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Nicolas Penin, une vision pour le Grand Orient de France

C’est sur France Culture, station de radio publique française faisant partie du groupe Radio France, et dans sa remarquable émission « Divers aspects de la pensée contemporaine » que Nicolas Penin, grand maître nouvellement élu du Grand Orient de France (GODF), puissance symbolique régulière souveraine, la plus ancienne obédience maçonnique française, la plus importante d’Europe continentale et, depuis le Brexit, de l’Union européenne, mais aussi la plus importante obédience libérale au monde, a tenu a donner sa première interview.

Nicolas Penin

Quoi de plus normal, puisque cette émission, unique en son genre, est dédiée à l’exploration de la pensée contemporaine à travers le prisme des plus grandes obédiences maçonniques françaises.

Ce qu’en dit « Divers aspects de la pensée contemporaine »

« Élu au premier tour, lors du convent de Lille, le 22 août, Nicolas Penin, le nouveau Grand maître du Grand Orient de France, a fixé les grandes orientations stratégiques pour l’obédience.

Réparer une république abîmée est l’ambition qu’il place au cœur de son action. Décrivant la forte attractivité actuelle de la principale obédience française (54 000 membres), le nouveau Grand Maître a insisté sur sa spécificité : d’un côté, l’exigence de la raison, et de l’autre, celle de la spiritualité, qui conjuguées, constituent une particularité enviable dans le paysage contemporain.

Alexis Lacroix

Interrogé, notamment, par Alexis Lacroix et Fabrice Millon, sur sa forte implication dans la région des Hauts- de-France, Nicolas Penin a souligné le fait que les combats républicains d’aujourd’hui doivent se mener en synergie avec la dimension territoriale. Il a également réaffirmé le caractère non négociable de la défense vigoureuse des principes républicains. Conversation fondatrice. »

Le podcast de Nicolas Penin, grand maître et président du Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France sur France Culture, c’est ICI.

La franc-maçonnerie d’hommes et de femmes en Italie fête ses 120 ans

De notre confrère agenparl.eu – Par Redazione

C’est une période biennale importante pour la Franc-maçonnerie qui a permis l’entrée des femmes dans la Tradition initiatique avec des droits et des devoirs égaux à ceux des hommes.

L’année dernière, l’Ordre maçonnique mixte international LE DROIT HUMAIN a célébré son 130ème anniversaire. Elle a été fondée en 1893 par Maria Deraismes et Georges Martin. Depuis, l’Ordre s’est développé en créant des Loges et des Fédérations dans 67 pays sur tous les continents dans un travail incessant pour l’inclusion de tous les individus, sur toute la terre, sans distinction. 

Cette année marque le 120ème anniversaire de sa présence en Italie. La Loge n°16, en effet, fut la première à être construite sur notre territoire, à Rome, en 1904.

Réalisateur de l’entrée des femmes dans la franc-maçonnerie moderne, et avec 32 000 participantes sur tous les continents, son travail en fait la seule organisation maçonnique dont le nombre de membres est en augmentation. Une croissance lente mais constante, contrairement à toutes les autres. Signe que le paradigme international et le fait d’accueillir à la fois les hommes et les femmes expriment mieux les besoins de notre époque, depuis les droits des femmes jusqu’à la coopération entre les nations. Celle de ses Fondateurs fut une heureuse intuition qui continue de se confirmer partout sur la planète. Elle compte aujourd’hui 24 Fédérations, 11 Fédérations pionnières et 43 Loges pionnières, de l’Amérique du Sud au Japon, du Canada et des États-Unis à l’Australie, en passant par l’Europe, la Russie, l’Afrique, où ses drapeaux flottent également des côtes de la Méditerranée jusqu’à l’Afrique du Sud. .

C’est le seul Ordre Maçonnique à posséder simultanément ces caractéristiques :

  • Initiatique
  • Mixte
  • International
  • Accueille également les athées et les agnostiques ;
  • Possède une continuité initiatique du 1er au 33ème Degré (c’est-à-dire que pour accéder aux Degrés supérieurs il n’est pas nécessaire d’être coopté ; chacun peut y accéder s’il le souhaite).

L’anniversaire spécial des 120 ans de présence en Italie verra la promotion de publications, d’événements et d’activités culturelles dans les différents Orients d’Italie pour les mois à venir. 

« Coven », la BD : Quand la magie réveille le Chaos !

Le roman graphique Coven, publié en 2023 par les Éditions Dupuis, est une œuvre captivante qui mêle habilement les préoccupations écologiques contemporaines avec des éléments de mysticisme et de surnaturel. Sous la plume de Taous Merakchi et le crayon de Da Coffee Time, sans oublier les couleurs de Christo, l’histoire nous plonge dans la vie de quatre adolescentes qui, en tentant de sauver un arbre vénérable, déclenchent des forces bien plus puissantes qu’elles ne pouvaient l’imaginer. Le récit s’adresse tant aux jeunes adultes qu’aux lecteurs plus mûrs, offrant une réflexion sur la responsabilité environnementale et les dangers de l’invocation des forces occultes.

Un coven késako ?

C’est un terme anglais qui désigne une assemblée de sorcières ou, plus généralement, un groupe de personnes qui pratiquent ensemble la magie, souvent dans le cadre de la Wicca ou d’autres traditions néopaïennes. Le terme est également utilisé pour décrire le lieu où se réunit habituellement ce groupe. Coven provient probablement de l’ancien français « covine » qui signifie accord ou conspiration et du latin convenire signifiant se rassembler. Au Moyen Âge, le terme a pris une connotation négative, souvent associé à des réunions secrètes de sorcières supposées comploter contre la société chrétienne dominante.

Les réunions de coven sont souvent secrètes et se déroulent dans des lieux isolés, à l’abri des regards, ce qui renforce le mystère et la sacralité de ces rassemblements. Les rituels peuvent inclure des incantations, des invocations, la création de cercles magiques, et l’utilisation d’outils symboliques tels que le pentagramme, l’athamé (un couteau rituel), et le calice.

Les choses étant dites, passons aux personnages principaux

Les quatre héroïnes, Ève, Diane, Lily, et Morgane, sont autant de figures modernes incarnant des archétypes à la fois traditionnels et résolument ancrés dans le XXIe siècle. Chacune d’elles apporte une dynamique différente au groupe, formant ensemble un coven où les forces complémentaires se rejoignent pour un but commun : sauver un orme millénaire menacé d’abattage.

Ève, par son nom, évoque la première femme, celle qui a goûté au fruit de la connaissance, symbolisant ici la curiosité et le désir de comprendre le monde qui l’entoure. Elle est souvent la figure de proue du groupe, celle qui pousse les autres à aller au-delà de leurs peurs et de leurs doutes pour explorer de nouvelles possibilités, même si cela signifie franchir des limites dangereuses.

Diane représente la déesse de la chasse et de la nature, une figure profondément connectée à l’environnement. Sa passion pour la nature et sa détermination à protéger l’orme font d’elle la plus fervente défenseuse des causes écologiques au sein du groupe. Diane incarne la conscience verte du coven, celle qui motive les autres à utiliser leurs pouvoirs pour une cause juste et nécessaire.

Lily, douce et discrète, incarne une pureté qui contraste avec l’intensité des autres membres du groupe. Son prénom, souvent associé à des symboles de paix et de régénération, cache une profondeur insoupçonnée. Lily se révèle être le cœur émotionnel du groupe, celle qui canalise les énergies en s’assurant que les actions du coven ne dérivent pas vers des excès dangereux.

Morgane, avec son prénom évoquant la fée des légendes arthuriennes, est l’incarnation du mysticisme et de la puissance féminine. Son lien avec la magie est plus fort, et elle apporte au groupe une compréhension plus profonde des forces qu’elles manipulent. Cependant, cette connaissance la place aussi à la frontière du danger, car elle est la plus sensible aux influences extérieures et aux tentations d’un pouvoir incontrôlé.

Et l’intrigue dans tout cela ?

