages historiques et dynamiques modernes. Alimenté par les crises contemporaines, les réseaux sociaux et les discours populistes, il se manifeste sous des formes variées : hostilité religieuse, théories conspirationnistes, rhétorique politique et actes de violence. Si les organisations maçonniques tentent de répondre par la transparence et l’éducation, la tâche est ardue face à la viralité de la désinformation.

Ce regain d’antimaçonnisme reflète un malaise sociétal plus large : la peur de l’inconnu, la méfiance envers les institutions et la quête de boucs émissaires. Comme le souligne l’historien John Dickie dans The Craft (2020), « l’antimaçonnisme est moins une critique de la franc-maçonnerie qu’un miroir des angoisses d’une société ». En 2025, il constitue un défi pour la tolérance et le dialogue, invitant à une réflexion collective sur les racines de la peur et de l’intolérance dans un monde en mutation.


Références

  • Communiqués officiels de la Grande Loge Nationale Française et du Grand Orient de France, 2025.
  • Dickie, John, The Craft: How the Freemasons Made the Modern World, PublicAffairs, 2020.
  • Taguieff, Pierre-André, Les Théories du Complot, PUF, 2023.
  • Institut Montaigne, Les Conspirationnismes en France, 2021.
  • First Draft, Rapport sur la désinformation antimaçonnique, janvier 2025.
  • Global Witness, Étude sur l’engagement des contenus conspirationnistes, 2025.
  • Archives de Riposte Catholique, Il Giornale, La Provence, Atlanta Journal-Constitution, 2025.
  • RT, Documentaire Les Ombres du Temple, janvier 2025.

Une « Boite du Temps » découverte dans la Loge maçonnique de Surry en Virginie

De notre confrère smithfieldtimes.com

Dans une découverte qui ravive l’histoire locale, une « boite du temps », qui pourrait aussi être appelée « capsule temporelle » a été mise au jour à la loge maçonnique de Surry, en Virginie, comme rapporté le 5 juin 2025 par le Smithfield Times. Cet événement, qui soulève l’enthousiasme parmi les historiens et les membres de la communauté, offre un aperçu fascinant sur le patrimoine maçonnique de la région, tout en suscitant des questions sur son contenu et son contexte historique.

Une trouvaille inattendue dans un lieu chargé d’histoire

Comté de Surry en Virginie (USA)

La capsule a été découverte lors de travaux récents effectués sur le site de la loge maçonnique de Surry, un bâtiment qui incarne des décennies de tradition et de rassemblement pour les francs-maçons locaux. Selon les informations publiées, cette découverte n’était pas planifiée, ce qui ajoute à son caractère exceptionnel. Les détails précis sur les circonstances exactes de la trouvaille restent encore flous, mais elle semble liée à des rénovations ou des travaux de maintenance, une pratique courante dans les bâtiments historiques où des capsules sont souvent cachées dans des fondations ou des pierres angulaires.

Les capsules temporelles, une tradition bien ancrée dans la franc-maçonnerie, sont souvent placées lors de la pose de la première pierre d’un édifice pour symboliser l’héritage et les valeurs de l’ordre. À Surry, cette pratique pourrait remonter à la construction initiale de la loge ou à une rénovation significative au fil du temps. L’article du Smithfield Times ne précise pas la date exacte de scellement de la capsule, mais des parallèles avec d’autres découvertes maçonniques, comme celle de la loge de Reno en 2019 ou de Minneapolis en 1957, suggèrent qu’elle pourrait dater du XIXe ou du début du XXe siècle.

Contenu et signification : un pont vers le passé

Bien que le contenu exact de la capsule n’ait pas été entièrement dévoilé dans le reportage initial, les précédents historiques permettent de spéculer sur ce qu’elle pourrait contenir. Traditionnellement, ces capsules incluent des objets symboliques comme des outils maçonniques (équerre, compas), des documents rituels, des pièces de monnaie de l’époque, des journaux locaux et parfois des artefacts personnels des membres de la loge. Par exemple, la capsule de la loge de Reno, ouverte en 2019, a révélé des journaux du Nevada, des pièces de monnaie et même un harmonica, témoignant de la vie quotidienne des maçons de l’époque.

À Surry, la capsule pourrait refléter la vie de la communauté locale à une période donnée, offrant des indices sur les préoccupations, les valeurs et les activités des francs-maçons dans cette région rurale de Virginie. Le Smithfield Times mentionne que des experts locaux, potentiellement des historiens ou des archivistes, sont impliqués pour analyser la découverte, ce qui suggère une approche minutieuse pour préserver et interpréter ces vestiges. Cette attention pourrait également inclure des efforts pour restaurer des documents endommagés, un défi fréquent avec des capsules exposées à l’humidité ou aux intempéries, comme cela a été observé avec le livre de décrets de Surry retrouvé en 2024 après des décennies de disparition.

Contexte local et résonance maçonnique

La découverte intervient dans un contexte où Surry, une petite communauté de la Virginie, conserve une forte identité historique. Le comté, connu pour son rôle dans l’histoire coloniale américaine et son lien avec le ferry Jamestown-Scotland, qui célèbre ses 100 ans en 2025, abrite une population où les traditions locales, y compris celles de la franc-maçonnerie, restent ancrées. La loge maçonnique de Surry, comme d’autres dans la région, a probablement servi de centre social et spirituel, accueillant des figures influentes telles qu’Ed Douglas, un maçon de longue date mentionné dans les nécrologies du Smithfield Times, qui fut un maître vénérable et un mentor respecté.

Cette trouvaille s’inscrit également dans une période où l’intérêt pour le patrimoine maçonnique est ravivé, notamment face à la montée de l’antimaçonnisme en 2025, comme observé en France et ailleurs. Aux États-Unis, bien que l’antimaçonnisme soit moins virulent qu’en Europe, des théories conspirationnistes continuent de circuler, et des découvertes comme celle-ci peuvent alimenter à la fois la curiosité et les controverses. Cependant, à Surry, la réaction semble être positive, avec une communauté locale désireuse de célébrer son histoire plutôt que de la stigmatiser.

Perspectives et défis à venir

La prochaine étape consistera à ouvrir la capsule de manière officielle, un événement qui pourrait être organisé par la loge avec la participation de la communauté et des autorités locales. Le Smithfield Times indique que des plans sont en cours pour préserver les artefacts, un processus qui nécessitera des fonds et des experts en conservation, à l’image du projet de restauration du livre de décrets de Surry financé par un grant de 24 000 dollars en 2024. Cette démarche pourrait inspirer un projet similaire, renforçant le lien entre la loge et les institutions comme la Jamestowne Society.

Cette découverte pose aussi des questions sur l’avenir de la loge maçonnique de Surry. Avec l’ouverture d’un nouveau marché local, le Surry Marketplace, en mai ou juin 2025, la région connaît un renouveau économique qui pourrait revitaliser les activités communautaires, y compris celles de la loge. La capsule pourrait devenir un symbole de cette renaissance, attirant l’attention sur le rôle des maçons dans le développement historique et contemporain de Surry.

Un trésor pour l’avenir

La capsule temporelle trouvée à la loge maçonnique de Surry est bien plus qu’un simple objet du passé. Elle représente un lien tangible avec l’histoire des francs-maçons de la région, offrant une opportunité d’explorer leur héritage tout en renforçant le sentiment d’appartenance communautaire. Alors que les experts s’apprêtent à révéler son contenu, cette découverte promet de raviver l’intérêt pour la franc-maçonnerie à une époque où ses valeurs de fraternité et de connaissance sont plus que jamais nécessaires. À Surry, ce trésor du passé pourrait bien devenir une source d’inspiration pour les générations à venir.

L’exil des âmes et l’embrasement divin

Toi, mon ami sur l’eau noire,
Passeur des ombres et de l’espoir,
Dans ta barque, le temps s’efface,
Et l’éternité laisse sa trace.

