L’Ancien Testament s’étale sur plusieurs milliers d’années, remplit plusieurs centaines de pages d’où une profusion de personnages à l’intérieur. Certains sont obscurs à moins que la Bible soit votre livre de chevet. Or, en tant que visiteurs d’églises ou de musées, vous vous retrouvez peut-être devant des œuvres mettant en scène un de ces personnages. Comment s’y retrouver ? L’historien de l’art Jean Wirth propose une première clé : lire l’Ancien Testament comme une succession d’histoires de frères qui ne s’aiment pas ou que Dieu favorise ou maudit. L’idée, provocante, a quelques fondements.
Les frères ennemis les plus connus.
Commençons par les deux enfants d’Adam et Ève : Abel et Caïn. Leur conflit a pour origine une offrande à Dieu, comme le rappelle ce chapiteau roman.
À droite, l’agriculteur Caïn (son nom se devine dans le coin au-dessus) offre une gerbe de blé de mauvaise qualité tandis que l’éleveur Abel remet un agneau, le premier-né de son troupeau. Dieu accepte ce dernier don. Sa main sort des nuées pour bénir l’éleveur. L’offrande de Caïn est par contre refusée. Sur le chemin du retour, Caïn, jaloux, tue son frère. C’est le premier meurtre de la Bible.
Un échangisme qui tourne mal
Tournons les pages pour arriver à Abraham. Ce patriarche se désespère de ne pas avoir de descendance avec sa femme Sara. Se croyant stérile et approchant de la vieillesse, cette dernière se résout à laisser sa place au lit à la servante Agar. Son sacrifice fonctionne : Agar donne naissance à Ismaël. L’affaire se complique lorsque Dieu permet finalement à la vieillissante Sara d’enfanter à son tour. Abraham se retrouve avec deux fils : Ismaël et Isaac. Forte de son statut d’épouse et de mère, Sara oblige le patriarche à chasser la servante et son fils. Ils erreront dans le désert.
Anonyme, La Répudiation d’Agar, musée du Prado, Madrid, XVIIe siècle
La tromperie de Jacob
Sur ce chapiteau de l’abbatiale de Vézelay, on retrouve à gauche Isaac, le fils d’Abraham. Il est devenu vieux et aveugle (regardez ses yeux bridés). À sa droite, son fils Jacob qui est en train de le berner sous les yeux de sa mère. Profitant de la cécité de son père, Jacob se fait passer pour son frère aîné Ésaü. Isaac le bénit, lui conférant la prospérité et la domination sur son frère. Lorsqu’Ésaü découvre la supercherie, il est trop tard. Furieux d’avoir été lésé de son droit d’aînesse, il jure de tuer Jacob. Mais l’histoire ne termine pas comme entre Abel et Caïn. L’imposteur fuit chez son oncle et sauve sa vie.
Joseph et ses 11 frères
Une fratrie si nombreuse risque de devenir un panier de crabes. Les 12 sont précisément les enfants de Jacob qu’on vient de quitter. Parmi eux se distingue Joseph, le préféré et enfant d’un second lit. Les ingrédients sont là pour susciter la jalousie. Les frères complotent pour se débarrasser du jeune Joseph. Après avoir pensé à le tuer (décidément !), ils se résolvent à l’enfermer dans une citerne. Cet épisode se devine sur le vitrail de la cathédrale de Chartres : Joseph est glissé dans un trou.
Ayez une pensée pour l’embarras du peintre-verrier : représenter les 12 frères dans un petit compartiment de vitrail. Il y a renoncé 🙂. Ensuite, selon les versions de la Bible, le malheureux Joseph est soit vendu soit secouru par des marchands. Les frères s’en retournent auprès de leur père Jacob. Pour cacher leur forfait, ils lui justifient l’absence de Joseph en avançant l’hypothèse d’un meurtre. À l’appui de leur version, ils tendent sa tunique ensanglantée. En vérité, le sang d’un bouc leur a servi à fabriquer cette preuve.
Alors que Jacob pleure ce fils adoré, Joseph se retrouve esclave en Égypte. Heureusement, ses qualités d’administrateur et d’interprète de rêves le font remarquer du pharaon. Il sauve notamment le royaume d’une famine grâce aux importants stocks de grain qu’il a commandé lors des années fastes. Justement, un jour, Joseph voit arriver à la Cour ses frères menacés à leur tour par la pénurie. Aucun ne le reconnaît. Joseph en profite pour leur faire subir quelques épreuves. Il glisse par exemple une coupe dans les bagages d’un frère puis le fait arrêter pour vol.
Finalement, touché par la solidarité entre les frères, Joseph se fait reconnaître et accueille toute sa famille en Égypte, la mettant à l’abri de la famine.
Un geste à la source d’une discorde
À la génération suivante, les conflits reprennent. À son tour, Joseph a deux fils : Manassé et Ephraïm. Les deux frères semblent s’entendre. Aucun ne cherche à se débarrasser de l’autre. Enfin ! Mais le grand-père Jacob met un peu de fiel dans la relation. Au moment de les bénir, il pose sa main droite sur la tête du cadet, Ephraïm, et sa main gauche, sur la tête de l’aîné Manassé. Or la main droite prime toujours symboliquement. Regardez la bénédiction croisée de Jacob sur cette sculpture de la cathédrale d’Amiens.
