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Les Francs-Maçons de Sion sortent  » un peu » de l’anonymat pour leurs 10 ans

De notre confrère suisse rhonefm.ch – Par Oriane Binggeli

La Franc-maçonnerie compte des dizaines d’adeptes en Valais (Suisse). Et le mouvement s’est taillé une place durable dans la région. La plus jeune loge fête ses 10 ans. Un anniversaire dont ils espèrent transformer en petite vitrine pour se faire connaitre.

Elle se nomme Ataraxie. C’est la plus jeune loge maçonnique du canton. Née à Sion en 2014, elle compte aujourd’hui 25 membres – appelés dans le lexique maçonnique des « Frères ».

Son 10e anniversaire est annoncé cet automne, avec un rituel, prévu au Temple maçonnique de Bex, une commune suisse du canton de Vaud, située dans le district d’Aigle. Jusque-là, rien d’inhabituel. Sauf que la loge a choisi de faire une entorse à la traditionnelle discrétion qui accompagne la pratique de la franc-maçonnerie, en accueillant des profanes. Attention, il ne s’agira pas d’une cérémonie tout public. « Nous accueillerons essentiellement nos familles et amis de confiance », explique le vénérable maître de la loge — l’équivalent du président de l’association, qui ne préfère d’ailleurs pas dévoiler son nom. « L’idée est de leur faire découvrir notre activité, de la rendre plus concrète. » 

« Ni une religion, ni une secte »

Pourquoi pas aussi actionner le levier de la transparence, pour casser les clichés qui ont la peau dure. « L’oppression a commencé il y a des siècles », analyse le Franc-maçon. « La Franc-maçonnerie ayant toujours rejeté les dogmes, l’Eglise nous a accusés de pécho mortel. Mais il n’y a aucun complotisme dans la démarche. »

Sur la forme, le Vénérable maître décrit la confrérie comme une association. Et sur le fond, comme un espace de rencontres et de travail sur soi. Entre lectures, débats et rituels, on philosophe sur les grandes questions de l’humanité. Le tout sans prosélytisme ni sectarisme. « Nous débattons de sujets de société, comme tout le monde, dans le respect de la parole et des croyances de l’autre », insiste-t-il. « Simplement, il s’agit d’aller peut-être plus loin ou plus intellectuellement dans ces thématiques, qu’on le ferait lors de discussions entre amis. » 

Loge ouverte à la relève

Enfin, la démarche tend peut-être aussi à intéresser de nouveaux aspirants. Puisque si Ataraxie a su garder un nombre de membres stable depuis 2019, la franc-maçonnerie a accusé une baisse de succès ces dernières décennies. De 7’500 en 1980 à 3’500 en 2020. Notre interlocuteur estime le nombre de francs-maçons en Valais à 150, voire 200, en comptant le Chablais vaudois.  

« On veut croire que la franc-maçonnerie en Valais a encore de beaux jours devant elle », confesse le vénérable maître , qui note que la loge reçoit deux à trois contacts par année, surtout via son site internet. « Ça parait peu, mais c’est un nombre tout à fait correct pour le bassin de population que nous avons. Et qui est similaire aux autres loges. » La Franc-maçonnerie s’est taillée une place durable en Valais. La plus jeune loge, à Sion, fête ses 10 ans.

Comment devient-on franc-maçon ?

Autre différence notable entre une loge maçonnique et une secte : « On y entre difficilement alors qu’il est très simple d’en sortir. Tout le contraire d’une secte », appuie le Vénérable maître d’Ataraxie. Ne devient donc pas franc-maçon qui veut. 

La tradition veut qu’un aspirant soit introduit par un franc-maçon agréé. Aujourd’hui, la prise de contact se fait essentiellement sur internet. Il s’agit d’abord d’enchaîner une série de rendez-vous avec des Frères, et d’effectuer quelques travaux écrits. « L’idée est de jauger la capacité de réflexion, d’observation et d’interrogation de l’aspirant. » Si l’exercice est validé, une séance plénière est mise sur pied, avec un vote. 

Et quelles sont les prédispositions pour prétendre au statut de Franc-maçon ? « Dans les loges dites régulières, comme Ataraxie, seuls les hommes sont admis », note le Vénérable, qui précise qu’il existe aussi plusieurs loges mixtes, voire exclusivement féminines en Suisse. « Pour le reste, il s’agit surtout d’être adulte, idéalement avec une certaine expérience de la vie. Curiosité, ouverture d’esprit et désintérêt personnel sont aussi des valeurs essentielles. »

Ababouiné : La rébellion silencieuse contre l’obscurantisme religieux

Le film Ababouiné, réalisé par André Forcier, est un drame sorti en salles au Québec le 23 août 2024. Et en France aussi ! Ce long-métrage de 94 minutes se déroule en 1957 dans le Faubourg à m’lasse, un quartier ouvrier de Montréal, et suit les aventures de jeunes joueurs de baseball confrontés à l’autorité rigide de l’Église catholique, apostolique et romaine.

Le terme Ababouiné fait référence à un voilier arrêté en pleine mer, faute de vent, symbolisant une situation de blocage ou d’impuissance, une métaphore centrale dans l’intrigue du film.

Le film met en scène Michel Paquette, un garçon de 12 ans atteint de polio, et ses amis, qui s’opposent à la domination cléricale représentée par le Vicaire Cotnoir. En parallèle, le professeur Rochette, un anarchiste, est renvoyé en raison de ses idées subversives, ce qui pousse les élèves à se mobiliser pour publier son recueil de poèmes.

navire ababouiné, Antoine Roux – Wikimedia Commons

Au nom de 450.fm, nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à André Forcier et à toute son équipe pour avoir organisé cette projection privée de Ababouiné.

Votre générosité et votre engagement envers le cinéma québécois nous inspirent profondément. Ce fut un honneur de découvrir, en avant-première, cette œuvre riche en symbolisme et en émotions. Nous vous remercions chaleureusement pour cette opportunité unique et pour votre contribution inestimable à la culture cinématographique du Québec.

Les acteurs principaux du film

Éric Bruneau

Dans Ababouiné, Éric Bruneau incarne un personnage clé de l’histoire. Éric Bruneau est un acteur québécois reconnu pour sa polyvalence et son charisme, ayant joué dans de nombreux films et séries télévisées au Québec. Il est particulièrement apprécié pour ses performances dans des productions comme « Coroner » et « Le jeu ».

Rémi Brideau – Agence Laffond.com

Rémi Brideau

Rémi Brideau joue un rôle important aux côtés des autres protagonistes. Il est un acteur émergent sur la scène québécoise, apportant une fraîcheur et une intensité à chacun de ses rôles. Bien que moins connu que ses collègues, Rémi Brideau se distingue par son approche naturelle et authentique.

Rémy Girard – Source Allociné

Rémy Girard

Rémy Girard, l’un des acteurs les plus respectés du Québec, joue un rôle majeur dans Ababouiné. Avec une carrière impressionnante, Rémy Girard est reconnu pour ses performances dans des films emblématiques comme « Les invasions barbares » et « Le déclin de l’empire américain ». Sa présence dans le film apporte une profondeur supplémentaire à l’histoire.

Maïla Valendir – Photo UDA Canada.

Maïla Valentir

Maïla Valentir, une jeune actrice prometteuse, incarne un personnage crucial dans l’intrigue de Ababouiné. Bien qu’elle soit au début de sa carrière, Maïla Valentir a déjà capté l’attention du public grâce à son talent brut et sa capacité à interpréter des rôles complexes.

