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« Osez pousser les portes ! » – Une soirée lumineuse avec Jean-Raphaël Notton, Grand Maître de la GLDF

Soir d’été, Grand Temple Pierre Brossolette archicomble, retransmission au Temple Franklin Roosevelt : la Grande Loge de France a choisi la clarté plutôt que la confidence. Sous le fronton de l’Hôtel de la GLDF, 8, rue Louis Puteaux (Paris (Paris 17e).

Jean-Raphaël Notton, Grand Maître de la Grande Loge de France
Jean-Raphaël Notton, Grand Maître de la Grande Loge de France

Jean-Raphaël Notton, Grand Maître tout récemment élu, a proposé un voyage en trois temps – « nous, vous, moi » – qui fut moins un discours qu’un acte d’initiation partagé. L’énoncé du titre, « Osez pousser les portes ! », prit d’emblée double sens : pousser celles du Temple, certes, mais surtout pousser les nôtres, ces portes intérieures qu’un simple symbole – un fil à plomb – peut faire descendre « du plus haut au plus intime ».

Blason GLDF
Blason GLDF

Nous l’avons entendu rappeler, avec une élégance souriante, que la Franc-Maçonnerie n’est pas un ciel uniforme mais un arc-en-ciel. La GLDF y incarne une couleur singulière : le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) comme méthode de travail, héritier des loges de métier qui surent, il y a trois siècles, passer « des murs à l’homme ». Ici, pas de catéchisme, mais une langue : la langue symbolique. Un fil à plomb, une équerre, un maillet deviennent des instruments d’élévation, parce que la recherche de sens – et la perfectibilité qui l’accompagne – repose sur la liberté de conscience. Jean-Raphaël Notton l’illustra d’une scène fraternelle où se côtoient un juif, un bouddhiste et « un goy » qui les invite à s’embrasser :

La GLDF n’impose pas de croire, elle demande de respecter.

Au second temps, le Grand Maître s’adressa aux profanes avec franchise. Ce qui nous différencie, dit-il, n’est ni le statut, ni l’érudition, ni la puissance sociale, mais « un acte incroyable qui s’appelle l’initiation ». Entrer en Loge, c’est consentir à la mort de l’état antérieur, à cette métamorphose que les Anciens figuraient par la transmutation – « transformer le plomb en or » – non des métaux, mais du cœur. On entre et l’on sort librement, on vient pour se connaître mieux afin d’aider mieux, car la vertu n’est pas un vernis moral : « la capacité de l’âme à faire le bien ». Dans un monde pressé, saturé d’instantanés, l’invitation maçonnique redevient révolution douce : retrouver le temps long, accepter le doute fécond, parler sans être jugé.

Pierre Brossolette
Arnaud Beltrame
Arnaud Beltrame

Puis vint le « moi », non pour se raconter, mais pour promettre de servir.

Jean-Raphaël Notton revendique des racines républicaines et une gouvernance par les valeurs. Gardien d’une tradition « plus que bicentenaire », il la veut protégée et transmise, donc vivante. Deux couples structurent sa feuille de route : tradition et modernité – la preuve par cette conférence publique et connectée – ; initiation et sécularisation – l’exemple d’Arnaud Beltrame ou de Pierre Brossolette rappelant qu’on n’engage pas l’Obédience dans la Cité, mais qu’on y porte des valeurs. À l’horizon s’esquissent une Déclaration de Lomé affirmant l’égalité et la fraternité avec les Obédiences sœurs d’Afrique, le renforcement des liens au sein de la « Grande Chaîne » des traditions, l’ouverture des Temples lors des Journées européennes du patrimoine, et une réflexion partagée sur la liberté de conscience comme méthode du vivre-ensemble.

Une devise, comme au temps des chevaliers

Paoli
Paoli

Au moment d’ouvrir son mandat, Jean-Raphaël Notton a choisi de s’inscrire dans une continuité chevaleresque : prendre une devise. Il rappela que, jadis, tout chevalier recevait son épée accompagnée d’une maxime intime, ligne de vie et d’honneur. Lyautey, « la joie de l’âme dans l’action » ; Pascal Paoli, « donner des amis » : autant de sentences qui condensent une destinée.

La sienne, dit-il, est inscrite dans le langage même des alchimistes : V.I.T.R.I.O.L. — Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem.

Visite l’intérieur de la terre, et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée. Autrement dit, descends en toi-même, explore les profondeurs de ton être, et tu découvriras la lumière qui transforme. Dans la bouche du Grand Maître, cette antique formule prend valeur de serment : son rôle sera de créer les conditions pour que chaque frère, chaque loge, puisse accomplir ce voyage intérieur. La chevalerie spirituelle rejoint l’initiation maçonnique : le combat n’est pas extérieur, mais intime ; la victoire n’est pas sur l’autre, mais sur soi.

Une soirée placée sous le signe de l’Universel

Omer Badang – Grand Maître de la Grande Loge Unie du Cameroun

La solennité du moment fut accrue par deux présences qui n’étaient pas de pure courtoisie, mais de sens. D’abord celle du Grand Maître de la Grande Loge Unie du Cameroun, salué avec chaleur. Sa présence donnait chair à ce « réseau écossais » vivant que la GLDF tisse de longue date sur les deux rives de l’Atlantique et de la Méditerranée. À l’évocation d’une Déclaration de Lomé, à préparer de concert avec nos Frères africains, l’intention se fit claire : dire haut et fraternellement que l’heure des tutelles est close, et que nous voulons l’égalité en actes, la réciprocité des regards, l’amitié des œuvres. Non une diplomatie de façade, mais une éthique : porter ensemble la triade maçonnique – liberté, égalité, fraternité – hors de tout paternalisme, à hauteur d’Homme et de Loge.

Autre présence majeure, et symbole puissant, celle de Très Respectable Sœur Liliane Mirville, Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France.

Liliane-Mirville – Grande Maîtresse de la GLFF (Crédit photo : Journal Le Télégrame)

Elle fut accueillie comme on accueille une sœur aînée et une alliée. Sa venue n’était pas un simple hommage : elle ouvrait déjà une porte sur le 6 novembre, date annoncée d’une conférence publique commune GLDF-GLFF au Grand Temple Pierre Brossolette. Il s’agira d’y célébrer les 80 ans de l’Obédience féminine née des Loges d’adoption de la GLDF – histoire partagée, fidélités croisées, différences assumées, convergences fécondes. On ne commémorera pas un passé figé, on redira une généalogie : ces « loges d’adoption » où des femmes, d’abord accueillies, voulurent – et surent – prendre leur indépendance, imposant par la qualité de leur travail ce qui devait devenir une évidence de justice et d’intelligence. En annonçant cette soirée, le Grand Maître ne programma pas un événement : il posa un jalon, rappelant que la Tradition n’est pas une relique mais un passage de flambeau.

Temple Pierre Brossolette, Grand Temple GLDF
Temple Pierre Brossolette, Grand Temple GLDF

Et maintenant ?

Quand la salle retombe dans le silence, que demeure-t-il ? Une invitation, simple et exigeante, mais aussi lumineuse : oser. Oser franchir la porte d’un Temple, oser entrouvrir celle de sa chambre intérieure, oser, dans la Cité comme en Loge, rester fidèle au vrai, au juste et au fraternel. À la Grande Loge de France, il n’est nullement question de promettre des pouvoirs mystérieux ou des raccourcis vers le bonheur ; il s’agit de proposer une méthode, une langue, un chemin. Ceux qui l’empruntent ne prétendent pas à la perfection : ils acceptent seulement de devenir, chaque jour, un peu meilleurs. C’est peu, c’est immense.

Dès la rentrée, les Ateliers s’attacheront à formuler un message contemporain dans l’esprit de Lausanne – liberté de conscience, primauté de l’esprit, hospitalité de la différence –, tout en poursuivant l’ancrage international et la préparation de la rencontre du 6 novembre. Les profanes, eux, savent désormais où frapper : 8, rue Louis Puteaux. La suite dépendra de leur courage et de leur désir de lumière.

L’écho de cette soirée peut se résumer en une seule image : celle d’un seuil. Le seuil d’un Temple, celui de la conscience, celui de l’histoire commune des Maçons et des Maçonnes, celui, enfin, de la fraternité universelle.

« Osez pousser les portes ! », lança Jean-Raphaël Notton. Ce n’était pas qu’une exhortation : c’était une devise. Une devise de chevalier, mais plus encore une devise d’homme du XXIᵉ siècle, rappelant que toute aventure spirituelle commence par un geste humble et décisif : ouvrir une porte !

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Chemins de Traverse – Mythes, Contes et Légendes

Ce numéro consacré aux mythes, contes et légendes et paru à la veille du Convent 2025, s’avance tel un vaisseau de mémoire et d’imaginaire, une loge lumineuse où se conjuguent l’érudition, la spiritualité et la quête initiatique dans une même respiration fraternelle. Il ne se donne pas comme un simple périodique, mais comme une expérience de pensée, un espace où la parole symbolique circule entre disciplines et traditions, où l’histoire, la théologie, l’ethnologie et l’art se nouent dans un seul et même élan. Lire ces pages, c’est s’engager dans une forêt profonde, dont les clairières successives dévoilent des figures, des récits et des archétypes qui se répondent de civilisation en civilisation, de rite en rite.


L’éditorial rappelle avec force que le mythe est la première langue de l’humanité. Il n’est pas une illusion mais une vérité en images, une architecture de récits qui fonde et qui relie. De cette clé de lecture procède la richesse du volume. Annick Drogou distingue avec clarté le mythe, la fable, le conte et la légende, et cette mise en lumière agit comme un seuil initiatique. Elle ne se contente pas de classer, elle nous restitue l’énergie propre des mots, leur capacité à féconder l’imaginaire et à nourrir une mémoire vivante.

Thomas Römer en 2023
Thomas Römer en 2023


Thomas Römer, philologue et bibliste de renommée mondiale, titulaire de la chaire des Milieux bibliques au Collège de France, ouvre la dimension biblique. Dans son entretien, il montre combien la Bible elle-même est une bibliothèque plurielle, fruit de réécritures successives et de transmissions toujours réinterprétées. Ses lectures du Déluge, de Babel ou du premier Temple révèlent un entrelacs où l’héritage mésopotamien s’inscrit dans une exigence nouvelle, éthique et spirituelle. Pour nous, francs-maçons, cette perspective est capitale : elle enseigne que la parole révélée ne peut être fixée dans un dogme, qu’elle est une respiration permanente, une invitation à réinventer la tradition à la lumière du présent.

Michel Meley
Le Convent de Lausanne
Le Convent de Lausanne

Michel Meley, président du Grand Conseil de la Fédération française du Droit Humain et membre du Suprême Conseil de l’Ordre, inscrit ce dossier dans le temps long de l’histoire maçonnique. Son étude sur le Convent de Lausanne éclaire l’événement fondateur de 1875 comme une tentative d’universalité, à la fois ambitieuse et inachevée, où se joua la tension entre unité et liberté. En revisitant ses décisions et ses suites, il souligne combien cette quête demeure actuelle : dépasser les exclusions, respecter la diversité des approches spirituelles, et bâtir une maçonnerie fidèle à son esprit universel. Ses pages résonnent comme un appel à l’union dans la fraternité, au-delà des querelles dogmatiques, et rappellent que l’initiation véritable est toujours un travail de concorde.

