jeu 18 décembre 2025 - 04:12
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Quand le symbolisme n’est pas ornement mais ossature secrète des rites

La revue maçonnique Le Symbolisme des Rites poursuit son chemin avec ce quatrième numéro. Lorsqu’en octobre 2024, 450.fm invitait ses lecteurs à découvrir cette parution, il s’agissait déjà d’annoncer la naissance d’un espace singulier de réflexion, un lieu où l’étude des rites se fait méditation, où le symbolisme n’est pas un exercice de style mais la charpente invisible de l’initiation. (Télécharger le magazine N°4)

Lire ce nouvel opus revient à franchir le seuil d’un Temple de papier où chaque mot se déploie comme une pierre taillée, chaque étude comme une colonne dressée, chaque méditation comme une lumière nouvelle. Ce n’est pas un recueil d’articles épars, mais une cathédrale symbolique, élevée par la patience des auteurs et l’inspiration d’une tradition vivante. Tout y respire l’alliance intime du visible et de l’invisible, du détail historique et du mystère initiatique, de la rigueur érudite et de l’élan spirituel.

Ce qui frappe d’abord, c’est la voix d’Olivier Chebrou de Lespinats, rédacteur en chef, qui rappelle avec force que le symbolisme n’est pas ornement mais ossature secrète des rites. Celui qui fut Grand Maître de la GLMN, historien, essayiste et passeur de lumière, poursuit son œuvre de veilleur attentif. Sa bibliographie témoigne d’une vie consacrée à l’étude et à la transmission de l’ésotérisme maçonnique. Ses écrits, empreints d’une pédagogie discrète, ouvrent des chemins plus qu’ils n’imposent des certitudes, invitant chacun à avancer vers une vérité intérieure.

Les premières pages rendent hommage à des figures trop souvent oubliées, mais essentielles dans le tissu initiatique. Alexandre-Guy Pingré, astronome et chanoine, illustre le dialogue entre science et spiritualité, rappelant que contempler les comètes revient à interroger la destinée de l’âme. Charles-Mathieu Limousin, journaliste républicain et fondateur de L’Acacia, représente une franc-maçonnerie de combat intellectuel, où la plume devient compas et l’écrit un acte d’émancipation. Deux femmes, Lucie Christine et Lucie Félix-Faure Goyau, complètent ce quatuor symbolique. La première, mystique discrète, montre qu’une vie ordinaire peut s’ouvrir à une prière ardente et silencieuse. La seconde, femme de lettres et ésotériste, témoigne du lien entre érudition et intériorité, rappelant que l’expérience féminine enrichit de sa voix propre le grand chant spirituel de l’initiation.

Le chapitre central, consacré à la Loge « Juste et Parfaite », constitue l’axe lumineux de ce numéro. Les pages dédiées aux mots « juste » et « parfait », à leur étymologie et à leur histoire, révèlent une profondeur méconnue. Être « juste » n’est pas simple conformité sociale, mais ajustement intérieur au rythme invisible du cosmos. Être « parfait » n’est pas être figé dans l’achèvement, mais tendre vers un accomplissement en devenir. Quant à la régularité, elle désigne la fidélité à l’axe qui relie la Loge terrestre au Temple céleste. Cette méditation culmine dans l’exploration des nombres trois, cinq et sept, véritables degrés de l’édifice intérieur : trois comme les principes alchimiques soufre, sel et mercure, fondements de toute transmutation ; cinq comme les sens purifiés et l’étoile flamboyante de l’homme debout au cœur du cosmos ; sept comme la plénitude qui unit corps, âme et esprit dans une respiration unique. La Loge devient alors miroir de notre propre être, temple de chair et d’esprit qu’il nous appartient de rendre juste et parfait.

Mais l’ouvrage ne se limite pas à cette architecture numérique et initiatique. Il explore aussi des voies effacées, telles que l’Ordre Sacré des Sophisiens et les Amis du Désert. Ces cercles discrets rappellent que la Maçonnerie n’a pas toujours été celle des temples urbains et codifiés. Les Sophisiens cherchaient la sagesse comme une source cachée, tandis que les Amis du Désert choisissaient l’espace nu et silencieux comme lieu d’union avec le divin. Ces figures attestent d’une Maçonnerie d’exil volontaire et de dépouillement, où le silence devient langage de l’âme et le désert miroir de la vérité.

À cette Maçonnerie du silence répond, en écho contrasté, celle des Loges militaires, également évoquées dans ce chapitre consacré aux Rites. Itinérantes et souvent éphémères, elles portaient la lumière au cœur des camps et des champs de bataille. Leur symbolisme, marqué par la discipline et le service, trouve des échos dans le Rite Français qui sut intégrer certaines de ces influences. Ces loges rappellent que la fraternité ne connaît pas de frontières, et que même au milieu du tumulte des armes, la flamme initiatique a su demeurer vive, transcendant nations et conflits.

Dans une autre perspective, Valérie Sanchez propose une réflexion sur la continuité et la transformation des symboles. Le Temple de la Chapelle des Pots ou la ruche, emblème ancien de l’ordre collectif, deviennent les miroirs d’une humanité en mutation, en tension entre stabilité et changement. Ces analyses montrent que le symbole n’est pas figé mais vivant, respirant au rythme des sociétés et conservant son éternité précisément parce qu’il se transforme.

Enfin, la foire aux questions vient rappeler que la profondeur du symbolisme se cache aussi dans le quotidien des Loges, qu’il s’agisse de l’usage du mot « Frère », du rôle de l’Hospitalier ou de la symbolique des agapes. Rien n’est anecdotique, car tout, jusqu’aux pratiques les plus concrètes, participe de la construction initiatique.

En refermant ce numéro, nous ne quittons pas un recueil d’érudition, mais un Temple où nous avons marché de colonne en colonne, de page en page, comme autant d’étapes d’un voyage intérieur. Nous avons rencontré Pingré scrutant les étoiles, Limousin traçant les lignes d’une émancipation, Lucie Christine et Lucie Félix-Faure Goyau inscrivant leur souffle féminin dans la grande respiration spirituelle. Nous avons traversé les arches invisibles des rites oubliés, entendu la rumeur des camps militaires et vu les symboles évoluer sans se perdre. Mais surtout, nous avons franchi le seuil de la Loge « Juste et Parfaite », et compris qu’elle n’est pas une formule d’usage mais une exigence de l’âme.

Être Juste, c’est accorder sa vie au rythme du cosmos. Être Parfait, c’est avancer dans la tension vers l’accomplissement. Être régulier, c’est demeurer fidèle à l’axe qui relie la terre au ciel. Trois, cinq et sept deviennent les marches d’une ascension intérieure où matière, sens et esprit se réconcilient.

Ainsi, ce numéro est une clef confiée à nos mains, une lumière déposée dans nos cœurs, une invitation à poursuivre la quête. Il nous rappelle que chacun de nous est Temple et qu’il nous appartient de le rendre Juste et Parfait. Il nous enseigne que la Tradition est une constellation, et que chaque étoile, qu’elle brille dans le désert, dans un camp militaire ou dans le silence d’une Loge, contribue à éclairer notre ciel initiatique.

Le Symbolisme des Rites

Olivier Chebrou de Lespinats (dir.)

Éd. De la Mérichère, N°4, septembre 2025, 58 pages, 12 € hors frais de port

Pour tout renseignement et commande, contactez le directeur de la rédaction Olivier Chebrou de Lespinats : olivier.de.lespinats@wanadoo.fr

Pour télécharger le n° 4 :

Liberté, Liberté Chérie : Une manifestation pour célébrer les 120 ans de la laïcité à Paris

Le 8 décembre 2025, la mairie du 9e arrondissement de Paris accueillera une manifestation culturelle et engagée, intitulée Liberté, Liberté Chérie, organisée par Unité Laïque en partenariat avec les associations Le Chevalier de la Barre et De Quoi Demain. Cet événement, qui se tiendra de 17h à 22h dans les salons Aguado et la salle Rossini, célèbre le 120e anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État, adoptée le 9 décembre 1905.

Cette loi, pilier de la laïcité française, est reconnue comme un fondement essentiel de la République, garantissant la liberté de conscience et l’égalité devant la loi. Voici un aperçu de cette soirée placée sous le signe de la liberté, de la fraternité et de l’engagement républicain.

Une célébration de la laïcité à travers l’art et la réflexion

La soirée Liberté, Liberté Chérie s’articule en deux temps forts, conçus pour rassembler un public varié autour des valeurs de la laïcité. De 17h à 20h, un salon du livre laïque ouvrira ses portes, animé par de jeunes artistes. Cet espace permettra aux visiteurs de découvrir des ouvrages et de rencontrer des auteurs engagés dans la défense des principes républicains. Au cours de cette première partie, le Prix des Hussards Noirs 2025 sera remis, récompensant une contribution notable à la promotion de la laïcité et de l’universalisme.

De 20h à 22h, la seconde partie de la soirée offrira un programme artistique riche et diversifié. Slams, théâtre, musique classique, chansons, rock, lectures, stand-up, arts vivants et dessins en direct se succéderont pour célébrer la liberté d’expression et la créativité. Présidée par Sophia Aram et animée par Élodie Frenck en tant que maîtresse de cérémonie, cette soirée promet d’allier réflexion et émotion, dans un esprit de fraternité et de partage.

La laïcité : un pilier de la République française

La loi de 1905, dont l’anniversaire est au cœur de cet événement, consacre la séparation des Églises et de l’État, garantissant la neutralité des institutions publiques et la liberté de conscience pour tous les citoyens. Unité Laïque, organisatrice de l’événement, souligne l’importance de cette loi comme une « clé de voûte de la République », permettant de concilier liberté individuelle et cohésion sociale. Dans un contexte où les principes laïques sont parfois remis en question, cette manifestation vise à rappeler leur rôle central dans la préservation d’une société égalitaire et inclusive.

Unité Laïque, association reconnue d’intérêt général depuis 2022, s’engage à promouvoir ces valeurs à travers des conférences, débats et initiatives culturelles à destination de tous les publics, du grand public aux enseignants, en passant par les décideurs publics et privés. En s’associant à Le Chevalier de la Barre, qui porte la mémoire du jeune François-Jean Lefebvre, supplicié au XVIIIe siècle pour son refus de se soumettre à l’autorité religieuse, et à De Quoi Demain, Unité Laïque ancre cette soirée dans une démarche à la fois historique et tournée vers l’avenir.