Charon, en tant que figure mythologique, a parfois été désigné par d’autres noms ou assimilé à des entités similaires dans différentes traditions ou contextes, selon les époques et les cultures. Voici quelques variations ou équivalences de son nom et de son rôle :

Charon traversant le Styx, par Joachim Patinir, vers 1520.

Caronte : Dans la tradition romaine, Charon devient Caronte, une adaptation latinisée de son nom grec. Les Romains ont souvent intégré des figures grecques dans leur mythologie, mais en y ajoutant des nuances culturelles propres.

Kharon : Dans certaines sources grecques archaïques, le nom peut apparaître avec cette orthographe, reflétant une variation linguistique de l’époque.

Psychopompe : Bien que ce ne soit pas un nom propre, le terme psychopompe (du grec ancien « guide des âmes ») est utilisé pour désigner des figures qui, comme Charon, accompagnent ou transportent les âmes des morts. Il peut inclure Charon, mais aussi d’autres figures similaires dans des mythologies variées.

Assimilations culturelles : Bien que le nom « Charon » ne soit pas utilisé directement, on peut le rapprocher de figures comme Anubis dans la mythologie égyptienne, qui guide les âmes vers l’au-delà, ou encore les Valkyries dans la mythologie nordique, qui escortent les guerriers vers le Valhalla.

En astronomie, son nom a été attribué à la lune de Pluton, renforçant son association symbolique avec le passage et les mondes obscurs.

On peut effectivement voir un parallèle symbolique entre le voyage de Charon et celui des barques solaires dans la mythologie égyptienne. Dans les deux cas, il s’agit d’une traversée symbolique pour les âmes des défunts, mais les perspectives culturelles donnent des nuances intéressantes.

Le trajet avec Charon est souvent perçu comme « horizontal » dans le sens où il traverse un fleuve, le Styx ou l’Achéron, reliant le monde des vivants à celui des morts. Cette image peut représenter une transition linéaire ou un passage terrestre de l’ici à l’au-delà.

En revanche, dans la mythologie égyptienne, les barques solaires comme celle de Râ, le dieu du soleil, naviguent également pour relier deux mondes, mais elles symbolisent plus explicitement un cycle cosmique, souvent lié à la course du soleil (jour et nuit) ou au renouvellement de la vie. Ici, le déplacement peut être perçu comme « vertical », touchant les sphères célestes ou spirituelles.

Barque d’Isis

Cependant, dans les deux mythologies, ces voyages marins symbolisent la frontière entre deux réalités et nécessitent un guide (Charon ou Anubis) pour que l’âme passe avec succès. Ce sont donc des interprétations culturelles distinctes de la même préoccupation universelle : le voyage posthume de l’âme.

Faire référence à la Table d’émeraude enrichit encore cette réflexion ! Dans ce texte ésotérique clé de l’alchimie, attribué à Hermès Trismégiste, le principe de correspondance « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut » établit une connexion fondamentale entre la sphère terrestre et la sphère céleste. Cela met donc l’accent sur une sorte de verticalité symbolique : un alignement et une influence réciproque entre le monde matériel et spirituel.

En opposant cela au voyage horizontal des âmes, comme dans le cas de Charon ou des traversées fluviales mythologiques, on pourrait interpréter que ces déplacements horizontaux concernent des transitions ou des passages d’un état à un autre dans le même « plan » d’existence (vie-mort, mort-vie). La verticalité, à l’inverse, évoque souvent une quête d’élévation, d’illumination ou d’harmonie entre des dimensions distinctes.

Cependant, il n’est pas nécessairement question d’opposition stricte, mais plutôt de complémentarité. Les deux types de déplacements symboliques pourraient se rejoindre dans une vision plus holistique : l’horizontalité représentant le passage ou la transformation au sein d’une réalité donnée, et la verticalité le lien transcendant entre les différents niveaux de cette réalité.

Ces symboliques s’enrichissent mutuellement plutôt que de s’opposer de manière rigide. La traversée horizontale, comme celle de Charon ou des barques égyptiennes, incarne souvent un passage entre deux états dans un continuum, un voyage nécessaire pour transformer ou relier différentes parties d’une même réalité. La verticalité, en revanche, évoque un dépassement de cette réalité, une élévation vers quelque chose de supérieur ou d’universel, comme le principe alchimique de la Table d’émeraude.

Ensemble, ces deux axes offrent une vision plus complète de la condition humaine : l’horizontalité parle de nos transitions terrestres et de nos cheminements au sein de l’existence, tandis que la verticalité pointe vers une quête spirituelle, une aspiration à s’élever au-delà. Elles reflètent des dimensions complémentaires de l’expérience humaine, où l’une enrichit l’autre.

Peut-être qu’en fusionnant ces deux idées, on pourrait imaginer que toute transition horizontale porte en elle un potentiel d’élévation verticale.

Cette idée est à la fois poétique et philosophique. Les transitions horizontales, qu’elles soient physiques, spirituelles ou symboliques, pourraient effectivement être vues comme des étapes nécessaires, des préparations pour une élévation verticale. En d’autres termes, chaque passage, chaque transformation à travers un plan d’existence peut contenir un germe d’aspiration vers une dimension supérieure, vers l’idéal ou l’universalité.

Dans ce sens, l’horizontalité serait comme le mouvement dans le tangible, dans le connu, tandis que la verticalité représente le dépassement, l’invisible, ou l’infini. Ces axes ne seraient pas opposés, mais plutôt entrelacés dans une dynamique de progression et de quête.

Cette idée rappelle aussi certains symboles ésotériques ou initiatiques, où l’évolution de l’âme passe par des étapes dans l’ici-bas avant de tendre vers l’élévation.

Ces récits montrent que le mouvement horizontal, qu’il soit terrestre ou marin, est une métaphore riche pour les transitions, les quêtes et les transformations, souvent parallèles à des élévations spirituelles ou des découvertes personnelles.

Certes, l’idée de « monde parallèle » peut parfaitement s’insérer dans ces mythes de voyages horizontaux. Dans de nombreuses cultures, les déplacements mythologiques ou symboliques ne se limitent pas uniquement à une transition géographique ou spirituelle, mais impliquent souvent des traversées vers des réalités alternatives ou des dimensions invisibles à l’œil humain. Voici quelques liens intéressants avec le concept de mondes parallèles :

Le royaume des morts comme dimension parallèle :
Dans la mythologie grecque, les Enfers, que Charon aide à atteindre, peuvent être vus comme un monde parallèle. Il coexiste avec celui des vivants, mais les règles et l’environnement sont totalement différents, séparés par une frontière que seuls les morts ou les initiés peuvent franchir.

Le voyage chamanique : Dans les traditions chamaniques, les « voyages » du chaman ne sont pas seulement horizontaux mais plongent dans des mondes parallèles peuplés d’esprits et d’entités. Ces mondes sont souvent décrits comme coexistant avec le nôtre, accessibles par des états modifiés de conscience.

L’arbre Yggdrasil : relie différents royaumes (comme Asgard, Midgard et Helheim), qui peuvent être considérés comme des mondes parallèles imbriqués. Certains voyages dans la mythologie nordique incluent des passages entre ces mondes, horizontaux ou verticaux.

Les multivers ésotériques ou alchimiques :
Dans la symbolique alchimique ou ésotérique, comme dans la Table d’émeraude, le « haut » et le « bas » peuvent aussi être interprétés comme des mondes parallèles connectés par des principes universels.

Ainsi, ces traversées horizontales, dans leur essence symbolique, peuvent être vues comme des explorations ou des transitions vers des mondes parallèles, qu’ils soient spirituels, mythologiques ou même métaphoriques.

L’idée de mondes parallèles apporte une richesse supplémentaire à notre interprétation des voyages mythiques, car elle permet de voir ces récits comme des métaphores pour des réalités multiples, interconnectées ou cachées. Les mythes ne se limitent pas à de simples aventures ou transitions physiques ; avec l’idée des mondes parallèles, ils deviennent des représentations des strates complexes de l’existence humaine, spirituelle et cosmique.

