Le samedi 19 juillet 2025, de 11h00 à 15h00, la George Washington Lodge No. 143, située au 74 South Second Street à Chambersburg, Pennsylvanie, ouvrira ses portes au public pour une journée exceptionnelle. Organisée en partenariat avec les événements Old Market Day et Burning of Chambersburg Living History Portrayal, cette manifestation offrira une occasion unique de découvrir l’histoire de la Franc-maçonnerie, de visiter un temple maçonnique historique et d’en apprendre davantage sur l’une des plus anciennes organisations fraternelles au monde.
Ouverte à tous – familles, curieux et passionnés d’histoire – cette journée s’annonce comme un voyage captivant dans le passé, au cœur d’une ville profondément marquée par la Franc-maçonnerie.
Une loge au riche passé historique
Fondée en 1816 et nommée en l’honneur de George Washington, premier président des États-Unis et maçon éminent, la George Washington Lodge No. 143 est un pilier de la communauté maçonnique de Chambersburg. Son histoire remonte toutefois à des origines encore plus anciennes : dès 1799, une première loge, la Lodge No. 79, est créée dans la ville sous l’égide de la Grande Loge de Pennsylvanie, avec General James Chambers – fils du fondateur de Chambersburg, Benjamin Chambers – comme premier Maître en chaire. Après une période d’activité limitée, cette loge disparaît, mais la flamme maçonnique est ravivée avec la création officielle de la George Washington Lodge en 1815.
Le temple maçonnique actuel, situé au 74 South Second Street, est un véritable joyau historique. Construit en 1823, il est le plus ancien bâtiment de Pennsylvanie érigé spécifiquement pour des activités maçonniques et encore utilisé à cet effet aujourd’hui. Le 24 juin 1823, une cérémonie solennelle marque la pose de la pierre angulaire, un événement accompagné d’une grande procession à travers la ville, suivie d’un service religieux à la Zion Reformed Church et d’un discours prononcé par Thomas H. Crawford, futur Maître de la loge en 1824. Le temple est officiellement dédié le 18 juillet 1826 par Thomas Kittera, alors Grand Maître de la Grande Loge de Pennsylvanie.
Un épisode marquant de l’histoire de ce temple survient le 30 juillet 1864, lors de la guerre de Sécession. Alors que les troupes confédérées mettent le feu à de nombreux bâtiments de Chambersburg, le temple maçonnique est épargné grâce à l’intervention d’un officier confédéré, lui-même maçon, qui ordonne à ses soldats de protéger le bâtiment. Cet acte illustre les liens de fraternité maçonnique qui transcendaient même les divisions de la guerre, un thème qui sera certainement évoqué lors de la journée portes ouvertes.
Une journée pour découvrir la Franc-maçonnerie
L’événement du 19 juillet 2025 est une invitation à plonger dans l’histoire de la George Washington Lodge et de la Franc-maçonnerie en général. Comme l’explique Nathan J. Neil, Maître Vénérable de la loge : « C’est une opportunité unique pour le public de pénétrer dans un lieu qui a façonné discrètement l’histoire de notre ville. La Franc-maçonnerie a toujours valorisé la communauté, la charité et le développement personnel, et nous sommes ravis de partager cette histoire avec vous. »
Les visiteurs pourront profiter de visites guidées gratuites du temple, découvrir des expositions sur l’histoire de la loge et de ses membres illustres, et échanger avec des maçons présents pour répondre à leurs questions – à l’exception, bien sûr, des secrets maçonniques ! Parmi les figures historiques mises en lumière, James Chambers occupera une place de choix. Ce fils du fondateur de Chambersburg, officier distingué pendant la guerre d’Indépendance, a servi aux côtés de George Washington. Impressionné par l’unité et les principes moraux promus par la Franc-maçonnerie, Washington encourage ses officiers, dont Chambers, à rejoindre la fraternité, renforçant ainsi les liens de camaraderie entre eux.
Le temple lui-même est un témoin vivant de cette histoire. Après avoir servi à diverses fonctions au fil des années, il est revenu en possession de la George Washington Lodge en février 1860, devenant un centre névralgique pour les activités maçonniques de la région. Des rénovations récentes, comme l’installation d’un système de sprinklers en 1989, l’aménagement d’un escalier pour les membres à mobilité réduite en 1993, ou encore la création d’un parking supplémentaire en 1981 après l’achat et la démolition de la propriété Geyer, témoignent de l’engagement de la loge à préserver ce patrimoine tout en le rendant accessible.
Un événement ancré dans la communauté
Cette journée portes ouvertes s’inscrit dans le cadre de deux événements majeurs de Chambersburg : Old Market Day, une célébration annuelle des traditions locales, et Burning of Chambersburg Living History Portrayal, une reconstitution historique de l’incendie de 1864. Ces festivités offriront un cadre festif et éducatif, permettant aux visiteurs de contextualiser l’histoire de la loge dans celle, plus large, de la ville. Des rafraîchissements légers seront également proposés, renforçant l’atmosphère conviviale de l’événement.
La George Washington Lodge No. 143 n’en est pas à sa première initiative de ce type. En juillet 2023, une journée portes ouvertes similaire avait attiré un large public, et les membres de la loge, ainsi que ceux de l’Eastern Star et des Jobs Daughters, avaient exprimé leur gratitude pour l’engouement suscité. Ces événements s’inscrivent dans une tradition d’ouverture de la Franc-maçonnerie, qui, bien que souvent perçue comme mystérieuse, cherche à dialoguer avec la société et à partager ses valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité.
Pourquoi visiter la George Washington Lodge ?
Cette journée portes ouvertes est une occasion rare de découvrir un lieu chargé d’histoire et de symbolisme, tout en explorant les idéaux maçonniques qui ont influencé des figures comme George Washington ou James Chambers. Elle offre également une fenêtre sur l’histoire de Chambersburg, une ville marquée par des événements comme l’incendie de 1864, où la fraternité maçonnique a joué un rôle de cohésion et de préservation. Enfin, c’est une opportunité de démystifier la Franc-maçonnerie, souvent entourée de préjugés, en rencontrant des membres prêts à partager leur engagement et leur histoire.
Aucune inscription n’est requise pour participer à cet événement gratuit, qui se tiendra le 19 juillet 2025 de 11h00 à 15h00. Que vous soyez passionné d’histoire, curieux de la Franc-maçonnerie ou simplement en quête d’une sortie culturelle à Chambersburg, la George Washington Lodge No. 143 vous accueillera avec chaleur et fraternité. Comme le disait Pierre Dac, Frère maçon et humoriste, « Les maçons sont des chercheurs, pas des trouveurs » – peut-être trouverez-vous, lors de cette visite, une nouvelle lumière sur ce monde fascinant !
Le 31 mai 2025, s’est tenue dans le Grand Temple Groussier du Grand Orient de France une conférence publique historique, organisée par plusieurs loges de différentes obédiences : La Fraternité Centrafricaine (GODF), Respect et Fraternité (GODF), Mosaïque Hiram, Claude et Catherine Helvétius, Le Levant (GLMF), République (GOCB) et Que Scay-je (DH). Cette initiative a réuni de nombreuses obédiences amies, dont le Grand Orient de Suisse, invité à y participer.
Il s’agissait de l’une des toutes premières fois que ce conflit contemporain majeur était abordé publiquement dans un cadre maçonnique. Ce conflit, l’un des plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale, reste largement ignoré des grands médias malgré son impact géopolitique continental et international.
Le mardi 10 juin 2025, à 19h30, la Grande Loge de France (GLDF) ouvrira les portes de son temple Franklin Roosevelt, situé au 8 rue Louis Puteaux, Paris 17e, pour une conférence publique exceptionnelle. Dans le cadre de sa série de conférences « Enjeux et Perspectives », placée cette année sous la thématique « Croire en liberté, être frères », la GLDF accueillera le pasteur Bruno Gaudelet pour une soirée d’échanges et de réflexion autour du thème « Le Religieux et le Spirituel ».
Un invité de marque : Bruno Gaudelet
Bruno Gaudelet
Bruno Gaudelet, pasteur, docteur en philosophie et théologien, est une figure reconnue dans le domaine de la réflexion spirituelle et religieuse. Auteur de plusieurs ouvrages de théologie, il a notamment publié Le Notre Père revisité, Le Credo revisité et Quand l’évangile se raconte, des œuvres qui revisitent les textes fondateurs du christianisme avec une approche à la fois érudite et accessible. Lors de cette conférence, il proposera une exploration des notions de religieux et de spirituel, deux concepts souvent confondus mais qui interrogent différemment notre rapport au sacré, à la foi et à la liberté de conscience.
Une soirée sous le signe du dialogue
La soirée sera introduite par Dominique Losay, 1er Grand Maître Adjoint de la Grande Loge de France, qui rappellera les enjeux de cette thématique au cœur des valeurs maçonniques : la liberté de croire, la fraternité et l’ouverture à l’autre. Fidèle à l’esprit des conférences « Enjeux et Perspectives », cet événement se veut un espace de dialogue et de partage, ouvert à toutes et tous, maçons comme profanes. La conférence sera suivie d’un débat, permettant au public d’échanger directement avec Bruno Gaudelet et d’approfondir les réflexions soulevées.
