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Les Volontés

Les Intelligences à l’Œuvre dans la vie initiatique

L’horizon des Volontés

La Franc-Maçonnerie nous enseigne que l’homme n’est pas seulement un être de chair et de raison, mais un temple vivant en perpétuelle construction. Pourtant, dans ce chantier intérieur, il n’œuvre pas seul : d’innombrables forces invisibles, des volontés multiples, agissent et influencent ses pas.

Dans le silence du Cabinet de Réflexion comme dans la lumière des colonnes, si l’initié interroge la source de ses désirs, de ses pensées et de ses élans, il découvre qu’il est traversé par un réseau d’intelligences : volontés inconscientes, volontés de l’environnement, volontés des cycles naturels et célestes. Enfin, il y a celle qui les transcende toutes : la Volonté Divine, principe du Grand Architecte de l’Univers.

L’Œuvre maçonnique consiste à discerner ces volontés, à les reconnaître, puis à les ordonner dans une harmonie qui permette à la plus haute de rayonner.

Les Volontés de l’inconscient

Chaque Franc-Maçon descend un jour dans sa propre crypte intérieure. L’inconscient est cette caverne obscure où se cachent blessures anciennes, mémoires familiales, peurs non résolues. Ce sont des forces invisibles qui parfois gouvernent nos réactions, comme des chaînes silencieuses.

Mais le travail initiatique n’invite pas à les fuir : il invite à les mettre en lumière. À l’image du profane enfermé dans le Cabinet de Réflexion, seul face à lui-même, l’inconscient est le lieu de l’Œuvre au Noir, où l’initié confronte ses ombres pour les transformer en germes de lumière.

Ainsi, reconnaître et transmuter ces volontés intérieures est une étape nécessaire de la construction du Temple.

Les Volontés de l’environnement

Le Maçon n’est pas isolé : il vit dans une famille, une société, une langue, une culture, une époque. Ces cadres transmettent des croyances, des habitudes, des lois invisibles. Ils agissent sur nous comme des égrégores collectifs.

De même, la mémoire des lieux imprègne la vie : les Temples où nous travaillons portent les vibrations des générations qui y ont œuvré. Chaque pierre, chaque symbole, chaque rituel nourrit la volonté commune d’élévation.

Ces volontés de l’environnement sont à la fois des soutiens et des entraves. Le chemin de l’initié consiste à les reconnaître, à les respecter, mais sans s’y enfermer, afin de garder la liberté intérieure nécessaire à son édification.

Les Volontés des cycles

La Franc-Maçonnerie elle-même est rythmée par les cycles : l’alternance du Soleil et de la Lune, les équinoxes et les solstices, les rythmes saisonniers que les tenues solsticiales célèbrent.

Les cycles cosmiques influencent notre vitalité et nos états intérieurs. Le jour succède à la nuit, l’hiver annonce le printemps, les astres tracent leur chemin dans le ciel. Ignorer ces cycles, c’est travailler sans tenir compte des plans du Grand Architecte ; s’y accorder, c’est retrouver la juste cadence du maillet et du ciseau.

Les cycles sont des volontés de la Nature : ils nous enseignent la patience, la régularité, la constance de l’Œuvre.

Les Volontés célestes

L’initié apprend à lever les yeux vers la voute étoilée. Les planètes, les constellations, les grands mouvements cosmiques sont autant de volontés célestes qui impriment leur influence sur la destinée humaine.

Chaque planète porte une qualité initiatique : Saturne structure et limite, Jupiter élargit et féconde, Vénus unit, Mars sépare, Mercure relie. Ces influences sont des langages symboliques que le Maçon apprend à déchiffrer, afin de reconnaître l’architecture invisible dans laquelle il s’inscrit.

Plus haut encore, le mouvement du système solaire dans la galaxie rappelle que l’homme et l’humanité évoluent dans un grand voyage cosmique. L’initiation n’est pas un événement ponctuel : elle est une inscription dans ce rythme universel.

La Suprême Volonté : le Divin

Toutes ces volontés (intérieures, sociales, telluriques, cycliques, célestes) ne sont que des fragments. Mais au-delà, il existe la Volonté suprême, celle du Grand Architecte de l’Univers.

Elle est semblable au vide cosmique : omniprésente et infinie, alors que la matière n’est qu’une rareté. La Volonté Divine est l’océan, et toutes les autres volontés ne sont que des vagues. Elle n’ordonne pas comme un tyran, elle inspire comme une lumière. Elle n’impose pas, elle enveloppe. Elle est Amour.

C’est vers elle que tend le Maçon, lorsqu’il cherche à passer du tumulte des influences à l’unité silencieuse du Centre.

La Transmutation des Volontés

La résistance et l’abandon

Pourquoi résistons-nous ? Parce que, incarnés dans la matière, nous nous identifions à elle. Nous confondons nos émotions, nos besoins, nos peurs avec la réalité ultime. Alors nous nous laissons gouverner par les volontés secondaires.

L’Œuvre maçonnique consiste à apprendre l’art de l’abandon : ne pas fuir la matière, mais l’harmoniser ; ne pas détruire les influences, mais les traverser ; ne pas rejeter les cycles, mais les accueillir.

L’Œuvre d’harmonisation

L’initié avance par étapes :

  • Prendre conscience des volontés qui l’habitent.
  • S’accorder aux cycles de la nature et du cosmos.
  • Éclairer l’inconscient et offrir ses ombres à la transmutation.
  • Reconnaître les influences sociales et célestes sans s’y enfermer.
  • Lâcher-prise, afin de laisser rayonner la lumière du G.A.D.L.U.

C’est une alchimie intérieure : séparer, purifier, réunir.

L’Amour comme réalisation

Lorsque la Volonté Divine s’exprime, elle se manifeste comme Amour universel. Ce n’est plus l’amour passionnel et conditionné, mais la force qui relie toutes choses, la clé de voûte de l’édifice.

Alors les autres volontés ne sont plus des contraintes mais des alliées. L’inconscient devient sagesse, l’environnement une matrice, les cycles une respiration, les planètes des guides. L’homme, ainsi accordé, devient véritablement le Temple vivant où s’exprime l’Amour divin.

Réuni dans ce qui était épars…

Le temps des fractures

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Les valeurs — liberté, égalité, fraternité — trouvent un écho direct dans la dénonciation des inégalités Nord-Sud et dans la proposition d’un ordre mondial plus juste. La thèse de Martin offre matière à réflexions sur la responsabilité de la France en tant que puissance contributrice d’un monde plus équilibré.

La conclusion sur l’indépendance de la France interroge la notion d’émancipation — un thème cher à la pensée humaniste, qui valorise l’autonomie, la souveraineté morale et politique face aux influences néocoloniales ou globalisées.

La critique du wokisme, du progressisme occidental subtil ou imposé, invite les Francs-maçons à une analyse libre et profonde des courants idéologiques, au-delà des modes, dans le respect des libertés individuelles mais aussi du sens traditionnel. La fracture culturelle entre Nord et Sud souligne l’importance du dialogue interculturel, spirituel et philosophique — pierre angulaire- du travail maçonnique, qui vise à réconcilier des points de vue divergents dans la construction commune d’un bien commun.

L’approche géopolitique de François Martin place les valeurs humanistes dans un contexte réel : conflits, économies, institutions. Cela inspire les spiritualistes à concrétiser leurs principes dans une action informée par les réalités internationales.