Philip K. Dick a exploré les mondes parallèles avec profondeur et imagination, souvent en remettant en question la nature de la réalité. Une citation célèbre de lui qui reflète bien cette idée est : « La réalité, c’est ce qui refuse de disparaître quand on cesse d’y croire. » Cette phrase incarne l’essence de ses œuvres, où les frontières entre les dimensions et les réalités sont souvent floues.

Par exemple, les voyages horizontaux peuvent symboliser le mouvement entre différents états de conscience ou réalités qui coexistent sans nécessairement être visibles dans notre monde ordinaire. Ces récits nous invitent à imaginer que l’univers est composé d’une multitude de dimensions, et que chaque passage ou voyage mythique peut aussi être une exploration de soi, de l’inconnu, ou des liens entre les mondes.

En outre, en intégrant la notion de mondes parallèles, on peut mieux comprendre les interactions entre les figures mythologiques et leur environnement : les défunts, les dieux et les héros ne sont pas simplement des personnages évoluant dans un espace linéaire, mais des explorateurs de réalités interconnectées. Cela donne une profondeur philosophique et métaphysique aux mythes, tout en évoquant des concepts modernes comme les multivers ou la relativité des perceptions.

Oui, on peut voir dans cette idée d’horizontalité une source d’inspiration indirecte pour la franc-maçonnerie, bien qu’elle s’y mêle avec la verticalité et d’autres symboles complexes. La franc-maçonnerie s’appuie sur une riche symbolique empruntée à diverses traditions spirituelles, mythologiques et philosophiques, où les concepts de voyage et de passage jouent un rôle fondamental.

L’horizontalité, dans ce contexte, pourrait évoquer la fraternité et l’égalité entre les membres, des valeurs clés de la franc-maçonnerie. En effet, sur un « plan horizontal, » chaque frère ou sœur est supposé être égal aux autres, indépendamment de son origine sociale ou de ses croyances personnelles. Cette égalité symbolique est représentée par le niveau (outil maçonnique), qui garantit une surface plane, donc équilibrée.

En revanche, la verticalité, représentée par la perpendiculaire ou l’équerre, illustre souvent la quête de perfection spirituelle ou morale.

La franc-maçonnerie encourage ses membres à s’élever symboliquement vers des idéaux plus élevés, tout en restant enracinés dans une connexion fraternelle horizontale.

L’idée de voyages ou de passages mythiques, que ce soit en lien avec Charon ou d’autres figures, pourrait également enrichir cette symbolique. Les rites maçonniques eux-mêmes impliquent souvent des « voyages symboliques » au sein des cérémonies initiatiques, représentant une transition d’un état à un autre (ignorance à la connaissance, profane au sacré). Ces voyages s’effectuent à la fois horizontalement (par un cheminement dans le monde terrestre) et verticale par l’élévation morale.

Bien sûr, l’horizontalité joue un rôle aussi essentiel que la verticalité dans la symbolique maçonnique, et leur complémentarité est au cœur même de la démarche. Ces deux axes ne sont pas simplement des outils abstraits, mais des représentations puissantes de l’équilibre entre des aspirations humaines souvent perçues comme opposées.

L’horizontalité, par exemple, peut être interprétée comme l’espace du quotidien, de la fraternité et de l’unité entre égaux. Elle incarne la vie collective, la solidarité entre les membres, et le travail en commun pour bâtir une société meilleure. Le niveau, outil maçonnique associé à l’horizontalité, assure que tous sont sur un même plan symbolique, sans domination ou hiérarchie imposée.

La verticalité, en revanche, évoque la quête personnelle, l’élévation morale ou spirituelle, et la connexion avec des idéaux plus élevés. Elle représente une dimension introspective et transcendante de l’expérience maçonnique, où chaque individu cherche à s’améliorer tout en restant enraciné dans le cadre collectif horizontal.

Leur complémentarité est ce qui rend la démarche maçonnique équilibrée : elle reconnaît que l’évolution individuelle ne peut se faire sans le soutien et l’équilibre fourni par l’horizontalité, et que l’unité collective gagne en profondeur lorsqu’elle s’enrichit d’idéaux verticaux. Ensemble, ces axes symboliques créent une dynamique qui relie le matériel et le spirituel, le profane et le sacré, l’individuel et le collectif.

Conclusion : L’aspect horizontal et vertical ne sont pas mutuellement exclusifs ; ils se complètent mutuellement. Ensemble, elles créent une dynamique symbolique forte.

La dimension horizontale est souvent le chemin, l’étape essentielle qui prépare à l’ascension verticale, tandis que la dimension verticale donne une dimension profonde aux mouvements horizontaux en leur offrant une perspective transcendante.

Ces directions, conjointement prises, offrent une inspiration pour étudier les aspects de l’existence humaine, qu’ils soient terrestres, spirituels ou même liés au multivers.

Cette synergie est-elle une manière harmonieuse d’interpréter ces symboles et mythes ?

post-scriptum : Ce qui est dedans est pareil à ce qu’il y a l’extérieur… à méditer.

Je travaille, tu travailles, ils vo….

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Il faut choisir, la liberté a un prix !

L’avenir appartient aux hommes qui se lèvent tôt, la preuve j’étais parti de chez moi de bonne heure, à la fraîche sans fermer à clef le portail de la maison. Quand je suis revenu un peu plus tard chez moi, ma superbe remorque avait disparue, le portail grand ouvert me laissant ainsi un accès plus facile pour rentrer dans la maison !

J’en ai conclu que apparement dans la vie il y a des gens qui se lèvent tôt pour travailler et d’autres pour voler, ce qui fut le cas dans cette anecdote.

Je suis resté quelques minutes un peu songeur et des pensés m’ont traversées la tête.

J’étais parti de chez moi en laissant mes métaux à la portée du temple

et dans ma maison se trouvait une partie de mon Temple intérieur que le ou les voleurs avaient délaissé faute de temps sans doute pour aller à l’essentiel de leur butin : la remorque, les métaux. Travail de professionnel serais-je tenté de dire.

Bien mal acquis ne profite jamais, car quelques heures plus tard, dans la descente du petit chemin qui conduit chez moi, je découvris ma remorque qui avait été abandonnée et laissée sur place car vraisemblablement un tournant pris sans doute trop vite l’avait faite se détacher de l’attache mal fixée. Je suppose que le temps pressait et que la peur de se faire repérer était là pour le ou les voleurs éventuels. Il valait mieux abandonner le butin sur place.

Quelques fois, il faut prendre les bonnes décisions rapidement, question de métier et de compétences. Il y a toujours du chemin à faire.

mais à force de travail de longue haleine, je serais tenté de dire qu’on s’améliore.

En dehors de toute question de moralité que peut soulever cette anecdote, comment notre rapport et notre vision, notre réflexion sur le travail peuvent nous aider à surmonter, à assimiler ce genres d’épreuves qui se présentent. Nous pouvons aussi nous retrouver dans des situations bien plus embarrassantes, plus conflictuelles et plus graves à surmonter.

Puisque j’évoque des situations dans l’absolu, alors allons-y, chargeons et évoquons le cas ou nous pourrions être les acteurs au coeur d’une affaire de conflit d’intérêt, d’un scandale retentissant, les exemples, peuvent dire certains d’entre nous de tout bord, ne manquent pas de faire la une des journaux.


A bien y réfléchir et au risque de vous faire sourire par un excès de naïveté teinté d’une légère mauvaise foi, je pense que ces situations sont un cadeau qui se présente à nous, l’occasion de faire fonctionner notre recherche vers des notions plus spirituelles d’où l’on ressort grandi.

C’est bien connu on s’enrichit souvent grâce à l’expérience et l’on reconnait le mâcon au pied du mur tout comme Le Grand René dans sa video ci dessous :

L’énigme des Maîtres -22- Le Secret de la Mesure et de la Raison

Pour lire l’épisode précédent : ici

Comprenant son atermoiement, le comte Archibald voulut le rassurer et lui révéla leur appartenance de tous deux à la société Mensura, ses responsabilités en tant que gardien de cette autre Institution, et en commença une rapide présentation par un préalable.