Pierre-PELLE-LE-CROISA
Pierre Pelle Le Croisa
Mythes héroïques bibliques maçonniques Babel dans tous ses états


Pierre Pelle Le Croisa, auteur prolifique et passeur infatigable, retrace la présence des personnages mythiques dans la franc-maçonnerie. Ces figures – héros antiques, chevaliers, sages et initiés – sont autant de miroirs de l’âme maçonnique. Ils nous apprennent à lire nos propres épreuves et nos renaissances dans le grand livre de l’imaginaire. L’érudit, mais aussi le conteur, nous invite à reconnaître dans ces archétypes les jalons de notre chemin intérieur.
Jacques Samouelian, philosophe du langage, poursuit quant à lui une méditation sur le muthos et le logos. Sa réflexion nous rappelle que la franc-maçonnerie n’oppose pas la raison au récit, mais les marie en une alliance féconde. Le logos éclaire, le mythe fonde : ensemble, ils dessinent la voie initiatique où le discours rationnel ne détruit pas l’imaginaire, mais le porte à une vérité plus haute.
Nadine Wanono, anthropologue et cinéaste, nous transporte vers les cosmogonies dogons, où l’homme, la nature et le cosmos sont liés par des récits transmis oralement. Ses recherches nous font entendre d’autres voix, d’autres rythmes, d’autres visions du sacré. Par son regard, la revue s’élargit aux sagesses africaines, qui dialoguent avec les mythes bibliques, grecs ou maçonniques, pour composer une symphonie véritablement universelle.
Autour de ces grandes figures gravitent d’autres contributions qui élargissent encore le
champ : la moralisation du mythe des sirènes rappelle combien l’imaginaire peut servir d’éducation spirituelle ; les contes soufis révèlent la multiplicité des sens cachés, toujours porteurs d’énigmes et d’éveil ; Wagner incarne l’alliance de l’art et du mythe, où la musique sublime la légende ; l’ésotérisme des contes de fées dévoile les initiations cachées derrière les récits de l’enfance ; des méditations littéraires comme La dentelle de Clotaire ou L’autre Alice prouvent que le mythe s’invente encore aujourd’hui, dans de nouvelles formes d’écriture.
Ainsi se compose une véritable cathédrale de papier. Les auteurs ne livrent pas seulement des analyses : ils offrent des clefs, ils transmettent des flammes. Thomas Römer et sa philologie biblique, Pierre Pelle Le Croisa et son érudition maçonnique, Jacques Samouelian et sa philosophie du langage, Michel Meley et sa profondeur initiatique, Annick Drogou et sa rigueur, Nadine Wanono et sa connaissance des traditions orales, forment ensemble une constellation où se rejoignent l’Orient et l’Occident, l’Antiquité et la modernité, la science et l’art.

Chemins de Traverse N°3
Chemins de Traverse N°3

Ce numéro de Chemins de Traverse nous enseigne que les mythes ne sont pas derrière nous mais en nous. Ils sont les pierres vivantes de notre édifice intérieur, les récits qui nous façonnent et nous guident. Les lire, c’est recevoir une lumière, mais c’est aussi se préparer à la transmettre, afin que la chaîne d’or de la mémoire continue de vibrer dans le temple invisible de l’humanité. Plus qu’un dossier, cette revue est une initiation silencieuse, un compagnonnage spirituel. Elle nous rappelle que la franc-maçonnerie, par ses rituels et ses symboles, n’est rien d’autre que la réactualisation de cette parole mythique universelle, afin que chacun, homme ou femme, croyant ou libre chercheur, puisse apporter sa pierre à la construction d’un temple de fraternité.
Chemins de Traverse – Mythes, Contes et Légendes
Revue Maçonnique de la Fédération française du Droit Humain
Éditions Numérilivre, N°3, juillet 2025, 88 pages, 22,00 €
Éditions Numérilivre, le site

BRÉSIL : La session solennelle réaffirme l’engagement de la franc-maçonnerie en faveur d’une société juste et égalitaire

De notre confrère brésilien feiradesantana.ba.leg.br

La mission émancipatrice de la Franc-Maçonnerie, notamment en ce qui concerne la lutte pour la promotion de la démocratie et le maintien de la liberté d’expression, a été soulignée par Gilson José dos Santos Silva, Maître de la Loge Luz da Princesa. Il était l’orateur lors de la cérémonie solennelle commémorant la Journée de la Franc-Maçonnerie, ce mercredi 20 au soir. L’initiative en a été prise par le conseiller municipal Silvio Dias (PT), qui a présidé la cérémonie et souhaité la bienvenue aux invités, aux côtés des conseillers municipaux José Carneiro Rocha et Josivaldo Santana, tous deux d’União Brasil.

Grand Orient du Brésil
Grand Orient du Brésil

Pour Gilson, la fraternité serait le mot idéal pour inaugurer la célébration de cette journée, compte tenu de l’histoire même de la Franc-Maçonnerie, qui unit tous ses membres comme des frères. « Nous existons pour lutter pour le bien de la société », a-t-il déclaré, rappelant que la Charte de Bologne de 1248, considérée comme le plus ancien document de l’institution, énonce les droits et les devoirs de chaque Franc-Maçon « pour une société plus juste et plus égalitaire », a-t-il souligné, soulignant que cette date est festive, mais surtout propice à la réflexion.

« Nous devons nous rappeler à tout moment qu’il y a des gens qui ont faim et soif »

a-t-il ajouté.

Le rôle de la franc-maçonnerie a également été souligné par Oscimar Alves Torres, Sérénissime du Grand Orient du Brésil (GOB), qui a plaidé pour une réflexion et un dialogue sur l’orientation de la politique, de l’économie, de l’administration publique, de la santé et de l’éducation.

« Nous nous sommes concentrés sur dix axes stratégiques, car nous comprenons que le pays a besoin de ce mouvement »

a-t-il souligné. Rappelant les enseignements reçus lors de son apprentissage, Oscenir a déclaré que la franc-maçonnerie est une école qui forme des hommes meilleurs.

Pour le lieutenant-colonel Michel Guimarães Muller, commandant du CPRL (Commandement de la Police Régionale de l’Est), les dogmes prêchés par la Franc-Maçonnerie ne se limitent pas à des textes, mais se traduisent en actes, visant à réaliser des transformations concrètes. « Nous sommes, en réalité, les acteurs de ce processus », a déclaré l’officier de police militaire et franc-maçon, prônant une promotion efficace et des changements dans la vie des autres. « J’ai entendu un jour un prêtre dire que la parole de Dieu doit être prêchée non seulement avec la bouche, mais surtout avec les mains », a souligné le colonel Muller.

LIBERTÉ, ÉGALITÉ ET FRATERNITÉ : LES PILIERS MAÇONNIQUES

« La Franc-maçonnerie, c’est avant tout se battre pour nos convictions », a déclaré le conseiller municipal Silvio Dias, saluant les invités présents en séance plénière et dans la galerie de la Casa da Cidadania, soulignant que les Francs-maçons ne recherchent pas la gloire, mais la construction de ponts, la connaissance, la fraternité et l’espoir. « Et c’est précisément pour cela que nous sommes ici : pour affirmer que l’héritage maçonnique est présent dans la vie de notre ville, pour soutenir les plus démunis, pour défendre la liberté de pensée et pour s’engager pour un avenir plus juste et plus humain », a-t-il ajouté.

Rappelant que cette date a été créée à l’initiative de l’ancien conseiller municipal Antônio Francisco Neto, dit Ribeiro, aujourd’hui décédé, Silvio Dias, également franc-maçon, a souligné que la franc-maçonnerie est une institution universelle et laïque, présente dans différents pays, cultures et langues. « Une institution qui a traversé les générations et les frontières et dont l’essence réside dans les principes de liberté, d’égalité et de fraternité », a-t-il déclaré. Ces piliers, a-t-il expliqué, sont les valeurs qui guident les pas de ceux qui choisissent de consacrer leur vie au développement personnel et au service de la société.

Le conseiller a également souligné la présence « remarquable et historique » de la franc-maçonnerie à Feira de Santana, contribuant discrètement mais efficacement au renforcement de la citoyenneté, de la justice sociale, de la solidarité et du bien commun.

« Célébrer la Journée de la franc-maçonnerie dans cette maison est une reconnaissance de l’importante contribution de la franc-maçonnerie aux habitants de Feira de Santana et une reconnaissance des efforts des hommes et des femmes qui, inspirés par les idéaux maçonniques, se consacrent au bénévolat, à la philanthropie, à l’éducation et au renforcement de la démocratie »

a-t-il souligné.

Au cours de la cérémonie, ont été honorés : les francs-maçons Gilson José dos Santos Silva et Ademilson José de Santana, tous deux de la Loge Luz da Princesa ; Gilberto Ferreira de Almeida Júnior, Loge du Temple d’York ; Marcos Antônio Pedreira Araújo, Loge Étoile de la Paix ; Hélio Ferreira de Jesus, Loge Secret, Force et Alliance ; et Silvio Dias, qui a reçu l’honneur des mains d’Elizeu Jesus de Souza, représentant les Loges Régulières de Feira de Santana. La Table d’Honneur était composée de Edson Missias Santos Borges, représentant de la Grande Loge Maçonnique de l’État de Bahia (GLEB) ; Airton Cerqueira Silva Neto et Oscimar Alves Torres, respectivement représentants du Grand Orient de Bahia et du Brésil ; Gilson José dos Santos Silva, intervenant de la soirée ; et le colonel Muller, commandant du CPRL.

La Lumière de la Transmission

Lire La Lumière de la Transmission d’Olivier Chebrou de Lespinats, c’est s’avancer dans un temple de mots où la flamme initiatique se transmet avec la gravité d’un serment et la douceur d’un souffle.

La Lumière de la Transmission
La Lumière de la Transmission

Ce livre ne se contente pas d’exposer une doctrine ou d’empiler des considérations, il nous convie à une véritable expérience intérieure où la transmission apparaît comme l’axe secret de l’Art Royal, son cœur battant, son sens ultime. Rien ici ne relève de la répétition mécanique ni du savoir figé. Chaque page porte la trace d’un engagement, celui d’un homme qui a fait de la fidélité à la lumière reçue et donnée une mission de vie, un acte de foi et une offrande d’amour.

Stéphane Bern
Stéphane Bern

Humaniste spiritualiste et chevalier du XXIᵉ siècle, Olivier Chebrou de Lespinats a consacré plus de trente-cinq années à l’étude des rites et des symboles, qu’ils soient ésotériques, mystiques, spirituels ou psychologiques. Historien reconnu, il publia des travaux remarqués sur l’histoire des Haras, qui lui valurent le Prix « Spécial Haras Nationaux » et la nomination, en 2005, comme Historien du Cheval, distinction qui le conduisit à participer à l’émission de Stéphane Bern consacrée à Marengo, le cheval de Napoléon. Passionné par l’histoire chevaleresque, il s’attacha à l’Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem, auquel il consacra plusieurs ouvrages qui reçurent en 2019 le Prix « Réginald Attard ». Directeur de la revue Le Messager de la Croix Verte, il poursuivit une recherche sur les continuités spirituelles et humanistes des ordres chevaleresques et hospitaliers. Son parcours fut couronné par la Médaille d’Or de la Renaissance Française pour sa contribution à la culture et à la francophonie, par la Médaille de la Défense Nationale, par la Médaille d’Or pour acte de courage et par la Médaille d’Honneur et de Reconnaissance du patriarche d’Antioche et de Jérusalem. Autant de distinctions qui disent la densité d’une vie placée sous le signe de la culture, du service et de la fraternité. Historien, ésotériste et spiritualiste chrétien, il est aussi un témoin de la chevalerie vivante, une incarnation contemporaine de l’idéal ancien de service et de transmission.