Un événement accessible à tous
La Grande Loge de France, fidèle à sa mission d’ouverture et de rayonnement, invite chacun à participer à cette soirée de réflexion, qu’il soit initié ou non. Cet événement s’inscrit dans une longue tradition de la GLDF, qui, depuis sa fondation en 1894, cherche à promouvoir des débats éclairés sur les grandes questions spirituelles, éthiques et sociétales. Le temple Franklin Roosevelt, un lieu chargé d’histoire et de symbolisme, offrira un cadre idéal pour cette rencontre entre le religieux, le spirituel et les idéaux maçonniques de fraternité et de liberté.
Informations pratiques
Date et heure : Mardi 10 juin 2025 à 19h30
Lieu : Temple Franklin Roosevelt, Grande Loge de France, 8 rue Louis Puteaux, 75017 Paris
Rejoignez-nous pour une soirée d’échanges et de lumière
La Grande Loge de France vous remercie par avance pour votre participation et vous invite à venir nombreux pour cette soirée qui promet d’être riche en enseignements et en dialogues. Comme le soulignait Pierre Dac, Frère maçon et figure de l’humour, la quête de sens passe aussi par l’écoute et le partage – des valeurs que cette conférence mettra à l’honneur. Que vous soyez en quête de réponses spirituelles ou simplement curieux d’explorer ces notions fondamentales, cette soirée est faite pour vous. Ensemble, poursuivons la quête de la lumière dans un esprit de fraternité et de liberté !
(du latin toujours « trans » et « gredere » passer au delà, est une tentation permanente de l’humain. « Passer de l’autre côté », « traverser », « dépasser une limite », d’où l’idée d’enfreindre (un ordre, une règle, une loi). Cette transgression est un mode d’évolution dans le domaine des conventions sociales. Mais quand est-il dans le domaine de la Tradition ?
Passer au delà de la Tradition voudrait dire sortir de la Tradition, sortir de son cadre pour aller au dehors : mais au dehors, ce n’est plus la Tradition.
Dans le cadre de la Tradition, la transgression est un moyen de comprendre où est l’erreur, où sont les limites de la Vérité. Ce ne peut être qu’un pas de côté suivi d’un autre pas pour revenir dans la Tradition. Est ce à dire que nous ne sommes pas libres dans la Tradition ? Bien sûr que non !
Nous sommes libres et la Tradition nous apporte cette liberté à un degré que ne nous offre pas la convention sociale. Le maçon est un homme libre car il est un homme de bonnes mœurs : si en était autrement il serait l’esclave de son ignorance, de son fanatisme et son ambition. Il ne peut donc pas choisir le Mal, toutes ses actions, toute sa recherche se situent dans le domaine de la Vérité et de la Justice. La transgression dans ce contexte est une régression qui ne peut être que passagère au risque de perdre ses repères traditionnels.
La transgression reflète surtout un désaccord plus ou moins profond avec une idée et/ou opinion commune, comme elle peut être une attitude. La transgression permet de développer, voir de tester des « idées nouvelles » si chères aux francs-maçons. Idées nouvelles qui, hélas, sont peu nombreuses. Sauf que voilà, courir des risques, hé bien c’est risqué. On préfère de loin le petit confort de son petit quotidien dans sa petite vie. Cependant, dans le domaine de l’idée, le risque n’est pas tout à fait faire du saut à l’élastique. La véritable transgression, celle qui est porteuse de sens, est la remise en cause d’un ordre moral.
Est-ce à dire que les francs-maçons ne sont pas transgressifs et très souvent soumis ? Il n’y a qu’un pas !
Pourtant, c’est la transgression qui ouvre à la modernité et lui donne toute sa saveur.
« Pour qu’il y ait transgression, il faut que l’acte soit intentionnel, qu’il soit porteur de sens, et risqué. » explique Georges Balandier, anthropologue.
S. Freud
Psychologiquement, la transgression est prévisible. Le mal est inscrit dans la liberté humaine comme possibilité dès qu’elle est pensée comme libre arbitre et placée face à un interdit. Pour Freud, le désir de transgression persiste là où s’applique l’interdit ; c’est le domaine de l’ambivalence affective vis à vis de l’autorité. Le tabou est le symptôme d’un compromis entre deux tendances en conflit : obéissance à la Loi et désir persistant de sa transgression. Ainsi, tout système de tabou consolide une certaine relation à la mort telle que vécue par chaque société ; c’est la lutte entre Eros et Thanatos.
Dans l’ordre politique ou théologico-politique, quand la loi est tyrannique, ceux qui la transgressent sont célébrés comme Héros du peuple et de la morale.
Dans l’ordre anthropologique et symbolique, la transgression aura le sens d’une progression ou d’une régression selon le statut reconnu au monde qui est garanti par le respect de la règle bafouée. Ainsi, le meurtre ou l’inceste semblent faire régresser en deçà de l’humain (on parle de déchaînement bestial de pulsions agressives et sexuelles). Cependant, beaucoup de formes de progrès scientifiques ont impliqué de transgresser des interdits religieux (dissections du corps humains, recherches alchimiques).
Ainsi, plusieurs questions se posent :
Ontologiquement, le mal naît-il de la transgression distinguant le bien et le mal, le permis et le défendu ou le mal précède t-il la loi ? Si c’est le cas, la transgression est la manifestation d’une perversion plus fondamentale.
D’autre part, le mal est-il dans la transgression de l’interdit ou dans l’interdit qui brise le mouvement du désir et brime la liberté de l’individu ?
La Liberté guidant le peuple. Eugène Delacroix
Est-il nécessaire alors d’accepter l’illusion de la liberté et l’interprétation du mal comme une faute ? Dès lors, nous pouvons penser que la transgression s’accomplit toujours dans le possible, elle révèle que le possible dépasse la limite du permis. Elle dénonce l’interdit qui restreint la sphère du possible ; en d‘autres termes, le champ de l‘éthique et la moralité ne s‘accorde pas d‘une « juste tension » dans une société en déséquilibre anarchique ou autoritaire. Bouddha Gautama signifiait ainsi qu’un instrument musical produisait un son harmonieux lorsque ses cordes étaient « justement tendu » : assez pour produire un son harmonieux, et pas trop pour ne pas rompre. Il en est de même pour l’homme et pour la société qu’il constitue.
L’interdit et la transgression permettent de réaliser une distinction. Dès lors, l’opposition entre le bien et le mal devient secondaire, elle permet en fait de révéler à l’homme sa part de divinité, sa surhumanité dans la mesure ou cette distinction s’accomplit dans une éthique de consentement libre et éclairé (prise en compte des avantages et des inconvénients).
Dante et la Porte de l’Enfer
Du point de vue sociologique, lorsque l’offre institutionnelle n’est plus en adéquation avec la demande sociale, il y a souffrance. De cette souffrance naissent des alternatives, des tentatives avortées, récupérées ou rejetées, jusqu’à ce qu’un beau jour, un homme se distingue : il parvient à réaliser un processus de séparation de son groupe d’origine, mort symbolique et renaissance sous une autre forme… voyant cette opportunité, beaucoup d’autres individus le réalisent ensuite, jusqu‘à ce que cette alternative devienne une norme intégrée. Ceci en vertu du fait qu’une société ne peut évoluer que lorsque les individus qui la composent ont eux-mêmes réalisés cette métamorphose. En ce sens, l’évolution d’une société est à l’image de la croissance d’un arbre de vie où chaque « poussée » renforce le tronc d’une couche externe vive. Chaque tentative de pratiques alternatives sont autant de « pousses de détresse » porteuses d’espoirs et des futurs fruits de notre travail de recherche.
Sans elles, le tronc « porteur, figé et mort » de nos institutions est destiné à pourrir et à craquer sous le poids de ses charges, il n’a plus la souplesse de résister aux tempêtes s’il n’est plus renforcé, protégé et nourri des forces vives et de l’énergie de sa matrice : la transgression. Ainsi, grâce à ce phénomène vital, véritable « témoin et souffle de vie » d’expiration (rejet) et d’aspiration (alternative) que naissent, vivent et meurent les faits sociaux, ces feuilles saisonnières qui permettent à notre société de croître et grandir.
MICHEL MAFFESOLI, SOCIOLOGUE, PARIS, LE 10 AVRIL 2014.
Selon M. MAFFESOLI, membre de la maçonnerie et sociologue, le retour du temps des tribus n’est pas une nouvelle barbarie, il est au contraire un renversement qui nous invite à retrouver le rythme de la vie, nous ouvre à l’altérité. Dans cet idéal communautaire, notre imaginaire renoue avec la sensibilité et la solidarité qu’elle engendre face à l’effondrement des idolâtries de la raison, de l’histoire, du progrès et face à l’épuisement de l’individualisme moderne.
