Il est coutume d’affirmer qu’un journal qui parle des trains qui arrivent à l’heure fait moins d’audience que lorsqu’il relate l’histoire des trains qui déraillent. Aujourd’hui, nous allons justement prendre « le risque » de vous présenter un Frère, membre de la Grande Loge Nationale Française, qui mérite le respect de chacun. Il ne se contente pas de palabrer sur les changements de la société, ne prend pas le porte-voix pour prodiguer ses conseils éclairés. Non, lui il agit et comme vous allez le constater, nous pouvons tous prendre des leçons.
Il y a deux ans, Paul Amas s’attaquait au conflit en Ukraine.
Un chirurgien-dentiste marseillais a eu la folle idée de transformer un conteneur maritime en unité de soins d’urgence pour venir en aide à la population ukrainienne, sur place.
Parois blanches et grande croix rouge peinte par-dessus, le conteneur maritime est prêt. Inauguré aujourd’hui à Berre l’Etang, il a été totalement transformé pour une mission spéciale. Aujourd’hui, Paul Amas va prendre la route, direction l’Ukraine, pour offrir ce conteneur maritime devenu une unité de soins d’urgence.
Ce chirurgien-dentiste marseillais est à l’origine de ce projet solidaire. « Dans mon sang, coule l’eau du Vieux-Port », évoque-t-il fièrement, pour démontrer que la cité phocéenne sait apporter son soutien. « Une seule règle, n’en suivre aucune, et envoyer notre cœur au visage des gens », poursuit-il. Ce n’est pas la première fois que Paul Amas détourne un objet pour une utilisation médicale. Lors du premier confinement, il avait réussi à faire évoluer un masque de plongée pour prodiguer des soins en toute sécurité.
Un projet pour répondre aux demandes de médecins ukrainiens (Suite de l’article)
Guerre en Ukraine : un dentiste organise le secours de réfugiés et leur logement à Marseille.
A Marseille, un chirurgien-dentiste organise un trajet humanitaire en bus pour secourir des Ukrainiens fuyant la guerre. Grâce à la mobilisation de la Ville de Marseille et des citoyens, des cartons de matériel médical vont être acheminés et ces Ukrainiens seront logés à leur arrivée.
« Un homme est en train de déplacer des montagnes à Marseille ». Sur les réseaux sociaux, les vidéos de Paul Amas font des milliers de vues et fédèrent de nombreux internautes. Ce chirurgien-dentiste organise un aller-retour en bus jusqu’à la Pologne pour porter secours aux réfugiés ukrainiens fuyant la guerre.
Depuis vendredi, le praticien appelle à la générosité des Marseillais pour organiser le voyage.
5.000 kilomètres en quatre jours
Le bus part direction Wroclaw, en Pologne, avec un chauffeur professionnel et une interprète. Un stop obligatoire de 9 heures est prévu à l’allée et au retour à Strasbourg. Une salle communale sera mise à disposition pour « se reposer, manger ».
Ainsi, de nombreux maçons parlent de tailler leur pierre brute. Certains trouvent dans cette déclaration un concept opératif ou philosophique. D’autres y voient une action spéculative permanente. C’est sans aucun doute l’état d’esprit de notre Frère Paul Amas qui agit comme chacun de nous devrait le faire. Bravo !
Ce numéro spécial intitulé « Ce que la République doit aux Francs-maçons », publié par la revue Humanisme, explore la relation historique et philosophique entre la franc-maçonnerie et la République française.
Divisé en plusieurs parties thématiques, cet ouvrage met en lumière l’apport des francs-maçons aux idéaux et aux institutions républicaines, tout en soulignant leur rôle fondamental dans la défense des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité. À travers différentes contributions, il retrace l’histoire de cette relation tout en insistant sur la nécessité pour les Francs-maçons de poursuivre leur engagement face aux défis contemporains.
L’édito
Dans son éditorial, Guillaume Trichard, Grand Maître du Grand Orient de France, rappelle que la franc-maçonnerie a toujours été une ardente protectrice des idéaux républicains. Il met l’accent sur la quête de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité comme des fondements qui lient étroitement la franc-maçonnerie à la République. Pour Guillaume Trichard, dans un contexte politique marqué par la montée des extrémismes et des divisions, il est crucial que les Francs-maçons continuent de défendre l’universalisme, la laïcité et la justice sociale.
L’éditorialiste souligne également que l’engagement maçonnique en faveur de la République ne doit pas faiblir. Face aux menaces contemporaines, la franc-maçonnerie doit rappeler sa vocation d’amélioration morale et intellectuelle de l’humanité et son attachement à la démocratie. L’éditorial appelle à une résistance active contre les forces de régression, prônant une République éclairée par la raison, la science et la remise en question permanente.
La préface
Dans la préface, Jean-Michel Reynaud décrit les francs-maçons comme des acteurs infatigables de la République. Il rappelle que la défense des valeurs républicaines a été au cœur de leur engagement depuis les Lumières. L’histoire de la franc-maçonnerie est ainsi intimement liée à celle de la République, les deux institutions partageant des principes communs de liberté, d’égalité et de fraternité.
Jean-Michel Reynaud va plus loin en affirmant que le combat pour la République est un processus sans fin, un engagement qui nécessite une vigilance constante face aux menaces récurrentes. Il souligne également l’importance pour les francs-maçons de réfléchir en permanence à l’évolution des valeurs républicaines et de s’adapter aux nouveaux défis. Cette préface met en lumière l’idée que la franc-maçonnerie, tout en étant une institution ancienne, reste un acteur central et actuel de la défense des valeurs démocratiques.
Les valeurs de la République et le rôle de la franc-maçonnerie
La première partie de l’ouvrage explore les valeurs communes à la République et à la franc-maçonnerie. Laurent Kupferman revient sur les principes fondamentaux de la République, tandis que Jean-Francis Dauriac traite des dangers posés par l’extrême droite et interroge la nature de la République que les Francs-maçons doivent défendre aujourd’hui. Dauriac appelle à une vigilance accrue face aux forces populistes et autoritaires.
Charles Coutel, quant à lui, retrace l’influence des Lumières et de la franc-maçonnerie sur l’Europe. Il montre comment les idées maçonniques ont façonné le projet démocratique européen et souligne l’importance de la franc-maçonnerie comme acteur transnational dans la promotion des valeurs républicaines.
Le Combat du Grand Orient pour la République
Dans la deuxième partie, l’engagement continu du Grand Orient de France en faveur de la République est mis en avant. Jean-Michel Reynaud analyse les relations de pouvoir et d’influence de la franc-maçonnerie au XXIe siècle, insistant sur les responsabilités éthiques de l’Ordre maçonnique. Alain Simon, de son côté, explique comment l’engagement maçonnique est indissociable du combat républicain, illustrant les nombreux combats que la franc-maçonnerie a menés pour défendre la démocratie et la laïcité.
Alain Raymond explore la laïcité comme un des fondements essentiels de la République. Pour lui, la laïcité ne se résume pas à une simple séparation entre l’Église et l’État, mais constitue une expression de l’égalité et de la liberté de chaque citoyen, et donc une condition indispensable pour une société juste.
Franc-maçonnerie et Révolution française
La troisième partie revient sur les liens historiques entre la franc-maçonnerie et la Révolution française. Pierre Mollier et Cécile Révauger s’attardent sur le rôle joué par les Francs-maçons dans la Révolution américaine puis française, montrant comment ces derniers ont activement contribué à la diffusion des idées révolutionnaires.
Philippe Foussier, quant à lui, examine la manière dont les loges maçonniques continuent aujourd’hui à honorer l’héritage de la Révolution. Son essai met en lumière la pérennité des idéaux révolutionnaires au sein de la franc-maçonnerie moderne, qui continue de promouvoir les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.
La quatrième partie souligne la continuité de l’engagement républicain des francs-maçons face aux défis actuels. Sylvain Delfosse explore le « nouvel ordre mondial » et ses risques pour la République, appelant à la vigilance face aux menaces globales qui pourraient affaiblir ses valeurs fondamentales. Ina Piperaki retrace l’héritage démocratique de la Méditerranée, d’Athènes à aujourd’hui, montrant comment la franc-maçonnerie continue de promouvoir les idéaux républicains dans un contexte méditerranéen en mutation.