Portrait de George Sand (1804-1876)

L’intrigue de Coven s’articule autour de la tentative des quatre amies de sauver un orme millénaire dans le parc municipal George Sand. Cet arbre, symbole de sagesse et de continuité, est menacé par un projet d’aménagement urbain visant à le remplacer par une aire de pique-nique. Pour les quatre adolescentes, l’orme représente bien plus qu’un simple arbre ; c’est le témoin silencieux de leurs souvenirs et de leur amitié, et sa disparition serait pour elles une perte irréparable. Côté symbolique, celle de l’orme s’enracine dans diverses traditions culturelles et mythologiques. Comme d’autres arbres, il est souvent associé à l’idée de l’arbre de vie, un symbole universel de croissance, de force, et de lien entre le ciel et la terre. En tant qu’arbre imposant et majestueux, l’orme représente la sagesse accumulée au fil des siècles. Ses racines profondes ancrent l’arbre dans la terre, tandis que ses branches s’élancent vers le ciel, symbolisant le lien entre le matériel et le spirituel, entre le monde des hommes et celui des dieux ou des esprits. C’est ainsi que dans de nombreuses cultures, l’orme est considéré comme un arbre protecteur et est aussi associé à la justice et à lé vérité.

Ulmus glabra variété horizontalis de 120 ans à Melbourne

Paradoxalement, l’orme est aussi un arbre lié à la mort et aux transitions. Dans certaines traditions européennes, il était planté dans les cimetières et associé aux passages de l’âme vers l’au-delà. Cette association avec la mort peut être interprétée dans Coven comme un présage de la libération du Démon du Chaos, un moment où l’équilibre naturel est perturbé, entraînant la libération d’énergies destructrices.

La décision de le sauver n’est donc pas seulement une démarche écolo, mais aussi une quête profondément personnelle. Leur action est un écho des mouvements contemporains en faveur de la préservation de l’environnement, où la jeunesse joue souvent un rôle de premier plan. Elles incarnent cette nouvelle génération qui ne se contente plus de protester, mais qui cherche activement des solutions, quitte à se tourner vers des moyens non conventionnels, comme la magie.

Leur rituel, exécuté dans l’espoir de préserver l’orme, est un succès apparent. Elles parviennent à détourner le projet d’abattage en invoquant une espèce rare d’oiseaux nichant dans l’arbre, ce qui conduit les autorités à le protéger. Cependant, leur victoire est entachée d’une ombre grandissante : celle du Démon du Chaos qu’elles ont involontairement libéré.

Démon du Chaos – Libre interprétation – Image générée par IA

Vous avez dit Démon du Chaos ?

La figure du Démon du Chaos dans Coven représente les conséquences inattendues de manipulations occultes mal maîtrisées. En cherchant à imposer leur volonté sur la nature et à utiliser la magie pour servir leurs objectifs, les jeunes filles réveillent une force bien plus ancienne et malveillante. Ce démon, symbole du désordre primordial, commence à semer la confusion et la destruction dans leur petite ville, plongeant ce havre de paix dans un véritable cauchemar.

Le Démon du Chaos est l’antithèse des intentions initiales des filles. Alors qu’elles cherchaient à protéger et à préserver, cette entité incarne la destruction et la perversion des forces naturelles. Leur lutte contre ce démon devient ainsi une quête pour rétablir l’équilibre qu’elles ont involontairement perturbé, un combat pour reprendre le contrôle des forces qu’elles ont déchaînées.

Symbolisme et rituel… Notre analyse

Le parc George Sand, en tant que lieu de l’action, n’est pas non plus choisi au hasard. George Sand, une des plus grandes romancières françaises du XIXe siècle, est connue pour son indépendance d’esprit et son engagement en faveur des droits des femmes. Elle renforce le thème de la sororité et de la lutte pour la justice, non seulement sociale, mais aussi environnementale. Cependant, au-delà de ses écrits et de sa vie publique, certains aspects moins connus de ses intérêts et de son œuvre la relient à des thématiques ésotériques et occultes. Le choix de ce lieu pour le rituel ajoute une dimension féministe à leur combat, où la nature est perçue comme un domaine à protéger, tout comme les droits et les libertés pour lesquels George Sand s’est battue.

Le rituel dans Coven

Le rituel utilisé est un élément central de l’intrigue, marqué par des symboles ésotériques qui suggèrent à la fois un hommage aux traditions occultes et une relecture moderne de celles-ci. Cette scène du rituel est fondamentale, car elle marque le moment où les quatre adolescentes tentent d’utiliser la magie pour atteindre leur objectif, en l’occurrence sauver l’orme millénaire du parc George Sand.

Le décryptage des symboles du rituel mis en œuvre

Pentagramme avec des bougie de type Saint Jean
Pentagramme

Le pentagramme est sans doute l’un des symboles les plus reconnaissables dans l’ésotérisme occidental. Traditionnellement, il est associé à la protection, à l’équilibre entre les cinq éléments (terre, eau, feu, air, esprit) et à la connexion entre le monde matériel et spirituel. Dans le contexte du rituel des jeunes filles, le pentagramme semble être utilisé pour canaliser les forces qu’elles tentent d’invoquer. Sa présence souligne leur volonté de se protéger tout en invoquant des pouvoirs surnaturels pour sauver l’arbre.

Runes – Source Wikimedia Commons

La page du rituel – page 117 du livre – est parsemée de ce qui semble être des runes ou des glyphes. Ces symboles ont une signification mystérieuse, mais dans la tradition occulte, chaque rune ou glyphe possède une énergie ou une intention spécifique. Ici, ils pourraient représenter des incantations ou des protections supplémentaires, assurant que le rituel soit efficace et sécurisé. Les glyphes en haut à gauche sont disposés en une sorte de phrase magique, probablement une invocation ou un appel aux forces naturelles pour intervenir en faveur de leur cause.

À droite du pentagramme, on voit un symbole représentant une tête cornue. Ce symbole est typiquement associé aux figures démoniaques ou aux entités païennes comme Baphomet ou Pan. Dans ce rituel, ce symbole pourrait être une invocation directe au Démon du Chaos, que les jeunes filles invoquent inconsciemment. Ce détail visuel est un présage de la force destructrice qu’elles libèrent par inadvertance, pensant au départ que leur rituel n’avait que des conséquences positives.

En bas à droite, on observe des motifs de quadrillages et de vagues. Les quadrillages pourraient symboliser l’ordre ou la structure, tentant d’imposer un contrôle sur les forces chaotiques qu’elles appellent. Les vagues, quant à elles, sont souvent associées au mouvement, à l’énergie fluide ou aux émotions. Dans ce contexte, elles pourraient représenter le flux des énergies occultes, une invitation à ce que celles-ci répondent à l’appel des jeunes sorcières.

La symbolique du rituel

Le rituel que les adolescentes exécutent est un mélange d’éléments traditionnels et modernes. Elles utilisent des objets et des symboles hérités de traditions anciennes, mais avec une approche contemporaine, souvent naïve. Elles abordent la magie avec une certaine innocence, sans réaliser que chaque symbole, chaque geste, a une signification et une conséquence bien plus profonde.

Pentacle

Le fait qu’elles réussissent à sauver l’arbre au début semble valider leur méthode, mais c’est en réalité un leurre, une fausse impression de contrôle. Le pentagramme, les runes et le symbole cornu suggèrent que leur rituel a en réalité éveillé une force bien plus ancienne et destructrice : le Démon du Chaos. Ce dernier représente l’incontrôlable, la nature indomptée qui, une fois réveillée, ne peut plus être contenue.

Interprétation du rituel dans le contexte de l’intrigue

Le rituel, bien qu’apparemment un succès initial, est en réalité le point de bascule dans l’histoire. En tentant d’utiliser des forces surnaturelles pour une cause écologique, les jeunes filles réveillent une entité chaotique qui va bien au-delà de leur compréhension et de leur capacité à maîtriser. Ce démon est une métaphore puissante des dangers liés à l’usage irresponsable de la magie, mais aussi des conséquences imprévisibles que peuvent avoir nos actions, même lorsque celles-ci sont motivées par les meilleures intentions.

Cette scène symbolise également l’idée que le chaos est inhérent à toute tentative de manipulation des forces naturelles. Les adolescentes, en cherchant à sauver l’arbre, se heurtent à l’ordre naturel des choses, et leur intervention magique bouleverse cet équilibre, déclenchant une réaction en chaîne qu’elles n’avaient pas anticipée.

Le rituel dans Coven est riche en symboles et en significations. Il incarne à la fois l’espoir des jeunes filles de pouvoir changer les choses et l’avertissement que toute manipulation des forces occultes a un prix. Leur rituel, censé être une simple intervention écologique, se transforme en une invocation dangereuse qui libère le Démon du Chaos, soulignant la complexité des interactions entre l’humain et le surnaturel. Ce passage illustre de manière frappante la frontière ténue entre l’ordre et le chaos, une thématique centrale dans l’œuvre, où chaque action peut avoir des répercussions inattendues.

