De notre confrère magcentre.fr – Propos recueillis par Jean-Jacques Talpin
Grand Maître du GODF – principale obédience maçonnique en France – Guillaume Trichard clôturera la « 10ᵉ journée Jean Zay de la jeunesse et de l’école » le 1ᵉʳ juin à Orléans. Une occasion pour renvoyer dos à dos extrême droite et extrême gauche et pour prendre position sur la laïcité, les élections européennes, la Nouvelle-Calédonie ou encore sur le projet de loi sur la fin de vie.
En quoi Jean Zay est-il toujours d’actualité ?
Jean Zay est éminemment actuel. Il est l’incarnation de l’éducation, de la neutralité pour garder les enfants à l’abri des querelles des adultes, pour préserver l’école publique qui doit être asile et havre de paix, ce qui correspond toujours à ce que nous devons conserver aujourd’hui. Jean Zay s’inscrit dans la lignée des Condorcet ou Ferdinand Buisson, pour qui l’école est centrale dans la formation des républicains de demain. Dans un contexte marqué par la montée de l’antisémitisme, de l’anti maçonnisme et par la poussée de l’extrême droite dans ce pays, Jean Zay est le symbole d’un homme, d’un franc-maçon, d’un Juif qui a été assassiné. C’est un personnage emblématique à qui nous devons rendre hommage et œuvrer à sa mémoire pour faire survivre son héritage.
La laïcité chère à Jean Zay est-elle en danger aujourd’hui ?
On a trop longtemps considéré dans notre pays que la laïcité était un acquis, alors que la laïcité est un combat de chaque instant. Dès que l’on se relâche, alors vous avez le retour de l’ordre moral, des dogmes religieux qui veulent imposer aux hommes la foi au-dessus des lois. Il est symptomatique que les intégristes s’en prennent à des professeurs car la laïcité et l’école ont des rapports très étroits : lorsque que l’on s’en prend à des professeurs, on veut atteindre le modèle de transmission des principes et des valeurs comme la laïcité. La laïcité est affaiblie, attaquée par les intégristes mais aussi par le collaborationnisme de certains parce que quand vous soutenez que l’abaya est un vêtement de mode et qu’on doit laisser aux jeunes filles la liberté de la porter ou pas, c’est qu’on est complice des adversaires de la laïcité. Certains agissent par clientélisme communautariste.
Vous pensez à LFI ?
Je pense à plusieurs leaders de La France Insoumise. Mais de l’autre côté de l’extrême gauche, il y a l’extrême droite qui est un adversaire de la laïcité et qui travestit les valeurs de la laïcité en faisant une opposition aux musulmans. Et pourtant cette extrême droite ne fait rien pour proscrire les crèches religieuses dans les mairies à Noël, elle ne fait rien, est muette et complice, quand certains de ses leaders comme Louis Aliot participent à des processions religieuses pour faire tomber la pluie. L’extrême droite à la laïcité à géométrie variable. Des deux côtés ce sont clairement et nettement des adversaires de la laïcité qui l’instrumentalisent et l’affaiblissent.
Allez-vous vous engager sur les élections européennes ?
Nous n’avons pas la volonté de nous engager pour tel ou tel parti mais nous avons, avec 21 obédiences maçonniques, très clairement lancé un appel à Strasbourg le 22 avril, pour une Europe de la fraternité, de la paix, de la justice sociale. Il faut faire barrage aux partis populistes, notamment d’extrême droite. Les francs-maçons doivent construire une digue contre l’extrême droite, notre appel est très clair. La seule consigne du Grand Orient de France c’est de voter pour des partis qui sont dans l’arc républicain, mais chacun est libre en son âme et conscience de voter pour qui il l’entend. Nous ne considérons pas que le RN et Reconquête sont dans le spectre républicain. Ils n’aiment pas la République, ils veulent prendre le pouvoir pour transformer la République, pour en faire autre chose. Ils n’aiment pas l’Europe et l’Union européenne, ils veulent prendre le pouvoir en Europe pour transformer l’Europe.
Quelle réponse face à la crise en Nouvelle-Calédonie ?
En 1988 pour les accords Matignon, l’ancien grand maître du GODF Roger Leray avait participé à la mission de dialogue. Nous sommes à disposition pour participer à toute initiative permettant de rassembler et de contribuer à la concorde, la paix et la fraternité sur l’archipel. Nos 8 loges sur l’archipel sont ouvertes à tous sans communautarisme pour accueillir tous les hommes et femmes de bonne volonté.
Vous prendrez position face à la loi sur la fin de vie ?
C’est une loi essentielle que nous demandons depuis des décennies. L’un des nôtres, le sénateur Henri Caillavet avait déposé une proposition en 1970 pour une fin de vie digne. Pour nous ce projet de loi va dans le sens du progrès, de la liberté. Les hommes et femmes de ce pays doivent pouvoir disposer de leur corps toute leur vie jusqu’à leur mort. La mort est le dernier tabou sur lequel les religions espèrent encore avoir prise. Cette loi permettra aux hommes et femmes en souffrance de pouvoir choisir le terme de leur vie. Nous supporterons ce projet de loi de l’ultime liberté.
Avant tout, précisons que Commission Histoire de la Grande Loge de France (GLDF) est un écrin de tradition, de spiritualité et de culture !
Que notre très cher frère Christophe Bourseiller, vénérable maître de la respectable loge Marquis de La Fayette & président de la Commission d’Histoire soit, ici et maintenant, remercié.
Rappelons que la Commission Histoire de la GLDF est dédiée à l’exploration et à la mise en lumière des riches traditions, de la profondeur spirituelle et de l’héritage culturel qui jalonnent l’histoire de la franc-maçonnerie en général de la Grande Loge de France, en particulier. Mais pas que ! La preuve, le sujet de ce samedi 25 courant sur les Rites Égyptiens.
En valorisant des figures emblématiques et des thèmes historiques majeurs, la Commission s’ efforce de nourrir la réflexion et l’enseignement des Sœurs et Frères de toutes obédiences. Car la commission est ouverte à toutes et à tous.
À travers ses conférences et ses publications, elle met en avant les influences anciennes, notamment celles de l’Égypte cette-ci, qui ont façonné les rituels et les symboles maçonniques contemporains. Ces travaux ne se contentent pas de retracer le passé, mais cherchent également à offrir une compréhension enrichie des valeurs humanistes et des courants spirituels qui continuent d’inspirer la franc-maçonnerie aujourd’hui.
En participant aux activités de la Commission Histoire de la GLDF, les membres plongent dans un univers où la culture se mêle à la tradition et où la quête de la connaissance s’inscrit dans une longue lignée de sagesse et de spiritualité.
Nombreux étaient donc les sœurs et les frères invités à cette matinée de conférences.
Nombreux ont été les sœurs et les frères présents, se retrouver Temple 7Marquis de la Fayette, en l’Hôtel de la Grande Loge.
Un beau programme qui a permis d’entendre les intervention des très chers frères :
– Bernard Nisse sur « L’influence de l’Égypte sur les systèmes maçonniques ». Il explorera comment les symboles et les mythes de l’Égypte ancienne ont imprégné les rituels et les doctrines maçonniques. Il mettra en lumière l’utilisation de symboles égyptiens tels que l’œil d’Horus, l’obélisque et les pyramides, intégrés dans les pratiques et les enseignements maçonniques. Cette fascination pour la sagesse ésotérique de l’Égypte reflète un désir de connexion avec une tradition ancienne de connaissance et de spiritualité, enrichissant ainsi le symbolisme et les valeurs de la Franc-Maçonnerie.
Le mystérieux comte de Cagliostro…
– Hugo Billard sur la « Fausse Égypte mais vraies lumières ? La figure de Cagliostro entre réalité et mythe, à partir du travail de thèse d’Étienne Leterrier* ». Hugo Billard se pencha sur la figure énigmatique de Cagliostro, un personnage controversé du XVIIIe siècle, célèbre pour ses prétendues connaissances ésotériques et ses liens avec la franc-maçonnerie, tant masculine que féminine. À travers l’analyse de la thèse d’Étienne Leterrier, Hugo Billard examina comment Cagliostro a contribué à diffuser une image idéalisée de l’Égypte ancienne au sein des systèmes maçonniques. Bien que ses revendications soient souvent jugées fabuleuses, elles ont néanmoins joué un rôle crucial dans l’évolution des pratiques et des symboles maçonniques, renforçant ainsi l’attrait pour les « vraies lumières » de la sagesse et du mysticisme égyptien.
Par ailleurs, il est proposé une adhésion à la Commission Histoire de la GLDF, afin de soutenir les travaux et rester informés de nos activités, avec deux options :
Pour les membres actifs de la GLDF : Cotisation annuelle de 50 € pour une affiliation conjointe à la Loge Marquis de La Fayette et à la Commission Histoire. Cela vous permettra d’être informés de nos activités, de recevoir les textes des conférences et les Cahiers d’Histoire de la franc-maçonnerie à paraître en novembre 2024.
Pour les sœurs et frères des obédiences amies : cotisation annuelle de 40 € pour être informés des seules activités de la Commission Histoire et recevoir les Cahiers d’Histoire de la Franc-Maçonnerie.
Le règlement s’opère par virement bancaire, en précisant bien le motif : « COTISATION-LA-FAYETTE-2024 », et en envoyant impérativement un mail de confirmation, précisant votre mail, votre obédience, et votre adresse postale pour recevoir la revue.
Par chèque, le matin des conférences, à l’ordre de : Les Amis du Marquis de La Fayette.
En éditant les Cahiers de la Commission Histoire, nous ne pouvons que nous féliciter de cette heureuse initiative, visant à laisser par écrit le témoignage précieux de toutes nos réunions. Cette démarche, empreinte de soin et de dévouement, garantit la préservation et la transmission des connaissances partagées au sein de notre fraternité, offrant ainsi une richesse inestimable aux générations futures.
450.fm ne manquera pas de vous tenir infirmé de la prochaine réunion de la Commission Histoire de la Grande Loge de France.