Si on ne connaît pas l’histoire, on ne peut pas comprendre ce geste apparemment maladroit (Jacob semble agir comme un DJ qui mixe). En fait, par ce geste à l’encontre de l’ordre généalogique, Jacob favorise volontairement le cadet. Cela peut vous sembler anodin, mais il y a des conséquences : la descendance et la tribu d’Ephraïm seront effectivement plus prospères que celle de Manassé. Ces cinq histoires fraternelles, voire fratricides, vous font entrer dans les nombreux imbroglios familiaux de la Bible et vous dessinent quelques branches d’un foisonnant arbre généalogique. Cet angle laisse par contre dans l’ombre les femmes. À ma connaissance, l’Ancien Testament ne rapporte aucun conflit entre sœurs, aucune sororicide (le terme existe). Avez-vous des contre-exemples ?
Décoder les abbayes et monastères : point d’avancée du livre
Le mois dernier, je vous ai promis de partager le processus d’écriture de mon livre consacré aux abbayes et monastères. 12 relecteurs m’accompagnent dans ce projet. Nous nous sommes réunis au cours d’une visioconférence. Actuellement, ils discutent de ma table des matières. Leurs premières remarques m’incitent à faire comme certains candidats de « Qui veut gagner des millions ? » : demander l’avis du public. Sur certains points, je ne suis pas sûr de la direction à prendre et vous allez m’éclairer. Mieux, vous allez résoudre ma crise existentielle d’auteur. Dimanche dernier, je me suis en effet interrogé sur la forme et le style du livre. Il était temps : j’en avais écrit environ 20 % ! Pour le moment, je rédige à la manière de ce que vous lisez habituellement dans cette infolettre et mes articles : de la narration et des images. Mais peut-être préférez-vous une autre recette que j’avais expérimenté sur un précédent livre numérique, Comment regarder les sculptures médiévales. Dans ce livre, l’écriture est plus descriptive et efficace que narrative. Surtout, la mise en page est plus graphique. En voici deux pages :
Comme vous le savez, la rédaction de 450fm est toujours en quête de preuves et de scoops, surtout quand il s’agit de débusquer tous les allumés de la conspiration maçonnique. Cette semaine, nous avons découvert un spécimen qui dévoile les poignées de mains des Francs-maçons au travers de deux politiciens bien connus de notre actualité politique française. Nous vous laissons savourer ces 5 minutes de délire.
Comme vous le constaterez, nous avons choisi de placer cet article dans la rubrique humour plutôt que dans celle de l’antimaçonnisme. Vous comprendrez pourquoi très vite…
Le 9 juin prochain, les 359 millions d’électeurs européens sont appelés à élire au suffrage universel direct à un tour leurs représentants au Parlement européen pour les cinq prochaines années.
Ce rendez-vous démocratique est essentiel pour répondre aux besoins d’un monde coopératif et solidaire, digne et respectueux, juste et inclusif, autant qu’aux défis de notre temps : défense des droits fondamentaux, respect de la démocratie, mise en œuvre de mesures sociales, question migratoire, enjeux climatiques, souverainetés, santé, défense…
L’Union européenne est la seule échelle pertinente et en capacité à répondre à ces défis.
Face à la montée historique des nationalismes et des extrémismes, le futur Parlement européen devra travailler à des propositions ambitieuses pour tous les États membres.
Fidèles aux valeurs qui ont permis la construction européenne, nous désirons une Europe forte et « unie dans la diversité ».
Dans un contexte de montée des populismes de tous bords, la Fédération Française du DROIT HUMAIN, attachée aux valeurs d’humanisme et de fraternité, appelle au vote – notamment des jeunes ! – lors des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.
Ne vous abstenez pas. Exprimez-vous, VOTEZ et incitez votre entourage à en faire de même !
Le 24 mai 2024.
La commission Europe de la Fédération Française de l’Ordre Maçonnique Mixte International LE DROIT HUMAIN
Dans son troisième volume des « Bâtisseurs du sacré-Des mégalithes aux édifices religieux », Éric Charpentier abordant, cette fois-ci, les « Mégalithes oubliés du sud Lyonnais – De Saint-Martin de Cornas à Saint-Vincent d’Agny », se concentre spécifiquement sur Saint-Vincent d’Agny, une localité du sud Lyonnais.
À une vingtaine de kilomètres au sud de Lyon, le Plateau Mornantais est parsemé de menhirs, formant l’un des principaux sites mégalithiques du département du Rhône. Toutefois, malgré la présence du dolmen de Mornant, ces pierres n’ont jamais suscité l’intérêt des scientifiques, ce qui leur vaut le nom de « mégalithes oubliés du Sud Lyonnais« . Ce troisième tome de la série d’Éric Charpentier explore ces pierres mystérieuses, en les replaçant dans le contexte des sites sacrés et religieux de la région, et en les reliant aux pratiques d’une science de l’arpentage multimillénaire.
Saint-Vincent d’Agny
Éric Charpentier introduit le site de Saint-Vincent d’Agny en détaillant sa situation géographique et historique. Le plateau est décrit comme un lieu riche en histoire, avec des traces d’occupation humaine remontant à des millénaires. Il commence par situer le village et son église, soulignant l’importance des alignements de menhirs et de pierres levées dans le paysage.