Taous Merakchi

La biographie des auteurs

Taous Merakchi, née le 24 août 1987 à Paris, est une autrice française qui s’est d’abord illustrée en tant que rédactrice web sous le pseudonyme de Jack Parker. Connue pour son travail sur la vulgarisation des tabous autour des menstruations avec Le Grand Mystère des Règles, elle est également l’auteure de podcasts sur la mort et les histoires d’épouvante. Ses écrits, souvent centrés sur des thématiques sociétales et féministes, se retrouvent dans Coven où elle continue d’explorer la sororité et la puissance féminine.

Da Coffee Time

Da Coffee Time, illustrateur autodidacte, puise son inspiration dans la culture urbaine et le monde du skate. Ses œuvres graphiques, marquées par une vivacité et une expressivité singulières, enrichissent l’univers de Coven en donnant vie aux émotions complexes des personnages et à l’atmosphère surnaturelle de l’histoire.

Quel regard un franc-maçon porte sur cette magnifique BD

Du point de vue franc-maçonnique, Coven peut être interprété comme une allégorie de la quête de la connaissance et du pouvoir. Les jeunes filles, à travers leur coven, cherchent à comprendre et à maîtriser des forces qui les dépassent, rappelant les initiations ésotériques où le néophyte est confronté à des mystères qu’il doit progressivement déchiffrer. L’idée de libérer une entité démoniaque peut être vue comme une métaphore du danger de poursuivre un savoir sans en comprendre les implications éthiques et morales. De plus, le symbole de l’arbre, souvent présent dans la tradition maçonnique, évoque la sagesse et la croissance spirituelle, mais aussi les dangers d’une puissance non maîtrisée.

Présentation de l’éditeur Dupuis

Les Éditions Dupuis, fondées en 1922 en Belgique, sont l’une des maisons d’édition les plus emblématiques dans le domaine de la bande dessinée européenne. Connue pour avoir publié des séries légendaires comme Spirou et Fantasio, Les Schtroumpfs ou Lucky Luke, Dupuis s’est progressivement ouverte à des œuvres plus modernes et engagées, tout en conservant un fort attachement à la qualité narrative et graphique. Avec Coven, Dupuis continue d’explorer des territoires nouveaux, en s’adressant à une génération plus jeune, tout en intégrant des thèmes contemporains et une esthétique résolument moderne.

Coven est une œuvre qui résonne profondément avec les enjeux actuels, en particulier ceux liés à l’écologie et aux responsabilités qui accompagnent l’usage de pouvoirs, qu’ils soient surnaturels ou technologiques. En dépeignant des héroïnes qui se battent pour une cause juste, mais qui doivent aussi faire face aux conséquences de leurs actes, Taous Merakchi et Da Coffee Time offrent une réflexion sur la complexité du monde moderne. Le récit questionne non seulement sur la place de l’individu face aux forces naturelles, mais aussi sur les dangers de l’ambition et de la volonté de contrôle. Ce roman graphique, à travers sa fusion de thématiques écologiques, mystiques et sociétales, devient un miroir des préoccupations de notre époque, tout en invitant ses lecteurs à méditer sur le pouvoir, la responsabilité et les liens qui nous unissent à la nature et à autrui.

Coven

Taous Merakchi (Auteur), Da Coffee Time (Illustrations)

Dupuis, 2023, 256 pages, 26 € – Format Kindle 9,99 €

Les Éditions Dupuis, le site.

Lieu symbolique : Le Grand Palais à Paris

Le Grand Palais de Paris, ce majestueux monument érigé en 1900 à l’occasion de l’Exposition Universelle, s’impose comme un véritable joyau architectural au cœur de la capitale. Situé en bordure des Champs-Élysées, face au Petit Palais et relié au célèbre pont Alexandre-III, il est bien plus qu’un simple bâtiment : il incarne l’esprit et l’ambition de la Belle Époque, une époque où l’art, la technologie et l’urbanisme se rejoignaient pour célébrer les progrès de la civilisation. Construit sur les cendres du Palais de l’Industrie, cet édifice monumental a été pensé pour glorifier l’art français et devenir le théâtre des grandes manifestations culturelles et artistiques de la capitale.

Impressionnante architecture !

Avec ses 77 000 m², le Grand Palais est avant tout un espace où l’immensité de la nef, surplombée par une verrière monumentale de 45 mètres de hauteur, frappe d’admiration les visiteurs. Cette structure de verre, d’acier et de pierre, pesant plus de 8500 tonnes, s’étend sur près de 240 mètres de longueur, enveloppant les lieux d’une lumière naturelle qui baigne les expositions et événements qui s’y tiennent. L’architecture, œuvre collective d’Henri Deglane, Albert Louvet, Albert Thomas et Charles Girault, témoigne d’une harmonie rare entre modernité et tradition. La colonnade extérieure, inspirée de celle de Claude Perrault au Louvre, masque habilement la prouesse technique de la structure métallique, laissant apparaître une élégance classique tout en dissimulant les innovations audacieuses de l’ingénierie de l’époque.

La coupole

Un lieu symbolique

Le Grand Palais n’est pas qu’une prouesse technique. C’est un lieu profondément symbolique, enraciné dans l’histoire républicaine de la France. Conçu dans le cadre de ce que l’on appelle l’axe républicain, il s’inscrit dans une perspective urbanistique plus large, reliant les Invalides, le pont Alexandre-III et l’Élysée, créant ainsi une symétrie grandiose qui reflète l’ambition républicaine de ce tournant du XXe siècle. Chaque pierre, chaque façade porte la trace de cette volonté de célébrer les idéaux de Liberté, Égalité et Fraternité, inscrits dans les fondements mêmes de l’édifice. Les quadriges de cuivre réalisés par Georges Récipon qui couronnent les deux entrées principales symbolisent ces aspirations : du côté de la Seine, « L’Harmonie triomphant de la Discorde », et du côté des Champs-Élysées, « L’Immortalité devançant le Temps ». Ces sculptures allégoriques surplombent le monument, rappelant que le Grand Palais est un lieu où l’art et l’esprit triomphent des aléas du temps et des vicissitudes humaines.

Le Grand Palais durant le Première Guerre mondiale

Avec aussi une histoire plus sombre…

Mais derrière cette grandeur éclatante, le Grand Palais raconte aussi une histoire plus sombre, celle des drames et des bouleversements du XXe siècle. Dès la Première Guerre mondiale, sa nef majestueuse fut réquisitionnée, d’abord pour héberger des troupes coloniales en partance pour le front, puis pour servir d’hôpital militaire de fortune. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le Grand Palais subit les affres de l’occupation allemande. Transformé en garage pour les véhicules militaires, il fut le théâtre d’un incendie lors de la libération de Paris en août 1944. Pourtant, malgré ces épreuves, le Grand Palais est toujours resté debout, symbole de la résilience culturelle et artistique de Paris.

Un lieu en transformation perpétuelle

C’est aussi un lieu de transformation continue, témoin des mutations du monde de l’art et de la culture au fil des décennies. Après avoir accueilli de nombreux salons artistiques prestigieux, notamment le Salon des Artistes Français ou encore le Salon d’Automne, il a peu à peu vu ses fonctions évoluer.

14e concours Lépine, du 28 août au 4 octobre 1910.

Les salons techniques et commerciaux, tels que le Salon de l’Automobile ou encore le Concours Lépine, y ont trouvé leur place. Avec l’avènement de la modernité, ces manifestations se sont multipliées, célébrant non plus seulement les beaux-arts, mais aussi les innovations technologiques et industrielles qui marquent l’entrée dans le XXe siècle.

Cependant, le Grand Palais ne se limite pas à l’accueil d’expositions. Il a toujours été un espace vivant, au service de la ville et de ses habitants. Au tournant du XXIe siècle, il subit une restauration d’envergure, rendue nécessaire par les dégâts causés par le temps et par les multiples utilisations de ses espaces.