*« L’histoire et son remède. Cagliostro, mage et charlatan : genèse, apogée et déclin d’une figure mythique en Europe (1775-1924) », tel est le titre exact de la thèse de d’Étienne Leterrier. La trajectoire européenne du « comte de Cagliostro » (1743-1795), fut celle d’un charlatan, alchimiste, illuministe, franc-maçon et escroc.
Reconstitution en zircone du collier de la reine (château de Breteuil)
En s’intéressant aux représentations du personnage dans le corpus judiciaire publié pendant l’affaire du collier de la reine (1785), puis dans les œuvres littéraires dans lesquelles Cagliostro est progressivement fictionnalisé (Goethe, Catherine II, Schiller, Carlyle, Scribe, Sand, Dumas, Nerval…), le présent travail s’inscrit dans une perspective sociopoétique visant à établir les aspects et fonctions d’une figure mythique dans différents contextes historiques et culturels européens. À partir d’une sémiologie du personnage, l’analyse interroge l’élaboration d’une figure mythique, à travers l’assimilation à des modèles et discours littéraires préexistants et contemporains. Elle questionne la migration de Cagliostro dans les différentes esthétiques des genres narratifs et scéniques de la période, s’intéressant aux résonances de la figure mais aussi à la structuration narrative incomplète d’un éventuel « mythe de Cagliostro ».
Cagliastro
Contemporaine de 1789, profondément influencée par l’imaginaire contemporain du complot, Cagliostro finit par incarner différentes visions heuristiques et discours herméneutiques sur l’histoire dont il incarne les tendances progressistes ou conservatrices. Avec Joseph Balsamo, de Dumas, Cagliostro connaît enfin une tendance à évoluer vers la culture et la littérature populaire. L’analyse retrace les modalités de cette évolution perceptible dans les genres paralittéraires ou les écrits non littéraires de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, avant de constater un regain d’influence, notamment au cinéma.
La première de couverture du livre Les sublimes lumières du Maître Écossais de Saint-André de Dominique Vergnolle met en avant le tableau symbolique du grade de Maître Écossais de Saint-André (MESA) du Rite Écossais Rectifié. Le chapitre « Les Lumières-du quatrième grade du Rite Écossais Rectifié ». Cependant, rare sont les représentations animales pouvant jouer un rôle symbolique important dans les rituels maçonniques. Ces symboles animaliers sont souvent utilisés pour illustrer des concepts et des vertus maçonniques. Faisons donc un focus spécifique sur ce tableau et le lion.
Le tableau représente un lion sous un ciel chargé de nuages et d’éclairs, symbolisant la puissance et la résilience face aux tumultes. Le lion, se reposant sous l’abri d’un rocher, incarne la sérénité et la maîtrise. Il joue tranquillement avec des outils et des instruments de mathématiques, indiquant la sagesse et la quête de connaissance. Au-dessus de cette scène, deux mots pour devise sont inscrits Meliora præsimo, signifiant « J’entrevois de plus grandes choses ». Cela reflète l’aspiration constante du MESA à améliorer sa condition, à chercher toujours ce qui est meilleur et plus noble. Cette devise incarne aussi l’idée de toujours rechercher un état de sagesse et de vertu supérieur. Elle incite à ne jamais se contenter de l’état actuel, mais à toujours viser une plus grande compréhension et une plus haute moralité.
Ce tableau est riche en symbolisme, représentant à la fois la force tranquille, la protection et l’aspiration à l’amélioration continue, des valeurs fondamentales du Rite Écossais Rectifié et du grade de Maître Écossais de Saint-André.
L’ouvrage de Dominique Vergnolle est une exploration approfondie du quatrième et dernier grade de la maçonnerie du Rite Écossais Rectifié. Chaque chapitre analysant, avec sérieux, des aspects fondamentaux du grade de Maître Écossais de Saint-André et de son développement historique, doctrinal et symbolique.
Dans son « Avant et pendant l’histoire », Dominique Vergnolle avec « Genèse et premières traces de l’écossisme en France » explore l’apparition et l’évolution initiale de l’écossisme en France. Il décrit comment l’esprit des Lumières a favorisé l’émergence de la maçonnerie spéculative, marquant le début de l’écossisme. Le grade de Maître Écossais fait son apparition, apportant une dimension nouvelle à la pratique maçonnique en France. L’enthousiasme pour l’écossisme se développe, soutenu par l’intérêt spéculatif et les pratiques distinctives qui caractérisent ce mouvement. Puis « Ramsay et la maçonnerie chevaleresque et la légende écossaise » donne à l’auteur l’occasion de se concentrer sur l’influence de Ramsay et son discours célèbre qui a introduit l’idée d’une maçonnerie chevaleresque. Ramsay a joué un rôle crucial en incorporant des éléments de chevalerie dans la maçonnerie, reliant ainsi les pratiques maçonniques à une légende écossaise noble et héroïque. Son discours a contribué à l’essor des hauts grades dits chevaleresques, enrichissant la tradition maçonnique et lui conférant une profondeur historique et légendaire.
Dans la partie consacrée à « L’émergence de la Grande Loge de France », il examine son apparition au milieu du XVIIIe siècle, une institution clé dans l’histoire de la franc-maçonnerie française. La Grande Loge de France a joué un rôle central dans la structuration et la formalisation des pratiques maçonniques en France. Elle a été le cadre institutionnel à partir duquel de nombreux hauts grades ont été développés et promus.
Décors Ecossais de Dresde (Löwen).
Avec l’essor de l’écossisme, cette Grande Loge a dû naviguer dans un paysage maçonnique en évolution rapide. Il décrit les défis rencontrés par la Grande Loge de France face à la prolifération des loges écossaises et des nouveaux grades écossais. L’adaptation à cette nouvelle dynamique a nécessité des efforts de régulation et d’intégration des pratiques écossaises dans le cadre existant de la franc-maçonnerie française.
En réponse à la prolifération écossaise, la Grande Loge de France a entrepris de réorganiser les structures maçonniques pour mieux intégrer et gérer les hauts grades écossais. Cette réorganisation a visé à créer une cohérence et une harmonie entre les divers grades et pratiques écossais, tout en conservant l’intégrité et les principes fondamentaux de la franc-maçonnerie française. Cette restructuration a été essentielle pour l’évolution et la pérennité de l’écossisme en France, permettant une meilleure gestion et une plus grande uniformité des pratiques maçonniques.
Dominique Vergnolle ne manque pas d’analyser les origines et le développement de la franc-maçonnerie dans les États allemands. Il retrace les premières étapes de l’introduction de la maçonnerie spéculative en Allemagne et l’influence des courants intellectuels et culturels de l’époque. La maçonnerie allemande s’est rapidement distinguée par son adhésion aux idéaux des Lumières et son engagement dans la recherche spirituelle et philosophique.
Tapis de Parfait Maçon Architecte – FII.8.g6
Il se concentre sur l’émergence des loges écossaises en Allemagne et leur organisation distincte. Les loges écossaises, influencées par les pratiques et les idéaux maçonniques français, ont introduit des grades et des rituels spécifiques qui ont enrichi la tradition maçonnique allemande. L’organisation de ces loges s’est caractérisée par une structuration rigoureuse et une hiérarchie bien définie, permettant une gestion efficace des hauts grades et une intégration harmonieuse des diverses influences maçonniques. Ce processus a également mis en lumière les interactions et les échanges entre les traditions maçonniques françaises et allemandes, contribuant à une compréhension plus profonde et plus globale de l’écossisme en Europe.
Dominique Vergnolle s’intéresse à la figure centrale du Rite/Régime qu’est ce grand maçon Jean-Baptiste Willermoz. S’attachant, bien évidemment, à faire mieux comprendre au lecteur toute l’influence déterminante qu’il a eu sur la franc-maçonnerie non seulement à Lyon mais dans toute la France. Jean-Baptiste Willermoz, un maçon dévoué et visionnaire, a joué un rôle clé dans l’organisation et la structuration des loges maçonniques lyonnaises. Il a cherché à approfondir la dimension spirituelle et mystique de la maçonnerie, influencé par les enseignements de Martinès de Pasqually et les idées de l’illuminisme. Son engagement a conduit à la création d’un système maçonnique distinct, intégrant des éléments ésotériques et chevaleresques.
Grand bourgeois, fabricant d’étoffes de soie et d’argent rue des Quatre-Chapeaux, administrateur bénévole d’œuvres de bienfaisance, Willermoz a vu dans la Stricte Observance, un système maçonnique rigoureux d’origine allemande, une opportunité pour réformer et revitaliser la maçonnerie française. En adoptant et en adaptant les principes de la Stricte Observance Templière, il a introduit des structures hiérarchiques plus solides et des rituels plus profonds et significatifs. Cette réforme a permis de mieux encadrer les pratiques maçonniques et de renforcer la cohésion et l’unité des loges. La Stricte Observance a également servi de base pour le développement du Rite Écossais Rectifié, qui allait devenir un des systèmes maçonniques les plus influents et les plus respectés en Europe.
Explorant la structure hiérarchique des grades dans l’écossisme rectifié primitif, l’auteur nous rappelle que le système des grades, développé dans le cadre du Rite Écossais Rectifié, a été conçu pour offrir un parcours initiatique cohérent et enrichissant. Il nous entretient aussi des structurations apportées par le convent des Gaules qui s’est tenu en 1778 et celui de Wilhelmsbad, tenu en 1782, qui a marqué une étape décisive dans l’extension de la réforme maçonnique française à l’échelle européenne. Ce convent a rassemblé des représentants de diverses loges et systèmes maçonniques, permettant un échange fructueux d’idées et de pratiques. Jean-Baptiste Willermoz y a joué un rôle crucial, en promouvant les principes du Rite Écossais Rectifié et en consolidant son influence. Le convent de Wilhelmsbad a permis de diffuser et d’adapter la réforme française au-delà des frontières, intégrant des éléments allemands et internationaux, et contribuant à la croissance et à l’évolution de l’écossisme rectifié en Europe.