L’auteur examine les différents mégalithes présents à Saint-Vincent d’Agny. Il décrit en détail les structures, leur disposition et les matériaux utilisés. L’auteur souligne que ces pierres ne sont pas disposées de manière aléatoire, mais suivent des alignements précis, ce qui témoigne d’une connaissance approfondie de la géométrie et de l’astronomie par les anciens bâtisseurs.
Chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent-d’Agny
Éric Charpentier se penche ensuite sur les édifices religieux de la région, notamment l’église de Saint-Vincent d’Agny. Il établit des parallèles entre la disposition des mégalithes et celle des bâtiments religieux. Il met en lumière les symboles cachés dans l’architecture de l’église et leur lien avec les anciennes traditions mégalithiques. La thèse de l’auteur est que les bâtisseurs de ces édifices possédaient une science sacrée de l’arpentage et de la géobiologie, qu’ils ont appliquée à la fois aux structures mégalithiques et aux constructions religieuses.
Éric Charpentier approfondit l’idée que les bâtisseurs anciens étaient à la fois géomètres, géobiologues et médecins de la Terre. Il explique comment cette science ancestrale est comparable à celle utilisée dans des sites mégalithiques célèbres comme Carnac, Stonehenge ou New Grange. L’auteur développe l’idée que les positions des mégalithes et des édifices religieux étaient intentionnellement choisies pour créer des lieux de puissance et de guérison.
L’ouvrage se conclut par une réflexion sur l’héritage des bâtisseurs du sacré et l’importance de redécouvrir et de préserver ces connaissances anciennes. Charpentier invite les lecteurs à considérer ces sites sous un nouveau jour, non seulement comme des vestiges du passé, mais comme des témoignages d’une science et d’une spiritualité profondément connectées à la Terre.
1re de couv., détail
Les bâtisseurs du sacré – Des mégalithes aux édifices religieux – Tome 3 est une œuvre qui explore les liens mystérieux et souvent oubliés entre les mégalithes et les édifices religieux du sud Lyonnais. En se concentrant sur des sites comme Saint-Vincent d’Agny, Éric Charpentier nous offre une vision renouvelée de ces lieux, mettant en lumière leur importance historique et spirituelle. Le livre est une invitation à redécouvrir et à préserver ces témoignages d’un savoir-faire ancien, où science, spiritualité et architecture se rejoignent.
Le livre est riche en descriptions détaillées et en analyses profondes, ce qui en fait une ressource précieuse pour les amateurs de mégalithes et d’histoire religieuse. Toutefois, certains lecteurs pourraient trouver les théories de Charpentier sur la science sacrée des bâtisseurs un peu spéculatives. Néanmoins, son approche passionnée et érudite offre une perspective fascinante sur ces monuments anciens. La préface de Pierre-Alexandre Nicolas ajoute une dimension supplémentaire, en apportant un éclairage sur les enjeux actuels de la préservation du patrimoine mégalithique.
Mégalithes de Saint-Vincent d’Agny – Source http://regardsdupilat.free.fr
Dans cette œuvre magistrale, un aspect enchanteur capte tout particulièrement notre attention et émerveille notre esprit curieux : les très nombreuses illustrations, cartes et plans, si minutieusement détaillés. Chaque page tournée est une nouvelle invitation au voyage, une incursion dans un monde ancien rendu palpable par la richesse visuelle qui accompagne le texte.
Les illustrations, avec leur précision et leur délicatesse, semblent presque vivantes, comme si les pierres et les édifices qu’elles représentent s’animaient sous nos yeux. Les cartes, véritables œuvres d’art, tracent avec une exactitude remarquable les contours de ce territoire mystérieux, nous guidant à travers les méandres de l’histoire et de la géographie du sud Lyonnais. Quant aux plans, leur clarté et leur complexité nous plongent au cœur même de la science de l’arpentage des bâtisseurs du sacré, révélant des secrets longtemps enfouis sous la terre et le temps.
Deux villages, deux chapelles – Source http://regardsdupilat.free.fr
C’est un plaisir rare et précieux que de se perdre dans ces illustrations, de laisser notre regard vagabonder sur les détails infinis, chaque trait et chaque ombre racontant une histoire. Elles enrichissent le récit, le complètent, le transcendent même, offrant une dimension supplémentaire à la prose déjà envoûtante d’Éric Charpentier. Grâce à ces visuels, le lecteur n’est plus simplement un observateur distant, mais devient un explorateur actif, déchiffrant les mystères des mégalithes oubliés et des édifices religieux avec une nouvelle acuité.
Pierre-Alexandre Nicolas
Éric Charpentier
À 52 ans, père de deux enfants, Éric Charpentier vit dans les monts du Lyonnais et travaille dans le domaine de l’architecture. Avec son œil de professionnel, il détecte entre les sites mégalithiques et religieux une organisation intentionnelle et énigmatique
Quant à Pierre-Alexandre Nicolas, le préfacier, il dirige la Société Géobiologia SARL, et est un spécialiste en géobiologie et en bien-être qui opère dans le domaine de l’habitat depuis 1995.