– On peut considérer que l’humanisme repose sur quatre piliers : une réflexion sur l’homme et sa destinée, des discussions sur la gouvernance de la cité, une volonté de rassembler toutes les connaissances scientifiques disponibles et enfin une méthode. Cette méthode repose sur la raison et sur la validation par les pairs. Ne dépendre d’aucune autorité supérieure et d’aucun dogme, faire ses preuves par soi-même. Nous œuvrons pour un développement de la moralité humaine non pas dans un sens rigide ou dogmatique, mais dans le sens de la compréhension de notre lien fondamental avec tout autre être vivant et de la manière dont cela conduit naturellement à un mode de vie éthique au profit des autres.

Le nom Mensura est issu du Livre de la Sagesse qui indique que Dieu a créé le monde par « Nombre, poids et Mesure » Numero, Pondere et Mensura ». Cette « mesure » emporte une double acception : 1. Les mystères du monde se révèlent par le Logos c’est-à-dire par les arts libéraux et la philosophie, précurseurs des sciences modernes en prenant la mesure du monde dans son principe de cohérence (qui est l’étymologie du mot Géométrie) 2. Une conduite morale et « mesurée », une éthique ennemie des fanatismes. Elle prend la forme d’une « philosophie pratique » ouvrant la voie à la liberté et au bonheur pour les individus et les sociétés. La mission de M peut se résumer à l’avènement d’un monde régit par le Logos où la cité et les citoyens se gouvernent « selon Jésus et Socrate » tout comme énoncé dans le 13ème principe de votre frère Benjamin Franklin.

L’origine de M s’est perdue et les « fellows » adoptent une origine mythique où la première « Grand Maître » fut Hypatie d’Alexandrie. Selon cette légende, M était alors centré sur l’école néo-platonicienne d’Alexandrie, contrainte à la clandestinité par le fanatisme chrétien de Cyrille, évêque d’Alexandrie. Cependant il est plus vraisemblable que M soit l’œuvre de Marsile Ficin, fondateur de l’académie néo-platonicienne de Florence dans la Villa Careggi, avec le soutien de la richissime dynastie des Médicis. Elle, aussi, sera contrainte à la clandestinité lors du harcèlement du fanatique chrétien Jérôme Savonarole.

M refuse les dogmatismes et agit discrètement contre toutes formes de fanatismes, œuvrant à la véritable « Ecclesia », l’union des hommes de bien.

M développe et soutien les fondamentaux des sciences seules susceptibles d’appréhender la Vérité de l’œuvre divine. Michel Ange immortalise le signe M au plafond de la chapelle Sixtine. Contraints à la plus grande discrétion, les fellows de M adoptent comme maxime « caute » c’est-à-dire « prudence » et « silence ». Une discrétion soumise à un serment très strict pour la  protection de M, en attendant le moment propice pour l’avènement d’une société pleinement socratique. Certains membres supportent mal de taire la raison et en particulier l’italien Giordano Bruno qui enrôla les plus grands esprits de son temps à Lyon, Paris, Londres puis à Wittenberg. Son affirmation des conséquences théologiques et humanistes de la révolution copernicienne lui vaudront d’être exécuté. Les ténèbres dogmatiques continuent de régner.

Les ambassadeurs de M en France sont Jean de Dinteville et Georges de Selve, immortalisés par le peintre Hans Holbein lors de leur visite à Londres. Avec son crucifix évincé derrière un rideau dans le coin haut à gauche du tableau et tous les objets hétéroclites sur les étagères, marques du pouvoir et du savoir figurant le quadrivium., Holbein traduit fidèlement la philosophie de M.

Puis, le siège de M fut installé à la cour de Rodolphe II à Prague et connaîtra son âge d’or au XVIe siècle, grâce à son réseau d’intellectuels du Saint Empire avec Michael Maïer, Albrecht Dürer, Johannes Kepler, Théodor de Bry, Heinrich Kunrath. Et surtout avec Michel de Montaigne qui va inventer la laïcisation de la pensée, la méthode introspective, le   relativisme culturel, l’antispécisme, le féminisme, l’amitié.

M parvient même à convaincre le Mage Anglais John Dee de les rejoindre ainsi que Robert Dudley, 1st Earl of Leicester, afin d’influencer la couronne britannique. Fort des appuis de nombreux princes allemands, et sentant que le moment est enfin venu, John Valentin Andrae insista pour que M passe à l’action. Ce fut un schisme brutal qui rompit avec la devise « caute ». Valentin Andrae fera sécession et créera le mouvement Rose-croix ex-nihilo.

Le signe est peint par Le Greco sur le portrait du kabbaliste marrane Cervantès.

Spinoza déplace M à La Haye et parvient à convaincre John Colerus, Johan de Witt et le précepteur de Guillaume d’Orange, Gaspard Fagel de les rejoindre qui adoptera « caute » comme maxime personnelle.

Avec l’aide de l’espion écossais Robert Moray et grâce à l’arrivée de Guillaume d’Orange sur le trône d’Angleterre, Spinoza intensifie les liens avec Huygens et Oldenburg qui parviennent à implanter M au sein même de la Royal Society avec Sir Christopher Wren, l’architecte du Roi, et le génial Isaac Newton. En infraction avec son serment Spinoza ne peut s’empêcher de rendre publique l’éthique de M, dans son titre complet  Éthique démontrée suivant l’ordre des géomètres.

M s’inscrit dans la pensée de la religion naturelle qui a été développée par les philosophes des « Lumières » avec en Angleterre Locke, Hume, Toland et en France Voltaire et Diderot, sans oublier Bayle, pour ne citer que les plus illustres. Elle doit être une religion sans révélation, ni clergé et fondée sur la raison. « La religion naturelle représente, la religion des philosophes qui entendent faire de la raison ou lumière naturelle le fondement de toute connaissance mais surtout la base d’un déisme et d’une morale universelle, capables de se débarrasser de dogmes irrationnels et autoritaires et de mettre fin au relativisme historique et culturel des différentes religions phallocratiques révélées. »

Grâce à son influent réseau européen, M va largement contribuer à décléricaliser les lieux de cultes lors de la révolution française en les convertissant en Temple de la Raison.

J’attire votre attention sur Louis XVI  écrivant son testament à la tour du Temple le 20 janvier 1793, représenté par Henri-Pierre Danloux. Ce qui est intéressant pour nous c’est que cet artiste a aussi réalisé en 1791 le portrait  de Joseph Banks, Botaniste et naturaliste, et surtout président de la Royal Society de 1778 à 1820. Avec le geste pseudo-zygodactyle des deux mains de Louis XVI, il dit soit son appartenance à Mensura, soit que c’est le roi qui en fit partie. Une parenthèse que vous n’ignorez pas, votre Altesse : l’appartenance, à la Franc-maçonnerie, la moins connue ou la plus ignorée était sans doute celle de Louis XVI, lui-même, et de ses deux frères qui régneront sur la France lors de la restauration, Louis XVIII et Charles X.

Dans son testament du vingt cinquième jour de Décembre, mil sept cent quatre vingt douze, Louis XVI ne recommande-t-il pas à son fils qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roy ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile ? 

Même le roi des français, Louis-Philippe 1er, dit Égalité, fils de Louis-Philippe duc d’Orléans, Grand Maître du GODF, aurait soutenu  Mensura. Il le montre, en faisant le signe de la main, sur son portrait en pied, peint par Franz Xavier Winterhalter qui l’a représenté dans la Galerie des batailles au château de Versailles. Tout autant, le gant droit, posé derrière lui sur la table, en manifeste la forme.