Il explore ensuite les emprunts faits aux grades écossais français et allemands et les diverses influences qui ont contribué à la formation du grade de Maître Écossais de Saint-André.
FM4-76 – Grade de chevalier de la Vraie Vie ou Hiram ressuscité (tableau)
De Charles de Hesse, personnage clé de la franc-maçonnerie européenne, et du système suédois, l’auteur montre l’exercice de son influence significative sur l’évolution du Rite Écossais Rectifié et son implication dans la maçonnerie suédoise, connue pour son organisation rigoureuse et son système de grades bien définis, a permis de renforcer et de structurer davantage les pratiques écossaises.
Il aborde ensuite l’apport crucial de la théosophie de Martinès de Pasqually, particulièrement dans la formation des enseignements ésotériques et spirituels du grade de Maître Écossais de Saint-André. Martinès de Pasqually, avec ses doctrines sur la réintégration des âmes et la spiritualité mystique, a profondément influencé Jean-Baptiste Willermoz et ses réformes. Les concepts théosophiques de Pasqually, intégrés dans le Rite Écossais Rectifié, ont conféré une dimension mystique et illuministe au grade, faisant de celui-ci non seulement un parcours initiatique, mais aussi une quête spirituelle profonde.
Une partie qui nous a passionné, elle aussi, est celle concernant les rituels « De l’Écossais Vert au Maître Écossais de Saint-André ».
Le convent des Gaules, tenu en 1778, est un moment décisif dans l’évolution du Rite Écossais Rectifié. Ce rassemblement a permis de formaliser et de codifier les pratiques maçonniques sous l’influence de Jean-Baptiste Willermoz et de ses contemporains. Le rituel du convent des Gaules a introduit des réformes importantes qui ont transformé le grade d’Écossais Vert en Maître Écossais de Saint-André. Ce rituel a intégré des éléments de la théosophie de Martinès de Pasqually, mettant l’accent sur la réintégration spirituelle et l’élévation morale. Le convent des Gaules a ainsi établi les fondations doctrinales et rituelles du grade, en insistant sur la dimension chrétienne et chevaleresque de la maçonnerie rectifiée.
Puis, le rituel de 1809 marque une étape supplémentaire dans l’affinement et la consolidation des pratiques du Rite Écossais Rectifié. En 1809, des ajustements et des clarifications sont apportés au rituel du grade de Maître Écossais de Saint-André, reflétant les évolutions doctrinales et les besoins pratiques des loges maçonniques. Ce rituel révisé a permis de renforcer la cohérence et l’uniformité des cérémonies, tout en intégrant de manière plus explicite les enseignements ésotériques et mystiques hérités de la théosophie de Pasqually. Le rituel de 1809 a donc permis de parfaire les pratiques initiatiques, consolidant la place du Maître Écossais de Saint-André comme un grade essentiel pour la compréhension des sublimes lumières du Rite Écossais Rectifié.
Dominique Vergnolle détaille « Les Lumières du quatrième grade du Rite Écossais Rectifié » – « Dévoilement du deuxième tableau et restauration de l’homme » ; « La résurrection et l’immortalité » ; « La nouvelle Jérusalem, la vie céleste et Saint-André ».
Il explore le symbolisme et les enseignements profonds du deuxième tableau présenté lors de l’initiation au grade de Maître Écossais de Saint-André. Le dévoilement de ce tableau représente la quête de la restauration de l’homme dans son état primordial de pureté et d’innocence. À travers des symboles riches et des rituels précis, les initiés sont conduits à comprendre les étapes de la réintégration spirituelle, marquant le chemin vers une conscience éclairée et une renaissance intérieure. Ce processus de restauration met en lumière l’importance de la purification et de la transformation personnelle dans la maçonnerie rectifiée.
Il sait nous captiver avec des mots accessibles à tous, abordant des thématiques complexes de manière toujours claire et compréhensible. Le thème de la résurrection et de l’immortalité est central dans les enseignements du quatrième grade. Cette partie du rituel souligne la croyance en la vie après la mort et la transformation spirituelle qui accompagne la progression maçonnique. La résurrection symbolique des initiés reflète l’idée d’une nouvelle naissance, où l’âme est réintégrée dans un état de perfection et de sagesse divine. Cette résurrection est non seulement une renaissance spirituelle mais aussi une promesse d’immortalité, illustrant la continuité de l’existence au-delà de la vie terrestre. Les rituels et les symboles associés à cette étape visent à renforcer la foi des initiés en une existence éternelle et éclairée.
Tapis Écossais Vert SOT 1755 v2 – FXXVI.102.a7X v2.
Il nous conduit aisément à la nouvelle Jérusalem. La vision de la nouvelle Jérusalem, symbole de la cité céleste et parfaite, joue un rôle clé dans la symbolique du quatrième grade. Elle représente l’ultime destination spirituelle des initiés, un état de bonheur éternel et de communion divine. La vie céleste, telle qu’enseignée dans ce grade, est une existence en harmonie avec les lois divines et en présence de la sagesse éternelle. Saint-André, en tant que patron de ce grade, incarne les vertus chevaleresques et spirituelles nécessaires pour atteindre cette nouvelle Jérusalem. Son exemple inspire les initiés à poursuivre leur quête de perfection et de réalisation spirituelle, en alignant leur vie sur les idéaux du Rite Écossais Rectifié.
L’auteur aborde ensuite variation christique sur le deuxième tableau montrant comment ce deuxième par ses enseignements symboliques, aide les initiés à comprendre et à intégrer les principes chrétiens et maçonniques, les guidant vers une vie de vertu, de sagesse, et de réintégration spirituelle.
Dominique Vergnolle met l’accent sur l’importance des nombres – 7, 9, 16, 25 – et leur symbolisme au sein des différents grades du Rite Écossais Rectifié. Les nombres jouent un rôle crucial dans la maçonnerie, représentant des concepts et des principes spirituels profonds et renfermant des enseignements spécifiques et une signification symbolique.
Source site FM
L’auteur détaille aussi le bijou du grade – le double triangle entrelacé, formant une étoile à six branches, souvent appelée l’Étoile de David ou le Sceau de Salomon dans la tradition ésotérique. – et le symbolisme macrocosmique du bijou – en vertu des rapports analogiques entre le microcosme et le macrocosme.
De Saint-André, patron du grade des MESA, retenons qu’il est vénéré non seulement comme un apôtre, mais aussi comme un guide spirituel, un passeur d’âmes. Dans la tradition chrétienne, Saint-André est souvent représenté comme celui qui conduit les âmes vers la lumière divine. En tant que passeur d’âmes, il symbolise la transition de l’initié d’un état de conscience profane à un état de connaissance spirituelle. L’auteur nous apporte aussi quels lumières quant à la croix en X, représentant le martyr de l’apôtre, et les colonnes brisées posées en sautoir, représentant les piliers du temple de Salomon, brisés mais réorganisés en forme de X (sautoir). Cela symbolise la destruction et la reconstruction, l’idée que, à travers la souffrance et la destruction, vient la possibilité de renouveau et de renaissance spirituelle.
Source site FM
Le symbole de la croix en X, également connue sous le nom de croix de Saint-André, est un élément central de l’iconographie associée à ce grade. Cette croix, combinée aux colonnes brisées posées en sautoir, renferme une richesse de significations symboliques.
Enfin, le dernier chapitre reprend un extrait du rituel :
« Oui, l’Ordre est chrétien. »
Ici, Dominique Vergnolle aborde explicitement la dimension chrétienne du Rite Écossais Rectifié. Ce chapitre affirme et clarifie l’ancrage chrétien de l’Ordre, en mettant en lumière ses fondements théologiques et spirituels.
L’auteur commence par rappeler que le Rite Écossais Rectifié est profondément enraciné dans la tradition chrétienne. Il souligne que les rituels, les symboles, et les enseignements du Rite sont imprégnés de références chrétiennes, allant de l’influence des Évangiles aux valeurs morales prônées par le Christ. Cette orientation chrétienne est essentielle à la compréhension de la doctrine et de la pratique maçonnique au sein de ce Rite.
Les sublimes lumières du Maître Écossais de Saint-André est un ouvrage érudit et profondément enrichissant, qui offre une exploration exhaustive du quatrième grade du Rite Écossais Rectifié. Il se distingue par sa rigueur historique et doctrinale. Vergnolle démontre une connaissance approfondie de l’histoire maçonnique et des subtilités du Rite Écossais Rectifié. Il retrace de manière précise et documentée l’évolution des rituels et des symboles, ainsi que l’influence déterminante de figures clés comme Jean-Baptiste Willermoz.
Le livre excelle dans l’interprétation symbolique et spirituelle des rituels et des enseignements du grade de Maître Écossais de Saint-André. Chaque symbole, chaque rituel est décortiqué avec soin, révélant des couches de significations ésotériques et mystiques. Cette profondeur offre aux lecteurs, qu’ils soient initiés ou non, une compréhension riche et nuancée de la dimension spirituelle de la maçonnerie rectifiée.
L’un des aspects marquants de l’ouvrage est l’affirmation claire et argumentée de la nature chrétienne du Rite Écossais Rectifié. Dominique Vergnolle démontre comment les valeurs et les enseignements chrétiens sont intégrés de manière organique dans les rituels et les symboles, offrant une vision cohérente et inspirante de la spiritualité maçonnique.
Bien que l’ouvrage soit dense et érudit, il reste accessible grâce à une structure claire et à une écriture fluide. Dominique Vergnolle parvient à équilibrer les détails complexes avec des explications claires, ce qui rend le livre à la fois informatif et agréable à lire. Les sections bien délimitées et les résumés des chapitres permettent de suivre facilement l’évolution des idées et des concepts.
Les annexes et la bibliographie, exhaustive, fournissent des ressources inestimables pour les chercheurs et les passionnés de la franc-maçonnerie. Elles complètent parfaitement le texte principal, offrant des perspectives supplémentaires et des détails historiques cruciaux pour une compréhension complète du Rite Écossais Rectifié.