Le Sphinx : une énigme initiatique au cœur de la mythologie et de la Franc-maçonnerie

Dans les annales de la mythologie grecque, le Sphinx demeure une figure énigmatique, à la fois monstre terrifiant et symbole de sagesse insondable. Doté d’un buste de femme, d’un corps de lion, d’ailes de vautour et d’une queue de dragon, ce gardien mythique trônait sur un rocher, interrogeant les voyageurs avec une seule question fatidique : « Quel est l’animal qui a quatre pattes le matin, deux à midi et trois le soir ? » Incapables de répondre, ses victimes étaient dévorées sans pitié. Pourtant, la légende raconte qu’Œdipe, par sa perspicacité, brisa cette malédiction en dévoilant la réponse – l’homme – forçant le Sphinx à se précipiter dans le vide, disparaissant à jamais.

Au-delà de ce récit captivant, le Sphinx transcende son rôle mythologique pour devenir une métaphore puissante dans la franc-maçonnerie, où il incarne les défis initiatiques, la quête de connaissance et la transformation intérieure. Ce texte explore en profondeur cette connexion, tissant un lien entre l’énigme antique et les symboles vivants de l’Art Royal.

Le sphinx dans la mythologie grecque : gardien et défi

Le Sphinx, selon La Théogonie d’Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.), est une créature hybride née de l’union de Typhon et Échidna, des monstres primordiaux. Installé près de Thèbes, il incarne une épreuve imposée par les dieux, probablement Héra ou Arès, pour punir la cité. Sa question, une énigme allégorique, reflète les cycles de la vie humaine : quatre pattes (l’enfance, rampant à quatre membres), deux pattes (l’âge adulte, marchant debout) et trois pattes (la vieillesse, s’appuyant sur une canne). Cette énigme, tirée des Tragédies de Sophocle (Œdipe Roi, Ve siècle av. J.-C.), n’est pas qu’un jeu intellectuel ; elle symbolise la nécessité de dépasser les apparences pour accéder à une vérité profonde.

Œdipe, figure tragique, résout l’énigme grâce à son intelligence et son intuition, deux qualités prisées dans les traditions initiatiques. Sa victoire sur le Sphinx marque non seulement la fin de la terreur, mais aussi le début de son propre destin, où la connaissance devient à la fois salut et fardeau. Cette dualité – triomphe et malédiction – résonne avec les parcours initiatiques, où la lumière révèle autant qu’elle aveugle.

Le sphinx en Franc-maçonnerie : symbole d’initiation et de sagesse

En Franc-maçonnerie, le Sphinx n’est pas explicitement mentionné dans les rituels officiels, mais son symbolisme imprègne les enseignements spéculatifs, hérités des traditions opératives et des mystères antiques. Il représente le gardien des secrets, un seuil à franchir pour accéder à la connaissance supérieure, un thème central dans les degrés d’apprenti, de compagnon et de maître.

1. Le Gardien des Portes Initiatiques

Dans les loges, l’initiation débute souvent par une épreuve symbolique – les yeux bandés, le candidat est plongé dans l’obscurité, face à des questions ou des défis. Ce rituel évoque le Sphinx, qui teste la capacité des voyageurs à dépasser leurs limites. Comme Œdipe, l’initié doit répondre par l’intelligence et l’introspection, non par la force brute. Le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), dans ses hauts grades, utilise des allégories similaires, où des gardiens mythiques (comme les chérubins du Temple de Salomon) protègent les arcanes, exigeant une élévation spirituelle.

2. L’Énigme comme Miroir de l’Âme

L’énigme du Sphinx – les étapes de la vie humaine – reflète le voyage maçonnique. L’apprenti, « à quatre pattes » dans l’ignorance, apprend à se tenir debout (compagnon) avant de s’appuyer sur la sagesse (maître). Jules Boucher (Symbolisme maçonnique, 1948) voit dans cette progression une métaphore de la pierre brute taillée, où chaque étape révèle une facette de l’âme. Le Sphinx, avec son corps de lion (force), son buste de femme (intuition) et ses ailes (élévation), incarne cette synthèse des vertus que l’initié doit harmoniser.

3. La Mort et la Résurrection

La résurrection du fils de la veuve de Naïm (Crédit : Jean-Baptiste Wicar)

La chute du Sphinx après la réponse d’Œdipe symbolise une mort initiatique, suivie d’une renaissance – un thème clé en maçonnerie. Lors de l’initiation au troisième degré (maître), le candidat « meurt » symboliquement avant de renaître à une nouvelle conscience. Cette résurrection, évoquée dans les légendes d’Hiram (le maître assassiné et relevé), trouve un écho dans la victoire d’Œdipe, où la connaissance triomphe de l’ignorance. Le Sphinx devient ainsi un miroir de cette transformation intérieure.

4. Hybride et Universalité

La nature hybride du Sphinx – mélange de règne animal et humain – rappelle les symboles maçonniques comme la colonne ou l’acacia, qui unissent terre et ciel. Cette universalité, étudiée par Jean-Pierre Bayard (Symbolisme maçonnique des hauts grades, 1982), reflète l’idée que la vérité transcende les cultures, un principe fondamental des loges spéculatives ouvertes à toutes les traditions.

Le Sphinx comme métaphore des défis contemporains

Dans un monde moderne saturé d’informations, le Sphinx incarne les défis intellectuels et spirituels auxquels la franc-maçonnerie doit répondre, comme les dogmes internes. Résoudre cette nouvelle énigme exige un retour aux sources : interroger les « oracles » maçonniques, tester leurs compétences, et favoriser la diversité des points de vue, comme suggéré dans les réflexions précédentes.

Le Sphinx invite aussi à une introspection collective. Dans les loges, les planches philosophiques pourraient explorer des questions modernes – écologie, IA, inclusion – pour tailler une pierre nouvelle, au-delà des traditions figées. Cette quête, héritée d’Œdipe, demande courage et discernement, des vertus que la franc-maçonnerie cultive depuis ses origines.

Le rôle du Sphinx dans la quête maçonnique

Le Sphinx n’est pas seulement un défi, mais un guide. Ses ailes de vautour, associées à la purification, et sa queue de dragon, symbole de puissance, rappellent que la sagesse naît de la confrontation avec ses ombres. En maçonnerie, cette dualité se retrouve dans l’équilibre entre tradition et innovation. Les colonnes Jakin et Boaz, gardiens du Temple, évoquent le Sphinx comme sentinelles de la connaissance, protégeant les arcanes tout en invitant à les découvrir.

De plus, le Sphinx inspire une fraternité active. Comme Œdipe, qui libère Thèbes par sa réponse, les maçons sont appelés à éclairer leur communauté, non par la domination, mais par l’exemplarité. Cette mission, ancrée dans les Constitutions d’Anderson (1723), exige de dépasser les conflits internes pour un idéal universel.

Un symbole vivant pour l’avenir

Œdipe et le Sphinx de Gustave Moreau, 1864, Metropolitan Museum of Art.