Les bâtisseurs du sacré-Des mégalithes aux édifices religieux-Tome 3-Mégalithes oubliés du sud Lyonnais-De Saint-Martin de Cornas à Saint-Vincent d’Agny
Chapitre IV-Saint-Vincent d’Agny
Éric Charpentier – Préface Pierre-Alexandre Nicolas
Dans cadre de son cycle annuel de conférences sur le thème « L’Homme et le sacré », L’Académie Maçonnique de Lille vous invite à découvrir son programme :
9h30 : Introduction par le Président
9h45 : L’Amour : Chemin vers le Sacré par Sophie Mondoré, GLFF ; membre de la loge de recherche Bathilde Vérité, Professeur de philosophie – Nombreuses publications : Tolkien, premier penseur d’une mythologie universelle ?, Rituel, Vérité et Licornes, Le meurtre d’Hiram, une lecture hermétique.
Gaston-Paul Effa
11h00 : Le Sacré dans tous ses états par Gaston-Paul Effa, GL-AMF, Professeur de philosophie, Vénérable Maître de la Loge de Recherche Nationale de L’Alliance et auteur de romans dont : Le Livre de l’alliance (en collaboration avec André Chouraqui),
Le dieu perdu dans l’herbe : L’animisme, une philosophie africaine (Presses du Châtelet, 2015), prix littéraire de l’Institut Maçonnique de France (IMF) 2016, catégorie Essai – Symbolisme, L’enfant que tu as été marche à côté de toi (Gallimard, Coll. Continents Noirs, 2021).Gallimard
12h00 : Dédicace de Livres et de revues par les conférenciers
Site de la Grande Loge de France, Ronchin (Nord)
Infos pratiques
Conférences réservées auxsœurs et frères maîtres maçons
Samedi 8 Juin 2024 de 9h30 à 12h
Ronchin 59790, dans les locaux de la Grande Loge de France (GLDF)
Patrick Weslink
Participation : deux journées (juin et novembre) avec les Annales : 35€/journée seule 20 €
Règlement : chèque à l’ordre de : Le Cercle de l’Acacia
Adresse : Patrick Weslinck, 27 Impasse de la Forge – 59190 MORBECQUE
Ou par virement sur le compte : asso le cercle de l’ acacia FR76 16706000215395557953073. AGRIFRPP867
Il y a quelques jours, Alain Graesel – Grand Maître des Loges Unies d’Europe, nous a parlé de travail maçonnique. Un hiérarque qui ne manque pas d’humour puisqu’il a accepté de préfacer le prochain livre de JISSEY ( Grains de Sel pour un Monde Maçonnique Mystérieux) à paraitre en novembre chez Dervy. C’est donc avec un sourire facétieux que notre ami dessinateur a pensé que la fabrication du pavé mosaïque pouvait être un travail initiatique !
Ce n’est pas rare d’entendre que la Franc-maçonnerie va de paire avec la République, et pourtant, il y a une grande part d’idées reçues là-dedans ! Idées reçues qui ne sont d’ailleurs pas neuves du tout, puisqu’elles se sont forgées peu après la Révolution française. Pourtant, on le sait maintenant, cette idée est largement fausse, et cette association n’est d’ailleurs pas toujours allée de soi.
Aujourd’hui, on va le montrer en s’intéressant plus particulièrement aux relations de cette organisation avec un autre régime politique, le Premier Empire, au début du XIXe siècle. Si vous vous attendez à des théories du complot sur des satanistes, des reptiliens, ou des judéo-bolchéviks, vous allez être déçus. Mais si vous voulez en savoir plus sur cette mystérieuse organisation qu’est la Franc-maçonnerie et sur une page importante de son histoire, alors vous êtes au bon endroit !
🖋 Écriture : Benjamin Brillaud, Damien Trentedeniers (Religare), Jean de Boisséson ➤ Découvrez la chaîne de Damien, Religare : / @religarelachaine 🎞 Montage : Dead Will / Wilfried Kaiser / deadwill
Sommaire : 0:00 : La clef et la croix de Giacometti et Ravenne 1:39 : Introduction 3:44 : La naissance de la Franc-maçonnerie 7:55 : De la croissance à la Révolution 11:42 : De la méfiance à l’instrumentalisation 14:36 : Les années Cambacérès 17:07 : Un âge d’or ? Vraiment ? 19:34 : Les loges d’adoptions 21:35 : Conclusion
Un numéro exceptionnellement de 128 pages de La Chaîne d’Union (N°108, avril 2024), connu sous l’abréviation LCU, dont le dossier traite des « habits neufs de l’antimaçonnisme ».
Alors que le blogueur d’Hiram.be titrait, le 21 février dernier, « Jordan Bardella invité par la GLNF» et remettait le couvert le 28 du même mois avec « Bardella-GLNF-Le Canard, acte II », certains, ceux qui font du social et du sociétal, s’occupe des vrais maux, sans langue de bois ou jouer les idiots utiles.
Remarquez à force de crier sur les toits « pas de politique pas de religion », ils peuvent toujours s’émouvoir, en se regardant le nombril, d’observer les méfaits d’un antimaçonnisme primaire et viscéral.
Ne s’occupant visiblement pas de ce qui se passe à l’extérieur, sauf à jouer au golf – ce qui est louable concernant des actions de charité –, ils n’ont sans doute pas le temps de s’intéresser à la défense des valeurs de la République et du principe de laïcité – cf. nos articles sur le Prix de la Laïcité 2022 et 2023 du Comité Laïcité République (CLR) à l’Hôtel de Ville de Paris – de lutter contre l’obscurantisme, etc.