Les illustrations incluses dans le livre sont remarquables, enrichissant le texte par des représentations visuelles des symboles, des documents historiques, et des tableaux rituels. Elles servent de support visuel aux descriptions détaillées et permettent une meilleure compréhension des concepts ésotériques et historiques abordés dans l’ouvrage.
Dominique Vergnolle a réalisé une œuvre majeure avec Les sublimes lumières du Maître Écossais de Saint-André. Le livre est un guide indispensable pour ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance du Rite Écossais Rectifié, et il inspire par sa profondeur spirituelle et sa rigueur intellectuelle.
L’ouvrage est une lecture essentielle pour tout franc-maçon désireux de comprendre les fondements et les évolutions du Rite Écossais Rectifié. L’érudition de Dominique Vergnolle, alliée à une présentation claire et structurée, fait de cet ouvrage un guide précieux pour appréhender la quintessence mystique et spirituelle du grade de Maître Écossais de Saint-André.
Il constitue une contribution significative à la littérature maçonnique. Il offre non seulement une ressource précieuse pour les maçons du Rite Écossais Rectifié, mais aussi pour toute personne intéressée par l’histoire, la symbolique et la spiritualité maçonnique. Il enrichit la compréhension du grade de Maître Écossais de Saint-André et met en lumière son importance au sein du parcours initiatique.
Nous adressons nos plus fraternels remerciements à Dominique Vergnolle qui nous a autorisé à reproduire certaines de ces illustrations.
Les sublimes lumières du Maître Écossais de Saint-André
La racine de ce mot, *pre-, commune au grec et au latin, définit l’idée de trafic. Le grec en infère l’idée de vendre. Le latin, quant à lui, garde celle de marchandage, de prix fixé par accord commun. Tâche jugée indigne des citoyens, le plus souvent celle d’hommes de condition inférieure, voire étrangers, affranchis affectés au commerce. D’où le sens de courtier chargé d’affaires, intermédiaire chargé d’expliquer, donc truchement.
Si l’on mesure qu’un interprète bien formé est apte à communiquer entre 150 et 200 mots à la minute, on y verra sans nul doute un véritable jongleur de paroles.
A cette signification s’ajoute le champ lexical latin du *pretium, le prix accordé à ce qui est vénérable. C’est le précieux sang de l’Eucharistie, auquel on confère un prix symbolique et rituel. Hautement prisé et apprécié et qu’on ne saurait mépriser ou déprécier.
La divination, interprétation des signes qu’envoie la divinité, a de tous temps été l’objet d’une connaissance subtile et respectée, quel qu’en soit le support. Oniromancie, analyse des rêves, hépatomancie chez les Etruques qui observaient avec minutie la « géographie » du foie avec ses nervures. Les Chinois, par la scapulomancie, faisaient apparaître avec du cinabre les craquelures sur les carapaces de tortue brûlées au feu.
Tous les grands découvreurs en témoignent, leurs conquêtes et autres avancées territoriales se sont nécessairement appuyées sur la qualité de leurs interprètes et la confiance qu’ils pouvaient leur prêter. De tout temps, en toutes civilisations, des individus à l’oreille plus curieuse et plus subtile que les autres, ont joué avec les sonorités phonétiques, ont vu dans l’inconnu croisé en chemin, non un danger potentiel, mais une source de renouvellement de leurs savoirs, de leurs us et coutumes, de leurs manières d’être.
L’interprétation est toujours une réponse. Et il n’est pas étonnant que les Grecs aient nommé l’interprétation d’une pièce de théâtre à partir du verbe *hupokrinomai, « expliquer en faisant sortir du fond de soi-même », qui par ailleurs donne en français l’hypocrisie. La langue, même inconsciemment, porte souvent témoignage de l’ambiguïté d’une notion pourtant évidente.
Ainsi pourrions-nous jouer avec l’orthographe du verbe interpréter. Accent aigu ou circonflexe ? Interpréter ou inter-prêter ?
Comme si on s’échangeait la parole, on se prêtait des mots. Si on y regarde bien, l’interprétation suppose l’écoute vigilante de la parole de l’autre qu’on accueille sans parti pris. Pour en percevoir la saveur spécifique, afin de ne pas la trahir. On s’apprête à en inférer un sens nouveau et original, issu de la collision, confrontation, acceptation d’une pensée autre. Et, de ce contact inédit, vont naître d’autres associations, singulières, avec leur richesse insoupçonnée jusqu’alors.
Interpréter, c’est jouer avec les mots, la variété de leurs sens, leur polyphonie, leur polysémie. Il ne s’agit pas de « faire du mot-à-mot » mécanique, et c’est là toute la difficulté de la chose, saisir à l’oreille des mots, en comprendre le sens, voire les sens dans une première formulation, pour immédiatement – sans espace au milieu -, par l’entremise d’une intelligence de la langue, en donner une autre version qui ne soit pas trahison. Une forme de dédoublement mental dans la simultanéité.
On en admire d’autant plus la vélocité propre à l’interprète.
Interpréter, faire commerce de mots entre nous, à l’intérieur de nos deux espaces, sur un seuil entre les deux tenants de cette parole échangée, de l’espace de l’un vers l’espace de l’autre. Prêter l’oreille aux mots échangés et aux sens qu’ils véhiculent, se montrer prêt à en recevoir la nouveauté. S’investir dans cet échange, tout en préservant son quant-à-soi. Car on prête ses mots, on ne les donne pas, on n’en est pas privé, spolié, sauf si l’autre hypocritement s’apprête à en dérober le trésor.
Ainsi apporter sa contribution à l’édifice commun, à cette universalité de la pensée et de la réflexion à laquelle on croit. Contribuer à sa construction et à son enrichissement.
L’interprétation de chacun, dans le grand théâtre du monde, est un ajout, à l’inflexible condition qu’il écoute les voix alentour, qu’il y mêle la sienne en recherchant l’harmonie de significations à affiner pour une compréhension de l’individu, de la société dans laquelle il est inséré, pour ouvrir un espace commun et non pas se refermer sur la pureté supposée et illusoire de sa propre langue comme unique clef d’interprétation de l’histoire individuelle et de l’Histoire. Traduire, se traduire dans une lisibilité partagée, pour accueillir les ambivalences et les ambiguïtés, non comme des dangers, mais comme des richesses à venir. En résonance.
C’est pourquoi on interprète et inter-prête les symboles… Pour échapper au dogmatisme d’une parole figée et à la langue-de-bois. Pour préserver sa fresque imaginative tout en respectant la rigueur de sa raison.
Difficile et périlleux funambulisme… Le bien commun est à ce prix.
Annick DROGOU
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Un mien ami chef de chœur me racontait qu’il avait constaté une différence de vingt minutes dans l’exécution du Requiem de Mozart entre Herbert von Karajan (cinquante minutes) et Karl Böhm (une heure dix minutes). Choquant ? Non, une telle différence entre les deux célèbres chefs d’orchestre, au sommet de la maîtrise de leur art, illustre parfaitement la liberté de l’interprète. L’interprète ne se contente pas de copier, de reproduire passivement, il participe de la création et n’en est pas moins fidèle à l’œuvre.
L’interprète, c’est aussi le nom donné au traducteur, tant il est vrai que notre interprétation ne concerne pas nos seules individualités mais ce que nous traduisons et transmettons. Je peux transmettre correctement, seulement ce que j’ai reçu au préalable, que j’ai tenté d’intérioriser et qui a fait ce que je suis devenu. Fidélité et liberté, c’est le message croisé de Böhm et de Karajan.
« J’aurais voulu être un artiste… » Nous sommes tous appelés à devenir des interprètes. Interprètes ou perroquets ? Toute vie pleinement accomplie est une toile tissée de liberté et de fidélité. Interpréter, c’est essayer de comprendre, de rentrer dans le mystère de la vie-même et d’y trouver sa liberté. Mais c’est aussi révéler la puissance créatrice et libératrice de ce mystère et de lui être irrémédiablement fidèle. Comme dans des liens qui nous libèrent, c’est dans la fidélité à la source que s’expriment la puissance de l’intériorisation et la liberté révélée. Il n’y a là rien de contradictoire, seulement la clé de toute transmission réussie.
« Une histoire à l’orientale. Les maqâms et leurs notes qui expriment des sentiments »
La Loge Les Amis du Creuset organise une réunion publique le :
31.05.2024 à 20H00 18, rue Ramus. 75020 PARIS
Ihab RADWAN est Directeur de l’académie de Oud BES Academy & Chargé de l’enseignement de la musique orientale au Conservatoire de Montpellier. Ihab est un maître qui transmet l’enseignement du OUD. La musique orientale avec ces noms des gammes qui sont des phrases poétiques évocatrices de l’ambiance sonore qu’elle soutient. Elles font résonner des souvenirs lorsque nous les écoutons
Comment exprimer des sentiments ou exprimer un état psychique à travers ces gammes orientales. L’approche des anciens maîtres des musiques orientales et leur technique d’improvisation.
Ihab jouera et chantera quelques pièces choisies pour montrer les différents styles de la musique orientale. Ihab a travaillé avec le célèbre compositeur égyptien Fathy Salama, récompensé dans la catégorie meilleur album de musique du monde lors des Grammy Awards pour l’album : «Egypt», du chanteur Youssou N’Dour.
Il a présenté le spectacle « Magic Lutes » à Qatar pour l’ouverture du musée d’art islamique, où il a collaboré avec Hughes Du Courson en tant que conseiller et soliste. Il a enregistré plusieurs albums en France et en Egypte. Il a écrit la musique pour le film: “Love Improvisations », primé au Festival de Film de Dubai en 2012 et en en 2014 au London Film Festival.
Il est aussi le directeur artistique et soliste d’Oud dans le projet « Mozart l’égyptien », vendu à plus de trois millions d’albums en France. Ihab Radwan travaille avec le jazzman reconnu Michel Godard, et ont sorti leur disque “Doux Désirs” en février 2017.
Enfin, il est le fondateur et professeur de Oud, à l’Académie d’Oud à Paris et professeur et responsable de département de la musique modale au conservatoire de Montpellier.