Une soirée pour rassembler et sensibiliser

L’événement du 8 décembre s’inscrit dans un programme plus large proposé par Unité Laïque pour célébrer les 120 ans de la laïcité. À Valence, par exemple, l’association organise six rencontres culturelles tout au long de l’automne 2025, incluant des conférences, des expositions et des spectacles. Parmi ceux-ci, une exposition des œuvres de l’artiste C215, accompagnée de textes de Jean-Pierre Sakoun, président d’Unité Laïque, ainsi qu’un débat intitulé Conquérants de la Liberté prévu le 10 décembre 2025 à la Médiathèque F. Mitterrand. Ces initiatives visent à sensibiliser un large public, notamment les jeunes générations, à l’importance de la laïcité comme vecteur d’émancipation et de liberté.

La soirée Liberté, Liberté Chérie se veut également un moment de réflexion sur les défis contemporains. Dans un monde marqué par la montée des communautarismes et des discours identitaires, Unité Laïque insiste sur la nécessité de défendre un universalisme qui transcende les différences et promeut l’égalité. En mettant en avant des performances artistiques variées, l’événement cherche à illustrer la richesse de la liberté d’expression, un corollaire essentiel de la laïcité.

Informations pratiques

  • Date : Lundi 8 décembre 2025, de 17h à 22h
  • Lieu : Mairie du 9e arrondissement, Salons Aguado et Salle Rossini, Paris
  • Programme :
    • 17h-20h : Salon du livre laïque et remise du Prix des Hussards Noirs 2025
    • 20h-22h : Performances artistiques (slam, théâtre, musique, lectures, etc.)
  • Présidence : Sophia Aram
  • Maîtresse de cérémonie : Élodie Frenck
  • Entrée : Libre, sous réserve de confirmation auprès des organisateurs (contact@unitelaique.org) (Site Web)

Un appel à l’engagement républicain

En célébrant les 120 ans de la loi de 1905, Liberté, Liberté Chérie invite les citoyens à se rassembler autour des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Cette soirée, à la croisée de la culture et de l’engagement civique, offre une occasion unique de réfléchir à l’héritage de la laïcité et à son rôle dans la construction d’une société juste et unie. À travers l’art, la littérature et le dialogue, Unité Laïque et ses partenaires rappellent que la laïcité reste un outil précieux pour préserver la liberté de conscience et promouvoir un vivre-ensemble harmonieux.

Pour plus d’informations ou pour réserver, contactez Unité Laïque à l’adresse : contact@unitelaique.org.

Source : Unité Laïque, Liberté, Liberté Chérie, Paris, 30 juin 2025

Les origines du christianisme – 7

Si vous n’avez pas lu l’épisode d’hier…

L’article aborde un moment clé du christianisme primitif : le concile de Jérusalem (vers 48-49), où Jacques, Pierre et Paul débattent de l’admission des non-Juifs dans le mouvement chrétien.
Un an plus tard, Paul rédige la Première Épître aux Thessaloniciens, considérée comme le texte le plus ancien du Nouveau Testament. Nous examinerons le contexte de cette assemblée, l’authenticité des lettres de Paul, et la controverse autour d’un passage virulent contre les Juifs dans 1 Thessaloniciens 2:14-16, qui soulève des questions sur son authenticité et son impact sur l’antisémitisme chrétien.

Le concile de Jérusalem : une décision fondatrice

Pierre rencontre paul

Vers 48 ou 49, le concile de Jérusalem réunit les figures majeures du christianisme primitif : Jacques (le frère de Jésus), Pierre et Paul. Cette assemblée vise à trancher une question cruciale : quelles sont les conditions d’admission des non-Juifs (païens) dans le mouvement chrétien ? Faut-il leur imposer la circoncision et l’observance de la Loi mosaïque, comme l’exigent certains judéo-chrétiens, ou peuvent-ils être intégrés sans ces obligations ? Cette réunion, décrite dans Actes 15 et Galates 2, marque un tournant en officialisant l’ouverture aux païens, avec un compromis basé sur les lois noachiques (interdiction des viandes sacrifiées aux idoles, du sang et des viandes étouffées).
Jacques, figure dominante à Jérusalem, exerce un droit de regard sur les pratiques missionnaires, tandis que Paul, représentant d’Antioche, plaide pour une ouverture sans ces exigences.
Paul, représentant de l’Église d’Antioche, défend l’idée que la foi en Christ suffit pour le salut, sans nécessité de devenir juif. Cette position, qui s’oppose aux judéo-chrétiens traditionalistes, est validée lors du concile, bien que des tensions persistent, comme le montre l’incident d’Antioche (Galates 2:11-14). Le concile établit une répartition des champs missionnaires : Pierre pour les Juifs, Paul pour les païens, bien que les Actes harmonisent cette division pour minimiser les conflits.

La Première Épître aux Thessaloniciens : le texte le plus ancien

Écrite vers l’an 50, la Première Épître aux Thessaloniciens est considérée par la majorité des exégètes comme le texte le plus ancien du Nouveau Testament.
Adressée à une communauté mixte de Thessalonique, en Asie Mineure, composée de Juifs et de non-Juifs (avec une majorité de païens), cette lettre reflète les débuts du christianisme, une période dite « tunnel » où les sources sont rares. Ce document offre un aperçu précieux des premières communautés chrétiennes, fondées par Paul, et de leurs défis, notamment les persécutions et les tensions internes.

La communauté de Thessalonique, comme d’autres fondées par Paul, est caractérisée par sa diversité : elle inclut des Juifs d’origine, des prosélytes et des « craignants-Dieu » (païens attirés par le judaïsme). Cette mixité reflète la spécificité de la mission paulinienne, qui s’adresse à un public varié dans les synagogues de la diaspora. Cependant, la composition exacte de la communauté reste difficile à reconstituer, faute de sources détaillées.

L’authenticité des épîtres de Paul : un débat fondamental

Sur les 14 lettres attribuées à Paul dans les Bibles catholiques, certaines soulèvent des questions d’authenticité et d’intégrité. Le texte distingue plusieurs catégories :

  1. Lettres unanimement authentiques (7) : Romains, 1 et 2 Corinthiens, Galates, Philippiens, 1 Thessaloniciens et Philémon. Ces lettres, dictées par Paul, sont reconnues comme des témoignages directs de sa pensée.
  2. Lettres contestées (3) : 2 Thessaloniciens, Colossiens et Éphésiens, dont l’authenticité est débattue en raison de différences stylistiques ou théologiques.
  3. Lettres non pauliniennes (3) : Les épîtres pastorales (1 et 2 Timothée, Tite), presque universellement considérées comme rédigées par un disciple postérieur.
  4. L’Épître aux Hébreux : Non incluse dans le corpus paulinien dans les Bibles protestantes, elle est attribuée à un autre auteur.

Un problème central est l’intégrité des lettres : certaines, comme 1 Thessaloniciens, pourraient être des compilations de plusieurs écrits de Paul ou contenir des interpolations (ajouts postérieurs). Cette question est cruciale, car elle affecte l’interprétation des textes et leur valeur historique.

La polémique de 1 Thessaloniciens 2:14-16 : une diatribe controversée

Dans 1 Thessaloniciens 2:14-16, Paul écrit : « En effet, frères, vous avez imité les Églises de Dieu qui sont en Judée dans le Christ Jésus, puisque vous aussi avez souffert de vos propres compatriotes, ce qu’elles ont souffert de la part des Juifs, eux qui ont tué le Seigneur Jésus et les prophètes, ils nous ont aussi persécutés, ils ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les hommes, ils nous empêchent de prêcher aux païens pour les sauver, et mettent ainsi en tout temps le comble à leurs péchés. Mais la colère est tombée sur eux à la fin. » Ce passage, d’une virulence inhabituelle, accuse les Juifs d’avoir tué Jésus et les prophètes, d’être ennemis de l’humanité et d’avoir attiré la colère divine.

Le texte souligne que ce passage s’inscrit dans un contexte intra-juif. Paul, lui-même juif, s’exprime dans une logique prophétique, reprenant la tradition deutéronomiste selon laquelle le peuple d’Israël rejette souvent les envoyés de Dieu. L’accusation selon laquelle les Juifs ont « tué les prophètes » est un cliché issu du judaïsme post-exilique, retrouvé dans des textes comme Matthieu 23:37 ou les Actes 7:52. De même, l’idée que les Juifs sont « ennemis de tous les hommes » reprend des stéréotypes de la propagande païenne anti-juive, que Paul réinterprète théologiquement : pour lui, les Juifs s’opposent à la mission chrétienne en empêchant l’annonce de l’Évangile aux païens, ce qui entrave leur salut.

L’expression finale, « la colère est tombée sur eux à la fin » (1 Thessaloniciens 2:16), pose un problème particulier. En grec, le verbe à l’aoriste (ephthasen) suggère une action accomplie, ce qui pourrait évoquer un événement historique précis, comme la destruction du Temple de Jérusalem en 70. Cependant, cette épître, datée de 50-51, est antérieure à cet événement. Cette anomalie conduit certains exégètes à suspecter une interpolation postérieure, rédigée après 70 pour refléter la séparation croissante entre judaïsme et christianisme.

Débat sur l’authenticité des versets 2:14-16

Plusieurs indices suggèrent que 1 Thessaloniciens 2:14-16 pourrait être une addition postérieure :

  1. Contexte historique : La référence à la « colère » divine semble renvoyer à la destruction du Temple (70), un événement postérieur à la rédaction de l’épître. Certains proposent que le texte évoque plutôt la crise de Caligula (vers 40), mais cette interprétation est moins convaincante.
  2. Tonalité inhabituelle : La virulence du passage contraste avec le ton généralement mesuré de Paul envers les Juifs, notamment dans Romains 9-11, où il exprime un amour profond pour son peuple.
  3. Cohérence textuelle : En supprimant les versets 14-16, le texte passe fluidement du verset 13 au verset 17, suggérant que ces versets pourraient être une « rustine » ajoutée ultérieurement. Le mot « en effet » (gar) au début du passage semble artificiel, comme une transition forcée.
  4. Contexte de relecture : Après 70, avec la séparation entre le judaïsme rabbinique et le christianisme, un scribe aurait pu insérer ce passage pour refléter les tensions croissantes entre les deux communautés.