Classé au titre des monuments historiques en 1975, il a fait l’objet de travaux minutieux pour redonner à la structure métallique sa couleur d’origine, un vert réséda pâle, et pour restaurer sa verrière, la plus grande d’Europe. Ce processus de revitalisation s’est poursuivi encore aujourd’hui, avec la fermeture temporaire du monument pour une rénovation majeure en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024…

Le Grand Palais, entre passé et présent

Le Grand Palais, par son histoire, ses expositions et ses métamorphoses successives, demeure un lieu de rencontre entre le passé et le présent, entre l’architecture de la Belle Époque et les ambitions culturelles et artistiques de demain. Il est le symbole d’un Paris en perpétuelle évolution, où chaque pierre raconte une page de l’histoire, et où chaque exposition écrit une nouvelle ligne dans le livre infini de la culture et de l’innovation.

En 2024, le Grand Palais revêt une nouvelle fois son habit de gloire

Il devient l’un des sites emblématiques des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Près d’un siècle après avoir accueilli les concours d’art des Jeux de 1924, le Grand Palais a écrit un nouveau chapitre de son histoire en abritant les compétitions d’escrime et de taekwondo. Ce monument, témoin des grands événements de l’histoire parisienne, s’apprête à vibrer au rythme des exploits sportifs, dans une nef rénovée pour l’occasion, offrant un cadre spectaculaire aux athlètes et aux spectateurs venus du monde entier.

JO 2024

Sous la verrière majestueuse, l’escrime et le taekwondo trouvèrent un écrin unique, où la lumière naturelle a mis en valeur chaque mouvement, chaque passe, dans une ambiance mêlant tradition et modernité. La capacité d’accueil, portée à 9000 visiteurs, assura une atmosphère électrique, digne des plus grandes compétitions internationales, tout en ayant promis une régulation thermique optimale pour le confort de tous.

Le Grand Palais, en s’étant fait théâtre de ces compétitions olympiques et paralympiques, renoue avec son passé tout en s’inscrivant dans l’avenir. Après les Jeux, il continuera d’accueillir des événements culturels et sportifs, perpétuant ainsi son rôle de lieu emblématique au cœur de Paris. Une fois de plus, ce monument historique a prouvé qu’il était bien plus qu’un simple vestige du passé : il est un symbole vivant, vibrant, où l’histoire, l’art et le sport se rencontrent pour célébrer l’excellence humaine.

Source illustrations : Wikimedia Commons ; Photos © Yonnel Ghernaouti YG

Vers la loge disruptive !

C’est une banalité de constater que le fonctionnement des loges maçonniques est loin d’être harmonieux. Tout se passe comme s’il y avait des flux et des reflux dans l’harmonie, l’émulation et la capacité d’atteindre un égrégore.

En qualité de cherchant en franc-maçonnerie, je vous présente une réflexion personnelle sur les causes des dysfonctionnements des loges ; l’objectif serait de faciliter l’émergence de loges disruptives.

Quelles justifications à l’existence des loges maçonniques ?

La loge maçonnique est une institution originale que l’on pourrait rattacher au modèle tribal archétypique. On pourrait lui trouver cinq justifications :

A / La loge initiatrice :

Si la loge a une raison d’être n’est-ce pas parce qu’elle seule peut procéder à l’initiation maçonnique ? C’est une lapalissade mais de nombreux auteurs semblent l’oublier !

Tout ce qui s’agrège à ce cérémonial, avant, pendant et après, constitue une part importante du temps consacré aux tenues maçonniques. La volonté initiatique est fondée sur l’idée simple que celles et ceux qui ont été initiés sauront être des initiateurs !

Est-ce qu’il suffit d’avoir un rituel en mains pour se croire initiateur (ou initiatrice) ?

B / La loge athanor :

Nombreux sont ceux qui pensent que la loge peut être un laboratoire d’idées !  Dans cette perspective, la loge devient un athanor capable de créer un concept, une réforme géniale, une innovation !  Une similitude est faite avec l’atelier opératif où le maçon façonne l’œuvre !

Le risque est que cette idée suscite un certain élitisme de loges plus productrices d’idées que d’autres !

C / La loge « mère » :

La loge, c’est aussi un lieu convivial où il fait bon vivre dans la bonne humeur et la fraternité, au chaud dans un cocooning « maternel » ! On y chante, on y boit et on y mange bien ! On est entre hommes (pour certaines loges) ! Les anciens maternent les nouveaux et tout le monde « il est beau et il est gentil » ! Malheur aux intrus !

D / La loge, miroir de la société ambiante :

La loge répond aussi à un besoin qui émane de la société dans laquelle elle se crée. Elle devient un lieu où se rencontrent des décideurs. Ce fut le cas des premières loges anglaises avec cette émulation intellectuelle de la « Royal society » mais cela peut se retrouver dans l’image folklorique de « la loge de province » où l’on retrouve les petits notables de certains groupes sociaux comme par exemple les loges d’enseignants, de commerçants, etc.  Dans ces loges on retrouve la prise en compte des codes sociaux ! C’est un jeu particulièrement subtil car certains codes sociaux peuvent être en contradiction avec la démarche maçonnique.

E / La Loge psycho :

C’est une raison d’être à la fois traditionnelle et contemporaine ! La loge maçonnique c’est aussi un groupe d’êtres humains soumis aux règles de fonctionnement de tous les groupes humains ! Des êtres humains ordinaires avec leurs passions, leurs problèmes et beaucoup de susceptibilités !

Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler quatre caractéristiques universelles qui président au fonctionnement des groupes et que l’on retrouve en loge  :

  • Le groupe se scinde en sous-groupes sur la base d’affinités et d’influences.
  • Chaque sous-groupe est sous l’autorité d’un leader (ou d’une leader).
  • Généralement c’est le leader du sous-groupe dominant qui est le leader de la loge.
  • L’entente et l’harmonie ne sont possibles que si les sous-groupes s’entendent.

Les êtres humains ont un besoin  atavique de se retrouver en groupe pour échanger, se protéger et aussi produire ! La loge peut être le cadre idéal pour permettre de dépasser la condition individuelle.

Les dysfonctionnements des loges maçonniques

Ce rappel permet de comprendre les trois principales catégories de dysfonctionnements :

  1. Un rituel bâclé : c’est une constatation banale de voir que dans de nombreuses loges le rituel pratiqué perd son sens à cause d’une succession d’inattentions et d’erreurs qui font sourire … jaune !
  2. Un travail collectif de piètre qualité producteur d’ennui et de lassitude !
  3. Une atmosphère de tension et de conflit perpétuel entre des individualités ! Chaque clan est tenté d’utiliser n’importe quel prétexte pour augmenter sa capacité d’influence !

Quels remèdes pour redonner à la loge sa crédibilité ?

Quel que soit le groupe, la correction d’un dysfonctionnement n’est jamais facile car les membres du groupe sont à la fois juges et parties !

On pourrait imaginer qu’une structure obédientielle fédérale offre une solution de conseil à partir d’une analyse réalisée par un « œil » extérieur !

La formation des officiers est aujourd’hui l’élément primordial qui peut permettre de mettre en place les conditions d’une gestion harmonieuse du groupe.

Aujourd’hui, cette formation est quasi-inexistante ! Elle n’a pas encore été conceptualisée et aucun parcours de formation n’existe. Des ouvrages ont été écrits sur les différents offices et ils pourraient être utilisés dans ce cadre.

Pour chaque loge, la formation des officiers devrait être mise en place avant  la prise de postes. Ce devrait être une condition indispensable pour être éligible à un office.

Quelques biais à prendre en compte :

  • La confusion entre les grades et la cohésion du groupe. C’est une erreur fréquente en particulier dans les loges où coexistent des participations aux ateliers dits de « hauts grades »
  • La perte de sens du rituel : cela n’est possible que si un travail d’appropriation permet à chaque membre de la loge de s’intégrer dans une démarche collective cohérente respectueuse de la liberté de conscience de chacun. L’objectif recherché consiste à assurer au rituel sa capacité initiatrice !
  • Le fonctionnement clanique : C’est la tendance naturelle qui s’impose quand on ne veille pas à respecter l’obligation de « jouer collectif ».  Il faut que le collège des officiers soit capable d’analyser le fonctionnement des sous-groupes afin d’éviter les conflits de clans.
  • L’absence d’auto-évaluation :  Elle seule permet à la loge d’anticiper des modifications indispensables pour préserver  la qualité de la réflexion collective !
  • Le recours à l’autosatisfaction : c’est une pratique courante pour permettre aux incompétents de faire bonne figure ! L’autosatisfaction c’est la façon la plus simple de dénier l’existence de dysfonctionnements !