Gaston Lepage, en 2024

Gaston Lepage

Gaston Lepage, un vétéran du cinéma québécois, apporte son expérience et son expertise au film. Connu pour son humour et sa capacité à jouer des rôles variés, il est un acteur polyvalent qui a su se réinventer tout au long de sa carrière, marquant ainsi de nombreuses générations de spectateurs.

Ces acteurs, par leur talent et leur engagement, jouent un rôle central dans la réussite de Ababouiné, en incarnant des personnages riches et nuancés qui donnent vie à cette histoire complexe et symbolique.

Notre regard maçonnique sur Ababouiné

La quête de liberté et laïcité

Le film illustre la lutte pour la liberté de pensée contre le dogmatisme religieux. Michel, malgré sa maladie, incarne cette quête de liberté en s’opposant à l’autorité du Vicaire Cotnoir. Cette opposition à l’autorité cléricale reflète la tension entre la religion et la laïcité, un thème cher à la franc-maçonnerie, qui prône la séparation de l’Église et de l’État et la liberté individuelle. La franc-maçonnerie valorise la liberté de conscience et l’émancipation des esprits, ce qui est au cœur du conflit dans Ababouiné.

Éducation et transmission de connaissances

L’importance de l’éducation est soulignée par le personnage de Rochette, qui incarne le mentor maçonnique, transmettant des connaissances essentielles malgré l’opposition de l’Église. La franc-maçonnerie valorise l’éducation comme un moyen de progression individuelle et collective, et cette dynamique est clairement visible dans le film, où les élèves prennent en main la publication du recueil de leur professeur.

Drapeau de la Cité du Vatican

Lutte contre l’obscurantisme religieux

Blason de la Cité du Vatican

La confrontation entre le clergé et les jeunes personnages symbolise la lutte contre l’obscurantisme, un principe fondamental de la franc-maçonnerie. Le film critique l’influence étouffante de l’Église sur la société québécoise de l’époque, une époque marquée par la Grande Noirceur, où la domination cléricale empêchait toute forme de pensée indépendante.

Symbolisme et allégories

Le titre Ababouiné lui-même est une métaphore puissante. Comme un bateau arrêté en mer sans vent, les personnages du film sont bloqués par les structures rigides de la société. D’un point de vue maçonnique, cela peut représenter l’aspiration à un nouvel élan de liberté et de lumière, contrastant avec l’immobilisme et l’obscurité imposés par l’autorité religieuse.

 « Les veritez catholiques… » Pierre Guiffart (1597-1658)

Personnages et archétypes maçonniques

Michel Paquette peut être vu comme un apprenti maçon, cherchant à surmonter les obstacles de la vie (représentés par sa maladie et l’oppression religieuse) pour atteindre une forme de vérité et de liberté. Archange Saint-Amour, l’éditeur du pamphlet anticlérical, représente quant à lui le maître maçon, guidant les jeunes dans leur quête de justice et de connaissance.

André Forcier

En conclusion

Ababouiné d’André Forcier, au-delà de sa trame narrative, offre une réflexion profonde sur la liberté, l’éducation, et la lutte contre l’obscurantisme, des valeurs fondamentales en franc-maçonnerie. Le film, à travers ses personnages et ses symboles, propose une critique de l’autorité religieuse et une célébration de la libre pensée, des thèmes qui résonnent fortement avec l’idéal maçonnique de l’émancipation de l’esprit humain.

En explorant la tension entre tradition et modernité, Ababouiné s’inscrit dans la continuité des œuvres critiques qui questionnent l’influence des institutions religieuses sur la société, tout en rendant hommage à la résistance des esprits libres face à l’oppression.

Ababouiné | André Forcier | Bande-Annonce officielle

L’État de la Cité du Vatican est une monarchie absolue, de droit divin et élective, dirigée par le Pontife romain et évêque de Rome, c’est-à-dire actuellement le pape François, élu le 13 mars 2013, à la suite de la renonciation de Benoît XVI, le 28 février de la même année. Le pape y exerce souverainement le triple pouvoir exécutif, législatif et judiciaire.

Les ombres du passé : Complots et mystères à travers l’Histoire

Depuis quelque temps, les intrigues et querelles intestines des francs-maçons, autrefois marquées par des affaires de pouvoir, des rivalités d’influence, et des guerres picrocholines du type « je suis plus régulier que toi » ou « je fais pipi plus loin que toi » sur le mode « j’ai plus de frères que toi, tralala ! », ne retiennent plus autant l’attention. Les nouveaux marronniers se tournent désormais autour des complots. Ce sont ces complots silencieux et les mystères non résolus de l’Histoire qui captivent l’attention des médias, plongeant le public dans un univers où le passé ressurgit avec une aura d’intrigues et de secrets encore plus troublants.

Une augmentation notable du nombre de magazines traitant de théories du complot

En effet, au cours des trois dernières années, on a observé une augmentation notable du nombre de magazines traitant de théories du complot, de complotisme, des Illuminati, et autres récits liés. Cette tendance s’inscrit dans un contexte plus large où les théories conspirationnistes ont gagné en popularité, souvent alimentées par des événements mondiaux comme la pandémie de COVID-19 et les tensions politiques. Les sujets tels que les Illuminati et le Nouvel Ordre Mondial sont fréquemment abordés, avec un intérêt renouvelé pour les mythes entourant ces groupes prétendument secrets, en partie grâce à la diffusion rapide d’informations via Internet et les réseaux sociaux.

Dans notre note de lecture et analyse du 43e numéro de Secrets d’Histoire, intitulé « De l’Antiquité à nos jours – Complots et mystères de l’Histoire », Stéphane Bern, figure incontournable des médias français, nous plonge dans un univers où les récits historiques se mêlent aux mythes et aux intrigues qui ont façonné le destin de grandes figures et événements à travers les âges. Ce numéro captivant nous invite à redécouvrir l’Histoire sous l’angle fascinant des complots et des mystères non résolus, révélant les zones d’ombre qui continuent de hanter notre imaginaire collectif. Parfois

Stéphane Bern, en 2012

L’éditorial de Stéphane Bern donne le ton, soulignant comment l’Histoire a souvent été manipulée par des rumeurs qui alimentent les peurs, déclenchent des guerres ou provoquent la chute de figures puissantes. Sa réflexion nuancée sur les conséquences de ces rumeurs résonne tout au long des pages de ce numéro, offrant un portrait sombre mais réaliste de la manière dont l’Histoire est souvent écrite dans l’ombre.

Chaque chapitre – 15 au total – de ce numéro propose une plongée profonde dans différentes périodes et aspects de l’Histoire. Le magazine commence par un voyage réflexif dans les « Rendez-vous de l’Histoire », commémorant le 500e anniversaire de la naissance de Pierre de Ronsard. Ronsard, le « prince des poètes », est célébré non seulement pour sa contribution à la langue française mais aussi pour la manière dont son œuvre a survécu aux vicissitudes du temps, tout comme l’architecture gothique de Notre-Dame de Chartres, dont les trésors sont également revisités dans cette édition.

Ronsard par Benjamin Foulon

L’article sur le poète de la Renaissance, associé à l’exploration des artefacts historiques, prépare le terrain pour une discussion plus large sur la manière dont les efforts culturels et artistiques résistent et transcendent parfois les bouleversements historiques qui les menacent.

Le chapitre « Rumeurs, complots, secrets d’État », véritable dossier spécial, plonge le lecteur dans les aspects plus sombres de l’Histoire, en explorant des conspirations comme celle de Catilina dans la Rome antique, la guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs en France, et les complots qui ont entouré des figures telles qu’Henri III et Henri IV. Chaque récit est minutieusement reconstitué, s’appuyant à la fois sur des faits historiques et des éléments spéculatifs qui ont transformé ces événements en légendes durables.