La revue montre de manière convaincante que les principes philosophiques et moraux de la franc-maçonnerie ont toujours été intimement liés à ceux de la République française. La quête de l’émancipation humaine, de la justice sociale et de la vérité, caractéristiques de la franc-maçonnerie, ont contribué à façonner et à renforcer les institutions républicaines. Les Francs-maçons ne sont pas seulement des témoins passifs de l’évolution de la République, mais des acteurs déterminants, dont le rôle est à la fois critique et constructif.
La revue constitue un florilège d’articles qui s’entrecroisent et se complètent, offrant une mosaïque riche et diversifiée de réflexions autour des thématiques républicaines et maçonniques. Démontrant aussi que l’engagement maçonnique en faveur de la République est loin d’être figé dans le passé. Aujourd’hui encore, les francs-maçons continuent de défendre les idéaux républicains face aux menaces actuelles, qu’il s’agisse de l’extrémisme politique, de l’obscurantisme religieux ou des attaques contre la laïcité. L’ouvrage souligne l’importance de maintenir une réflexion constante et de remettre en question les certitudes pour adapter les principes républicains aux évolutions de la société.
« Ce que la République doit aux Francs-maçons » constitue à la fois une réflexion historique et un appel à l’action. Les contributions réunies dans ce numéro spécial démontrent que la République doit beaucoup à la franc-maçonnerie, non seulement pour son soutien historique, mais également pour son engagement constant dans la défense des valeurs républicaines.
Ce numéro se veut une invitation à revisiter l’histoire commune des francs-maçons et de la République, tout en affirmant l’importance de leur contribution actuelle. Face aux défis contemporains, il appelle les francs-maçons à poursuivre leur combat pour une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.
Humanisme – L’empreinte des francs-maçons
Ce que la République doit aux francs-maçons
Revue des francs-maçons du Grand Orient de France
Conform édition, Hors-série, septembre 2024, 128 pages, 17 €
Malheureusement, de nombreuses organisations et groupes de service de longue date de Newberry se sont dissous ces dernières années. La tendance se poursuit : après 117 ans, le chapitre 364 de Luce, Order of Eastern Star, a été confronté au même manque de membres et de participation. Ils ont rendu leur charte le 17 juin 2024.
« Nous avions de moins en moins de membres participants »
a déclaré Jan Bonifield, trésorière du chapitre et ancienne directrice de l’association.
« Nous avons réfléchi à la question pendant deux ans pour déterminer quelles étaient nos options pour continuer. »
Le chapitre avait demandé l’aide d’un consultant de chapitre, mais a finalement pris la décision difficile de se dissoudre.
Certains officiers devaient se déplacer depuis les villes voisines et il était difficile d’atteindre le quorum pour les réunions.
« Nous avions deux officiers de Munising et deux de Manistique qui venaient, et nous devions avoir au moins sept officiers »
a déclaré Bonifield.
Le chapitre Luce de l’Ordre de l’Étoile de l’Est se réunissait mensuellement dans la Loge maçonnique de Newberry Avenue.
L’Ordre de l’Étoile de l’Est est un organisme paramaçonnique international qui accepte des hommes et des femmes comme membres. Ces membres mettent l’accent sur l’entraide, l’aide aux personnes dans le besoin et le service à leurs communautés. L’Ordre cherche à apporter des changements positifs dans le monde par le biais d’efforts caritatifs, d’amitiés durables et de gentillesse envers tous.
Les membres doivent avoir 18 ans ou plus. Les membres masculins doivent être des maîtres maçons, tandis que les membres féminins doivent avoir une relation spécifique avec un maçon comme une épouse, une fille, une sœur, une mère, etc.
L’ordre a été fondé par le franc-maçon Dr Rob Morris dans les années 1850 (voir historique ci-dessous), qui s’est donné pour mission de partager les principes de la franc-maçonnerie avec les femmes. Lui et sa femme, Charlotte, ont développé les croyances et les concepts qui ont servi de base à la fondation de l’Ordre.
L’Ordre compte plus de 500 000 membres et plus de 7 500 chapitres. D’octobre 2022 à octobre 2023, l’Ordre de l’Étoile de l’Est du Michigan a versé 57 600 $ au Fonds de bienfaisance, 66 800 $ en bourses d’études et 13 000 $ aux programmes de chiens d’assistance.
La première réunion du chapitre 364 de Luce a eu lieu le 4 octobre 1906. Étant donné que le chapitre n’avait pas été formé et n’avait pas fonctionné sous dispense pendant 60 jours avant la session du grand chapitre de cette année-là, il a été décidé que la charte ne pourrait pas être accordée avant l’année suivante. Leur charte a été officiellement accordée le 10 octobre 1907.
Logo de l’Ordre de l’Étoile Orientale
Il y avait 28 membres fondateurs.
Au fil des années, le chapitre Luce a été bien représenté au niveau du district et de l’État. Parmi les membres occupant ces fonctions, on compte Emma Sherman Cox, Merle Bystrom, Virginia Story, Rena Perry, Phyllis Carpenter, Frances Carlson, Winnie Richmond, Ruth Ike, Nancy Quick et Rachel McCutcheon.
Le chapitre de Luce a contribué à deux sacs à dos pour le projet Backpack pendant environ 25 ans, a aidé au refuge pour animaux du comté de Luce et au centre de ressources Diane Peppler et a contribué à de nombreux projets locaux. Parmi les autres contributions au fil des ans, citons la Marche des dix sous, les campagnes de la Croix-Rouge, le camp de santé de Bay Cliff, Box Tops for Education, la nourriture pour les refuges locaux et les nounours pour le corps ambulancier local.
Les membres de l’ancien chapitre Luce transféreront leur adhésion à d’autres chapitres de l’UP
Gros plan sur l’Ordre de l’étoile orientale
Une Loge Eastern Star (temple maçonnique de Spokane dans l’État de Washington aux États-Unis).
L’Ordre de l’étoile orientale (Order of the Eastern Star) est un organisme paramaçonnique philanthrophique et patriotique féminin, créé en 1850 à Boston par un franc-maçon américain dénommé Robert Morris. Cet ordre s’appuie essentiellement sur la Bible quoiqu’il soit accessible à tous les monothéismes. Il compterait environ 10 000 chapitres (similaires à des loges maçonniques) pour environ un million de membres affiliés au Grand Chapitre général. Il est ouvert aux hommes en leur qualité de maître et aux femmes âgées de dix-huit ans révolus ayant des relations spécifiques avec un membre de la franc-maçonnerie pour être son épouse, sa veuve, sa fille, sa sœur, sa mère, etc. Il demande notamment à ses membres la croyance en Dieu.
En 1874, William Myers, grand-maître de juridiction Prince Hall du district de Columbia met en œuvre un organisme maçonnique similaire qui prend le nom d’Ordre de l’étoile oriente Prince Hall. Sa vocation est identique, mais la prédominance de ses affiliations est Afro-américaine.
Ordre de l’étoile orientale Prince Hall
L’idée de créer un Ordre de l’étoile de l’orientale pour les femmes noires est proposée par William Myers, grand maître de la juridiction de Prince Hall du district de Columbia. Avec Georgiana Thomas, il entreprend de faire approuver le rituel et l’organisation par le congrés de la Grande Loge. Le premier chapitre de l’Ordre de l’étoile orientale Prince Hall est ouvert le 1er décembre 1874. Avec l’extension de l’organisation une Conférence des Grands Chapitres à lieu en 1907. Le nom est modifié en Conférence inter-États des grands chapitres en 1910 et Conférence internationale des grands chapitres en 1924. Ces premières organisations sont démantelées par la conférence des grands maîtres de Prince Hall en 1976 et deviennent la Conférence des grands chapitres Prince Hall, Ordre de l’étoile orientale. Contrairement à l’Ordre traditionnel de l’étoile orientale, celle de Prince Hall n’a pas d’organisation centralisée.
L’Ordre de l’étoile orientale est souverain et indépendant, organisé par sa charte de 1876.