Affichette anonyme de 1924
Car, oui, l’extrême droite a historiquement entretenu des idées et des positions antimaçonniques. Ces idées sont souvent fondées sur des théories du complot qui associent la franc-maçonnerie à des influences secrètes et malveillantes sur les gouvernements et les sociétés. Nous ne dresserons pas, ici et maintenant, un historique de l’antimaçonnisme de l’extrême droite, des origines au XIXe siècle, de l’entre-deux-guerres – période des régimes et des mouvements fascistes en Europe, comme ceux de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste, qui ont intensifié la rhétorique antimaçonnique – au contexte contemporain… dont l’antimaçonnisme est désormais souvent alimenté par une méfiance générale envers ce qui est perçu comme des sociétés secrètes et des élites occultes.
Mais commençons avec le « In Memoriam » et revenant sur le passé un d’homme, d’un maçon, d’un frère exceptionnel.
René Le Moal nous a quittés le 23 février dernier à l’âge de 89 ans, laissant derrière lui un héritage riche et une communauté fraternelle en deuil mais reconnaissante. Alain de Keghel, 33°, Passé Très Puissant Souverain Grand Commandeur lui rend hommage, soulignant son dévouement exceptionnel à la franc-maçonnerie et son immense culture.
Un maçon discret et érudit
René Le Moal, connu pour sa discrétion, a mis son immense culture et son expérience au service des idéaux maçonniques. Ancien directeur de la « Revue des Deux Mondes », il s’inspirait de la maxime d’Alexander Pope : « L’esprit de parti est une folie de beaucoup d’hommes au profit de quelques-uns ». René a consacré sa vie à la propagation des Lumières par l’écriture, dirigeant de nombreuses publications dans la collection « L’Univers Maçonnique » aux éditions Vega et Dervy. Il était également Officier de la Légion d’Honneur.
Contribution au Grand Orient de France
En tant que rédacteur en chef de « La Chaîne d’Union », René Le Moal a incarné l’exigence intellectuelle et le goût de l’ouverture d’esprit. Sa quête constante de connaissance et sa curiosité intellectuelle ont marqué la revue philosophique et symboliste du GODF. Son ton doux cachait un caractère breton bien trempé, utilisé avec parcimonie et une conviction profonde, rendant ses interventions particulièrement marquantes.
Un Parcours maçonnique distingué
Initié le 15 décembre 1988, René a gravi les échelons de la franc-maçonnerie avec détermination. De la loge parisienne « Les Zélés Philanthropes » à la loge de Perfection « Stella Polaris », il a atteint le 33e degré du REAA. En 2015, il a été honoré par le Suprême Conseil avec la médaille de reconnaissance pour ses services exceptionnels. En 2020, il a demandé l’honorariat.
Héritage et reconnaissance
René Le Moal a laissé un héritage puissant, témoignant de son engagement inlassable pour les idéaux maçonniques. Son départ est une grande perte pour la communauté, mais son héritage perdure à travers ses contributions. Le Grand Commandeur Christian Confortini et toute la Juridiction écossaise se joignent à cet hommage, exprimant leurs condoléances à sa veuve Sylvia et à ses proches.
Tablier antimaçonnique
Quant au dossier « Les habits neufs de l’antimaçonnisme », il est préfacé par Guillaume Trichard, Grand Maître du Grand Orient de France.
Il introduit ce dossier en retraçant l’histoire et l’évolution de l’antimaçonnisme, de ses origines à ses manifestations contemporaines. Il souligne que les francs-maçons, depuis près de trois siècles, ont été confrontés à des préjugés et des attaques persistantes, souvent enracinées dans la méconnaissance et l’incompréhension. Trichard rappelle les attaques historiques majeures, depuis la bulle pontificale « In eminenti apostolatus » de 1738 jusqu’aux récentes déclarations du dicastère pour la Doctrine de la foi en 2023.
L’antimaçonnisme, loin de disparaître après la Seconde Guerre mondiale, s’est transformé et adapté aux nouvelles réalités sociopolitiques et technologiques. Guillaume Trichard note l’utilisation des réseaux sociaux comme terrain de jeu pour les discours antimaçonniques et relate des incidents récents d’attaques physiques contre des temples maçonniques. Malgré ces adversités, les francs-maçons continuent de défendre fermement leurs principes de liberté, d’égalité et de fraternité, en croyant en un universalisme capable de favoriser la concorde entre les peuples.
4e de couv.
Le dossier vise à éclairer sur les nouvelles formes de l’antimaçonnisme et à témoigner des menaces pesant sur les démocraties, tout en affirmant l’engagement des francs-maçons pour la liberté de conscience et la rationalité contre l’obscurantisme.
Voici le sommaire dudit dossier :
1. Un Tronc de la Veuve unique en son genre – Pierre Morin
– Étude d’un artefact antimaçonnique du début du XXe siècle.
2. L’Œuvre du sou antimaçonnique, une initiative catholique – Jean-Luc Le Bras
– Analyse d’une collecte de fonds politique contre les francs-maçons en 1901.
3. Deux formes d’antimaçonnisme au temps d’Humanusgenus – Jean-Pierre Villain
– Extraits de l’encyclique et présentation d’un roman populaire en écho.