Le Masque de Fer

Notamment, l’analyse du Masque de Fer – le mystérieux prisonnier qui reste une énigme à ce jour – est emblématique de la manière dont les secrets d’État peuvent parfois donner naissance à des mythes plus puissants que la vérité elle-même. Cette réflexion est renforcée dans la discussion sur l’affaire des Poisons, où les lignes entre manœuvres politiques et pratiques occultes se brouillent, donnant naissance à un récit qui traite autant du contrôle et du pouvoir que de la superstition. Le dernier article est consacré à « L’attentat de Clamart : On a tiré sur le Général » par Coline Bouvart. Une analyse minutieuse de l’une des tentatives les plus audacieuses pour assassiner le général de Gaulle.

Cet événement, survenu le 22 août 1962, est le point culminant des tensions violentes qui entourent la guerre d’Algérie et l’opposition féroce à la politique d’indépendance menée par de Gaulle. En vérité, l’attentat du Petit-Clamart, désigné par ses auteurs sous le nom d’opération Charlotte Corday, et orchestré par l’Organisation de l’armée secrète (OAS), une organisation terroriste clandestine farouchement opposée à l’abandon de l’Algérie française, a été l’un des moments les plus critiques de la présidence de de Gaulle, marquant à la fois la vulnérabilité du chef de l’État et sa détermination inébranlable à poursuivre sa vision politique.

Le général de Gaulle, en 1961

Coline Bouvart retrace avec précision les faits, explore les motivations des conspirateurs, et analyse les répercussions de cet acte manqué sur la politique française de l’époque, offrant ainsi un éclairage fascinant sur cet épisode dramatique de l’histoire contemporaine.

Le magazine ne se prive pas de se concentrer sur l’individu et l’insolite. Le chapitre « Au cœur d’une vie », que nous devons à la plume de Philippe Séguy,  offre un portrait intime de personnages comme l’Abbé de Choisy, dont la vie oscille entre le baroque et l’excentrique. Ce segment, tout comme les articles sur Léopold II et Blanche Delacroix, révèle l’intersection entre les passions personnelles et le pouvoir politique, montrant comment les vies privées des figures historiques entraînent souvent des répercussions publiques.

Violette Morris, chanteuse, garconne en 1926

De manière similaire, l’article sur Violette Morris (1893-1944) dite « la Morris », dans le chapitre « Faits divers » est un rappel brutal de la manière dont des individus peuvent devenir emblématiques de forces plus larges et plus sinistres à l’œuvre. Violette Morris, championne – records du monde du lancer du disque et du lancer du poids et remporte dans les deux disciplines les premières Olympiades féminines en 1921 et 1922 – devenue collaboratrice, incarne les complexités morales d’une époque où les choix personnels pouvaient entraîner des conséquences publiques dévastatrices. Elle est abattue par des maquisards.

Le numéro revisite également certains des mystères les plus perplexes de l’Histoire, comme le Manuscrit de Voynich, dont les origines et la finalité restent aussi insaisissables que jamais.

Manuscrit de Voynich
Michał_Wojnicz, c. 1885

C’est l’un des livres les plus énigmatiques de l’Histoire. Découvert par un marchand de livres anciens, Wilfrid Voynich, en 1912, ce manuscrit, rédigé dans une langue ou un code encore indéchiffré, a fasciné et frustré chercheurs, linguistes, cryptographes et amateurs d’énigmes depuis plus d’un siècle. Daté du XVe siècle, le manuscrit est rempli de dessins de plantes étranges, de diagrammes astrologiques et d’illustrations de femmes nues, ce qui a conduit à de nombreuses théories sur son contenu, allant d’un traité médical ou botanique, à un texte alchimique ou ésotérique, voire à un simple canular.

Manuscrit de Voynich

Malgré les nombreuses tentatives pour percer son secret, le Manuscrit de Voynich reste un mystère insoluble, alimentant un large éventail de spéculations et de légendes. Aujourd’hui encore, il demeure un sujet de fascination pour les chercheurs, qui continuent de travailler à la déchiffrer, sans succès certain, contribuant à sa réputation de l’un des plus grands mystères littéraires et historiques de tous les temps. Cela est emblématique de l’approche plus large du magazine : présenter l’Histoire non pas comme une série de récits résolus, mais comme une tapisserie complexe, souvent contradictoire, où de nombreux fils restent inachevés.

Михаил Тимофеевич Калашников

Le magazine propose une série de récits passionnants, tels que « ‘’La Kalash’’ de l’oncle Micha », explorant l’icône russe Mikhaïl Kalachnikov (1919-2013) et de sa célèbre « arme de paix pour défendre sa patrie », ou « Un ‘’missel’’ policier pour la Commune », une analyse fascinante sur le fichage judiciaire durant la Commune de Paris.

Le saccage de la Folie Titon, le 28 avril 1789.

On retrouve également la rubrique « Des mots, des histoires », qui, sous la plume érudite de l’écrivain et historien Jean-Christian Petitfils, nous offre l’article « L’affaire Réveillon – Une fin de régime annoncée », une affaire survenue en avril 1789. Un événement précurseur de la Révolution française, marquant le début de la colère populaire qui allait bientôt embraser Paris.

Jean-Christian Petitfils en 2012.jpg

Ce soulèvement éclate à la suite de rumeurs selon lesquelles Jean-Baptiste Réveillon, un riche fabricant de papiers peints, aurait proposé de baisser les salaires des ouvriers. Ce malentendu, attisé par les tensions sociales croissantes, conduit à une violente émeute qui se solde par des dizaines de morts. Cet épisode est souvent vu comme un présage de la fin imminente de l’Ancien Régime, illustrant la montée d’une contestation populaire irrépressible qui allait bientôt changer le cours de l’Histoire.

La Villa Bague

Puis, « La Ville Bague, une grande histoire d’une malouinière ». Située dans l’arrière-pays malouin, la Ville Bague est l’une des plus emblématiques malouinières, ces demeures élégantes construites par les riches armateurs et corsaires de Saint-Malo au XVIIIe siècle. Une chronique intitulée « Fiction ou réalité » aborde le film « Le Jeu de la reine », questionnant son rapport à l’Histoire, la vie n’étant pas toujours du cinéma…

Enfin, il est annoncé que le prochain numéro, prévu pour le 13 novembre prochain, sera consacré à Marie, mère de l’humanité, elle qui fut choisie entre toutes pour une mission unique : permettre à Dieu de s’incarner en portant son Fils.

Ce qui rend ce numéro particulièrement captivant, c’est sa capacité à lier ces mystères historiques à des questions contemporaines de pouvoir, d’identité et de vérité. L’exploration historique n’est pas simplement une question du passé, mais aussi de la manière dont ces histoires continuent de façonner notre compréhension du présent.

Secrets d’Histoire est une véritable leçon de narration historique, tissant ensemble le personnel et le politique, le factuel et le spéculatif, en un récit cohérent qui pousse le lecteur à reconsidérer ce qu’il sait de l’Histoire. La curation minutieuse des articles par Stéphane Bern et sa voix éditoriale réfléchie créent une publication qui porte autant sur les mystères non résolus que sur l’importance de remettre en question les récits que nous tenons pour acquis.

Pour tout passionné d’Histoire, ce numéro est un rappel des complexités qui définissent notre compréhension du passé et des façons dont ces complexités continuent de résonner dans le présent. Le lecteur en ressort avec une appréciation plus profonde des énigmes qui persistent et un sens plus aigu du pouvoir que l’Histoire exerce sur notre imagination et notre réalité.