Veiller à la qualité des travaux dans le cadre d’une loge maçonnique est la meilleure façon d’éviter le découragement et la démission. C’est aussi la meilleure promotion de la pertinence de la démarche maçonnique ! Enfin c’est l’assurance de voir émerger des sœurs et des frères qui aient dépassé le stade de la recherche du pouvoir et qui puissent concevoir la prise de responsabilités comme une participation au travail collectif !

Pour aller plus loin :

L’Expérience de Muir peut-elle nous aider à créer de meilleures Loges maçonniques ? https://450.fm/2022/05/30/lexperience-de-muir-peut-elle-nous-aider-a-creer-de-meilleures-loges-maconniques/

Manuel de Secours pour Vénérable Maître… très seul en Loge : https://450.fm/2018/12/06/commandez-le-manuel-de-secours-pour-venerable-maitre-tres-seul-en-loge/

Simulacre de démocratie dans les convents maçonniques  https://450.fm/2024/08/27/simulacre-de-democratie-dans-les-convents-maconniques/

 Vous avez dit « philomaçonnerie » ? https://450.fm/2024/04/15/vous-avez-dit-philomaconnerie/

La Sagesse, du “Je” au “Nous” !  https://450.fm/2024/02/22/la-sagesse-du-je-au-nous/

La construction d’une éthique de vie à travers l’apprentissage transformationnel : la Franc-maçonnerie comme espace d’éducation au « savoir-exister » ? https://journals.openedition.org/edso/24589

13/10/24 : « La ville et les francs-maçons – des hommes et des lieux » aux RdV de l’Histoire de Blois

Dans le cadre des Rendez-vous de l’Histoire de Blois 2024, la Carte Blanche proposée par l’association Culture et Patrimoine Maçonnique en Région Centre* (CPMRC) explore un thème fascinant. Celui de « La ville et les francs-maçons : des hommes et des lieux ».

Cet événement, qui se tiendra le dimanche 13 octobre 2024, de 9h00 à 10h30 à l’Université de Blois, est une invitation à plonger dans l’histoire des villes comme creusets d’utopies sociales et techniques, où la franc-maçonnerie a joué un rôle déterminant.

La ville, en tant qu’espace physique et symbolique, a toujours été au cœur des préoccupations des francs-maçons. Ces derniers ont été des acteurs clés, non seulement parmi les réformateurs sociaux, mais aussi parmi les architectes, les artistes et les ingénieurs, œuvrant pour une ville qui incarne les idéaux de Liberté, Égalité et Fraternité. La table ronde prendra la forme d’une exploration visuelle, avec des projections de villes et de bâtiments à travers les âges, illustrant comment ces espaces ont évolué en réponse aux idéaux maçonniques et aux défis sociaux.

Les premières villes sont nées du besoin de créer des lieux d’échanges économiques et culturels. Elles sont rapidement devenues les sièges du pouvoir politique et religieux, offrant à leurs habitants une vaste gamme de services et de biens. Cependant, c’est avec la Renaissance que la réflexion sur la forme de la ville a pris une dimension plus humaniste, posant les bases d’un urbanisme social où l’idéal de la ville harmonieuse a commencé à se forger.

Les socialismes romantiques du XIXe siècle ont enrichi cette réflexion, en articulant les idéaux de la franc-maçonnerie avec la foi en un progrès de l’Humanité, nourri par la pensée des Lumières. Ainsi, au fil du temps, de nombreuses écoles d’urbanisme ont défendu différentes « utopies », concrétisées dans les constructions réalisées au XIXe et XXe siècles. Ces nouvelles conceptions de l’espace urbain visaient à favoriser la liberté, l’inclusion sociale, et l’ouverture d’esprit.

Cependant, la ville n’est pas exempte de contradictions. Si elle peut être un espace de liberté et de progrès, elle est aussi le théâtre d’inégalités flagrantes. La ségrégation résidentielle, par exemple, repousse les plus démunis vers la périphérie, tandis que des dispositifs et des typologies urbaines propices à la surveillance ou à la répression se mettent en place. L’espace urbain est également marqué par la violence, la criminalité et la marginalisation, rappelant que les idéaux maçonniques de fraternité et d’égalité sont constamment mis à l’épreuve par les réalités sociales.

Nicolas Balmy
Xavier Malverti

Cette Carte Blanche, animée par des figures éminentes telles que Nicolas Balmy, architecte D.P.L.G et fondateur de Spirale Architecture, et Xavier Malverti, architecte et enseignant-chercheur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-la-Seine, sous la modération de Corinne Prezelj, membre du conseil d’administration de l’Association des Journalistes, Press Club de Paris, se veut un espace de réflexion approfondie.

Corinne Prezelj

Corinne Prezelj, spécialiste des questions sociétales et des droits humains, apportera sa perspective sur la manière dont ces idéaux historiques se confrontent aux défis contemporains.

Un éclairage sur les défis urbains actuels et futurs

En somme, cette Carte Blanche des Rendez-vous de l’Histoire de Blois 2024 nous invite à repenser la ville comme un espace de possibles, un lieu où les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité peuvent être expérimentés, mais aussi remis en question par les réalités socio-économiques contemporaines. Les échanges entre Corinne Prezelj, Nicolas Balmy, et Xavier Malverti promettent d’offrir une exploration profonde et enrichissante des intersections entre franc-maçonnerie, architecture et société, tout en ouvrant des perspectives nouvelles sur l’avenir de nos villes.

* Culture et Patrimoine Maçonnique en Région Centre (CPMRC) est une association loi de 1901 créée en 2014. Elle rassemble des hommes et des femmes de toutes structures maçonniques. Elle a pour objet de faire connaître la franc-maçonnerie dans toute sa diversité, au travers de manifestations culturelles et patrimoniales.

Source : CPMRC

Tolstoï et la franc-maçonnerie dans la guerre et la paix – par Chantal Fantuzzi

De notre confrère suisse ticinolive.ch – par Chantal Fantuzzi

Le jour de la Saint-Jean, le 24 juin 1717, la Grande Loge Unie d’Angleterre, « Mère du Monde », est née à Londres, début et pierre angulaire de la franc-maçonnerie moderne. Aucune source certaine n’est connue sur l’appartenance du plus grand écrivain russe (et pas seulement) à la franc-maçonnerie. Ce qui est sûr, c’est que le monde maçonnique a certainement très bien connu Léon Nicolaevic Tolstoï.

Chantal à Poestate. « Mariée de glace »

Dans Guerre et Paix, son chef-d’œuvre, avec Anna Karénine, le protagoniste Pierre, après s’être violemment séparé de sa femme Hélène, belle et dissolue, coupable de l’adultère chuchoté avec Dolochov, rencontre, en voyage, un franc-maçon libre, Oss’p Alksèevic’ Bazdeev, qui, conscient du malheur vécu par le jeune homme, l’invite à réfléchir et à se purifier. Ainsi Pierre commence son voyage de purification, avec le Comte Villarski, à la cour duquel il rencontre de nombreux autres représentants bien connus de la noblesse russe que Pierre n’aurait jamais imaginé appartenir à la Franc-Maçonnerie (en son temps, par l’Auteur ? Qui sait… ). Tolstoï décrit avec une froideur lucide (et peut-être une pointe d’ironie) l’initiation angoissante du jeune noble qui, déshabillé, est conduit à travers un long couloir sombre, où, à la faible lumière de quelques bougies, l’Évangile, un cercueil brillant rempli d’os et d’un crâne. « Dieu, la mort, l’amour et la fraternité » pense Pierre, ce à quoi l’initiateur répond :  « La sagesse suprême n’a pas pour seul fondement le raisonnement, ni ces sciences profanes, comme la physique, l’histoire, la chimie, etc., dans lesquelles le rationnel la connaissance est brisée. La sagesse suprême est une. La sagesse suprême n’a qu’une seule science : la science de tout, la science qui s’applique à l’explication de l’univers tout entier et de la place qu’y occupe l’homme. Pour se rendre capable d’une telle science, il est essentiel de purifier et de renouveler notre individu intérieur, et donc, avant de connaître, il faut croire et se perfectionner. Et pour atteindre ces objectifs, une lumière divine a été placée dans notre âme que nous appelons conscience.

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Alexander Beyer incarne Pierre dans Guerre et Paix, 2007.