4. La propagande antimaçonnique à travers quelques documents numismatiques – Pierre Morin
– Examen de médailles antimaçonniques et leur rôle propagandiste.
5. L’antimaçonnisme de Franco, ressentiment d’un blackboulé – Nicolas Pomiès
– Exploration des motivations personnelles et idéologiques de Franco contre la maçonnerie.
1re de couv., détail
6. Antimaçonnisme et Internet – Défendre la franc-maçonnerie au temps d’Internet et des réseaux sociaux – Jean-Marc Berlioux
– Impact de l’Internet sur l’expression de l’antimaçonnisme et les régulations en cours.
– Analyse de la « cathosphère » et sa misère intellectuelle face à la franc-maçonnerie.
8. Rap et antimaçonnisme – Étude d’un cas français – Stéphane François
– Étude des influences antimaçonniques dans la culture rap en France.
9. Le diable rentable ou le zèle étrange des maçons convertis : le cas Abad Gallardo – Laurent Segalini
– Exemple de maçon converti et repenti, et son implication dans les théories du complot.
10. L’Alt-Right et le renouveau des théories du complot aux États-Unis – Pierre Mourier
– Lien entre l’Alt-Right américaine et les théories antimaçonniques.
Le dossier « Les habits neufs de l’antimaçonnisme » propose ainsi une exploration riche et détaillée des différentes manifestations de l’antimaçonnisme à travers les âges, en mettant l’accent sur ses formes contemporaines et les défis qu’elles posent aux francs-maçons et à la société en général.
Nous souhaitons faire un focus sur le court article – une page – du numismate expérimenté Pierre Morin dont le « Tronc de la Veuve unique en son genre » illustre la première de couverture.
Cet objet, fruit d’une découverte au hasard d’une brocante francilienne, est unique en son genre. Il offre un témoignage tangible des sentiments et des actions dirigés contre la franc-maçonnerie à cette époque.
1re de couv., détail
Le Tronc de la Veuve est un terme qui désigne traditionnellement une boîte de collecte de fonds utilisée par les francs-maçons pour des œuvres de charité. Cependant, l’artefact étudié par Pierre Morin est une version détournée à des fins antimaçonniques. Cette boîte servait à collecter des fonds pour soutenir des campagnes et des initiatives visant à contrer l’influence de la franc-maçonnerie. Elle est ainsi un symbole matériel de l’antagonisme envers les maçons et leurs idéaux.
Ce tronc particulier se distingue par ses inscriptions et ses décorations explicitement antimaçonniques. Les symboles et les slogans gravés sur l’objet reflètent les préjugés et les théories du complot couramment associés à l’antimaçonnisme de cette période. L’analyse de Morin met en lumière les détails artistiques et les messages propagandistes intégrés dans la conception du tronc.
L’existence et l’utilisation de ce tronc révèlent les efforts systématiques déployés par certaines factions pour saper la franc-maçonnerie. Ces initiatives étaient souvent financées par des contributions publiques, recueillies par des moyens tels que ce tronc, montrant ainsi l’ampleur de l’organisation et du soutien derrière les mouvements antimaçonniques.
Pierre Morin conclut que le Tronc de la Veuve étudié est bien plus qu’un simple objet historique ; il est le reflet d’une époque marquée par une intense opposition à la franc-maçonnerie. En analysant cet artefact, Pierre Morin contribue à une meilleure compréhension des dynamiques sociales et politiques de l’antimaçonnisme au début du XXe siècle. Cet objet unique rappelle les défis continus auxquels les francs-maçons ont été confrontés et soulève des questions sur la persistance de tels sentiments dans le monde contemporain.
Réseau sociaux et antimaçonnisme
Ce remarquable dossier qui, au regard de l’importance des contributions, a nécessité des choix éditoriaux, nous parle de cette hostilité envers la franc-maçonnerie, que l’on nomme antimaçonnisme, et qui a traversé les siècles et s’est transformé en s’adaptant aux contextes sociopolitiques de chaque époque. Au XXIe siècle, cette animosité persiste et prend des formes variées, rappelant que la « bête immonde » – cette métaphore qui évoque les idéologies haineuses comme le nazisme, le fascisme, le racisme et l’antisémitisme – est toujours présente dans nos sociétés.
La locution « bête immonde » est empruntée à Bertolt Brecht, qui l’utilise dans sa pièce « La Résistible Ascension d’Arturo Ui » pour mettre en garde contre le retour possible des idéologies totalitaires. Dans le contexte de l’antimaçonnisme, cette métaphore est particulièrement pertinente. Le ventre de la haine et de la suspicion demeure fertile, donnant naissance à de nouvelles formes d’hostilité envers la franc-maçonnerie.
L’évolution des formes d’antimaçonnisme au XXIe siècle
À l’ère numérique, les théories du complot prolifèrent avec une facilité déconcertante. Les réseaux sociaux et les forums en ligne sont devenus des terrains fertiles pour la diffusion de mythes et de mensonges sur la franc-maçonnerie. Ces plateformes permettent à des groupes extrémistes de propager l’idée que les francs-maçons contrôlent les gouvernements, les banques et les médias, perpétuant ainsi une vision du monde teintée de suspicion et de peur.