Emblème et héroïnes
Face avant du Temple suprême de l’Ordre international de l’Arc-en-ciel pour les filles à McAlester, Oklahoma.
L’emblème de l’ordre est l’étoile à cinq branches, représentant l’étoile de Bethléem. Dans un chapitre, la branche du bas est dirigée vers l’ouest. Les cinq branches symbolisent cinq figures bibliques qui inspirent la philosophie de l’ordre :
Adah (la fille) ; Ruth (la veuve) ; Esther (la femme) ; Marthe (la sœur) ; Electa (la mère). L’ordre est basé sur un rituel et un travail essentiellement spirituel se portant sur les valeurs morales de la société judéo-chrétienne dans ces cinq figures seraient la représentation des qualités morales attribuées aux femmes.
Structures de l’ordre
Le Temple International , également connu sous le nom de Perry Belmont Mansion, situé au 1618 New Hampshire Avenue , NW, dans le quartier de Dupont Circle à Washington, DC
Sa structure s’article sur le Grand Chapitre général, présent à Washington, qui dirige l’ensemble. Il est subordonné territorialement par les grandes juridictions qui administrent les chapitres.
On compte 46 grandes juridictions pour l’ensemble des États-Unis américain et huit pour les provinces du Canada.
L’Ordre de l’étoile orientale est également présent au-delà de l’Amérique du Nord et on trouve une grande juridiction dans chacun des pays suivants : Allemagne, Arabie saoudite, Aruba, Bermudes, Brésil, Colombie, Guam, Italie, Japon, Mexique, Panama, Pérou, Philippines, République de Chine (Taïwan) et Venezuela.
Officiers
Eureka Masonic College, le bâtiment où est né l’Ordre de l’Étoile de l’Est, dans le comté de Holmes, Mississippi.
Il y a dix-huit officiers dans un chapitre.
Digne matrone : office réservé à une femme, présidente de l’ordre. Digne protecteur : office réservé à un maître maçon qui supervise l’ordre. Matrone associée : elle assume les fonctions de la digne matrone en cas de vacances celle-ci. Protecteur associé : il assume les fonctions du digne patron en cas de vacances de celui-ci. Secrétaire Trésorier Conductrice : maîtresse des cérémonies Conductrice associée : elle assiste la conductrice dans les initiations et pour les votes. Aumônier : conduit le chapitre dans la prière. Maréchal Organiste Adah Ruth Esther Marthe Electa Couvreur : s’assure à l’intérieur du chapitre de la qualité de ceux et de celles qui y rentrent. Sentinel : s’assure à l’extérieur du chapitre de la qualité de ceux et de celles qui souhaitent y rentrer. Selon l’usage, les officiers « associés » sont élus au poste correspondant l’année suivante. Les offices de digne matrone, digne matrone associée, de conductrice, de conductrice associée et ceux représentant une branche de l’étoile (Adah, Ruth, etc.) sont exclusivement féminins. Les offices de digne protecteur et de protecteur associé sont exclusivement masculins. Le reste des offices sont mixtes.
Dans le cadre solennel de l’Assemblée nationale, au cœur de la cour d’honneur du Palais Bourbon, dix femmes dorées se tiennent majestueusement, figées dans une résine qui capte l’éclat du soleil et la grandeur de leurs actions. Ces statues ne sont pas de simples représentations artistiques : elles incarnent une mémoire vivante, celle d’une lutte intemporelle pour l’égalité et les droits des femmes. Révélées au monde lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, leur apparition sur la Seine fut bien plus qu’un spectacle – elle symbolisait la montée des voix féminines, longtemps tues dans l’ombre de l’histoire.
« Femmes en Or », bien plus que de simples figures historiques…
Ces femmes, immortalisées dans une résine polie, sont plus que de simples figures historiques. Elles sont les porteuses d’une mémoire collective, sculptées dans l’éclat de leur bravoure. Simone de Beauvoir, Louise Michel, Gisèle Halimi, et bien d’autres, surgissent du passé comme des héroïnes intemporelles, rappelant à chaque génération leur lutte inlassable pour la liberté, les droits et la dignité.
Leur ascension, émergeant de la Seine lors des JO Paris 2024, était bien plus qu’une mise en scène. C’était une résurrection symbolique, un hommage triomphal aux voix des femmes souvent tues ou marginalisées dans les récits de l’histoire. Aujourd’hui, exposées dans la cour d’honneur du Palais Bourbon, elles se dressent sous la lumière du jour, ouvertes à la contemplation de tous. Elles sont des sentinelles silencieuses, observant avec sérénité les regards des visiteurs.
De gauche à droite : Gisèle Halimi, Simone Veil
Cette exposition est un acte de réparation, un geste artistique et politique, dans un espace où les figures masculines ont longtemps dominé. L’installation des « Femmes en or » interroge et bouscule l’héritage figé d’un monde où seulement 14 % des statues publiques parisiennes honorent des femmes. Elles incarnent une vision de justice et de reconnaissance. Mais au-delà des chiffres, ces sculptures nous racontent une autre histoire, celle de la ténacité, de l’intelligence et de la créativité féminine.
Quelques figures emblématiques
Ces femmes, parmi lesquelles se trouvent des figures emblématiques telles que Simone de Beauvoir, Louise Michel, Gisèle Halimi, Olympe de Gouges, et Alice Milliat, traversent le temps et les siècles. Elles sont les héroïnes d’un combat sans relâche, des témoins immortels de la résilience féminine. Sculptées dans l’éclat de leur bravoure, elles évoquent non seulement le passé, mais aussi un avenir où la liberté et la dignité sont des droits universels. Leur ascension lors des JO, jaillissant des eaux de la Seine, fut une résurrection symbolique, une affirmation triomphale du féminisme dans l’espace public.
Le palais Bourbon, d’habitude si masculin…
Exposées à l’Assemblée nationale, ces sculptures dorées se dressent telles des sentinelles silencieuses, veillant sur les générations futures. Leur présence marque un tournant, car elles occupent un espace où les figures masculines ont longtemps régné en maître. Ce geste artistique et politique met en lumière un paradoxe douloureux : alors que Paris est une ville profondément marquée par son histoire, seulement 14 % des statues publiques y honorent des femmes. Cette exposition interroge donc l’héritage patriarcal figé dans la pierre et le bronze, en cherchant à rééquilibrer les symboles de la cité.
Les portraits de chacune des « Dix Femmes en Or »
Christine de Pizan
Christine de Pizan (1364-1431)
Christine de Pizan fut l’une des premières femmes de lettres de l’histoire à vivre de sa plume. Poétesse et philosophe, elle s’illustra par ses écrits en faveur de l’éducation des femmes et du respect de leurs droits, notamment avec La Cité des dames (1405). Visionnaire pour son époque, elle marqua l’histoire en posant les premières pierres d’une pensée féministe bien avant l’émergence de ce mouvement. Sa présence parmi les « Femmes en Or » est un hommage à son engagement pour la reconnaissance de la place des femmes dans la société.
Jeanne Barret
Jeanne Barret (1740-1807)
Exploratrice et botaniste, Jeanne Barret entra dans l’histoire comme la première femme à faire le tour du monde. Se travestissant en homme pour embarquer à bord de l’expédition de Bougainville en 1766, elle participa à la collecte de milliers de spécimens botaniques. Son audace et son amour de la science, à une époque où l’exploration était l’apanage des hommes, en font une pionnière de la liberté et de la découverte.
Olympe de Gouges (1748-1793)
Féministe avant l’heure, dramaturge et femme politique, Olympe de Gouges est surtout connue pour sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791), où elle réclamait l’égalité entre hommes et femmes dans la société et devant la loi. Figure révolutionnaire, elle fut guillotinée pour ses idées subversives en 1793. Son œuvre et son courage continuent d’inspirer les mouvements féministes modernes.
Louise Michel (1830-1905)
Révolutionnaire, féministe et anarchiste, Louise Michel est une figure emblématique de la Commune de Paris de 1871. Institutrice engagée, elle lutta toute sa vie pour les droits des opprimés et les idéaux d’égalité sociale. Déportée en Nouvelle-Calédonie après la Commune, elle y poursuivit son combat pour l’instruction des plus pauvres et la justice. Louise Michel symbolise l’engagement total et le courage face à l’injustice.