Le symbolisme maçonnique est ainsi expliqué par Tolstoï, toujours à travers Pierre :
Le cœur battant à couper le souffle, Pierre s’approcha du rhéteur.
« Pour quelle raison êtes-vous venu ici ? Pour quoi, vous qui ne croyez pas aux vérités de la lumière et ne voyez pas la lumière, pourquoi êtes-vous venus ici, que voulez-vous de nous ? Sagesse, vertu, illumination ?
Une demi-heure plus tard, le rhéteur était de retour pour transmettre à l’aspirant ces sept vertus, correspondant aux sept degrés du temple de Salomon, que tout franc-maçon devait cultiver en lui-même. Ces vertus étaient : 1) la discrétion, c’est-à-dire le maintien du secret de l’ordre ; 2) l’obéissance aux plus hautes hiérarchies de l’ordre ; 3) les douanes ; 4) l’amour pour l’humanité ; 5) le courage ; 6) la générosité ; 7) l’amour de la mort.

Pierre avoue alors ses péchés véniels, et se sent presque renaître.

A la fin du rituel, Pierre reçoit une paire de gants blancs, à offrir à la fille pure qu’il sentira vraiment aimer. Femme qui, évidemment, ne sera pas Hélène.

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Helen et Dolochov (Guerre et Paix, 2007)

Pierre tente donc d’échapper à la vile mondanité dans laquelle il retombe pourtant périodiquement, avec la « pureté » du rituel maçonnique. A travers la franc-maçonnerie, il retrouve une partie de lui-même, combative et culturelle, perdue à cause de ses vices, et c’est précisément grâce à la franc-maçonnerie qu’à la fin du roman colossal il se retrouvera dans un Moscou dévasté et déserté, avec l’intention de tuer celui qui, selon lui, est responsable de la destruction de la Russie : Napoléon. mais, comme l’enseigne Tolstoï, l’histoire n’est pas écrite par des individus, mais plutôt par le destin qui les attend. Ainsi, coupable et en même temps acquitté, Napoléon ne sera pas tué par Pierre, qui est pourtant fait prisonnier, et en prison, entre la faim et le risque constant de mourir, il redécouvre, dans la simplicité d’un paysan injustement déporté, Platon , la pureté qu’il avait tant espérée, en vain. Pureté qui se termine avec le mariage, après le suicide d’Hélène, entre Pierre et la douce et souffrante Natasha, une fille qui a perdu l’essence de l’enfance, à cause de deuils et d’une trahison dont elle fut sans le savoir et douloureusement l’auteur. Pierre lui donne symboliquement les gants de cette franc-maçonnerie dont il est désormais issu, recomposant ainsi ce cycle initiatique de son voyage intérieur, de recherche personnelle vers l’essence de la vie tranquille.

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Andrei et Natasha (Guerre et Paix, 2007)

Et qui sait si Tolstoï a participé à la franc-maçonnerie, étant donné que l’idée du don de gants, symbole d’amour dans la franc-maçonnerie, est également proposée par le premier prétendant de Natasha, le vertueux et malheureux prince Andrew, dont le nom n’est cependant pas mentionné ailleurs comme appartenance à la franc-maçonnerie.

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Si, comme le dit Luis Borges, « chaque écrivain raconte d’abord sa propre histoire, même si elle commence par « il était une fois un roi qui avait trois fils » » et que Tolstoï lui-même se refléterait à la fois dans le prince Andrei et chez Pierre Bezuchov, qui ont tous deux accompli un processus de conversion, peut-être que l’auteur lui-même appartenait également à la franc-maçonnerie ou peut-être plutôt considérait-il seulement en faire partie, car, comme le conclut la morale de Guerre et Paix, la franc-maçonnerie n’est pas nécessaire pour atteindre Dieu, mais la pureté seulement, de la vie quotidienne. Comme le dit l’adaptation cinématographique de 1956 : « Celui qui aime la vie aime Dieu ». 

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Adaptation cinématographique de 1956

sur la photo Helena (à gauche) et Natasha (à droite)

Un livre étudie cependant la relation entre Tolstoï et la franc-maçonnerie : l’ alambic de Léon Tolstoï  – Guerre et Paix et la franc-maçonnerie russe de Raffaella Faggionato, série La Storia, Thèmes, 44.

Ultime initiation : La mort comme passage obligé du franc-maçon

La revue La Chaîne d’Union N°109, portant le dossier intitulé « Dialogues maçonniques avec la mort », est une exploration profonde des réflexions maçonniques autour du thème universel et intemporel de la mort. Ce numéro s’articule autour de la méditation sur la mort, non seulement comme un concept philosophique et initiatique, mais également comme un vecteur d’évolution personnelle et spirituelle.

L’éditorial de Jacques Garat place immédiatement le lecteur au cœur de la thématique, rappelant les paroles de Platon : « Personne ne sait rien de la mort ». Jacques Garat souligne la fonction initiatique de la mort dans la tradition maçonnique, où elle n’est pas simplement une fin, mais un passage, un lieu de transformation qui transcende la simple raison humaine. Cette approche est en opposition à la modernité qui tend à refouler l’idée de la mort, préférant des préoccupations plus immédiates et hédonistes.

Il appelle à une réappropriation du symbolisme de la mort au cœur du parcours initiatique. Il fait appel à la tradition, rappelant que l’introduction de l’idée de la mort est essentielle à l’initiation, où elle sert non seulement à méditer sur la finitude humaine, mais aussi à ancrer les valeurs maçonniques fondamentales de fraternité, de sacrifice, et d’héroïsme.

La rubrique « Matières à Débats » ouvre, comme à son habitude, la publication qui se distingue par son exploration approfondie des sujets maçonniques, philosophiques et symboliques. Cette rubrique sert de porte d’entrée intellectuelle au numéro, posant les bases des réflexions et des échanges qui vont vers la sœur ou le frère dans sa réflexion. Elle instaure d’emblée un cadre propice à la confrontation d’idées et à l’exploration des grandes questions qui animent la franc-maçonnerie contemporaine.

Pierre Mollier

C’est ainsi que Pierre Mollier, dans « Paris capitale de la recherche maçonnique », revient sur la IXe Conférence Internationale d’Histoire Maçonnique, où il met en lumière le rôle central de Paris dans la recherche maçonnique actuelle. Cette ville, riche en histoire et en symboles, se trouve être un lieu de convergence où les francs-maçons du monde entier viennent partager leurs réflexions et découvertes. Pierre Mollier nous rappelle ainsi que la tradition maçonnique, bien que globale, trouve en certains lieux des foyers d’intense activité intellectuelle et spirituelle.

LCU, 3e de couv.

Le rédacteur en chef Jacques Garat, dans « L’universalisme est un combat », défend la nécessité de maintenir les principes universalistes au cœur de la franc-maçonnerie. Dans un contexte où les identités se fragmentent et où les discours exclusifs se multiplient, Jacques Garat plaide pour une maçonnerie qui reste fidèle à l’héritage des Lumières, mettant en avant l’universalité de la condition humaine et la défense des droits fondamentaux.

Dans « Chronique inactuelle », Daniel Beaune, avec « Entre novlangue et polysémie : les défis de l’écriture inclusive en franc-maçonnerie », aborde un sujet contemporain sensible : l’inclusion des diversités de genre dans le langage maçonnique. Daniel Beaune pose la question des mots et des symboles, question fondamentale en maçonnerie où chaque mot porte une signification profonde. Il explore comment l’adoption d’un langage plus inclusif pourrait enrichir l’expérience initiatique tout en risquant de perturber certaines traditions bien établies.

Le dossier « Dialogues maçonniques avec la mort »

Le dossier central du numéro, « Dialogues maçonniques avec la mort », est composé de plusieurs articles qui explorent divers aspects de la relation entre la maçonnerie et la mort.

Annick Drogou, dans « Le cheminement initiatique à l’ombre de la mort », traite des mythes et rituels liés à la mort dans l’initiation maçonnique. Drogou montre comment ces récits permettent de faire face à la mortalité tout en révélant la véritable nature humaine, en amenant l’initié à devenir ce qu’il est réellement.

Stéphane Itic, agrégé de lettres classiques et Docteur en Sciences de l’Antiquité, avec « Habituation à la mort : sagesse antique et initiation maçonnique », s’attaque aux injonctions modernes à l’hédonisme, mettant en avant la nécessité de méditer sur la mort. Stéphane Itic nous rappelle que les sages de l’Antiquité, et les maçons d’aujourd’hui, voient dans la mort non pas une fin, mais un élément central du processus initiatique.