Toujours selon M. MAFFESOLI dans le temps des tribus p. 25 : « l’individualisme est un bunker suranné, et comme tel mérite d’être abandonné… ». C’est un glissement de l’histoire ou les incantations moralistes ne sont plus de mise. La nouvelle éthique sociale dans son sens strict éthos comme lieu d’habitation, demeure que l’on partage avec les autres est la structure permanente et instable où l’intensité du moment tend à prévaloir, ce que résume exactement M. MAFFESOLI : « la sensibilité collective issue de la forme esthétique aboutit à une liaison éthique ». L’instant est bien l’horizon dans lequel se reconnaît la créativité quotidienne, car il y a saturation de l’arraisonnement technocratique de la nature, fin de la maîtrise rationnelle du social, et appel à penser le réenchantement du monde … au moyen de la transgression.
Dans la Bible, la première transgression est interprétée comme une désobéissance qui aboutit à une sanction : la sortie de l’Eden. Selon le texte dogmatique, la faute originelle commise par Adam a fait tomber la nature humaine, et c’est Jésus Christ par son sacrifice sur la croix qui nous a rachetés du péché originel. L’état parfait du commencement est remis en cause par un accident, il justifie l’épreuve du Christ pour le rétablissement du paradis perdu. Le thème du péché originel établit une thèse selon laquelle la transgression établie et nécessaire n’est pas forcément péché, elle est une épreuve qualifiante. D’une part, nous n’avons pas commis une faute car le péché originel est l’état d’imperfection constitutionnelle dans laquelle naissent tous les hommes (péché étant traduit du latin peccatum signifiant « défaut »). D’autre part, le serpent est « l’initiateur » de la transgression, il oriente Ève et Adam sur le chemin de l’émancipation pour réaliser le projet de Dieu pour l‘homme : utiliser avec l‘aide du serpent, le « mauvais penchant » de l‘homme imparfait de façon à ce que cette puissance initie l‘homme à la vie adulte.
Dieu fait ainsi de l’homme son allié pour que devenu adulte, il puisse maîtriser la puissance du serpent et le contraindre à servir. Ainsi, la mort fait partie du processus d’initiation où l’épreuve est une re-naissance, où la perte de l’état d’innocence oblige l’homme à l’état de connaissance à affronter les souffrances de notre monde ingrat et hostile, pour le métamorphoser à pouvoir être « le Royaume conforme au projet de Dieu ».
Dans le nouveau testament, c’est l’envoyé de Dieu, le fils de l’homme qui transgresse les lois et les règles. Il agit en toute dépendance des pouvoirs parce qu’il est oint, il apparaît vite comme un agitateur. Sa notoriété s’élargit, il fait notamment sortir les marchands du Temple en rompant l’accord général d’exploitation commerciale qui arrangeait Grands Prêtres et marchands. Il s’en fait des ennemis et sont arrestation est immédiate. Conduit pour interrogatoire chez Ann, Caïphe puis
Ponce-Pilate qui opposera sept excuses aux accusateurs juifs pour proposer de le relâcher, la seule raison d’état conduira à faire crucifier le Christ. Par sa vie et sa mort, Il nous démontre que le formalisme n’est plus de mise, en ne fondant plus sa vie sur les valeurs et les sécurités reconnues par le monde. Nous nous devons de comprendre le monde par une parole qui n’est pas produite …
Au huitième degré de Loge de Perfection du REAA, le très puissant Maître met en garde ceux qui s’engagent dans la Tâche Sacrée :
– Savez-vous qu’HIRAM personnifie la Connaissance et la liberté détruits par l’ignorance, l’orgueil et l’ambition ?
Il poursuit plus loin :
– En vous joignant à nous, vous attirez sur vous la fureur de la foule, le mépris des puissants de ce monde. Votre sort sera la pauvreté, et, aux yeux des non-initiés, le déshonneur. Etes-vous prêts ?
En Franc-Maçonnerie, nous allons voir que les exemples de transgression sont multiples, ils sont liés à notre condition d’initié et accompagne notre progression, je vais vous présenter quatre exemples de transgression présent dans nos rituels : l’initiation, le meurtre de Maître HIRAM au troisième degré, la transgression du devoir de discrétion de JAHOBEN au 6ème degré, et enfin l’acte de vengeance de JAHOBEN qui tue le meurtrier de Maître HIRAM malgré les ordres du Roi SALOMON.
– L’initiation est cette première transgression. Le rituel initiatique reconstitue les phases du phénomène humain fondamental : la mise en scène des besoins mimétiques de l’homme, qui, en se fondant dans une nouvelle identité, génère une crise conflictuelle où il transgresse les interdits. La disparition d’un « double identifié », le meurtre d’un modèle confère généralement le rôle de la victime émissaire à celui qui incarne l’archétype véhiculé par le mythe : le testament philosophique et les épreuves successives qui composent l’initiation maçonnique montrent bien que des ténèbres, le profane prisonnier de ses illusions, se meurt pour renaître à la lumière, initié aux mystères de la nature. Le voyage initiatique place l’homme au commencement d’un long parcours dont le sens et l’objet résident dans la connaissance de lui-même. Les étapes graduelles de ce voyage où se réalise la prise de conscience progressive du « soi » va mettre en exergue le rôle de la transgression des valeurs illusoires pour approcher la vérité unique. Il est nécessairement nécessaire de transgresser l’illusion du monde sensible pour accéder aux mystères de la nature et au centre de toute chose. L’être est emprisonné par toutes les sensations que le cerveau mémorise. Le « bien-vivre », lié d’une part à notre agrément et aux commodités nécessaires à notre bien-être, et d’autre part avec les besoins liés à la santé et à la vie, met en évidence la distinction entre les vérités ontologiques essentielles et le développement social et contingent de l’entendement humain. L’initiation maçonnique sous-tend le dépassement, la « transgression » des illusions du monde sensible.
Nicomaque dans Ethique1 dit : « l’homme intempérant agit par désir, mais non par choix, tandis que l’homme maître de lui, à l’inverse, agit par choix et non par désir ». Ainsi, le choix de notre initiation en Franc-Maçonnerie est marqué par le désir d’affranchir notre condition humaine des vérités illusoires, pour aller vers la lumière et la vérité essentielle. Notre inlassable devoir de recherche nous oblige à perpétuellement transgresser le carcan de nos pensées cartésiennes pour les élever jusqu’aux demeures éternelles, là où rayonnent toutes les vertus … Cette expérience intime que nous partageons dans notre fraternité maçonnique nous enseigne que transgression et initiation sont indissociables ; le dépassement de soi bouleverse profondément l’individu, cette transgression est une épreuve nécessaire, elle est un facteur d’acquisition de connaissances, et de progression dans notre cheminement d‘initié.
– Au troisième degré, le meurtre du Maître HIRAM par les mauvais compagnons signifie que nous sommes à tout moment susceptibles de trahir la vérité par pure cupidité. Cet épisode nous enseigne qu’une vigilance de tous les instants est nécessaire. En l’occurrence, cela nous engage à « rechercher et à retrouver en soi les meurtriers du Maître Ethique à Nicomaque, III. HIRAM », en d’autres termes, cette recherche nous incite à perpétuellement transgresser nos propres limites, en remettant en question les certitudes qui pourrait porter atteinte à la vérité. La perte de la Parole (conséquence du meurtre), sa recherche des maîtres partis vers l’ouest, et leur retour avec les mots substitués sont la réalisation du processus de quête perpétuelle de la vérité. Comme la trahison du Christ par Juda, le meurtre de Maître Hiram est la Transgression qui permet aux adeptes de réaliser une prise de conscience : ne jamais cesser de rechercher la vérité est une perpétuelle nécessité dans la démarche maçonnique.
– Au sixième degré, YAHOBEN est surpris à épier la conversation du roi SALOMON et HIRAM, roi de Tyr. Son attitude, plus dictée par le souci de protéger son maître que de surprendre des secrets, font sursoir à son exécution. Ce degré nous enseigne que la curiosité peut être motivée par une volonté légitime : YAHOBEN, au péril de sa vie, va transgresser son devoir de discrétion pour protéger son maître. Son « sacrifice d’amour », son abnégation nous permet de comprendre que notre soif de connaître pour parvenir à la vérité (ou ne pas permettre que lui soit porté atteinte) est un acte de transgression qui pourra être pardonnée au titre d’acte participant à la quête de connaissance. Elle distingue le « fauteur » dans le sens où sa volonté de sacrifice signale son abnégation à la cause de son maître (conscience et motivation pour permettre à la vérité d’être établie et de régner). Ce sixième degré : secrétaire intime, marque ainsi la différence entre deux formes de curiosité et fait comprendre combien celle-ci, stimulant de l’intelligence, est utile dans le chemin de la vérité.