Louise Michel et la franc-maçonnerie
Notre sœur militante anarchiste Louise Michel, la « Vierge rouge » a finalement rejoint la franc-maçonnerie dans les dernières années de sa vie, bien que cela ne corresponde pas totalement à son parcours initial.
Lors de ses funérailles, plusieurs orateurs ont pris la parole, parmi lesquels le vénérable de la loge « Fraternité Universelle », qui appartenait à la « Grande Loge Symbolique Écossaise, mixte et maintenue ». Malgré la présence d’insignes maçonniques sur son cercueil, les organisateurs des obsèques rappelèrent que Louise Michel n’avait appartenu à aucune association maçonnique pendant la majeure partie de sa vie.
Palais Bourbon, cour d’honneur
C’est en fait en 1904, peu avant sa mort, que Louise Michel fit son entrée dans la franc-maçonnerie. Le 20 juillet 1904, sur proposition de Madeleine Pelletier, elle fut invitée à la loge « Fraternité Universelle » pour une conférence de réception. Les membres de la loge, honorés par sa présence, lui proposèrent de devenir membre, ce qu’elle accepta. Son initiation officielle eut lieu quelques semaines plus tard, le 13 septembre 1904, à la loge « La Philosophie sociale », qui admettait les femmes, une particularité importante à une époque où de nombreuses obédiences maçonniques étaient exclusivement masculines.
Louise Michel fut initiée en même temps que Charlotte Vauvelle, sa compagne depuis 1895, et Henri Jacob. Le lendemain, le 14 septembre 1904, elle prononça une conférence devant la loge « Diderot » sur le thème « La femme et la franc-maçonnerie ». C’est là qu’elle déclara qu’elle aurait été membre bien plus tôt si elle avait su que des loges mixtes existaient, pensant jusqu’alors que la franc-maçonnerie était réservée aux hommes. Elle exprima également des idées sur le pouvoir et la société, affirmant que « le pouvoir abêtit les hommes » et qu’il fallait l’éliminer pour créer une société égalitaire et fraternelle, en adéquation avec les idéaux maçonniques.
Louise Michel associa donc sa vision anarchiste et ses aspirations sociales aux principes maçonniques d’égalité, de fraternité et de liberté. Bien que son parcours en franc-maçonnerie fût bref, elle laissa une empreinte marquante en y exprimant sa vision d’une société sans hiérarchie ni oppression, fidèle à son engagement révolutionnaire.
Ainsi, si Louise Michel n’était pas maçonne durant la majeure partie de sa vie, elle trouva dans la franc-maçonnerie un écho à ses luttes, dans les derniers mois de son existence, en prônant une société plus libre et égalitaire.
Alice Guy (1873-1968)
Alice Guy
Pionnière du cinéma, Alice Guy est la première femme réalisatrice et productrice. Elle réalisa plus de 300 films entre 1896 et 1920, marquant l’histoire du cinéma en abordant des thèmes variés, parfois novateurs pour son temps. Elle a contribué de manière décisive à l’émergence du septième art, et son héritage reste aujourd’hui souvent méconnu. Alice Guy est l’incarnation de la créativité et de l’audace dans un domaine qui n’était pas encore ouvert aux femmes.
Alice Milliat (1884-1957)
Alice Milliat
Alice Milliat est une figure clé du sport féminin. Athlète et organisatrice, elle créa en 1922 les Jeux mondiaux féminins, offrant aux femmes une place dans le monde sportif, alors très largement dominé par les hommes. Sans parler, entre autres, de la misogynie de Pierre de Coubertin… Grâce à ses multiples efforts, les femmes furent progressivement admises aux Jeux olympiques, faisant d’elle une pionnière de l’égalité dans le sport.
Paulette Nardal (1896-1985)
Paulette Nardal
Intellectuelle, journaliste et militante anticolonialiste, Paulette Nardal est l’une des premières femmes à avoir promu l’internationalisme noir.
Née en Martinique, elle joua un rôle central dans le développement de la Négritude, mouvement littéraire et politique visant à valoriser l’identité noire. Son salon littéraire, tenu avec ses deux sœurs dans son appartement du 7 rue Hébert à Clamart (Hauts-de-Seine), fut un lieu de rencontre pour des intellectuels de toutes origines. Elle traite de l’émancipation des femmes tout en jetant les bases de la théorie de la Négritude et symbolise la lutte pour la reconnaissance des identités marginalisées.
Simone de Beauvoir (1908-1986)
Simone de Beauvoir
Philosophe et écrivaine, Simone de Beauvoir est l’auteure de Le Deuxième Sexe (1949), ouvrage fondateur du féminisme moderne. Dans ses écrits, elle explore la condition féminine et remet en question les rôles sociaux imposés aux femmes. Compagne de Jean-Paul Sartre, elle a laissé un héritage philosophique et littéraire immense, défendant l’idée que « l’on ne naît pas femme, on le devient ».
Simone Veil (1927-2017)
Survivante de la Shoah, magistrate et femme politique, Simone Veil a marqué l’histoire française en faisant adopter la loi de 1975 qui légalise l’avortement. Première présidente du Parlement européen, elle incarne le courage et la résilience. Toute sa vie, elle a lutté pour les droits des femmes, la justice et la paix en Europe. Simone Veil reste une figure respectée et admirée, symbolisant la lutte pour la dignité humaine.
Gisèle Halimi (1927-2020)
Avocate, militante féministe et ancienne députée, Gisèle Halimi fut une figure centrale dans la bataille pour la légalisation de l’avortement en France. En co-fondant le mouvement « Choisir » en 1971, elle s’engagea pour la défense des droits des femmes à disposer de leur corps. Son plaidoyer lors du procès de Bobigny en 1972 est resté dans les annales comme un tournant décisif pour les droits des femmes. Elle incarne la lutte pour l’égalité et la justice sociale.
Ces dix femmes, chacune pionnière dans son domaine, sont célébrées pour leur audace, leur intelligence et leur détermination. Elles incarnent, à travers cette exposition, l’héritage d’une lutte pour la reconnaissance des femmes dans l’histoire et dans la société, illuminant le chemin vers un avenir où l’égalité n’est plus un rêve, mais une réalité partagée.
L’hommage de la Grande Loge Féminine de France L’hommage rendu à Gisèle Halimi en 2020 par la Grande Loge Féminine de France (GLFF) met en lumière son engagement indéfectible pour les droits des femmes et sa carrière d’avocate. Elle est décrite comme une femme libre, déterminée et une grande voix du féminisme. La GLFF rappelle ses messages clés aux femmes : l’importance de l’indépendance économique, le refus de toute atteinte à la dignité, et la nécessité de ne jamais se résigner face aux injustices. Gisèle Halimi a consacré sa vie à lutter contre les tabous entravant l’égalité des sexes, notamment à travers ses plaidoyers en faveur du droit à l’avortement, ce qui a contribué à l’adoption de la loi Veil. Elle est aussi célèbre pour avoir signé le « Manifeste des 343 » et fondé l’association « Choisir la cause des femmes ». Son engagement s’étendait au-delà du féminisme, incluant la lutte contre la torture et les oppressions coloniales. La GLFF souligne l’importance de faire connaître ses textes et plaidoiries aux jeunes générations, car les acquis ne sont jamais définitifs.
Olympe de Gouges
Certains critiquent… Le français, cet éternel râleur ?
Malgré l’impact indéniable de cette installation, tout n’a pas été sans controverse. Certains critiquent la matérialité des œuvres, initialement conçues pour être éphémères, ou l’absence de figures essentielles comme Marie Curie, scientifique doublement récompensée par le Prix Nobel. D’autres déplorent l’emplacement temporaire choisi, loin d’un hommage durable dans l’espace urbain. Mais ces voix discordantes ne parviennent pas à ternir l’essence de cette initiative : pour la première fois, ces femmes trouvent une place légitime dans le paysage public.