Puis, en 2022, comme un pont entre des Estivales passées et celles à venir la ville de Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne), « reine des Pyrénées », avait accueilli une grande conférence publique baptisée « Causerie initiatique des Estivales » sur le thème : « Des corporations d’antan à la Franc-Maçonnerie d’aujourd’hui ».
Mais surtout le 19 novembre 2023, 450.fm avait lancé, pour la deuxième édition, un « Réservez la date !»
Dans le cadre majestueux du Casino de Luchon, véritable institution depuis le XIXe siècle, et dans cet écrin magnifique qu’est le théâtre, dit à l’italienne et de style Napoléon III classé monument historique, venez nombreux assister à cette belle journée fraternelle sur la thématique suivante :
« Franc-maçonnerie : le mythe des origines ? Templiers-Cathares-Compagnonnage-Rose+Croix »
Une manifestation parrainée par Franc-Maçonnerie magazine – Histoire de la franc-maçonnerie, traditions, sagesse, spiritualité, philosophie… Une autre manière de nourrir ses réflexions et d’enrichir ses connaissances – et votre journal numérique, 450.fm.
Après les premières Estivales, grand succès post Covid de juillet 2021, nous avons l’immense plaisir de vous convier à cet événement unique que sont les Estivales 2024, deuxième édition !
Blason de la ville de Luchon
Une célébration grandiose de la culture et de l’esprit. Rejoignez-nous pour une expérience inoubliable où l’histoire prend vie et où la spiritualité élève l’âme. Venez partager avec nous des moments d’apprentissage, de découverte et de réflexion profonde.
Cette année, les Estivales explorerons le thème fascinant « Franc-Maçonnerie : le mythe des origines », avec un focus particulier sur le Catharisme, les Templiers, le Compagnonnage et la Rose-Croix.
Ces sujets seront abordés par des conférenciers de renom tels que :
Olivier Cèbe
M. Olivier Cèbe (directeur des Cahiers d’Études Cathares), sur le catharisme
Historien de l’art et médiéviste, spécialiste des courants de pensée au Moyen Âge et à la Renaissance, Olivier Cébe est aussi l’auteur d’ouvrages de poésie et d’histoire.
Passionné par l’étude des œuvres d’art, de la mythologie, des interférences entre histoire et légendes, de la symbolique, il poursuit la restauration du château de Ferrières (Tarn), maison familiale d’époque Renaissance dont il est le conservateur.
Il propose des conférences et s’investit dans l’écriture, notamment au sujet du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle, dont il est un expert reconnu, des mouvements religieux et philosophiques depuis l’Antiquité – en particulier de la gnose et du catharisme – et plus largement sur les relations entre le patrimoine et les évolutions culturelles de nos sociétés occidentales jusqu’à nos jours.
En effet, ses recherches sur les héritages du passé orientent son regard sur le monde actuel et lui permettent de s’investir dans des initiatives du milieu associatif et des collectivités locales, autant en France que dans les pays d’Europe du sud, et à ce titre il est délégué territorial de la Fondation du Patrimoine.
Roger Dachez, sur les Templiers
Médecin et universitaire, Roger Dachez a été chargé d’enseignement à l’Université Paris 7- Denis-Diderot et président de l’Institut Alfred Fournier à Paris. Président de l’Institut Maçonnique de France depuis sa fondation en 2002, il est aussi membre du Comité scientifique du musée de la Franc-Maçonnerie à Paris et Contributing Member de la Scottish Rite Research Society (Washington). Parallèlement, il dirige depuis 1992 la revue d’études maçonniques Renaissance Traditionnelle, créée en 1970.
Considéré comme un historien majeur de la franc-maçonnerie, il est l’héritier de la méthode historique appliquée par son maître et père spirituel René Guilly (René Désaguliers). Depuis près de trente ans, il a présenté de nombreuses conférences en France et en Grande-Bretagne et il est l’auteur de nombreux articles de recherche sur les origines historiques et les sources traditionnelles de la franc-maçonnerie, publiés dans des revues françaises ou étrangères. Nous lui devons une vingtaine d’ouvrages, et notamment : L’Invention de la franc-maçonnerie (Véga, 2008), Régularité et reconnaissance, histoire et postures (Conform, 2015), mais également plusieurs volumes de la Collection « Que sais-je ? » aux Presses Universitaires de France – dont : Histoire de la franc-maçonnerie française (2003), Les 100 mots de la franc-maçonnerie (avec Alain Bauer, 2007), Le Rite Écossais Rectifié (avec Jean-Marc Pétillot, 2010). Plus récemment il a publié un important volume sur la Nouvelle histoire des francs-maçons en France avec Alain Bauer (Tallandier, 2020) ainsi que Les francs-maçons en 100 questions (Talllandier, 2021), une Histoire illustrée du Rite Écossais Rectifié (Dervy, 2021), un Précis de maçonnerie de la Marque (La Tarente, 2021) et son De Salomon à James Anderson – L’invention de la franc-maçonnerie (Dervy, 2023).
Jean-Michel Mathonière, sur le Compagnonnage
Jean-Michel Mathonière, né en 1958 à Montluçon, est un essayiste et historien français spécialisé dans l’étude des compagnonnages et tout particulièrement des compagnons tailleurs de pierre. Après une formation technique en dessin de bâtiment et génie civil, il s’oriente vers l’édition, la librairie, puis le graphisme, tout en menant des recherches historiques.
Spécialiste reconnu des compagnonnages, il est invité en 2015 à la conférence mondiale sur le mutualisme et la franc-maçonnerie à la Bibliothèque nationale de France et participe régulièrement à cette manifestation. À cette occasion, il a reçu en 2022 de la fondation académique américaine Policy Studies Organization le Regulus Award pour le service rendu par ses recherches à la communauté savante. Il a également donné une conférence en 2018 à l’Académie des sciences sur la transmission des connaissances géométriques chez les compagnons.
Jean-Michel Mathonière est coéditeur de la traduction française de Études sur les marques des tailleurs de pierre de Franz Ržiha et il a contribué à la publication du Tarot des tailleurs de pierre.
Il organise des expositions sur la stéréotomie et les compagnonnages. Il a été commissaire de l’exposition « La règle et le compas » au musée de la franc-maçonnerie en 2013 et collabore à Franc-Maçonnerie magazine.
Il est membre de l’Académie de Vaucluse et de l’Association francophone des historiens de la construction. À ce titre, il participe régulièrement à des colloques et journées d’étude touchant à ses spécialités. Il est, en 2021, récipiendaire du Prix Paul de Faucher de l’Académie du Vaucluse « pour ses recherches sur les compagnonnages et la transmission des savoirs ».
Henri-Étienne Balssa, sur les Rose-Croix
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Henri-Étienne Balssa connu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, est aujourd’hui mandataire judiciaire à la protection des majeurs (MJPM), ayant pour mission d’assister ou de représenter des personnes majeures qui, en raison de leur âge, d’une maladie ou d’un handicap, ne sont plus en mesure de gérer leurs affaires personnelles et/ou patrimoniales. Passionné d’histoire des sociétés secrétés, il est juriste de formation et titulaire d’un Master de l’Université de Toulouse Capitole.
Nous espérons vivement que vous pourrez vous associer à cette belle manifestation, reflétant l’engagement commun à promouvoir la culture et l’histoire dans notre belle région.
Un grand merci aux auteurs présents, à Jean-Pierre Marson de Cépaduès, à Sophie Dufor de la librairie luchonnaise Au Cœur à l’Ouvrage et au Groupement International de Tourisme et d’Entraide (G.I.T.E.), association interobédientielle.
BIENVENUE AU CŒUR DES PYRÉNÉES ET DE LA FRANC-MAÇONNERIE !
Infos pratiques
Samedi 29 juin 2024 – Casino et théâtre, Place Richelieu – 31110 Bagnères-de-Luchon
Entrée libre et gratuite et pour tout public
Pour toute demande de renseignements complémentaires, n’hésitez pas à contacter l’équipe des EMPL au 06 15 14 87 22 ou par courriel à estivales2024@gmail.com.
Luchon vous attend et balise déjà, avec ses planimétres, nos Estivales !
Notre Très Cher Frère Marc Bianchini ouvre la connaissance de cette Maçonnerie, quelque peu mystérieuse aux autres rites que ceux anglo-saxons. Issue de la Maçonnerie opérative où tout Compagnon recevait une marque pour identifier son travail. Cette forme de Maçonnerie ne manque pas de charme ni de profondeur. Il écrit :
Il est un degré bien spécifique des Rites anglo-saxons, celui de la Marque. Il est à très forte connotation opérative et à ce titre mérite que l’on essaye de comprendre s’il y a une filiation entre la signification d’une Marque d’opératif et cette cérémonie de la Marque pratiquée par des Loges de Francs-Maçons. Il est donc nécessaire d’évoquer ces Marques dans l’histoire de la construction, ce sera la première partie de ce travail. Puis nous essayerons de comprendre l’interrelation ou pas avec le Rituel de la Marque, ce qui sera la seconde partie.
1. Petite histoire des Marques.
a. Les signes gravés sur la pierre…..ou autre.
De tous temps, les hommes ont toujours aimé les signes pour laisser leur empreinte, pour transmettre. On peut remonter à la préhistoire pour trouver des signes peints, gravés ou sculptés sur divers supports : os, pierre, ivoire, murs. On en a retrouvé en Grèce Antique ou provenant de l’époque romaine, disparaissant par la suite pour réapparaitre au Haut Moyen Age, faiblir, changer et revenir au Bas Moyen Age au début du 12ème siècle. L’apparition de ce qu’on appelle lesmarques lapidaires[1] des tailleurs de pierre, n’est que la suite de ce besoin d’identification, très humain et ce, en particulier, à une époque où l’homme de la construction ne savait « ni lire, ni écrire ». Vous l’avez compris nous remonterons plus particulièrement à cette époque qui nous intéresse, c’est-à-dire le Moyen Age, et en particulier, pour débuter, le Moyen Age central, c’est-à-dire de la fin du 11ème siècle au 14ème siècle. Ce choix peut sembler arbitraire mais il correspond au début de l’art Roman et par conséquent nous laisse, par l’ampleur de cette architecture, des témoignages plus nombreux mais aussi une vision plus large sur nombre de pays et presque toutes les régions de France. Il est à noter que la construction des premières abbayes du Haut Moyen Age était plutôt confiée à des gens d’Église : des convers[2] pour le travail manuel et les abbés pour la conception donc il n’était quasiment pas retrouvé de Marques. Nous verrons aussi que la tradition de « marquer » s’est perpétuée jusque très récemment.