D’autres exégètes défendent l’authenticité du passage :

  1. Vocabulaire paulinien : Les termes comme « Christ Jésus », « plaire à Dieu » ou le thème de l’imitation sont typiques des épîtres authentiques de Paul.
  2. Présence dans les manuscrits : Le passage figure dans tous les manuscrits connus, y compris les plus anciens (comme le Codex Claromontanus du VIe siècle). L’absence de variantes textuelles affaiblit l’hypothèse d’une interpolation.
  3. Contexte communautaire : Le passage s’inscrit dans la situation de Thessalonique, où la communauté mixte subit des persécutions, peut-être de la part de Juifs ou de païens. Paul, exaspéré par l’opposition à sa mission, pourrait avoir utilisé un langage prophétique pour exprimer sa frustration.

Le débat reste ouvert, sans certitude définitive. Les défenseurs de l’interpolation soulignent la rupture stylistique et historique, tandis que ceux de l’authenticité insistent sur la cohérence avec le contexte paulinien. Le texte invite à une approche critique : même si le passage est authentique, il reflète un moment de tension intra-juive, et non une condamnation universelle des Juifs.

Cependant, son interprétation ultérieure, notamment dans le christianisme postérieur, a contribué à l’antisémitisme, en faisant des Juifs les « ennemis de l’humanité ».

Les persécutions et l’identité des « compatriotes »

Dans 1 Thessaloniciens 2:14, Paul compare les souffrances des Thessaloniciens à celles des Églises de Judée, persécutées par leurs « compatriotes » (en grec, sumphuletēs, litt. « de la même tribu » ou « groupe »). Le texte explore deux interprétations possibles :

  1. Païens persécutant les chrétiens : Les « compatriotes » pourraient être des Thessaloniciens païens, hostiles aux convertis chrétiens, perçus comme un mouvement révolutionnaire perturbant l’ordre social.
  2. Juifs persécutant les judéo-chrétiens : Plus probablement, Paul fait référence aux Juifs de Thessalonique qui s’opposent à sa prédication dans les synagogues, un schéma récurrent dans les Actes (ex. Actes 17:5-9). Cette opposition crée des divisions au sein des communautés juives, les chrétiens étant vus comme une secte dissidente.

Paul, ancien persécuteur des chrétiens (Galates 1:13), s’exprime en tant que Juif dans un débat interne au judaïsme. Sa diatribe reflète sa déception face à l’opposition des Juifs de Thessalonique, qui ne suivent pas son propre chemin de conversion au christianisme. Cependant, en reprenant des clichés anti-juifs de la propagande païenne (comme la « misanthropie »), Paul donne à ces accusations une portée théologique : les Juifs, en s’opposant à la mission chrétienne, entravent le salut des païens.

Impact historique : un texte au service de l’antisémitisme

Les versets 2:14-16, qu’ils soient authentiques ou interpolés, ont eu un impact désastreux dans l’histoire chrétienne. Interprétés hors de leur contexte intra-juif, ils ont servi de fondement théologique à l’antisémitisme chrétien, en présentant les Juifs comme responsables de la mort de Jésus et comme « ennemis de l’humanité ». Cette lecture, amplifiée après la séparation entre judaïsme et christianisme (après 70), a alimenté des siècles de persécutions.

Le texte insiste sur la nécessité de contextualiser ces versets. Paul, en tant que Juif, ne rejette pas son peuple – comme en témoigne Romains 9:1-5, où il exprime sa douleur pour Israël. Sa colère dans 1 Thessaloniciens reflète un conflit spécifique, lié à l’opposition rencontrée dans sa mission. Cependant, l’absence de nuance dans le texte, combinée à son interprétation ultérieure, en fait un « chapitre triste » de l’histoire de l’Église.

De Jérusalem à la révolte juive

Paul, Pierre et Jacques meurent avant la fin des années 60, probablement entre 62 et 64 pour Paul et Pierre, et vers 62 pour Jacques. En 66, une révolte juive éclate en Judée contre les Romains, culminant en 70 avec la destruction de Jérusalem et du Temple. Cet événement, catastrophe majeure pour le judaïsme, marque un tournant dans la séparation entre judaïsme rabbinique et christianisme naissant.

Rédigés vers 80-90, les Actes des Apôtres racontent la naissance héroïque du christianisme, minimisant les conflits internes pour présenter une continuité entre Jésus, Pierre et Paul. Écrits après la destruction du Temple, ils reflètent un contexte où le christianisme s’affirme comme un mouvement distinct, s’adressant de plus en plus aux païens.

Le concile de Jérusalem (48-49) pose les bases de l’ouverture du christianisme aux païens, une décision portée par Paul, mais dans un cadre encore juif.
La Première Épître aux Thessaloniciens (50-51), texte clé du Nouveau Testament, reflète les tensions de cette période, notamment dans le passage controversé de 2:14-16. Ces versets, qu’ils soient de Paul ou interpolés, expriment une frustration intra-juive, mais leur réinterprétation postérieure a alimenté l’antisémitisme chrétien. Le débat sur leur authenticité – soutenu par des indices comme la référence à la « colère » divine ou la fluidité du texte sans ces versets – reste irrésolu, mais il souligne la complexité de l’histoire du christianisme primitif.

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Lumières, Franc-maçonnerie, Laïcité – 120 ans d’engagement – 1905-2025

Lorsque Nicolas Penin, Grand Maître du Grand Orient de France, ouvre ce livre, il place la laïcité au centre du chantier maçonnique. Non pas comme une doctrine figée, mais comme un projet de construction permanente.

Nicolas Penin, Passé Grand Maître du GODF

Il rappelle qu’elle est la pierre d’angle de son Obédience, inscrite en article premier de la Constitution, et qu’elle engage les Frères et les Sœurs à bâtir ensemble le Temple de l’Humanité. La laïcité n’est pas seulement une loi, elle est une voie, un travail d’unification de ce qui est épars.

LUMIÈRES, FRANC-MAÇONNERIE, LAÏCITÉ 120 ANS D’ENGAGEMENT

C’est sous ce signe que Charles Coutel nous entraîne dans un parcours qui ressemble à une initiation en trois étapes. Trois moments de l’histoire républicaine, trois tentatives de séparation du religieux et du politique, trois degrés de la conscience collective.

Le premier moment, celui des Lumières et de la Révolution, correspond à l’Apprentissage. Tout commence par le combat contre l’ombre, la lutte contre le fanatisme religieux et l’obscurantisme. Comme l’Apprenti apprend à dégrossir sa pierre brute, Voltaire, Montesquieu, Condorcet et les Encyclopédistes taillent les premiers éclats, dévoilant que la liberté ne peut grandir qu’en dissipant la superstition. C’est le moment de l’éveil, fragile encore, où la vérité se cherche et se purifie par l’autocritique.

Le deuxième moment, celui de la Commune de 1871 et de la Troisième République naissante, correspond au Compagnonnage. Ici, le travail se fait collectif, la parole circule, l’énergie s’amplifie dans les réseaux, dans les loges, dans les associations et les sociétés savantes. Gambetta, Clemenceau, Péguy portent le flambeau. La lutte contre le cléricalisme devient l’équivalent du tracé sur la planche à tracer, où se dessine la perspective d’une République nouvelle. Comme les Compagnons, ces hommes mesurent les échecs des tentatives passées, voyagent dans l’histoire, échangent les savoirs et posent les conditions pour que la Séparation devienne enfin possible.

Marianne-GODF

Le troisième moment, celui de 1905, correspond à la Maîtrise. Le temps de la synthèse est arrivé. La loi de Séparation est promulguée, comme l’accomplissement d’un rituel où l’ombre a été traversée et où la lumière peut se dire. Mais cette lumière n’est pas un achèvement, elle est un appel à poursuivre, car le Maître sait que chaque mort symbolique n’est que le seuil d’une résurrection. La loi de 1905 est elle aussi un passage, un relèvement, une renaissance de la République dans une fidélité plus haute : celle de la liberté absolue de conscience.

Charles Coutel nous accompagne dans ce voyage avec la rigueur d’un philosophe et la sensibilité d’un frère en quête. Son livre n’est pas un traité académique, il est une planche qui rappelle que la laïcité est une initiation collective. Comme le Temple qui s’élève pierre après pierre, la République se construit génération après génération, par les efforts conjoints de ceux qui refusent l’idolâtrie des certitudes et qui reconnaissent en chaque homme et chaque femme un être libre.

Ainsi comprise, la laïcité ne se réduit pas à un arsenal défensif contre les dogmes. Elle est une école de modération, une pédagogie de la vigilance, une matrice de fraternité. Elle est la lumière qui permet à chacun de se tenir debout, croyant ou non, et de reconnaître l’autre comme son frère.

Charles Coutel – Sénat GODF, photo coll. particulière

Charles Coutel, professeur émérite de l’Université d’Artois, est l’un de ces passeurs. Ses recherches sur Condorcet, ses ouvrages sur la République des Lumières et sur la laïcité en font un guide sûr. Mais c’est surtout sa capacité à relier l’histoire, la philosophie et l’initiation qui confère à ce livre une dimension unique. À travers lui, nous comprenons que célébrer les 120 ans de la loi de 1905 n’est pas un rituel commémoratif, mais une obligation fraternelle : reprendre le flambeau, poursuivre le chantier, faire vivre la lumière.

La lecture de ce livre devient alors elle-même une initiation. Nous marchons avec Voltaire comme Apprentis, avec Gambetta comme Compagnons, avec Briand et Jaurès comme Maîtres. Nous passons des ténèbres à la lumière, de l’échec à l’accomplissement, du doute à la fraternité. Et nous découvrons qu’au cœur de la République, comme au cœur de la Franc-maçonnerie, brûle la même flamme, celle de la liberté absolue de conscience, qui éclaire sans jamais consumer.

Lumières, Franc-maçonnerie, Laïcité – 120 ans d’engagement – 1905-2025

Charles CoutelÉditions Numérilivre, 2025, 220 pages, 22 €

Numérilivre, le site

Réélection de Philippe Guglielmi : un nouvel élan pour le Grand Chapitre Général du Rite Français

Le 5 septembre 2025, dans les salons de l’Aveyron à Bercy, s’est tenu le Congrès des Souverains Chapitres du Grand Chapitre Général du Rite Français (GCGRF), marquant un moment fort pour la juridiction maçonnique du Grand Orient de France. À cette occasion, Philippe Guglielmi, Très Sage Parfait Grand Vénérable (T.S.P.G.V.), a présenté son rapport moral, fruit d’une année de travail collectif avec les 225 chapitres représentant 6 162 frères et sœurs.