Le Sphinx, énigme insoluble en apparence, devient en franc-maçonnerie une allégorie puissante de la quête initiatique. Il défie les maçons à surmonter les illusions, à embrasser la transformation et à transmettre une lumière durable. Comme Œdipe, qui a triomphé par l’intelligence, les initiés d’aujourd’hui peuvent relever les défis contemporains, taillant leur pierre brute avec sagesse et audace. Le Sphinx ne disparaît pas ; il renaît dans chaque loge, chaque réflexion, chaque acte de fraternité, guidant l’Art Royal vers un avenir éclairé.

Sources documentées :

  • Hésiode, La Théogonie, VIIIe siècle av. J.-C.
  • Sophocle, Œdipe Roi, Ve siècle av. J.-C.
  • Boucher, Jules, Symbolisme maçonnique, 1948.
  • Bayard, Jean-Pierre, Symbolisme maçonnique des hauts grades, 1982.
  • Anderson, James, Constitutions of the Free-Masons, 1723.
  • Études mythologiques : Graves, Robert, The Greek Myths, 1955.

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Qui étaient les Alchimistes et quel héritage nous ont-ils laissé ?

Inspiré par un article de notre confrère nationalgeographic.fr – Par Romane Rubion

Jusqu’au XVIIIe siècle, l’alchimie et la chimie ne faisaient qu’un, une discipline audacieuse mêlant science et spiritualité. Puis, avec l’essor des Lumières, elle fut reléguée au rang d’ésotérisme et d’occultisme, éclipsée par la raison triomphante. Pourtant, pendant plus de quinze siècles, les alchimistes ont poursuivi deux quêtes légendaires : transformer les métaux vils en or et concocter un élixir de longue vie guérissant tous les maux. De l’Alexandrie antique aux laboratoires européens, en passant par le monde arabo-musulman, leur héritage a façonné la science moderne tout en laissant une empreinte mystique indélébile.

Plongeons dans cette saga captivante, enrichie par les travaux de Didier Kahn, éminent spécialiste du CNRS, pour découvrir qui étaient ces pionniers et ce qu’ils nous ont légué – avec un éclairage particulier sur leurs liens profonds avec la franc-maçonnerie.

Les origines : de l’alexandrie antique à l’Europe médiévale

L’alchimie naît aux premiers siècles de notre ère à Alexandrie, creuset intellectuel du bassin méditerranéen. Les manuscrits grecs, comme ceux de Zosime de Panopolis, père de l’alchimie, décrivent une « chimie des métaux » centrée sur le mercure comme élément primordial, selon Bernard Joly (Quand l’alchimie était une science, 2013). Cette tradition prend son envol au VIIIe siècle avec les savants arabo-musulmans. Jabir ibn Hayyan (Geber) et Al-Razi perfectionnent des techniques révolutionnaires – distillation, sublimation – dont les écrits, traduits en latin au XIIe siècle, irriguent l’Europe. Le Moyen Âge voit alors l’alchimie s’épanouir, mêlant expérimentation et mysticisme, portée par des figures comme Albert le Grand, Roger Bacon ou la légende envoûtante de Nicolas Flamel.

Une évolution à la renaissance : de Paracelse à Newton

À la Renaissance, l’iatrochimie émerge, fusionnant médecine et alchimie, grâce à Paracelse, qui intègre le sel aux principes de soufre et de mercure pour expliquer la nature entière – une vision trinitaire inspirée de la création divine. Même Isaac Newton, au XVIIe siècle, s’y intéresse, scribouillant des notes alchimiques entre deux lois de la gravitation. Mais la méthode expérimentale gagne du terrain, portée par Lavoisier et Priestley, reléguant l’alchimie au second plan et donnant naissance à la chimie moderne. Didier Kahn (Le Fixe et le volatil, 2007) rappelle que ces pratiques remontent à 3000 ans avant les premiers traités, bien avant que l’alchimie ne s’impose en Occident via les traductions arabes au XIIe siècle.

L’Alchimie comme science et spiritualité

Eliphas Lévi

Didier Kahn souligne que l’alchimie visait la transmutation des métaux en or et un élixir universel, via la pierre philosophale. Ces quêtes, bien que matérielles, étaient profondément spirituelles : transformer la matière reflétait une purification de l’âme. Les alchimistes, hommes de laboratoire, interprétaient des textes symboliques, laissant un legs de techniques (acides nitrique et sulfurique) et d’idées. Pourtant, au XVIIIe siècle, cartésianisme, charlatans et l’essor de la chimie autonome ont discrédité l’alchimie, la reléguant à l’occultisme – un glissement amplifié par les loges maçonniques et des figures comme Eliphas Lévi au XIXe siècle.

Le lien avec la Franc-maçonnerie : une quête partagée

L’alchimie et la franc-maçonnerie partagent des racines profondes, toutes deux puisant dans les mystères antiques et la quête de transformation intérieure. Dès le XVIIIe siècle, avec la création des premières loges spéculatives, l’alchimie s’intègre aux rituels et symboles maçonniques, devenant un outil d’initiation.

1. Symbolisme commun : de la pierre philosophale aux colonnes

Les alchimistes cherchaient la pierre philosophale, une substance capable de transmuter les métaux et d’élever l’esprit. En franc-maçonnerie, cette idée se reflète dans la « pierre brute » taillée par l’initié pour atteindre la perfection, un processus spirituel parallèle à la transmutation alchimique. Les colonnes Jakin et Boaz, gardiens du Temple de Salomon, évoquent les principes alchimiques de stabilité (sel) et de volatilité (mercure), tandis que le compas et l’équerre symbolisent l’harmonie des éléments, un écho aux travaux de Paracelse.

2. Héritage Initiatique : Des Mystères aux Loges

L’alchimie, transmise par des initiés comme Nicolas Flamel (même si sa pratique est mythifiée), trouve un prolongement dans les loges. Les rituels maçonniques, notamment dans le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), intègrent des allégories alchimiques : la mort et la résurrection du maître Hiram rappellent la régénération alchimique. Des figures comme Albert le Grand, attribué à tort des traités alchimiques, ont influencé les premiers maçons, qui voyaient dans l’alchimie une science sacrée reliant terre et ciel.

3. Une influence spirituelle continue

Au XVIIIe siècle, les loges maçonniques, notamment celles influencées par le martinisme ou l’illuminisme, ont embrassé l’alchimie comme une quête spirituelle. Les alchimistes, avec leur langage symbolique, inspiraient des planches philosophiques explorant la trinité soufre-mercure-sel. Aujourd’hui, certaines loges continuent d’étudier ces textes, voyant dans l’alchimie un miroir de leur propre transformation intérieure, un héritage vivant au-delà du discrédit scientifique.

L’héritage moderne : une réhabilitation

Si l’alchimie a basculé dans l’occultisme au XVIIIe siècle sous l’influence des Lumières et du romantisme (Goethe, Dumas), elle renaît aujourd’hui comme objet d’histoire et de culture. Didier Kahn note que des centaines de chercheurs explorent cet héritage, révélant son rôle dans l’évolution des sciences. En franc-maçonnerie, cette réhabilitation inspire une réflexion sur l’équilibre entre tradition et innovation, un défi contemporain pour l’Art Royal.

Un legs vivant

Les alchimistes, loin d’être de simples charlatans, étaient des pionniers qui ont jeté les bases de la chimie tout en poursuivant une quête spirituelle. Leur héritage, enrichi par leur lien avec la Franc-maçonnerie, nous invite à transcender la matière pour atteindre une sagesse universelle. De Zosime à Newton, de Flamel aux loges modernes, l’alchimie reste un pont entre science et mystère – un trésor à redécouvrir.

