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Fondements du droit maçonnique

De notre confrère freemasonscommunity.life

BULLETIN DE CONFÉRENCES COURTES – Vol.XII Mars 1934 No.3

L’histoire du droit et de son élaboration est l’histoire de la civilisation. À mesure que le sens de la justice de l’homme se développait avec des besoins et des responsabilités croissants, ses idées sur les textes juridiques se modifiaient et changeaient. Ce qui était licite à une époque est devenu un crime à une époque suivante ; ce qui était criminel à une époque était sanctionné par la législation à une époque suivante, dans mille époques, climats et pays.

Dans la mémoire des hommes vivant aujourd’hui en Occident, il était permis de pendre un voleur de chevaux sans autre fondement légal que la nécessité commune ; aujourd’hui, nous appelons cela le lynchage et le rendons illégal. De même, il était autrefois illégal pour un homme de fuir son employeur (des esclaves, avant la guerre civile), alors qu’aujourd’hui n’importe quel homme peut voyager où bon lui semble.

Le droit maçonnique, également, a connu des développements au cours des près de deux siècles et quart depuis la formation de la Grande Loge Mère .

Certains actes bons à une époque sont mauvais dans ce domaine, et certains torts d’un siècle deviennent justes au siècle suivant. Par exemple, le pouvoir de faire un maçon à vue est désormais refusé par certaines Grandes Loges à leurs Grands Maîtres ; l’ancien droit de toutes les Loges d’être représentées dans la Grande Loge à la fois par le Maître et les Surveillants n’est plus universel aujourd’hui. Au sens le plus étroit, la loi maçonnique repose sur les Anciennes Constitutions, les Anciennes Charges et les Repères ; la superstructure est constituée des Constitutions et Règlements des Grandes Loges ; les décisions des Grandes Loges en appel ; les édits des Grands Maîtres ; les décisions des Grands Maîtres, parfois sans révision, le plus souvent révisées et confirmées par les Grandes Loges.

Mais dans un sens plus large, le droit maçonnique est basé sur le droit anglais – qui remonte au droit romain – de sorte qu’il est dans les faits de dire que le droit maçonnique est un développement des idées d’équité et d’administration de la justice.
Jours de la Rome antique. Depuis le règne de Dioclétien (284-305 après J.-C.), sur le plan de la théorie politique, l’État romain était une république. La souveraineté ultime appartenait au peuple romain. L’empereur était le premier citoyen à qui le peuple romain avait provisoirement délégué sa souveraineté, par acte d’autorité législative. Au fil du temps, l’Empereur est considéré comme le dépositaire ultime de la souveraineté, la source du droit. Ses pouvoirs commencèrent lorsqu’il solidifia l’autorité que lui déléguait le peuple souverain romain. Mais dans la mesure où le peuple, par l’intermédiaire de son assemblée législative, pouvait légalement promulguer une loi, l’empereur, ayant reçu son autorité, en est venu à penser qu’il avait également le pouvoir de promulguer une loi. La loi ainsi promulguée par l’Empereur, en vertu du pouvoir législatif dont il était investi, était appelée « Constitution », ou dans notre langage, Constitution. En fait, promulguées par l’empereur, ces lois étaient considérées comme des règles établies par un acte législatif. Un deuxième moyen par lequel l’empereur romain faisait le droit était les décisions dans les affaires portées devant lui en appel, ou les affaires jugées directement par lui. L’empereur déposait son avis ou jugement, qui, une fois rendu, était appelé décret. Sous le système romain, un magistrat romain n’avait pas le pouvoir de rendre une décision de jugement ; ces décisions étaient rendues uniquement par des juges ou des arbitres choisis pour l’affaire. Un magistrat pouvait cependant trancher certaines affaires et rendre un décret ; ces pouvoirs furent également délégués à l’empereur lors de son avènement.

Le pouvoir de faire ou de déclarer des lois par édit appartenait à l’origine aux magistrats de la République romaine et était exercé par les préteurs ou magistrats judiciaires. Au début, les édits étaient des déclarations d’un magistrat sur la conduite qu’il se proposait de suivre dans l’administration de sa charge, afin que le citoyen sache à quoi s’attendre. Avec le temps, ces déclarations devinrent facilement une autorité et eurent la force et l’effet de la loi qui régissait l’administration du fonctionnaire qui faisait la déclaration. Lorsque le pouvoir de magistrat fut délégué à l’empereur, le pouvoir de promulguer un édit lui passa également. L’empereur reçut ainsi le pouvoir d’émettre des ordonnances générales régissant les questions d’administration, qui avaient pleine force et effet de loi. Dans l’Empire romain, un édit était une loi administrative générale, par opposition à un ordre judiciaire, prescrivant la conduite d’une question d’administration.

L’empereur romain faisait ou déclarait également la loi par des « rescrits » ; lettres ou réponses qu’il a faites aux questions qui lui étaient posées par des juges ou des magistrats. Dans le système judiciaire de Rome, un juge, ayant une cause à trancher, était conseillé par l’opinion experte d’une personne érudite en droit, connue sous le nom de jurisconsulte. Comme l’empereur était le jurisconsulte de la plus haute autorité, l’habitude de lui soumettre les questions de droit pour avis n’était que naturelle ; ayant investi en lui tout le pouvoir souverain du peuple romain, sa détermination était définitive.

« Les Constitutions des Francs-Maçons » publiées en 1723 contiennent « l’Histoire, les Charges, les Règlements, & etc. » de l’Artisanat. Ce volume est la pierre angulaire de notre loi maçonnique. Mais ce n’est pas la seule « Constitution » de la franc-maçonnerie.

A la fin du XVIIIe siècle, le peuple de ce pays se constitua lui-même souverain, et le plus haut pouvoir terrestre, fixant comme cadre du gouvernement, forma alors ce que nous appelons la Constitution, le but étant de limiter les différents organes du gouvernement. Gouvernement mis en place. Provenant de la plus haute puissance terrestre, telle est notre loi supérieure, à laquelle doivent se soumettre les diverses législatures et départements du gouvernement. De la même manière, la Constitution d’une Grande Loge, qu’elle soit appelée sous ce nom ou sous un autre, est la loi supérieure de cette Grande Loge ; l’acte de l’autorité législative suprême de tous les maçons dans cette juridiction, agissant par l’intermédiaire de leurs représentants légalement autorisés. Tout ce que la Grande Loge établit et promulgue en tant que loi fondamentale devient sa Constitution. Au début du XVIIIe siècle, une Constitution dans ce sens était inconnue. Les Constitutions d’Anderson n’étaient qu’une réduction par écrit des usages et coutumes existants. Ainsi, en parlant de Constitutions maçonniques, nous devons faire la distinction entre Anderson, dont l’œuvre était la loi maçonnique fondamentale, et la Constitution ou instrument directeur d’une Grande Loge individuelle, conçue et adoptée par celle-ci pour répondre à ses propres besoins particuliers. Les Constitutions d’Anderson appartiennent à l’Artisanat dans son ensemble ; la Constitution d’une Grande Loge lui appartient seule et n’a aucune force ou effet au-delà de ses limites juridictionnelles d’autorité. La similitude entre le droit romain et la conception moderne du droit maçonnique est frappante. À l’empereur romain étaient délégués les pouvoirs du peuple romain souverain. Au Grand Maître sont délégués de nombreux pouvoirs (pas tous) des artisans souverains. Ainsi, dans Landmark 3, dans la « Constitution, statuts, règlements généraux et édits de la Grande Loge du New Jersey », nous lisons :