C’est de cette fidélité que naît La Lumière de la Transmission, livre qui se déploie comme une fresque initiatique autour d’un thème cardinal : transmettre. Non pas seulement transmettre des gestes et des mots, mais transmettre la vie d’une tradition, une lumière qui éclaire et transforme. La transmission est ici présentée comme l’acte par excellence de l’initié. Elle n’est pas la simple conservation d’un héritage, elle est renaissance perpétuelle, recréation, offrande de responsabilité et de fraternité. Elle plonge ses racines dans la chaîne des bâtisseurs opératifs, ces maîtres de pierre qui savaient que la géométrie sacrée est autant un langage de l’âme qu’un art de la construction. Elle se prolonge dans la Maçonnerie spéculative qui fit de la pierre brute, du compas et de l’équerre des outils pour édifier l’homme intérieur, pour polir sa propre matière et en tirer une clarté nouvelle.

La Lumière de la Transmission
La Lumière de la Transmission

Mais Olivier Chebrou de Lespinats rappelle avec force que la transmission est avant tout humaine. Elle vit dans la rencontre de l’initiateur et de l’initié, dans le dialogue silencieux d’un regard, d’un geste, d’une main tendue. Elle se nourrit de l’exemplarité des Maîtres qui, par leur attitude plus encore que par leurs paroles, incarnent les valeurs de l’Ordre et deviennent des repères vivants. Elle s’enracine dans la fraternité, cette solidarité intergénérationnelle qui fait de la loge une famille spirituelle où chacun est à la fois élève et maître, réceptacle et source. Transmettre, c’est aimer, et aimer, c’est donner sans rien attendre en retour, dans la gratuité du cœur.

L’auteur déploie ensuite une méditation sur les outils de cette transmission : les rituels, les symboles, les planches, les instructions. Chaque élément est décrit comme une alchimie subtile où la répétition des formes n’est jamais mécanique mais transformatrice. Le rituel devient miroir, le symbole devient clé, la planche devient offrande, l’instruction devient accompagnement. Tout concourt à éveiller l’initié à une vérité qui ne se dicte pas mais se découvre dans le silence, dans la lenteur, dans l’intimité de la conscience éveillée.

Plus profondément encore, le livre nous conduit à voir que la transmission est un processus d’éveil et d’évolution. Recevoir, c’est descendre dans son obscurité pour y découvrir la lumière intérieure. C’est polir la pierre brute de son être pour s’ouvrir à l’harmonie du Soi. C’est franchir les étapes d’une spirale infinie où la maîtrise n’est pas une fin mais un seuil, une promesse d’approfondissement toujours renouvelée. La transmission est ainsi une voie d’intégration, une célébration de la liberté, une maturation intérieure qui se déploie dans une fraternité collective, une ascension partagée vers l’Être.

Enfin, Olivier Chebrou de Lespinats ne se dérobe pas aux défis de notre temps. Dans un monde pressé, marqué par l’instantanéité et l’omniprésence technologique, il nous interroge : comment préserver l’essence initiatique, qui exige lenteur, intériorité et silence, sans se couper de l’époque ? Comment dialoguer avec les nouveaux outils, jusqu’à l’intelligence artificielle, sans réduire l’initiation à un simple flux d’informations ? Sa réponse est celle de l’équilibre : adapter sans trahir, ouvrir sans perdre l’âme, faire de la transmission non pas un vestige mais un levier pour l’avenir, un phare qui éclaire encore plus fort dans le tumulte du monde.

La Lumière de la Transmission
La Lumière de la Transmission

La Lumière de la Transmission est donc bien plus qu’un traité maçonnique. C’est un miroir tendu à chacun de nous. En le lisant, nous ressentons la gravité d’une responsabilité : recevoir pour donner, apprendre pour enseigner, s’élever pour élever. Ce livre résonne comme une planche fraternelle adressée à tous les initiés, mais aussi comme une prière silencieuse à l’humanité tout entière. Il rappelle que transmettre n’est pas un devoir administratif ni un héritage muséifié, mais un acte d’amour, un service rendu à l’humanité et une fidélité à la lumière qui ne s’éteint jamais.

Alors, laissons ces pages s’éteindre comme les cierges d’un Temple après l’ultime batterie, non dans l’ombre d’un silence mort mais dans la résonance d’une clarté intérieure. Ce livre nous aura conduits pas à pas du profane vers l’initié, de la parole reçue à la parole donnée, de la lumière empruntée à la lumière offerte. En refermant l’ouvrage, nous n’éteignons rien, nous rouvrons en nous un espace de veille et d’espérance, une chambre secrète où le feu sacré continue de brûler.

Il y a, dans cette méditation, l’écho d’un appel discret : soyons des passeurs, des gardiens du fil invisible qui relie les âmes à travers les âges. Ce que nous avons reçu n’est pas à posséder, mais à transmettre, comme l’eau d’une source qui ne cesse de couler. Transmettre, c’est participer à l’éternité, c’est inscrire son souffle dans la grande respiration de l’humanité, c’est poser une pierre vivante dans la cathédrale invisible qui s’élève de siècle en siècle.

Olivier de Lespinats
Olivier de Lespinats

Et quand les maillets se taisent et que les colonnes se vident, il nous reste cette certitude : la lumière confiée à nos mains ne s’éteint pas, elle circule, elle se déplace, elle grandit. Elle est ce lien fraternel qui nous précède et nous survit. Quiconque entre dans cette chaîne n’est plus jamais seul, car il porte en lui l’empreinte d’un héritage immémorial et l’élan d’un avenir à bâtir.

Ainsi, refermer La Lumière de la Transmission, c’est accepter de demeurer soi-même un flambeau. C’est promettre, en silence et avec amour, de remettre aux générations futures la lampe qui nous fut confiée, afin qu’aucune nuit ne soit jamais totale, et que le Temple de l’Esprit se dresse toujours, invisible et immortel, sous les cieux étoilés.

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La Lumière de la Transmission

Olivier C. de LespinatsÉditions L.O.L., coll. Chemin de Lumière, 2025, 178 pages, 11 € – Format Kindle 5 € 

Morphée – Dieu des rêves aux ailes de papillon : une figure mythologique et son écho dans la Franc-maçonnerie

L’expression familière « tomber dans les bras de Morphée », synonyme d’un sommeil profond et réparateur, tire ses racines de la riche mythologie grecque. Morphée, dieu des rêves, fils d’Hypnos (le dieu du Sommeil) et de Nyx (la déesse de la Nuit), incarne un symbole puissant de transition entre le monde conscient et l’inconscient. Porté par des ailes délicates évoquant celles d’un papillon, il glisse silencieusement dans l’obscurité, endormant les mortels d’un simple contact avec une tige de pavot. Au-delà de cette image poétique, le mythe de Morphée résonne profondément dans la tradition franc-maçonnique, où les rêves, les symboles et les voyages intérieurs occupent une place centrale.

Cet article explore l’origine et les significations de ce dieu mythologique, avant de tisser un lien détaillé avec les rituels, les enseignements et les quêtes initiatiques de la franc-maçonnerie.

Morphée dans la mythologie grecque : un messager des rêves

L’aurore réveille Morphée de Bartolomeo Altomonte (1769)

Morphée apparaît dans les récits grecs comme l’un des nombreux fils d’Hypnos et Nyx, une lignée issue des forces primordiales du chaos. Selon La Théogonie d’Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.), Hypnos réside dans une caverne obscure près du fleuve Léthé, entouré de ses fils, les Oneiroi (dieux des rêves), dont Morphée est le plus célèbre. Son nom, dérivé du grec morphe (« forme » ou « figure »), reflète sa capacité unique à prendre l’apparence humaine dans les songes, permettant aux dieux de communiquer avec les mortels. Ovide, dans ses Métamorphoses (Ier siècle ap. J.-C., Livre XI), raconte comment Morphée, sur ordre de son père, endort et inspire des visions à des figures comme Alcyone, veuve d’un marin perdu, en lui révélant la vérité sous forme de rêve.

Doté d’ailes de papillon – symboles de transformation et de légèreté –, Morphée se distingue par sa douceur. Il utilise une tige de pavot, plante associée au sommeil et à l’oubli, pour plonger les humains dans un état de repos profond. Cette image, amplifiée par l’art classique (comme les fresques de Pompéi ou les statues hellénistiques), en fait un messager entre les mondes, reliant la réalité tangible aux royaumes oniriques. Les rêves, dans la culture grecque, étaient considérés comme des portails vers des vérités cachées, un thème que les philosophes comme Platon (La République, Livre IX) ont exploré, voyant en eux des reflets de l’âme.

Le symbolisme de morphée : transformation et introspection

Morphée, peint par Jean Bernard Restout

Le papillon, avec son cycle de métamorphose (chenille, chrysalide, papillon), incarne une renaissance spirituelle, un motif universel repris dans de nombreuses traditions. Le pavot, quant à lui, évoque non seulement le sommeil, mais aussi l’oubli et la mort symbolique, des concepts liés aux mystères initiatiques. Morphée, en tant que guide des rêves, devient une figure de transition, facilitant l’accès à une connaissance intérieure. Cette dualité – sommeil comme repos et sommeil comme révélation – enrichit son mythe, le plaçant au croisement de la vie et de l’au-delà.

Morphée et la Franc-maçonnerie : un lien symbolique profond

Morphée s’éveillant à l’approche d’Iris par René-Antoine Houasse (1690)

La franc-maçonnerie, avec ses rituels et ses symboles, trouve dans le mythe de Morphée une résonance puissante, notamment à travers les thèmes de l’introspection, de la transformation et de la quête de lumière. Bien que Morphée ne soit pas explicitement mentionné dans les textes rituels officiels, son influence se manifeste dans les métaphores et les enseignements maçonniques, particulièrement dans les loges opératives et spéculatives.

1. Le Sommeil Initiatique : Une Porte Vers la LumièreDans les cérémonies maçonniques, le sommeil est un symbole récurrent. Lors de l’initiation, le candidat est symboliquement « endormi » – les yeux bandés – avant d’être conduit vers la lumière de la loge. Cette étape évoque le toucher de Morphée, qui plonge les mortels dans un état de repos préalable à une révélation. Comme Morphée guide les rêves, les maîtres de la loge guident l’initié à travers des visions symboliques (la pierre brute, l’équerre, le compas) pour l’éveiller à une nouvelle compréhension de lui-même. L’ouvrage Symbolisme maçonnique de Jules Boucher (1948) note que ce sommeil initiatique représente une « mort symbolique », prélude à une renaissance spirituelle, un parallèle direct avec la métamorphose du papillon de Morphée.

2. Les Rêves comme Outils de Réflexion : Les rêves, domaine de Morphée, sont valorisés en franc-maçonnerie comme des espaces de réflexion intérieure. Les planches – travaux philosophiques présentés en loge – encouragent les membres à explorer leurs pensées profondes, souvent inspirées par des songes ou des méditations. Cette pratique rappelle les visions oniriques que Morphée instillait, servant de pont entre l’inconscient et la conscience. Dans le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), les hauts grades, comme le 18e degré (Chevalier d’Orient), utilisent des récits mythiques pour stimuler l’imagination, un écho aux messages divins transmis par Morphée dans la mythologie.

3. Les Ailes de Papillon : Symbole de TransformationLes ailes de papillon de Morphée trouvent un écho dans le symbole maçonnique de la transformation personnelle. Le travail initiatique consiste à « tailler sa pierre brute » pour en faire une « pierre cubique », une métaphore de l’évolution spirituelle. Cette idée de métamorphose s’aligne avec le cycle du papillon, souvent représenté dans les décors maçonniques comme un signe de régénération. Des études de Jean-Pierre Bayard (Symbolisme maçonnique des hauts grades, 1982) montrent que les papillons apparaissent dans certaines loges comme emblèmes de l’âme s’élevant vers la perfection, renforçant le lien avec Morphée.