Secrets d’Histoire

De l’Antiquité à nos jours – Complots et mystères de l’Histoire Uni_média, N°43, Septembre/Octobre/Novembre 2024, 114 pages, 5,95 €

Lieu symbolique : Le Château de Commequiers (Vendée)

Le Château de Commequiers, mentionné dès le XIe siècle, est situé dans la commune de Commequiers, en Vendée en région des Pays de la Loire et dans la province historique du Poitou.

La Vendée, dans un premier temps…

Située dans les Pays de la Loire, la Vendée est un département riche en histoire et culture. Bordée par l’océan Atlantique, elle offre des paysages variés, des plages aux bocages et marais.

Marquée par les Guerres de Vendée (1793-1796), elle a un passé médiéval et révolutionnaire notable. La région est connue pour ses châteaux, églises romanes, et traditions festives, comme le Puy du Fou

(cf. notre « Lieu symbolique : Le Puy du Fou – commune des Épesses – Vendée » du 29 mars 2024). Le patois vendéen y est encore présent, préservant une partie de son identité culturelle.

Blason de la ville de Thouars (Deux-Sèvres)

Le premier seigneur

Le premier seigneur connu est Urvoidus (ou Urvoy), vassal des Thouars, mentionné en 1093 lors de la fondation du prieuré Saint-Nicolas à la Chaize-le-Vicomte. Urvoidus est également baron de Commequiers en 1099, dominant les paroisses de Soullans, Saint-Christophe-du-Ligneron, Maché, et le Perrier, ainsi que cinq châtellenies, dont La Vérie près de Challans.

En rouge, le département de la Vendée

La maison de Montaigu

Au XIIe siècle, par mariage, la seigneurie passe à la maison de Montaigu. Brient I de Commequiers et Agathe (Icostima) de Montaigu en sont les figures notables. Leur fils, Maurice Ier de Montaigu, soutient les Plantagenêts contre le roi de France, une position maintenue par leurs descendants.

Carte du département de la Vendée (1790 – 1793)

Au XIVe siècle, Josselin Ier de La Forest-sur-Sèvre acquiert Commequiers, suivi par les Jousseaume au siècle suivant. En 1440, Jeanne Jousseaume hérite du château et épouse Louis de Beaumont-Bressuire, initiateur de la grande reconstruction du château à la fin du XVe siècle.

Louis de Beaumont reconstruit le château en pierres blanches de Sallertaine, créant une enceinte octogonale avec des tours rondes. En 1628, après le combat de Riez, le château est démantelé sur ordre du cardinal de Richelieu.

La seigneurie passe ensuite aux Montmorency-Luxembourg puis est vendue vers 1780 à Jean-Charles Le Roux des Ridellières. En 1926, le château est inscrit au titre des monuments historiques. En avril 2023, un arrêté classe le donjon annulaire du château.

Anne Charles Sigismond de Montmorency-Luxembourg, par Louis Carrogis dit Carmontelle

Vous avez dit Montmorency-Luxembourg ?

Une famille qui n’est pas inconnue du maçon en général et de celui du GODF en particulier. En effet, Anne Charles Sigismond de Montmorency-Luxembourg (1737 – 1803), né à Paris, était un marquis de Royan, comte d’Olonne, et duc de Piney-Luxembourg. Héritier d’une ancienne famille noble, il devient lieutenant général des armées du roi en 1784. Franc-maçon influent, il fonde la loge aristocratique « Saint-Jean de Montmorency-Luxembourg » et est administrateur général du Grand Orient de France, jouant ainsi un rôle significatif dans le développement de la franc-maçonnerie en France.

Sous la grande maîtrise de Louis-Philippe d’Orléans, il a contribué à structurer et réformer la première obédience maçonnique française. Son influence a permis l’émergence d’une franc-maçonnerie bourgeoise et aristocratique, ainsi que la création de loges d’adoption, intégrant des femmes sous tutelle des loges d’hommes. Son travail a donc fortement marqué le paysage maçonnique français. Une loge portant son nom à la matricule du Grand Orient.

Élu représentant de la noblesse en 1789, il émigre en Angleterre lors de la Révolution française, puis se retire au Portugal où il meurt. Marié à Madeleine Suzanne Adélaïde de Voyer de Paulmy d’Argenson, il a quatre enfants, dont Charles Emmanuel Sigismond, 11e duc de Piney-Luxembourg.

La structure médiévale du château

Le château initial était une motte castrale, construite vers le XIe siècle. Le château reconstruit au XVe siècle est de forme octogonale irrégulière, avec huit tours circulaires reliées par des courtines. Conçu pour l’usage des armes à feu, chaque tour possède des ouvertures canonnières et des latrines se déversant dans les douves.

Côté architecture et défenses

Les tours sont couvertes de toits coniques et probablement surmontées de mâchicoulis. La base évasée (glacis) des tours permet de renforcer les maçonneries et de défendre contre les assaillants.

Quid du symbolisme et des légendes

Le château de Commequiers, par sa structure octogonale et ses tours, représente un exemple typique de l’architecture militaire de la fin du Moyen Âge, symbolisant le pouvoir féodal et la défense militaire avancée de l’époque.

Les récits entourant le château incluent des histoires de combats médiévaux, de sièges et de défenses héroïques. La transition entre les familles nobles et les alliances matrimoniales ajoute une dimension légendaire à l’histoire du château.

Les animations du temps présent…

Chaque année, l’association des Amis du vieux château de Commequiers organise diverses manifestations, dont les « Médiévales », qui se tiennent le premier week-end d’août. Plus de 500 figurants en costumes d’époque participent à des campements, marchés médiévaux, tournois équestres et d’archerie, combats à l’épée, spectacles, jeux pour enfants, théâtre, marionnettes, défilés, banquets, tavernes, et crêpes vendéennes, recréant l’ambiance médiévale pour les visiteurs.

Le Château de Commequiers est un monument historique qui illustre l’évolution de l’architecture militaire et les dynamiques féodales de la région de Vendée. Son histoire riche et ses légendes en font un site important pour la culture et le patrimoine local, célébré chaque année lors des festivités médiévales. Sources photos : Wikimedia Commons ; Tripadvisor

Selon l’ancien magistrat : « Pour combattre les puissances occultes il faut des personnes incorruptibles et autonomes »

De notre confrère antimafiaduemila.com – Source : Agenparl

« Souvent la ‘Ndrangheta et la franc-maçonnerie déviante fusionnent, surtout aux plus hauts niveaux, là où passent les fils de haute tension. C’est dans ces domaines que s’opère l’union entre la franc-maçonnerie déviante et la ‘Ndrangheta de dernière génération. Il ne s’agit plus de simples infiltrations : le but est de devenir un État. Nous ne sommes plus dans la saison des collusions, un saut qualitatif a été fait : l’ambition est d’entrer au cœur de l’État ».

L’ancien magistrat Luigi de Magistris* l’a dit dans une longue interview. Maire de Naples de 2011 à 2021, avec deux mandats consécutifs, de Magistris a évoqué les affinités qui lient la ‘Ndrangheta à la franc-maçonnerie déviante.