Cour d’honneur
Leur destin ne s’arrête pas là. Bientôt, ces héroïnes dorées quitteront la solennité du Palais Bourbon pour rejoindre les pavés de Paris. Que ce soit à travers une dispersion dans différents quartiers ou une installation durable dans des lieux symboliques, la République française réécrit l’espace urbain avec justice, permettant à ces femmes de briller là où elles ont longtemps été invisibles.
Dans ce geste artistique et politique, c’est un récit nouveau qui s’écrit. Celui où les femmes, jadis reléguées en arrière-plan, reprennent la place qui leur revient de droit. Ce ne sont pas que des statues : ce sont des fragments d’une mémoire vivante, un hommage à celles qui ont forgé la France d’hier et qui façonnent celle de demain. Sous la lumière dorée du jour, elles attendent patiemment leur prochaine mission, rappelant que l’or de l’histoire appartient tout autant aux femmes qu’aux hommes.
Ces « Femmes en or » – sauf erreur ou omission de notre part, nous ne voyons pas de femme handicapée (même si 80 % des handicaps sont invisibles) – symbolisent bien plus que des figures isolées du passé. Elles représentent l’esprit indomptable de celles qui ont refusé les limites de leur époque et ont œuvré pour un monde plus juste. Leurs combats, qu’ils aient porté sur les droits civiques, la liberté de pensée, la création artistique ou la science, résonnent aujourd’hui avec une intensité particulière. Ces statues dorées ne sont pas simplement des hommages, elles sont des phares qui éclairent le chemin vers un futur d’égalité, d’émancipation et de respect pour toutes les femmes, et, au-delà, pour tous les humains.
Francis Ford Coppola, un nom légendaire du cinéma, s’aventure dans les arcanes du mythe et de la science-fiction avec son film Megalopolis projet tant rêvé qu’il chérissait depuis les années 1980.
Ce film épique, empreint d’une ambition quasi démesurée, symbolise bien plus qu’un simple divertissement visuel ; il cristallise l’ultime œuvre d’un créateur qui, à 83 ans, semble vouloir transcender l’art cinématographique pour le transformer en un dialogue philosophique profond.
Francis Ford Coppola, Cannes 2001 Photo Call – Wikimedia Commons
Avec une distribution prestigieuse, un investissement personnel colossal, et une allégorie puissante à la fois de la cité et de la civilisation humaine, Megalopolis cherche à faire le lien entre la vision utopique de la reconstruction et le chaos inhérent à la nature humaine et au pouvoir.
Derrière le cadre de science-fiction, le synopsis, simple à première vue, cache une profondeur intellectuelle marquante : dans la cité de New Rome, une métaphore transparente de New York, deux figures s’opposent pour façonner l’avenir de la ville. Franklyn Cicero, le maire corrompu, et Cesar, l’architecte visionnaire, incarnent deux forces antagonistes, représentant respectivement un passé figé et un avenir idéalisé. Julia, la fille du maire, déchirée entre ces deux visions du monde, devient l’allégorie même de l’humanité, en quête de sens dans une société en ruines après une catastrophe.
Aubrey Plaza, cannes 2024
L’architecture, omniprésente, n’est pas simplement décor, mais la métaphore centrale du film, ce qui le place directement dans une réflexion maçonnique. Comme dans la tradition maçonnique, qui valorise l’art de la construction — tant symbolique que littérale — le personnage de Cesar porte en lui l’idée du bâtisseur universel, celui qui imagine une société meilleure en érigeant des structures, à la fois physiques et idéologiques. Ce n’est donc pas par hasard que Francis Ford Coppola a choisi d’inclure tant de références historiques et philosophiques dans son œuvre. Le nom même de Cesar Catilina renvoie à l’histoire romaine, et à travers la chute de la République romaine, Francis Ford Coppola nous invite à voir un miroir de l’état du monde contemporain, où les ambitions individuelles s’entrechoquent violemment avec les besoins collectifs.
L’influence de l’architecture dans Megalopolis pousse le spectateur à une réflexion plus large sur le rôle des bâtisseurs dans la société. Cesar, à l’image des grands architectes de la modernité, est un visionnaire qui aspire à une utopie. Il devient l’incarnation du franc-maçon idéal, celui qui rêve d’unir les hommes dans une cité harmonieuse, tout comme les loges maçonniques cherchaient à transcender les divisions sociales et politiques pour une fraternité universelle. Mais ce rêve se heurte aux forces de la corruption et du pouvoir, incarnées par Franklyn Cicero, lui-même figure tragique, prisonnier de ses propres contradictions et incapable de concevoir un monde au-delà de ses privilèges.
Sénat romain
La symbolique de la dualité, essentielle dans l’œuvre de Coppola, est ici magnifiée à travers cette opposition. Franklyn Cicero et Cesar représentent les deux colonnes du temple maçonnique, celle de la force et celle de la sagesse. Mais au lieu de s’équilibrer, elles s’affrontent, illustrant le drame inhérent à toute tentative de refondation utopique : le poids du passé et les entraves du pouvoir ne cessent d’étouffer les aspirations les plus nobles. Francis Ford Coppola se penche ainsi sur une réflexion presque spinoziste du pouvoir, où le désir humain, loin d’être purement créatif, est toujours corrompu par ses pulsions destructrices.
La trame narrative de Megalopolis explore également un thème central de la franc-maçonnerie : la quête de la lumière, c’est-à-dire la recherche de la connaissance et de l’élévation spirituelle. Julia, partagée entre les deux hommes de sa vie, symbolise cette quête. Sa position est celle du disciple en pleine initiation, cherchant à comprendre où réside la vérité. Si son père représente le monde des ténèbres, corrompu et rétrograde, Cesar est celui qui incarne la lumière, la promesse d’un renouveau. Mais Francis Ford Coppola ne fait pas de cette quête une simple opposition manichéenne. Comme dans tout processus initiatique, la lumière ne peut être atteinte sans un passage par les ténèbres, sans une confrontation aux forces destructrices qui hantent l’humanité. L’échec de Cesar à convaincre l’ensemble de la ville de se rallier à son projet utopique montre que la quête maçonnique est longue et difficile, semée d’embûches.
Trilith Soundstages
Le personnage de Wow Platinum, animatrice de télévision interprétée par Aubrey Plaza, est une figure tout aussi intéressante, car elle incarne la modernité et la superficialité de notre ère médiatique. En la contrastant avec les architectes du futur, Francis Ford Coppola semble dénoncer la vacuité des discours de masse, l’instrumentalisation de la culture populaire au détriment de la véritable réflexion intellectuelle. Wow Platinum représente cet écran qui sépare l’homme de la connaissance, un voile d’illusion que seul l’initié, dans son parcours vers la lumière, parviendra à lever.
Sur le plan esthétique, le film s’inscrit également dans une dimension hautement symbolique, qui va au-delà de la simple représentation visuelle. Le choix de Coppola d’utiliser la technologie d’écrans LED et les effets spéciaux traditionnels renforce le caractère dystopique du film, tout en créant un lien avec les classiques du cinéma de science-fiction. La direction artistique et les décors participent à cette impression d’un monde à la fois familier et étranger, une ville où le passé et le futur s’entrelacent, créant une réalité intemporelle. La photographie de Mihai Mălaimare Jr. accentue cette dichotomie par l’usage des lumières et des ombres, conférant au film une dimension quasi mystique, où chaque cadre devient un symbole.
Cependant, cette ambition démesurée semble avoir été l’épée à double tranchant du film. Les critiques qui ont accompagné sa présentation au Festival de Cannes sont sévères. On reproche à Coppola d’avoir produit un film confus, parfois lourd dans ses symboles et ses dialogues. Cette chute d’un projet aussi ambitieux, décrite par certains comme un « opéra bouffi », souligne peut-être l’incapacité même de l’artiste à répondre aux aspirations qu’il a lui-même élevées. Comme un architecte qui, à force de vouloir bâtir une cathédrale vers les cieux, perd de vue les fondations mêmes du bâtiment. Toutefois, au-delà de cette incompréhension critique, _Megalopolis_ reste avant tout un film qui appelle à la réflexion, une fable qui, dans son échec apparent, invite le spectateur à méditer sur la faillite des utopies et les éternelles contradictions de la condition humaine.