Morphée et Iris, de Pierre Narcisse Guérin, 1811 Musée de l’Ermitage

4. Le Pavot : Entre Sommeil et Sagesse : Le pavot, attribut de Morphée, est également un symbole puissant en franc-maçonnerie. Associé à l’oubli des passions profanes et à la quête de sagesse, il est parfois représenté dans les décors de loges ou les tenues des initiés. Dans le contexte des mystères anciens, repris par les maçons, le pavot évoque les initiations d’Éleusis, où les participants consommaient des substances pour accéder à des visions spirituelles. Cette connexion souligne l’idée que le sommeil – induit par Morphée – est un état propice à la révélation, un thème central dans les degrés d’apprenti et de compagnon.

5. Morphée comme Guide Initiatique : Morphée, en tant que messager des dieux, peut être vu comme une figure du « guide intérieur » que la franc-maçonnerie encourage à cultiver. Les initiés sont invités à écouter leur voix intérieure, souvent révélée dans des moments de méditation ou de silence, similaires aux rêves suscités par Morphée. Cette quête d’éveil spirituel est au cœur des enseignements maçonniques, où l’initié progresse des ténèbres à la lumière, un parcours parallèle à celui des mortels endormis par Morphée qui reçoivent des visions divines.

Morphée dans le contexte contemporain : une résonance actuelle

Aujourd’hui, le mythe de Morphée trouve un écho dans les débats sur l’intelligence artificielle et les rêves artificiels. Morphée, en tant que maître des rêves, pourrait symboliser cette interface entre l’humain et la machine, où les songes deviennent des algorithmes. En franc-maçonnerie, cette réflexion invite à interroger la nature de la connaissance : les rêves, naturels ou artificiels, restent-ils des outils de sagesse ?

Une figure intemporelle pour une quête universelle

Morphée, avec ses ailes de papillon et sa tige de pavot, transcende son rôle de dieu des rêves pour devenir une métaphore de transformation et d’illumination. Dans la franc-maçonnerie, il inspire les initiés à plonger dans les profondeurs de leur âme, à travers le sommeil symbolique et les visions intérieures, pour émerger transformés. Comme les papillons qui s’élèvent après leur chrysalide, les maçons, guidés par des figures comme Morphée, poursuivent une quête éternelle de lumière et de perfection. Ce lien mythique enrichit les rituels et les enseignements, rappelant que les rêves, qu’ils soient divins ou personnels, sont des ponts vers une sagesse universelle.

Sources documentées :

  • Hésiode, La Théogonie, VIIIe siècle av. J.-C.
  • Ovide, Métamorphoses, Livre XI, Ier siècle ap. J.-C.
  • Platon, La République, Livre IX, IVe siècle av. J.-C.
  • Boucher, Jules, Symbolisme maçonnique, 1948.
  • Bayard, Jean-Pierre, Symbolisme maçonnique des hauts grades, 1982.
  • Études mythologiques : Graves, Robert, The Greek Myths, 1955.
  • Contexte contemporain : Flyer des Entretiens d’Été 2025, Collège Maçonnique.

Quand la Grande Loge Féminine de Roumanie condamne avant le procès

Une convocation transformée en exposition publique

Le 24 août 2025, la page officielle Marea Loja Feminina a Romaniei a publié sur Facebook une convocation adressée à l’une de ses sœurs, Ionela Cuciureanu. Le document, daté du 1er août et signé par Daniela Popa, présidente de la Chambre de justice, l’invite à comparaître le 30 août devant le tribunal maçonnique de l’Obédience.

Mais au-delà du texte lui-même, déjà problématique par sa mise en ligne, c’est le titre de la publication qui a sidéré :

« Grandeur et décadence !
 Chancelière de devenir une accusée comme l’amour fraternel est mal compris ! »

Un intitulé solennel, presque théâtral, qui jette l’opprobre sur Ionela avant même que son procès ne s’ouvre. Ce choix de mots, publié sur un canal officiel, s’apparente à une condamnation publique anticipée et transforme une sœur en symbole de déchéance.

Une sentence avant l’audience

La lettre rappelle qu’Ionela est suspendue de toutes ses activités maçonniques depuis le 9 juin 2025, soit trois mois avant son procès. L’association de cette suspension à un commentaire cinglant publié sur la page officielle constitue une atteinte manifeste à sa réputation.

Ce qui devrait relever d’une procédure interne et confidentielle est exposé sur la place publique, accompagné d’un jugement de valeur qui fragilise définitivement la présomption d’innocence.

L’humiliation publique comme méthode

Dans la tradition maçonnique, la justice interne vise à préserver la dignité de chacun, même lorsqu’il existe des désaccords profonds. Ici, le procédé inverse est adopté : la convocation est présentée comme une pièce à conviction pour la foule, et le titre de la publication agit comme une sentence morale.

En qualifiant Ionela de figure de « décadence », la Grande Loge Féminine de Roumanie dépasse largement le cadre de l’information interne. Elle procède à une stigmatisation personnelle devant un public profane, ce qui est en totale contradiction avec les principes de discrétion, de respect et de fraternité.

Réactions : un rejet massif

La publication a déclenché un torrent de critiques, en Roumanie comme à l’étranger. Les voix s’élèvent d’une même tonalité :

  • Cette affaire aurait dû rester strictement interne, afin de ne pas nuire à l’image de l’Ordre.
  • Publier un document nominatif, à charge, avant toute décision est jugé « inadmissible », contraire au principe du contradictoire.
  • Plusieurs rappellent qu’une convocation n’est pas un jugement : la rendre publique, accompagnée d’accusations graves, constitue une violation de la dignité et de la présomption d’innocence.
  • D’autres encore dénoncent un traitement dégradant, contraire aux lois du pays comme aux règles maçonniques, notamment l’interdiction de dévoiler l’identité des membres impliqués dans une procédure interne.

En somme, le choix de rendre cette convocation publique est perçu non comme un acte de transparence, mais comme une dégradation volontaire d’une sœur et une faute institutionnelle.

Le profil de la sœur : une voix libre et engagée

Ionela Cuciureanu

Au-delà du prisme de son statut disciplinaire, il est essentiel de souligner le parcours remarquable de cette sœur, figure respectée dans plusieurs cercles maçonniques internationaux.

Elle est l’auteure et animatrice d’un blog dédié à la réflexion critique sur la franc-maçonnerie, l’art et la société. Ce blog, espace de libre-pensée maçonnique, rassemble articles, interviews, symbolisme et actualités internationales, toujours sous une plume engagée, sensible et érudite Hermana Spes.

Par ailleurs, elle occupe désormais la fonction de Secrétaire Générale du CLIPSAS, la Confédération maçonnique libérale internationale, ce qui fait d’elle une personnalité centrale sur la scène maçonnique mondiale g-o-s.org.

Sa convocation publique ne touche donc pas une inconnue, mais une sœur engagée, dont la légitimité intellectuelle et institutionnelle était reconnue par ses pairs.

Le regard du droit roumain et européen

En Roumanie, la diffamation est dépénalisée depuis 2014, mais une personne dont l’image est salie publiquement peut saisir un tribunal civil et obtenir réparation pour préjudice moral. Dans ce cas précis, Ionela pourrait invoquer non seulement la diffusion de la convocation, mais aussi le libellé dénigrant qui l’accompagnait.

La jurisprudence européenne est claire : l’absence d’intérêt public manifeste rend ce type de publication disproportionnée et attentatoire à la réputation.

Une fracture irréversible

En choisissant de publier la convocation d’Ionela sous le titre provocateur « Grandeur et décadence », la Grande Loge Féminine de Roumanie a franchi une limite : celle qui sépare la justice fraternelle du procès médiatique humiliant.

Cette atteinte à l’image d’une sœur dépasse le cadre du droit maçonnique : elle s’inscrit dans une logique de discrédit public, contraire tant à l’éthique de l’Ordre qu’aux droits fondamentaux de la personne. Ionela devient, malgré elle, le symbole d’une dérive où l’amour fraternel, au lieu d’être protégé, est ouvertement tourné en dérision.

Les nœuds de la Franc-maçonnerie

Commençons par tisser ce propos avec la notion de corde. Puis, pour illustrer ce thème, je vous propose de nous attarder sur un décor de la loge, la corde à nœuds et ses lacs d’amour, puis sur ce que peut-être l’incarnation de cette corde, la chaîne d’Union, et un de ses effets sur l’égrégore.

La vie de l’enfant commence par une coupure du cordon ombilical, séparant son corps de celui de sa mère. La Franc-maçonnerie, quant à elle, n’aura de cesse, à travers ses symboles, de nouer un lien entre l’initié et sa loge mère (ou toute autre loge où il s’affiliera). Si la cérémonie d’initiation est une nouvelle naissance, elle ne sépare pas, elle serait plutôt une intégration dans une matrice fraternelle. Le nœud y représente particulièrement ce lien.

La corde sert à la fois de règle et de compas sur le terrain.

Dans les opérations d’arpentage, les mesures sont prises au moyen d’une corde, parfois nouée, qui fournit des dimensions en même temps que des rapports de proportion.

Les Égyptiens étaient de grands fabricants de cordes auxquelles ils attribuaient une grande valeur. Sur l’exemplaire du Livre des Morts commandité par le scribe Hounefer (1370 av. J.C.), on peut voir des objets évoquant les fonctions du scribe parmi lesquelles des cordes. Avait-il été aussi harpédonapte [arpenteur et géomètre dans l’Égypte ancienne] ? Ou bien les cordes ne servaient-elles qu’à tirer la barque funéraire comme on le voit ci-dessous.

On retrouve également l’usage de cordes à nœuds dans les civilisations anciennes. Les Incas, par exemple, utilisaient des assemblages de cordes à nœuds, appelés kippus, pour coder et conserver toute sorte de connaissances, des simples comptes aux rituels et repérages astrologiques.

La corde est directement liée à la franc-maçonnerie opérative où elle était un outil de mesure pour les apprentis qui ne savaient ni lire, ni écrire. Tous les apprentis disposant d’une telle corde pouvaient tracer et mesurer au moyen du même échelon de base, des tracés qui faisaient apparaître les relations entre les mesures et la valeur des angles qui en résultaient.

L’emploi du cordeau, tel en usage au XVIIe siècle, est rapporté entre autre par Sébastien Le Clerc dans son Traité de géométrie de 1690.

Et tout d’abord sa description : «Le cordeau peut être simple et de telle longueur qu’on voudra, mais, étant divisé, il est de dix toises pour l’ordinaire, et les divisions y sont marquées par des nœuds faits de six pieds en six pieds, c’est-à-dire de toises en toises.» La valeur de cette mesure au moment où Le Clerc publie son ouvrage est celle de la «toise du Châtelet», soit approximativement 1,949 m.

Et voici comment se traçait un angle droit.

On peut se poser la question pourquoi ne pas avoir utiliser la corde à 13 nœuds, donnant 12 intervalles réguliers, qui permet aussi de tracer un triangle rectangle ?  L’association de cet outil à la géométrie permet si facilement de construire un angle droit en remplacement de l’équerre, sur la base du fameux théorème de Pythagore selon lequel la somme  des carrés des côtés de l’angle droit est égale au carré de l’hypoténuse. Ce lien entre un fait géométrique, l’angle droit, et une relation de mesure des côtés du triangle, était déjà bien connu des Babyloniens, 2 000 ans av. J.-C., idem chez les égyptiens qui se seraient servis d’une corde à 13 nœuds pour tracer des angles droits.
Ces 12 sections eussent été bien plus pratiques à utiliser qu’un système décimal, puisqu’au niveau du calcul, il est plus aisé de diviser 12 par 2, 3, 4 et 6 alors que 10 ne se divise que par 2 et 5. Ainsi munis de cette bonne équerre, les harpédonaptes (les arpenteurs) pouvaient reconstituer chaque année les limites des champs rectangulaires que les crues du Nil avaient fait disparaître en apportant le limon fertile.