Des liens qui existent depuis des décennies et qui se sont aujourd’hui enracinés avec une ampleur sans précédent. « La franc-maçonnerie déviante, les maçomafias, s’étendent partout. Ils opèrent politiquement de manière absolument transversale, tout en entretenant un fort lien noir-criminel historiquement très proche de la droite néofasciste. La franc-maçonnerie déviante – a souligné de Magistris* – sait aussi être écologiste, si cela est utile pour faire des affaires et consolider le pouvoir. Un impact très fort est enregistré dans le contrôle des dépenses publiques et des flux d’argent public européen, national et régional. Dans l’économie, la présence maçonnique est très forte, notamment dans les secteurs stratégiques pour le pays. La franc-maçonnerie déviante s’efforce toujours de construire des relations étroites et opaques entre le public et le privé. Mais ce qui est le plus frappant, c’est l’infiltration des loges occultes également dans l’appareil de contrôle : justice, police, forces armées, services secrets. Ce ne sont pas simplement des pommes pourries, mais tout un verger contaminé.

L’objectif des francs-maçons déviants – a précisé l’ancien magistrat – est d’influencer les institutions démocratiques, de prendre des décisions dans des lieux séparés et de les ratifier dans des cadres institutionnels. Un véritable gouvernement occulte de la République, en place depuis au moins la fin des années 1960 et aujourd’hui plus fort que jamais. Pour neutraliser les honnêtes serviteurs de la République, ils n’utilisent plus la TNT, mais la légalité formelle et les balles institutionnelles ».

De Magistris* ne manque pas de dénoncer la présence d’un « gouvernement caché » qui opère au sein de l’État, parvenant à influencer de manière significative la politique, l’économie et les institutions. Pour l’ancien magistrat, la franc-maçonnerie déviante, avec la ‘Ndrangheta, a atteint un tel niveau de pouvoir qu’elle est même capable de contrôler, ou du moins d’exercer une influence sur l’appareil de contrôle de l’État, comme la justice et la police.

« Il a toujours existé, dans le monde de la franc-maçonnerie déviante et des loges occultes, de Gladio à P2 jusqu’à Calabre, un niveau supérieur caractérisé par un degré absolu de confidentialité, où mafias, francs-maçonneries déviantes et morceaux d’État se soudent de manière égale et de manière plus forte. Pour combattre ces forces, l’État doit disposer de soldats capables et disposés à le faire – a réaffirmé de Magistris – car le prix à payer est élevé. Nous avons besoin de personnes formées et incorruptibles, capables d’enquêter de manière autonome et indépendante . » 

Pour cette raison – a-t-il poursuivi – il est nécessaire de « renforcer la législation qui, en 1982, après le scandale P2, a introduit le délit d’association secrète. Il faut augmenter les sanctions et mieux préciser l’affaire pénale. En outre, l’autonomie et l’indépendance du pouvoir judiciaire ne doivent pas être compromises, sinon il sera impossible d’enquêter dans cette direction. Ce n’est pas un hasard si la subordination du ministère public au pouvoir exécutif était l’un des points centraux du « plan de renaissance démocratique » de la Loge Propaganda 2, et aujourd’hui le gouvernement Meloni semble vouloir mener à bien ce plan. » – continue-t-il –

« L’Italie est une démocratie formelle mais pas substantielle . Les puissances occultes, souvent étroitement liées aux services secrets étrangers pour préserver le Pacte atlantique – a conclu Luigi de Magistris – sont celles qui gouvernent de facto, et maintenant aussi formellement, le pays. Les décisions prises dans les lieux de franc-maçonnerie déviante sont ratifiées dans les instances constitutionnelles. »

* Luigi de Magistris

Luigi de Magistris, ex maire de Naples

Né le 20 juin 1967 à Naples, est un ancien magistrat et un homme politique italien, maire de Naples de 2011 à 2021. Fondateur du parti Democratie et Autonomie, il prend en 2022 la tête de l’Union Populaire, coalition de gauche écosocialiste.

Carrière de magistrat
Après des études de droit, Luigi de Magistris devient magistrat en 1993. Il travaille auprès du procureur de la République à Naples entre 1998 et 2002, avant de devenir substitut du procureur de la République au tribunal de Catanzaro.

Député européen
En juin 2009, Luigi de Magistris est élu député européen en tant que membre du parti de l’Italie des Valeurs, affilié au groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE). Il est président de la commission du contrôle budgétaire et membre de la conférence des présidents de commissions au Parlement européen.

Maire de Naples
En mai 2011, il remporte l’élection municipale et devient maire de Naples en battant au premier tour le candidat du Parti démocrate. Il quitte Italie des valeurs pour créer le Mouvement orange, qui participe à la coalition électorale Révolution civile lors des élections générales de 2013. Le 1er janvier 2015, il accède également à la fonction de maire de la ville métropolitaine de Naples, nouvellement créée, qui remplace la province du même nom.

Il parvient à améliorer la qualité de vie à Naples durant son premier mandat, mettant fin à la crise des déchets, relançant l’activité touristique et développant des projets sociaux et culturels. Le taux de chômage dans la ville reste cependant, en 2016, l’un des plus élevés de la péninsule.

En conflit avec le président du Conseil, Matteo Renzi, il est réélu maire de Naples le 19 juin 2016, avec 67 % des voix au second tour.

Les clés du savoir caché : Plongez dans l’univers ésotérique…

L’ouvrage de Jean-Marc Font, L’ésotérisme : toutes les clefs pour comprendre, est une exploration érudite et réfléchie de l’univers ésotérique, un domaine souvent considéré comme mystérieux, voire hermétique.

Avec une écriture à la fois accessible et riche en références historiques et symboliques, l’auteur s’attache à démystifier l’ésotérisme, le définissant non pas comme un ensemble de pratiques occultes éloignées du rationalisme moderne, mais comme une voie de connaissance parallèle, subtilement tissée à travers les âges et les cultures.

Dès l’introduction, Jean-Marc Font nous plonge dans une réflexion profonde sur le concept de « rien » et du « tout », notions clés dans la compréhension de l’ésotérisme. La phrase de l’homme d’État Georges Clémenceau (1841-1929), « un polytechnicien sait tout mais rien d’autre », prend ici une dimension nouvelle. L’auteur questionne notre rapport à la connaissance et au sens, en insistant sur le fait que l’ésotérisme s’intéresse précisément à ce qui échappe au savoir purement rationnel, à ce « rien d’autre » qui peut en réalité contenir le « tout ». Cette introduction nous invite à un voyage intellectuel où le vide se révèle être plein de possibilités, une exploration des limites de la connaissance humaine.

Jean-Marc Font répond à la question « qu’est-ce que l’ésotérisme ? » en décrivant cet univers comme un ensemble de courants spirituels qui se développent en marge des religions établies. Cette définition élargie de l’ésotérisme le présente comme un chemin de connaissance parallèle, une approche du monde où se croisent mystère et rationalité. Le livre de Jean-Marc Font est par ailleurs solidement documenté, s’appuyant sur une multitude de sources historiques, symboliques et philosophiques.

Antoine Faivre (OE) – Source BAGLIS TV

Les références à l’historien Antoine Faivre (1934-2021), directeur d’études émérite de l’École pratique des hautes études (EPHE) et un des maîtres à penser de l’ésotérisme, et à la Gnose, par exemple, montrent bien l’étendue et la profondeur de la réflexion.

L’auteur dévoile tous les enjeux initiatiques de l’ésotérisme et en distingue quatre caractéristiques essentielles selon Antoine Faivre : l’existence de correspondances universelles, la nature comme un être vivant, la médiation entre les différents niveaux de réalité, et l’expérience de la transformation intérieure ou « transmutation spirituelle ». Ces quatre axes sont développés tout au long de l’ouvrage, chacun servant de clé pour ouvrir les différentes serrures de la compréhension ésotérique.