« Le Grand Maître est élu par le Métier et reste en fonction jusqu’à ce que son successeur soit dûment installé. Il est le « Souverain » du Métier et est, de droit, le président de chaque assemblée de Maçons en tant que telle. Il peut, dans les limites de sa Juridiction, convoquer une loge à tout moment et en tout lieu et y faire du travail maçonnique ; peut créer des loges par son mandat et arrêter le mandat de n’importe quelle loge. Il peut suspendre, à son gré, l’application de toute règle ou règlement de la Maçonnerie qui ne constitue pas un « Landmark ». Il peut suspendre les officiers installés de n’importe quelle loge et les réintégrer à son gré et n’est pas responsable de ses actes en tant que Grand Maître. Il peut charger n’importe quel frère de faire en son absence tout acte qu’il pourrait faire lui-même s’il était présent. Cet extrait a été choisi parce qu’il expose certains pouvoirs du Grand Maître plus clairement que dans certaines autres juridictions, mais ses pouvoirs fondamentaux sont rarement remis en question dans aucune juridiction. Une attention particulière est attirée sur deux affirmations : le Grand Maître est le « Souverain » de l’Artisanat et il n’est pas responsable de ses actes en tant que Grand Maître. Ces deux pouvoirs sur le peuple romain étaient inhérents aux empereurs romains. L’empereur romain faisait le droit par des décisions dans les affaires qui lui étaient portées en appel ou dans celles qu’il jugeait directement. La Grande Loge entend les appels des personnes impliquées dans les procès maçonniques et confirme ou annule la décision de la Loge (ou de la commission de procès) ; Les Grandes Loges jugent directement les procès impliquant des maçons membres de la Grande Loge. La conception moderne de la justice est liée à notre croyance dans le droit de faire appel d’une autorité inférieure à une autorité supérieure, et finalement à la plus élevée, afin que la justice humaine faillible puisse être rendue aussi infaillible que possible. Le frère en Loge ne peut pas faire appel de la décision de son Maître, mais peut faire appel au Grand Maître ou à la Grande Loge. Le frère jugé, reconnu coupable et puni ne peut pas faire appel à la Loge qui le juge, mais peut faire appel à la plus haute autorité, la Grande Loge.

L’empereur romain faisait la loi par « rescrit » ; par des lettres de réponse aux questions qui lui sont posées par un juge ou un magistrat. Tous les Grands Maîtres sont appelés à prendre des décisions sur des questions posées par les Maîtres de Loges ou les Artisans individuels. Comme celles de l’Empereur, ces décisions font loi pour le moment et deviennent généralement (pas invariablement) une partie de la loi écrite lorsque la Grande Loge reçoit le rapport du Grand Maître sur les décisions qu’il a prises au cours de l’année. La Grande Loge soit confirme la décision, soit, si sa légalité a été mise en doute par le Comité de Jurisprudence, elle adopte le rapport du Comité, déterminant ainsi que la loi à l’avenir est contraire à ce que le Grand Maître a décidé.

L’empereur romain faisait la loi par édit. Un édit fut initié par l’Empereur ; la décision est intervenue en réponse à un appel. Le Grand Maître peut émettre un édit en tant qu’acte initial d’élaboration de la loi, il constitue une loi jusqu’à ce qu’il soit abrogé ou confirmé par la Grande Loge. Le développement de l’élaboration du droit à l’époque moderne est divisé par Dean Roscoe Pound en quatre étapes :

1. Législation inconsciente, lorsqu’il s’agit de principes de common law. Les faits de l’affaire portée devant la Cour peuvent différer de ceux d’une affaire antérieure, à laquelle la Cour a appliqué un principe de common law. Malgré la différence des faits, la Cour peut étendre le principe de common law pour couvrir l’affaire portée devant le barreau ; cela a pour effet juridique d’étendre la doctrine de la common law à de nouvelles limites. Cela a été décrit par le regretté juge Harlan, de la Cour suprême, comme une « législation judiciaire », car en droit, la dernière application d’une doctrine établit le droit de la compétence.

2. Législation déclaratoire, ou réduction du droit non écrit au droit écrit. Cela n’aboutit pas à un nouveau droit, mais donne seulement une expression écrite faisant autorité à la common law déjà existante.

3. Sélection et amendement, lorsque cela devient nécessaire par l’union politique de peuples aux coutumes divergentes. Un nouvel État résultant d’une combinaison de peuples aux coutumes différentes nécessite de sélectionner et de modifier les lois et coutumes des différents peuples pour répondre aux besoins du nouvel État.

4. Une législation consciente ; légiférer pour répondre aux exigences existantes ou aux nouvelles conditions.

Ici aussi, nous trouvons un parallélisme distinct avec la loi maçonnique. La loi d’une certaine juridiction stipule qu’aucun homme ne peut devenir membre du métier s’il est « engagé dans la fabrication ou la vente de boissons enivrantes ». Par « législation inconsciente », un Grand Maître a étendu cela pour désigner également un comptable employé par un homme qui vendait de l’alcool. Un Grand Maître ultérieur a étendu ce texte pour désigner un actionnaire d’une société hôtelière qui autorisait la vente d’alcool par cet hôtel. Ces décisions ayant été confirmées par la Grande Loge, elles sont devenues une loi constitutionnelle dans cette juridiction.

La législation déclaratoire maçonnique, réduisant le non écrit à la loi écrite, a eu lieu pour la première fois à Londres en 1723, lorsque les Constitutions d’Anderson furent publiées. Mais le processus n’est en aucun cas terminé. De nombreuses Grandes Juridictions ont des coutumes locales qui se sont développées au fil des années ; il vient à l’esprit de quelqu’un, ou le besoin s’en fait sentir, de mettre cela par écrit et de l’intégrer à la constitution des statuts de la Grande Loge. Il est correctement présenté à la Grande Loge et devient loi.

Dans une certaine juridiction, certains pensaient que l’ancienne coutume consistant à ouvrir le VSL à des passages précis de l’Écriture au cours des trois degrés était plus honorée dans la violation que dans l’observance. La Grande Loge a décidé que ce que ses prophètes affirmaient être la pratique courante devait prévaloir. C’est désormais une loi dans cette juridiction que la Bible peut être ouverte « au hasard ».

La sélection et l’amendement ont lieu maçonniquement lorsqu’une nouvelle Grande Loge est formée, ou qu’une ancienne se divise en deux. Lorsque les États du Dakota du Nord et du Sud furent formés à partir du territoire du Dakota, la Grande Loge du territoire devint deux Grandes Loges. La Grande Loge du Dakota du Nord a sélectionné et amendé la loi de la Grande Loge Mère pour former sa propre Constitution. La législation consciente dans les corps maçonniques est similaire à celle de tous les autres corps législatifs. Dans presque chaque réunion de la Grande Loge, un amendement à la loi existante est proposé, pour un an, ou après avoir été proposé l’année précédente, il est mis en œuvre et accepté ou rejeté.

Les Grands Maîtres et les Grandes Loges ont aujourd’hui un pouvoir bien plus despotique que n’importe quel dirigeant ou assemblée législative nationale dans n’importe quel corps politique moderne. Qu’une telle autorité despotique a appris à gouverner avec sagesse et bien que les Grands Maîtres sous-estiment plutôt que sur-utilisent leurs pouvoirs ; que l’Art dans son ensemble soit bien, honnêtement et sainement gouverné, sont des hommages à la douce influence des principes de la Maçonnerie, trop grande pour que même des hommes entêtés puissent s’y opposer. En vérité, les dirigeants maçonniques ont bien appris l’ancienne vérité :

« Oh, c’est excellent d’avoir la force d’un géant, mais c’est tyrannique de l’utiliser comme un géant ! »

Quand Histoire et fiction révèlent le secret de la naissance de la Grande Loge de France…

L’Été 1735-Aux origines de la Grande Loge de France, écrit par Michel König et préfacé par Roger Dachez, offre une plongée fascinante dans le monde de la franc-maçonnerie au XVIIIe siècle, en combinant l’approche rigoureuse de l’historien et la créativité du romancier. Ce récit captivant retrace les événements qui ont mené à la fondation de la Grande Loge de France, en mélangeant personnages historiques réels et interprétations imaginatives.