Ce rapport, empreint d’humilité et de vision, a conduit à sa réélection, confirmant la confiance renouvelée des délégués en sa leadership éclairé.

Un Bilan Solide et une Croissance Remarquable

Depuis sa prise de fonction et la refondation du GCGRF en 1998, Guglielmi a transformé une structure comptant 19 chapitres et 315 membres en une juridiction florissante, dépassant aujourd’hui cinq des dix obédiences françaises en effectifs. Avec une croissance de 62,45 % entre 2019 et 2024, portée par une politique de développement audacieuse – incluant des tenues blanches et fermées, des supports de communication et des exonérations temporaires – le GCGRF affiche une santé financière robuste. L’exercice 2024 s’est clos avec un excédent significatif, grâce à une gestion rigoureuse et des réserves équivalant à 16 mois de budget. Cette stabilité a permis des investissements dans une base informatique sécurisée et une réduction drastique des coûts, comme l’usage de lecteurs de code-barres remplaçant les coûteuses « zapettes ».

Fraternité et Solidarité au Cœur de l’Action

Guglielmi a insisté sur la fraternité comme pilier du Rite Français, inséparable de la solidarité. Le fonds d’entraide, doté de 50 000 €, a soutenu des frères et sœurs en difficulté, notamment après les événements tragiques en Nouvelle-Calédonie et dans l’Aude. Une mission spéciale a été confiée au deuxième Grand Inspecteur pour accompagner les chapitres en sous-effectif, visant à éviter leur disparition et à combler les « déserts maçonniques ». Cette approche, mêlant aide concrète et soutien fraternel, illustre la vocation humaniste du GCGRF face aux 40 conflits armés déstabilisant le monde.

Patrimoine Initiatique et Engagement Historique

Le Grand Orient de France compte trois ateliers à Annecy : L’Allobrogie, La Triple Équerre et La Bienveillance Écossaise. – Photo d’illustration GODF / Ronan Loaec

La consolidation du patrimoine initiatique reste une priorité. Guglielmi défend la liberté des chapitres dans l’adaptation des rituels, tout en préservant les marqueurs fondamentaux du Rite Français, reconnu comme le rite fondateur du Grand Orient de France depuis 1725. Des documents historiques comme la Patente Gerbier (1738) et les Lettres Capitulaires (1721) renforcent cette antériorité. La revue Joaben, sous la direction de Jean-Michel Gélin, et le Chapitre National de Recherche, explorant des thèmes comme « Oser penser le nouveau monde », témoignent d’une vitalité intellectuelle. La remise des 13e Prix de la Laïcité, honorant des figures comme Michèle Vitrac Pouzoulet et Vasco Correia Lourenço, héros de la Révolution des Œillets au Portugal, souligne l’engagement républicain et laïque.

Développement International et Perspectives

L’expansion internationale du Rite Français s’accélère, avec des patentes délivrées au Grand Orient du Québec, à la Grande Loge Mixte Universelle, et à des chapitres en Serbie, Bulgarie, Géorgie, Roumanie et Hongrie. Le Comité RAMSAY, présidé par Guglielmi, a organisé un colloque en juin 2025 à Paris sur la contribution des Ordres de Sagesse à un monde en quête de sagesse. Des visioconférences avec les chapitres de la région Monde, notamment en Afrique, sont prévues pour renforcer leur soutien via un futur fonds d’animation.

Une Réélection Portée par une Vision Humaniste

En conclusion de son rapport, Guglielmi a appelé à défendre le Rite Français face à un encerclement révisionniste, soulignant son rôle dans la franc-maçonnerie des Lumières et son engagement contre les injustices mondiales. Sa réélection, saluée par un vibrant « Vive la grande famille du Rite Français ! », reflète l’adhésion à sa vision. Humble ouvrier maçon, il s’appuie sur la confiance des délégués pour porter plus haut cet idéal humaniste, dans un monde où la paix et la fraternité restent des combats d’actualité.

L’ancien Grand Maître de la Grande Loge de Cuba restitue un 1 M de Pesos

…suite à une accusation d’escroquerie : Il en manque des millions de plus

De notre confrère cubain cibercuba.com

L’ancien Grand Maître de la Grande Loge de Cuba et l’ancien Grand Trésorier ont remboursé un million de pesos après un détournement de fonds s’élevant à plus de 40 000 dollars, provoquant une crise interne et un discrédit public. Mario Urquía Carreño, ancien Grand Maître de la Grande Loge de Cuba, et Airam Cervera Reigosa, ancien Grand Trésorier, ont restitué ce vendredi un million de pesos cubains (CUP) à l’institution maçonnique, suite à la dénonciation d’un détournement d’un million présentée par la direction actuelle, comme l’a confirmé le média indépendant Cubanet.

Mayker Filema Duarte

Le actuel Grand Maître, Mayker Filema Duarte, a révélé dans un communiqué officiel auquel Cubanet a eu accès que la remise de l’argent a eu lieu en présence de fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur, du Ministère de la Justice et de la Banque Nationale de Cuba, ainsi que des responsables de la Grande Loge de Cuba, parmi lesquels le Grand Secrétaire Juliannis Galano Gómez et le Grand Trésorier Juan Carlos Yero Ramos.

Grande Loge de cuba

Selon le rapport du média indépendant, les accusés avaient déjà détourné au moins 2,1 millions de pesos par le biais de manipulation d’états bancaires et de falsification de factures, ce qui équivaut à plus de 17 600 dollars au taux de change officiel.

La directive maçonnique a également informé que dans les prochains jours, d’autres 3 millions de pesos supplémentaires pourraient être restitués, dans le cadre du processus de restitution. La recherche a révélé que Cervera Reigosa, en complicité avec Urquía Carreño, modifiait les registres comptables officiels pour dissimuler les opérations illicites. Ils ont même ordonné à la comptable de l’institution de comptabiliser comme perte le vol de 2 700 dollars. Le scandale a également inclus la dénonciation du supposé racket de 19 000 dollars du bureau de l’ancien Grand Maître, de l’argent appartenant à l’Asile National Maçonnique, pour lequel aucune explication n’a encore été donnée.

La Grande Loge de Cuba a assuré que, grâce à la dénonciation présentée en septembre 2024, la possible fuite à l’étranger des accusés a été évitée.

Cependant, comme l’a soutenu Cubanetle détournement total confirmé s’élève à plus de 40 000 dollars, ce qui a provoqué une profonde crise interne au sein de l’institution maçonnique et un discrédit public de ses anciens dirigeants. L’écrivain et franc-maçon politique Ángel Santiesteban-Prats s’est demandé dans une publication sur Facebook pourquoi, si « le fait est déjà consommé et prouvé », Urquía et Cervera sont toujours en liberté.

« Pourquoi le Ministère de la Justice l’a-t-il défendu et protégé jusqu’à ce qu’il soit contraint de démissionner par les maçons ? Parce que s’il n’y avait pas eu son expulsion, il serait encore soutenu aujourd’hui », a-t-il interrogé et a émis comme hypothèse que le régime essaie de donner « un coup d’éclat » à la masse maçonnique. »

La Grande Loge en débat

La masonnerie cubaine, frappée en 2024 par le scandale de corruption impliquant l’ancien Grand Maître Mario Urquía Carreño, traverse aujourd’hui une grande crise. Mais cette fois, la réponse a été différente : unité, mobilisation et défense de ses principes fondateurs.

Son successeur, Mayker Filema Duarte, a dénoncé publiquement la fraude. La restitution d’un million de pesos en août 2025 par Urquía et Cervera, en présence des autorités du MININT, du Ministère de la Justice et de la Banque Nationale de Cuba, n’a pas apaisé l’indignation, car il reste encore à clarifier le sort de plusieurs millions supplémentaires.

Questions fréquentes sur la crise de la Grande Loge de Cuba et le scandale de corruption

Que s’est-il passé avec la Grande Loge de Cuba et l’ancien Grand Maître Mario Urquía Carreño ?

Mario Urquía Carreño et Airam Cervera Reigosa, anciens dirigeants de la Grande Loge de Cuba, ont restitué un million de pesos après avoir été accusés d’un détournement d’au moins 2,1 millions de pesos, ce qui a engendré une crise interne au sein de l’institution maçonnique.

Comment ce scandale a-t-il affecté la franc-maçonnerie à Cuba ?

Le scandale de corruption a provoqué une crise de réputation au sein de la maçonnerie cubaine, aggravée par l’ingérence du régime dans ses affaires internes. La Grande Loge de Cuba fait face à un discrédit public et à une division interne, en plus de l’intervention étatique qui a été perçue comme une tentative de contrôler l’institution.

Quelle a été la réponse du Ministère de la Justice face à la situation à la Grande Loge ?

Le Ministère de la Justice a été accusé d’intervenir dans les affaires internes de la franc-maçonnerie, en soutenant Mayker Filema Duarte, qui a refusé de quitter son poste de Grand Maître après avoir été destitué. Cependant, le ministre de la Justice a nié toute ingérence de l’État, arguant que la situation relève d’un sujet interne à la franc-maçonnerie.

Quelles mesures les francs-maçons ont-ils prises pour faire face à la crise de la Grande Loge ?

Les maçons ont choisi l’unité et la mobilisation pour défendre leurs principes fondateurs et l’autonomie de leur institution. Ils ont organisé des manifestations et des rassemblements pour exiger la destitution de dirigeants imposés et ont dénoncé publiquement l’ingérence gouvernementale.

Démystifier l’Intelligence Artificielle Générative : comprendre ses capacités, ses limites et ses implications

Du confrère polytechnique-insights.com – Par Laure Soulier, maîtresse de conférences à Sorbonne Université, équipe Machine Learning and Information Access

L’intelligence artificielle générative (IA générative) produit des contenus variés comme du texte, des images ou des vidéos, en s’appuyant sur des modèles de probabilité et des réseaux neuronaux entraînés sur de vastes ensembles de données. Bien qu’efficace, elle ne peut être assimilée à l’intelligence humaine, car elle privilégie la vraisemblance plutôt que la vérité. Elle reflète les biais et erreurs des données sur lesquelles elle a été formée. Utilisée comme outil, elle ne devrait pas remplacer massivement les emplois, mais pourrait en créer de nouveaux. Son avenir reste incertain, avec des enjeux environnementaux à considérer, notamment via le développement d’une IA plus frugale.