Dans ce contexte, l’ésotérisme n’est plus perçu comme un simple « flirt de l’esprit » ou un passe-temps pour amateurs de mystères, mais comme une véritable quête de sens qui rejoint l’histoire même de l’humanité. Le livre nous transporte ainsi dans une promenade érudite à travers les âges, des mystères de l’Égypte ancienne à la Renaissance, en passant par les traditions hermétiques de l’Occident et les voies spirituelles orientales comme le Taoïsme. Chaque étape de ce voyage est l’occasion de découvrir les apports diversifiés des traditions ésotériques au développement de la pensée humaine.

Jean-Marc Font nous offre un panorama des grandes écoles ésotériques, de la Kabbale juive et chrétienne à la magie naturelle et l’alchimie, en passant par la franc-maçonnerie, le martinézisme, et les théosophies occidentales et orientales. Il met en lumière la richesse symbolique de ces courants, soulignant leur impact profond et durable sur les sciences et les arts.

La dimension opérative du livre est également mise en avant par la présence de chapitres dédiés à la pratique de l’ésotérisme. L’auteur ne se contente pas de proposer une réflexion théorique, il invite le lecteur à s’engager dans une démarche active, à expérimenter par lui-même les rituels, les visualisations, et les méditations qui jalonnent le chemin ésotérique. Ces pratiques sont présentées comme des moyens de « se reconstruire soi-même », de développer une nouvelle relation au monde et à soi, en accord avec les rythmes universels et les mouvements de l’âme.

Patrick Lelong

La préface, rédigée par Patrick Lelong, apporte une profondeur supplémentaire à l’ouvrage. Initié en 1981 à la Grande Loge de France au sein de la loge « Arts et Progrès », il a poursuivi son parcours maçonnique au Rite Écossais Rectifié aux « Amis Bienfaisants ».

Journaliste réputé dans le domaine de la gestion de patrimoniale, intervenant dans de nombreux média financiers et à la radio, il a écrit plusieurs ouvrages sur ces sujets mais également sur la franc-maçonnerie dont le Petit dictionnaire énervé de la franc-maçonnerie (éditions de l’Opportun), également en version poche. Patrick Lelong apporte un éclairage sur la relation entre ésotérisme et franc-maçonnerie, soulignant comment ces deux domaines s’enrichissent mutuellement dans la quête de connaissance et de sagesse.

Illustration 1re de couv., par MAUVE, détail

L’œuvre se clôt sur une réflexion sur l’importance du symbole et du trait dans l’ésotérisme. Jean-Marc Font y explore l’idée que tout symbole ésotérique est une porte vers une autre forme de rationalité, une invitation à dépasser les apparences pour accéder à des niveaux de signification plus profonds. La couverture de l’ouvrage elle-même, réalisée par l’artiste Mauve, est analysée dans ce cadre. Le trait, élément fondamental du dessin et de l’écriture, devient ici une métaphore de la connexion entre l’intérieur et l’extérieur, entre le visible et l’invisible. Le point, la ligne, la courbe se transforment en autant de voies pour comprendre et ressentir le monde ésotérique.

Jean-Marc Font – Source BAGLIS TV

Jean-Marc Font, polytechnicien de formation, se révèle être un guide éclairé dans ce domaine complexe. Son parcours initiatique riche et diversifié lui permet d’aborder l’ésotérisme avec la rigueur d’un scientifique tout en conservant l’ouverture d’esprit nécessaire à l’exploration des mystères. Jean-Marc Font invite le lecteur à une découverte personnelle de l’ésotérisme, à une initiation qui ne se limite pas à l’acquisition de connaissances théoriques, mais qui englobe également une transformation intérieure, un éveil spirituel. Nous lui devons l’anthologie Les grands textes de l’ésotérisme(Éd., Trajectoire, 2007).

La collection La parole circule des éditions Le compas dans l’œil – maison d’édition du groupe V Publications diffusée par Editis-Interforum, un des plus importants diffuseurs en France – s’inscrit dans cette démarche d’ouverture et de partage. Elle accueille des ouvrages qui, tout en étant ancrés dans la tradition maçonnique, s’adressent à un public plus large, désireux de comprendre les enjeux de l’ésotérisme et de la spiritualité contemporaine. Cette collection se distingue par son approche humaniste et sa volonté de faire circuler la parole, de créer des passerelles entre les disciplines, les époques, et les cultures.

En conclusion, L’ésotérisme : toutes les clefs pour comprendre de Jean-Marc Font est une œuvre dense et enrichissante, une clé pour ceux qui cherchent à ouvrir les portes d’un univers complexe et fascinant. L’ouvrage se démarque par sa capacité à rendre accessible un domaine souvent considéré comme difficile d’accès, tout en conservant la profondeur et la rigueur nécessaires à une véritable exploration ésotérique. Ce livre est un véritable guide pour les néophytes comme pour les initiés, une invitation à découvrir et à comprendre le monde caché de l’ésotérisme.

L’ésotérisme : toutes les clefs pour comprendre

Jean-Marc Font Le compas dans l’œil, coll. La parole circule, 2024, 180 pages, 22 €

Le site Le Compas dans l’œil

19/09/2024 : Les Chevaliers de Baphomet – L’ombre des templiers – Sortie annoncée

De notre confrère cowcotland.com

Le jeu Les Chevaliers de Baphomet – L’ombre des templiers sera disponible le 19 septembre 2024 sur les plateformes PC, PlayStation, Xbox et Nintendo Switch. Le tarif n’est pas encore annoncé.

Il s’agit tout simplement d’un remake du fabuleux titre Les Chevaliers de Baphomet, le projet est développé et édité par le mythique studio Revolution Software Ltd. Des centaines de dessins originaux ont été scannés, afin d’être colorisés à nouveau, avec des palettes plus étendues et un rendu haute définition. Les animations ont été retravaillées, avec la capacité de s’affranchir des limites techniques de l’époque, le gameplay évolue également, dans le but de coller au mieux aux attentes des joueurs contemporains. Les plus mélancoliques pourront basculer entre la version originale et la version remake, avec un simple bouton.

Sillonnez les rues de Paris dans « Les Chevaliers de Baphomet : version optimisée », une version fortement améliorée de cette aventure culte primée à de nombreuses reprises. Plongez dans un périple passionnant à travers le monde dans lequel l’intrépide américain George Stobbart et la journaliste téméraire Nico Collard explorent des lieux exotiques, résolvent d’anciens mystères et déjouent de sombres conspirations afin de découvrir les secrets arcaniques des Templiers.

Que ce soit votre première fois ou que vous revisitiez un classique qui vous est cher, préparez-vous à vous régaler avec le magistral « Les Chevaliers de Baphomet : version optimisée » !

Caractéristiques principales:

  • – Un scénario captivant : plongez dans un récit passionnant plein de rebondissements et de révélations inattendues. Rejoignez George et Nico dans leur enquête sur une série de mystères qui les mène des rues animées de Paris vers des lieux exotiques en Europe et au Moyen-Orient.
  • – Un gameplay point-and-click classique : redécouvrez la joie du mécanisme classique de point-and-click en résolvant des énigmes, en rassemblant des indices et en interagissant avec des personnages hauts en couleur. Plongez dans une expérience de jeu intuitive et engageante.
  • – Entièrement doublé : laissez-vous emporter par l’atmosphère du jeu avec des dialogues entièrement doublés et des performances captivantes qui donnent vie à de merveilleux personnages hauts en couleur.
  • – Des énigmes difficiles : mettez votre intellect à l’épreuve avec des énigmes stimulantes qui nécessitent observation, déduction et créativité. Du déchiffrement des codes à la manipulation d’objets, chaque défi vous rapproche de la découverte des secrets arcaniques.