Le livre est divisé en dix chapitres, accompagnés d’une préface, d’un avant-propos, d’un épilogue et de deux annexes. Chaque chapitre aborde un aspect essentiel de la franc-maçonnerie naissante en France.

Dans sa préface, Roger Dachez, historien, spécialiste de la franc-maçonnerie et Président de l’Institut Maçonnique de France (IMF), introduit l’œuvre en expliquant le concept de « roman vrai ». Il encadre les thèmes abordés et rend hommage à l’approche imaginative mais respectueuse de l’auteur. Il décrit donc le livre comme une œuvre hybride, mélangeant fiction et faits historiques pour combler les lacunes de l’histoire traditionnelle. Il salue Michel König pour son travail de recherche et son talent narratif, offrant aux lecteurs une histoire plus incarnée et vivante.

L’avant-propos de l’auteur présente le contexte historique de la franc-maçonnerie spéculative du XVIIIe siècle, expliquant sa démarche littéraire et sa méthode pour combler les « trous » historiques par la fiction.

En effet, dès la première ligne, Michel Köning nous dit que « Ce récit est une forme d’Ucrhonie ». Donnant même son étymologie. Précisons qu’une uchronie est un genre littéraire qui imagine une réalité alternative, fondée sur un point de divergence avec l’histoire telle que nous la connaissons. En d’autres termes, c’est un récit fictif basé sur un scénario « et si… » qui réinvente l’histoire en modifiant un événement clé ou une série d’événements.

1re de couv., détail – « Château en Écosse de Dana Faja

L’Été 1735 prend un angle uchronique en combinant fiction et réalité historique. Ici, le point de divergence n’est pas un événement clairement différent, mais plutôt la reconstruction fictive de dialogues et de motivations des personnages historiques. Michel König imagine les conversations, intrigues et motivations qui ont pu entourer la création de la Grande Loge de France en 1735, en apportant des détails fictifs là où les archives manquent. Il utilise les personnages réels de l’époque, mais leur attribue des voix, des personnalités, des motivations, et des actions qui ne sont pas documentées mais imaginées. Il crée ainsi un monde plus vivant, où les motivations politiques et maçonniques sont explorées. Et donne une perspective nouvelle sur la fondation de la Grande Loge de France.

Nous relevons l’originalité de l’ouvrage – rigueur historique à une imagination romanesque maîtrisée –, cette combinaison permet d’offrir un récit engageant tout en respectant les bases factuelles.

Les personnages historiques sont soigneusement développés, offrant une perspective intime et réaliste. Louise de Keroualle, duchesse de Portsmouth « La bonne dame d’Aubigny » (chapitre 1er), ressort comme un personnage clé, donnant une voix à une figure souvent sous-estimée. Elle joue un rôle d’importance dans les relations diplomatiques entre la France et l’Angleterre et sert de lien entre les deux nations au sein de la franc-maçonnerie.

L’auteur en profite aussi, dans son chapitre 2, pour explorer « La Loge d’Aubigny »… Michel König décrit ensuite comment la franc-maçonnerie de l’époque devient un lieu d’échanges et de discussions sur des sujets politiques et stratégiques.

Il nous raconte les préparatifs pour la fondation de la Grande Loge de France et évoque les efforts de coordination entre les loges françaises et anglaises. L’occasion de retracer pour le lecteur – dans son chapitre 6 « La fournée des grands Ducs » – les portraits des grands ducs impliqués dans la maçonnerie spéculative, y compris Philippe d’Orléans, Louis de Bourbon et John Derwentwater. Puis il aborde dans le chapitre suivant, la fondation officielle de la Grande Loge de France en 1735, illustrant les premières luttes d’influence entre factions maçonniques… Sans oublier son focus sur John Derwentwater, figure majeure de la franc-maçonnerie anglo-française, et son implication dans le mouvement jacobite.

« La Grande Lumière », titre de l’épilogue, est l’occasion pour Michel Köning de clôturer son récit en soulignant l’importance de la lumière symbolique de la franc-maçonnerie pour la société du siècle des Lumières.

Nous notons la richesse tant de l’excipits – conclusions et réflexions finales de l’auteur sur la maçonnerie spéculative du XVIIIe siècle – que des annexes (I & II) comprenant les « Bases historiques des faits mentionnés dans le récit » et la copie de très nombreux documents parfois surlignés pour aider le lecteur à une meilleure compréhension et « L’influence diplomatique de Louise de Keroualle à la cour d’Angleterre ».

Michel König

L’Été 1735-Aux origines de la Grande Loge de France est un livre indispensable pour toute personne intéressée par l’histoire de la franc-maçonnerie. Michel König réussit bel et bien à combiner les aspects rigoureux de la recherche historique avec la créativité du romancier, offrant un récit passionnant et instructif. Sa capacité à donner chair et voix aux personnages historiques rend ce livre particulièrement engageant, et sa présentation claire des enjeux maçonniques du XVIIIe siècle en fait un texte de référence.

L’Été 1735-Aux origines de la Grande Loge de France

Michel König – Préface Roger Dachez

Cépaduès, Coll. de Midi, 2024, 144 pages, 22 €

Éditions Cépaduès, collection de Midi, le site.

L’Amérique d’avant la révolution : une nation de théoriciens du complot

De notre confrère slguardian.org – par David Klepper

La croyance selon laquelle le monde va bientôt se terminer – ou qu’une nouvelle ère va commencer – apparaît encore et encore dans les théories du complot populaires. Un conflit brutal en Europe était frais dans les esprits et la course à la Maison Blanche a tourné au vinaigre lorsque les discussions sur les sociétés secrètes et la corruption ont secoué les États-Unis.

Nous sommes en 1800 et  les théories du complot  fleurissent partout en Amérique. Les journaux partisans diffusent des histoires d’élites européennes cherchant à prendre le contrôle de la jeune démocratie. Les prédicateurs de la Nouvelle-Angleterre ont mis en garde contre les complots visant à abolir le christianisme au profit de l’impiété et de la dépravation.

Ce croque-mitaine de la première république était les Illuminati, une organisation secrète fondée en Allemagne vouée à la libre pensée et opposée aux dogmes religieux. Malgré le manque de réelle influence des Illuminati en Amérique, les théoriciens du complot imaginaient que les empreintes digitales du groupe étaient partout. Ils ont déclaré que la manipulation des Illuminati avait provoqué le règne de la terreur en France, la vague d’exécutions et de persécutions qui a suivi la Révolution française. Ils craignaient quelque chose de similaire en Amérique.

Des  procès des sorcières de Salem, dans le Massachusetts , aux craintes des Illuminati, de  la Red Scare  à  la John Birch Society  en passant par QAnon, les théories du complot ont servi de sombre contre-programmation à l’histoire américaine enseignée dans les livres d’histoire. Si une démocratie saine repose sur la confiance de ses citoyens, les théories du complot montrent  ce qui se passe lorsque cette confiance commence à s’effilocher .

Changez quelques détails, ajoutez une pizzeria, et l’hystérie entourant les Illuminati ressemble beaucoup à QAnon , la théorie du complot contemporaine qui prétend qu’une puissante cabale de  satanistes sacrificateurs d’enfants  façonne secrètement les événements mondiaux. À l’instar de l’engouement des Illuminati, QAnon a émergé à une époque d’incertitude, de polarisation et de méfiance.