1. Qu’est-ce que l’IA générative ?

L’IA générative se distingue par sa capacité à créer

– VRAI

Dans le domaine de l’intelligence artificielle, l’IA générative se démarque par sa capacité à produire du contenu : textes, images, vidéos, etc. Des outils comme ChatGPT, Bard, Midjourney ou DALL-E en sont des exemples connus. Leur fonctionnement repose sur des modèles de probabilité : ils prédisent le mot ou le pixel suivant en fonction du contexte, grâce à des réseaux neuronaux profonds entraînés sur d’énormes volumes de données. Ces modèles identifient des correspondances probables pour générer des résultats cohérents.

L’IA générative est-elle intelligente ?

– FAUX

Bien que les performances de l’IA générative soient impressionnantes, elles ne relèvent pas d’une intelligence comparable à celle des humains. Ces systèmes effectuent des calculs mathématiques complexes à grande vitesse, mais ils ne possèdent ni conscience ni capacité à raisonner comme une intelligence humaine générale. Ils se limitent à des tâches spécifiques, fonctionnant comme un assemblage d’IA spécialisées au sein d’un même modèle.

L’IA générative peut-elle tout faire ?

– INCERTAIN

L’IA générative est utilisée dans divers domaines : création musicale, conception de décors pour jeux vidéo, rédaction de textes, traduction ou génération de code. Cependant, ses limites sont liées aux données d’entraînement. Les biais présents dans ces données, comme les stéréotypes de genre (par exemple, traduire « the nurse » par « l’infirmière »), se retrouvent dans les résultats. De plus, les réponses peuvent varier selon la formulation des questions, et l’explicabilité des processus reste un défi, bien que des recherches soient en cours pour mieux comprendre ces systèmes.

2. L’IA générative est-elle fiable ?

L’IA générative peut produire des erreurs

– VRAI

L’objectif de l’IA générative n’est pas de fournir des vérités absolues, mais des résultats probables basés sur ses données d’entraînement. Si ces données contiennent des erreurs ou des biais, ceux-ci se répercutent dans les outputs, entraînant des « hallucinations » – des réponses incorrectes ou incohérentes. Une étude de l’université de Hong Kong indique que ChatGPT (version GPT-3.5) atteint un taux de pertinence de 64 %, soulignant un risque d’erreur non négligeable.

L’IA générative va-t-elle se rebeller ?

– FAUX

Les craintes d’une révolte des machines, popularisées par la science-fiction, sont infondées. Les IA génératives se contentent de calculer des probabilités et n’ont ni émotions ni conscience. En 2015, Andrew Ng, spécialiste en IA, comparait ces peurs à s’inquiéter de la surpopulation sur Mars avant même d’y avoir posé le pied. Cette perspective reste pertinente malgré les avancées technologiques récentes.

L’IA générative pose-t-elle des risques pour la sécurité et la confidentialité ?

– INCERTAIN

La plupart des modèles d’IA générative sont hébergés sur des serveurs américains, soumis au Patriot Act et au Cloud Act, ce qui peut permettre aux autorités d’accéder aux données. De plus, les informations fournies à ces systèmes sont souvent réutilisées pour améliorer les modèles, posant des risques pour la confidentialité, notamment pour les entreprises. Des solutions comme des serveurs locaux ou des IA open source existent, et la réglementation, comme l’AI Act adopté par l’Union européenne fin 2023, vise à mieux encadrer ces technologies en respectant le RGPD.

3. L’IA générative et le marché du travail

L’IA générative peut-elle remplacer certaines tâches humaines ?

– VRAI

L’IA générative est un outil précieux pour automatiser des tâches comme la rédaction, la programmation ou la planification. Cependant, ses productions nécessitent souvent une vérification humaine pour garantir leur exactitude ou y ajouter une touche personnelle. Elle permet ainsi de gagner du temps et d’augmenter la productivité, mais certains métiers à faible valeur ajoutée pourraient être affectés, comme cela a été le cas avec d’autres avancées technologiques par le passé.

L’IA générative va-t-elle causer un chômage de masse ?

– FAUX

L’impact de l’IA générative sur l’emploi doit être nuancé. Comme d’autres outils technologiques, elle ne devrait pas remplacer totalement les travailleurs, mais plutôt transformer leurs tâches. De nouveaux métiers émergent, comme le prompt engineering, qui optimise les interactions avec l’IA. Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’IA générative est plus susceptible d’augmenter les emplois en automatisant des tâches spécifiques plutôt que de les éliminer.

Quel avenir pour l’IA générative ?

– INCERTAIN

Prédire l’évolution de l’IA générative reste complexe. Des innovations comme le retrieval-augmented generation (RAG), qui combine IA générative et recherche d’information, visent à améliorer la pertinence des résultats. Par ailleurs, l’empreinte écologique de ces technologies, liée à leur forte consommation de ressources, pousse vers le développement d’une IA frugale, moins gourmande en énergie et en données.

Sources :

Découvrir le dossier intégral en 4 volets

Le Delta lumineux

Pour débuter ce travail j’ai souhaité présenter un extrait d’un poème qui m’a interpelé par sa clarté, sa lumière profonde et vivace dans notre conscience d’Initié. En effet, le poème de Victor Hugo « La conscience » nous fait pénétrer dans l’œil du divin.

Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.

Cabinet de réflexion maçonnique
Cabinet de réflexion maçonnique

Mes frères, Mes Soeurs, il ne s’agit pas de retourner dans le cabinet de réflexion, mais bien de se retrouver au plus prés de la lumière avec le delta lumineux qui illumine sans faille la loge, nos travaux de midi à minuit dès que le couvreur a refermé les portes du temple. Je ne souhaite pas tel Icare que nous nous brulions les ailes. Je vais donc essayer de vous faire partager mes nombreuses interrogations, mes réflexions sur ce symbole aussi énigmatique que passionnant.

Dans un premier temps, je vais vous décrire ma rencontre avec le delta lumineux puis celui-ci nous soufflera de sa substantifique saveur symbolique. Depuis mon entrée en loge, je ne vois que le delta lumineux. Rassurez-vous, loin de moi l’idée d’être aveuglé, je vais tempérer mes propos. En effet, dès lors que nos yeux se tournent vers la lumière, nos regards se posent sur le delta lumineux. J’ai donc trouvé très attirant ce sujet. Passé les moments d’extase et d’euphorie vient le moment de rentrer dans le vif du sujet.

A ce titre, je vais vous livrer une digression qui s’est vite imposée à moi. Quelle est la représentation exacte du delta lumineux ? Existe-t-il une forme parfaite ? Une forme « légale » ? Un guide de tracer afin de pouvoir retrouver le sens symbolique le plus vrai. Si nous sommes à la recherche de la parole perdue, nous devons bien avoir quelque part des informations sur l’iconographie, le design.

Le mot est dit, le design. Quel mot étrange pour parler d’un symbole aussi fort que le delta lumineux. Mais je suis obligé de me rendre à l’évidence des dérives artificielles crées par des illustrateurs. Est-ce que la nécessité du Beau doit prévaloir sur le Signe ? Est ce que l’Esthétisme et la Vérité peuvent côtoyer le symbolisme sans en dénaturer le sens ? Est-ce que la vie Profane ne s’immisce pas trop dans la représentation symbolique de notre rite ?

Est-ce que nous voulons un rite à la mode ?

Les plus sages d’entre vous rappellerons avec bienveillance que nous sommes une loge initiatique et que nous travaillons sur les symboles. Qu’importe si le pavé mosaïque de notre temple n’est pas un carré long, qu’importe si les grenades ont été mangées…

Je suis comme Caïn, je vois l’œil tel le miroir dans la lumière.

J’ai relu la légende d’Hiram et il y est décrit comme ceci : « On le reconnaissait à sa haute stature, à ses larges épaules, à sa longue barbe ondulée et à ses yeux d’un bleu perçant sous un front couronné de cheveux bruns et bouclés. Sous la tunique de lin blanc, serrée à la taille par une corde de chanvre, il portait, à même la peau, une chaine d’or autour du cou. Il tenait ce bijou de son père. Au bout de la chaine pendait une lourde plaque de métal précieux, et de forme triangulaire. Sur son avers était gravé l’œil de « Celui » qui voit tout et sur son revers, contre le cœur d’Hiram, les quatre lettres du Nom que l’on ne peut prononcer et qui peut seulement épeler : IOD, E, VAU, E. »

Ce tétragramme est le nom divin dont la prononciation était réservée aux grands prêtres, chez les hébreux, une seule fois par an.

Le delta lumineux appelé également delta rayonnant, lumineux ou radieux est constitué d’un triangle pointe en haut, d’un œil sans paupière en son centre, plusieurs rayons s’en dégagent. Il est l’une des représentations symboliques parmi les plus visibles du temple maçonnique puisque situé à l’orient, au dessus de la place du Vénérable, entre la lune et le soleil. Par cette position, le Delta domine physiquement les travaux. Delta est le nom de la 4éme lettre grecque qui en majuscule, est représentée par un triangle.

Je vais commencer par vous parler du triangle :

Issu du patrimoine de Pythagore comme d’autres symboles que nous utilisons, le delta lumineux se rattache à la tradition primordiale et son histoire est celle du triangle lui-même.

C’est le symbole de la stabilité, c’est le profil des pyramides égyptiennes, mais aussi celui des toitures de tout âge. Il existe plusieurs formes de triangles, selon l’abbé Aubert : « d’après Plutarque, Xénocrate comparait la divinité à un triangle équilatéral : c’était la faire avec raison parfaitement égale en toutes ses perfections, tandis que les génies ne ressemblaient qu’au triangle isocèle, qui n’a que deux de ses côtés égaux, et par conséquent par manque de quelque perfection. Enfin, les hommes étaient symbolisés par le triangle scalène, dont tous les cotés sont inégaux : c’était l’idée la plus exacte possible de toute les inégalités de notre nature. »

Le triangle équilatéral représente souvent la trinité divine. On traduit souvent les trois cotés du Triangle par la formule : Bien penser, bien dire, bien faire. Jules Boucher nous donne également des pistes de recherche sur la représentation idéale du delta. Il trouve le triangle équilatéral instable malgré toutes ses perfections. Il y préfère un triangle isocèle dont l’angle au sommet est de 108° et deux angles de base de 36° chacun, comme le fronton d’un temple. Ce triangle présente alors les rapports du nombre d’or. Trois positions de ce triangle permettent de tracer le pentagramme qui était également dénommé triple triangle recroisé.