En définitive, Megalopolis est l’œuvre ultime d’un auteur visionnaire qui, à travers son film, interroge le sens même de l’existence, du pouvoir et du rêve. Comme dans la franc-maçonnerie, il s’agit ici de bâtir, non pas une simple cité, mais une société idéale où la lumière triompherait enfin des ténèbres.
Sous un regard plus maçonnique encore…
Megalopolis se présente comme une œuvre riche en symboles et en allégories initiatiques, que l’on peut interpréter à travers les enseignements de la franc-maçonnerie. Pour un initié, ce film s’apparente à un parcours spirituel, où la reconstruction de la cité n’est pas seulement matérielle, mais aussi une métaphore pour la transformation intérieure de l’être humain et de la société dans son ensemble.
La figure du bâtisseur
Cesar, l’architecte, incarne un archétype maçonnique central : celui du bâtisseur. Dans la tradition maçonnique, le bâtisseur ne construit pas seulement des édifices physiques, mais élabore également des structures morales et spirituelles. La franc-maçonnerie, souvent décrite comme un ordre de constructeurs, prône la perfection de l’âme par le travail sur soi. Cesar, dans sa quête de recréer New Rome après la catastrophe, est l’incarnation moderne du maître maçon, cherchant à ériger une cité idéale, un temple symbolique où règnent l’harmonie et la justice.
Le projet de Cesar est une utopie, un idéal presque inaccessible, qui rappelle la démarche initiatique maçonnique. Tout comme le franc-maçon qui doit sans cesse se perfectionner, Cesar cherche à créer une société qui dépasse les limites de l’imparfait et du corrompu. Ses efforts pour convaincre la ville de se rallier à cette vision utopique sont symboliques du défi auquel fait face tout initié : celui de transformer le chaos en ordre, le matériel en spirituel, tout en affrontant les résistances inhérentes à la nature humaine.
La dualité et les colonnes du Temple
Un des symboles centraux de la franc-maçonnerie est celui des deux colonnes, Jakin et Boaz, qui marquent l’entrée du temple de Salomon. Ces colonnes représentent la dualité de la nature humaine, l’équilibre entre la force et la sagesse, entre l’ombre et la lumière. Dans Megalopolis, cette dualité est incarnée par les personnages de Franklyn Cicero, le maire corrompu et conservateur, et Cesar, l’architecte progressiste et idéaliste. Franklyn incarne la colonne de la force, celle qui, dans sa forme dégradée, devient autoritaire, voire destructrice, tandis que Cesar représente la sagesse et l’aspiration à la lumière.
Pour un initié, cette opposition n’est pas simplement politique, mais revêt une dimension spirituelle. Tout parcours maçonnique est une quête d’équilibre entre ces deux forces. Le maire, ancré dans le passé et la corruption, refuse l’évolution et le progrès, ce qui symbolise l’attachement aux ténèbres et aux illusions du pouvoir terrestre. Cesar, quant à lui, cherche à amener la cité vers un futur plus éclairé, où la vision utopique transcende les limites matérielles et morales imposées par l’ordre établi. Cette tension entre le passé figé et le futur éclairé est une constante dans le cheminement maçonnique, où l’initié doit sans cesse naviguer entre l’ancien et le nouveau, entre les traditions et l’innovation.
La quête de la lumière
Dans la franc-maçonnerie, la quête de la lumière est centrale. Elle symbolise la recherche de la connaissance, de la vérité et de l’élévation spirituelle. Le personnage de Julia Cicero, qui se trouve au carrefour entre les deux hommes de sa vie, son père et son amant, représente cette quête. Elle est l’initiée, déchirée entre deux mondes : celui de l’ignorance et de la corruption représenté par son père, et celui de la lumière et de la transformation incarné par Cesar. Julia incarne l’humanité en transition, celle qui cherche à se libérer des ténèbres de l’ignorance pour s’élever vers la connaissance et la sagesse.
Le cheminement de Julia est celui de l’initié maçonnique, qui, pour atteindre la lumière, doit d’abord passer par les ténèbres, par l’épreuve et la confrontation avec ses propres doutes et contradictions. Le lien symbolique avec la franc-maçonnerie devient alors évident : la reconstruction de la cité n’est que le reflet de la reconstruction intérieure que tout initié doit entreprendre, une refonte de ses propres croyances et valeurs pour accéder à un niveau supérieur de conscience.
La cité idéale : le Temple de Salomon
La cité que Cesar souhaite reconstruire est, pour un maçon, une métaphore directe du Temple de Salomon, symbole ultime de l’édifice parfait dans la tradition maçonnique. Ce temple, à la fois physique et spirituel, représente l’aspiration à une société où règne l’harmonie entre les hommes, où chaque pierre est parfaitement taillée et où l’architecte divin — c’est-à-dire la raison, la justice et l’amour fraternel — préside à l’organisation sociale.
Le projet de Cesar est donc un écho direct à ce grand idéal maçonnique. La catastrophe qui détruit New Rome représente les forces destructrices et entropiques à l’œuvre dans le monde profane, un monde où le désordre et la corruption règnent. Pour un initié, cette destruction est nécessaire avant de pouvoir reconstruire un monde meilleur. Le processus de déconstruction-reconstruction est essentiel dans la franc-maçonnerie, car il représente la purification nécessaire avant l’érection du véritable temple, celui de l’âme et de la cité.
Les épreuves initiatiques
Tout au long de Megalopolis, les personnages, en particulier Cesar et Julia, traversent des épreuves symboliques, qui rappellent les étapes du processus initiatique maçonnique. La lutte entre Cesar et Franklyn, ainsi que les dilemmes moraux et émotionnels de Julia, ne sont rien d’autre que des épreuves initiatiques. Ces épreuves sont conçues pour tester l’engagement des personnages, leur capacité à transcender leurs propres limitations et à évoluer vers un état de conscience supérieur.
Dans la franc-maçonnerie, chaque degré initiatique est marqué par des épreuves, souvent symbolisées par les éléments (terre, eau, feu, air) ou par des situations où l’initié doit faire preuve de courage, de discernement et de sagesse. De la même manière, les protagonistes de _Megalopolis_ sont confrontés à des choix qui déterminent non seulement leur avenir personnel, mais aussi celui de la cité. L’issue de ces épreuves détermine leur capacité à être des bâtisseurs, non seulement dans le sens matériel, mais aussi dans le sens spirituel et moral.
En conclusion
Pour un initié, Megalopolis est bien plus qu’un film de science-fiction. C’est une œuvre allégorique qui reflète les grands principes de la franc-maçonnerie : la quête de la lumière, la dualité entre les forces créatrices et destructrices, la nécessité de l’épreuve et la reconstruction d’un temple, qu’il soit intérieur ou collectif. À travers ses personnages et sa trame narrative, Francis Ford Coppola invite les spectateurs à réfléchir sur le rôle de l’individu dans la société, sur la nature du pouvoir et sur l’importance de l’idéalisme face à la corruption.
Œil rayonnant
L’utopie que Cesar cherche à créer n’est pas seulement un idéal politique ou architectural, mais un modèle de société juste, fondée sur les principes d’harmonie, de justice et de fraternité, des valeurs profondément maçonniques. Si la cité utopique de Cesar échoue dans le film, cela reflète une réalité maçonnique : l’œuvre de perfectionnement est perpétuelle, inachevée, et chaque génération d’initiés doit reprendre le flambeau pour continuer à bâtir un monde meilleur.
Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à la production de Megalopolis pour avoir permis à 450.fm de visionner ce film en avant-première. Cette opportunité exclusive nous a offert un moment privilégié de réflexion profonde, en résonance avec nos valeurs et nos aspirations. Votre geste témoigne non seulement de leur générosité, mais aussi de leur ouverture à un dialogue spirituel et philosophique que ce film incarne admirablement.
Dans le bureau obscur du Northern Star1, l’aventurier Voyageur se laisse envoûter par le battement métallique des barres à caractère de sa machine à écrire. Chaque frappe sur les touches mécaniques devient une pulsation, un battement d’aile dans le ciel sans fin du ruban encré de Moëbius. Les murs s’effacent peu à peu, aspirés dans le noir luminescent… les mots se noient dans l’ombre… se disloquent… glissent entre le réel et l’irréel.