– Au neuvième degré, YAHOBEN transgresse l’ordre du roi SALOMON en tuant AVIRAM, le meurtrier du Maître HIRAM. YAHOBEN ne doit la vie qu’à l’intercession de ses frères devant SALOMON pour obtenir le cycle infernal de la vengeance. Il obtient ainsi le pardon. La vengeance et la désobéissance de YAHOBEN déclenche le courroux du Roi, mais après avoir entendu la supplication des autres élus, le cycle infernal de la vengeance est interrompu et SALOMON lui pardonne.
La morale du degré de Maître Elu des Neuf est qu’en aucun cas, la vengeance n’est permise. Elle nous enseigne que nous ne devons pas nous substituer au jugement de notre autorité, car le cycle infernal de la vengeance risque de nous soumettre au même châtiment.
Il est nécessaire de faire une nuance entre l’acte injuste commis par ignorance, vice ou cruauté, contre lequel notre devoir nous enseigne de nous élever, et le cas où il s’agit de remettre à l’autorité un meurtrier reconnu coupable d’un acte déjà consommé. La désobéissance de JAHOBEN a soulevé l’indignation de SALOMON, et grâce à l’intercession de ses frères, il a eu la vie sauve car le ROI a retenu la motivation de son geste, sans tenir compte de l’acte de transgression qui est un outrage à l’autorité. Nous pouvons en déduire qu’en nous faisant justice nous-mêmes, nous outrageons Dieu dans son infini bonté, car chacun doit pouvoir être entendu et doit avoir la possibilité de rachat de ses fautes, si tel est le désir de notre tout puissant créateur.
En conclusion, nous observons dans nos rituels maçonniques, que transgression, initiation et progression sont indissociables. Tout est en permanence dépassement de limites lorsqu’il s’agit de réalisation effective de l’homme.
La franc-maçonnerie est un reflet de notre société, son miroir. Notre société, si elle est complexe, s’est durcie. Les extrémismes politiques et religieux prennent la place se présentant comme les nouveaux idéologues, porteurs de sens. Ils présentent un visage de fausse-transgression, voulant revenir à un ordre moral passé. La transgression n’est pas la nostalgie du passé mais le désir de l’avenir. Ainsi, être transgressif en franc-maçonnerie est devenu de plus en plus difficile car c’est paraître être à contre-courant. Être transgressif c’est revenir au chaos sans cesse, renaître régulièrement.
La franc-maçonnerie, actuellement en crise d’identité, semble de moins en moins en être capable et, pire encore, l’accepter. La transgression est pourtant créatrice.
La transgression se présente comme un élément incontournable de notre processus de connaissance de soi. C’est donc en toute connaissance de cause, qu’un Franc-maçon, avant tout passage à l’acte réactionnel face à une attitude inconvenante, doit réfléchir aux motivations et à l‘enseignement de cette transgression. Il n’y a rien qui ne doit être patiemment pensé, soupesé, retourné et réexaminé en toute collégialité, sous peine de devoir amèrement regretter un acte isolé que nous n’aurions pas dû commettre.
Oscar-Wilde-par-Napoléon-Sarony
La transgression n’est pas loin si avec Oscar Wilde nous sommes prêts à admettre que « La seule façon de se délivrer d’une tentation, c’est d’y céder » ?
Alors oui la transgression nous guette à chaque prise de décisions. Le résultat en sera équitable ou pas mais sans doute aveugle du point de vue de la Nature. Notre Culture seule pourra différencier le Bien et le Mal, nous aider à maitriser nos passions et nous rendre capable de choisir.
La Grande Loge de Cuba est dans ce que les Anglais appelaient autrefois un véritable bourbier. Tout d’abord, leur ancien Grand Maître, Mario Alberto Urquía Carreño, a été arrêté en septembre dernier pour fraude, en collaboration avec l’ancien Grand Trésorier, Airam Cervera Reigosa. Après un audit approfondi des finances de la Grande Loge, Carreño et Reigosa pourraient avoir détourné plus de 20 000 dollars américains à l’aide de faux documents, et s’être emparés de 19 000 dollars américains supplémentaires en espèces dans un coffre-fort.
Les vols ont été découverts en janvier 2024 ; il a rapidement été expulsé par le Conseil suprême (Rite écossais) à Cuba, mais il a refusé de démissionner de son poste de Grand Maître sous les cris de « Traître ! Usurpateur ! Dehors voleur ! » lors de la réunion annuelle de la Grande Loge en mars 2024. Après avoir finalement quitté la salle de réunion, il a été remplacé à l’unanimité par Mayker Filema Duarte comme nouveau Grand Maître jusqu’à ce que des élections appropriées puissent avoir lieu en mars de cette année.
Ancien Grand Maître Mario Alberto Urquía Carreño (Photo : Cubanet)
À cette époque , Carreño était perçu par la plupart des francs-maçons cubains comme une marionnette choisie par les forces de sécurité de l’État, illégalement imposée à eux. Malgré les accusations de conspiration et de détournement de fonds portées contre lui l’année dernière, le ministère de la Justice du gouvernement communiste (MINJUS) a ordonné sa réintégration et sa restauration comme Grand Maître en juin. Mais en août, les accusations criminelles portées contre lui ne pouvaient plus être esquivées, et il a démissionné de son poste de Grand Maître, cédant le tablier violet à Mayker Filema Duarte.
Grande Loge de cuba
Les francs-maçons cubains n’ont pas non plus apprécié ce choix, car Duarte était perçu comme un ami de Carreño et un simple flic de plus au service des services de sécurité de l’État. Duarte devait organiser des élections générales en mars de cette année, mais les a reportées au 25 mai. Cette date est arrivée, mais Duarte a décidé d’annuler les élections et de rester dans le Grand Est jusqu’à nouvel ordre. Pour rendre la situation encore plus délicate, les actions de Duarte ont été soutenues par le Parti communiste cubain et le MINJUS, malgré le fait qu’il ait enfreint le règlement intérieur de la Grande Loge. C’est alors que les francs-maçons de base ont crié collectivement : « Tenez ma Cuba Libra ! » et le rassemblement a tourné à une vilaine bagarre de hockey.
Dimanche dernier, il a été annoncé que le Grand Maître Duarte avait été démis de ses fonctions après avoir refusé d’organiser les élections de la Grande Loge. Duarte a été limogé après que 121 membres de la Grande Loge et 117 représentants de loges du pays aient tenu une session extraordinaire à La Havane. Selon au moins une source , Duarte avait ordonné la fermeture de tous les locaux de la Grande Loge, ce qui a incité les francs-maçons à se rassembler devant le théâtre, sous l’observation et l’enregistrement des activités par les forces de sécurité gouvernementales.
Les francs-maçons cubains ont organisé une réunion improvisée devant la Grande Loge après la fermeture du bâtiment par le Grand Maître Duarte. Photo : Cubanet
L’actuel Grand Maître adjoint Juan Alberto Kessel Linares a été nommé nouveau Grand Maître en exercice par les frères assemblés jusqu’à ce qu’une réunion convoquée pour des élections générales puisse avoir lieu en septembre. Duarte et ses grands officiers n’ont pas assisté à la séance sur le trottoir. Un franc-maçon interrogé par Cubanet a considéré l’événement comme historique et a déclaré qu’ils avaient pris la décision d’évincer Duarte après avoir épuisé toutes les voies légales.
Nous avons tenté, par tous les moyens légaux, même non conventionnels, d’affirmer notre volonté et de respecter notre législation, mais Filema a refusé. Leur manque de respect est devenu flagrant et, pire encore, le MINJUS, loin de garantir une conduite correcte, l’a au contraire soutenue et a encouragé une confrontation inutile. Nous, les francs-maçons cubains, sommes les propriétaires légitimes de cette institution et nous devons, par-dessus tout, respecter notre serment et la législation en vigueur. Si le gouvernement veut nous dominer, nous ne le permettrons pas.
[Duarte] avait suspendu la session de la Haute Chambre maçonnique (organe législatif de l’institution) au cours de laquelle devaient se tenir les élections aux postes les plus élevés de la Loge les semaines précédentes. Fort de ce précédent, qui, selon un article de Cubanet , a prolongé leur « dictature » et « l’illégalité au sein de l’institution » , les francs-maçons ont décidé de faire justice. Un décret obtenu par ce média a révélé que Filema Duarte affirmait que « les conditions pour la reprise de la session suspendue le 23 mars n’étaient pas garanties ».
Dans ce texte, il justifiait la suspension de la réunion pour éviter de prétendus « scandales transcendant la vie publique » et « portant davantage atteinte à l’image déjà ternie de notre institution ».
Auparavant, il avait mis en garde contre des « menaces personnelles » à son encontre et des annonces de « comportements vandaliques relayées par des médias indépendants ». Il estimait que de tels actes étaient « inappropriés » pour les francs-maçons et visaient à discréditer l’institution.
Filema Duarte a été élu Grand Maître suite à la démission de Mario Urquía Carreño, suite à une affaire de corruption impliquant le détournement de milliers de dollars et de plus de 4 millions de pesos de la Loge.