Naudot Taskin, dans « Mort et musique, un étroit compagnonnage », explore les liens entre la musique et la mort dans la culture maçonnique. Naudot Taskin met en lumière comment la musique, qu’elle soit profane ou sacrée, accompagne les rituels liés à la mort, aidant à exprimer l’indicible et à offrir une consolation symbolique.

Éric Badonnel

Éric Badonnel, dans « Le tact dans l’audace, libre propos sur l’héroïsme », examine le concept de l’héroïsme à travers le prisme de la mort en maçonnerie. Pour Éric Badonnel, l’héroïsme n’est pas simplement un acte de bravoure, mais une réponse morale à l’inévitable, imprégnée de fraternité et de sacrifice.

LCU, 2e de couv.

Guy Péquignot, avec « Symboles maçonniques sur les tombes du Père Lachaise », propose une promenade parmi les tombes des francs-maçons célèbres du Père Lachaise, explorant les symboles et les marques d’appartenance qui les ornent. Guy Péquignot montre comment ces tombes deviennent des musées à ciel ouvert, des lieux de mémoire où les vivants continuent de travailler à la construction du temple symbolique.

Yvan Gérault, dans la rubrique « Études & recherches », nous tient en haleine avec un sujet, ô combien de circonstance, « Solstices, équinoxes, cycles cosmiques : des deux Saint-Jean aux loges éponymes ». Il nous plonge dans une étude approfondie des cycles solaires et leurs correspondances dans les rituels maçonniques. Yvan Gérault explore la relation entre les célébrations solsticiales et la symbolique des deux Saint-Jean, figures centrales dans la tradition maçonnique. Il montre comment ces célébrations permettent aux maçons de se connecter aux cycles cosmiques, renforçant ainsi leur lien avec l’univers et ses mystères.

La dernière rubrique « Bibliographie » offre les notes de lecture de Yonnel Ghernaouti et Naudot Taskin. Elles concluent ainsi le numéro en proposant une réflexion sur les textes maçonniques récents, soulignant l’importance de ces ouvrages dans l’approfondissement de la connaissance maçonnique.

Ce numéro d’été de La Chaîne d’Union propose une exploration dense et profonde de la mort dans la tradition maçonnique, mettant en lumière son rôle central dans le cheminement initiatique. Chaque article apporte une perspective unique, contribuant à une riche mosaïque de réflexions qui ne manquera pas de nourrir la méditation des lecteurs sur ce sujet fondamental.

La Chaîne d’Union – Dialogues maçonniques avec la mort

Revue d’études maçonniques, philosophiques et symboliques publiée par le Grand Orient de France

Collectif – Conform édition, N° 109, juillet 2024, 96 pages, 13 € – 15 € port inclus

À commander chez Conform édition ou en vente chez DETRAD, librairie, éditeur et fabricant de décors maçonniques…

LCU, 4e d ecouv.

L’ère du spirituel : pourquoi les jeunes craquent pour les sciences occultes ?

De notre confrère gqmagazine.fr

Oubliez les cures détox, les séances de yoga ou les podcasts sur la pleine conscience. Si vous ne vous sentez pas aligné avec l’univers en ce moment, c’est probablement parce que Mercure rétrograde (ou pas). L’ésotérisme, autrefois relégué aux marges de la société, s’impose aujourd’hui comme la nouvelle lubie des jeunes adultes. Astrologie, voyance, cartomancie… Autant de pratiques qui, dans une époque marquée par l’incertitude, semblent offrir des réponses là où la science et la société échouent à les fournir. Propulsées par la force inarrêtable des réseaux sociaux, ces croyances se réinventent, capturant l’imaginaire collectif et transformant l’ésotérisme en véritable phénomène de mode.

Instagram et TikTok : les astres rencontrent les algorithmes

Les réseaux sociaux ont joué les entremetteurs parfaits entre l’ésotérisme et la Génération Z. Sur Instagram, des comptes spécialisés en astrologie ou en tirages de cartes ne cessent de gagner en popularité, distillant quotidiennement leurs doses de sagesse cosmique. TikTok, quant à lui, s’est rapidement imposé comme le nouveau terrain de jeu des apprentis sorciers et sorcières modernes. Des vidéos virales de tirages de tarot aux analyses astrologiques dignes des plus grands mystiques, les jeunes sont captivés par ces contenus ésotériques qui se multiplient à chaque pleine lune. Ce phénomène a d’autant plus pris de l’ampleur pendant la pandémie de COVID-19, période où l’isolement et le doute ont poussé beaucoup à chercher du sens dans les étoiles.

L’ésotérisme, un GPS spirituel pour une génération perdue

Une porte mystérieuse
Une porte mystérieuse – Escalier qui monte vers la porte de la Lumière

Face à une société en pleine mutation, où les repères traditionnels vacillent, les jeunes adultes se tournent vers l’ésotérisme comme une boussole intérieure. Une étude IFOP de 2023 révèle que 61 % des jeunes de 11 à 24 ans adhèrent à au moins une forme de parascience, avec l’astrologie en tête de liste. Plus qu’une simple tendance, cette popularité reflète une quête de sens dans un monde où les certitudes se font rares. L’astrologie, en particulier, offre une grille de lecture pour comprendre sa personnalité, ses relations, et même ses choix futurs. Dans ce contexte, consulter son thème astral devient presque aussi commun que de checker la météo chaque matin.

Une nouvelle spiritualité émergente

L’attrait pour l’ésotérisme va bien au-delà des simples prédictions. Il s’inscrit dans un mouvement plus large de recherche de spiritualités alternatives, souvent en lien avec l’écologie et le féminisme. Loin des dogmes religieux traditionnels, ces nouvelles formes de croyance prônent un retour à une harmonie avec la nature et soi-même. Des rituels de pleine lune aux discussions sur le “féminin sacré”, l’ésotérisme devient un vecteur d’émancipation, particulièrement chez les femmes. De manière générale, tout ce qui relève du domaine spirituel est davantage accepté depuis maintenant plus d’une décennie. On peut partager son enthousiasme pour la numérologie ou raconter un éveil spirituel lors d’un voyage en Inde sans avoir peur de passer pour un illuminé.

Un retour aux sources

Contrairement à d’autres croyances qui se sont étiolées avec le temps, l’astrologie et l’ésotérisme restent d’une étonnante pertinence. Bien que leur origine remonte à des millénaires, ces pratiques ont su s’adapter et se réinventer pour correspondre aux aspirations contemporaines. Aujourd’hui, l’astrologie est bien plus qu’une simple curiosité ; c’est un outil de compréhension personnelle, un moyen de naviguer dans un monde de plus en plus complexe. De plus, les pratiques se diversifient autour de la cartomancie (tirage des cartes), la lithothérapie (croyance au pouvoir des pierres et des cristaux) ou encore la numérologie (croyance en la signification des nombres). Les jeunes, en particulier, trouvent dans ces pratiques des clés pour explorer et comprendre leur identité dans un univers perçu comme en perpétuelle transformation.

Méfiez-vous des vendeurs de rêves

L’essor de l’ésotérisme s’accompagne toutefois de dérives commerciales inquiétantes. Des “stages de sorcellerie” aux amulettes vendues à prix d’or, il est facile de se perdre dans un labyrinthe de pratiques douteuses et d’arnaques. Sous couvert de quête spirituelle, certains opportunistes exploitent ce besoin de sens, transformant des pratiques autrefois sacrées en un business lucratif. La promesse d’une “reconnection spirituelle” ou d’un “éveil spirituel” devient ainsi un argument de vente pour des services souvent sans fondement et exorbitants. L’Express relève par exemple qu’à “l’École des mystères” où opèrent “les éveilleuses du féminin”, un “cycle complet des quatre portails en présentiel de quatre jours” est proposé à 3500 euros… Sacrées sommes.

Il est donc crucial pour chacun de faire preuve de discernement et de se méfier des promesses de cet univers ésotérique, où la frontière entre authenticité et manipulation est souvent floue. Loin d’être une simple réponse aux maux de notre époque, l’ésotérisme contemporain peut aussi devenir un piège, exploitant les incertitudes de ceux qui cherchent des réponses là où il n’y en a peut-être pas.