Sir Archibald marqua une pause puis se penchant vers le Grand Maître prenant un ton grave conclut :

– Vous l’aurez compris, votre Altesse, pour Mensura, il s’est agi et il s’agit toujours de contribuer à la reconnaissance de l’intelligence sous toutes ses formes dans une optique humaniste et de promouvoir, dans un esprit de respect et de tolérance, une intelligence collective au service de l’humanité tout en ne fuyant « ni de la vie active dans la vie contemplative, ni inversement, mais faire alternativement route vers l’une et vers l’autre, être chez nous dans chacune d’elles et participer à toutes les deux. »

N’ayez crainte, nous saurons quoi faire du diamant.

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Alphabet maçonnique : une clé symbolique de l’initiation et de la transmission

L’alphabet maçonnique, également connu sous le nom de chiffre maçonnique ou alphabet Pigpen, est un système de cryptographie qui a traversé les siècles, occupant une place singulière dans les traditions de la franc-maçonnerie. Utilisé comme un outil de communication discrète, mais aussi comme un symbole initiatique, cet alphabet incarne les valeurs de secret, de connaissance et de transformation intérieure chères à l’ordre. Cet article explore l’histoire de l’alphabet maçonnique, ses usages pratiques et symboliques, ainsi que sa signification profonde dans le contexte de la quête spirituelle maçonnique.

Alphabet maçonnique

Origines historiques : une cryptographie ancienne

L’alphabet maçonnique, dans sa forme la plus connue, est souvent appelé « chiffre Pigpen » (de l’anglais pigpen cipher, littéralement « chiffre de l’enclos à cochons ») en raison de la grille qui le compose, évoquant des enclos. Ce système de cryptographie substitutive remplace les lettres de l’alphabet latin par des symboles géométriques disposés dans des grilles ou des motifs. Chaque lettre est représentée par une combinaison de segments et de points, généralement organisés en deux grilles principales : une grille en forme de tic-tac-toe (un carré 3×3) pour les lettres de A à I, et une grille en forme de croix ou de « X » pour les lettres de J à R, avec des points ajoutés pour les lettres suivantes.

Lettre datée de 1885 contenant de nombreux glyphes dont une ligne utilisant le chiffre des francs-maçons. (Crédit : Edward Larsson)

Les origines de cet alphabet remontent bien avant l’émergence de la franc-maçonnerie moderne au XVIIIe siècle. Des systèmes similaires de cryptographie géométrique apparaissent dès l’Antiquité. Par exemple, les Hébreux utilisaient un système appelé atbash, où la première lettre de l’alphabet (aleph) était remplacée par la dernière (tav), un principe de substitution qui préfigure des méthodes plus complexes. Au Moyen Âge, les Templiers auraient employé des chiffres géométriques pour coder leurs messages, une hypothèse souvent évoquée dans les cercles maçonniques, bien que les preuves historiques soient ténues. L’historien David Kahn, dans son ouvrage The Codebreakers (1967), note que des systèmes proches du Pigpen étaient utilisés dès le XVIe siècle en Europe, notamment par des alchimistes et des sociétés secrètes pour protéger leurs écrits des regards indiscrets.

L’adoption de cet alphabet par la franc-maçonnerie semble s’être cristallisée au XVIIIe siècle, période de formalisation de l’ordre avec la création de la Grande Loge de Londres en 1717. À cette époque, les loges maçonniques, souvent perçues comme des foyers de pensée subversive par les autorités, avaient besoin de moyens de communication discrets. L’alphabet Pigpen, simple mais efficace, permettait de coder des messages tout en restant accessible aux initiés. Des documents maçonniques de l’époque, comme les premières éditions des Constitutions d’Anderson (1723), font allusion à des méthodes de cryptographie, bien que l’alphabet Pigpen ne soit pas explicitement mentionné. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle, avec la publication de manuels maçonniques comme le Freemason’s Monitor de Thomas Smith Webb (1818), que l’alphabet maçonnique est formellement documenté et associé aux rituels de l’ordre.

Usages pratiques : secret et transmission

L’usage principal de l’alphabet maçonnique était fonctionnel : il servait à protéger les communications entre les membres de l’ordre. Au XVIIIe siècle, dans un contexte de persécutions politiques et religieuses, les francs-maçons devaient préserver la confidentialité de leurs réunions et de leurs écrits. L’alphabet Pigpen permettait de coder des lettres, des mots de passe ou des instructions, rendant les messages illisibles pour les non-initiés. Par exemple, un message codé pouvait indiquer le lieu et l’heure d’une tenue de loge, ou transmettre des informations sensibles sur les activités de l’ordre.

Cet alphabet était également utilisé dans les rituels maçonniques, notamment dans les grades symboliques (Apprenti, Compagnon, Maître) et les hauts grades, comme ceux du Rite Écossais Ancien et Accepté. Dans certains rituels, des symboles issus de l’alphabet Pigpen apparaissaient sur les tableaux de loge – ces diagrammes symboliques utilisés pour illustrer les enseignements maçonniques. Par exemple, un tableau du grade d’Apprenti pouvait inclure des lettres codées représentant des mots clés comme « force », « sagesse » ou « beauté », invitant l’initié à décrypter leur signification à mesure qu’il progressait dans son apprentissage.

Au-delà de son usage pratique, l’alphabet maçonnique a également servi dans la transmission des connaissances ésotériques. Certains érudits maçonniques, comme Albert Pike dans Morals and Dogma (1871), suggèrent que les systèmes cryptographiques, y compris l’alphabet Pigpen, étaient des outils pédagogiques. En apprenant à décoder ces symboles, l’initié développait sa perspicacité et sa capacité à discerner les vérités cachées, une compétence essentielle dans une tradition où « tout est symbole ». Cette idée est renforcée par des manuels du XIXe siècle, tels que le Masonic Cipher publié en 1860 par des loges américaines, qui incluaient des alphabets codés comme des exercices d’apprentissage pour les nouveaux membres.

Sens initiatique : un miroir de la quête intérieure

L’alphabet maçonnique n’est pas seulement un outil pratique ; il porte une signification initiatique profonde qui résonne avec les principes fondamentaux de la franc-maçonnerie. pour comprendre ce sens, il faut se pencher sur la symbolique de ses éléments constitutifs : les grilles, les points, et le processus même de décryptage.

Les grilles de l’alphabet Pigpen, avec leurs formes géométriques, évoquent la géométrie sacrée, un concept central en franc-maçonnerie. les maçons considèrent la géométrie comme un langage universel, reflet de l’ordre cosmique et du Grand Architecte de l’Univers. la grille en tic-tac-toe (3×3) et la croix en « X » rappellent des figures symboliques comme le carré et le compas, outils maçonniques par excellence. le carré représente la matière et la rectitude morale, tandis que le compas symbolise l’esprit et la mesure. dans l’alphabet maçonnique, la grille carrée (A à I) et la grille en croix (J à R) peuvent être interprétées comme une union de la matière et de l’esprit, une synthèse que l’initié doit réaliser dans son propre être.

Les points qui accompagnent certains symboles (par exemple, pour différencier S de J ou T de K) ajoutent une couche de complexité symbolique. en franc-maçonnerie, le point est un motif récurrent : le Delta lumineux, un triangle avec un œil en son centre, est orné d’un point radiant, symbolisant la lumière de la connaissance. les points dans l’alphabet Pigpen pourraient représenter des « étincelles » de vérité que l’initié doit découvrir, un peu comme les vérités ésotériques disséminées dans les rituels maçonniques.

Le processus de décryptage lui-même est une métaphore du chemin initiatique. pour un maçon, lire un message codé dans l’alphabet Pigpen nécessite patience, réflexion et connaissance – des qualités essentielles dans la quête spirituelle. ce processus reflète le travail de l’initié, qui doit « décoder » les symboles de la loge pour accéder à des vérités plus profondes. comme le souligne Jules Boucher dans la symbolique maçonnique (1948), « le secret maçonnique n’est pas dans ce qui est caché, mais dans ce qui est révélé à ceux qui savent voir ». l’alphabet maçonnique illustre cette idée : le message est là, mais seuls les initiés en possèdent la clé.