Cependant, bien que la Haute Chambre ait fixé un mandat de six mois, le Grand Maître a suspendu la session convenue jusqu’à la tenue d’élections générales. Cubanet a révélé que les francs-maçons ont remis des documents et des preuves au ministère de la Justice pour démontrer l’illégalité commise par Filema Duarte en refusant d’organiser des élections. Cependant, Miriam García, directrice des associations du MINJUS, n’a pas répondu à la plainte et a soutenu les actions de Duarte.
Pire encore (si c’est possible), si le grand bâtiment du siège de la Grande Loge à La Havane paraît impressionnant, comme s’il était rempli d’occupants maçonniques, il est en réalité rempli de bureaux gouvernementaux et de fonctionnaires qui y louent des espaces. Les représentants du gouvernement assistent souvent ouvertement aux réunions maçonniques pour observer leurs activités. Il sera curieux de voir si les francs-maçons parviendront à élire et à discipliner leurs propres dirigeants, ou si le gouvernement les forcera à plier et à maintenir Duarte sur le trône de Salomon.
La franc-maçonnerie cubaine entretient avec son Parti communiste une relation particulière, sans équivalent dans le monde communiste. La plupart des régimes communistes ont totalement interdit les organisations maçonniques, depuis la Révolution russe du début du XXe siècle. Mais lorsque le leader révolutionnaire cubain Fidel Castro combattait les forces anticommunistes sur l’île dans les années 1950, il reçut aide et réconfort de plusieurs groupes de francs-maçons. Certains ont affirmé qu’il était autorisé à se cacher dans des salles maçonniques.
Après le renversement du gouvernement Batista et l’arrivée au pouvoir de Castro en 1959, la franc-maçonnerie fut l’une des rares organisations privées autorisées à opérer à huis clos, et Fidel Castro n’oublia jamais l’aide qu’elle lui apporta à ses débuts. C’est en partie pourquoi leur tour de bureaux à La Havane accueillit autant de locataires gouvernementaux au cours des décennies suivantes. Mais cela permet aussi au gouvernement de surveiller étroitement leurs affaires internes.
Selon des chiffres assez récents, le pays compte actuellement 327 loges et un total de 48 000 membres. Parmi celles-ci, il n’en reste qu’environ 20 000 sur l’île, ce qui représente un exode de plus de 50 % des francs-maçons inscrits.
Il faut dire que, bien que la Grande Loge de Cuba soit parfaitement légitime à l’origine et réponde à la plupart des exigences les plus courantes de reconnaissance auprès du monde maçonnique régulier, elle a été expulsée de la Conférence des Grands Maîtres d’Amérique du Nord (COGMNA) en 1962 parce qu’elle était ouvertement utilisée comme un outil du gouvernement cubain.
Plus de 60 ans plus tard, il semble que peu de choses aient changé à cet égard.
William Frederick Cody, plus connu sous le nom de Buffalo Bill, est une figure légendaire de l’Ouest américain. Frontiersman, chasseur de bisons, éclaireur militaire, et surtout créateur du célèbre Buffalo Bill’s Wild West Show, il a incarné l’esprit d’aventure et de liberté qui caractérise le mythe de la conquête de l’Ouest. Mais au-delà de ses exploits publics, Cody a également mené une vie maçonnique riche et engagée, qui reflète les valeurs de fraternité, d’égalité et de droiture qu’il a portées tout au long de sa vie.
Cet article explore en profondeur son parcours maçonnique, en s’appuyant sur des sources historiques et en replaçant son engagement dans le contexte de son époque.
Les débuts d’un futur Frère : une jeunesse marquée par l’adversité
Buffalo Bill
William F. Cody naît le 26 février 1846 à Le Claire, dans le territoire de l’Iowa, à une époque où les États-Unis sont encore en pleine expansion vers l’Ouest. Fils d’Isaac Cody, un fervent abolitionniste, et de Mary Leacock Cody, une femme de caractère, le jeune William grandit dans un environnement marqué par les tensions sociales et politiques. En 1853, la famille déménage à Fort Leavenworth, dans le territoire du Kansas, où les débats sur l’esclavage sont particulièrement vifs. Isaac Cody, connu pour ses prises de position antiesclavagistes, est poignardé lors d’un discours en 1854, un événement qui contribue à son décès prématuré quelques années plus tard, lorsque William n’a que 11 ans.
Cette perte plonge la famille dans des difficultés financières, obligeant le jeune Cody à travailler dès son plus jeune âge. À 11 ans, il devient « boy extra » pour une compagnie de transport de marchandises, parcourant les convois pour transmettre des messages. À 14 ans, il rejoint le Pony Express, un service de courrier à cheval, où il se distingue par un trajet record de 321 miles sans interruption, hormis pour changer de monture et se restaurer. Ces expériences précoces forgent son caractère : courage, résilience et sens de l’honneur, des qualités qui résonneront plus tard avec les idéaux maçonniques.
Entrée en Franc-maçonnerie : une initiation à Platte Valley Lodge
Buffalo Bill (IA)
L’engagement maçonnique de Buffalo Bill débute en 1870, à l’âge de 24 ans, lorsqu’il est initié à la Platte Valley Lodge No. 32, à North Platte, Nebraska. Cette loge, récemment créée sous l’égide de la Grande Loge du Nebraska, est organisée par le capitaine W.B. Brown, un ami proche de Cody et vétéran de la guerre de Sécession. Il est probable que Brown, conscient des valeurs de Cody et de son rôle croissant dans la communauté, l’ait encouragé à rejoindre la fraternité. Selon les archives, Cody pétitionne pour devenir membre presque immédiatement après la fondation de la loge et est officiellement initié le 5 mars 1870, jour de son 24e anniversaire.
Son parcours maçonnique progresse rapidement : il reçoit son deuxième degré (compagnon) le 2 avril 1870, puis est élevé au degré de Maître Maçon le 10 janvier 1871. Cette progression, bien que ralentie par un premier échec à un examen maçonnique (qu’il doit repasser), témoigne de son engagement sérieux envers la Franc-maçonnerie. À cette époque, Cody est déjà une figure locale reconnue, notamment pour son travail comme éclaireur pour l’armée américaine et pour avoir fourni de la viande de bison aux ouvriers du Kansas Pacific Railroad – un contrat qui lui vaut son surnom de « Buffalo Bill » après avoir abattu plus de 4 280 bisons en 18 mois.
Une ascension dans les hauts grades : du Rite Écossais aux Templiers
Buffalo Bill (IA)
L’engagement maçonnique de Cody ne se limite pas aux trois premiers degrés de la Maçonnerie symbolique. Il s’investit également dans les corps annexes de la Franc-maçonnerie, démontrant une volonté d’approfondir sa compréhension des principes maçonniques. En 1889, il devient Chevalier Templier au sein de la Palestine Commandery No. 13 à North Platte, Nebraska, un grade qui met l’accent sur les valeurs chrétiennes et chevaleresques, en résonance avec l’image de Cody comme héros de l’Ouest.
Cinq ans plus tard, le 4 avril 1894, Cody atteint le 32e degré du Rite Écossais Ancien et Accepté, un moment marquant de sa vie maçonnique. Ce jour-là, la Juridiction Nord du Rite Écossais, dans la Vallée de New York, lui confère tous les degrés du 4e au 32e en une seule journée – une distinction rare qui reflète l’admiration des maçons pour sa personne. Il rejoint également d’autres organisations maçonniques parallèles, comme l’Ancient Arabic Order of the Nobles of the Mystic Shrine (Shriners) en 1892, au Tangier Temple à Omaha, Nebraska. Ces affiliations montrent que Cody n’était pas un maçon passif, mais un Frère actif, cherchant à incarner les valeurs de la fraternité dans sa vie quotidienne.
Buffalo Bill et les valeurs maçonniques : un homme d’honneur et d’égalité
Bill Cody et ses quatre sœurs vers 1890
La vie de Buffalo Bill est un exemple frappant de l’application des idéaux maçonniques – l’amour fraternel, le secours et la vérité – dans un contexte souvent tumultueux. En tant que maçon, Cody se distingue par son sens de l’équité et sa capacité à traiter chacun avec respect, indépendamment de son origine ou de son statut social. Ces qualités se manifestent notamment dans sa manière de gérer son Wild West Show, qu’il fonde en 1883 et qui devient un phénomène mondial.