« Plus les choses changent, plus les choses semblent revenir », a déclaré Jon Graham, écrivain et traducteur basé au Vermont, expert des Illuminati et des affirmations qui entourent le groupe depuis des siècles. « Il y a le récit dominant de l’histoire. Et puis il y a l’autre récit – les explications alternatives de l’histoire – qui ne disparaît jamais vraiment. »

Tout comme aujourd’hui, ces histoires bizarres révèlent souvent des angoisses profondément enracinées, centrées sur les conflits raciaux et religieux et sur les changements technologiques et économiques.

Les théories du complot les plus tenaces peuvent survivre en marge pendant des décennies, avant de réapparaître soudainement avec de nouveaux détails, de nouveaux méchants et héros, souvent à une époque de bouleversements sociaux ou de bouleversements économiques. Parfois, ces convictions peuvent  se transformer en actions , comme ce fut le cas  le 6 janvier 2021 , lorsqu’une foule de partisans du président Donald Trump a fait irruption dans le Capitole américain.

Aux débuts de l’Amérique, les méchants étaient les Illuminati.

Créé en 1776, le groupe s’inscrivait dans une mode de sociétés prétendument secrètes devenue à la mode en Europe. L’organisation avait disparu en 1800 et n’était plus présente aux États-Unis. Pourtant, des allégations se sont répandues selon lesquelles des agents Illuminati travaillaient sous couverture pour prendre le contrôle du gouvernement fédéral, interdire le christianisme et promouvoir la promiscuité sexuelle et le culte du diable parmi les jeunes.

La théorie a été reprise par le Parti fédéraliste et a joué un rôle clé dans  la course présidentielle de 1800  entre le président John Adams, un fédéraliste, et le vice-président Thomas Jefferson, un démocrate-républicain. Des rumeurs circulaient parmi les fédéralistes selon lesquelles Jefferson était un athée qui remettrait l’Amérique à la France s’il était élu président.

Jefferson a gagné et les fédéralistes ne se sont jamais complètement remis. Les histoires sur les illuminati ont reculé, mais bientôt les francs-maçons ont émergé pour prendre leur place dans les imaginations folles des premiers Américains.

Les francs-maçons comptaient parmi leurs membres de nombreuses personnalités, dont George Washington. Leur influence a alimenté les rumeurs suggérant que l’organisation fraternelle était une conspiration satanique visant à gouverner le monde.

Pour comprendre pourquoi tant de personnes étaient convaincues, il est important de se rappeler l’anxiété qui a suivi la Révolution américaine, a déclaré Jonathan Den Hartog, historien à l’Université de Samford. Beaucoup de gens ne savaient pas si le pays durerait.

« En vivant cette période, beaucoup de gens étaient très nerveux. Et lorsqu’il y a de l’incertitude et de la peur, les gens vont chercher des explications », a déclaré Den Hartog.

Les  Illuminati et les francs-maçons continuent encore aujourd’hui  de faire leur apparition dans les théories du complot.

Le milieu du XIXe siècle a également vu des milliers d’Américains rejoindre de nouveaux mouvements religieux lors du Deuxième Grand Réveil. Un groupe populaire, les Millérites, a été fondé par William Miller, un vétéran de la guerre de 1812 qui a utilisé des indices numériques dans la Bible pour calculer la fin du monde : le 22 octobre 1844.

Avant le jour fixé, de nombreux disciples de Miller vendirent ou donnèrent leurs biens, portèrent des vêtements blancs et se dirigèrent vers les hautes terres – dans certaines régions du Massachusetts, ils grimpèrent aux arbres sur les plus hautes collines – afin de hâter leurs retrouvailles avec Dieu. Le 22 octobre passé, ils descendirent des collines. Certains sont retournés à leur ancienne vie. D’autres ont insisté sur le fait que la Fin était venue, mais de manière invisible.

« Cela a été appelé  la ‘Grande Déception' »,  a déclaré J. Gordon Melton, historien de l’Université Baylor et expert millérite. «Beaucoup de gens ont été très déçus, y compris Miller. Mais d’autres ont simplement dit : « Eh bien, ils se sont simplement trompés de date. »

La croyance selon laquelle le monde va bientôt se terminer – ou qu’une nouvelle ère va commencer – apparaît encore et encore dans les théories du complot populaires.

Les partisans de QAnon  prédisent depuis longtemps un « grand réveil » qui se produira, après « la tempête », lorsque l’ancien président Trump triomphera et que ses ennemis – dont l’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton et l’acteur Tom Hanks – seront dénoncés et peut-être exécutés à la télévision. De nombreuses dates ont été suggérées pour cette victoire finale et sanglante, prédictions qui sont ensuite ignorées lorsqu’elles  se révèlent incorrectes .

En 2021, des milliers de croyants de QAnon se sont rassemblés à Dallas après qu’un de leurs dirigeants ait prédit le retour de John F. Kennedy Jr., qui figure en bonne place dans la tradition de QAnon malgré sa mort en 1999. Les croyants découragés ont ensuite décidé qu’ils s’étaient trompés dans leurs dates.

Quelque chose de similaire s’est produit à la fin de l’année dernière, lorsque de nombreux théoriciens du complot ont affirmé qu’un test prévu de longue date du système de diffusion d’urgence activerait  les produits chimiques contenus dans les vaccins contre le COVID-19 . Ceux qui se faisaient tirer dessus seraient tués ou peut-être transformés en zombies, selon cette pensée. Cela ne s’est pas produit.

L’assassinat du président John F. Kennedy, ainsi que la guerre du Vietnam et le Watergate, ont ensuite ouvert la voie à notre ère actuelle de  « faits alternatifs »  en convainquant de larges groupes d’Américains qu’ils ne pouvaient plus faire confiance à leur propre gouvernement.

Les théories du complot actuelles reflètent cette même méfiance et un malaise face au rythme rapide des changements économiques, technologiques et environnementaux. Pensez aux affirmations selon lesquelles l’  alunissage de 1969  a été truqué, que le gouvernement a dissimulé  les preuves de la présence d’extraterrestres ou que les  attentats du 11 septembre 2001 étaient une affaire interne.

Les craintes concernant  les tours sans fil 5G ou les vaccins contenant des puces électroniques , pour reprendre deux exemples plus récents, reflètent les craintes du contrôle gouvernemental et des nouvelles technologies. Les affirmations selon lesquelles le changement climatique est un mensonge offrent une réponse simple à une menace existentielle complexe causée par le comportement des gens.

Ensuite, il y a la pandémie de coronavirus, qui a créé  des conditions idéales pour les théories du complot : une peur et une incertitude économique généralisées, une menace mortelle mystérieusement émanant d’un adversaire géopolitique, des vaccins rapidement créés et une réponse gouvernementale controversée.

« La COVID a vraiment mis tous les cadrans à 11 », a déclaré Joseph Uscinski, un politologue de l’Université de Miami qui étudie la croyance dans les théories du complot.

Internet a rendu la croyance dans les théories du complot plus visible et plus partageable. Trump et d’autres politiciens ont appris à  exploiter la croyance dans les théories du complot  à leurs propres fins.

Mais l’histoire montre que l’Amérique a déjà résisté aux canulars, aux théories du complot et aux cycles de méfiance. Den Hartog, l’historien de Samford, a déclaré qu’il aimerait croire que la nation peut recommencer.

« Cela me donne un peu d’espoir, de savoir que nous avons eu des problèmes et que nous les avons surmontés », a-t-il déclaré. « Il existe une capacité américaine à reprendre son souffle, à redoubler d’efforts dans notre vie civique et à rétablir la confiance. »

Le cœur ou la raison, de quel côté penche l’écologie ?

