jeu 12 décembre 2024 - 21:12

Selon l’ancien magistrat : « Pour combattre les puissances occultes il faut des personnes incorruptibles et autonomes »

De notre confrère antimafiaduemila.com – Source : Agenparl

« Souvent la ‘Ndrangheta et la franc-maçonnerie déviante fusionnent, surtout aux plus hauts niveaux, là où passent les fils de haute tension. C’est dans ces domaines que s’opère l’union entre la franc-maçonnerie déviante et la ‘Ndrangheta de dernière génération. Il ne s’agit plus de simples infiltrations : le but est de devenir un État. Nous ne sommes plus dans la saison des collusions, un saut qualitatif a été fait : l’ambition est d’entrer au cœur de l’État ».

L’ancien magistrat Luigi de Magistris* l’a dit dans une longue interview. Maire de Naples de 2011 à 2021, avec deux mandats consécutifs, de Magistris a évoqué les affinités qui lient la ‘Ndrangheta à la franc-maçonnerie déviante.

Des liens qui existent depuis des décennies et qui se sont aujourd’hui enracinés avec une ampleur sans précédent. « La franc-maçonnerie déviante, les maçomafias, s’étendent partout. Ils opèrent politiquement de manière absolument transversale, tout en entretenant un fort lien noir-criminel historiquement très proche de la droite néofasciste. La franc-maçonnerie déviante – a souligné de Magistris* – sait aussi être écologiste, si cela est utile pour faire des affaires et consolider le pouvoir. Un impact très fort est enregistré dans le contrôle des dépenses publiques et des flux d’argent public européen, national et régional. Dans l’économie, la présence maçonnique est très forte, notamment dans les secteurs stratégiques pour le pays. La franc-maçonnerie déviante s’efforce toujours de construire des relations étroites et opaques entre le public et le privé. Mais ce qui est le plus frappant, c’est l’infiltration des loges occultes également dans l’appareil de contrôle : justice, police, forces armées, services secrets. Ce ne sont pas simplement des pommes pourries, mais tout un verger contaminé.

L’objectif des francs-maçons déviants – a précisé l’ancien magistrat – est d’influencer les institutions démocratiques, de prendre des décisions dans des lieux séparés et de les ratifier dans des cadres institutionnels. Un véritable gouvernement occulte de la République, en place depuis au moins la fin des années 1960 et aujourd’hui plus fort que jamais. Pour neutraliser les honnêtes serviteurs de la République, ils n’utilisent plus la TNT, mais la légalité formelle et les balles institutionnelles ».

De Magistris* ne manque pas de dénoncer la présence d’un « gouvernement caché » qui opère au sein de l’État, parvenant à influencer de manière significative la politique, l’économie et les institutions. Pour l’ancien magistrat, la franc-maçonnerie déviante, avec la ‘Ndrangheta, a atteint un tel niveau de pouvoir qu’elle est même capable de contrôler, ou du moins d’exercer une influence sur l’appareil de contrôle de l’État, comme la justice et la police.

« Il a toujours existé, dans le monde de la franc-maçonnerie déviante et des loges occultes, de Gladio à P2 jusqu’à Calabre, un niveau supérieur caractérisé par un degré absolu de confidentialité, où mafias, francs-maçonneries déviantes et morceaux d’État se soudent de manière égale et de manière plus forte. Pour combattre ces forces, l’État doit disposer de soldats capables et disposés à le faire – a réaffirmé de Magistris – car le prix à payer est élevé. Nous avons besoin de personnes formées et incorruptibles, capables d’enquêter de manière autonome et indépendante . » 

Pour cette raison – a-t-il poursuivi – il est nécessaire de « renforcer la législation qui, en 1982, après le scandale P2, a introduit le délit d’association secrète. Il faut augmenter les sanctions et mieux préciser l’affaire pénale. En outre, l’autonomie et l’indépendance du pouvoir judiciaire ne doivent pas être compromises, sinon il sera impossible d’enquêter dans cette direction. Ce n’est pas un hasard si la subordination du ministère public au pouvoir exécutif était l’un des points centraux du « plan de renaissance démocratique » de la Loge Propaganda 2, et aujourd’hui le gouvernement Meloni semble vouloir mener à bien ce plan. » – continue-t-il –

« L’Italie est une démocratie formelle mais pas substantielle . Les puissances occultes, souvent étroitement liées aux services secrets étrangers pour préserver le Pacte atlantique – a conclu Luigi de Magistris – sont celles qui gouvernent de facto, et maintenant aussi formellement, le pays. Les décisions prises dans les lieux de franc-maçonnerie déviante sont ratifiées dans les instances constitutionnelles. »

* Luigi de Magistris

Luigi de Magistris, ex maire de Naples

Né le 20 juin 1967 à Naples, est un ancien magistrat et un homme politique italien, maire de Naples de 2011 à 2021. Fondateur du parti Democratie et Autonomie, il prend en 2022 la tête de l’Union Populaire, coalition de gauche écosocialiste.

Carrière de magistrat
Après des études de droit, Luigi de Magistris devient magistrat en 1993. Il travaille auprès du procureur de la République à Naples entre 1998 et 2002, avant de devenir substitut du procureur de la République au tribunal de Catanzaro.

Député européen
En juin 2009, Luigi de Magistris est élu député européen en tant que membre du parti de l’Italie des Valeurs, affilié au groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE). Il est président de la commission du contrôle budgétaire et membre de la conférence des présidents de commissions au Parlement européen.

Maire de Naples
En mai 2011, il remporte l’élection municipale et devient maire de Naples en battant au premier tour le candidat du Parti démocrate. Il quitte Italie des valeurs pour créer le Mouvement orange, qui participe à la coalition électorale Révolution civile lors des élections générales de 2013. Le 1er janvier 2015, il accède également à la fonction de maire de la ville métropolitaine de Naples, nouvellement créée, qui remplace la province du même nom.

Il parvient à améliorer la qualité de vie à Naples durant son premier mandat, mettant fin à la crise des déchets, relançant l’activité touristique et développant des projets sociaux et culturels. Le taux de chômage dans la ville reste cependant, en 2016, l’un des plus élevés de la péninsule.

En conflit avec le président du Conseil, Matteo Renzi, il est réélu maire de Naples le 19 juin 2016, avec 67 % des voix au second tour.

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