« Franc-Maçonnerie Magazine » : Une célébration du savoir à travers 100 numéros

Le numéro 100 de Franc-Maçonnerie Magazine ne se contente pas d’être une simple publication, mais revêt une importance symbolique profonde, marquant un jalon, un cap, un point d’aboutissement tout en étant un nouveau départ. Le chiffre 100 est chargé de sens dans la tradition maçonnique, symbolisant l’accomplissement, la plénitude, et l’achèvement d’un cycle. Ce numéro anniversaire, publié en septembre-octobre 2024, est ainsi bien plus qu’un simple recueil d’articles : il se veut une célébration de la pensée, de l’héritage, et de l’engagement maçonnique, tout en ouvrant des perspectives nouvelles.

La couverture de ce numéro nous invite déjà à une réflexion profonde. Ce n’est pas un hasard si le chiffre 100 est mis en avant de manière si solennelle. Dans la symbolique des nombres, 100 représente l’achèvement d’un parcours de maturation et l’entrée dans une phase supérieure d’existence. Ce numéro se présente donc comme une œuvre complète, mais ouverte, un monument d’idées et de savoirs qui, loin de se clôturer, ouvre des portes vers de nouveaux horizons.

L’éditorial du 100e, signé par Hélène Cuny, directrice de la publication, offre une réflexion empreinte de gratitude et d’introspection sur le parcours de cette revue depuis sa création en 2009. Elle commence par souligner l’importance de ce jalon, évoquant non seulement les cent numéros publiés, mais aussi les dix hors-séries et un film documentaire réalisés. Hélène Cuny rappelle les origines modestes du magazine, initialement nommé Initiations magazine et distribué uniquement par abonnement, mettant ainsi en lumière l’évolution remarquable de la publication.

L’auteure exprime ensuite sa profonde reconnaissance envers les différents acteurs ayant contribué au succès du magazine. Elle remercie chaleureusement les lecteurs pour leur enthousiasme stimulant, les auteurs et contributeurs pour avoir façonné l’identité unique de la revue, les éditeurs et partenaires pour leur confiance, et l’équipe travaillant dans l’ombre, notamment le maquettiste Laurent. Hélène Cuny s’interroge sur les motivations qui ont guidé et continuent d’animer l’équipe du magazine.

Elle met en avant « le goût du savoir, du beau, de la culture, du partage des idées » comme moteurs essentiels, soulignant leur importance particulière dans le contexte actuel où l’acte même de lire devient un défi. Son édito prend ensuite une tournure plus réflexive, abordant les défis contemporains. Hélène Cuny évoque « l’inexorable effritement de notre modèle démocratique et républicain » et s’interroge sur le rôle de la franc-maçonnerie face à ce qu’elle perçoit comme un rétrécissement du « camp des humanistes ». Enfin, l’auteure appelle à l’action, rejetant l’immobilisme et le conformisme qu’elle considère comme des entraves à la raison. Elle prône l’audace et le courage, alliés à des convictions humanistes profondes, comme moyens d’agir dans l’intérêt collectif. Cet exceptionnel éditorial reflète ainsi non seulement la fierté d’un accomplissement, mais aussi une prise de conscience des enjeux sociétaux actuels, positionnant le magazine comme un vecteur de réflexion et d’engagement dans un monde en mutation.

Le sommaire de ce numéro, riche et varié, témoigne de la diversité des réflexions que propose le seul magazine maçonnique vendu en kiosque dès ce mercredi (et aussi par abonnement). Chaque article, chaque chapitre est une pierre dans l’édifice complexe qu’est la franc-maçonnerie moderne, dite spéculative. Dès les premières pages, l’agenda et les brèves nous ancrent dans l’actualité maçonnique, montrant que la tradition est vivante, qu’elle se construit au jour le jour, dans les rituels, les rencontres, les événements qui jalonnent la vie des loges.

Dans « Brèves », l’article, intitulé « Mystères et fraternité : Les Estivales Maçonniques en pays de Luchon » met en lumière un événement singulier dans le paysage maçonnique français. Les Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, dans les Pyrénées, apparaissent comme une véritable célébration estivale où fraternité, partages et mystères s’entrelacent.

Cet événement, qui réunit frères et sœurs de diverses loges et avait pour thématique « Le mythe des origines », est une invitation à réfléchir sur l’essence même de l’art royal. Cela a permis de resserrer les liens fraternels à travers des activités symboliques et des discussions autour de l’histoire et des valeurs maçonniques. Le style clair et descriptif du rédacteur transporte le lecteur dans une ambiance conviviale où la montagne devient le cadre d’une réflexion initiatique profonde. Franc-Maçonnerie magazine, avec 450.fm, était partenaire de cet manifestation.

Les chapitres suivants explorent des thématiques telles que la philosophie, la société, la culture, et la tradition. Le chapitre « Retentissantes initiations » propose une réflexion sur les figures emblématiques qui ont marqué l’histoire de la franc-maçonnerie, telles que Voltaire, Proudhon, Abd el-Kader, et Littré. Ces personnages sont des symboles, des phares qui éclairent le chemin de la quête de sens et de vérité, que poursuit inlassablement la franc-maçonnerie.

L’article « Le tour des Compagnons : Le perspecteur vous tient à l’œil ! De la géométrie projective #2 » par Jean-Michel Mathonière, s’inscrit dans une série de réflexions techniques et érudites. Jean-Michel Mathonière, reconnu pour ses travaux sur la géométrie et la tradition compagnonnique, continue ici son exploration de la géométrie projective en l’appliquant au domaine maçonnique.

Il met en lumière l’importance de la perspective dans les constructions symboliques des compagnons, faisant un parallèle entre la rigueur géométrique et la quête de la perfection initiatique. Cet article est une invitation à plonger dans les subtilités mathématiques qui se cachent derrière les symboles maçonniques, montrant que la science et l’art se rejoignent dans l’acte de construire, à la fois matériellement et spirituellement.

Le chapitre dédié à la société, avec des articles comme « André Honnorat, le grain de nos rêves », nous rappelle que la franc-maçonnerie n’est pas seulement une institution rituelle, mais aussi une force de transformation sociale, un acteur discret mais déterminant dans l’évolution des idées et des valeurs de notre époque.

En philosophie, Henri Pena-Ruiz dans « Sagesses d’hier et de toujours » nous convie à une méditation sur les enseignements intemporels, montrant que la sagesse maçonnique est une réponse aux incertitudes et aux turbulences de notre monde. Ce chapitre éclaire l’esprit, nourrissant une réflexion sur ce qui est essentiel, au-delà des contingences matérielles.

Dans la tradition, l’article « Les péripéties misraïmites d’un savant Maçon » par Pierre Mollier nous plonge dans l’histoire riche et complexe de la franc-maçonnerie égyptienne, une branche ésotérique fascinante qui témoigne de l’universalité et de la profondeur des enseignements maçonniques.

La culture n’est pas en reste, avec des contributions qui explorent les symboles et les mythes, tels que « Les origines de l’épée flamboyante », un article qui illustre comment les objets maçonniques, chargés de symbolisme, participent à la construction de l’identité maçonnique.

Allez, il vous faudra lire le bel article « Le maçon mystère » d’Irène Mainguy ancienne bibliothécaire/documentaliste responsable de la Bibliothèque du Grand Orient de France (GODF) et actuelle présidente de la Société Française d’Études et de Recherche sur l’Écossisme (SFERE) car ne comptez pas sur nous pour vous donner la solution…

Ce numéro 100 se termine, comme il se doit, par des réflexions sur le voyage initiatique, emblème de la quête maçonnique. Que ce soit à travers des explorations historiques, philosophiques, ou culturelles, ce numéro invite le lecteur à poursuivre son propre voyage intérieur, à ne jamais cesser de questionner, de chercher, et d’apprendre.

En définitive, ce centième numéro de Franc-Maçonnerie Magazine est un hommage vibrant à la franc-maçonnerie elle-même, à ses valeurs, à ses mystères, et à sa capacité à traverser les âges en demeurant toujours pertinente, toujours vivante. Il est une célébration de la force de l’esprit humain, capable de se réinventer sans cesse tout en restant fidèle à ses principes fondateurs. Ce numéro n’est pas une fin, mais un nouveau commencement, l’ouverture d’un cycle qui, comme le nombre 100, est à la fois un aboutissement et un point de départ vers des explorations encore plus profondes du mystère maçonnique.