Sources documentées :

  • Joly, Bernard, Quand l’alchimie était une science, 2013.
  • Kahn, Didier, Le Fixe et le volatil, 2007.
  • Hésiode, La Théogonie, VIIIe siècle av. J.-C.
  • Jung, C.G., Psychologie et alchimie, 1944.
  • Boucher, Jules, Symbolisme maçonnique, 1948.

Pourquoi la Loi de 1905 ne s’applique pas dans certains territoires d’Outre-Mer

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De notre confrère la1ere.franceinfo.fr – Par Quentin Menu

Séparation de l’Église et de l’État

La France, terre de laïcité depuis la loi de 1905, affiche fièrement sa séparation stricte entre Église et État. Pourtant, dans plusieurs territoires d’Outre-mer, cette règle sacrée ne s’applique pas, défiant les principes républicains. En Guyane, une ordonnance royale vieille de 197 ans, signée par Charles X en 1828, lie encore aujourd’hui les pouvoirs publics au financement de l’Église catholique. De l’Alsace-Moselle à Mayotte, en passant par Saint-Pierre-et-Miquelon et les territoires du Pacifique, des exceptions troublantes perdurent.

Pourquoi ces territoires échappent-ils à la laïcité universelle ? Une circulaire du ministère de l’Intérieur de 2011 et les célèbres « décrets Mandel » de 1939 lèvent le voile sur ces particularités historiques et culturelles. Plongeons dans cette enquête pour comprendre ces anomalies et leurs implications.

Une racine historique : L’ordonnance de 1828 en Guyane

Charles-Philippe de France, comte d’Artois, né le 9 octobre 1757 au château de Versailles (France) et mort le 6 novembre 1836 à Görtz (Autriche)

Il y a tout juste 197 ans, le roi Charles X scellait un pacte unique en signant une ordonnance régissant le culte catholique en Guyane, alors colonie française. Ce texte, jamais abrogé, fait de ce territoire une exception parmi les départements d’Outre-mer. Lorsque la loi de 1905 a été adoptée, elle n’a pas été étendue à la Guyane, contrairement à la Guadeloupe, la Martinique ou La Réunion, départementalisées en 1946. Résultat :

la Collectivité territoriale de Guyane alloue aujourd’hui environ 1,1 million d’euros annuels pour rémunérer les prêtres et entretenir les églises, une pratique qui choque les défenseurs de la laïcité.

Cette anomalie a suscité des levées de boucliers. Des recours judiciaires et des propositions parlementaires ont tenté de la faire tomber, mais le Conseil d’État et le Conseil constitutionnel ont maintenu l’ordonnance en vigueur, arguant de son caractère historique. Récemment, un accord entre l’Église catholique et la Collectivité a été conclu :

les nouveaux prêtres seront désormais payés par le diocèse, soulageant les finances publiques mais plongeant l’institution religieuse dans une crise budgétaire.

Des exceptions à travers l’outre-mer

Prêtre dans son église
Prêtre dans son église son missel à la main

La Guyane n’est pas un cas isolé. L’Alsace-Moselle, sous domination allemande lors de la promulgation de la loi de 1905, conserve un régime concordataire hérité du XIXe siècle, permettant le financement des cultes catholique, protestant et juif. À Mayotte, à majorité musulmane, les « décrets Mandel » de 1939 autorisent l’État à subventionner le catholicisme et l’islam via des missions religieuses sous tutelle préfectorale. Saint-Pierre-et-Miquelon et les territoires du Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna) suivent un schéma similaire, avec un soutien principalement accordé à l’Église catholique, et au protestantisme en Polynésie.

En revanche, la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et La Réunion appliquent pleinement la loi de 1905, garantissant une séparation stricte. Là, pas de fonds publics pour les cultes : tout repose sur les dons des fidèles, alignant ces territoires sur l’Hexagone, renforcé par la loi séparatisme de 2021.

Georges Mandel dans les années 1930.

Les décrets Mandel : un encadrement spécifique

Signés par Georges Mandel, ministre des Colonies en 1939, ces décrets visent à encadrer le fait religieux dans les territoires où la loi de 1905 ne s’applique pas. Ils instaurent des missions religieuses, gérées par des conseils d’administration sous l’œil du préfet, permettant à toutes les religions de recevoir des fonds publics. En Guyane, seule l’Église catholique a créé une mission, tandis qu’à Mayotte, le catholicisme et l’islam en bénéficient. Dans le Pacifique, l’Église catholique domine, avec un soutien au protestantisme en Polynésie, reflétant les sensibilités locales.

Pourquoi ces différences ?

Une question d’histoire et de culture

Carte de la Guyane

La circulaire du ministère de l’Intérieur du 25 août 2011 éclaire ces écarts : la loi de 1905 n’a pas été uniformément appliquée en raison des « particularités locales » au moment de sa promulgation et des évolutions statutaires des anciennes colonies. En Guyane, l’ordonnance de 1828, ancrée dans une époque coloniale, a résisté aux vents de la laïcité. À Mayotte, l’influence islamique prédominante a justifié un régime adapté. Dans le Pacifique, les traditions missionnaires catholiques, héritées de la colonisation, ont perduré. Ces exceptions, bien que critiquées, tiennent compte des héritages historiques et des identités culturelles, posant un défi au principe d’égalité républicaine.

Implications et débats contemporains

Mayotte après l’ouragan

Ces régimes spéciaux suscitent des tensions. En Guyane, le financement public des prêtres est perçu comme une entorse à la laïcité, d’autant que l’accord récent avec le diocèse peine à stabiliser la situation financière de l’Église. À Mayotte, le soutien aux cultes soulève des questions sur la neutralité de l’État dans un contexte multiconfessionnel. Des voix s’élèvent pour harmoniser les pratiques, mais les spécificités locales freinent toute réforme. Le Conseil constitutionnel, dans une décision de 2013, a jugé que ces exceptions ne violaient pas la Constitution, tant qu’elles respectent la liberté de conscience.

Une perspective historique et philosophique

Ces divergences rappellent que la laïcité française, née d’un contexte métropolitain, a dû s’adapter aux réalités coloniales. L’ordonnance de 1828 en Guyane témoigne d’une époque où l’Église soutenait l’administration coloniale, une alliance que la loi de 1905 a cherché à rompre en métropole. Les décrets Mandel, quant à eux, reflètent une tentative de contrôle administratif des cultes, un héritage du paternalisme colonial qui perdure.

Un équilibre fragile

La loi de 1905, pilier de la laïcité, ne s’applique pas uniformément, créant un patchwork confessionnel en Outre-mer. Entre héritage historique, identités culturelles et pressions modernes, ces exceptions posent un défi permanent à l’unité républicaine. Si des ajustements progressent – comme en Guyane –, la question reste ouverte : jusqu’où la France peut-elle concilier laïcité et diversité ? Cette énigme, digne d’un Sphinx moderne, appelle à un dialogue continu pour préserver l’esprit de 1905 tout en respectant les singularités.