L’antimaçonnisme moderne est souvent instrumentalisé par des mouvements politiques populistes et extrémistes – politiques et/ou religieux. Ces groupes utilisent l’hostilité envers la franc-maçonnerie comme un outil pour galvaniser leurs partisans, en présentant les francs-maçons comme les responsables de tous les maux de la société. Cette stratégie est similaire à celle employée par les régimes totalitaires du XXe siècle, qui utilisaient la haine d’un groupe spécifique pour renforcer leur pouvoir.
Le complot judéo-maçonnique à l’œuvre
L’antimaçonnisme contemporain se nourrit également de réminiscences historiques. Certains continuent de puiser dans des accusations vieilles de plusieurs siècles, telles que l’idée que les francs-maçons forment une société secrète ayant pour objectif de dominer le monde. Ces théories complotistes, bien que maintes fois réfutées, trouvent un écho dans les périodes d’incertitude économique et politique.
La télévision, les livres et surtout Internet, avec des vidéos YouTube, TikTok surtout et des blogs, jouent un rôle crucial dans la propagation de l’antimaçonnisme. Ce sont de nouveaux canaux de diffusion. Les documentaires pseudo-historiques et les publications sensationnalistes, souvent basés sur des informations déformées ou fabriquées, maintiennent un climat de méfiance et d’hostilité envers les francs-maçons.
Bertolt Brecht (1898-1956), dramaturge, metteur en scène, écrivain et poète allemand
La « bête Immonde » est toujours présente
La persistance de l’antimaçonnisme au XXIe siècle rappelle que le ventre d’où a surgi la « bête immonde » reste fécond. Les idéologies de haine et de division trouvent toujours des moyens de se manifester, que ce soit par le biais de nouvelles technologies ou de vieilles rancunes remises au goût du jour. La franc-maçonnerie, en tant que symbole de fraternité et de tolérance, devient une cible facile pour ceux qui cherchent à diviser et à contrôler par la peur et la désinformation.
En conclusion, bien que les formes d’antimaçonnisme aient évolué, la « bête immonde » de la haine et de l’intolérance reste une menace omniprésente. Il est crucial de rester vigilant et de combattre ces idéologies avec la même détermination que celles des générations passées, pour s’assurer que les leçons de l’histoire ne soient pas oubliées.
1re page du Clemens Episcopus, 1738
Ce très riche dossier doit être lu par tous !
Ce dossier extrêmement riche en informations et en analyses constitue une lecture indispensable pour chacun d’entre nous. Il ne se contente pas seulement de fournir des faits et des chiffres, mais il offre également une compréhension profonde des enjeux et des dynamiques à l’œuvre. Il permet aux lecteurs de comprendre les différents aspects et les ramifications des sujets traités, ce qui est essentiel pour une prise de décision éclairée.
En lisant ce dossier, chacun peut développer une conscience accrue des défis actuels. Cela nous permet d’exercer notre rôle de citoyen de manière plus responsable et engagée, en étant mieux informés sur les enjeux qui nous concernent tous.
Clément XII et l’antimaçonnisme catholique, en 1738
Le contenu de ce dossier prépare le lecteur à agir en connaissance de cause. Que ce soit pour des actions personnelles, communautaires ou professionnelles, avoir accès à des informations précises et détaillées est fondamental pour initier des changements positifs et significatifs.
Gravure de Léo Taxil évoquant le présumé meurtre de William Morgan en 1828
Pour agir en conscience et prendre des décisions et des actions basées sur une compréhension claire et éthique des situations. Ce dossier, par sa richesse et sa profondeur, fournit les outils nécessaires pour cela. Il ne s’agit pas seulement de lire pour s’informer, mais de lire pour comprendre et pour ensuite agir de manière réfléchie et responsable.
La lecture de ce dossier n’est pas simplement recommandée, elle est essentielle. Pour chacun de nous, elle représente une opportunité de devenir un acteur informé et conscient dans notre société. Ne passons pas à côté de cette chance de mieux comprendre notre monde et de contribuer, chacun à notre niveau, à son amélioration.
La Chaîne d’Union – « Les habits neufs de l’antimaçonnisme »
Collectif – Conform édition, N° 108, avril 2024, 128 pages, 13 €, 16 € port inclus
L’Auteur: Philippe Haddad, rabbin de mouvance libérale (JEM), enseigne depuis plusieurs années les Évangiles à l’aune de la tradition juive (Bible, Midrash, Talmud).
L’ouvrage :
Un livre qui propose de méditer les paroles, les enseignements et les gestes de Jésus, dans sa vie, ses miracles, ses commentaires de la Torah à l’époque du Second Temple de Jérusalem. L’auteur, très investi dans le dialogue interreligieux met en évidence les points de convergence entre les commentaires des Rabbis du Talmud et la sagesse de Jésus transmise à ses contemporains
C’est à l’invitation de Perry Wiley, Président de Dialogue et Démocratie Française (D&DF), que Jean Dumonteil, Secrétaire général du Global Local Forum1, réseau international d’expertise et d’action sur le développement territorial, planchera sur :
« L’éloge du Local pour refonder la Démocratie »
Perry Wiley précise que les élections européennes ne doivent pas nous faire oublier que l’expression de la Démocratie s’exerce tout d’abord au niveau local.
Perry Wiley
Face à la défiance généralisée envers les institutions démocratiques, le “local“, c’est là où on où on peut encore changer les choses, loin des politiques nationales trop souvent devenues virtuelles. Dans notre société en archipel, ce local construit des ponts, non des murs. C’est un projet de civilisation.