Ne manquez pas de consulter L‘art de bâtisseurs romans, cahier de Boscodon n° 4

Dès lors qu’il était question d’établir les plans d’un édifice sacré, on retrouve l’utilisation d’un cordeau. En fait, la corde est le premier outil dont on se sert sur le terrain, au moment où l’on trace la délimitation des fondations. C’est donc un symbole initiateur. Dans un certain sens, la corde était la représentation d’une structure, d’un principe supérieur, qui lie le monde physique au monde spirituel. Le cordeau avait pour fonction de maintenir, dans le cadre de l’orientation, les différents éléments ordonnés de la construction. Dans la plupart des traditions, le cordeau était tendu entre quatre piliers correspondant aux quatre directions de l’espace, chacun des côtés figurait trois signes du zodiaque, conformément à la représentation que les anciens astrologues donnaient à l’univers. Le cordeau définissait ainsi un cadre cosmique qui fixait sur terre la projection de l’ordre universel, ce que les alchimistes appellent un rite de fixation ou de coagulation du monde céleste dans le monde terrestre. Une fois la construction achevée, il convenait de conserver à l’intérieur de l’édifice ce cadre à partir duquel le monde d’en haut était venu engendrer le monde d’en bas. Une corde, entre le sol et le plafond, symbolisait alors l’origine céleste de l’édifice, parfois une frise, la remplaçait.

Dans la loge maçonnique, terminée vers chaque colonne par une houppe,  la corde est un des ornements qui court en frise sur le haut des murs en formant, de distance en distance, des nœuds en huit emblématiques nommés Lacs d’amour, rappelant l’idéogramme de l’infini, la lemniscate, et se trouvant tous au même niveau.

La lemniscate est une courbe plane particulière.

Elle a été étudiée en 1694 par le mathématicien suisse, Jacques Bernoulli. Dans sa forme simple et pure, elle se présente comme un huit couché. Les deux parties du huit sont rigoureusement égales. La lemniscate est une forme de mouvement spiralé à travers lequel s’exprime, de manière spécifique, le mouvement de la vie. Comme la vie, elle est mouvement et centre, et évoque le passage incessant par le centre. C’est peut-être pour cette raison, que traditionnellement, on en a fait le symbole de l’infini. On la trouve sur le chapeau du bateleur, première carte du tarot ; elle n’est pas sans rappeler l’ouroboros, voire le sablier du cabinet de réflexion.
L’existence du centre (ou cœur), par où repasse toujours le mouvement, signifie la reliance à nous-mêmes, à notre intériorité profonde, dans ce qu’elle a de personnel et d’universel à la fois. Sur le plan individuel, les chakras du corps sont des nœuds où se croisent, se concentrent, des énergies essentielles à l’existence. Il y en a d’ailleurs sept, comme les nœuds d’Isis.

Certains y voient la figure héraldique des lacs d’amour.

Lac d’amour est l’autre nom des entrelacs (lacets) formés sur la corde à nœuds symbolisant le plus souvent la chaîne d’union.

Au Moyen Âge le lac d’amour, ou nœud en huit, est d’abord un signe de la véritable et indissoluble amitié, de la foi jurée et donc inaltérable. Ainsi, il fut l’insigne de l’ordre du St Esprit, dit aussi Ordre du nœud, fondé en 1352 par Jeanne de Naples pour le couronnement de son second époux Louis de Tarente. Après, il sera si présent dans la maison de Savoie qu’on l’appellera le nœud de Savoie.  Sur le phylactère noué de la couverture du Livre d’heures de Catherine de Médicis (bru de François 1er, fils de Louise de Savoie) on peut lire : l’amour durable dont les mains jointes resserrent les liens.

Sur les tableaux de loge du 17ème et 18ème siècle, la corde à nœuds surmonte la partie céleste avec seulement deux lacs d’amour, deux entrelacs très lâches, représentations de l’unité divine dans la Création à travers l’Ancienne et la Nouvelle Loi, ce qui permet de les interpréter comme la représentation de la Synagogue et l’Église. Cela montre une conception pour laquelle «le judaïsme est la matrice qui a porté et fait naître le christianisme. C’est avec des catégories de pensée juives qu’il faut rendre compte de l’émergence de ce qui ne sera plus juif tout en prétendant l’être pleinement.» On appelle cela le judéo christianisme

On peut aussi dire que les lacs d’amour sont un symbole d’union, d’amour, de fraternité. Ils sont adoptés par la Franc-Maçonnerie au XVIIIe siècle et, à la même époque, par les compagnons tailleurs de pierre étrangers. Les compagnons de quelques autres métiers l’adoptent à leur tour au XIXe  siècle. Dans tous les cas, avec le même sens que celui de l’héraldique, c’est-à-dire comme symbole d’union et d’amour.

Si vous voulez vous essayer à réaliser un lac d’amour, prenez un bout de corde et conformez-vous au modèle ci-après.

À examiner la corde à nœuds maçonnique, on ne peut ignorer qu’elle se termine par des houppes, des glands effilochés. Contrairement aux cordes modernes en nylon dont on peut brûler les bouts pour l’arrêter, les cordes de chanvre utilisées par nos prédécesseurs ne pouvaient être terminées que par des glands effilochées, des houppes. On attribua à cette partie de corde détressée, tombant de chaque côté des colonnes J et B une signification symbolique que l’on appela des «houppes dentelées». À la malicieuse question de notre bien aimée sœur Annick Drogou, « En entrant dans la loge et la parcourant, en considérant un fil de la houppe de gauche, diriez-vous que ce fil est le même que celui que vous retrouveriez dans la houppe de droite? On serait tenté de répondre : oui, apparemment.
Et pourtant, il n’est plus le même ! Le fil a subi torsion, pour faire corde avec d’autres, il s’est relié dans des alternances de dessus/dessous en des points nodaux pour marquer les liens qui entravent, qui enchainent ou qui unissent et sous ce dernier aspect on les appelle des lacs d’amour, ce motif héraldique qui nous renvoie aux blasons de la veuve de Savoie et des dignitaires de l’Église. Le fil, qui a parcouru le mur sur lequel est posée la corde à nœuds, est donc, sous cet angle, la parabole d’une transformation de soi-même dans la relation aux autres renvoyant par analogie à la taille de la pierre.

Son symbolisme ne s’arrête pas là. Ce fil a connu des histoires que nous avons évoquées  L’histoire des nœuds nous renvoie à l’usage du cordeau donc à la géométrie sacrée et à sa kyrielle d’outils, notamment le compas et l’équerre qui nous renvoient à leur tour vers d’autres approches et d’autres encore qui sont, ainsi, à rassembler dans une dialectique infinie de sens.

Alors, approchons-nous du Nœud

Selon René Guénon, le symbolisme du lien se rattache à celui du fil et du tissage. Le fil du tissage représenterait le Soi qui relie tous les modes d’existence entre eux et aussi les êtres à leur Principe  du point de vue du microcosme (plan humain) comme de celui du macrocosme (plan universel).
Ainsi, le fils, la chaîne ou la corde peuvent se replier sur eux-mêmes pour former des nœuds et des entrelacs. Chaque nœud ou croisement d’entrelacs correspond à un point d’évolution – ou de passage -, qui implique un achèvement ou une mort symbolique à un état pour induire un nouveau commencement ou un nouvel état.

La succession apparente de nœuds ou de points peut s’identifier, du point de vue du Principe, à la simultanéité des états ou modes d’être dans l’univers. Dans le symbolisme du tissage, les fils de chaînes et les fils de trame s’entrecroisent.

Ainsi, dans sa forme, le nœud de Salomon, dont les boucles fermées se croisent à angle droit, rappelle celle du Sceau de Salomon. Ce nœud exprime l’alliance énergétique entre le divin et l’homme.

Et ce sont les points de croisement qui forment l’ensemble du tissu universel. Comme pour les entrelacs, les fils sont comme les lignes de force qui définissent la structure du Cosmos…

Toutefois, l’ambivalence et le double sens inhérents à tous les symboles se retrouvent aussi dans le symbolisme des liens et des nœuds. Du point de vue humain, les liens entravent, enchainent ou unissent…

Ainsi, l’être manifesté (être humain, animal, végétal, et pourquoi pas minéral…) est attaché, prisonnier de ses conditions d’existence et des limites d’une contingence dont il ne peut pas sortir…
Par ailleurs, la connexion établie par un lien (fil, motif tressé, corde, chaîne…) avec les autres états ou modes d’être échappe à chaque être manifesté. Le nœud, qui représente plus particulièrement quelque chose de fixe, est un état ou un moment déterminé, il renforce la signification du lien.
Et si l’attachement – élément ambivalent lui aussi – peut paraître positif envers quelqu’un ou quelque chose, il peut également entraver… et il est parfois nécessaire de s’en affranchir…

Lors de la cérémonie d’initiation, le récipiendaire, sous le bandeau, entend le bruit de chaînes qui tombent avant que la porte ne lui soit ouverte. Ces chaînes sont les gardiennes du seuil. Devenu franc-maçon, il comprendra à quelle invite ce geste l’engage : à se libérer lui-même de ses chaînes, à s’émanciper de ses maîtres mondains, à se passer de l’assentiment du regard de l’autre. La fête juive de Pessah, commémorant la sortie d’Égypte des Hébreux où ils avaient été esclaves, est un paradigme de cette libération.

Si la liberté de conscience est aisée en loge, il faut aujourd’hui beaucoup de courage au prix de la vie (que certains ont donnée, ou plutôt qui leur fut prise) pour porter dans le monde profane le combat pour la liberté de conscience.

Sur le plan individuel ces chemins symboliques peuvent exprimer une évolution spirituelle ou initiatique, qui permet à l’être d’élargir sa propre conscience, grâce à une transmutation de ce qui enchaîne en ce qui unit.

Les anneaux de Borromée tirent leur nom d’une célèbre famille de princes italiens de la Renaissance, les Borromée, qui les adoptèrent comme symbole héraldique. Ils sont gravés dans la pierre de leur château, sur l’une des îles Borromée du lac Majeur. Ce nœud était la représentation des trois ordres où s’illustrèrent les membres de la famille : tiers état, noblesse et clergé.  Ce serait lors d’une visite à cette famille que Lacan aurait découvert leur blason qui lui inspira la figuration des relations entre Réel, Symbolique et Imaginaire connu sous leurs initiales (RSI), faisant disparaître toute idée de suprématie d’un registre sur les autres.

Le nœud borroméen est un nœud emboîtant formant un ternaire (représenté aussi par la triquetra celte) si semblable à la Valknut d’Odin  (avec des triangles à la place des cercles) et signifiant «nœud des guerriers morts au combat».  

Si le Valknut vous intéresse, jetez un coup d’œil sur la vidéo

Parmi les nœuds, n’oublions celui des trois NORNES, déesses vierges celto-druidiques – les tisseuses – qui tissent le destin, symbolisé par le triskèle.
Il y a Urd : la sœur aînée, qui enroule les fils autour du fuseau, donnant ainsi la vie en «créant» littéralement de nouvelles destinées. Verdandi : qui file la laine et choisit la direction que chaque fil de destinée prendra et Skuld : la cadette qui est associée à la mort qu’elle décide en coupant les fils.

On retrouve également des fileuses, dans le mythe d’Er, narré par Platon à la fin de son livre X de La république(617 b). Sous les traits de 3 moires, ces filles de la nécessité sont : Lákhesis, « la Répartitrice », enroulant le fil, qui décide du temps de vie à accorder à chaque être en mesurant le fil de la vie à l’aide d’une verge. Klôthố, «la Fileuse»  chantant le présent. C’est à elle que revient le choix de la date de naissance de chacun. Outre ce pouvoir sur les naissances, il lui appartient aussi de décider si les dieux ou les mortels méritent la vie sauve ou la mort. Enfin Atropos « l’Implacable », qui choisit la forme de la mort et termine l’existence terrestre des mortels en leur coupant le fil de la vie.