Un autre aspect initiatique de l’alphabet maçonnique est son lien avec la dualité et la transcendance. les deux grilles principales (carré et croix) peuvent être vues comme une représentation des opposés – matière/esprit, visible/invisible – que l’initié doit harmoniser. cette dualité est un thème récurrent en franc-maçonnerie, incarné par le pavé mosaïque (carreaux noirs et blancs) ou les deux colonnes du temple, Jakin et Boaz. en apprenant à utiliser l’alphabet maçonnique, l’initié transcende cette dualité, unifiant les deux grilles pour former un langage complet, à l’image de son propre cheminement vers l’unité intérieure.

Évolutions et usages contemporains

Avec l’avènement des technologies modernes, l’usage pratique de l’alphabet maçonnique a diminué. les communications codées sont désormais assurées par des méthodes de cryptographie numérique bien plus complexes. cependant, l’alphabet Pigpen reste une part vivante de la tradition maçonnique, notamment dans les rituels et les travaux symboliques. dans certaines loges, il est encore enseigné aux Apprenants comme un exercice de réflexion, leur permettant de se connecter à l’héritage historique de l’ordre.

L’alphabet maçonnique a également trouvé une place dans la culture populaire. des jeux comme les chasses au trésor ou les escape games utilisent souvent le chiffre Pigpen pour créer des énigmes, et des œuvres comme le trésor des templiers (2004) de Dan Brown y font référence, bien que de manière romancée. cette popularité a parfois conduit à des malentendus, certains y voyant une preuve de conspirations maçonniques, alors qu’il s’agit avant tout d’un outil symbolique et pédagogique.

Dans les loges contemporaines, l’alphabet maçonnique est parfois utilisé dans des contextes plus ludiques ou éducatifs. par exemple, lors de tenues blanches ouvertes (réunions accessibles aux non-maçons), des ateliers peuvent initier les participants au décryptage de messages codés, une manière d’illustrer les valeurs maçonniques de persévérance et de curiosité intellectuelle. certains maçons, comme ceux de la Grande Loge de France, intègrent encore des symboles issus de l’alphabet Pigpen dans leurs travaux, notamment dans les grades qui explorent l’héritage alchimique et kabbalistique de l’ordre.

Une clé vers l’invisible

L’alphabet maçonnique, bien qu’en apparence un simple système de cryptographie, est bien plus qu’un outil pratique. il incarne les principes fondamentaux de la franc-maçonnerie : la quête de la connaissance, la maîtrise de soi, et la transcendance des opposés. son histoire, ancrée dans les traditions cryptographiques anciennes, témoigne de la nécessité de discrétion qui a marqué les débuts de l’ordre. son usage, à la fois pratique et symbolique, reflète le rôle de la loge comme un espace de transmission et d’apprentissage. enfin, sa signification initiatique en fait une clé pour comprendre le travail intérieur de l’initié, qui, en décryptant les symboles, découvre les vérités cachées de son propre être.

Pour un franc-maçon, l’alphabet maçonnique est un rappel que la lumière ne se donne pas facilement : elle se mérite à travers l’effort, la réflexion et l’engagement. comme le disait Albert Pike, « la franc-maçonnerie est une science des symboles ». en ce sens, l’alphabet maçonnique est une invitation à explorer l’invisible, à chercher la vérité au-delà des apparences, et à bâtir, lettre après lettre, le temple intérieur de la sagesse.


Références

  • Rituel du Rite Écossais Ancien et Accepté, textes consultés dans des archives maçonniques contemporaines.
  • Kahn, David, The Codebreakers: The Story of Secret Writing, Macmillan, 1967.
  • Pike, Albert, Morals and Dogma of the Ancient and Accepted Scottish Rite of Freemasonry, 1871.
  • Boucher, Jules, La Symbolique Maçonnique, Dervy, 1948.
  • Webb, Thomas Smith, Freemason’s Monitor, 1818.
  • Masonic Cipher, manuel maçonnique américain, 1860.

Polices disponibles
Continental Masonic Writing
APIstar-font
API-font
Blackhiram
Whitehiram
Continental masonic cipher
FM-ContCode
AlphaRC

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Le Troisième Œil et la Franc-Maçonnerie – VII : Le Non-Attachement, un Chemin Initiatique vers la Paix Intérieure

De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz PGM

Dans une société moderne où le consumérisme, les relations et les possessions matérielles définissent souvent notre sentiment de sécurité et de bonheur, la philosophie du non-attachement et du détachement émerge comme une voie libératrice. Cette réflexion, profondément ancrée dans des traditions spirituelles comme le bouddhisme et le stoïcisme, trouve un écho particulier dans les enseignements symboliques de la Franc-maçonnerie, où la quête de lumière intérieure passe par une transcendance des attachements terrestres. Comme le Bouddha l’enseigne…

« Tout est temporaire : les émotions, les pensées, les personnes et les paysages. Ne vous y attachez pas, laissez-vous porter. »

À travers ce prisme, explorons comment le non-attachement, loin d’être un renoncement froid, peut devenir un chemin initiatique vers la paix intérieure et une harmonie profonde, tant dans la vie profane que dans le cadre maçonnique.

Les racines philosophiques du non-attachement

bouddhas dorés : zen
bouddhas dorés alignés

Le concept de non-attachement tire ses origines de traditions millénaires. Dans le bouddhisme, les Quatre Nobles Vérités identifient l’attachement (ou tanha, le désir) comme la source principale de la souffrance (dukkha). Selon le Bouddha, notre attachement aux plaisirs éphémères, aux relations ou aux biens matériels crée une illusion d’ego qui nous enchaîne à un cycle de désirs inassouvis et de peur de la perte. La solution réside dans le détachement, non pas comme une indifférence, mais comme une acceptation sereine de l’impermanence de toute chose. « L’origine de la souffrance est l’attachement, qui crée l’illusion de l’ego », rappelle le Bouddha.

De même, le stoïcisme, incarné par des penseurs comme Épictète, prône une maîtrise des passions et une acceptation des choses que nous ne pouvons contrôler. Épictète écrit : « Le secret du bonheur est la liberté, et le secret de la liberté est le courage de lâcher prise. » Cette philosophie, qui valorise la résilience face au changement, résonne avec la quête maçonnique de sagesse, où l’initié apprend à tailler sa pierre brute – symbole des attachements et des passions – pour atteindre une forme plus pure et équilibrée.

Le non-attachement dans la vie quotidienne : une liberté émotionnelle

Famille courant dans la nature
Famille courant dans la nature

Dans notre monde contemporain, l’attachement est omniprésent. Nous nous accrochons à nos relations – partenaires, amis, famille – mais aussi à des objets matériels, des idéaux, voire à nos émotions. Combien d’entre nous conservent des possessions inutiles dans nos maisons, des souvenirs qui nous alourdissent plus qu’ils ne nous élèvent ? Combien de fois avons-nous vu des personnes organiser leur vie autour de leurs animaux de compagnie, voyageant à l’international avec eux, ou encore s’accrocher à des relations toxiques par peur de la solitude ? Ces attachements, bien que naturels, deviennent souvent des chaînes invisibles, sources d’insécurité et de souffrance.

Le non-attachement ne signifie pas renoncer à ce que nous aimons, mais apprendre à aimer sans possessivité. « Aimer » signifie être « libre », comme le souligne le texte. Vouloir, en revanche, implique des conditions et des désirs qui nous lient. Le détachement nous invite à apprécier les moments, les personnes et les choses sans en dépendre émotionnellement. Par exemple, on peut chérir un coucher de soleil pour sa beauté, précisément parce qu’on ne peut le posséder, comme le note Carl Ransom Rogers : « Les gens sont aussi beaux que les couchers de soleil, si on leur permet de l’être. » Cette liberté émotionnelle permet des relations plus saines, une plus grande résilience face aux changements et, surtout, une paix intérieure durable.