Science de la nature, discours scientifiques sur le changement climatique ou sur l’effondrement du vivant d’un côté : rationalité. Prise de conscience, inspiration religieuse, démarche philosophique d’un autre côté : spiritualité.  On oppose souvent spiritualité et raison, comme si les deux dispositions ne pouvaient pas exister l’une avec l’autre. Sont-elles deux tensions contradictoires ? Ou les deux faces d’une même médaille ? Petite promenade à travers les grandes spiritualités. 

Le Pape François a publié deux textes fondamentaux en rapport avec l’écologie. Laudato Si, en 2015 qui pose les bases de ce qu’il peut être la pensée catholique sur la question, où il parle de la Terre comme de la “Maison Commune” et il appelle à préserver la “Création”. Le dernier texte date de 2023, il s’intitule Laudate Deum. Il s’appuie sur le Synode (assemblée ecclesiastique) de 2020 en Amazonie. Sa particularité est qu’il se réfère explicitement à la science et à la raison. “On ne peut plus douter de l’origine humaine du changement climatique”. Il fait sien le consensus scientifique, au point de fustiger ceux qui le remettent en cause, les accusant d’obscurantisme : “des opinions méprisantes et déraisonnables que je rencontre même au sein de l’Eglise”. Ce qui n’empêche pas une critique féroce de la science dans sa version technologique, quand elle vire au culte de la technologie pour elle-même, quand elle développe une idéologie arrogante. C’est vers une nouvelle éthique qu’il appelle à se tourner. Une éthique inspirée par la foi, citant le message de la Bible donné comme une parole de Dieu : “la Terre m’appartient et vous n’êtes pour moi que des étrangers et des hôtes” . Dans la pensée de François, l’ensemble de l’univers étant une création divine, il est fait globalement de la même essence. Dans cette nouvelle éthique,  la raison ne s’oppose pas à la spiritualité, mais la spiritualité inspire la raison. On pourrait la résumer dans cette formule qu’il donne : “qu’est-ce que ma vie, quel est le sens de mon passage sur cette terre, quel est le sens de mon travail et de mes efforts ? “

Les Protestants se penchent depuis assez longtemps sur ces questions. Notamment parce que les débuts d’écologie sont issus de pays protestants : Ernst Haeckel (Allemand), Arthur Tansley (Britannique), Arne Naess (Norvégien). Récemment, un réseau s’est constitué au sein de l’Eglise Protestante de France : Espérer pour le vivant. Il s’agit de travailler les questions d’écologie en s’appuyant sur les textes sacrés. Le texte d’orientation issu des travaux du Synode 2021 à Sète s’appuie sur trois piliers:

1 La création comme promesse. On y constate que l’homme n’a pas le contrôle du vivant. On y proclame que désormais il faut accorder à la nature le statut de sujet et non plus d’objet. On y affirme que la création n’est pas achevée mais qu’elle est un processus toujours à l’œuvre dans lequel l’homme doit trouver sa place avec une manière différente d’habiter le monde. Ce qui est presque exactement la définition étymologique du mot “écologie”. 

2. Le cri de la création Il s’agit de se faire le relai de la souffrance que l’homme a fait subir à la nature, se repentir de la passivité et du laisser faire, “demander pardon à Dieu”.  Puis d’affirmer sa confiance dans les capacités de l’homme et ouvrir sur l’espérance. 

3 Le service de la création. Ce dernier point est un appel au travail. Tout d’abord repenser les fondamentaux ‘reconnaître une autonomie et une légitimité au monde naturel et sauvage”. Et surtout, ce qui intéresse particulièrement les francs- maçons, instaure une “relation triangulaire entre dieu, lui (l’Homme) et le monde sauvage et naturel”. 

Ce texte d’orientation se termine donc par l’appel à un engagement intellectuel et matériel s’appuyant sur l’évangile de Marc (9,35) “être serviteurs de tous” et proclame l’espérance en “un monde plus juste et plus équilibré”

Ici non plus, la raison et la foi ne sont pas opposées, la spiritualité est au contraire ce qui nourrit la pensée et l’action.

Une branche du monde judaÏque (libéral) “Judaïsme en mouvement” vient de créer  un laboratoire d’idées nommé La Manne. Il se propose de faire le lien entre le judaïsme, l’écologie et la biodiversité. Il organise des réunions de travail mensuelles. Certaines sont filmées et disponibles en replay, comme celle sur l’eau. Elles portent sur des thèmes comme : l’énergie, la biodiversité, l’entreprenariat responsable, le financement de la transition. La première avait pour thématique “Suis-je le gardien de mon frère ? “ A chaque fois, la démarche s’appuie à la fois sur des textes sacrés, sur des ouvrages “savants” et des témoins-experts. Là encore, il n’y a pas de contradiction entre la référence à une spiritualité et le travail sous l’égide de la raison. 

En ce qui concerne l’islam, on trouve un  réseau parrainé par Greenpeace MENA (Middle East and North Africa) et qui s’appelle l’Ummah for Earth. Il se donne cette mission : “engager les communautés de la diaspora musulmane dans la justice climatique”. Enviromuslims, en est la branche canadienne. Sa cofondatrice Saba Khan explique la démarche : “Les groupes confessionnels sont souvent tenus à l’écart des conversations importantes sur la politique climatique et les initiatives d’engagement communautaire liées aux enjeux environnementaux. Mais sachez que nos diverses perspectives peuvent avoir un impact, car notre esprit est animé par quelque chose de divin (littéralement) : notre relation avec notre Créateur.” Parmi les actions qu’ils ont développées, on note un Bootcamp (“camp d’entrainement), une plateforme de coaching chargée de développer des pratiques écoresponsables à l’occasion du ramadan 2024 ou encore dans la gestion des mosquées, avec Greening Canadian Mosques. Là encore, la pratique est nourrie par la spiritualité religieuse. Elle y trouve sa source, son point de départ. Même si elle se traduit par des actions extrêmement concrètes et rationnelles. 

On pourrait continuer sur le bouddhisme, qui n’est pas une religion, mais qui est une religion quand même. La particularité de son approche est que dans cette culture, la nature n’a jamais été séparée de l’homme. D’ailleurs c’est surtout la conception de l’homme qui diffère de celle qu’ont développée les humanistes en occident. Il n’est pas séparé corps et esprit, il est esprit incarné. La spiritualité est ce qui lui permet de s’unir à la nature par la méditation. Comme le dit Maha Ghosananda, ex-patriarche de l’église bouddhiste cambodgienne  : “Si nous respectons l’environnement, la nature sera bonne avec nous. Quand nos cœurs seront bons, le ciel sera bon avec nous. Les arbres sont comme notre mère et notre père, ils nous nourrissent et nous fournissent tout. Ils nous donnent à manger et satisfont beaucoup de nos besoins.” Respecter la nature est indissociable de respecter l’homme 

Le Dalaï Lama, chef de l’Eglise Bouddhiste tibétaine, s’est exprimé de nombreuses fois sur la nécessité d’une relation harmonieuse avec la nature. En 2019, il  engage des “Conversations sur l’Écologie, l’éthique et l’interdépendance”,  rassemblées dans un livre d’entretiens. On y  retrouve comme interlocuteurs : le karmapa (3è personnage de la hiérarchie religieuse) et aussi “des scientifiques environnementaux, des penseurs spécialisés en philosophie éthique et des militants écologistes”.  La spiritualité, la connaissance scientifique et la philosophe se croisent. Le Dalaï Lama n’en est pas à son coup d’essai. En 2021, un échange épistolaire qu’il a eu avec la militante écologiste Greta Thunberg a donné lieu à un livre : “Le Sage et l’activiste”. Là encore, la “connaissance intime” de la nature que permet la méditation n’est pas en opposition avec la connaissance rationnelle que propose la science. Et toutes les deux peuvent être tournées vers l’action