Le sujet s’avère tellement vaste que nous essaierons de brosser une esquisse de ces signes qui ont traversé le temps. Ces marques ne nous donnent que peu ou pas de noms quant à leurs auteurs. La signature, telle que nous la connaissons aujourd’hui, n’existait pas chez ces artisans qui ne connaissait pas l’écriture ; la transmission des savoir-faire était surtout orale et seulement au sein d’une même corporation. Seuls les gens d’église, les clercs, les abbés avaient la connaissance de la lecture et de l’écriture.
b. Quels signes ?
Ces signes n’avaient rien de hasardeux. Ils étaient assez hétérogènes et témoignaient même de différents niveaux de culture au sein même de l’artisanat. Certains étaient d’une très grande simplicité, en particulier en cette période du Moyen Age, et allèrent au fil des ans vers une plus grande complexité en faisant preuve parfois d’un goût évident pour un certain symbolisme pour arriver au 19ème siècle, par exemple, à la signature du nom du tailleur de pierre.
Il s’agissait de figures géométriques telles que des triangles, des pentagones, des croix, des lettres[3], comme des initiales de noms. Il est étonnant de constater que suivant les pays ou les régions, certaines formes se répètent souvent quand d’autres sont totalement absentes. Dans certains pays (Ecosse, Royaume Uni) on ne trouve que des lignes brisées quand dans d’autres régions, on retrouve aussi des lignes courbes. Cela dépend aussi des époques et ce qui était valable pour l’Ecosse, l’Allemagne, l’Italie ne l’était pas forcément pour la Bourgogne, l’Alsace, l’Aquitaine ou la Provence pour la France.
Marques identitaires de tailleurs de pierre.
Ces Marques n’étaient d’ailleurs pas toujours l’œuvre d’une seule personne et pas forcément d’un tailleur de pierre. Il pouvait s’agir d’un groupe de travail mais aussi du Maitre d’une carrière ainsi que d’un architecte. Dans tous les cas, ces signes étaient le plus souvent identitaires. On a aussi retrouvé des Marques chez les charpentiers.
c. Types de Marques.
a. Marques de positionnement ou utilitaires.
Elles n’ont rien à voir avec l’identité mais étaient un moyen de transmission des consignes entre le tailleur de pierre et le maçon, le poseur. C’était une sorte de traçabilité de la pierre, terme bien de notre époque. On pouvait identifier la provenance, mais aussi le sens de pose, l’orientation, l’ordre de pose pour les voûtes etc. Ces marques sont actuellement et la plupart du temps invisibles car noyées dans l’ouvrage et n’apparaissent souvent que lors de démolitions ou étaient effacées en arrivant sur le chantier pour la taille finale.
Elles étaient simplement tracées soit avec un crayon, une mine de plomb ou griffée avec la pointe d’un outil et pouvaient représenter un simple trait orienté, une flèche ou des chiffres romains, par exemple pour les claveaux d’une voûte.
b. Marques identitaires.
Elles sont visibles sur les parements des pierres, mais pas toujours car parfois recouvertes d‘enduit. Elles identifiaient donc l’artisan (en terme de responsabilité) en servant aussi de preuve pour être rémunéré, rémunération le plus souvent à la tâche[4], mais aussi d’« anti vol », l’usurpation d’identité existant déjà à l’époque !! On a pu retracer le parcours et les voyages de ces compagnons par le biais des Marques laissées sur les différents ouvrages auxquels ils participèrent.
Différents types de Marque au travers de l’Europe.
Mais alors, quel est le point de jonction entre cette « historiette » des Marques et le Rituel de la Marque tel que pratiqué en Franc-Maçonnerie actuellement ?
2. Petite histoire de la Marque.
Essayons maintenant de faire une transition entre ces Marques d’opératifs médiévaux et ces Marques de spéculatifs de la Renaissance pour arriver à l’apparition de la Marque actuelle.
En Ecosse, il est de tradition d’initier un candidat en automne, de le passer en hiver, de l’élever au printemps et de lui proposer de déposer sa Marque en Mai. Tout l’apprentissage maçonnique se fait donc en une année, sans planche, en donnant au maçon et avec l’aide de ses Frères, tous les outils propres à l’élaboration de son chemin personnel. Cet apprentissage se fait par la connaissance du rituel par cœur, tel que présenté dans ses Statuts par William Schaw (1598 et surtout 1599) en adéquation avec l’Art de la Mémoire sur lequel était évalué un candidat au degré d’apprenti entré et de compagnon du métier. Il est question également dans ces mêmes Statuts d’une présentation de la Marque par le maçon. Si de nombreuses Marques d’opératifs de l’époque en Ecosse nous sont connus grâce à l’étude des procès-verbaux de Loge de l’époque[5], une des premières et peut être la connue d’un maçon spéculatif, fut celle de Robert Moray.
Ecossais, catholique, intellectuel, il fut initié au sein de Mary’s Chapel. Nous sommes en 1641 et beaucoup d’érudits de la Renaissance se découvrent un attrait puissant, pour l’ésotérisme, l’hermétisme, les préceptes des traditions antiques et de la Rose Croix. Il fit de son symbole personnel, le pentacle, sa Marque de Maçon. Il transforma cette étoile à cinq branches en une signature symbolique en y ajoutant 5 lettres formant le mot AGAPA. Cette idée marque une étape entre un simple signe d’identification d’un maçon opératif et la volonté d’exprimer au travers d’une Marque, le symbolisme des vertus attachées à cette même Marque. Même si Robert Moray ne fut pas le premier spéculatif, il marque une étape dans la pénétration des idéaux de la Renaissance, vers les Loges opératives. Ces nouveaux maçons spéculatifs arrivant dans les Loges écossaises du 17ème siècle, étaient invités à déposer une Marque comme leurs Frères opératifs.
Marque de Robert Moray
Il existe donc bien des Marques des premiers maçons spéculatifs mais quid du degré de la Marque ?
Comme pour de nombreux degrés maçonniques, l’origine et la datation sont souvent très mal connues. Il en va de même pour le degré de la Marque. Certes de nombreux documents tant écossais qu’anglais attestent des présentations de Marques mais aucun rituel n’est avéré ni connu.
La maçonnerie anglaise, depuis son unification en 1813 entre Modernes et Anciens, avait pour précepte que « la pure et ancienne maçonnerie consiste exclusivement en trois degrés, apprenti, compagnon et maitre ainsi que le sublime degré de l’Arche Royale mais cet article n’est pas prévu pour empêcher une loge ou un chapitre de pratiquer tout grade de la chevalerie » …. La G.L.U.A[6]. a beaucoup de mal, ainsi que nombre « d’historiens » anglais, à admettre que l’histoire de la maçonnerie britannique a des liens étroits avec l’Ecosse et pour cause quand on connait tout ce qui a opposé ces deux nations au travers des siècles. Dans les années qui suivirent, ni la Grande Loge ni le Chapitre de l’Arche Royale ne mirent en application la fin du précepte ci-dessus et la Marque fut quasiment oubliée du moins en Angleterre !!!
La Marque, entre 1817 et 1850, ne pouvait donc que disparaitre ou exister « à côté ». C’est ce qui arriva par la suite avec la création d’un Grande Loge des Maîtres Maçons de Marque, qui existe toujours, ce qui donne également l’expression « Side Degrees » pour la Marque anglaise et autres degrés.
Avant cette époque, on pratiquait sûrement tant en Ecosse qu’en Angleterre, une « cérémonie » d’attribution de ce degré mais sans précision aucune. Tout au moins la présentation de sa Marque en Ecosse se perpétua mais sans trace d’un rituel dédié.
L’Arche Royale, elle, se pratiquait au sein de Chapitres en dehors des attributions des Grandes Loges. Mais en Ecosse, la Marque était pratiquée dans les Chapitres d’Arche Royale et était un prérequis pour y entrer. Il l’est toujours. Mais suite à des évènements troubles et incertains (c’est aussi cela l’histoire de la Maçonnerie !), la Marque fut et est aussi pratiquée en Ecosse au sein des Loges du Craft[7]. On peut considérer qu’elle est un « intermédiaire » entre Compagnon et Maître et, sans rien dévoiler, une partie, celle de Compagnon détermine un Maçon de Marque, l’autre partie, celle de Maitre, déterminant un Maître Maçon de Marque. Elle est actuellement attribuée après la Maîtrise . Tout en faisant partie (ou non) des degrés du Craft, elle permet l’accès aux premiers degrés « Beyond the Craft » du Chapitre « au-delà du Métier » et non « à côté ».
Au milieu du 19ème siècle, un chapitre d’Aberdeen accorda des patentes à des Loges anglaises, sans l’accord du Suprême Grand Chapitre d’Ecosse qui les déclara quelques années plus tard illégales. Puis la G.L.U.A. et l’Arche Royale anglaise décidèrent de rejeter définitivement la Marque. Déçus par ces décisions, de nombreux maçons londoniens demandèrent directement au Suprême Grand Chapitre d’Ecosse la création d’une Loge sous l’autorité de celui-ci, ce qui fut accepté non sans provoquer dans les années qui suivirent, de nombreux troubles dans les rapports anglo-écossais des hautes sphères maçonniques !!!
Pour finir et dans la pratique, cette cérémonie garde une réelle imprégnation opérative comme les deux premiers degrés et procède toujours de la construction du Temple de Salomon. Elle peut être pratiquée, comme à la G.L.I.F., en Loge de Métier, mais peut également être pratiquée au sein d’un Chapitre souché sur la même Loge. Elle se positionne de manière assez pédagogique dans la chronologie de la maçonnerie salomonienne pour une meilleure compréhension du parcours d’un frère du Standard d’Ecosse.