Sources documentées :

  • Circulaire du ministère de l’Intérieur, 25 août 2011.
  • Décision du Conseil constitutionnel, 2013.
  • Archives historiques sur l’ordonnance de 1828 (Guyane).
  • Rapports officiels sur les décrets Mandel, 1939.
  • Données statistiques sur les financements cultuels (Collectivité de Guyane, 2025).

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Quand Hollywood réécrit l’histoire – réflexions pour une Franc-maçonnerie éclairée

Lieu de fabrique des héros et des ennemis

Depuis 80 ans, les États-Unis se sont imposés comme les sauveurs de l’Europe et les gardiens autoproclamés de la paix mondiale. Une image savamment façonnée par le soft power américain. Films hollywoodiens, séries et récits héroïques ont tranquillement programmé nos esprits dans cette logique indiscutable. Pourtant, les 25 dernières années – avec des guerres controversées, des ingérences et des alliances douteuses – ont fissuré ce narratif.

Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire au ministère de la Défense et expert en géopolitique, démonte cette illusion dans une interview sur France Culture. Il révèle comment Hollywood a construit des ennemis stéréotypés – Indiens, communistes, Arabes – pour justifier des agendas politiques. Face à ces vérités alternatives, des certitudes s’effritent. Le monde des apparences n’agit pas seulement dans les salles obscures, il est parfois à l’oeuvre dans nos Temples maçonniques.

Comment retrouver la confiance et tracer une voie juste dans ce brouillard d’informations ?

Hollywood, machine à propagande

Un panneau à Los Angeles, 'Hollywood Boulevard'
Un panneau à Los Angeles, ‘Hollywood Boulevard’

Conesa démontre que sans ministère de l’Éducation nationale aux États-Unis, le cinéma a pris le relais pour façonner le récit national. Des westerns aux blockbusters modernes, l’Amérique s’est érigée en héros invincible, tandis que l’« autre » – qu’il soit indien ou musulman – devenait un méchant caricatural. Cette fabrication d’ennemis, loin d’être innocente, a servi à rallier l’opinion publique à des conflits. Les événements récents, comme l’invasion de l’Irak ou les tensions avec la Russie, jettent un doute glaçant :

et si cette image de sauveur masquait des intérêts stratégiques ? Cette remise en question bouscule nos certitudes.

Pierre Conesa nous rappelle que dans Rambo II, le héros retourne au Vietnam sauver ses compatriotes, et necessité oblige, il tue 76 vietnamiens ennemis. Imaginons un instant, un film sur la guerre d’Algérie, le héros dans le deuxième volet retournerait tuer 76 algériens. Ce serait un drame diplomatique. Or dans le cas américain, personne ne trouve à redire, pourquoi ?

Franc-maçonnerie : un réveil nécessaire

Article du 26 août dernier : « Le conformisme en Franc-maçonnerie : quand les « Oracles » modernes aveuglent l’Art Royal »

En franc-maçonnerie, des dynamiques similaires émergent. Comme Hollywood impose ses récits, certains « oracles » maçonniques – historiens ou instructeurs – dictent des vérités figées, freinant l’évolution de l’Art Royal (voir à ce sujet l’article du 26 août dernier). Les symboles (colonne, équerre) ou rituels, censés éclairer, sont parfois verrouillés par des barons qui privilégient leur pouvoir sur la quête de lumière.

Vers une voie juste : confiance et discernement

Face à cette défiance généralisée, comment croire ? La franc-maçonnerie, par son héritage initiatique, peut répondre. Elle prône le doute cartésien et la recherche fraternelle, des outils pour filtrer les narratifs – qu’ils viennent d’Hollywood ou de Londres. En appliquant ce filtre, comme suggéré par Conesa, les maçons peuvent rejeter les vérités suspectes et reconstruire une confiance basée sur la réflexion collective.

Savoirs et Franc-maçonnerie au siècle des Lumières

Lire Savoirs et franc-maçonnerie au siècle des Lumières de Florence Mothe, c’est pénétrer dans une cathédrale de mots où chaque pierre est taillée dans l’histoire, la science et l’initiation. Rien ici n’est une froide érudition : tout respire la ferveur d’un siècle où la connaissance semblait pouvoir conduire l’humanité au bonheur universel, et où la franc-maçonnerie fut à la fois le laboratoire, le sanctuaire et l’amplificateur de cette espérance.

L’auteure nous entraîne dans un voyage au cœur du XVIIIe siècle, où les figures de Helvétius, Montesquieu, Franklin, Lalande, Lavoisier ou Condorcet apparaissent non pas comme des statues immobiles mais comme des frères vivants, tissant ensemble un tissu intellectuel et spirituel sans précédent.

Savoirs et franc-maçonnerie au siècle des Lumières
Savoirs et franc-maçonnerie au siècle des Lumières

Il faut dire qui est Florence Mothe pour comprendre la force de son regard. Née en 1947 à Bordeaux, journaliste, musicologue, historienne, elle a travaillé pour la presse et les radios culturelles avant de consacrer l’essentiel de sa vie à transmettre la mémoire du XVIIIe siècle. Chevalier des Arts et des Lettres, lauréate du Grand Prix de littérature de la Ville de Bordeaux, elle a reçu en 2013 le Prix de l’Institut Maçonnique de France (IMF) dans la catégorie « Histoire » pour son ouvrage Lieux symboliques en Gironde, trois siècles de franc-maçonnerie à Bordeaux (Dervy, 2013). Mais son œuvre dépasse le seul champ de l’écriture. Héritière du château familial de Mongenan, monument historique situé à Portets (Gironde), elle a ouvert ce lieu à la visite en 1983, en y recréant un musée du XVIIIe siècle et un temple maçonnique daté de 1738, ainsi qu’un jardin botanique inspiré de Rousseau. Là, chaque semaine, elle anime depuis des décennies des conférences, faisant du château une véritable académie vivante, un lieu où se conjuguent viticulture, arts, symbolisme, initiation et mémoire des Lumières. Elle incarne ainsi une démarche rare : celle d’une écrivaine enracinée dans un patrimoine qu’elle habite, restaure, médite et transmet.

Château de Mongenan, son musée du XVIII° siècle
Château de Mongenan, son musée du XVIII° siècle

Le livre déploie la vaste fresque de ce siècle où la franc-maçonnerie, encore jeune en France, s’est faite matrice de savoirs et d’utopies. Florence Mothe ouvre d’abord sur l’atmosphère générale : ce temps où, comme à Athènes sous Périclès ou Florence sous les Médicis, l’humanité crut au progrès infini. La science avançait à pas de géant, l’encyclopédie s’érigeait en nouveau livre sacré, la philosophie repoussait les limites de la théologie. La franc-maçonnerie, en ce contexte, fut bien plus qu’un ordre discret : elle devint la chambre de résonance d’un désir universel de connaissance. Le cabinet de réflexion, que l’auteure rapproche de la méditation scientifique, illustre cette jonction entre l’ésotérisme et la rationalité, entre la magie ancestrale et la méthode expérimentale.

Puis vient le long portrait de Claude-Adrien Helvétius, figure cardinale. Issu d’une lignée de médecins protestants, devenu fermier général, philosophe, écrivain, initié, il incarne ce passage de la richesse matérielle au service de l’humanité. Son livre De l’esprit, brûlé en place publique, fait trembler l’Église et annonce déjà la Révolution en affirmant que la vertu ne dépend pas des religions mais des lois justes. Sa pensée, nourrie de Locke et de Montesquieu, ouvre une brèche immense : l’esprit n’est pas inné, il est acquis par l’éducation et l’environnement. Helvétius rêve alors d’un atelier idéal, d’une loge où toutes les sciences et toutes les philosophies se réuniraient. Ce rêve, poursuivi après sa mort par sa veuve Catherine de Ligniville, par Lalande et par Franklin, devient réalité avec la loge des Neuf Sœurs.