Revenons en Franc-maçonnerie. Il est une corde particulière passée autour du cou du récipiendaire lors de son initiation au 1er degré maçonnique.


La préparation d’un récipiendaire à son initiation prévoit qu’il soit ni nu ni vêtu, un bandeau sur les yeux, un pied déchaussé et une corde à son cou qui symbolise tout ce qui retient encore le profane au monde qu’il va quitter.

Le Dumfries Manuscrit n° 4 de 1710 (c’est la date donnée aujourd’hui, mais son contenu est bien plus ancien, entre 1547 et 1553 D. Taillades dans Franc-maçonnerie, l’histoire retrouvée indique que le candidat entrait dans la Loge «la corde au cou» (cable-tow). À la question que lui posait le Maître sur sa signification, il répondait : «pour me pendre si je trahis mon serment». C’est la première mention de ce symbole venant d’une Loge d’Acceptés. La divulgation Les Trois Coups Distincts de 1760 confirme que le candidat, lors de sa cérémonie d’initiation, a une corde au cou. On constate qu’en Angleterre, la corde avait le même usage en 1760 qu’en 1710 : pendre le parjure.  Cependant, cette corde, apparue dans la Maçonnerie française en 1727, avec Les Francs-Maçons Écrasés, avait une autre signification, elle sert à  guider le candidat  dans ses voyages (p. 140 et suivantes, éd. Dervy, 2019).
Au Rite Français Moderne Rétabli,  «une chaîne est passée autour de cou du candidat, nouée sous la gorge, les deux chaînons descendant le long de sa poitrine, avant-bras relevés, ainsi le poids du bras pèse sur le derrière du cou, faisant pression sur la nuque.»
Au Rite Initiatique Traditionnel écossais, lors de l’élévation à la maîtrise, on la retrouve sous l’appellation «corde des métamorphoses». Elle rappelle au futur Maître que de la mort du vieil homme naît à chaque fois un être nouveau, régénéré, métamorphosé. Une explication plus mystique est donnée au RAPMM : «cette corde symbolique n’est autre que l’image du lien fluidique reliant votre forme subtile à l’enveloppe charnelle que la mort matérielle vous a fait quitter.»

Selon le Régulateur du maçon de 1801, le récipiendaire n’a pas de corde au cou.

Pour les rites qui pratiquent ce ritème, retirer la corde du cou du néophyte lors de sa cérémonie d’initiation, c’est le libérer de ses liens artificiels pour lui proposer de s’intégrer librement à la communauté et de devenir un des lacs d’amour.

De-là, la corde symbolise bien le lien de fraternité reliant tous les francs-maçons qui trouve son expression la plus achevée dans la Chaîne d’Union.

Dans la plupart des rites, à la fin de chaque tenue, les francs-maçons forment une chaîne en se tenant par les mains dégantées ; cette chaîne s’élargit idéalement à toute l’humanité. Cette chaîne symbolise tout particulièrement la fraternité qui unit le franc-maçon d’une part avec tous les francs-maçons vivants, d’autre part avec tous ceux qui l’ont précédé et tous ceux qui lui succéderont. Il est à noter que la chaîne d’Union illimitée vers l’avenir, apparaît comme n’ayant, dans le passé d’autre délimitation que le point qui correspondrait à l’origine même de l’espèce humaine. Elle place chaque participant dans la continuité de la Tradition.


Dans le rituel de 1785 adopté par le GODF, la circulation du baiser était systématique à la clôture des banquets qui suivaient toujours les tenues : le Vénérable le donne à son voisin de droite et il lui revient à gauche. Une Chaîne était toutefois formée lors de la 7ème et dernière santé lors de la Chanson de l’Apprenti Entré. Il en était de même dans L’Ordre des Francs-Maçons Trahis (1745) ou dans Les Trois Coups Distincts (1760).
Au REAA, en 1923, la Chaîne d’Union n’est faite que pour recevoir le Récipiendaire du 1er degré ; la chaîne sera intégrée, de façon facultative, à la clôture des travaux en 1962 avec la précision suivante : on quitte la chaîne «après avoir secoué les bras trois fois».

Chaque maçon présent constitue un maillon. Dans une chaîne courte, les francs-maçons croisent leurs bras devant eux et prennent la main gauche de leur voisin de gauche avec leur main droite. Idéalement, elle se pratique bras et jambes écartés, les pieds en contact; chaque franc-maçon est alors une étoile pentagonale reliée aux autres, tous et toutes formant une constellation. Ces étoiles s’animent lorsque les bras se soulèvent par trois fois à l’injonction : Quittons le chaîne!
Dans une chaîne longue, on prend la main droite du voisin de gauche dans la main gauche. Il s’agit toujours du « tenir ensemble ».

Se tenir la main ne suffit pas pour fluidifier l’énergie qui doit couler et traverser chacun, dans le cercle fermé. Ce qui est reçu doit être reversé dans le nœud des mains, rappelant ceux des lacs d’amour de la Houppe dentelée qui en constituent le symbole. En magie, comme en magnétothérapie, la main gauche aspire l’énergie (en supination, càd la paume tournée vers soi), elle est censée la recevoir, tandis que la main droite la dispense en restituant le don (en pronation, la paume de main tournée à l’opposé du visage). Chaque individu peut toujours se recharger en fonction de son propre rythme, pour peu qu’il sache se connecter à une source, qu’elle soit en lui-même ou hors de son corps physique. Dans la Chaîne d’Union, le maçon est comme une pile avec ses polarités. Le cercle fermé, avec les francs-maçons mis en série entre ses sœurs et frères, créé un champ magnétique au centre de la loge où chacun équilibre son énergie sur celle de l’ensemble des participants, «pas par le geste, mais par ce geste, ce geste fait de cette manière, avec cette ardeur, cette envie, cette application… ce respect». Le balancement des bras permet, à la fin de la chaîne, de couper en douceur ce flux, qui trop précipitamment pourrait donner une décharge électromagnétique.
Ce faisant, le cercle ainsi formé par les membres peut symboliser la Fraternité universelle des maçons dans laquelle chaque initié est un maillon de la chaîne, cette multiplication d’anneaux pouvant symboliser «la préservation de l’unité à travers la multiplicité».

Dans la Chaîne d’Union, le Vénérable Maître et le Grand Expert sont toujours l’un en face de l’autre dans l’axe de la Loge ; le Vénérable Maître côté Est, le Grand Expert côté Ouest. Les deux Surveillants encadrent le Grand Expert. Tous les autres membres présents sont répartis indistinctement dans la Chaîne. Lors d’une affiliation ou d’une réintégration, le franc-maçon affilié ou réintégré est placé entre le Grand Expert et le 1er  Surveillant. Lors d’une Cérémonie de Réception, chaque nouvel Apprenti est encadré par deux participants aux travaux.

Pour Bruno Étienne, «la fusion entre tous les êtres les fait participer à la totalité de l’énergie en réunissant le micro et le macro» (B. Étienne, Une voie pour l’Occident, La Franc-maçonnerie à venir, p.267).

Au Rite de Style émulation, la Chaîne d’Union n’est pas matérialisée en se prenant par les mains. Elle réside en fait, à l’ouverture comme à la fermeture des travaux dans les mots «unissez-vous à moi pour ouvrir la Loge…» et «unissez-vous à moi pour fermer la Loge…».

La chaîne d’union peut être utilisée, aussi hors la loge, dans des circonstances particulières d’un repas, d’un enterrement.

Par sa similitude avec la Chaîne d’Union, il convient d’évoquer la chaîne d’alliance réalisée lors de cérémonie rituelle des compagnons opératifs.

Portant leurs couleurs, les compagnons se tiennent par la main en croisant les bras à la façon des maillons d’une chaîne d’union et forment un cercle fermé, semblant tourner dans le sens de la marche du soleil, cercle au milieu duquel se trouvent trois compagnons ou deux compagnons et la Mère, ceux-ci restant immobiles. Le Rouleur chante les Fils de la Vierge, dont le refrain est repris en chœur. Au cours des funérailles, la Chaîne est tenue sans chant, elle est ouverte, symbolisant ainsi le maillon qui vient de se rompre.

C’est au cours de la chaîne d’Union que l’on ressent le plus ce que l’on appelle l’égrégore. En voici quelques rappels de cette notion que vous auriez peut-être déjà lu sur notre journal dans un autre de mes articles

L’Égrégore

Du latin : ex, sortant et de grex, gregis, le troupeau, la foule, et avec la désinence or, «eur» en français, celui qui agit (par exemple : entrepreneur, guérisseur, voleur), l’égrégore serait le fruit actif né de l’action d’une foule.
Mais, du grec : «égrêgorein / egregoros» qui signifie veiller / veilleur, égrégore a deux autres sens : il s’agit d’une part du nom d’anges présents sur le mont Hermon qui s’unirent aux filles de Seth dans les légendes juives, d’autre part d’un concept ésotérique dont la définition approximative est celle d’un «être collectif», une êtreté indépendante.

Le mot apparaît d’abord dans le livre d’Énoch, il y désigne une catégorie d’ange. Ensuite ce sera Éliphas Levi qui utilisera le terme dans son livre Dogme et rituel de la haute-magie, et lui donnera une étymologie latine au lieu de grecque, ce qui engendrera la confusion de sa définition. Une autre notion fut introduite en 1897 dans l’occultisme par le poète Stanislas de Guaita (La Clef de la Magie Noire) concept qui, bien sûr, n’était pas présent dans les textes maçonniques antérieurs. Mais c’est surtout Oswald Wirth qui va donner ses lettres de noblesse à la notion d’égrégore, n’apparaissant ainsi qu’en 1935 en FM.

C’est au médecin Pierre Mabille, compagnon de route du surréalisme, que l’on doit une définition du terme égrégore dans son ouvrage Egrégores ou la vie des civilisations, paru en 1938 : «J’appelle égrégore, mot utilisé jadis par les hermétistes, le groupe humain doté d’une personnalité différente de celle des individus qui le forment. Bien que les études sur ce sujet aient été toujours, ou confuses, ou tenues secrètes, je crois possible de connaître les circonstances nécessaires à leur formation. J’indique aussitôt que la condition indispensable, bien qu’insuffisante, réside dans un choc émotif puissant. Pour employer le vocabulaire chimique, je dis que la synthèse nécessite une action énergétique intense.»

Enfin c’est Jules Boucher qui en donnera une définition explicite en 1948 : «On appelle « égrégore » une entité, un être collectif issu d’une assemblée. Toute assemblée d’individus forme un égrégore. Il y a un égrégore pour chaque religion et « cet égrégore est puissant de toute la force des fidèles accumulée au cours des siècles. De même, pour la Franc-Maçonnerie, chaque Loge possède son égrégore ; chaque Obédience a le sien et la réunion de tous ces égrégores forme le grand Égrégore Maçonnique.»

Le mot est souvent aussi synonyme de forme-pensée, d’émotion-pensante.

Selon Robert Ambelain, dans son ouvrage de 1951, La Kabbale pratique (p.175): « on donne le nom d’égrégore à une force engendrée par un puissant courant spirituel et alimentée ensuite à intervalles réguliers, selon un rythme en harmonie avec la Vie universelle du Cosmos, ou à une réunion d’entités unies par un caractère commun. Dans l’invisible, hors de la perception physique de l’homme, existeraient des êtres artificiels, engendrés par la dévotion, l’enthousiasme, voire le fanatisme, qu’on nomme des égrégores. » 
Daniel Ligou, dans son Dictionnaire universel de la Franc-maçonnerie définissait ainsi l’égrégore en 1974 par un raccourci saisissant : «terme employé par les symbolistes pour désigner la force de cohésion dans un groupe humain ; en Franc-maçonnerie, une Loge».
Carl Gustav Jung, avec ses travaux sur les symboles, sur les mythes, sur l’inconscient, sur la psychologie des profondeurs, aboutit à la notion d’un inconscient collectif. Une sorte d’héritage culturel de nos ancêtres, une sorte de résumé des expériences intérieures et antérieures de l’Humain.

