dim 15 juin 2025 - 20:06

L’énigme des Maîtres -23- La ligature

Pour lire l’épisode précédent : ici

Guido appela avec euphorie son ami Alexander resté à la résidence avec Caris.

– Ça y est Alex ! Dis à Caris que nous avons le diamant et vous comprendrez le trésor que cela représente quand je vous le montrerai ; il a le plus incroyable des pouvoirs ! Le temps pour Sir Archibald de discuter de détails encore un peu avec le Grand Maître et je préviens Parker de venir nous chercher d’ici deux petites heures pour rentrer à Eaton square.

La soirée s’installait sur Londres. La lumière dorée des lampadaires d’Eaton Square se reflétait sur les pavés, formant des éclats scintillants dans l’obscurité grandissante de ce quartier cossu et silencieux.

Cela faisait un peu moins de deux heures que Parker avait reçu l’appel de Guido lui demandant de venir les chercher au Freemasons’ Hall, laps de temps des derniers palabres et courtoisies avec le Grand Maître. Le moment était venu.

Caris, pressée de retrouver Guido, après un signe amical à Alexander qui, lui, préférait rester au salon, se goinfrant de chocolats pour calmer son excitation, accompagna son père qui sortait pour aller chercher Sir Archibald et Guido. Elle enfila un trench beige ceinturé à la taille, mis son sac à l’épaule.

La lumière dorée des réverbères donnait à ses boucles blondes des reflets ambrés comme ceux des vénitiennes se séchant les cheveux, sur leur terrasse, dans le couchant du soleil. Ses talons résonnèrent sur le trottoir lorsqu’elle descendit les quelques marches de l’entrée principale. Elle esquissa un sourire à son père, lui se dirigeant vers la voiture, elle entamant une petite promenade pour patienter.

Mais, quelque chose, peut-être un instinct ou une ombre fugace, fit soudain vaciller son expression.

Venu de nulle part, un van noir aux vitres teintées, jaillit de l’angle de la rue. Les pneus crissèrent sur le pavé tandis que le véhicule s’arrêtait brutalement à quelques mètres d’elle. Trois hommes vêtus de noir, masqués, bondirent hors de la camionnette. Tout se passa en une fraction de seconde. L’un d’eux attrapa Caris par le bras avec une force brutale, la faisant lâcher son sac qui s’écrasa sur le sol.

Elle se débattit, criant « papa, papa ! », mais un deuxième homme lui plaqua un chiffon imbibé d’une substance sur le visage. Ses gestes désespérés faiblirent rapidement. Le troisième homme, armé, fit un geste menaçant Parker, lui intimant avec un fort accent italien de rester immobile.

– Pas un geste, ou elle meurt ici !

Avant de monter à l’arrière du véhicule, l’un des ravisseurs se tourna vers Parker et lança une enveloppe sur le trottoir.

Le van démarra en trombe, laissant derrière lui le bruit des pneus sur les pavés et un nuage d’échappement.

Tremblant de rage et de désespoir Parker entra en trombe dans  la résidence hurlant et appelant Alexander à son secours qui le rejoignit dans le hall.

– Ils ont enlevés Caris, les salauds ! Tenez, et il lui tendit l’enveloppe. Il n’ajouta pas ce qu’il ne pouvait s’empêcher de penser :

– C’est de votre faute.

Alexander comprit aussitôt ce que les ravisseurs exigeaient mais surtout que son téléphone avait été piraté par Amélie et que Savonarole avait dû intercepter l’annonce de la découverte du diamant. Sir Archibald et Guido ne tarderaient pas à rentrer, mais il ne les attendit pas et en ouvrant l’enveloppe découvrit le message qu’il lut à haute voix à Parker :

Tu sais ce qu’on veut, Milan dans deux jours, le 8 mars, derrière l’église Santa Maria delle Grazie, 2 via Guiseppe Antonio Sassi, 13 h.

L’objet contre sa vie. Pas de police.

Le chauffeur ressortit furieux pour aller retrouver le comte.

– Ça alors ! C’est à côté de Santa Maria delle Grazie où se trouve la fresque de La Cène de Léonardo ! Buonvincini savait donc le rôle joué par De Vinci et il nous fait savoir ainsi qu’il savait ! Il avait dû en trouver des indices dans le vol des documents soustraits d’une partie des archives de Mensura à Prague où sans doute se trouvait déjà une information sur le diamant et qu’Amélie avait complétée en lui envoyant, aussi, toutes les photos prises des lettres à Istanbul, notamment celle qui narre la transmission du diamant par Léonard. Alors c’était cela ! Tout n’était qu’un leurre ! Et peut-être même les tableaux qu’il voulait voler et prétendument détruire ! Nous avons été piégés. Même la transmission du dossier par le valet, qui n’était probablement que son complice, était voulue pour qu’Interpol mette toute sa puissance dans la quête du seul diamant où les tableaux conduiraient les enquêteurs, pensa à haute voix Alexander.

Mis au courant des événements par Parker c’est en trombe qu’Archibald et Guido rejoignirent Alexander qui les attendait, tous désespérés sous le poids de leur responsabilité qu’ils mesuraient de l’enlèvement de Caris. Là, on ne jouait plus.

– C’est moi qui porterai le diamant, toute vie vaut une vie, mais certaines ont plus de valeur pour moi, déclara avec fermeté et gravité Guido

– Je me propose aussi, renchérit Alexander. Lhermitt, tu sais que l’on aura besoin de toi pour diriger les opérations car voilà ce que je suggère. Tu sais que nous n’aurons  qu’une seule chance, murmure-t-il.

Ils convinrent que  la solution proposée était la meilleure.

La suite la semaine prochaine

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Solange Sudarskis
Solange Sudarskis
Maître de conférences honoraire, chevalier des Palmes académiques. Initiée au Droit Humain en 1977. Auteur de plusieurs livres maçonniques dont le "Dictionnaire vagabond de la pensée maçonnique", prix littéraire de l'Institut Maçonnique de France 2017, catégorie « Essais et Symbolisme ».

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