Existe-t-il une pensée maçonnique sur les questions d’écologie, qui pourrait allier science et spiritualité ? Pas encore, mais elle aurait presque pu exister depuis longtemps. On pense évidemment à l’œuvre d’Elisée Reclus, géographe, anarchiste et franc-maçon, qui posa en pleine révolution industrielle, les bases de ce qui serait plus tard l’écologie. Elisée Reclus, tellement libre maçon qu’il l’était très peu, initié mais fréquentant les loges avec parcimonie. Comme géographe, on lui doit une œuvre monumentale, “la Nouvelle Géographie Universelle”, en dix-neuf volumes, “l’Homme et la Terre”, en six volumes, etc. Il défend une approche de l’étude de la Terre qui inclut l’homme dans la nature. Il introduit une dimension humaine et sociale dans la géographie et tente de penser les phénomènes dans leur globalité. Mais surtout, en tant qu’anarcho-communiste, il arrive à penser contre son époque. Il développe une pensée très critique sur l’industrialisation, l’exploitation des ressources et des humains. Il insiste sur le fait que tout progrès s’accompagne d’un “régrès”, c’est-à-dire d’effets secondaires négatifs, régressifs. Faut-il pour autant y voir une dimension spirituelle ? Et bien pourquoi pas. Car Elisée Reclus était initialement destiné à la profession de pasteur, comme son père. Malheureusement la religion parvint très vite à le dégoûter de la religion et il perdit la foi. Mais pourtant jusqu’à la fin de ses jours en 1905 il sera animé par une attachement indéfectible à un idéal qui le porte à rêver d’une République universelle et l’espoir d’une humanité meilleure et plus fraternelle. N’est-ce pas une forme de spiritualité laïque ? Tout y invite dans la pensée d’Elisée Reclus, et notamment cette formule “L’Homme est la nature prenant conscience d’elle-même.  D’ailleurs, nos FF:. et SS:. de Belgique ont choisi son patronage pour créer un Triangle interobédientiel qui travaille sur les questions d’écologie : le Triangle Elisée Reclus

Le Frère – ancien policier et préfet – Alain Gardère, au tribunal pour soupçons de corruption

De notre confrère nouvelles-dujour.com – Par Cammile Bussière

Comme le précisait le blogueur Geplu dans son site hiram be, le Frère Alain Gardère était membre de la GLNF en 2016 à l’époque des faits. Ce dernier, 67 ans, est jugé depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. Sept années d’enquête ont montré « la vulnérabilité » de l’ancien préfet « aux demandes » selon le juge d’instruction, pour qui le haut fonctionnaire a fini par mélanger ses activités professionnelles avec « amitiés intéressées ».

Il est jugé du lundi 13 mai au 20 juin aux côtés de 12 autres personnes et deux sociétés par le tribunal correctionnel de Paris pour une longue liste de délits, parmi lesquels corruption active ou passive, abus d’autorité, prise illégale d’intérêts, abus de biens sociaux ou encore voire la dissimulation d’abus de biens sociaux.

Responsable de la sûreté des aéroports parisiens du Bourget et de Roissy en 2011-2012, directeur en 2015-2016 du Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS, l’organisme qui délivre les agréments dans ce secteur), le haut fonctionnaire, aujourd’hui retraité, est soupçonné d’avoir pris l’habitude de demander des avantages sociaux tout en faisant usage de son poste. Grand chef des commissariats parisiens, dans les années 2000, Alain Gardère pouvait être aussi colérique qu’affectueux envers ses collègues.

Faveurs à ses « frères » francs-maçons

A un poste essentiel de la sécurité privée, il accélère les autorisations de port d’armes et reçoit des caisses de vin, des billets pour des défilés de haute couture, ou des promesses de voyage en Hongrie… Préfet de l’aéroport de Roissy, il obtient un badge d’accès pour un vieil ami, directeur d’un cabaret parisien où les policiers ont leurs habitudes.

La liste est longue : un dîner à la Tour Eiffel, des travaux pas chers dans ses appartements… Et puis les services rendus non pas à des amis, mais à « frères »« L’appartenance (d’Alain Gardère) à la franc-maçonnerie l’a (sans doute) amené à privilégier certaines personnes »conclut le juge d’instruction.

05/10/24 : VIIe Colloque du Cercle Renaissance Traditionnelle. Réservez la date !

L’équipe de rédaction de Renaissance Traditionnelle (R.T.) est heureuse de vous annoncer le prochain Colloque du Cercle Renaissance Traditionnelle qui se tiendra le samedi 5 octobre 2024, Maison Maria Deraismes, 9 rue Pinel, 75013 Paris (de 10 heures à 17 heures).

Jean-Baptiste Willermoz

Cette 7e édition du Colloque aura pour objet « Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) : Quel héritage, deux siècles plus tard ? »

Si le XVIIIe siècle a connu des personnalités maçonniques d’exception, Jean-Baptiste Willermoz occupe parmi elles l’un des premiers rangs. Maçon passionné dès l’âge de vingt ans, impliqué dans toutes les aventures de la franc-maçonnerie lyonnaise, véritable encyclopédie maçonnique vivante, passionné par les courants ésotériques et mystiques de son temps – de l’illuminisme chrétien à la théurgie et au magnétisme –, il fut avant tout le génial concepteur du Rite Écossais Rectifié (RER).
Deux siècles après sa mort, survenue en 1824 à l’âge alors vénérable de 94 ans, le temps est venu d’un bilan serein et documenté de son action, et d’un examen objectif de sa postérité.


Le but de ce colloque, réunissant quatre spécialistes reconnus de l’œuvre de Willermoz et des sources du RER, sera de revisiter l’histoire de ce régime maçonnique sous l’angle particulier de l’action personnelle de Willermoz, de ses convictions, de ses passions, de ses doutes aussi. Seront ainsi explorées à nouveaux frais ses relations avec le baron de Hund et la Stricte Observance Templière, avec Martinès de Pasqually et les Élus Coëns, avec Louis-Claude de Saint-Martin et sa « voie cardiaque », mais aussi sa pensée personnelle de théosophe chrétien et d’explorateur des mystères. Enfin, un accent particulier sera mis, à travers une table ronde conclusive, sur la réception de son œuvre et sur sa postérité jusqu’à nos jours.
Les auteurs intervenant au cours du colloque signeront à cette occasion certains de leurs ouvrages.
À travers le bicentenaire de sa mort, c’est donc son héritage vivant – souvent incompris ou profané – qui sera éclairé et célébré.

Voici les modalités de l’inscription qui est obligatoire (nombre de places limité à 200) donnant accès aux conférences, table ronde, dédicaces (pause-déjeuner libre) :

Tarif normal : 20 €/Tarif préférentiel : 10 € si vous êtes déjà abonné à la revue pour l’année 2024. Offre spéciale (entrée + abonnement) : 70€ si vous souhaitez vous abonner à la revue pour l’année 2024.

Le Secrétariat de la revue reste à la disposition de tous pour faciliter le processus d’inscription en cas de difficulté rencontrée sur le site.

Au plaisir de vous retrouver le 5 octobre prochain !

VIIe Colloque du Cercle Renaissance Traditionnelle le 5 octobre 2024, le YouTube.