Chaque phrase s’étire comme la cire molle d’une bougie oubliée sur une table de dissection entre un parapluie et une machine à coudre, vestiges d’un antique alchimiste solaire2. “L’ombre-enluminure” reparaît dans une pliure à peine perceptible entre deux vélins, “peau-passage” vers l’Au-delà.
Le Nautonier de l’ombre apparaît alors, diaphane et incertain. Il descend de l’étoile noire qui l’aspire autant qu’elle le libère. Il ne marche pas, il flotte. Spectre d’une bibliothèque qui n’a ni porte ni fenêtre, mais seulement des interstices dans l’épaisseur des pages au travers desquels il glisse. Il est tout à la fois une ombre organique et un reflet liquide. Il avance, fluide, se désagrégeant et se recomposant à chaque pas, matière en perpétuelle mutation, un corpus de gluons flottant dans l’éther. Est-il homme? Est-il idée ? Est-il l’essence de ce qui précède toute forme? Une seule certitude, c’est bien le Nautonier des longitudes septentrionales.
Ainsi il est temps, pour le Voyageur, de se dissoudre lui-même. Son bureau n’est plus qu’un navire-corbeau3 voguant sur une mer de mots en fusion. Il se fond dans la trame, passager de l’invisible laissant derrière lui les barres à caractères qui frappent toujours le papier-peau, orgue de barbarie d’une mécanique ontologiquement inerte et sans âme dont la musique persiste dans l’absence. Le monde physique cède la place à l’Antremonde, cet espace où la logique s’effondre, où la raison devient son propre écho, s’amplifiant jusqu’à se perdre dans le vide interstitiel4. Ici, il n’y a ni haut ni bas, ni passé ni futur. Tout est suspendu dans une lumière sourde, où le temps “montres-molles”5 se distend comme une corde de piano usée6 chute de sa tessiture.
Le Voyageur n’est pas seul. Il est accompagné par ce qu’il fut autrefois: une ombre sur son épaule, esquisse de lui-même dans un miroir brisé. Le Nautonier, lui, n’est plus que l’écho de son propre passage, une empreinte sur la surface mouvante de l’encre qui se mêle à l’ancre du navire. Les mots se perdent, deviennent feuilles mortes, cendres d’idées qui se déposent et s’effacent aussitôt. Et pourtant, chaque lettre imprimée est une ancre, une marque dans l’éther, une tentative désespérée de retenir ce qui, par nature, ne peut être capturé : l’essence de l’Art-Royal.
Car ce voyage n’est pas une simple dérive surréaliste ouvrant le regard7. Ce n’est pas un rêve éveillé. C’est une traversée, un cheminement vers ce qui est sous la surface, une réalité cachée dont seuls ceux qui y sont initiés peuvent entrevoir les portes. Loin de la raison résonnante, cette quête intérieure révèle l’impermanence de toute chose, la dissolution inévitable de la forme dans l’informe. Ici, tout se décompose, se recompose, puis se décompose à nouveau, dans un cycle sans fin, un ballet cosmique où l’initié n’est qu’un funambule dansant aveugle sur l’Infini. C’est lorsqu’il s’abandonne à son intuition, qu’il se laisse guider par une force inconnue, qu’enfin il perçoit sans toutefois pouvoir comprendre.
Le Voyageur grave maintenant dans l’éther les symboles de sa métamorphose. L’Art-Royal se révèle dans la désintégration des apparences, dans le froissement des feuilles mortes qui tombent sans bruit. Les mots sont des portes vers un ailleurs qui ne peut être décrit, un espace où les dualités se dissolvent : la lumière et l’ombre, l’immanence et la transcendance, la raison et la folie. Tout devient Un, fusionnant dans une clarté obscure que seule l’âme ignitiée peut entrevoir.
Le Voyageur continue, délié du temps et de l’espace. Il est à la fois un et multiple, reflété dans chacune des 144 gouttes d’encre de l’émeraude-lumière qui glissent sur le papier. Il s’immerge dans l’Art Royal, non pas comme dans une sur-réalité artistique, mais comme une réalité sous-jacente, une tension subtile entre le visible et l’invisible, entre l’effort intellectuel et l’intuition la plus pure. Ce chemin initiatique n’est pas une quête de beauté ou de sublime. Il est une exploration de la dissonance entre l’homme et l’univers, une danse avec le vide, où l’on apprend non pas à créer, mais à détruire pour mieux reconstruire. Ainsi, si la création est le seul sujet de l’Artiste, la recréation est celle du Franc-maçon et s’il ne faudrait pas les confondre ils se rencontrent pourtant lorsqu’ils passent de l’idée venant de la subréalité ontologique à la matérialité surréelle de l’Œuvre en expansion.
Dans ce labyrinthe de signes et de symboles, le Voyageur doit se perdre pour ne plus avoir à comprendre et enfin ressentir. Ce n’est plus une quête intellectuelle, mais une immersion totale dans l’inconnu, où chaque mot, chaque symbole, devient une clef ouvrant un passage vers une réalité cachée. L’Art-Royal n’est pas une expression esthétique, mais une forme de rédemption, un retour à l’essence première où l’initié se trouve confronté à sa propre dissolution.
Finalement, dans une dernière vibration de la machine à transcrire, le Nautonier disparaît s’effaçant dans le Silence. Le Voyageur, désormais seul, comprend qu’il n’y a jamais de retour possible. L’encre sèche sur le papier, mais l’empreinte vibrante de cette quête demeure vivante, gravée dans l’invisible. L’Art-Royal, n’est généralement pas pris pour une rêverie poétique. L’Art-Royal est une infra-réalité rendue palpable par l’esprit, une sub-réalité qui vibre sous la surface des choses, prête à se dévoiler à celui qui ose franchir le seuil et plonger dans les ténèbres de sa propre initiation.
Et pourtant… à en croire même les plus sceptiques, c’est en rassemblant ce qui est épars que l’Unité peut être espérée. De la Subréalité à la Surréalité il n’y a qu’un seul pas. Il enjambe le Réel de notre propre ignition dans l’hypothèse Polaris.
Lire “De l’autre côté du miroir” “Through the looking-glass, and what Alice found there” de Lewis Caroll – 1872 – Suite “D’Alice au pays des merveilles” – 1865 ↩︎
Regarder Interstellar – film de Christopher Nolan – 2014 ↩︎
Dans le cadre du cycle annuel de conférences réservé aux Maîtres Maçons, l’Académie Maçonnique de Lyon a le plaisir de vous convier à une journée d’étude qui se tiendra le samedi 26 octobre 2024 à partir de 9h00 au Temple de la Croix Rousse, situé au 19 rue Dumont D’Urville, 69004 Lyon.
Ce hors-série de Tradition[s], Revue des Ordres de Sagesse du Grand chapitre général Opéra, consacré à la correspondance entre René Guilly et Jean van Win, s’inscrit dans une tradition intellectuelle et spirituelle d’une rare intensité. Ce dialogue épistolaire, empreint d’une érudition et d’une sensibilité maçonniques profondes, nous révèle des facettes inédites des deux hommes tout en nous plongeant dans une réflexion historique sur le rôle et l’héritage de la maçonnerie française et belge.
René Guilly, immense personnage du XXe siècle maçonnique, apparaît dans cet ouvrage comme un artisan d’une tradition vivante, un historien qui conçoit l’histoire comme une résurrection, à l’instar de Michelet. En tant que fondateur de la revue Renaissance Traditionnelle et éditeur de rituels, il a contribué à porter l’école historique française à son apogée, tout en ressuscitant des pratiques et des savoirs maçonniques oubliés ou éparpillés. Ce n’est pas tant une érudition stérile qu’il poursuivait, mais bien un retour à l’essence même de la tradition, une quête de sens et d’authenticité dans une maçonnerie moderne.