Abordons-le côté symbolique des chiffres. Nous savons que 180° est la somme des 3 angles d’un triangle. 108 est le nombre de l’Homme, 72 le nombre de la terre et 36 le nombre du ciel. Puisque 72 + 36 font 108, il y a là corrélation entre la Terre, le Ciel et l’Homme.

Si nous traçons un cercle autour du triangle équilatéral et un autre dans le triangle lui-même, il s’avère que le point central est identique. Si nous symbolisons le grand cercle par le Collectif et le petit cercle par l’Individuel cela nous fait penser au rapport entre le macrocosme et le microcosme. Un élément pour nous rappeler l’Unité mais aussi que l’Homme est infiniment petit par rapport à l’Univers.

Delta Rayonnant
Triangle maçonnique avec son oeil

Le triangle, dont la pointe est orientée vers le haut symbolise la masculinité et le feu, la pointe vers le bas la féminité et l’eau. De la composition de ces 2 triangles, résulte une étoile à 6 branches qui est le symbole très ancien du Sceau de Salomon. Elle est également l’emblème de l’Etoile de David dans la religion juive.

Je vous propose maintenant de nous concentrer sur les trois points du Delta lumineux formant chaque angle. Les trois points disposés en triangle équilatéral, dont un sommet est dirigé vers le haut, sont souvent employés pour abréger les mots « Franc-maçonnerie » ou « Frère», ce qui a valu aux Francs Maçons d’être appelés « les frères Trois points. »

Les rayons qui en émanent sont le témoignage de la transmutation et du résultat du

« VITRIOL, Visite l’intérieur de la terre, et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée ».

Ces rayons montrent que ce symbole est actif et autonome. En effet, que ce soit le Maillet, le Ciseau, l’Equerre, ou le Compas une action de l’Homme est nécessaire afin de les employer. Il rayonne de manière autonome et prodigue à qui veux bien le reconnaitre ses vertus, sa direction, son chemin. Nous sommes aux premières loges du combat perpétuel : Que ces ténèbres se changent en lumière, et, comme le dit le poète grec Sophocle, « que le jour sorte de la nuit ainsi qu’une victoire ». Enfin, le triangle nous laisse découvrir en son centre un Œil. Cet œil qualifié de divin, omniscient semble tout embrasser dans son champ de vision.

Pierre-Simon de Laplace formula la question de l’omniscience en ces termes :« Une intelligence qui à un instant déterminé devrait connaitre toutes les forces qui mettent en mouvement la nature, et toutes les positions de tous les objets dont la nature est composée, si cette intelligence fut en outre suffisamment ample pour soumettre ces données à analyse, celle-ci renfermerait dans une unique formule les mouvements des corps plus grands de l’univers et des atomes les plus petits ; pour une telle intelligence nul ne serait incertain et le propre futur comme le passé serait évident à ses yeux »

Cet œil est également appelé « œil d’Horus » ou L’œil Oudjat (oudjat voulant dire intact). Il symbolise la vision, la fécondité, l’intégrité physique, la pleine lune, la bonne santé. Sur les tombes, il permet au défunt de voir le monde des vivants. L’œil Oudjat est peint aussi sur les proues des bateaux, leur permettant de « voir » et de tenir leur cap.

Tout est dans l’œil d’Horus. Le combat incessant du Bien et du Mal, le mystère de la Vie et de la Mort, la quête de la Lumière et de la Connaissance, le pouvoir de Justice et le triomphe de la Vérité. Dans l’œil est le feu du Soleil, le Verbe divin

L’œil d’Horus, comme tant de symboles fondamentaux, trouve sa naissance dans un mythe qui se veut une explication fondamentale de l’Univers. Osiris, le dieu bon, l’homme-dieu cosmique, pivot de cet Univers, a été assassiné par son frère Seth qui est le dieu traître, le dieu mauvais, l’ange déchu. Isis, la sœur-épouse, rassemble les morceaux épars d’Osiris et le ressuscite. Et de leur union naît Horus. Horus, vengeur de son père, combat contre Seth et l’émascule, mais dans le combat il perd un œil.

Osiris

Osiris reste ainsi, à travers cette légende, le dieu momifié, éternellement mort-vivant et qui aide chacun des hommes à franchir le passage, à réussir sa mort dans la vie retrouvée. Osiris préside aux métamorphoses. Il est l’Etre primordial, le maître de l’éternité, le roi des dieux.

Dans nos travaux, il semble plus observer que juger, il sonde la conscience de chacun d’entre nous. Il incite l’individu à découvrir son propre mystère pour le fondre à celui de la Nature, à chercher les réponses à ses questions depuis la nuit des temps. Il nous invite à l’éveil, à l’ouverture et à la vigilance.

Temple en soi, ce regard énigmatique symbolise l’effort vers la connaissance. Il symbolise également la vigilance et la clairvoyance qui permettent de discerner la réalité de l’illusion. Son articulation ternaire induit « force, sagesse, beauté » et le témoignage de l’égrégore de nos tenues.

L’ensemble des symboles vu de manière indépendante ne doit nous faire perdre de vu la cohérence du Delta Lumineux.

Il nous invite à nous unifier, à réunir ce qui en nous est épars « Ordo ab chao » afin de nous accomplir dans une plénitude certaine.

« Qu’adviendrait-il si, un jour, le sens du beau et celui du bien se fondaient en un concert harmonieux. Qu’arriverait-il si cette synthèse devenait un merveilleux instrument de travail, une nouvelle algèbre, une chimie spirituelle qui permettrait de combiner, par exemple, des lois astronomiques avec une phrase de Bach et un verset de la Bible, pour en déduire de nouvelles notions qui servirait à leur tour de tremplin à d’autres opérations de l’esprit ? » Hermann Hesse – Le jeu des perles de verre

Le Delta Lumineux, une porte de communication, un symbole qui nous guide, un décor que j’ai vu à mon premier regard en loge lors de mon initiation. Il nous aide à construire notre temple intérieur, à tailler notre pierre brute. Il nous rappelle que nous devons transmettre au dehors ce que nous avons reçu au-dedans.

Le delta flamboyant représente la Trinité de la Connaissance, la figuration du Grand Œuvre par la régénération cosmique perpétuelle et son principe de Création. Il souffle et veille à la construction de notre idéal.

Bibliographie

  • La symbolique du grade d’apprenti – R. Bertaux
  • La franc maçonnerie Histoire et Initiation – Christian Jacq
  • L’édifice – www.l’edifice.net
  • Points de Vue Initiatiques
  • La symbolique maçonnique – Jules Boucher
  • La franc maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes – Oswald Wirth
  • Recherches encyclopédiques

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Les origines du christianisme – 6

Si vous n’avez pas lu l’épisode d’hier…

L’article explore la tension entre l’identité juive de Jésus, de ses premiers disciples et l’ouverture ultérieure du christianisme aux non-Juifs (païens ou Gentils), un phénomène qui marque une transformation majeure dans l’histoire du christianisme primitif. Jésus, sa famille et ses disciples sont profondément enracinés dans le judaïsme, et ses enseignements, tels que rapportés dans les Évangiles, semblent initialement limiter sa mission au peuple d’Israël. Cependant, après sa mort, ses partisans, notamment sous l’impulsion de figures comme Paul, s’ouvrent aux païens, jetant les bases d’un christianisme universel.

Jésus, un Juif centré sur Israël

Jésus est juif, sa famille est juive, ses disciples sont juifs, et il semble n’avoir eu d’autres horizons que le judaïsme. Les Évangiles prêtent à Jésus des paroles catégoriques d’hostilité aux païens (Gentils, non-Juifs). Or, après sa mort, ses partisans vont d’abord timidement, puis de façon délibérée, s’ouvrir aux non-Juifs et porter le message au-delà du peuple d’Israël.

Les chercheurs travaillant sur les strates rédactionnelles des Évangiles notent que les phrases embarrassantes – comme celles limitant la mission à Israël – sont souvent traces d’une tradition authentique. Par exemple, des expressions comme “Ne prenez pas le chemin des païens” ou “Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël” pourraient être plus tardives, peut-être après la chute du Temple en 70, pour expliquer l’échec de la mission auprès des Juifs et justifier l’ouverture aux païens.

La biographie de Jésus montre un homme de Galilée, voyageant de Galilée à Jérusalem, sans occasion de croiser des Gentils. On ignore comment il aurait réagi. Dans Matthieu, deux paroles étonnantes : à la fin de l’Évangile (28:19), “Allez, faites de toutes les nations des disciples” (mission universelle) ; mais lors de l’envoi des Douze en mission (10:5-6), “Ne prenez pas le chemin des païens, n’entrez pas dans une ville de Samaritains, allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël.” Au chapitre 15 (parallèle en Marc), une femme cananéenne suit Jésus ; elle insiste, les disciples demandent de la renvoyer ; Jésus répond : “Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.” Il y a un coude manifeste dans Matthieu : interdiction formelle d’évangéliser les païens au chapitre 10, mission universelle à la fin.

Pour Matthieu, Jésus est venu pour les Juifs ; les missionnaires ne doivent pas évangéliser les païens. Après la résurrection, cela change : mission devient universelle. Matthieu en dira : on est allé chez les païens parce que cela a raté avec les Juifs.

La véritable question : comment des gens d’origine juive, par formation et manière d’être persuadés de l’importance de la communauté juive, ont-ils pu s’ouvrir aux autres ? La réponse est simple : dans le judaïsme ancien, dès le VIe siècle avant notre ère (début de l’exil des Juifs dans la diaspora, environ 600 ans avant la période discutée), deux phénomènes marquent la vie des Juifs en diaspora. Deux faces de la même médaille : d’un côté, la haine pour les Juifs (antisémitisme, terme créé par un Allemand il y a 123 ans, mais phénomène ancien) ; de l’autre, l’admiration totale pour les Juifs, le judaïsme, la Torah, le mode de vie juif, culminant dans un grand mouvement de judaïsation et de prosélytes.