La notion d’égrégore se rapproche donc de celle d’inconscient collectif, de conscience collective, de champ morphogénétique ou champ de conscience opérant entre eux. II pourrait se trouver que lorsque plusieurs personnes s’unissent autour d’une idée, ou d’un principe, elles enfantent un être collectif intelligent, qui va par la suite devenir indépendant. Il serait alors la somme des énergies psychiques émises par chacun des membres ayant participé à son émergence, voire à sa multiplication. L’ensemble de ces mouvements vibratoires pourrait exercer, en retour, en vertu du principe action-réaction, une puissante influence sur les composants du groupe, qui peut être fort différente de la psyché de chacun.

Un égrégore peut cependant être perturbé par la pensée négative de personnes qui ne sont pas en accord avec les objectifs. Par conséquent, les groupes ésotériques tentent de se protéger de pensées négatives qui pourraient affecter leur égrégore. 

La force du rituel maçonnique associe nos esprits individuels pour former l’égrégore particulièrement ressenti au cours de la chaîne d’union. Il est d’amour.

On trouve, par analogie, une idée intéressante, en lisant le livre de l’astrophysicien Hubert Reeves, Patience dans l’azur, livre qui analyse l’univers à partir du Big Bang initial. On retiendra de son chapitre sur les énergies que la masse des corps étudiés, quelles que soient leurs dimensions, prise isolément, pèse plus lourd que la masse de ces mêmes corps reliés dans une structure commune. Par exemple, la somme des masses d’un électron et d’un proton est plus grande que celle d’un atome d’hydrogène qu’ils constituent en s’associant. La différence de poids est due à l’émission d’un photon ultra-violet, dégagé au moment de la constitution d’un atome ; c’est-à-dire de la lumière. De même, un proton et un neutron pèsent plus lourd séparément que réunis en noyau de deutéron. En s’associant les deux particules libèrent de l’énergie sous forme d’un rayon gama. On appelle force, ce qui permet aux éléments de se lier en corps constitués: force électromagnétique pour les atomes, force nucléaire pour les noyaux, quarkienne pour les nucléons, gravifique pour les astres.
Que la force soutienne nos travaux. Alors, faisons une hypothèse : en se formant, l’égrégore libère une énergie qui se manifeste dans l’ailleurs. Quand nous sommes devenus pierres du temple, les transmutations du 2 produisent le 3-qui-est-un et libèrent de l’énergie. Ainsi «l’égrégorisation» dégage un on-ne-sait-quoi énergétique qu’il est bien difficile de caractériser avec précision. Mais, ce on-ne-sait-quoi, dans l’ailleurs où il est projeté, est un rayonnement dont l’influence pourrait être l’exhalaison de nos cérémonies rituelles fraternelles, protégées par la sagesse et la beauté, allant livrer leurs forces dans un combat d’énergies du bien contre celles du mal.

La catena, chaîne humaine, est un grand nombre de personnes qui se tiennent par la main lors d’une cérémonie particulière, mais aussi la catena géologique est un ensemble de sols liés génétiquement, chacun d’eux ayant reçu des autres, ou cédé aux autres, certains de ses éléments constituants.

Parce qu’on pourrait ici parler de chiasme au sens qu’en donne Merleau Ponty : « donner un nom propre à l’être, un nom censé le dénoter en propre, en même temps que ce nom conserve toute sa valeur métaphorique, un nom qui n’est pas employé dans son usage logique ordinaire, mais comme une image destinée à évoquer une chose pour laquelle nous ne possédons pas de nom », je propose un néologisme en disant que le franc-maçon est un Caténaïen,
N’est-ce pas là un mot pour dire le cordon noué par l’enfant de la veuve avec ses frères et sœurs ?

Togo : valorisation du patrimoine initiatique « kondotu » en pays kabye

De notre confrère togolais lenouveaureporter.com

L’édition 2025 de la lutte traditionnelle des Evala en pays kabiyè, a connu plusieurs manifestations culturelles dont celle de l’exposition collective dénommée « kondotu[1] », du 19 au 27 juillet 2025 à la maison des Jeunes de Kara. Cet évènement a drainé la population loin des arènes le 20 juillet 2025 pour la cérémonie de vernissage et le 24 juillet 2025 pour la conférence débat autour du thème « Kondo dans la Cité ».

Cette conférence a été animée par Dr Sama Missimba WEMBOU, enseignant chercheur au département d’histoire de l’Université de Kara. Dans son développement, il a décrit le « Kondotu », une initiation quinquennale en pays kabiyè, avant de relever les phases de cette initiation et surtout l’importance du Kondo dans la société kabiyè.

[1] « kondotu », Kondo, Ladiè soussou, Èhoziyè, Èvalou, Èsakpa, etc sont des mots en langue locale kabiyè parlée par le peuple kabiyè.

Dr Sama M.WEMBOU, le conférencier en compagnie de quelques participants devant les tableaux, 2025,©

Initiation « kondotu » pour être Kondo

Au Togo, le pays kabiyè est situé principalement dans la préfecture de la kozah, autour de la ville de Kara à environs 412 kilomètres de Lomé la capitale. Le pays kabiyè est le territoire ancestral du peuple kabiyè. Ce peuple forme une société lignagère dont le processus de fonctionnement repose sur les classes d’âge. Pour les garçons il existe cinq classes : Ladiè soussou, Èhoziyè, Èvalou, Èsakpa et Kondotu. Le passage d’une classe à une autre est marqué par des initiations. Entre 18 et 20 ans, le garçon subit l’initiation d’Efatou pour devenir Èvalou. Il reste dans cette classe pendant trois ans au cours desquels il participe périodiquement à la lutte traditionnelle des Evala. La quatrième année, il devient Èsakpa et la cinquième année, il subit le rite d’initiation « Kondotu » pour devenir kondo.

En effet, le nom Kondo vient de la contraction de koo-ndo qui signifie « viens tirer à l’arc » ce qui atteste la maturité et la bravoure du jeune homme à la pugnacité. Dans la société, ceux qui suivent cette initiation  bravent la faim, la soif et la fatigue en cultivant du matin au soir sans manger, boire et se reposer. Ils font preuve d’endurance et de courage. C’est sur eux que la société compte pour l’exécution des grands travaux champêtres et la défense de la cité contre les ennemies. Cette initiation intervient entre 25 et 30 ans avec plusieurs phases.

Phases de l’initiation « kondotou »

L’initiation « Kondotu » pour devenir Kondo se déroule tous les cinq ans et l’année quinquennale est désignée waah. Après les cinq ans, le Kondo (pluriel kondona) devient égoulou (pluriel agoula). Enfin, il atteint le sommet de la hiérarchie en accédant au rang de sossa ou sage. Trois grandes étapes marquent cette initiation. Il s’agit du rite du port du collier (lètou) et l’internement, la montée sur la butte et la danse maalé.

Le rite du port du collier (lètou) et l’internement

Tôt le matin ou tard dans l’après-midi commence la cérémonie du port du collier (kondo lètou). Un aîné (égoulou) après avoir rasé la tête à l’Èsakpa lui met au cou un collier en fer (ligbadè) et lui donne dans sa main droite la grande cloche (ngbanè) faite de deux lames de houes soudées l’une à l’autre à la base et au sommet. A la tombée de la nuit, les Kondona se regroupent dans un lieu déterminé où ils demeurent campés environ une semaine. Ils sortent de ce campement, une première fois, pour la cérémonie de jet de brosses végétales (sinatou loou) dans un lieu sacré, et une seconde fois, pour être reçu, chacun, chez son oncle maternel et dans sa propre famille, pour des cérémonies rituelles au cours desquelles des poulets, des chèvres, des moutons ou des bœufs sont sacrifiés sur l’autel des ancêtres (adèdouna). Les plumes et le sang du poulet sacrifié sont répandus sur la cloche du kondo qu’il devra bien frapper le jour de la montée sur la butte.

La  montée sur la butte

Avant la montée sur la butte (houdé) haute de 6 à 8 mètres, le kondo au cours d’une dernière sortie fait la ronde des lieux sacrés appelés kokasi (singulier koka). Le jour de la montée sur la butte, les cors retentissent dans tout le village et appellent les kondona à sortir de chez eux. Le kondo accroupi, tête baissée, avance en position courbée sur ses bâtons par bonds et se rend à la butte en compagnie des autres kondona de son quartier, précédé de ses Èsakpa qui jouent de la corne. A quelques distances de la butte, tous les Kondona vont s’asseoir en attendant de grimper la butte à tour de rôle. Au moment venu, le kondo se lève et est conduit par son égoulou et ses proches au pied de la butte. Il la gravite avec souplesse et dextérité. Au sommet, il esquisse une gymnastique de pieds, salue l’assistance en agitant ses sonnailles. Puis d’un mouvement de bras droit, il lance en l’air, au-dessus de sa tête, la lourde cloche (ngbanè) retenue par une ficelle à son poignet et la frappe, au moment où elle retombe, avec l’anneau qu’il porte au pouce. Si la cloche a bien résonné, il est ovationné et redescend précipitamment en quelques bonds. Il est alors porté en triomphe par ses aînés et ses camarades. Mais s’il advenait qu’un kondo rate en sonnant la cloche, c’est la désolation et le déshonneur total pour lui, sa famille, son lignage et ses proches. Les kondona exécutent la danse rituelle maalé autour de la grande butte, supervisée par les tchodjona (singulier tchodjo). Le tchodjo (doyen prêtre) est chargé de l’organisation culturelle et religieuse en pays kabiyè, donc du respect de la tradition.

Danse rituelle maalé

Pour terminer, c’est au cours de cette danse que les aînés attribuent les noms de moralité aux Kondona dans certains lignages kabiyè. Ces aînés leur rappellent par des chansons leur courage, leurs souffrances et leurs défaillances au cours des différentes initiations de classes d’âge. Souvent  improvisées par un soliste, ces chansons reçoivent la réponse en chœur de tous les Kondona: « maalé », qui signifie « me voici encore en vie malgré les dures épreuves, mes défauts et mes imperfections » selon la traduction de l’anthropologue Wiyao Kao Blanzoua.

Les Kondona dansent également sur la place du marché, chantent leurs exploits ou pleurer leurs malheurs. Enfin, les libations quinquennales vont se faire dans la grande maison primordiale : Kilizay Sossowa par le gand prêtre et les prêtres officiants qui font des prières rituelles (Bo lowʋ no), la grande libation et le grand sacrifice pour la bénédiction, la protection des Kondona nouvellement initiés, des Agoula et de toutes les familles.

Au cours du mois kiyèna (août), les Kondona vont se faire raser la tête pour mettre fin aux étapes de Kondotu. Cette initiation par son importance et sa signification marque un terme pour le passage des classes d’âge en pays kabiyè.

Importance du Kondo dans la société kabiyè

 La société kabiyè est organisée en classes d’âge masculines et féminines. Cette organisation assigne des rôles aux jeunes garçons et filles dans leur communauté. Pour les garçons, ces initiations ont pour but d’intégrer le jeune homme dans sa société et de faire progressivement de lui un membre à part entière. Pour la première fois, l’initié va accéder au lieu sacré de l’Ancêtre Fondateur et recevoir l’onction ancestrale qui fait de lui un citoyen kabiyè. Il entre dans la succession de la lignée des pères et est le chef de foyer. Le kondo devient un guerrier-défenseur de la cité kabiyè. Il joue donc le rôle de défense et de protection des gens dans sa communauté. Il participe aux grands travaux agricoles dans sa communauté.