Le non-attachement dans la Franc-Maçonnerie : une transcendance symbolique

La Franc-maçonnerie, en tant que voie initiatique, offre un cadre idéal pour intégrer les principes du non-attachement. Les rituels maçonniques, riches en symboles, nous enseignent la transcendance de la dualité – entre lumière et ténèbres, entre ego et universalité. Le passage de l’Apprenti au Maître Maçon est un cheminement vers le détachement des passions profanes, des ambitions démesurées et de l’ego spirituel. Le texte le souligne avec justesse : « La cause des conflits internes [en Franc-maçonnerie] est due à un faible niveau de conscience. Elle ne comprend pas les enseignements du symbolisme, qui ne nous enseignent rien d’autre que la transcendance de la dualité. »

Prenons l’exemple du cabinet de réflexion, où le profane est confronté à des symboles comme le coq, le soufre ou le sel, qui l’appellent à méditer sur sa propre impermanence et sur la nécessité de se dépouiller de ses métaux – métaphore des attachements matériels et émotionnels. Le maçon apprend ainsi à se libérer de ce qui le limite, à déléguer ce qui ne dépend pas de lui, et à accepter que tout change, comme le souligne le texte : « Tout change dans la vie, et c’est normal ; apprendre à l’accepter nous aide à lâcher prise. »

Le non-attachement maçonnique ne signifie pas un désintérêt pour le monde, mais une manière de s’y engager avec sagesse. Un Frère ou une Sœur qui pratique le détachement peut aimer ses proches, s’impliquer dans la société et apprécier les beautés de la vie sans être esclave de ses désirs ou de ses peurs. C’est ce que Pierre Dac, Frère maçon et humoriste, incarnait à sa manière : en apportant une légèreté joyeuse dans les Loges, il rappelait que la vraie liberté vient de la capacité à ne pas se prendre trop au sérieux, à ne pas s’attacher aux dogmes ou aux apparences.

Les bienfaits du non-attachement : un chemin vers l’épanouissement

cabiner de réflexion

La pratique du non-attachement et du détachement offre des bienfaits concrets, tant sur le plan personnel que spirituel. Elle conduit à une liberté émotionnelle, en nous libérant des attentes et des dépendances qui nous pèsent. Elle favorise des relations plus saines, où l’amour n’est plus teinté de possessivité mais d’authenticité. Elle renforce notre résilience face aux changements, nous permettant d’accepter les cycles de la vie – naissances, pertes, transformations – avec sérénité. Enfin, elle ouvre la voie à une paix intérieure profonde, en nous reconnectant à l’instant présent.

La méditation, souvent pratiquée dans les traditions spirituelles comme le bouddhisme, est un outil précieux pour cultiver cet état d’esprit. En Franc-maçonnerie, le silence et la réflexion lors des tenues jouent un rôle similaire, permettant à l’initié de se connecter à lui-même et de se libérer des pensées négatives. « Soyez reconnaissant pour ce que vous avez dans l’instant présent, sans vous y attacher », conseille le texte – une invitation à vivre pleinement l’ici et maintenant, un principe qui résonne avec la quête maçonnique de l’éternel présent.

Le non-attachement face aux dérives humaines

Le texte met en lumière un point crucial :

« La plus grande souffrance humaine provient de notre résistance à la vérité, car nous sommes attachés au dogmatisme, au fanatisme, au pouvoir, à l’ambition démesurée, à l’hypocrisie et à l’égo spirituel. »

Ces attachements ne sont pas étrangers à la Franc-maçonnerie, qui, comme toute institution humaine, peut être le théâtre de conflits internes lorsque la conscience des initiés reste limitée. L’attachement au pouvoir, aux titres ou aux dogmes maçonniques peut détourner l’initié de la véritable quête spirituelle, qui est celle de la transcendance et de l’unité.

Les grands maîtres spirituels, comme le Bouddha et Jésus, nous ont laissé des enseignements clairs sur le non-attachement. Le Bouddha, avec sa vision de l’impermanence, et Jésus, avec son appel à aimer sans condition, nous montrent la voie d’une vie libérée des chaînes de l’ego. En Franc-maçonnerie, lorsque l’initié comprend et intègre le message des symboles – comme l’équerre et le compas, qui équilibrent la matière et l’esprit – il transcende les dualités et incarne ces principes dans son être. « Chaque initié de Nos Augustes Mystères saisit le message des symboles et l’intériorise, il transcende la loi, car elle est implicite en lui », souligne le texte.

Une quête sans fin vers la liberté

Le non-attachement et le détachement ne sont pas des états qui s’atteignent du jour au lendemain, mais un processus continu d’apprentissage et de pratique. Ils touchent à des domaines aussi variés que la philosophie, la psychologie, la spiritualité initiatique et la religion, offrant une richesse de perspectives pour qui souhaite approfondir cette voie. En Franc-maçonnerie, ils s’inscrivent dans la quête de lumière, invitant chaque Frère et chaque Sœur à se libérer des illusions de l’ego pour atteindre une plus grande sagesse.

En amour, le non-attachement nous permet d’aimer sans rien attendre en retour, dans une liberté qui favorise l’épanouissement mutuel. Face à l’ego, il nous délivre de l’égoïsme et des désirs qui nous enchaînent. En définitive, comme le conclut le texte, « le non-attachement nous permet d’atteindre une plus grande sagesse et une paix intérieure ». C’est une invitation à ouvrir les mains pour accueillir la vie sans peur de la perte, à comprendre que la véritable abondance réside dans la liberté d’être, ici et maintenant. Dans cette quête, la Franc-maçonnerie, avec ses symboles et ses rituels, offre un chemin précieux pour transcender nos attachements et trouver la paix – une paix qui, comme un troisième œil, nous permet de voir le monde avec clarté et sérénité. Que ce chemin soit celui de tous les initiés, et de tous ceux qui aspirent à une vie plus libre et épanouie !

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Esprit-Matière : Tout est relié

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« Tout ne fait qu’un », « tout est relié », nous disent de nombreuses traditions spirituelles. Un message qui semble aujourd’hui confirmé par la physique moderne. Pourtant, cette affirmation reste une abstraction pour beaucoup d’entre nous, une belle parole sans substance dans un monde qui semble au contraire plus divisé et catégorisé que jamais.

Dans ce nouvel ouvrage, les auteurs du best-seller Se souvenir du futur nous font découvrir un univers d’investigations entièrement méconnu, celui d’un vaste réseau d’interactions dont nous sommes les acteurs privilégiés. Tout d’abord, il existe pour les chamanes du monde entier une sorte d’Internet de la nature, qui permet d’entrer en contact avec les esprits du monde vivant, mais aussi avec les défunts. Les recherches récentes sur le vide quantique, les propriétés subtiles de l’eau, l’intelligence des plantes, l’univers-cerveau, la conscience comme « toile de fond » du réel, donnent ensuite corps à ce vaste entrelacs qui est aussi un réseau de connaissance tissé d’informations.

À partir de nombreux exemples issus des cultures natives, des traditions spirituelles et des dernières découvertes de la science la plus en pointe, le réseau cosmique se matérialise sous nos yeux et apparaît pour ce qu’il est : un vaste Esprit.

AUTEURS

Romuald Leterrier est chercheur indépendant en ethnobotanique, spécialiste du chamanisme amazonien et des plantes de vision. Il a découvert le principe d’une mémoire du futur auprès d’un chamane shipibo et explore depuis plusieurs années le concept de la rétrocausalité sous ses différentes facettes.

Jocelin Morisson est journaliste scientifique depuis plus de vingt ans et a collaboré à de nombreuses revues et magazines (Inexploré, Nexus, Le Monde des religions, Nouvelles Clés, La Vie, VSD hors-série). Il est également auteur et coauteur de plusieurs ouvrages sur le thème des états modifiés de conscience, des phénomènes inexpliqués et des liens entre science, philosophie et spiritualité. Il est aujourd’hui rédacteur en chef de la revue Natives, des peuples des racines.