L’ouvrage consacre de belles pages à cette loge mythique qui, au-delà de ses membres illustres, incarne la vocation maçonnique à unir science et art, raison et fraternité. Les Neuf Sœurs furent bien plus qu’un cercle intellectuel : elles furent un creuset initiatique où peintres, savants, écrivains, astronomes, musiciens, philosophes dialoguaient comme dans une arche universelle. Là se préparèrent les grandes mutations de la Révolution, mais aussi l’engagement pour l’indépendance américaine. Florence Mothe montre que ces loges furent des académies avant l’heure, viviers de recherches croisées où l’esprit de la science et l’esprit maçonnique se fécondaient mutuellement.

Chaque chapitre du livre nous entraîne dans la constellation des figures qui illuminèrent ce siècle. Lavoisier et les chimistes, Jussieu et Buffon explorant la nature, Bailly et Lalande scrutant les astres, Condorcet rêvant d’une perfectibilité illimitée, Franklin incarnant la rencontre entre l’Amérique et la France : chacun devient un maillon d’une chaîne d’union universelle. Les femmes ne sont pas absentes : Mme Helvétius, Mme de Graffigny et d’autres tiennent salon et animent la circulation des idées. Même la musique et les arts trouvent leur place dans ce temple de la connaissance.

Florence Mothe
Florence Mothe

Florence Mothe n’élude pas les ombres. Elle rappelle que l’utopie des Lumières s’achève dans la Terreur, que le rêve d’un bonheur universel fut fracassé par la violence politique. Elle montre aussi les résistances : l’hostilité de l’archevêque de Beaumont, la condamnation de De l’esprit, les persécutions des jésuites. Mais elle souligne que ces obstacles ne firent que renforcer la conviction que la liberté de conscience et la fraternité maçonnique étaient les conditions mêmes de l’émancipation humaine.

Dans les derniers développements, l’auteure élargit la perspective : les Illuminés de Bavière, la théorie du complot de l’abbé Barruel, la mission universelle des hommes selon Saint-Yves d’Alveydre, la continuité des savoirs initiatiques de l’Égypte à la franc-maçonnerie moderne. Elle montre comment la quête des Lumières se prolonge dans les utopies sociales du XIXe siècle, dans les sciences, dans les arts, dans les rituels mêmes du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Ce livre, au fond, est un miroir pour nous. Car en évoquant ce siècle de passions, Florence Mothe nous invite à interroger notre propre rapport à la connaissance. Elle écrit à l’heure de l’intelligence artificielle, rappelant que science et philosophie ont le même objet : chercher la vérité de l’homme et du monde. Les Lumières furent une initiation collective, un moment où la raison se fit flamme, où la loge devint temple de l’esprit. Relire cette histoire, c’est comprendre que notre démarche maçonnique s’inscrit dans ce même chantier : unir l’héritage des savoirs et la force des symboles pour édifier une humanité plus juste.

Ainsi, Savoirs et franc-maçonnerie au siècle des Lumières n’est pas seulement une contribution historique. C’est une méditation initiatique, une convocation de la mémoire vivante des Frères et des Sœurs d’hier, une invitation à poursuivre leur œuvre. Comme les Neuf Sœurs invoquant Mnémosyne, nous comprenons, en refermant ce livre, que la connaissance n’est pas une possession mais une lumière à transmettre. Et que la franc-maçonnerie, en demeurant fidèle à cet héritage, reste aujourd’hui encore la gardienne d’un temple invisible : celui de l’alliance de la science et de l’esprit, au service du bonheur et de la liberté des hommes.

Savoirs et franc-maçonnerie au siècle des Lumières

Florence MotheÉditions Dervy, 2025, 272 pages, 22 € – Format Kindle 13,99 €

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La langue sacrée

Imaginez une langue si mystérieuse qu’elle échappe aux usages profanes, une écriture sacrée qui ne s’apprend pas avec des livres, mais se ressent dans l’intuition et le cœur ! Appelée « langue sacrée », elle se distingue des hiéroglyphes ou des alphabets ordinaires, se manifestant à travers des symboles vivants qui relient la terre au ciel. Ce trésor oublié, jadis maîtrisé par des initiés capables de percer les secrets de la vie, de la mort et de la résurrection – ces questions éternelles (« D’où viens-tu ? Où es-tu ? Où vas-tu ? ») – est aujourd’hui en voie de disparition. Seulement 2 % des Français, et à peine plus dans le monde, en comprennent encore les arcanes.

Pourquoi ? Parce que l’humanité s’est perdue dans la lettre, oubliant l’esprit. Plongez avec nous dans ce voyage fascinant, où symbolisme et franc-maçonnerie se croisent pour raviver une sagesse ancestrale.

Une langue vivante, gravée dans l’âme

Carl Gustav Jung

Cette langue sacrée, loin des écritures conventionnelles, parle aux initiés via des signes symboliques – des images qui touchent l’âme. Elle était la clé des anciens, ceux qui, en déchiffrant ses mystères, maîtrisaient les cycles universels. Mais avec le temps, ses éléments ont été altérés, et l’homme, obsédé par le littéral, a perdu son essence. Heureusement, des passionnés fouillent les vestiges des civilisations disparues, reconstituant ce langage muet, riche et évocateur, ancré dans le symbolisme. Carl Gustav Jung y voyait des « images primordiales » innées, tandis que Gaston Bachelard y décelait « l’expérience ancestrale de l’humanité ». Universelle, elle jaillit de l’inconscient collectif, un héritage que la franc-maçonnerie chérit encore.

Des signes partout : De l’architecture aux objets

René Adolphe Schwaller de Lubicz

Oubliez les simples inscriptions ! Cette langue sacrée vit dans l’architecture des temples, les sculptures, les peintures et même la disposition d’objets quotidiens. Dans L’Âne d’Or d’Apulée, Lucius découvre des livres sacrés aux caractères inconnus – nœuds, points, spirales – protégés des profanes. Ces signes s’expriment aussi dans les lignes harmonieuses des monuments, où feu, vent, eau et terre chantent un hymne « ad deum ». R.A. Schwaller de Lubicz (Le Temple de l’Homme, 1957) révèle comment les temples égyptiens codent ces lois divines, de la géométrie simple (un point pour la vie, un cercle pour le cosmos) à des symboles complexes comme l’œil de Râ, incarnation du soleil créateur.

Un parallèle avec la Franc-maçonnerie : La quête symbolique

En franc-maçonnerie, cette langue sacrée trouve un écho profond. Les initiés, comme les anciens prêtres, cherchent à relier le « bas » au « haut » à travers des symboles – l’équerre, le compas, la colonne. Le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) utilise des outils géométriques pour évoquer des vérités spirituelles, un héritage des bâtisseurs de cathédrales. Le point central du disque solaire, adopté en alchimie pour l’or, rappelle la colonne maçonnique, symbole solaire de résurrection. Jung, dans Psychologie et alchimie (1944), y voit une projection de l’âme, tandis que les rituels maçonniques protègent ces arcanes, les réservant à la méditation des frères – un parallèle avec les secrets d’Apulée.