Cela se voit dans les derniers livres de la Bible hébraïque : prophéties d’Isaïe (anonyme, chapitres 40-66), dernier prophète Malachie, Livre d’Esther. Page merveilleuse d’Isaïe (60) : “Lève-toi, Jérusalem, et voici que vers toi toutes les nations.” À la fin des temps, les nations montent vers Jérusalem, rejoignant Israël. Il y a ainsi deux courants dans le judaïsme palestinien : avec ceux refusant de s’occuper des autres, se concentrant sur les brebis d’Israël ; et avec ceux comme le grand Isaïe (venant de Babylone, extérieur), disant qu’il faut faire rentrer les autres, convoquer les nations à Jérusalem sous la mouvance du Dieu unique.

Les livres des prophètes envisagent la place des non-Juifs ; dans le Nouveau Testament, Paul semble faire de la mission aux païens une question nouvelle et vitale. La question des Gentils apparaît : qu’arrive-t-il aux Gentils ? Vont-ils rejoindre sur la montagne de Dieu et recevoir la Torah ? Au moment eschatologique (fin des temps), il faut décider de leur sort. Ce n’est pas créé par Paul, mais résulte d’un mélange d’éléments particuliers de sa biographie et des circonstances.Jésus, né en Galilée, est un Juif dont l’horizon semble exclusivement tourné vers le peuple d’Israël. Les Évangiles, notamment celui de Matthieu, prêtent à Jésus des paroles qui restreignent explicitement sa mission aux Juifs. Par exemple, dans Matthieu 10:5-6, Jésus envoie ses douze disciples en mission avec cette instruction claire : « Ne prenez pas le chemin des païens, n’entrez pas dans une ville de Samaritains, mais allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. » Cette directive, inscrite dans un contexte de mission précoce, reflète une focalisation sur la restauration spirituelle d’Israël.

Un autre épisode significatif, rapporté dans Matthieu 15:21-28 (avec un parallèle dans Marc 7:24-30), illustre cette exclusivité. Une femme cananéenne, une païenne, implore Jésus de guérir sa fille. Les disciples, agacés par son insistance, demandent à Jésus de la renvoyer. Jésus répond : « Je n’ai été envoyé que pour les brebis perdues de la maison d’Israël » (Matthieu 15:24). Bien qu’il finisse par exaucer la demande de la femme en raison de sa foi, cet épisode renforce l’idée que la mission de Jésus est d’abord orientée vers les Juifs.

Ces paroles restrictives, souvent perçues comme « embarrassantes » pour un christianisme ultérieurement universaliste, sont probablement authentiques. Selon le texte, les déclarations limitant la mission aux Juifs reflètent une tradition ancienne, antérieure à l’ouverture aux païens. Cette focalisation sur Israël pourrait être postérieure à la chute du Temple en 70, mais elle correspond à la réalité historique de Jésus, qui, en tant que Galiléen, n’aurait eu que peu d’occasions d’interagir avec des non-Juifs, vivant dans un contexte géographique et culturel juif.

L’Évangile de Matthieu présente un contraste frappant. À la fin de l’Évangile, après la résurrection, Jésus donne la « grande commission » : « Allez, faites de toutes les nations des disciples » (Matthieu 28:19). Ce virage, qualifié de « coude manifeste » dans le texte, suggère une évolution dans la compréhension de la mission chrétienne. Pour Matthieu, l’ouverture aux païens semble être une conséquence de l’échec relatif de la mission auprès des Juifs. Cette idée reflète une théologie selon laquelle Jésus est venu d’abord pour les Juifs, mais, face à leur rejet, la mission s’élargit aux nations.

L’ouverture aux païens : une rupture avec le judaïsme ?

Après la mort de Jésus, ses partisans vont timidement, puis délibérément, aller vers les païens et s’ouvrir aux non-Juifs. Jacques et Pierre ne se contentent pas de prêcher uniquement parmi les Juifs. Si l’auteur des Actes prétend que tout a été fait pour aller vers les Juifs, Paul, comme dans bien des cas, interprète théologiquement le phénomène, proposant un scénario intégrant la mission aux païens dans le plan de Dieu avant la fin. Comment des disciples juifs, profondément ancrés dans leur identité et leur tradition, ont-ils pu s’ouvrir aux païens ? Cette ouverture, d’abord timide, devient délibérée après la mort de Jésus et sera portée par des figures comme Pierre, Jacques et surtout Paul.

Un passage révélateur dans sa lettre aux Romains (chap.1), Paul en fin de carrière missionnaire écrit que Dieu lui a donné la grâce d’être “officiant de Jésus-Christ en direction des nations”, se consacrant à l’Évangile pour que l’offrande des païens devienne agréable, sanctifiée dans l’Esprit Saint : « selon l’Esprit de sainteté, a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, lui, Jésus Christ, notre Seigneur. Pour que son nom soit reconnu, nous avons reçu par lui grâce et mission d’Apôtre, afin d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes ».

Le judaïsme de la diaspora, dès le VIe siècle avant notre ère, est marqué par deux phénomènes opposés, décrits comme « les deux faces de la même médaille » :
La haine envers les Juifs : Bien que le terme « antisémitisme » soit anachronique, les Juifs de la diaspora ont souvent été confrontés à l’hostilité des populations locales.
L’admiration pour le judaïsme : Parallèlement, le judaïsme attire de nombreux païens par son monothéisme, sa Torah, son éthique rigoureuse et son ancienneté. Ce mouvement de « judaïsation » se manifeste par l’émergence de prosélytes (païens pleinement convertis au judaïsme, y compris par la circoncision pour les hommes) et de « craignants-Dieu », des païens attirés par le judaïsme sans s’y convertir totalement.

Les prophéties bibliques, notamment dans Isaïe, Malachie ou le Livre d’Esther, anticipent une ouverture aux nations. Par exemple, Isaïe 60:1-3 imagine les nations affluant vers Jérusalem pour se placer sous la mouvance du Dieu d’Israël. Cette vision universaliste coexiste avec une tendance plus exclusiviste, qui limite la mission aux « brebis d’Israël ». Ces deux courants au sein du judaïsme préparent le terrain pour l’ouverture chrétienne aux païens.

Dans les synagogues de la diaspora, Paul rencontre trois groupes distincts :

  1. Les Juifs de naissance, attachés à la Torah et à l’identité juive.
  2. Les prosélytes, des païens ayant adopté le judaïsme, souvent circoncis pour les hommes.
  3. Les craignants-Dieu, un groupe plus fluide, fasciné par le judaïsme sans s’y convertir pleinement. Ces derniers, sensibles à l’éthique et à l’histoire d’Israël, constituent un public réceptif à l’annonce chrétienne, surtout lorsque celle-ci, dans sa version paulinienne, dispense de la circoncision.

Environ 10 % de la population de l’Empire romain (soit 6 à 6,5 millions de personnes sur 60 millions) était juive vers l’an 50, un pourcentage significatif qui reflète l’attraction du judaïsme. Cette ouverture relative, bien que freinée par des exigences comme la circoncision, facilite l’annonce de l’Évangile aux païens.

Le concile de Jérusalem : une décision cruciale

Vers 48 ou 49, une réunion décisive, souvent appelée l’« assemblée de Jérusalem » (à ne pas confondre avec un concile institutionnel), réunit les leaders chrétiens pour trancher une question cruciale : les païens convertis au christianisme doivent-ils se faire circoncire et adopter la Loi mosaïque pour être sauvés ? Cette question, rapportée dans Actes 15 et Galates 2, oppose deux visions :
– Une position traditionnaliste, défendue par certains judéo-chrétiens, exige que les païens deviennent prosélytes juifs, c’est-à-dire qu’ils se fassent circoncire et suivent la Torah.
– Une position ouverte, portée par Paul et Barnabé, considère la circoncision et l’observance de la Loi comme non indispensables pour le salut des païens.

Les deux sources, bien que divergentes sur certains détails, convergent sur l’essentiel : les païens n’ont pas à devenir juifs pour être chrétiens.

Dans Actes 15, Jacques, le frère de Jésus, joue un rôle central. Il cite Amos 9:11-12 pour justifier l’inclusion des païens : « En ce temps-là, je relèverai de sa chute la maison de David, J’en réparerai les brèches, j’en redresserai les ruines, Et je la rebâtirai comme elle était autrefois Afin qu’ils possèdent le reste d’Édom et toutes les nations… »
Dans ce chapitre 15 des Actes, Jacques fixe conditions admission païens : « Frères, écoutez-moi. Siméon (Pierre) a exposé comment dès le début Dieu a pris soin de tirer d’entre les païens un peuple réservé à son nom. Cela concerne avec les paroles du prophète [Amos]».

Pour Jacques, le christianisme n’est pas troisième entité entre judaïsme et monde païen, mais un mouvement de réforme intérieur au judaïsme qui prépare la fin des temps en intégrant les nations.

Dans Galates 2, Paul raconte sa participation à cette réunion, où il expose « l’Évangile qu’il prêche parmi les païens » (Galates 2:2). Il insiste sur le fait que les leaders de Jérusalem (Jacques, Pierre et Jean) ne l’ont pas contredit et n’ont pas exigé la circoncision de Tite, son compagnon grec (Galates 2:3). Paul présente cette décision comme une victoire pour sa vision : la foi en Christ suffit pour le salut, sans passer par la Loi.

La solution adoptée, connue comme le « décret apostolique » (Actes 15:20, 29), impose aux païens un minimum éthique inspiré des lois noachiques, des commandements donnés à Noé avant la Loi mosaïque et la circoncision (établir des lois et interdire de maudire Dieu, l’idolâtrie, la sexualité illicite, l’effusion de sang, le vol et de manger de la chair d’un animal vivant). Ces interdits retenus incluent les souillures des idoles, les unions illégitimes, la viande non saignée et le sang.

Ces règles, considérées comme une version simplifiée de la Loi juive, permettent une coexistence entre judéo-chrétiens et pagano-chrétiens. Elles représentent un compromis : les païens ne sont pas tenus d’adopter la Torah dans son intégralité, mais ils doivent respecter un minimum éthique pour intégrer la communauté.

Les tensions communautaires : l’incident d’Antioche

La question de la coexistence entre judéo-chrétiens et pagano-chrétiens atteint son paroxysme lors de l’« incident d’Antioche » (Galates 2:11-14). À Antioche, une ville abritant une forte communauté juive, la communauté chrétienne est confrontée à un problème pratique : le partage du repas eucharistique. Les judéo-chrétiens, respectueux des lois alimentaires de la Torah, refusent de manger avec les païens, qui ne suivent pas ces prescriptions. Cette division menace l’unité de la communauté.