Dans son spectacle, Cody met en scène des cowboys, des Amérindiens comme Sitting Bull, et des tireurs d’élite comme Annie Oakley, offrant une vision idéalisée mais éducative de l’Ouest américain. Contrairement à beaucoup de ses contemporains, il insiste pour que les Amérindiens soient représentés de manière authentique, les invitant à camper avec leurs familles comme ils le feraient dans leurs terres ancestrales. Il s’exprime d’ailleurs avec clairvoyance sur les injustices subies par les peuples autochtones, déclarant en 1898 : « Chaque soulèvement indien que j’ai connu est le résultat de promesses et de traités non tenus par le gouvernement. »
Cody applique également ces principes d’égalité à la question des droits des femmes. Il est un fervent défenseur du suffrage féminin et de l’égalité salariale, une position audacieuse pour l’époque. Il déclare : « Si une femme peut faire le même travail qu’un homme et le faire aussi bien, elle devrait recevoir le même salaire. » Cette conviction se traduit dans la gestion de son spectacle, où il veille à ce que les femmes, comme Annie Oakley, soient payées équitablement. Ces prises de position reflètent l’influence des idéaux maçonniques, qui prônent l’égalité et la justice, bien que la Franc-maçonnerie de l’époque soit encore exclusivement masculine.
Une reconnaissance maçonnique internationale
Médaille d’honneur William F. « Buffalo Bill » Cody.
La renommée de Buffalo Bill, amplifiée par ses tournées en Europe, contribue à faire de lui une figure maçonnique respectée au-delà des frontières américaines. Entre 1887 et 1906, son Wild West Show parcourt l’Europe à huit reprises, se produisant devant des foules immenses, y compris des dignitaires comme la reine Victoria lors de son jubilé d’or en 1887, ou encore le prince de Galles et le pape. En France, en 1905, le spectacle attire trois millions de spectateurs à Paris, où il est installé au pied de la tour Eiffel. Ces tournées font de Cody une célébrité internationale, et son statut de maçon renforce son image d’homme droit et honorable.
Le Far West de Buffalo Bill, 1890, Italie
Un épisode curieux illustre l’intersection entre sa vie maçonnique et sa célébrité mondiale. En Italie, sous le régime de Mussolini, qui avait interdit la Franc-maçonnerie, une rumeur – relayée en 1937 – prétend que Buffalo Bill est originaire de Romagne, une tentative de « l’italianiser » pour justifier sa popularité dans un contexte fasciste. Mussolini ignore alors que Cody est un maçon de longue date, un détail qui aurait probablement contrarié cette appropriation nationaliste.
Une fin marquée par la fraternité : les funérailles maçonniques de 1917
Cody (à droite) debout avec Harry Heye Tammen (à gauche) au dépôt ferroviaire de Kansas City, 1913
Buffalo Bill s’éteint le 10 janvier 1917 à Denver, Colorado, à l’âge de 71 ans, des suites d’une urémie, alors qu’il rend visite à sa sœur. Sa mort suscite une vive émotion, et ses funérailles deviennent un événement d’ampleur nationale, marqué par une forte empreinte maçonnique. Cody avait exprimé le souhait d’être enterré sur Cedar Mountain, près de la ville de Cody, Wyoming, qu’il avait fondée en 1895. Cependant, des circonstances – et une controverse persistante – conduisent à son inhumation sur Lookout Mountain, à Golden, Colorado.
Sa dépouille est d’abord exposée dans un cercueil de bronze au Capitole de Denver, où des milliers de personnes viennent lui rendre hommage. Mais ce sont ses funérailles maçonniques, organisées le 3 juin 1917, qui marquent l’histoire. Selon le Bulletin of the American Research Society of the Ancient and Accepted Scottish Rite (hiver 2010), il s’agit à l’époque du plus grand enterrement maçonnique de l’histoire américaine. Environ 15 000 Frères et sympathisants assistent à la cérémonie sur Lookout Mountain, où le cercueil est descendu dans une tombe taillée dans le granit. Le Worshipful Master G.W. Parfet Jr., de la Golden City Lodge No. 1, désigne huit porteurs, tous vêtus de leurs uniformes de Chevaliers Templiers, pour accompagner le cercueil. Les mots prononcés lors de la cérémonie résonnent avec les valeurs maçonniques : « Son esprit s’élève vers Dieu qui le lui a donné, sa mémoire est chérie dans nos cœurs, son corps est confié à la terre. »
Cette double cérémonie – un enterrement d’État à Denver, suivi d’un enterrement maçonnique à Golden – reflète les tensions de l’époque autour de la Franc-maçonnerie, perçue avec méfiance par certains segments de la société américaine. Mais pour les maçons, elle est une célébration éclatante de l’héritage de Cody, un Frère qui a incarné les principes de l’ordre tout au long de sa vie.
L’héritage maçonnique de Buffalo Bill
Sitting Bull et Buffalo Bill, Montréal, Canada, 1885
Aujourd’hui, l’héritage de Buffalo Bill est préservé à travers des institutions comme le Buffalo Bill Center of the West à Cody, Wyoming, et le Buffalo Bill Museum and Grave à Golden, Colorado. Ces lieux célèbrent non seulement ses exploits comme showman et frontiersman, mais aussi sa vie maçonnique, qui reste un aspect essentiel de son identité. Les valeurs qu’il a portées – l’égalité, la droiture, et le respect de l’autre – continuent de résonner, en particulier dans un monde qui redécouvre l’importance de la justice sociale.
En Franc-maçonnerie, Buffalo Bill reste un exemple de Frère qui a su vivre selon les idéaux de l’ordre, tout en les adaptant aux réalités de son temps. Comme Pierre Dac, un autre maçon célèbre, Cody a su apporter une touche d’humanité et de légèreté à une institution parfois perçue comme austère. Son parcours nous rappelle que la Franc-maçonnerie, au-delà de ses rituels et de ses symboles, est avant tout une quête de lumière – une quête que Buffalo Bill a menée avec panache, sur les scènes du monde entier et dans le cœur de ses Frères. Que son esprit continue d’inspirer les générations futures, en Loge comme à l’extérieur !
L’Académie maçonnique de Lille organise le samedi 14 Juin sa réunion de Printemps, dans les locaux de la Grande Loge à Ronchin. Le thème de réflexion proposé pour cette année 6025 est : Éthique maçonnique et Spiritualité.
Ce thème est décliné conjointement avec l’Académie maçonnique de Lyon au cours des 4 réunions annuelles organisées à Lille et à Lyon. Cette organisation conjointe permet de traiter de nombreux aspects du thème principal par des Sœurs et des Frères de différentes Obédiences, assurant ainsi la diversité et la complémentarité nécessaires pour une vision plus globale.
C’est ainsi que le 12 Juin une Sœur de la GLFF et deux Frères de la GLDF traiteront successivement de la Loi, de la Spiritualité, et de l’Éthique.
Le programme et les modalités d’inscription sont précisées par ailleurs.
Le 31 mai dernier, dans la région boisée et vibrante de la Haute-Gatineau, à Val-des-Monts, un groupe de 21 frères et sœurs issus du Suprême Conseil des 33e degré du Québec – incluant les membres de l’atelier de perfection La Clef d’Hiram, du 4e au 14e degré – s’est réuni pour vivre une expérience peu commune mais ô combien transformatrice : une hutte de sudation traditionnelle, ou sweat lodge, guidée selon les coutumes algonquines.
À l’initiative du Trois Fois Puissant Maître Sylvain Paquette, cette journée n’était pas une simple activité rituelle, mais bien une immersion opérative et symbolique, une exploration spirituelle des profondeurs de l’Être, au croisement des traditions maçonniques et autochtones.
La tradition de la sweat lodge : purification, renaissance et lien sacré
Indien dans une Sweat Lodge
La sweat lodge, ou hutte de sudation, est une cérémonie de purification ancestrale pratiquée par plusieurs nations autochtones d’Amérique du Nord. Elle se déroule dans une structure circulaire faite de branches et recouverte de couvertures ou de peaux, représentant le ventre de la Terre-Mère. À l’intérieur, des pierres chauffées au feu sont déposées au centre de la hutte, puis arrosées d’eau pour créer de la vapeur. Cette chaleur intense favorise la purification du corps, de l’esprit et de l’âme.
Mais au-delà du simple aspect physique, la sweat lodge est avant tout un rituel spirituel. Chaque cycle de vapeur (appelé un « voyage ») correspond à une direction sacrée — Est, Sud, Ouest, Nord — et invite à une introspection profonde. Les participants sont invités à prier, chanter, méditer et parfois partager des intentions ou des guérisons. Le son puissant du tambour quant à lui, provoque un état de transe profonde qui peut provoquer des états altérés de conscience favorisant ainsi les quêtes de visions.
Symboliquement, entrer dans la hutte, c’est retourner au sein de la Terre-Mère pour y mourir symboliquement à son ego, à ses souffrances et à ses illusions. En ressortant, on renaît transformé, reconnecté à soi-même, aux autres, à la nature et aux ancêtres. C’est une expérience de dépouillement et d’élévation qui résonne avec de nombreuses traditions initiatiques, dont la franc-maçonnerie, par son symbolisme de mort et de renaissance, de quête de vérité et de purification intérieure.
Une gardienne de la mémoire ancestrale
La cérémonie fut dirigée par Luce Bélanger, femme métissée d’ascendance algonquine et européenne, née à La Tuque, en Haute-Mauricie. Aînée reconnue, gardienne de traditions et fondatrice du Centre des 4 directions, elle est profondément ancrée dans les savoirs de la terre et les enseignements transmis par de grands guides spirituels tels que le Grand-père William Commanda, Thunderchild Kenny Awasis, ou encore Abuela Margarita Nuñes.