VIIe Colloque du Cercle Renaissance Traditionnelle le 5 octobre 2024, le programme

Nous aurons l’occasion de revenir sur ce magnifique événement. Les anciens se souvenant, dans le années 90, des colloques du Cercle Renaissance Traditionnelle qui, déjà, jouaient un rôle crucial dans la création d’un espace de dialogue entre historiens, chercheurs et passionnés. Ils ont notamment contribué à la diffusion d’une meilleure compréhension des rites maçonniques, à la création d’un réseau de chercheurs spécialisés en histoire maçonnique mais aussi à promouvoir l’essor d’une recherche plus rigoureuse et académique sur l’histoire de la franc-maçonnerie en France.

En 2024, le Cercle et la revue Renaissance Traditionnelle – Prix littéraire de l’Institut Maçonnique de France 2019, catégorie « Revues » – continuent d’avoir une influence significative sur les études maçonniques en France et dans le monde.

La flamme, un symbole universel !

L’actualité olympique nous incite à évoquer le symbolisme de la flamme.

Si aujourd’hui, l’utilisation des anciens rituels a souvent une justification commerciale, c’est aussi l’occasion de réfléchir à notre propre pratique rituelle dans nos loges maçonniques. La flamme est omniprésente dans les loges maçonniques. On allume les chandelles rituellement, la flamme joue son rôle dans l’initiation, des objets rituels renvoient à la flamme, etc.

La flamme est une des expressions du Feu ; lorsqu’on se rend compte de l’importance du Feu dans l’évolution des sociétés humaines, on peut comprendre que les êtres humains lui aient attribué un symbolisme de première importance !

La flamme, expression du feu, c’est la capacité de se nourrir, de transformer les matériaux, de se battre et aussi de domestiquer la nature !

Quoi d’étonnant que l’on retrouve le Feu dans toutes les religions et dans toutes les cultures du monde !

Quoi de plus beau que les feux de la Saint-Jean quand les flammes embrasent le bûcher et que la chaîne d’union réchauffe nos cœurs ?

Dans la culture judéo-chrétienne, le Feu est l’attribut de Dieu ; en loge, dans cette même orientation, le ou la  vénérable dispose de l’épée flamboyante.

Dans la pensée taoïste, le Feu fait parte des cinq éléments constitutionnels.

L’hindouisme décrit trois sortes de feu :

  •     Agni symbole du foyer domestique et du sacrifice,
  •     Indra, symbole de la force,
  •     Surya, symbole de la connaissance.
Herbert de Witte (à droite) et Norbert Wolberink allument une bougie dans l'atelier, comme on appelle le temple des francs-maçons. © Wouter Borre
Herbert de Witte (à droite) et Norbert Wolberink allument une bougie dans l’atelier, comme on appelle le temple des francs-maçons. © Wouter Borre

Le Feu purifie mais il est aussi destructeur comme dans l’enfer que l’on retrouve dans de nombreuses religions.

Mais pour comprendre l’importance symbolique de la flamme, il n’est peut-être pas inutile de revenir à la réalité scientifique.

Pour les scientifiques, la flamme c’est « une réaction chimique entre deux ingrédients : un matériau (le combustible), l’oxygène de l’air (le comburant), un apport d’énergie servant de déclencheur. Toute combustion dégage de l’énergie sous forme de chaleur »

De cette définition scientifique, découle un constat : la flamme est une production d’un binôme !

A partir de deux éléments (le combustible et le carburant dans le cas présent), on en obtient un troisième (la flamme dans cet exemple) !

C’est la base de la loi du ternaire que l’on retrouve dans tous les symbolismes à base trois !

A chaque fois, on pourrait se poser la question de savoir quels sont les deux éléments de base qui produiront le troisième !

Ainsi dans la religion chrétienne on retrouve le Saint-Esprit comme conséquence du binôme Père-Fils.

Dans le ternaire constitué par le rituel, la loge et l’initié-e : l’initié-e est le produit du binôme « Rituel-Loge ».

Pour revenir à la flamme, en loge c’est son caractère sacré qui domine ; pour les croyants, cela renvoie au Grand Architecte de l’Univers, ; pour les non-croyants, la flamme symbolise la Connaissance produite par le binôme « Recherche-Vérité ».

Cette explication du ternaire permet de comprendre qu’il représente pour nous une voie vers la Connaissance.

Par la Recherche et par l’exigence de Vérité, on peut accéder à une connaissance initiatique !

La nature de la flamme avec la nécessité de l’entretenir entraîne le rituel des relais : ce relais de la flamme c’est la transmission des valeurs morales !

À l’ombre des cathédrales : Écriture et pouvoir du XIe au XIIIe siècles

L’ouvrage Écrire à l’ombre des cathédrales parcourt les pratiques d’écriture médiévales au sein des cathédrales, centres névralgiques du pouvoir ecclésiastique. Grégory Combalbert et Chantal Senséby, les directeurs de ce travail, rassemblent des études éclairant la production documentaire dans l’espace anglo-normand et l’Ouest de la France du XIe au XIIIe siècles.

Cet ouvrage en trois parties – première partie « Écrire, rédiger, mettre en forme » ; deuxième partie « Être acteurs de l’écrit » ; troisième partie « Faire écrire, conserver et transcrire » – est réalisé sous la direction de Grégory Combalbert, maître de conférences en histoire médiévale à l’université de Caen Normandie (centre d’intérêts : histoire de l’Église dans le monde anglo-normand, pratiques de l’écrit en milieu cathédral et édition numérique des actes épiscopaux) et Chantal Senséby, maîtresse de conférences à l’université d’Orléans, ses recherches portant sur la culture et les usages sociaux de l’écrit, principalement dans le Val de Loire entre le Xe et le XIIe siècle.

Un ouvrage ayant reçu le soutien de l’Université d’Orléans, du laboratoire POLEN (EA 4710) et de celui du CRAHAM (UMR 6273, Université de Caen Normandie/CNRS). Dans leur avant-propos Grégory Combalbert et Chantal Senséby introduisent le sujet en évoquant le rôle des chancelleries épiscopales et des bureaux de rédaction des cathédrales.

Puis, dans « Écrire à l’ombre des cathédrales. En guise d’introduction », Olivier Guyotjeannin présente les structures organisationnelles des chancelleries épiscopales et leur fonction documentaire au service des évêques.

La construction du Temple de Jérusalem. pouvant illustrer le chantier d’une cathédrale gothique (tirée d’un manuscrit d’Antiquités Judaïques, de Jean Fouquet, vers 1470-1476. Bibliothèque Nationale, Paris.

La première partie traite de la production diplomatique des évêques de Bayeux et de Coutances (XIe-XIIIe siècles), analyse du rôle de la chancellerie d’Évreux dans la production documentaire et les réseaux d’influence.et met notamment en lumière des relations entre l’évêque Guillaume de Passavant et le chapitre cathédral. Usage des documents comme instruments du pouvoir épiscopal, étude comparative des pratiques d’écriture des évêques, chartes épiscopales du XIIe siècle sont décryptées.

Quant à la seconde partie, cette dernière explore les acteurs de la production documentaire, en abordant notamment les pratiques capitulaires – Production et conservation des actes écrits dans des diocèses, analyse comparative de la production documentaire des différents chapitres, etc.

Véronique Gazeau

Enfin la troisième et dernière partie « Faire écrire, conserver et transcrire » s’intéresse aux pratiques de conservation et de transmission des documents.

La conclusion de Véronique Gazeau, Professeure d’histoire médiévale à l’université de Caen, synthétise les contributions, soulignant l’importance des documents comme instruments du pouvoir épiscopal et du chapitre cathédral.

Écrire à l’ombre des cathédrales offre donc une exploration minutieuse des pratiques d’écriture dans le contexte cathédral du XIe au XIIIe siècle. Les contributions démontrent la diversité des formes documentaires, les enjeux politiques, administratifs et liturgiques associés à la production de ces écrits. Les analyses croisées fournissent une vision riche et nuancée de l’organisation documentaire des cathédrales, rendant ce travail essentiel pour les chercheurs en histoire médiévale.