Caractéristiques optimisées:

  • – Visuels 4K remastérisés : découvrez la magie du jeu original avec des graphismes haute définition améliorés qui donnent vie aux paysages pittoresques, à l’animation détaillée des personnages et aux complexes environnements dans une superbe édition 4K pour la toute première fois
  • – Audio amélioré : Revolution offre à vos oreilles la version la plus époustouflante à ce jour de l’aventure originale de George et Nico, avec l’incroyable bande originale du compositeur de renommée mondiale Barrington Pheloung

Grande Loge de France – Une approche de la fraternité avec Alexandre de Vitry

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De notre confrère France Culture

À l’occasion de la parution de son nouvel ouvrage, Le droit de choisir ses frères ? Une histoire de la fraternité (Gallimard, coll. « Bibliothèque des Idées », 2023), Alexandre de Vitry interroge la notion de fraternité : l’histoire de cette métaphore et sa place aujourd’hui.

Alexandre de Vitry, dont l’histoire et la littérature sont les champs d’actions et de réflexions, interroge ici le concept de fraternité. Au-delà du mot et de la métaphore, il revient sur la formule empruntée à Charles Baudelaire « Le droit de choisir ses frères » : y a-t-il une fraternité choisie, une fraternité élue ? quelle est l’histoire de cette notion et ses paradoxes ? s’agit-il d’une simple solidarité ou d’une utopie ? comment l’initiation sous toutes ses formes et la reconnaissance peuvent définir la fraternité ?

Alexandre de Vitry est normalien, maître de conférences en littérature française à la Faculté des lettres de Sorbonne Université.

Il a publié notamment L’invention de Philippe Muray (2011), Conspirations d’un solitaire : l’individualisme civique de Charles Péguy (Les Belles Lettres, 2015). Il a réuni dans une édition annotée les principaux essais de Péguy, sous le titre Mystique et politique (Robert Laffont, Bouquins, 2015).

Son dernier ouvrage :

Quelles relations entre Mussolini et les Francs-Maçons ? : Reportage de la RTBF

De notre confrère belge rtbf.be – Par Valentine Rasquin

Forts, puissants, sûrs d’eux, porteurs d’une vérité absolue. Ce sont Hitler, Mussolini et Franco. Des hommes terribles, mais rendus fragiles par une obsession qui les a hantés jusqu’à leurs derniers jours : la Franc-Maçonnerie.

Un pays fort, soudé, réuni derrière un seul leader, c’est le rêve de tout dictateur. Pour Hitler, Mussolini et Franco, toute contestation de l’ordre établi devait être réprimée. Socialistes, communistes, anarchistes, tziganes, homosexuels, juifs… Tous ont représenté, à un moment de l’histoire, des ennemis pour ces célèbres dictateurs.

Adolf Hitler en 1938

Bien qu’ils soient rarement mentionnés comme tels dans les livres d’histoire, les Francs-Maçons étaient eux aussi redoutés par ces dirigeants extrêmes. Que manigancent ces hommes dans leurs temples ? Quel complot préparent-ils contre la nation ? Telles sont les questions qui ont perturbé les dictateurs, dont Mussolini, à propos de la Franc-Maçonnerie.

Qui sont les Francs-Maçons ?

La Franc-Maçonnerie est une association initiatique officiellement fondée à Londres en 1717, bien que certains documents suggèrent qu’elle existe depuis bien plus longtemps. À ses débuts, l’association ne comptait que des hommes. Ses membres s’engagent à s’améliorer personnellement et à œuvrer pour le bien de leur société, dans le respect des lois de leur pays.

La confrérie s’est rapidement propagée dans le monde entier, prônant des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, similaires à celles portées par les Révolutions française et américaine, et défendues par la Charte des droits de l’homme.

Dans ce contexte, le conflit avec l’Église catholique était inévitable. En 1738, soit 21 ans après la fondation officielle de l’association, le Pape Clément XII condamne la Franc-maçonneriepar une bulle papale. C’était une punition sévère pour ce que l’Église considérait comme une menace sérieuse contre son autorité.

L’âge d’or en Italie

En Italie, la Franc-Maçonnerie connaît un âge d’or à la fin du 19e siècle, jouant un rôle crucial dans l’unification du pays en 1870 et contribuant à la chute du pouvoir politique de l’Église. Des plaques ou des statues commémorant les Francs-Maçons, comme celle de Giuseppe Garibaldi à Rome, témoignent de leur influence croissante sur le peuple italien.

Statue du Franc-Maçon Giuseppe Garibaldi à Rome, en Italie. © 2019/Chris Hellier

Mais après la Première Guerre mondiale, la Franc-Maçonnerie italienne se trouve confrontée à deux ennemis majeurs : l’Église catholique et le socialisme. Dans ce contexte de rivalités, Benito Mussolini émerge avec les faisceaux de combat, un mouvement politique qui prône la violence pour atteindre ses objectifs.

Mussolini réussit son coup d’État et, en 1922, il introduit le fascisme en Italie. Le Duce peut compter sur le soutien de plusieurs groupes, y compris certains membres influents de la Franc-Maçonnerie, qui voyaient en lui un moyen de contrer le socialisme et l’influence de l’Église.

Benito Mussolini – Tempo, 26 octobre 1939

L’opportunisme de Mussolini

Cependant, Mussolini, bien qu’anticlérical de longue date, comprend rapidement que pour consolider son pouvoir, il a besoin de l’Église. Il trouve alors un accord avec l’Église catholique, signant les accords de Latran en 1929 qui font du catholicisme la religion d’État en Italie. Pour sceller cette alliance et empêcher toute menace à son autorité, il adopte une loi interdisant les associations secrètes, dont la Franc-Maçonnerie. Ceux qui avaient soutenu Mussolini se retrouvent trahis et persécutés. Les loges sont fermées, leurs membres pourchassés.

Bien que la Franc-Maçonnerie soit dès lors officiellement interdite, elle continue d’exister de manière clandestine. Cependant, avec leurs deux ennemis au pouvoir, la capacité des Francs-Maçons à influencer la société italienne est considérablement réduite. Sous le régime fasciste, la répression est impitoyable, et les Francs-Maçons doivent se cacher ou s’exiler.

La chute de Mussolini et le retour de la Franc-Maçonnerie

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, le régime fasciste commence à s’effondrer. En 1943, Mussolini est déposé et arrêté après des défaites militaires, et l’Italie plonge dans le chaos. Une guerre civile éclate entre les partisans du régime et les forces de la Résistance, parmi lesquelles se trouvent de nombreux anciens Francs-Maçons. Après la guerre, la Franc-Maçonnerie est rétablie en Italie.

Les personnages décapités devant les églises (Par Laurent Ridel)

Du site de Laurent Ridel decoder-eglises-chateaux.fr

Je vous invite aujourd’hui sur un sujet macabre, mais nécessaire si vous visitez les églises. Qui sont les personnages décapités que vous voyez en statue, sur les vitraux ou les peintures ? Ils sont plus nombreux que vous le pensez dans le christianisme. Je vous aide à les différencier.

Le suspect n°1

Le plus connu est probablement saint Denis, premier évêque de Paris. Il vit au IIIe siècle alors que les autorités romaines désapprouvent la religion chrétienne et en particulier les prêches du saint. Accompagné de ses compagnons Rustique et Eleuthère, Denis est arrêté et condamné à mort. La légende raconte sa décapitation sur la colline de Montmartre. Puis, miraculeusement, le saint se relève, ramasse sa tête et marche. Il s’écroule quelques kilomètres plus au nord, à l’endroit où on élèvera la fameuse basilique Saint-Denis.