Depuis plus de vingt ans, Luce œuvre à la réconciliation entre les peuples, à la reconnexion de l’humain avec la nature et au partage intertraditionnel. En ce 31 mai, c’est avec douceur, puissance et bienveillance qu’elle a guidé nos pas vers le centre du cercle sacré.
Des enseignements partagés avant la cérémonie
Avant d’entrer dans la hutte, les participants ont reçu des enseignements sur les traditions des Premières Nations, notamment la symbolique des quatre directions, le rôle des ancêtres, la médecine sacrée du feu et la roue de médecine. Puis, à la faveur du cercle de parole, des ponts ont été tissés entre Franc-maçonnerie et spiritualités autochtones.
Des échanges profonds ont émergé : – sur la présence templière en Amérique bien avant Christophe Colomb ; – sur la légende du roi Henry Sinclair venu à la rencontre du peuple Mi’kmaq, une rencontre mystique qui aurait influencé la genèse de la Franc-maçonnerie écossaise ; – sur la Prophétie des Sept Feux, dans laquelle les sang-mêlé du Québec sont vus comme les précurseurs d’un 8e feu, celui de la conscience, de la guérison collective et du renouveau.
Et comme pour en sceller le sens, la lecture d’une prophétie faites par une ainée du New Hampshire, lors d’un rassemblement en 2010, fut partager aux membres présents d’une obédience du Québec : celle du rôle futur des francs-maçons de la Grande Loge ANI du Canada dans l’avènement du Huitième Feu, appelant à la réconciliation des peuples, à l’unification des traditions et à l’éveil d’une nouvelle conscience collective. Un message qui résonne aujourd’hui plus que jamais.
Quatre voyages, quatre directions, une transformation
La hutte s’est ensuite refermée sur nous comme une matrice chaude et obscure. À l’intérieur, quatre portes – quatre étapes – ont rythmé le rituel, chacune associée à une direction, une énergie, une épreuve et une prière. Les pierres chauffées à blanc, les chants sacrés, les offrandes de tabac, de sauge et d’eau ont formé un langage universel : celui du feu, de la terre, de l’eau et de l’air, en nous et autour de nous.
Plusieurs frères et sœurs ont vécu des quêtes de vision, des purifications profondes, des reconnexions intimes à leurs lignées, à leur mission spirituelle, et au sens du chemin maçonnique. La sueur a lavé bien plus que le corps : elle a libéré l’esprit.
Quand traditions se rejoignent
Cette cérémonie a mis en lumière les convergences symboliques entre la Franc-maçonnerie et les spiritualités autochtones :
une connaissance transmise par initiation, degré après degré, cercle après cercle ;
le respect des anciens et des ancêtres, garants d’une mémoire vivante ;
la richesse des symboles sacrés (le cercle, le feu, les directions, les éléments…) ;
la recherche constante d’équilibre, de vérité et de sagesse intérieure.
Tout comme les Premiers Peuples, nous cherchons à devenir des êtres debout, enracinés dans le passé mais tendus vers l’horizon du sens.
Une tradition qui s’installe ?
À l’issue de cette journée enrichissante, une certitude est née dans le cœur de plusieurs : ils reviendront!
L’atelier de perfection La Clef d’Hiram, fidèle à sa mission d’approfondissement opératif et initiatique, prévoit un retour en début d’automne pour poursuivre cette quête.
Sous la direction de son T∴P∴M∴ Sylvain Paquette, l’atelier ne se contente pas de transmettre des enseignements symboliques : il invite à les vivre, à les incarner, à se confronter à soi dans des cadres puissants et authentiques. Car c’est aussi cela, le chemin du perfectionnement : oser traverser le feu pour renaître à la lumière.
Et vous, serez-vous des nôtres pour le prochain voyage ?
Le samedi 28 juin 2025, la Grande Loge Féminine de France (GLFF), à travers sa Commission Conventuelle Éthique et Bioéthique (CCEB), organisera un colloque d’envergure intitulé « La désinformation, ses conséquences sur la démocratie : comment agir ? ». Cet événement, qui se tiendra de 14h00 à 17h30 à la Cité du Couvent, située au 4, Cité du Couvent, 101 rue de Charonne, 75011 Paris, sera également accessible en distanciel. Ouvert à tous – Francs-Maçons, Francs-Maçonnes et profanes – ce colloque ambitionne d’éclairer un sujet brûlant d’actualité : l’impact de la désinformation sur nos démocraties et les moyens d’y remédier.
Un enjeu crucial pour la démocratie
Dans un monde où l’information circule à une vitesse fulgurante, la désinformation s’est imposée comme une menace insidieuse pour la démocratie. Fausses nouvelles, théories du complot, manipulations numériques : ces phénomènes érodent la confiance des citoyens envers les institutions, les médias et la science, tout en polarisant les sociétés. La CCEB de la GLFF, fidèle à sa mission de réflexion éthique et sociétale, a choisi de réunir des experts reconnus pour analyser ces enjeux et proposer des pistes d’action concrètes. Comme le souligne la commission dans son communiqué : « Parce que la désinformation façonne notre rapport à la vérité et à la démocratie, notre commission a réuni des experts pour enrichir notre réflexion et engager l’action. »
Un programme riche et diversifié
Le colloque débutera à 13h00 avec l’enregistrement des participants, suivi d’une introduction à 14h00 par Annie Wallet, présidente de la CCEB, qui s’exprimera au nom de toutes les Sœurs de la commission. Cette ouverture posera les bases d’une après-midi de réflexion collective, fidèle aux valeurs maçonniques de recherche de la lumière et de dialogue.
À 14h15, Divina Frau-Meigs, sociologue des médias et professeure en sciences de l’information et de la communication à l’Université Sorbonne Nouvelle, ouvrira les interventions avec une conférence intitulée
« Savoir civiliser le numérique pour apprendre autrement et savoir devenir ».
Elle explorera comment le numérique peut être un outil d’apprentissage et d’émancipation, à condition de le « civiliser » face aux dérives de la désinformation. Une session de questions-réponses permettra au public d’approfondir ces réflexions.
À 14h50, Brigitte Sebbah, spécialiste du journalisme numérique et des mouvements sociaux, professeure à l’Université de Toulouse, prendra la parole sur le thème « Gilets Jaunes, Covid, réseaux sociaux : enquêter dans l’arène numérique ». Elle analysera comment des événements comme la crise des Gilets Jaunes ou la pandémie de Covid-19 ont été amplifiés par les réseaux sociaux, souvent au détriment de la vérité. Une nouvelle session de questions-réponses suivra.
Après une pause à 15h35, Jean-Louis Touraine, professeur de médecine, président de l’association France Transplant et ancien député engagé sur les questions de santé publique, abordera un sujet crucial :
« Santé, les risques sanitaires de la désinformation : comment rétablir la confiance ? ».
Il explorera les conséquences dramatiques de la désinformation en matière de santé publique – comme les fake news sur les vaccins – et proposera des solutions pour restaurer la confiance dans la science. Une session d’échanges avec le public suivra.
Enfin, à 16h10, Christine Dugoin-Clément, experte en influence, désinformation et stratégie numérique, chercheuse à la Fondation pour la Recherche Stratégique et à l’Observatoire de l’IA, interviendra sur « Ingérence étrangère et désinformation ». Elle décryptera comment des puissances étrangères exploitent la désinformation pour déstabiliser les démocraties, un sujet particulièrement sensible à l’ère des cyberattaques et des manipulations électorales. Cette intervention sera suivie d’une dernière session de questions-réponses, puis d’un débat général, permettant un échange libre entre les intervenants et le public.
Liliane-Mirville – Grande Maîtresse de la GLFF (Crédit photo : Journal Le Télégrame)
Le colloque se clôturera à 17h15 avec les conclusions d’Ulane Mirvile, Grande Maîtresse de la GLFF, qui tirera les enseignements de cette après-midi de réflexion. Un pot de l’amitié, prévu à 17h30, offrira un moment de convivialité fraternelle, un rituel cher à la Franc-maçonnerie.
Une initiative ouverte et accessible
Logo GLFF
Ce colloque, organisé par la GLFF, s’inscrit dans une démarche d’ouverture et de partage, des valeurs fondamentales de la Franc-maçonnerie. En effet, il est ouvert à tous les publics, qu’ils soient initiés ou profanes, reflétant l’engagement de la GLFF à contribuer au débat public sur des questions sociétales majeures. L’événement se tiendra à la Cité du Couvent, dans le 11e arrondissement de Paris, mais sera également accessible en distanciel pour permettre une participation plus large. Notons toutefois que le nombre de places en présentiel est limité, rendant l’inscription obligatoire avant le 22 juin 2025 via le site https://my.weezevent.com/cceb2025. Lors de l’inscription, les participants devront préciser s’ils assisteront en présentiel ou à distance, ainsi que leur participation au pot de l’amitié. Pour toute question, une adresse est mise à disposition : ccebColl2025@gmail.com.