Une langue en quatre dimensions

colonnes

Selon E. Soldi, cette langue sacrée s’exprime en quatre formes : l’écriture (gravures), la décoration (objets symboliques), l’architecture (temples codés) et l’alchimie (transformations). Les éléments cosmiques – lumière, eau, terre – évoluent en images mythiques : arbres, animaux, puis monuments. L’œil de Râ, pupille solaire, illustre cette métamorphose, passant du disque vide à un symbole de vie. En maçonnerie, cette plasticité inspire les interprétations des colonnes Jakin et Boaz, issues du Temple de Salomon, où serpent et pilier s’unissent pour relier ciel et terre.

Sources :

Apulée, L’Âne d’Or ; Schwaller de Lubicz, Le Temple de l’Homme (1957) ; Jung, Psychologie et alchimie (1944) ; Bachelard, La Poétique de l’espace (1957) ; Flyer Entretiens d’Été 2025.

Le maçon et la mer, regardant l’horizon, l’âme vers la Lumière

De notre confrère expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

Lorsque le Maçon se tient face à la mer, quelque chose s’agite en lui. Loin du pilier nord, loin du tablier et de la place, et pourtant intimement lié à ce qu’il est, où qu’il soit. Son esprit ne prend jamais de vacances, car le chemin initiatique est éternel, comme les vagues qui ne cessent d’embrasser le rivage.

En travail requis, en silence Lux.

Dans le travail il y a la paix ; dans le silence il y a la Lumière .

Le vrai Mason part-il en vacances ?

La réponse est oui, mais pas au sens habituel du terme. Il peut quitter le Temple extérieur, mais pas le Temple intérieur. Même sous le parasol, entre le soleil et le sable, il reste attentif.

Le repos n’est pas l’oisiveté, mais la méditation. Loin des rythmes ordinaires, le franc-maçon se redécouvre : il se régénère, observe, médite et réfléchit.

Comme le disaient les anciens :

Vacare Deo.
Être libre pour Dieu.

C’est précisément dans le temps « vide » qu’il laisse place à la contemplation et que chaque grain de sable devient un symbole, chaque vague une initiation.

Devant l’horizon

Le Franc-Maçon contemple l’horizon comme on trace un seuil. Cette ligne floue qui sépare le ciel et la mer est une invitation : ce n’est pas une frontière, mais une ouverture. C’est là que le regard se perd, que l’âme se retrouve. Face à cette frontière incertaine, le Frère se souvient du sens même de son voyage : aller au-delà, chercher l’invisible.

Là où est la fin, là où est le début

Là où il y a une fin, il y a un début.

L’horizon est le seuil entre le manifeste et le voilé. Et c’est précisément là que l’initié sent son être intérieur vibrer. L’immensité de la mer reflète l’infini qu’il recherche en lui-même. Chaque vague est une pensée qui surgit, s’agite et se dissout. Chaque courant, une invitation à la purification. Chaque coucher de soleil sur la mer, un écho du cycle éternel.

Mortem vitae initium est.

La mort est le début de la vie !

cabiner de réflexion
Composition illustration de Solange Sudarskis à partir de gravures de Pierre- Yves Trémois

Dans le monde ésotérique, l’eau représente l’origine, le principe encore informe, la matière première sur laquelle agit le feu transmutateur. Au bord de la mer, le franc-maçon redécouvre ce lien profond avec ce symbole.

Marcher le long du rivage, c’est arpenter la fine frontière entre le conscient et l’inconscient, entre le profane et le sacré. Tremper ses pieds dans l’eau est, symboliquement, un baptême quotidien, une petite renaissance.

En regardant les vagues s’écraser sur les rochers, le Maçon réfléchit à l’impermanence, mais aussi à la constance : la mer n’abandonne jamais, même face aux obstacles. C’est l’image parfaite du Travail initiatique.

Persévérance gagne tout.

La persévérance triomphe de tout.

Porte du soleil

Mais si beaucoup perçoivent la plage comme une évasion ou une distraction, le Franc-Maçon la perçoit comme une occasion de solitude active. La mer, dans son flux constant, lui parle. L’étendue d’eau devient le miroir de l’âme. À cet instant, nul besoin d’une Loge pour se sentir connecté aux Frères : la Fraternité vit dans le cœur et dans la mémoire. Une pensée, un silence partagé dans l’absence, suffit à ressentir le lien indissoluble qui unit tous ceux qui recherchent la Lumière.

Le Soleil, maître et symbole par excellence, domine le paysage marin. Le franc-maçon, le visage tourné vers le Soleil, y reconnaît l’emblème du principe spirituel qui anime tout. Et sous sa lumière, l’initié perçoit que tout fait partie de l’Un. La peau se réchauffe, le cœur s’ouvre, l’esprit s’apaise.

Lux lucet dans les ténèbres.

La lumière brille dans l’obscurité.

Et, même en vacances, le Maçon le recherche, l’observe, le garde.

Le retour est une renaissance

À la fin des vacances, le Franc-Maçon ne rentre pas simplement « chez lui ». Il revient ressourcé, enrichi par ce que le silence de la mer lui a révélé. Peut-être a-t-il trouvé des réponses, peut-être de nouvelles questions. En tout cas, il a une perspective renouvelée.

Revenir au début.

Retour à l’origine.

Et à partir de là, il recommence à construire, pierre par pierre.

Un franc-maçon au bord de la mer n’est jamais seulement un homme en vacances. C’est un voyageur spirituel qui profite de ce temps suspendu pour questionner, contempler et écouter.

Loin du Temple, mais toujours tourné vers l’Est, il cherche la vérité dans les vagues, dans le soleil, dans le silence. Car chaque lieu est sacré pour ceux qui savent regarder avec un regard initiatique. Et même la mer, dans son mouvement éternel, peut devenir une Tablette gravée par le GADLU.

« Osez pousser les portes ! » – Une soirée lumineuse avec Jean-Raphaël Notton, Grand Maître de la GLDF

Soir d’été, Grand Temple Pierre Brossolette archicomble, retransmission au Temple Franklin Roosevelt : la Grande Loge de France a choisi la clarté plutôt que la confidence. Sous le fronton de l’Hôtel de la GLDF, 8, rue Louis Puteaux (Paris (Paris 17e).

Jean-Raphaël Notton, Grand Maître de la Grande Loge de France
Jean-Raphaël Notton, Grand Maître de la Grande Loge de France

Jean-Raphaël Notton, Grand Maître tout récemment élu, a proposé un voyage en trois temps – « nous, vous, moi » – qui fut moins un discours qu’un acte d’initiation partagé. L’énoncé du titre, « Osez pousser les portes ! », prit d’emblée double sens : pousser celles du Temple, certes, mais surtout pousser les nôtres, ces portes intérieures qu’un simple symbole – un fil à plomb – peut faire descendre « du plus haut au plus intime ».