De quoi réconcilier les citoyens, retrouver le goût de la politique et embrasser les mutations en cours. Jean Dumonteil rappellera l’importance du Local, qui n’est ni une régression ni un enfermement à partir de son dernier ouvrage Éloge du local (Éditions de l’Aube)2.
1Le Forum Global Local, dirigé par Jean Dumonteil, Secrétaire général du réseau international d’expertise et d’action sur le développement territorial, est une plateforme dynamique qui réunit diverses communautés, organisations et parties prenantes du monde entier. Son objectif est de promouvoir le développement durable, l’échange culturel et la résolution collaborative des problèmes. En mettant l’accent sur les perspectives mondiales et locales, le forum vise à aborder les enjeux pressants tels que le changement climatique, les inégalités sociales, le développement économique et la préservation culturelle.
2La note de lecture de Yonnel Ghernaouti concernant l’ouvrage de Jean Dumonteil Éloge du local (Éditions de L’Aube, Collection Monde en cours – Essais, 2023, 240 pages, 18 €)
Dans Éloge du local, Jean Dumonteil propose une réflexion approfondie sur l’importance du local dans nos vies contemporaines. Contrairement à une vision régressive, le local représente une connexion réelle avec notre quotidien, un espace de rencontres et de projets concrets. Dumonteil critique la politique de spectateur, les tweets anonymes vengeurs et les passions tristes qui dominent souvent la sphère publique. Face à une défiance généralisée envers les institutions, il affirme que le local est l’endroit où la politique peut être refondée et où les citoyens peuvent reprendre pied. L’auteur analyse des thèmes tels que la crise sanitaire et l’organisation administrative, le concept de subsidiarité et la notion d’autonomie, la politique environnementale et l’autonomie énergétique, le nouveau modèle d’urbanité ainsi que l’héritage intellectuel et culturel du local…
De la crise du Covid-19 Jean Dumonteil retient qu’elle a servi de révélateur pour les limites de l’organisation administrative centralisée en France. L’État, bien qu’omniprésent, a montré ses faiblesses, ne pouvant pas tout gérer seul. Il critique la décentralisation actuelle, qu’il qualifie de fragmentée, reflétant la méfiance de l’État envers les pouvoirs locaux.
L’auteur plaide aussi pour une réelle autonomie des libertés locales, qui reste encore à conquérir en France. Les modèles de gouvernance verticale ayant échoué, il propose une approche basée sur des flux et des réseaux interconnectés.
Jean Dumonteil met en avant la nécessité d’une politique environnementale locale, d’une autonomie énergétique et de projets alimentaires locaux. Il soutient que l’autonomie n’est pas synonyme d’autarcie, mais d’interdépendance et de solidarité entre les différents types de territoires (urbains et ruraux, métropoles et petites villes).
Il rappelle, avec force et vigueur, que, contrairement à d’autres pays européens, la France possède un maillage de centaines de petites villes qui inventent une nouvelle forme d’urbanité. Ces villes sont des lieux d’innovation et de vitalité pour les politiques locales.
Selon lui, le local s’inscrit dans une tradition intellectuelle et culturelle de longue date, évoquant des penseurs comme Schumacher (Small is Beautiful), Simone Weil – L’Enracinement publié en 1949 par Albert Camus dans la collection « Espoir » qu’il dirigeait chez Gallimard – Ivan Illich et Edgar Morin. Il s’agit d’un véritable projet de civilisation, une philosophie et un art de vivre qui privilégie les rencontres, l’altérité et la fraternité.
Jean Dumonteil, fort de son expérience en tant que Secrétaire général du Forum Global Local et ancien directeur de La Gazette des communes, nous offre une vision de la politique locale comme espace de transformation réelle et de création de liens sociaux. Il démontre que c’est à échelle humaine, dans la proximité, que se tissent les liens nécessaires à une société durable et solidaire.
Éloge du local est bel et bien un plaidoyer pour redonner sa place à l’action locale dans un monde globalisé. Jean Dumonteil appelle à une reconquête des libertés locales, un retour à des politiques à hauteur d’homme, où chaque citoyen peut participer activement à la transformation de son environnement immédiat et, par extension, à celle de la société dans son ensemble.
Cet ouvrage s’adresse à tous ceux qui s’intéressent au développement territorial, aux politiques publiques locales, ainsi qu’à ceux qui cherchent des solutions concrètes et viables face aux défis globaux actuels. Il est également une source d’inspiration pour les acteurs politiques, les militants et les citoyens engagés dans la promotion d’une société plus équitable et durable.
Dialogues & Démocratie
Renseignements pratiques
/!\ Exceptionnellement, un nouveau lieu !
Mardi 11 juin 2024, de 19h30 à 23h00
Chez Françoise*, 10 rue Amélie – 75007 PARIS
Vous pouvez vous inscrire dès maintenant en cliquant ICI.
*La Cantine des Parlementaires – Chez Françoise est un restaurant gastronomique de tradition française, présent depuis 1949, dans le 7e arrondissement de Paris. Ce lieu convivial accueille aussi bien les repas d’affaires, que les moments de détente en famille ou encore les découvertes culinaires pour gourmets et gourmands ! Vous découvrirez une cuisine traditionnelle française et du marché.