MB, 05/2024
[1]La glyptographie, partie récente de l’histoire et de l’archéologie, est l’étude des gravures sur pierre.
[2]Dans la première Église, moine entré en religion à l’âge adulte, dévolu à des tâches manuelles.
Les Amis du Musée de la Franc-Maçonnerie (AAMFM) est une association loi de 1901créée pour soutenir et promouvoir le Musée de la Franc-Maçonnerie, situé à Paris. Ce musée, situé au siège du Grand Orient de France, est l’un des plus importants au monde consacrés à l’histoire et à la culture maçonniques.
Les objectifs de l’Association
L’association Les Amis du Musée de la Franc-Maçonnerie a plusieurs objectifs principaux :
1. Soutien au Musée :
– Fournir un appui logistique et financier pour les activités et le développement du musée.
– Aider à l’acquisition de nouvelles pièces pour les collections du musée.
2. Promotion de la Culture Maçonnique :
– Promouvoir la connaissance de l’histoire, des traditions et des valeurs de la franc-maçonnerie auprès du public ;
– Organiser des événements, des conférences et des expositions pour sensibiliser le public à l’importance de la franc-maçonnerie ;
Marianne maçonnique
3. Diffusion des Connaissances :
– Publier des ouvrages, des articles et des études sur des sujets liés à la franc-maçonnerie. Ainsi qu’une lettre d’information ;
– Faciliter la recherche académique et la publication de travaux historiques et culturels sur la franc-maçonnerie.
Activités de l’Association
Les Amis du Musée de la Franc-Maçonnerie organise diverses activités pour accomplir ses objectifs :
Épée du marquis de La Fayette, détail
1. Événements et Conférences :
– Organisation de conférences et de débats sur des sujets maçonniques, souvent en collaboration avec le musée,
– Accueil de conférenciers éminents, experts en histoire maçonnique, pour des présentations et des discussions.
2. Expositions Temporaires :
– Partenariat avec le musée pour monter des expositions temporaires thématiques, qui mettent en valeur des aspects spécifiques de l’histoire maçonnique.
3. Publications et Recherches :
– Soutien à la publication de livres, de catalogues d’exposition et de recherches académiques sur la franc-maçonnerie,
– Encouragement des recherches et études par des bourses et des subventions pour les chercheurs.
Tablier de Voltaire
4. Visites Guidées et Éducatives :
– Organisation de visites guidées du musée, spécialement pour les membres de l’association et le grand public,
– Programmes éducatifs pour les écoles et les groupes d’étudiants afin de promouvoir la connaissance de la franc-maçonnerie.
Adhésion et Bénévolat
L’adhésion à l’association Les Amis du Musée de la Franc-Maçonnerie est ouverte à tous ceux qui souhaitent soutenir le musée et ses activités. Les membres bénéficient de divers avantages :
– Accès privilégié : accès privilégié à certaines expositions et événements organisés par le musée.
– Informations exclusives : réception d’informations exclusives, de newsletters et de publications sur les activités du musée et de l’association.
– Participations : opportunité de participer activement aux projets de l’association et de contribuer au développement du musée.
Le bénévolat* est également encouragé, permettant aux passionnés de s’impliquer directement dans les activités de l’association et de contribuer à la promotion de la culture maçonnique.
Les Amis du Musée de la Franc-Maçonnerie jouent un rôle crucial dans le soutien et la promotion du Musée de la Franc-Maçonnerie à Paris. Par leurs diverses activités, ils contribuent à préserver et à diffuser l’héritage culturel et historique de la franc-maçonnerie. Leur engagement et leurs initiatives permettent de rendre accessible à un large public la richesse et la diversité de cette tradition séculaire.
*Bénévolat, le terme trouve ses racines dans le latin et est lié à des concepts de bonne volonté et de volontariat. Voici une explication détaillée de son origine et de son évolution :
-Origine Latine : Bene et Voluntas. Bene, ce préfixe latin signifie bien ou bon. Voluntas, ce terme latin signifie volonté ou désir.
L’association de ces deux racines donne une notion de bonne volonté ou de désir de bien faire.
Évolution du Terme
En latin classique : le terme latin benevolus se traduit par bienveillant ou de bonne volonté. Il est utilisé pour décrire une disposition d’esprit positive envers autrui, un état d’esprit généreux ou altruiste.
En français, le terme bénévole apparaît au XVIIe siècle, avec un sens proche de celui de bienveillant. Il évolue ensuite pour désigner une personne qui accomplit une action par pure générosité, sans rechercher de rémunération.
Au XXe siècle, le mot bénévolat se structure pour désigner spécifiquement l’action de s’engager volontairement dans une activité non rémunérée au service d’une cause, d’une organisation ou d’une communauté. Aujourd’hui, ce terme bénévolat désigne une participation libre et volontaire à des activités ou à des actions sans recherche de profit personnel. Et un service gratuit se caractérisant par des activités réalisées de manière désintéressée, souvent pour le bien-être de la communauté, pour des causes humanitaires, culturelles, sociales, sportives, etc.
Nicolas Saudray, pseudonyme sous lequel opère un ancien haut fonctionnaire, est une personnalité aux multiples facettes. Son parcours professionnel l’a conduit à occuper des postes de haute responsabilité, notamment à la présidence de la Bibliothèque nationale de France, où il a laissé une empreinte significative.
Au-delà de sa carrière dans la fonction publique, Nicolas Saudray est également un écrivain talentueux, distingué à plusieurs reprises pour son œuvre littéraire. En tant que romancier, il a été récompensé par des prix prestigieux tels que le prix Méditerranée et le prix Maurice Genevoix, ce qui témoigne de la qualité et de la portée de son travail dans le domaine de la fiction.
Parallèlement à son activité romanesque, Nicolas Saudray est également un dramaturge prolifique, ayant écrit plusieurs pièces de théâtre qui ont rencontré un franc succès auprès du public et de la critique.
Cependant, c’est dans le domaine de l’exploration historique que Nicolas Saudray se distingue particulièrement. Son ouvrage majeur, intitulé Nous les dieux, essai sur le sens de l’histoire, a été couronné par le prix Édouard Bonnefous en 2015. À travers cet essai, il offre une réflexion profonde sur la signification de l’histoire humaine, explorant les grandes forces et les motifs sous-jacents qui ont façonné le cours des événements à travers les âges.
Son dernier opus, L’Histoire de France vécue par douze familles-Quand la petite histoire se marie à la grande, s’inscrit dans la continuité de cette approche exploratoire de l’histoire. Dans cet ouvrage captivant, Nicolas Saudray éclaire la grande histoire à travers le prisme des destins individuels, en se concentrant sur douze familles emblématiques. Cette approche novatrice permet au lecteur de plonger au cœur de l’histoire de France de manière immersive et authentique, car chaque récit est ancré dans des faits réels et documentés.
Nicolas Saudray incarne la quintessence de l’intellectuel engagé, combinant une carrière remarquable dans la fonction publique avec une passion pour l’écriture et l’exploration des méandres de l’histoire humaine.
L’auteur nous entraîne donc à travers les siècles en suivant le destin de douze familles françaises. Ces familles, témoins et acteurs de leur époque, nous permettent de plonger au cœur des événements marquants de l’histoire de France.
Chaque famille représente une période spécifique, et leurs récits se croisent pour former une fresque vivante et immersive. De la guerre de Cent Ans à la Révolution française, en passant par les deux guerres mondiales, ces familles nous offrent un regard unique sur les bouleversements politiques, sociaux et culturels qui ont façonné notre pays.
À travers ces récits familiaux, L’Histoire de France vécue par 12 familles nous rappelle que derrière les grandes dates et les figures emblématiques se cachent des individus ordinaires, avec leurs joies, leurs peines, leurs espoirs et leurs luttes. Une lecture enrichissante qui nous permet de redécouvrir notre passé sous un angle nouveau.
L’expression « la petite histoire nourrit la grande » souligne l’importance des récits individuels et familiaux dans la compréhension des événements historiques plus larges, souvent décrits dans les manuels d’histoire. Ce concept est particulièrement pertinent dans le contexte du livre où la vie et les expériences desdites familles sont utilisées pour éclairer et donner vie à l’histoire nationale de la France.
Chaque petite histoire, en enrichissant la grande, permet une compréhension plus riche et plus nuancée de note Histoire de France, avec un grand « H ». Elle aide à combler le fossé entre le passé et le présent, montrant que l’histoire n’est pas seulement faite de grands noms et de dates, mais aussi des expériences quotidiennes des individus ordinaires.
Nous retenons le troisième chapitre « Noblesse de cloche, noblesse d’office, noblesse d’Empire – Les Haussy de Péronne en Picardie », souhaitant surtout expliquer surtout ce qu’est cette noblesse. En effet, la noblesse de cloche et celle d’office sont deux formes de noblesse qui ont émergé en France avant la Révolution française.
La noblesse de cloche désigne les personnes qui ont accédé à la noblesse grâce à des charges municipales, notamment celle de maire ou d’échevin dans certaines villes. Le terme « cloche » fait référence à la cloche utilisée pour convoquer les assemblées municipales. Cette forme de noblesse a été obtenue par des bourgeois qui, en occupant certaines charges municipales (comme maire, échevin, capitoul, etc.) dans des villes ayant ce privilège, se voyaient octroyer la noblesse. Elle est transmissible héréditairement.
Quant à la noblesse d’office, celle-ci concerne les personnes qui accèdent à la noblesse après l’exercice de certaines charges publiques ou officielles. Ces charges incluent des offices judiciaires (comme les magistrats des parlements), des offices financiers (fermiers généraux, trésoriers, etc.), et d’autres charges administratives ou militaires. Pour devenir noble, le titulaire devait souvent occuper l’office pendant une durée déterminée, généralement 20 ans, ou payer une taxe appelée « droit de noblesse ». Elle est généralement héréditaire après une ou plusieurs générations.
