mer 11 décembre 2024 - 10:12

Gironde : Un château aux influences maçonniques

Par notre correspondante en Gironde Florence Mothe

Le château de La Brède appartient au petit nombre des lieux inspirés que compte la France. Les siècles n’ont pas eu de prise sur lui et il demeure aujourd’hui dans l’état où Montesquieu l’a connu « avec sa nature au saut du lit » et « campagne gothique » qui faisaient les délices du maître.

Même si la bibliothèque du philosophe a disparu car elle est aujourd’hui conservée à la Bibliothèque municipale de Bordeaux, on y retrouve Montesquieu dans ses meubles, dans ses objets coutumiers, hésitant au fil des journées entre sa correspondance avec les  puissants, ses préoccupations philosophiques et ses occupations ménagères en compagnie de son valet, le bien nommé Léveillé,  avec lequel il s’enfermait dans son chai pour veiller à l’ouillage de ses vins ou à quelque adjonction discrète et  peu licite d’Hermitage de Bénicarlo.

Et la Franc-maçonnerie dans tout ça ?

Elle est partout à La Brède. Dans cet univers de simple harmonie, dans le dessin des douves, octogone en forme de baptistère, dont le tracé est scrupuleusement repris par  la lisière des arbres du parc, dessinée par l’Abbé Guasco, lui aussi initié dans une Loge de Poitiers, bien que prétendument espion du Pape, dans ces échappées végétales récemment retrouvées que l’on découvre depuis les fenêtres de la librairie et qui reprennent la croix de Malte, symbole de l’arbre de vie, installée sur le pavé mosaïque de l’entrée quand les enfants de Montesquieu, revenus d’Emigration, retrouvèrent  le château, miraculeusement préservé par les villageois, mais abandonné à la voracité des termites qui nécessitèrent le soutien des poutres de la librairie par quatre colonnes – le philosophe étant passé à l’Orient éternel – auxquelles vinrent s’ajouter Jakin et Boaz, généreusement offertes par le curé de la Brède dont l’église, moins heureuse que le château, avait subi quelques améliorations révolutionnaires, dans la malle de l’écrivain, toujours prête à être remplie, pour peu que la duchesse de Keroual le convoque dans sa terre d’Aubigny-sur-Nère pour y rejoindre Désaguliers « le plus grand Belzébuth de tout l’univers ».

Bref, Montesquieu est toujours présent dans ses murs, dans ce mobilier conservé de sa chambre, de son  cabinet de toilette, jusqu’aux objets les plus simples, comme son écritoire, d’où jaillirent tant de chefs-d’œuvre, comme les traces de ses pieds sur le montant de la cheminée car Montesquieu écrivait sur ses genoux, dans sa petite chapelle où, de fureur, après une conversation musclée avec l’Intendant Boucher, il fit dessiner des équerres, des compas et des entrelacs d’amour.

Un seul reproche : alors que les héritiers de Montesquieu n’ont jamais fait mystère de son engagement maçonnique et que certains de ses descendants travaillent toujours de midi à minuit, il n’est fait nulle  part référence dans le commentaire de la visite à cette appartenance, pourtant si importante pour comprendre les subtilités de l’œuvre . C’est dommage car le pèlerinage de La Brède restitue  le philosophe dans toutes ses dimensions littéraires et humaines. On y retrouve l’aristocrate, l’académicien, le vigneron, l’amoureux de la marquise de Graves et de la petite comtesse de Pontac-Belhade, le travailleur acharné, le visionnaire inspiré que cette nature, à mesure d’homme, n’a jamais dérangé dans ses rêves.

Le château de La Brède est ouvert à la visite tous les jours de 10 h à 18 h du 1er juillet au 31 août , et du mercredi au dimanche et les jours fériés du 3 mars au 13 novembre de 14 h à 18 h. Parc seul visité 4 €, visite commentée du château 9,50 €.

Florence Mothe

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