Ainsi, le Kondo passe par l’apprentissage de l’endurance pour parvenir à la maturité avec un lourd bagage de savoir, savoir-faire, savoir-être et savoir-vivre au plan économique, religieux, politique et de la défense de la cité.

Dr Sama M.WEMBOUphoto du conférencier au micro, 2025,©

Le conférencier, Dr Sama Missimba WEMBOU a permis au public de mieux comprendre les tableaux d’art de l’exposition collective « kondotu ». Cet Historien spécialiste du patrimoine culturel et civilisations africaines, Enseignant-chercheur à l’université de Kara et Conservateur du Musée national du Togo de 2022 à 2025, par la maîtrise de son sujet a décrit dans les moindres détails le patrimoine initiatique « kondotu » et le kondo. Ce fut l’occasion de sensibiliser le public et de témoigner son engagement à la protection, à la sauvegarde et à la promotion  du patrimoine culturel en général. En dehors de cette conférence très instructive, il a participé à de nombreux conférences, séminaires au Togo et à l’international et est auteur et coauteurs de plusieurs articles scientifiques et communications.

 L’édition 2025 des Evala est marquée par la célébration quinquennale de l’initiation « kondotu ». La valeur réelle de cette initiation est la transmission générationnelle de certaines connaissances indispensables à l’ordre et à la stabilité de la société kabiyè car elle empêche la confusion et l’usurpation de rôle. Les initiés de la même année forment une identité distincte de leurs successeurs et de leurs prédécesseurs. Ils sont une promotion et une marque vivante de l’initiation de cette année. C’est ainsi que durant plusieurs siècles, des efforts sont faits pour transmettre cette initiation. Pour sa sauvegarde, il faudrait que ce patrimoine puisse être enseigné dans les écoles et universités du Togo et être portée sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).

Carrière bloquée sans Franc-maçonnerie : Le capitaine Alexandre Juving-Brunet dénonce le verrouillage sectaire de l’armée

Du site lemediaen442.fr

« Le système est verrouillé, et la clé se trouve en loge. » C’est le constat sans appel d’Alexandre Juving-Brunet, ancien capitaine de gendarmerie, qui dénonce une armée française infiltrée par des réseaux maçonniques. Selon lui, sans initiation, point de salut pour les ambitieux en uniforme. Dans une interview sans fard, Alexandre Juving-Brunet lâche

« Si tu veux devenir colonel ou général, il faut entrer en loge. Sinon, t’es bloqué. L’armée est verrouillée par une secte. »

Un témoignage qui confirme ce que d’autres murmurent depuis des années : les promotions ne se gagnent plus sur le terrain, mais dans l’ombre des obédiences.

Les officiers récalcitrants ? Relégués au placard, quand ils ne sont pas poussés vers la sortie. Une logique de caste qui corrode l’institution, transformée en club fermé où l’allégeance prime sur le mérite. La grande muette ? Elle ne l’est que pour ceux qui refusent de jouer le jeu.

Alexandre Juving-Brunet chez nos collègues de GPTV (le passage sur la franc-maçonnerie est à visionner à partir de la 27eme minute) :

Un marché de Noël maçonnique : Une tradition fraternelle et festive à Nivelles (Belgique)

Dans l’effervescence des fêtes de fin d’année, où les lumières scintillantes et les arômes de vin chaud envahissent les rues, il existe un événement unique en son genre qui allie la magie de Noël à l’esprit maçonnique : le marché de Noël maçonnique de Nivel’House. Organisé à Nivelles, en Belgique, cet événement interobédientiel rassemble des Sœurs et Frères de diverses obédiences autour d’un marché artisanal thématique, de dégustations gastronomiques et d’animations conviviales.

Pour sa 9e édition, prévue le samedi 29 novembre 2025, de 10h à 19h, au Temple de Nivelles (Rue Buisson aux Loups 5b, Zoning Sud, 1400 Nivelles), ce marché promet une journée riche en découvertes et en fraternité. Mais attention : avec seulement 90 places disponibles pour la soirée festive, il est impératif de réserver dès maintenant, avant le 19 novembre 2025, pour ne pas manquer cette occasion unique !

Imaginez un temple maçonnique transformé en un havre festif, où les symboles ancestraux se mêlent aux décorations noëliques. Des artisans maçons exposent leurs créations inspirées par l’héritage maçonnique, tandis que des effluves de huîtres fraîches, de foie gras et de crêpes chaudes invitent à la gourmandise. En soirée, une choucroute en fête ou des quiches végétariennes scellent la journée dans une ambiance chaleureuse. Ce marché n’est pas seulement un événement commercial ; c’est une célébration de l’unité maçonnique, ouverte aux familles et amis qui partagent ces valeurs. Plongeons dans l’histoire de cette tradition, qui remonte à 2015, et explorons ce qui fait son charme intemporel.

Les origines : Naissance d’une idée innovante en 2015

Tout commence en 2015, lorsque l’association interobédientielle Nivel’House – regroupant sept loges propriétaires des locaux maçonniques de Nivelles (Grand Orient de Belgique, Grande Loge de Belgique, Grande Loge Féminine de Belgique, Grande Loge Régulière de Belgique et Memphis Misraim) – décide de réinventer ses activités de fin d’année. Après trois ans de galas musicaux, dont une promenade classico-humoristique avec la Framboise Frivole l’année précédente, Nivel’House lance son premier « Marché de Noël Maçonnique ». L’idée est audacieuse : transformer le temple de Nivelles, situé au sud de Bruxelles près de Waterloo, en un marché thématique où les artisans maçons présentent leurs œuvres.

Blason de Nivelles
Blason de Nivelles

Cette première édition, tenue toute la journée, propose de nombreuses animations. En soirée, avant une « choucroute en fête » à 21h, un concert de jazz par le trio L’Âme des Poètes enchante les participants à partir de 19h30. L’événement met l’accent sur la convivialité inter-obédientielle, invitant Sœurs et Frères de Belgique et d’ailleurs à partager un moment fraternel. Comme le soulignait alors le blog Hiram.be : « Il fallait y penser ! » Ce marché marque le début d’une tradition qui allie esprit maçonnique et joie noëlique, attirant déjà un public curieux et fidèle.

L’évolution : De 2016 à 2024, une tradition qui s’ancre

Fort de son succès initial, le marché revient en 2016 pour sa deuxième édition, le samedi 26 novembre. Les organisateurs, toujours les sept loges de Nivel’House (avec l’ajout mentionné du Droit Humain dans certaines descriptions), élargissent l’offre. De 10h à 18h, dans le temple et sur le parvis, une multitude d’exposants – artistes et artisans maçons de toutes obédiences – présentent bijoux, montres, livres, coutellerie, peintures, sacs, chapeaux, photographies, textiles, objets déco, reliure, jeux symboliques, outils anciens, pierres taillées et masques. La petite restauration gastronomique (huîtres, foie gras, saumon fumé, tartes, crêpes) et un bar festif avec vins sélectionnés, champagne, bières spéciales et vin chaud animent la journée.

Collegiale Ste Gertrude de Nivelles
Collegiale Ste Gertrude de Nivelles

En soirée, un concert Tandem 66 à 19h30 précède la choucroute en fête (ou quiches végétariennes) à 21h, pour un prix unique de 35 € (hors boissons). Le concert seul est accessible pour 20 €. Les réservations, ouvertes jusqu’au 16 novembre, soulignent déjà l’importance de s’y prendre tôt. Cette édition consolide le marché comme un rendez-vous annuel inter-obédientiel, favorisant les échanges au-delà des obédiences.

En 2018, pour la quatrième édition le 24 novembre, le marché gagne en maturité. Fidèle à la tradition, Nivel’House (incluant GOB, GLB, GLFB, GLRB, Memphis Misraim et DH) accueille des exposants présentant des idées cadeaux maçonniques : bijoux en or, argent ou fantaisie, montres, stylos, verres gravés, tournures sur bois, œufs décorés, livres, coutellerie, photo-compositions, outils anciens, sculptures, chapeaux, textiles (gants, cravates, foulards), smokings, vestes de cérémonie, bougies, parapluies, horloges, photophores, mugs, porcelaines, objets déco et humoristiques. L’accent est mis sur la diversité et la thématique maçonnique, rendant chaque stand une invitation à la réflexion symbolique.

Flag of Wallonia
Flag of Wallonia

Après une pause due à des circonstances extérieures (pandémie de Covid-19), le marché renaît en 2023 pour sa septième édition, le 25 novembre. Les loges propriétaires réitèrent leur engagement, offrant de 10h à 19h un marché avec bijoux, livres, coutellerie, macarons sucrés, textiles, mallettes, décors, gants, nœuds papillon, objets déco, chapeaux, peintures, sculptures, céramiques, verres gravés, gravures sur ardoise-liège-bois, origamis livres, figurines thématiques, artisanat solidaire et carnets reliés. La restauration gastronomique dure jusqu’à 17h30, et la soirée propose choucroute ou quiches végétariennes pour 25 € (hors boissons), avec bar festif toute la journée.

En 2024, la huitième édition, le 30 novembre, maintient l’élan avec de nombreux exposants dans le temple et sur le parvis. Organisée par les mêmes obédiences, elle met en avant l’interobédientialité et l’artisanat maçonnique.

La 9e édition en 2025 : Une journée enchantée et une soirée exclusive

Pour 2025, le 29 novembre, le marché s’annonce plus féerique que jamais. De 10h à 19h, dans le Temple et sur le parvis, une trentaine d’artistes et artisans maçons de toutes obédiences belges et étrangères exposeront des créations à connotation maçonnique : bijoux, livres, coutellerie, macarons et délices sucrés, textiles et créations tissu, mallettes, décors, gants, nœuds pap, objets déco, chapeaux, peintures, sculptures, céramiques, verres gravés, gravure sur ardoise-liège-bois, figures thématiques, artisanat solidaire, carnets et reliure.

Nivelles, vue aérienne du centre ville
Nivelles, vue aérienne du centre ville

Toute la journée jusqu’à 17h30, une petite restauration gastronomique ravira les papilles : huîtres, foie gras, saumon fumé, fromages, crêpes… Accompagnée d’un bar festif proposant vins sélectionnés, champagne, bières spéciales, vin chaud… En soirée, à 20h, une choucroute en fête (ou quiches végétariennes) pour 28 € (hors boissons). L’entrée au marché est gratuite, et bienvenue aux familles et amis !

Mais voici le point crucial : avec seulement 90 places pour la soirée, les réservations doivent être faites avant le 19 novembre 2025. Nous faisons cette demande maintenant, en août 2025, car les places partent vite ! Inscrivez-vous par mail à marche-nivel-house@proximus.be (précisez Choucroute et/ou Végé), et payez sur le compte BE44 0688 9316 8145. Les paiements valent réservation. Pour plus d’infos : marche-nivel-house@proximus.be.

Pourquoi participer ? Une expérience unique et fraternelle

Temple 5b-Zoning-Sud-1400-Nivelles
Temple 5b-Zoning-Sud-1400-Nivelles.jpg

Ce marché n’est pas qu’un simple événement ; c’est un pont entre tradition maçonnique et esprit festif de Noël. Il favorise les rencontres interobédientielles, soutient les artisans maçons et offre des cadeaux symboliques parfaits pour les fêtes. Dans un monde souvent divisé, il rappelle les valeurs d’unité, de solidarité et de partage. Que vous soyez initié ou profane curieux, cette journée à Nivelles est une invitation à la découverte.

Ne tardez pas : réservez dès aujourd’hui pour la 9e édition et rejoignez cette belle tradition ! Joyeux Noël maçonnique à tous.

Sceau-GOB
Sceau-GOB
Grande Loge de Belgique
Grande Loge de Belgique
Grande Loge Féminine de Belgique
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