De cette fin saugrenue, les sculpteurs ont tiré la figuration de Saint Denis en céphalophore (« porteur de tête »). Vous ne pouvez pas la manquer, comme au portail de la cathédrale de Paris.

Selon l’historienne de l’art Claire Boisseau, la céphalophorie — le miracle de porter sa tête — sert à « témoigner de la victoire du martyr, qui, bien que terrassé physiquement, triomphe de la mort elle-même ». Cependant, cette légende de Denis apparaît tardivement, environ 600 après sa mort. La chercheuse se demande si la céphalophorie n’a pas été inventée par les moines de Saint-Denis pour justifier la présence des reliques dans leur basilique : le saint se serait déplacé lui-même pour choisir le lieu de sa sépulture et donc son lieu de culte. La basilique peut se prévaloir d’être bâtie sur le site qui a eu la prédilection du saint.

Le second suspect

Si le décapité n’est pas mitré, vous devez vous tourner vers une autre identification. Le candidat le plus probable est saint Jean Baptiste. Cousin de Jésus-Christ, il est célèbre pour avoir annoncé la venue du Messie et pour avoir baptisé Jésus dans le Jourdain. Habituellement, on reconnaît ce saint au fait d’être vêtu d’une peau de chameau et d’être accompagné d’un agneau, symbole du Christ qu’il a baptisé.

Saint Jean-Baptiste sur le retable de l’église de Saint-Jean-de-Luz, XVIIe siècle

Cependant, les images médiévales aiment aussi le figurer décapité en référence à sa fin tragique. Selon les Évangiles de Matthieu et de Marc, Jean dénonçait ouvertement les actions immorales du roi Hérode Antipas, particulièrement son mariage avec Hérodiade, sa belle-sœur.

Le point culminant de l’histoire est la danse de Salomé, fille d’Hérodiade. Lors d’un banquet pour l’anniversaire d’Hérode, Salomé exécuta une danse si captivante qu’Hérode lui promit de lui accorder tout ce qu’elle demanderait. Influencée par sa mère, Salomé demanda la tête du calomniateur Jean Baptiste sur un plateau. Hérode, bien qu’attristé, se sentit obligé de tenir sa promesse.

La mort de saint Jean-Baptiste, haut-relief dans la cathédrale d’Amiens, vers 1500

Salomé porte la tête de Jean Baptiste sur un plateau d’argent. Faites attention à la version plus épurée, visible par exemple dans l’abbaye de Fécamp (Seine-Maritime).

La tradition chrétienne rapporte que la tête de saint Jean Baptiste continuait à parler pour faire des reproches à Hérodiade. Encore une façon de montrer la survivance du saint au-delà de la mort.

À travers les cas de saint Denis et de saint Jean Baptiste, vous êtes bien armés pour reconnaître les personnages décapités. Mais les images médiévales proposent aussi quelques « sans-têtes » qui ne sont pas des saints. Pour les comprendre, il faut alors chercher dans la première partie de la Bible.

Les méchants de l’Ancien Testament

Holopherne est un général assyrien envoyé par le roi Nabuchodonosor pour conquérir la terre d’Israël. Assiégée, la ville de Béthulie est prête à tomber. Une veuve juive, Judith, ne voit plus qu’une solution pour sauver son peuple. Elle passe dans le camp ennemi et séduit Holopherne. La nuit, alors que le général ivre est endormi, elle prend son épée et le décapite d’un coup net. Sa tête est ensuite ramenée à Béthulie comme un trophée de guerre, provoquant la panique et la déroute des Assyriens.

J’avoue n’avoir jamais vu cette scène représentée dans les églises, mais elle est célèbre dans la peinture, notamment à travers cette œuvre dramatique du Caravage.

Judith et Holopherne, huile sur toile, vers 1600, galerie d’art ancien, Rome

Avant l’épisode de Judith et Holopherne, on trouve un autre décapité célèbre dans l’Ancien Testament : Goliath. Ce géant philistin — il mesure plus de deux mètres — défie les soldats israélites qui en sont terrifiés. David, un jeune berger, se porte volontaire pour l’affronter. Armé seulement d’une fronde et de quelques pierres, il frappe le géant, lui emprunte son épée puis le décapite.

Cette victoire improbable devient un symbole de la puissance de la foi et de l’intelligence face à la force physique. Dans les églises, vous repérerez la scène par le contraste de taille entre les deux protagonistes, comme ci-dessus dans la basilique de Vézelay. David a dû trouver des appuis pour s’élever au niveau de son adversaire.

Les pièges

On a fait le tour des suspects ? Pas totalement, car l’histoire de Denis de Paris a nourri l’imaginaire si bien que l’Église a appliqué le motif de la céphalophorie à la fin d’autres saints. Le christianisme en compterait plus de 120 !

Méfiez-vous donc. Selon la région que vous visitez, des saints porteurs de têtes sont plus populaires que saint Denis. Dans le nord-est et le nord, pensez par exemple à saint Nicaise. On le devine sur ce panneau funéraire dans la cathédrale de Saint-Omer (Pas-de-Calais).

Ailleurs, vous rencontrerez saint Marin (en Savoie), saint Lucien (à Beauvais), saint Clair (en Normandie)…

Dans quelques cas, nous pouvons être choqués par la crudité de certaines scènes : la tête est tranchée, les chairs découpées sont apparentes, le sang jaillit du cou.

En revanche, les artistes témoignent d’une certaine réserve dans l’horreur quand il s’agit de femmes. Plusieurs saintes, à l’exemple de sainte Catherine d’Alexandrie, ont subi la décapitation lors de leurs martyres sans pour autant être représentées la tête décollée. L’épée mise dans la main de sainte Catherine suffit à suggérer la décapitation. Mais j’ai trouvé le cas dissonant de sainte Valérie dans l’église abbatiale de Chambon-sur-Voueize (Creuse).

Wikimedia Commons

La légende explique que, décapitée, Valérie saisit sa tête comme saint Denis et l’apporta à l’évêque de Limoges Martial pendant la messe. Le genre de cadeau encombrant.

Vous voilà familiarisé avec le peuple des « sans-têtes ». François Hollande aurait sûrement préféré vous parler des « sans-dents ».

Améliorez-vous !
Si vous avez apprécié cette exploration, j’ai une bonne nouvelle pour vous ! Pour ceux qui souhaitent aller encore plus loin et affûter leur regard sur les images et les symboles présents dans les églises, je vous invite à découvrir ma formation « Décoder les images des églises ». Dans cette formation numérique, vous apprendrez à :Identifier et comprendre les symboles utilisés dans l’art chrétien.Reconnaître les attributs des saints et autres figures bibliques.Interpréter les scènes bibliques et hagiographiques représentées sur les vitraux, les peintures, et les sculptures.Apprécier la richesse iconographique des églises et améliorer vos visites.
Afin de ne pas vous farcir la tête (que vous avez bien sur les épaules, à la différence de saint Denis), je traite uniquement des 120 personnages, symboles et scènes les plus courants. La formation est conçue pour être accessible à tous, que vous soyez novice ou déjà passionné par le patrimoine religieux. Pour vous entraîner, je joins plus de 200 images que vous devrez décoder. Attention, l’offre promotionnelle de la formation se termine aujourd’hui, dimanche 4 août. Ne manquez pas cette chance de donner plus de sens à vos visites d’églises ou de musée. Pour en savoir plus et vous inscrire, rendez-vous sur ce lien.  Exceptionnellement, il n’y aura pas d’infolettre la semaine prochaine. Je vous donne donc rendez-vous le dimanche 18 août.  
Laurent Ridel, le décodeur d’églises et de châteaux