La première de couverture porte la mention Colloque Cerisy. Rappelons que le Centre culturel international de Cerisy (CCIC), principal moyen d’action de l’Association des Amis de Pontigny-Cerisy (AAPC), assure, dans le cadre accueillant d’un château du XVIIe siècle (monument historique), l’organisation et la publication des Colloques de Cerisy. Ceux-ci se caractérisent par la qualité de l’accueil, leur durée, l’ampleur des discussions et la convivialité du séjour.

Écrire à l’ombre des cathédralesEspace anglo-normand et France de l’Ouest, XIe-XIIIe siècle

Sous la direction de Grégory Combalbert et de Chantal Senséby

Presses Universitaires de Rennes, Coll. Histoire, 2024, 414 pages, 28 €

Les Presses Universitaires de Rennes (PUR) – éditeur de sciences humaines et sociales depuis 1984, le site.

18/05/24 : « Le sacré en franc-maçonnerie : un postulat ? » par Solange Sudarskis à l’Académie maçonnique

La prochaine conférence de l’Académie maçonnique à Paris aura lieu le samedi 18 mai 2024 de 10h30 à 12 h en distanciel via un webinaire Zoom.

Prix littéraire de l’Institut Maçonnique de France (IMF), en 2017, catégorie « Essais et Symbolisme » pour son Dictionnaire vagabond de la pensée maçonnique (Éd. Dervy, 2017, 602 p.), dont nous pouvons annoncer en avant-première qu’elle prépare une nouvelle édition revue et augmentée, à paraître en septembre prochain sous le titre légèrement modifié de : Dictionnaire vagabond en franc-maçonnerie, Solange Sudarkis est, par ailleurs, la bien connue, rayonnante et prolifique chroniqueuse de notre journal 450.fm où elle est également responsable de la rubrique « Miroir des spiritualités ». Membre de la Fédération française de l’Ordre Mixte International LE DROIT HUMAIN, elle s’interrogera, à titre strictement personnel, sur « Le sacré en franc-maçonnerie : un postulat ?  », sachant que, dans le droit fil de ce sujet, parmi les 26 ouvrages maçonniques qu’elle a publiés jusqu’à présent, elle a fait paraître, en juin 2023, aux éditons Dervy, dans la collection qu’anime Jacques Carletto : « Les outils maçonniques du XXIe siècle », un essai d’une centaine pages, intitulé : Maçonnerie : comment passer du profane au sacré ?

Ces conférences sont réservées aux frères et sœurs de toutes Obédiences et de tous grades.

Si vous souhaitez y assister en visioconférence par Zoom

inscrivez-vous. C’est gratuit !

Vous recevrez en retour le lien de connexion à utiliser le jour de la conférence. Nous espérons vous y retrouver nombreux.

[NDLR : Nous ne doutons pas que notre TCS conférencière Solange en explorant le concept du sacré au sein de la franc-maçonnerie, suggéra que la présence du sacré est une hypothèse de base dans les rituels et les symboles maçonniques. En franc-maçonnerie, le sacré pourrait ne pas se référer à une divinité spécifique, mais plutôt à un sens plus large de spiritualité et de connexion à des valeurs universelles.

Le « Dictionnaire vagabond de la pensée maçonnique« ,Prix littéraire de l’IMF2017, catégorie « Essais et Symbolisme »

La franc-maçonnerie est connue pour sa nature ésotérique et symbolique, intégrant des éléments de diverses traditions spirituelles et philosophiques. Le sacré dans ce contexte pourrait être vu comme un cadre permettant aux membres de s’engager dans une réflexion personnelle et collective. Cela inclut souvent des rituels qui utilisent des symboles et des outils pour transmettre des enseignements moraux et éthiques.

L’idée du postulat suggère que l’acceptation du sacré en franc-maçonnerie est une base acceptée ou un principe non démontré sur lequel d’autres aspects de la philosophie maçonnique sont construits. Cela peut aussi ouvrir des discussions sur comment différents membres perçoivent et interprètent le sacré dans leurs pratiques.

Une belle conférence en perspective qui intéressera celles et ceux qui étudient la franc-maçonnerie non seulement du point de vue historique ou culturel, mais aussi en termes de son impact philosophique et spirituel sur ses membres et la société en général.]

Source : Jean-Robert Daumas, Secrétaire du Collège maçonnique

Les deniers ouvrages de Solange Sudarskis

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La langue devient dialogue avec le silence

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 (Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)

Les mots : les mots de passe, les mots secrets, les mots justes, mais aussi tous les mots ordinaires, avec les dérives qu’ils comportent… Il arrive sans doute parfois qu’en franc-maçonnerie, l’on se gave, l’on se gorge, l’on se gargarise de mots, notamment dans certaines planches, fussent-elles d’augmentation de salaire, comme, du reste, dans d’autres morceaux ou monceaux d’architecture. C’est un risque. Un risque avéré : chacun a pu en faire l’expérience, n’est-ce pas ?

Il m’est donc arrivé de regretter – très occasionnellement, bien entendu – que certains frères contournent ce qui aurait dû être les épanchements intimes de leur pensée, par de pompeuses abstractions qu’ils ne maîtrisaient guère, donnant à leurs discours boursouflés de citations mal comprises et souvent inutiles un éclat factice et pathétique qui ajoutait encore à leur amphigouri. C’était le bon temps !

Aujourd’hui, les resucées de Wikipédia et les suggestions de l’intelligence artificielle générative donnent déjà et promettent de donner bientôt davantage à leurs propos cette ampleur fade et contrôlée qui convient au consensus mou d’une bien-pensance supposée universelle. Plus rien de réellement personnel. Plus de rêves, plus de caresses, plus de griffures, plus de morsures : plus de confidences ! Même le sens du doigté en vient à échapper à la délibération de conscience…

Comment éliminer ces vastes fatras, sans craindre de jeter le bébé avec l’eau du bain ? Un bain  de paroles tièdes et récitées, un bébé tout emmailloté de mots qui lui sont étrangers. De quoi le soi-disant « auteur » compte-t-il se protéger ainsi ? Il cherche indéniablement à donner le change, alors qu’en réalité, il ne s’agit jamais que d’un change de bébé, un change propre et sec devant lui épargner de se langer en public et d’assumer tantôt ses manques, tantôt ses doutes, tantôt ses limites, tantôt ses excès, ce qui l’aurait conduit – pour le bonheur commun – à parler avec ce qu’il est, à donner à son phrasé les irremplaçables accents de la sincérité. Bref, il essaie de compenser par une apparente suffisance extérieure le ressenti d’une insuffisance intérieure, alors qu’il n’existe d’élévation véritable que celle qui consiste à s’exprimer à la seule hauteur d’homme qui soit : la sienne.

Vénérable Maître à l’Ordre

Un remède ? Appliquer simplement les préconisations ordinaires qu’un Vénérable Maître doit s’efforcer de faire respecter en Loge : prescrire des interventions courtes sur des sujets formulés de façon peu conventionnelle, incitant à livrer un point de vue. Même si la Loge n’est pas a priori le lieu le plus approprié pour guérir son enfant intérieur, elle y contribue en aidant chacun à vivre en paix avec soi-même, à laisser respirer son être profond, celui qui permet de s’unir à soi et aux autres. À affirmer sereinement sa singularité. C’est pourquoi nous ne devons pas rater la porte du langage, de notre propre langage, celui dont nous souhaitons vêtir notre être au monde.  C’est seulement ainsi qu’au- delà même de ce qu’elle peut incarner entre les hommes, la langue devient dialogue avec le silence.