Blason GLDF
Blason GLDF

Nous l’avons entendu rappeler, avec une élégance souriante, que la Franc-Maçonnerie n’est pas un ciel uniforme mais un arc-en-ciel. La GLDF y incarne une couleur singulière : le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) comme méthode de travail, héritier des loges de métier qui surent, il y a trois siècles, passer « des murs à l’homme ». Ici, pas de catéchisme, mais une langue : la langue symbolique. Un fil à plomb, une équerre, un maillet deviennent des instruments d’élévation, parce que la recherche de sens – et la perfectibilité qui l’accompagne – repose sur la liberté de conscience. Jean-Raphaël Notton l’illustra d’une scène fraternelle où se côtoient un juif, un bouddhiste et « un goy » qui les invite à s’embrasser :

La GLDF n’impose pas de croire, elle demande de respecter.

Au second temps, le Grand Maître s’adressa aux profanes avec franchise. Ce qui nous différencie, dit-il, n’est ni le statut, ni l’érudition, ni la puissance sociale, mais « un acte incroyable qui s’appelle l’initiation ». Entrer en Loge, c’est consentir à la mort de l’état antérieur, à cette métamorphose que les Anciens figuraient par la transmutation – « transformer le plomb en or » – non des métaux, mais du cœur. On entre et l’on sort librement, on vient pour se connaître mieux afin d’aider mieux, car la vertu n’est pas un vernis moral : « la capacité de l’âme à faire le bien ». Dans un monde pressé, saturé d’instantanés, l’invitation maçonnique redevient révolution douce : retrouver le temps long, accepter le doute fécond, parler sans être jugé.

Pierre Brossolette
Arnaud Beltrame
Arnaud Beltrame

Puis vint le « moi », non pour se raconter, mais pour promettre de servir.

Jean-Raphaël Notton revendique des racines républicaines et une gouvernance par les valeurs. Gardien d’une tradition « plus que bicentenaire », il la veut protégée et transmise, donc vivante. Deux couples structurent sa feuille de route : tradition et modernité – la preuve par cette conférence publique et connectée – ; initiation et sécularisation – l’exemple d’Arnaud Beltrame ou de Pierre Brossolette rappelant qu’on n’engage pas l’Obédience dans la Cité, mais qu’on y porte des valeurs. À l’horizon s’esquissent une Déclaration de Lomé affirmant l’égalité et la fraternité avec les Obédiences sœurs d’Afrique, le renforcement des liens au sein de la « Grande Chaîne » des traditions, l’ouverture des Temples lors des Journées européennes du patrimoine, et une réflexion partagée sur la liberté de conscience comme méthode du vivre-ensemble.

Une devise, comme au temps des chevaliers

Paoli
Paoli

Au moment d’ouvrir son mandat, Jean-Raphaël Notton a choisi de s’inscrire dans une continuité chevaleresque : prendre une devise. Il rappela que, jadis, tout chevalier recevait son épée accompagnée d’une maxime intime, ligne de vie et d’honneur. Lyautey, « la joie de l’âme dans l’action » ; Pascal Paoli, « donner des amis » : autant de sentences qui condensent une destinée.

La sienne, dit-il, est inscrite dans le langage même des alchimistes : V.I.T.R.I.O.L. — Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem.

Visite l’intérieur de la terre, et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée. Autrement dit, descends en toi-même, explore les profondeurs de ton être, et tu découvriras la lumière qui transforme. Dans la bouche du Grand Maître, cette antique formule prend valeur de serment : son rôle sera de créer les conditions pour que chaque frère, chaque loge, puisse accomplir ce voyage intérieur. La chevalerie spirituelle rejoint l’initiation maçonnique : le combat n’est pas extérieur, mais intime ; la victoire n’est pas sur l’autre, mais sur soi.

Une soirée placée sous le signe de l’Universel

Omer Badang – Grand Maître de la Grande Loge Unie du Cameroun

La solennité du moment fut accrue par deux présences qui n’étaient pas de pure courtoisie, mais de sens. D’abord celle du Grand Maître de la Grande Loge Unie du Cameroun, salué avec chaleur. Sa présence donnait chair à ce « réseau écossais » vivant que la GLDF tisse de longue date sur les deux rives de l’Atlantique et de la Méditerranée. À l’évocation d’une Déclaration de Lomé, à préparer de concert avec nos Frères africains, l’intention se fit claire : dire haut et fraternellement que l’heure des tutelles est close, et que nous voulons l’égalité en actes, la réciprocité des regards, l’amitié des œuvres. Non une diplomatie de façade, mais une éthique : porter ensemble la triade maçonnique – liberté, égalité, fraternité – hors de tout paternalisme, à hauteur d’Homme et de Loge.

Autre présence majeure, et symbole puissant, celle de Très Respectable Sœur Liliane Mirville, Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France.

Liliane-Mirville – Grande Maîtresse de la GLFF (Crédit photo : Journal Le Télégrame)

Elle fut accueillie comme on accueille une sœur aînée et une alliée. Sa venue n’était pas un simple hommage : elle ouvrait déjà une porte sur le 6 novembre, date annoncée d’une conférence publique commune GLDF-GLFF au Grand Temple Pierre Brossolette. Il s’agira d’y célébrer les 80 ans de l’Obédience féminine née des Loges d’adoption de la GLDF – histoire partagée, fidélités croisées, différences assumées, convergences fécondes. On ne commémorera pas un passé figé, on redira une généalogie : ces « loges d’adoption » où des femmes, d’abord accueillies, voulurent – et surent – prendre leur indépendance, imposant par la qualité de leur travail ce qui devait devenir une évidence de justice et d’intelligence. En annonçant cette soirée, le Grand Maître ne programma pas un événement : il posa un jalon, rappelant que la Tradition n’est pas une relique mais un passage de flambeau.

Temple Pierre Brossolette, Grand Temple GLDF
Temple Pierre Brossolette, Grand Temple GLDF

Et maintenant ?

Quand la salle retombe dans le silence, que demeure-t-il ? Une invitation, simple et exigeante, mais aussi lumineuse : oser. Oser franchir la porte d’un Temple, oser entrouvrir celle de sa chambre intérieure, oser, dans la Cité comme en Loge, rester fidèle au vrai, au juste et au fraternel. À la Grande Loge de France, il n’est nullement question de promettre des pouvoirs mystérieux ou des raccourcis vers le bonheur ; il s’agit de proposer une méthode, une langue, un chemin. Ceux qui l’empruntent ne prétendent pas à la perfection : ils acceptent seulement de devenir, chaque jour, un peu meilleurs. C’est peu, c’est immense.

Dès la rentrée, les Ateliers s’attacheront à formuler un message contemporain dans l’esprit de Lausanne – liberté de conscience, primauté de l’esprit, hospitalité de la différence –, tout en poursuivant l’ancrage international et la préparation de la rencontre du 6 novembre. Les profanes, eux, savent désormais où frapper : 8, rue Louis Puteaux. La suite dépendra de leur courage et de leur désir de lumière.

L’écho de cette soirée peut se résumer en une seule image : celle d’un seuil. Le seuil d’un Temple, celui de la conscience, celui de l’histoire commune des Maçons et des Maçonnes, celui, enfin, de la fraternité universelle.

« Osez pousser les portes ! », lança Jean-Raphaël Notton. Ce n’était pas qu’une exhortation : c’était une devise. Une devise de chevalier, mais plus encore une devise d’homme du XXIᵉ siècle, rappelant que toute aventure spirituelle commence par un geste humble et décisif : ouvrir une porte !

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