Sur le chantier de Notre-Dame de Paris… Restitution des haches

Du site mopo3.com

Samedi 07 juin 2025, le Compagnon charpentier Martin Lorentz, artisan sur le chantier de Notre-Dame de Paris, viendra restituer des haches des collections de la MOPO qui avaient quitté leur vitrine pour rejoindre l’atelier de taillanderie du projet de reconstruction de la cathédrale. Ces dernières figurent parmi les modèles ayant inspiré les taillandiers chargés de concevoir et réaliser les 60 haches qui ont servi à équarrir manuellement chaque élément de la charpente.

La restitution aura lieu à 14h30, suivie d’une conférence par Martin Lorentz.

Des démonstrations d’équarrissage de bois auront lieu dans la cour du musée de 9h à 12h et de 14h à 18h.

Symbolisme initiatique dans Harry Potter : un écho des traditions maçonniques

Depuis la parution en 1997 du premier tome de la saga harry potter de J.K. Rowling, cette œuvre a captivé des millions de lecteurs à travers le monde, devenant un phénomène culturel incontournable. derrière l’histoire d’un jeune sorcier luttant contre les forces du mal se dessine un réseau complexe de symboles et de thèmes qui, pour un observateur familier de la franc-maçonnerie, évoque des parallèles frappants avec les traditions initiatiques. bien que Rowling n’ait jamais revendiqué une inspiration maçonnique directe, les similitudes entre le parcours du héros, les motifs mythologiques et les symboles ésotériques de son univers révèlent une résonance profonde avec les principes fondamentaux de l’ordre.

J.K. Rowling lit un extrait de Harry Potter à l’école des sorciers lors du rouleau d’œufs de Pâques à la Maison Blanche en 2010. (Crédit : Daniel Ogren)

Cet article propose une lecture maçonnique de harry potter, explorant comment la quête initiatique, la dualité bien/mal, les symboles alchimiques et les structures rituelles de la série reflètent les enseignements d’une tradition philosophique millénaire.

Le parcours d’Harry Potter est avant tout celui d’un initié. lorsqu’il découvre à 11 ans qu’il est un sorcier, Harry vit dans l’ignorance de ses origines, un peu comme le profane qui s’approche de la loge maçonnique. sa réception de la lettre de Poudlard marque le début d’un voyage de transformation intérieure, un thème central de la franc-maçonnerie où l’on passe de l’obscurité à la lumière. À Poudlard, Harry traverse des épreuves qui rappellent les étapes des rituels maçonniques : la répartition par le Choixpeau peut être vue comme une première confrontation à soi-même, semblable à la méditation dans le cabinet de réflexion, tandis que les défis du Tournoi des trois sorciers ou ses combats contre Voldemort testent son courage, sa sagesse et sa moralité, des qualités essentielles au cheminement de l’Apprenti vers le grade de Maître. ce processus culmine dans les reliques de la mort, où Harry accepte de mourir pour détruire le mal en lui – un sacrifice symbolique qui évoque le mythe maçonnique d’Hiram Abiff, l’architecte du Temple de Salomon assassiné puis « ressuscité » dans le rituel du troisième degré. dans les deux cas, la mort symbolique est une étape nécessaire à une renaissance spirituelle, où l’initié transcende ses limitations pour accéder à une conscience supérieure.

Un autre thème partagé est la dualité entre le bien et le mal, et la nécessité de transcender cette opposition. dans Harry Potter, cette dualité est omniprésente : Harry et Dumbledore incarnent le bien, tandis que Voldemort et les Mangemorts représentent le mal. mais Rowling nuance ce schéma. Harry partage un lien avec Voldemort à travers les Horcruxes, et des personnages comme Severus Rogue ou Drago Malefoy montrent que le bien et le mal coexistent en chacun. cette ambiguïté rappelle le pavé mosaïque de la loge maçonnique, avec ses carreaux noirs et blancs symbolisant les opposés que l’initié doit harmoniser. Harry transcende cette dualité lorsqu’il accepte sa part d’ombre – le fragment d’âme de Voldemort en lui – et choisit de se sacrifier pour le bien commun, un acte qui purifie son monde. en franc-maçonnerie, cette intégration des contraires est essentielle : le rituel enseigne à dépasser les dualités (matière/esprit, ego/universalité) pour atteindre l’unité, symbolisée par le Delta lumineux ou le Grand Architecte de l’Univers.

Les symboles ésotériques abondent également dans l’univers de Rowling, renforçant les parallèles avec la franc-maçonnerie. dès le premier tome, la Pierre Philosophale joue un rôle central. ce symbole alchimique, capable de transformer le plomb en or et de conférer l’immortalité, est une métaphore de la perfection spirituelle, un concept familier aux maçons qui travaillent à transformer leur « pierre brute » en « pierre taillée« . dans les reliques de la mort, le symbole éponyme – un triangle, un cercle et une ligne – évoque la géométrie sacrée, un principe fondamental en maçonnerie où des figures comme le triangle ou le compas représentent l’ordre cosmique. le triangle des reliques peut être comparé au Delta lumineux maçonnique, un triangle contenant un œil, symbole de la lumière de la connaissance. le phénix, incarné par Fumseck, l’oiseau de Dumbledore, est un autre symbole commun : il représente la renaissance et la résurrection, un thème central dans le grade de Maître Maçon où l’initié « meurt » symboliquement pour renaître. cette idée se retrouve dans la mort et la résurrection symbolique de Harry, qui, après s’être sacrifié, revient pour vaincre Voldemort.

L’univers de Harry Potter s’organise également comme une société secrète, avec des rituels codifiés qui rappellent les pratiques maçonniques. le monde magique est caché aux moldus, tout comme la loge maçonnique est réservée aux initiés. l’entrée à Poudlard nécessite une initiation – la lettre et l’entrée dans un espace « sacré » – et est suivie d’un apprentissage structuré, semblable à celui des trois grades maçonniques. les cérémonies à Poudlard, comme la répartition par le Choixpeau ou les serments magiques (le Serment Inviolable), font écho aux rituels maçonniques, tels que l’ouverture des travaux ou les engagements pris lors de l’initiation. les épreuves du Tournoi des trois sorciers, avec leurs tests de courage et de sagesse, rappellent les épreuves symboliques des rituels maçonniques, où l’initié doit prouver sa valeur pour progresser.

Enfin, la quête de la lumière et le sacrifice unissent profondément Harry Potter et la franc-maçonnerie. dans la saga, la lumière est un motif récurrent : le Patronus de Harry, un cerf lumineux, repousse les ténèbres des Détraqueurs, et Dumbledore, dont le nom signifie « bourdon blanc« , est une figure de sagesse associée à la lumière. Harry devient lui-même une lumière pour le monde magique en triomphant du mal. en franc-maçonnerie, la lumière est au cœur de la quête initiatique : lors de l’initiation, le bandeau est retiré pour « donner la lumière » au candidat, et les trois lumières de la loge (Soleil, Lune, Maître) symbolisent cette aspiration à la connaissance. le sacrifice est également central. Harry se sacrifie pour sauver ses amis, un acte rédempteur qui rappelle le sacrifice d’Hiram Abiff, prêt à mourir pour protéger les secrets maçonniques. dans les deux cas, le sacrifice est un passage nécessaire vers une rédemption spirituelle et collective.

Ces parallèles entre Harry Potter et la Franc-maçonnerie ne sont pas fortuits. ils s’inscrivent dans une tradition littéraire où les récits initiatiques, de l’alchimie médiévale aux romans modernes, puisent dans des archétypes universels. Rowling, en s’inspirant de mythes comme ceux de la Pierre Philosophale ou du phénix, a créé une œuvre qui, consciemment ou non, résonne avec les principes maçonniques : la quête de soi, la transcendance des opposés, et l’élévation spirituelle à travers le sacrifice. pour un franc-maçon, lire Harry Potter peut ainsi devenir une expérience symbolique, où les aventures du jeune sorcier reflètent le travail intérieur de l’initié. Même si Rowling n’a jamais été membre de l’ordre, son œuvre illustre magnifiquement cette vérité maçonnique : « ici, tout est symbole« , et chaque récit, même fictif, peut être une porte vers la lumière.