L’œuvre met en lumière la dernière période de vie de Guilly, et cette correspondance avec Jean van Win – historien belge reconnu– revêt un caractère particulier. Elle témoigne de la profondeur des échanges intellectuels entre ces deux hommes, qui semblent ici transcender les simples questions de rites ou de doctrines pour atteindre une réflexion métaphysique plus large. Le fait que ces lettres aient été publiées, inédites pour la plupart, dans ce numéro hors-série de *Tradition[s]* confère à l’ouvrage une dimension presque testamentaire.
Jean van Win, interlocuteur privilégié de Guilly dans ces derniers instants, se fait ici l’écho d’une pensée maçonnique en pleine évolution. Les lettres nous donnent à voir un Guilly qui se questionne, qui cherche, qui affine ses concepts jusqu’à la fin. Van Win, en tant qu’historien, mais aussi en tant qu’ami et confident, joue un rôle essentiel dans cette démarche de clarification et de synthèse des idées. Il permet ainsi à Guilly de poser les bases d’une réflexion plus universelle sur la place de la maçonnerie dans le monde moderne.
L’analyse des commentaires inclus dans l’ouvrage apporte un éclairage indispensable sur le corpus de correspondances. Il est frappant de constater à quel point cette correspondance est non seulement un échange d’idées, mais aussi un dialogue sur la méthode historique, sur la manière d’aborder les archives, les rites et les traditions. Guilly, tout comme Van Win, ne se contentent pas d’être des historiens ; ils sont des passeurs, des garants d’une tradition qui, loin d’être figée, est en perpétuelle évolution.
Le choix des Ordres de Sagesse du Grand chapitre général Opéra de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra d’éditer cet ouvrage dans sa revue Tradition[s] n’est pas anodin. En publiant ce hors-série, l’Ordre rend hommage à un de ses plus éminents représentants et rappelle l’importance des hauts grades dans l’évolution spirituelle des maçons. Les Ordres de Sagesse, à travers cet hommage, se positionnent comme les dépositaires d’un savoir ancien, tout en affirmant leur ancrage dans une modernité éclairée.
Enfin, l’éditorial de Jérôme Minski, « Guilly, une lumière », situe cette correspondance dans une perspective plus large : celle de la transmission, du devoir de mémoire, et de la reconnaissance envers ceux qui, comme Guilly, ont consacré leur vie à éclairer les chemins de la connaissance et de la tradition. Jérôme Minski nous invite à une lecture attentive et réfléchie, à un hommage à la fois intellectuel et spirituel. Le mot lumière n’est pas anodin : il rappelle la fonction initiatique de l’histoire maçonnique, mais aussi la dimension spirituelle et éternelle de la quête de l’initié.
Cet ouvrage, à travers ses 64 pages, est donc bien plus qu’un simple recueil de lettres. Il est une invitation à réfléchir sur la place de l’histoire, de la tradition, et du savoir dans une maçonnerie contemporaine qui, loin de se tourner vers le passé par nostalgie, cherche à réaffirmer les fondements essentiels d’une spiritualité vivante. Les Éditions de la Tarente, en publiant cette œuvre, ont non seulement donné à lire une correspondance précieuse, mais ont également rendu un vibrant hommage à un homme dont la lumière continue de briller dans les loges.
Cette note de lecture se conclut en soulignant l’importance de cet échange épistolaire pour tout franc-maçon désireux de comprendre les racines intellectuelles de la maçonnerie moderne, mais aussi pour tout historien soucieux de la préservation et de la transmission des savoirs traditionnels. L’ouvrage offre ainsi une lecture aussi bien académique que spirituelle, ouvrant des portes vers une compréhension plus profonde de l’héritage laissé par René Guilly.
De la 4e de couverture, nous retenons que René Guilly aura illuminé le siècle maçonnique. Historien, éditeur de rituels, fondateur de la revue Renaissance Traditionnelle, il a porté l’école historique française à son zénith. Artisan d’une tradition vivante, il concevait l’histoire à la manière de Michelet, plutôt comme une résurrection que comme un pur acte d’érudition.
Jean van Win, l’historien belge bien connu, a été l’un des derniers à échanger avec le maître français une correspondance à la fois méthodique et sensible, peu de temps avant que ce dernier ne rejoigne la loge d’en-Haut. C’est d’abord cet échange de lettres, inédites ou difficiles d’accès, que nous publions dans ce numéro. C’est ensuite un ensemble de commentaires qui éclairent ce corpus en rassemblant ce qui est, par nature, épars : la vie et l’œuvre de celui qui est devenu, selon l’expression consacrée, un contemporain capital.
Tradition[s] est la revue du Grand Chapitre Général Opéra, qui est la juridiction du Rite Français Traditionnel de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra. Avec une périodicité annuelle, Tradition[s] propose un regard d’aujourd’hui sur les grands enjeux spirituels des hauts grades.
La correspondance entre René Guilly et Jean van Win
Tradition(s) – Revue des Ordres de Sagesse du Grand chapitre général Opéra
Les Éditions de la Tarente, Hors-série, Mai 2024, 64 pages, 16 €
La civilisation égyptienne pharaonique est née il y a 5000 ans le long du Nil, l’un des plus grands fleuves au monde. Ses particularités géographiques vont lui permettre de développer et de conserver pendant près de 4000 ans une culture personnelle et originale, qu’elle préservera jusqu’à la chute des pharaons égyptiens. Toutefois, l’Antiquité égyptienne est loin d’être un bloc homogène comme on la présente souvent, par facilité.
A l’occasion de la parution de son dernier livre « L’Egypte antique, histoire, mythologie et culture», l’égyptologue Amandine Marshall vous propose une plongée dans le temps et dans l’histoire.
La Loge L’Arc en Ciel n°98 à l’Or.·. de Paris, de la Grande Loge Mixte de France, organise ce moment d’histoire.
Cette loge maçonnique travaille au Rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm, dit aussi « Rite Égyptien ».
C’est lors d’une précédente conférence d’Amandine Marshall que des membres de cette Loge ont eu envie de revivre ce moment d’histoire en ouvrant leurs portes et en partageant un moment similaire à tous. Maçons et non maçons.
Au programme de cette réunion publique et gratuite :
L’invention des premières pyramides, réalisées à l’Ancien Empire, avec son lot de loupés et de réussite ;
Une situation de chaos finalement pas si horrible que ça à la Première Période Intermédiaire ;
Un texte de propagande scolaire, pour inciter les jeunes élèves à vouloir devenir scribe, écrit au Moyen Empire, l’Âge d’Or de la littérature égyptienne ;
Une guerre contre des prétendus envahisseurs qui étaient plutôt les gentils de l’histoire à la Deuxième Période Intermédiaire ;
et un florilège de pharaons connus – Hatchepsout, Akhenaton, Toutânkhamon et Ramses II – avec leur lot de fantasmes qui seront passés au crible de la documentation égyptienne.
La réunion publique aura lieu :
le vendredi 27 septembre à 19h30 5 rue de Vanves 92130 Issy les Moulineaux.
Non loin du métro Corentin Celton de la ligne de métro 12.
Le nombre de place est limité. Une inscription préalable est requise à l’adresse : http://2024.algdgadlu.fr/
Le conférencier montre le tableau blanc devant une assemblée
Les personnes présentes, non initiées, pourront, à l’issue de la conférence, si elles le souhaites, poser également des questions aux membres de la loge au sujet de la Franc-Maçonnerie.
Amandine Marshall :
Amandine Marshall
Elle est née le 29 novembre 1980 à Toulouse. Elle s’intéresse dès son enfance aux civilisations méditerranéennes. À seulement 17 ans, elle publie son premier ouvrage, un recueil de légendes méconnues de la mythologie grecque. Aujourd’hui égyptologue, archéologue et auteure, elle détient un doctorat en égyptologie et partage son temps entre les fouilles, la recherche, l’écriture, les conférences et les interventions en milieu scolaire.
En tant que chercheuse associée à la Mission Archéologique Française de Thèbes Ouest (MAFTO), elle participe, depuis 2005, aux travaux sur le site du Ramesseum en Égypte. Elle est également l’auteure de plusieurs documentaires sur la civilisation égyptienne, de divers ouvrages consacrés à la mythologie grecque, ainsi que d’un roman historique situé à Pompéi au Ier siècle.