La GLFF et la CCEB : un engagement éthique et sociétal
La Grande Loge Féminine de France, fondée en 1945, est la première obédience maçonnique féminine au monde. Elle regroupe des Sœurs engagées dans une démarche humaniste et progressiste, cherchant à promouvoir l’égalité, la liberté et la fraternité. La CCEB, commission interne de la GLFF, joue un rôle clé dans cette mission en abordant des questions éthiques et bioéthiques qui touchent à la société contemporaine. Ce colloque s’inscrit dans cette lignée, en mettant l’accent sur un fléau moderne – la désinformation – qui menace les fondements mêmes de la démocratie.
En s’appuyant sur des experts de haut niveau, la CCEB démontre sa volonté de ne pas se contenter d’une réflexion interne, mais d’agir concrètement pour éclairer les esprits et encourager des solutions collectives.
Pourquoi participer à ce colloque ?
À l’heure où la désinformation gangrène le débat public, ce colloque offre une occasion unique de comprendre ses mécanismes et ses impacts, tout en explorant des pistes pour y faire face. Les interventions, couvrant des domaines aussi variés que le numérique, la santé, les mouvements sociaux et la géopolitique, permettront d’avoir une vision globale de ce phénomène. Les sessions de questions-réponses et le débat général garantiront un échange interactif, fidèle à l’esprit maçonnique de dialogue et de partage.
Que vous soyez maçon, profane, ou simplement un citoyen préoccupé par l’avenir de la démocratie, ce colloque est une invitation à réfléchir ensemble et à agir. Inscrivez-vous dès maintenant, avant le 22 juin 2025, et rejoignez cette démarche éclairée, portée par la GLFF et sa CCEB. Comme le disait un ancien Vénérable Maître :
« La lumière se trouve dans la quête, et la quête se fait ensemble. »
Que cette après-midi du 28 juin 2025 soit un pas de plus vers cette lumière collective !
Une alchimie de lumière et de symboles au cœur du Grand Temple : retour sur la 5e Journée des Auteurs du Suprême Conseil pour la France (SCPLF). Le samedi 31 mai 2025, le Grand Temple du Suprême Conseil pour la France à Neuilly-sur-Seine s’est métamorphosé en un vaste laboratoire spirituel, pour accueillir la 5e édition de la Journée des Auteurs, organisée par la Bibliothèque Chevalier Ramsay sous l’égide du Suprême Conseil.
Placée cette année sous le signe de l’alchimie, cette journée de haute tenue a réuni Frères, Sœurs, passionnés de tradition hermétique et amateurs éclairés de symboles révélés dans une atmosphère dense de sens et de fraternité.
L’accueil profondément fraternel de notre Frère Gérard Abidh, Grand Chancelier et initiateur de cette Journée des Auteurs, a insufflé dès les premiers instants un climat de confiance, de sérénité et d’élévation. Avec une disponibilité rare et un sourire toujours présent, il a ouvert la voie à une rencontre placée sous le sceau de l’écoute et du partage. Sous la présidence attentive et bienveillante du Souverain Grand Commandeur Jack Chopin-Ferier, la journée s’est ouverte avec les mots inspirés de Georges Bernat, autour d’une interrogation essentielle : que nous dit l’alchimie de notre propre cheminement initiatique ?
Trois conférenciers d’exception, aux voix aussi singulières que complémentaires, ont guidé cette exploration du Grand Œuvre.
Françoise Sabadell, médecin et actuelle Grande Secrétaire Générale Adjointe du Suprême Conseil Féminin de France, a offert au public un éclairage aussi savant qu’inspirant sur le Splendor Solis, recueil alchimique magistral du XVIe siècle, attribué à Salomon Trismosin. Véritable cathédrale de symboles, ce manuscrit illustre à travers ses 22 planches enluminées le Grand Œuvre alchimique, où matière et esprit s’unissent dans un lent processus de purification et d’élévation.
Avec clarté et délicatesse, Françoise Sabadell a guidé l’auditoire à travers les étapes de cette transmutation intérieure : l’Œuvre au noir, au blanc, puis au rouge, révélant la puissance opérative des images dans l’initiation. Le matras devient alors un Temple, le feu un souffle, la pierre le cœur vivant du cherchant. À travers son regard éclairé, c’est tout un langage oublié qui s’est réveillé, unissant depuis la Renaissance science, foi et sagesse dans la voie de la Connaissance véritable.
Jean-Paul Holstein, compositeur, musicologue et Frère du Suprême Conseil, a plongé les auditeurs dans les Noces chimiques de Christian Rosenkreutz, ce chef-d’œuvre rosicrucien publié en 1616 sous la plume de Johann Valentin Andreae. Véritable récit initiatique en sept journées, ce texte emblématique conjugue mystique chrétienne, symbolisme alchimique et poésie de la transformation intérieure. Il trace un itinéraire de révélation où l’initié, confronté à la mort, à la solitude et à l’épreuve, s’élève peu à peu vers la lumière de l’union divine.
Jean-Paul Holstein est également l’auteur de Le Grand Œuvre dans les Noces Chymiques de Christian Rosecroix ou le grand voyage initiatique (Agapae, coll. Ex Tenebris LVX, 2024), une œuvre de référence qui explore avec profondeur les strates symboliques, mystiques et psychologiques du texte fondateur. Dans cet ouvrage, il dévoile le double fond du récit : narration initiatique et méditation alchimique, en s’appuyant notamment sur les travaux de Jung pour lire ce voyage comme une métaphore de l’individuation.
Avec une sensibilité profonde et un rare sens du rythme symbolique, Jean-Paul Holstein a mis en lumière les strates cachées de cette allégorie : les trois couples fondamentaux – mort/renaissance, corps/prison, ascension/verticalisation – y deviennent des clés pour penser notre monde intérieur et sa métamorphose. Le rêve comme sas de passage, la tour comme axe du monde, le noir, l’or, la Vierge bleue : autant d’images que son interprétation, à la fois musicale, littéraire, ésotérique et initiatique, a su faire vibrer. Son propos, d’une justesse subtile, a résonné comme un chant de l’âme en marche vers l’Unité.
Dominique Jardin, agrégé d’histoire, docteur en histoire moderne (Université de Nice) et en sciences religieuses (École Pratique des Hautes Études), est un éminent historien du symbolisme et un spécialiste internationalement reconnu de l’iconographie maçonnique et des traditions ésotériques. Auteur prolifique, il a transporté l’auditoire dans les profondeurs mystiques des manuscrits alchimiques et des tableaux de Loge. Sa recherche, rigoureuse et sensible, explore les structures invisibles d’un savoir initiatique à travers images et signes, mêlant érudition historique et intuition symbolique. Conférencier apprécié, il intervient toujours en éclairant les liens entre histoire, symbolique et spiritualité vivante. À travers une iconographie foisonnante – soleils flamboyants, lunes argentées, croix énigmatiques, vases sacrés et triangles initiatiques –, il a révélé les filiations ésotériques unissant l’alchimie chrétienne aux rituels maçonniques du XVIIIe siècle. Du cabinet de réflexion aux rites de purification par l’eau et le feu, il a démontré avec éclat comment le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) s’imprègne de ces héritages hermétiques, dévoilant des correspondances insoupçonnées. Sa méthode, à la fois exigeante et jubilatoire, a offert à chacun un fil d’Ariane pour tisser sa tapisserie initiatique, transformant l’écoute en une quête intérieure profonde.
L’agape fraternelle qui a suivi les conférences, ponctuée de dédicaces et de discussions inspirées, a consacré la richesse de cette journée. Les regards, les silences, les sourires : tout disait que l’Œuvre au rouge avait laissé une empreinte dans le cœur des Frères et Sœurs présents.
L’après-midi fut ensuite consacrée à une présentation magistrale de manuscrits alchimiques, datés du milieu du XVIIIe au début du XXe siècle, extraits des trésors de la Bibliothèque Chevalier Ramsay. Le Frère Arnaud de Rincquesen, infatigable conservateur, a su transmettre sa passion avec rigueur et modestie. Ces pages métaphoriques, aux encres d’or et au souffle du temps, ont parlé à l’âme des visiteurs.
Car plus qu’un colloque, cette 5e Journée des Auteurs fut une véritable expérience initiatique : chacun en est sorti transformé, porteur d’un feu nouveau. Malgré un long week-end de l’Ascension, le Grand Temple a fait quasiment salle comble, signe éclatant de l’intérêt soutenu pour ces rencontres désormais bien ancrées dans le paysage maçonnique francilien.
Un grand merci au Suprême Conseil pour la France, à la Bibliothèque Chevalier Ramsay, aux auteurs, aux organisateurs et à tous les Frères qui, dans le silence des pierres et la clarté des symboles, poursuivent inlassablement la quête de la Lumière.