Ces deux formes de noblesse montrent l’évolution sociale de la France d’Ancien Régime, où les distinctions nobles ne reposaient plus uniquement sur la possession de terres ou les exploits militaires, mais également sur l’acquisition d’offices et de charges municipales.
Les Haussy (ou de Haussy) étaient une famille noble française originaire de Péronne, une ville située en Picardie. Une famille dont les premières mentions de cette famille remontent au Moyen Âge.
Mais avec cet ouvrage, l’auteur nous emmène également à travers une exploration géographique tout aussi fascinante de la France. Chacune de ces douze familles sert de prisme à travers lequel Nicolas Saudray présente succinctement l’histoire de différentes régions. Il nous conduit à la découverte de régions tels le nord du Cotentin, dans la Manche, en Normandie, le canton des Grisons, situé dans l’est de la Suisse, avec son histoire riche en raison de sa diversité culturelle et linguistique, le pays de Penthièvre, en Bretagne, dans la Somme, en Picardie, en Haute-Saône, en Île-de-France, berceau historique de Paris, et en Beauce, grenier à blé de la France, dans le Rouergue, situé dans l’actuel département de l’Aveyron, etc. Toutes ces belles régions de France sont au cœur du livre. Nicolas Saudray réussissant à nous faire ainsi découvrir la diversité géographique, culturelle, et historique de la France en mêlant subtilement anecdotes familiales et événements nationaux.
Nous retenons que chaque chapitre s’ouvre sur une introduction contextuelle qui situe les familles dans leur époque respective, offrant ainsi un aperçu des conditions sociales, économiques, et politiques de l’époque. Le livre illustre la manière dont chaque famille a été influencée par les grands mouvements de l’histoire, des guerres et des révolutions aux changements sociaux et économiques. L’auteur utilise une approche narrative pour raconter ces histoires, mélangeant faits historiques rigoureusement recherchés avec une prose captivante qui donne vie aux personnages et aux époques qu’ils ont traversées. L’ouvrage est enrichi d’arbres généalogiques qui aident le lecteur à suivre les liens familiaux et leur évolution à travers les siècles.
L’Histoire de France vécue par douze familles est plus qu’un simple livre d’histoire, c’est une exploration profonde de l’humain à travers le temps. Nicolas Saudray réussit à montrer que l’histoire n’est pas seulement faite de dates et d’événements mais aussi de personnes et de familles qui ont chacune contribué à façonner le cours de l’histoire de leur pays. Au-delà d’une réussite remarquable, – augmentée des illustrions des couvertures et rabats de Pierre Collier – l’ouvrage est indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire française sous un angle plus personnel et intime. Passionné(e) d’histoire ou simplement curieux(se) de mieux comprendre les racines de la France, la lecture du dernier opus de Nicolas Saudray vous comblera.
L’Histoire de France vécue par douze familles–Quand la petite histoire se marie à la grande
L’Ancien Testament s’étale sur plusieurs milliers d’années, remplit plusieurs centaines de pages d’où une profusion de personnages à l’intérieur. Certains sont obscurs à moins que la Bible soit votre livre de chevet. Or, en tant que visiteurs d’églises ou de musées, vous vous retrouvez peut-être devant des œuvres mettant en scène un de ces personnages. Comment s’y retrouver ? L’historien de l’art Jean Wirth propose une première clé : lire l’Ancien Testament comme une succession d’histoires de frères qui ne s’aiment pas ou que Dieu favorise ou maudit. L’idée, provocante, a quelques fondements.
Les frères ennemis les plus connus.
Commençons par les deux enfants d’Adam et Ève : Abel et Caïn. Leur conflit a pour origine une offrande à Dieu, comme le rappelle ce chapiteau roman.
À droite, l’agriculteur Caïn (son nom se devine dans le coin au-dessus) offre une gerbe de blé de mauvaise qualité tandis que l’éleveur Abel remet un agneau, le premier-né de son troupeau. Dieu accepte ce dernier don. Sa main sort des nuées pour bénir l’éleveur. L’offrande de Caïn est par contre refusée. Sur le chemin du retour, Caïn, jaloux, tue son frère. C’est le premier meurtre de la Bible.
Un échangisme qui tourne mal
Tournons les pages pour arriver à Abraham. Ce patriarche se désespère de ne pas avoir de descendance avec sa femme Sara. Se croyant stérile et approchant de la vieillesse, cette dernière se résout à laisser sa place au lit à la servante Agar. Son sacrifice fonctionne : Agar donne naissance à Ismaël. L’affaire se complique lorsque Dieu permet finalement à la vieillissante Sara d’enfanter à son tour. Abraham se retrouve avec deux fils : Ismaël et Isaac. Forte de son statut d’épouse et de mère, Sara oblige le patriarche à chasser la servante et son fils. Ils erreront dans le désert.
Anonyme, La Répudiation d’Agar, musée du Prado, Madrid, XVIIe siècle
La tromperie de Jacob
Sur ce chapiteau de l’abbatiale de Vézelay, on retrouve à gauche Isaac, le fils d’Abraham. Il est devenu vieux et aveugle (regardez ses yeux bridés). À sa droite, son fils Jacob qui est en train de le berner sous les yeux de sa mère. Profitant de la cécité de son père, Jacob se fait passer pour son frère aîné Ésaü. Isaac le bénit, lui conférant la prospérité et la domination sur son frère. Lorsqu’Ésaü découvre la supercherie, il est trop tard. Furieux d’avoir été lésé de son droit d’aînesse, il jure de tuer Jacob. Mais l’histoire ne termine pas comme entre Abel et Caïn. L’imposteur fuit chez son oncle et sauve sa vie.
Joseph et ses 11 frères
Une fratrie si nombreuse risque de devenir un panier de crabes. Les 12 sont précisément les enfants de Jacob qu’on vient de quitter. Parmi eux se distingue Joseph, le préféré et enfant d’un second lit. Les ingrédients sont là pour susciter la jalousie. Les frères complotent pour se débarrasser du jeune Joseph. Après avoir pensé à le tuer (décidément !), ils se résolvent à l’enfermer dans une citerne. Cet épisode se devine sur le vitrail de la cathédrale de Chartres : Joseph est glissé dans un trou.
Ayez une pensée pour l’embarras du peintre-verrier : représenter les 12 frères dans un petit compartiment de vitrail. Il y a renoncé 🙂. Ensuite, selon les versions de la Bible, le malheureux Joseph est soit vendu soit secouru par des marchands. Les frères s’en retournent auprès de leur père Jacob. Pour cacher leur forfait, ils lui justifient l’absence de Joseph en avançant l’hypothèse d’un meurtre. À l’appui de leur version, ils tendent sa tunique ensanglantée. En vérité, le sang d’un bouc leur a servi à fabriquer cette preuve.
Alors que Jacob pleure ce fils adoré, Joseph se retrouve esclave en Égypte. Heureusement, ses qualités d’administrateur et d’interprète de rêves le font remarquer du pharaon. Il sauve notamment le royaume d’une famine grâce aux importants stocks de grain qu’il a commandé lors des années fastes. Justement, un jour, Joseph voit arriver à la Cour ses frères menacés à leur tour par la pénurie. Aucun ne le reconnaît. Joseph en profite pour leur faire subir quelques épreuves. Il glisse par exemple une coupe dans les bagages d’un frère puis le fait arrêter pour vol.
Finalement, touché par la solidarité entre les frères, Joseph se fait reconnaître et accueille toute sa famille en Égypte, la mettant à l’abri de la famine.
Un geste à la source d’une discorde
À la génération suivante, les conflits reprennent. À son tour, Joseph a deux fils : Manassé et Ephraïm. Les deux frères semblent s’entendre. Aucun ne cherche à se débarrasser de l’autre. Enfin ! Mais le grand-père Jacob met un peu de fiel dans la relation. Au moment de les bénir, il pose sa main droite sur la tête du cadet, Ephraïm, et sa main gauche, sur la tête de l’aîné Manassé. Or la main droite prime toujours symboliquement. Regardez la bénédiction croisée de Jacob sur cette sculpture de la cathédrale d’Amiens.
Si on ne connaît pas l’histoire, on ne peut pas comprendre ce geste apparemment maladroit (Jacob semble agir comme un DJ qui mixe). En fait, par ce geste à l’encontre de l’ordre généalogique, Jacob favorise volontairement le cadet. Cela peut vous sembler anodin, mais il y a des conséquences : la descendance et la tribu d’Ephraïm seront effectivement plus prospères que celle de Manassé. Ces cinq histoires fraternelles, voire fratricides, vous font entrer dans les nombreux imbroglios familiaux de la Bible et vous dessinent quelques branches d’un foisonnant arbre généalogique. Cet angle laisse par contre dans l’ombre les femmes. À ma connaissance, l’Ancien Testament ne rapporte aucun conflit entre sœurs, aucune sororicide (le terme existe). Avez-vous des contre-exemples ?
Décoder les abbayes et monastères : point d’avancée du livre
Le mois dernier, je vous ai promis de partager le processus d’écriture de mon livre consacré aux abbayes et monastères. 12 relecteurs m’accompagnent dans ce projet. Nous nous sommes réunis au cours d’une visioconférence. Actuellement, ils discutent de ma table des matières. Leurs premières remarques m’incitent à faire comme certains candidats de « Qui veut gagner des millions ? » : demander l’avis du public. Sur certains points, je ne suis pas sûr de la direction à prendre et vous allez m’éclairer. Mieux, vous allez résoudre ma crise existentielle d’auteur. Dimanche dernier, je me suis en effet interrogé sur la forme et le style du livre. Il était temps : j’en avais écrit environ 20 % ! Pour le moment, je rédige à la manière de ce que vous lisez habituellement dans cette infolettre et mes articles : de la narration et des images. Mais peut-être préférez-vous une autre recette que j’avais expérimenté sur un précédent livre numérique, Comment regarder les sculptures médiévales. Dans ce livre, l’écriture est plus descriptive et efficace que narrative. Surtout, la mise en page est plus graphique. En voici deux pages :