Paul reproche à Pierre, qui initialement partageait les repas avec les païens, de s’être retiré sous la pression de représentants de Jacques, adeptes d’une observance stricte. Paul qualifie cette attitude d’« hypocrisie » et s’oppose fermement à toute séparation des communautés à table. Pour lui, imposer la Torah aux païens crée une fracture inacceptable, car la foi en Christ doit transcender les distinctions ethniques et rituelles.
Paul identifie la Torah comme un élément de division. Si les judéo-chrétiens continuent à observer la Loi, il n’y a aucune raison d’exiger des païens qu’ils abandonnent leurs pratiques pour adopter la Loi mosaïque. Dans Galates 2:16, Paul affirme : « L’homme est justifié par la foi en Jésus-Christ et non par les œuvres de la Loi. » Cette théologie de la justification par la foi devient le cœur de son message, distinguant son approche de celle des judéo-chrétiens traditionnalistes.

Paul et la mission aux païens : une vision révolutionnaire

Paul développe une vision radicalement nouvelle : la mort et la résurrection de Jésus constituent le seul chemin de salut, rendant la Torah superflue pour les païens. Dans Romains 15:16, il décrit sa mission comme une offrande cultuelle : « La grâce m’a été donnée par Dieu afin que je sois officiant de Jésus-Christ en direction des nations, me consacrant à l’Évangile de Dieu afin que l’offrande des païens devienne agréable, sanctifiée dans l’Esprit Saint. » Cette image cultuelle positionne les païens comme une offrande à Dieu, intégrés dans le plan divin sans passer par la circoncision.

Paul ne rejette pas la Torah pour les Juifs – il continue lui-même à respecter certains rites juifs, comme le montrent les Actes – mais il s’oppose à son imposition aux païens comme condition de salut. Cette position, qualifiée de « circoncision du cœur » (Romains 2:28, 29), met l’accent sur une transformation intérieure par la foi, plutôt que sur des pratiques rituelles : « 28 Ce n’est pas ce qui est visible qui fait le Juif, ce n’est pas la marque visible dans la chair qui fait la circoncision ; 29 mais c’est ce qui est caché qui fait le Juif : sa circoncision est celle du cœur, selon l’Esprit et non selon la lettre, et sa louange ne vient pas des hommes, mais de Dieu ».

Contrairement à une idée répandue, Paul ne commence pas sa mission auprès des païens isolément. Comme le montrent les Actes, il se rend d’abord dans les synagogues, où il rencontre des Juifs, des prosélytes et des craignants-Dieu. Ce n’est qu’en cas de rejet par les autorités juives qu’il « secoue la poussière de ses chaussures » (Actes 13:51) et se tourne vers les païens. Cette stratégie reflète la continuité entre sa mission et le judaïsme, tout en exploitant la réceptivité des craignants-Dieu, sensibles à un message qui dispense de la circoncision.

Dans Galates 2:7-8, Paul établit une symétrie entre sa mission et celle de Pierre : « L’évangélisation des incirconcis m’a été confiée, comme celle des circoncis l’a été à Pierre. » Cette polarité – Pierre pour les Juifs, Paul pour les païens – vise à légitimer sa mission tout en reconnaissant l’autorité de Pierre. Cependant, Paul insiste sur son indépendance, affirmant que sa vocation vient directement de Dieu, et non de Pierre ou des apôtres (Galates 1:1).

Les Actes des Apôtres : une reconstruction orientée

Les Actes des Apôtres de Luc, rédigés vers 80-90, présentent une vision harmonisée du christianisme primitif, minimisant les conflits entre Paul et les apôtres de Jérusalem. Pierre y joue un rôle de pionnier, notamment dans l’épisode de la conversion de Corneille, un centurion païen (Actes 10), qui marque la première intégration d’un non-Juif dans l’Alliance. Paul, quant à lui, est dépeint comme l’instrument qui met en œuvre cette ouverture, mais sous l’égide de Pierre.

Cette construction narrative, qualifiée de « judicieusement et artistement construite », vise à montrer une continuité entre Jésus, Pierre et Paul. Pierre assure le lien avec le Jésus historique, tandis que Paul étend la mission aux païens. Les Actes minimisent les divergences théologiques, présentant Pierre et Paul comme des « frères jumeaux » avec des rôles complémentaires.

L’auteur des Actes, traditionnellement identifié comme Luc, semble utiliser Pierre pour légitimer la mission de Paul. En attribuant à Pierre le rôle d’initiateur de la mission aux païens, Luc cherche à montrer que Paul n’a pas innové, mais a prolongé une dynamique déjà amorcée. Cette reconstruction, cependant, entre en tension avec le récit de Paul dans Galates, où il revendique une mission indépendante, sans dépendance vis-à-vis de Pierre.

Les tensions avec le judaïsme : une rupture inévitable ?

L’incident d’Antioche révèle les limites de l’accord de Jérusalem. Paul reproche à Pierre et aux représentants de Jacques d’imposer des distinctions qui divisent la communauté. Cette confrontation, qualifiée d’« engueulade » dans le texte, marque un point de rupture. Paul, fidèle à sa vision de la foi comme seul critère d’unité, s’oppose à toute tentative de réintroduire la Torah comme condition de salut.

Cette position marginalise Paul au sein du christianisme primitif, surtout parmi les judéo-chrétiens. Les Actes tentent de masquer cette rupture en suggérant un arrangement à l’amiable, avec une répartition des champs missionnaires : Pierre pour les Juifs, Paul pour les païens. Cependant, Galates révèle une réalité plus conflictuelle, où Paul est accusé d’encourager les Juifs à abandonner la circoncision, une accusation qu’il réfute.

L’intégration croissante des païens semble comme la cause principale de la séparation entre judaïsme et christianisme. À mesure que les non-Juifs deviennent majoritaires dans les communautés chrétiennes, celles-ci s’éloignent des pratiques juives, un phénomène qualifié de « déjudaïsation ». Les différences dans les pratiques – comme les lois alimentaires, le respect du shabbat ou la circoncision – rendent la coexistence difficile. Contrairement aux divergences théologiques, comme la croyance en la résurrection de Jésus, ces questions pratiques (repas, mariages, observance de la Loi) créent un schisme inévitable.

Un passage troublant de la Première Épître aux Thessaloniciens est à remarquer (datée de 50-51, considérée comme le texte le plus ancien du Nouveau Testament), où Paul exprime une critique virulente contre les Juifs (1 Thessaloniciens 2:14-16). Ces versets, accusant les Juifs d’avoir tué Jésus et de s’opposer à la mission, semblent anticiper la rupture consommée entre judaïsme et christianisme un siècle plus tard. Cette rhétorique reflète les tensions croissantes entre les communautés chrétiennes et juives, exacerbées par l’ouverture aux païens.
Le texte met en lumière la transition du christianisme d’un mouvement juif centré sur Israël à une religion universelle englobant les païens. Jésus, ancré dans le judaïsme, limite initialement sa mission aux Juifs, mais les prophéties universalistes du judaïsme et l’attraction du judaïsme dans la diaspora préparent le terrain pour une ouverture aux non-Juifs. Le concile de Jérusalem, en dispensant les païens de la circoncision, marque un tournant décisif, porté par Paul, dont la théologie de la justification par la foi redéfinit l’identité chrétienne.

Cependant, cette ouverture crée des tensions, notamment lors de l’incident d’Antioche, où Paul s’oppose à Pierre et Jacques sur la question de la Loi. Les Actes des Apôtres tentent d’harmoniser ces conflits, présentant Pierre et Paul comme complémentaires, mais Galates révèle un Paul indépendant, parfois en conflit avec les apôtres de Jérusalem.

L’intégration des païens, facilitée par la réceptivité des craignants-Dieu et l’abandon des exigences de la Torah, conduit à la « déjudaïsation » du christianisme, posant les bases de sa séparation d’avec le judaïsme.

Paul, bien qu’il ne soit pas l’initiateur de cette dynamique, y contribue de manière décisive, façonnant un christianisme universel qui marque l’histoire religieuse de l’Occident.

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Frères et soeurs hors de la loge

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Une évidence, un défi, une attitude…

C’est une situation qu nous avons rencontrée assez souvent dans notre vie en dehors d’ailleurs des classiques signes et autres artifices de reconnaissances que nous usons parfois pour entrer en contact. A ce propos, je répondais à une époque à de vieux amis non maçons qui connaissaient mon appartenance et qui avaient coutume de me taquiner sur la question.

Mais comment fais tu pour savoir qu’il est Franc-maçon ? Et je répondais: -Tu sais ça ne s’explique pas, c’est en nous.

Un frère qui lui était magicien de profession subissait les memes prérogatives, on lui demandait toujours s’il pouvait expliquer son tour. En général il disait: ok. – Mais sais tu garder un secret? – Oui répondait l’autre. Et il clôturait la discussion en disant: – Moi aussi. Il avait reprit cette boutade pour les demandes à propos de la franc-maçonnerie et ses réponses suscitaient toujours le même succès qui laissait dans la frustration les demandeurs sympathiques.

« la vie maçonnique se prolonge dans le monde profane nous le répétons sans cesse à chaque tenue. »


Donc dans la vie de tous les jours, rencontrer des sœurs ou des frères et une suite logique guidée par le hasard, ça coule de source. Ces rencontres fortuites sont comme un évènement. On est du même village, de la même region et surtout de la même famille. On découvre son frère sa soeur,

« Nous ne sommes pas en tenue mais tout de mÊme dans la fraternitÉ »

et en général, l’ambiance est conviviale, dans l’esprit maçonnique et pour peu que nous nous soyons rencontrés durant les vacances, c’est encore plus festif car loin des soucis quotidiens. 

Au risque de passer pour un rabat joie, je dois dire  que je suis toujours prudent avec la famille. J’en ai fait l’expérience toute la vie car issu de différentes familles un peu éparpillées et venant de différentes  cultures. C’est un terreau certes enrichissant, mais qui laisse place parfois à une certaine amertume du fait de l’éloignement qui ne facilite pas les relations fréquentes et durables nécessaires pour la construction d’une forte fraternité

J’ai aussi un peu trop tendance à associer ce type de rapport familial à notre mode de fonctionnement « familial maçonnique ». C’est sans doute une erreur, il faut laisser venir les choses comme on dit.

« Quand nous découvrons de nouveaux membres de notre famille »

« cela ne veut pas dire que le courant va passer forcément. »

Comme avec Le Grand René d’ailleurs dans la video ci-dessous: