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La pierre du maçon : outil, miroir et destin

De notre confrère italien expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

Que fait un maçon avec une pierre ?

Une question apparemment simple, mais capable d’ouvrir les portes du Temple intérieur. Ce n’est pas seulement un symbole, ni une allégorie : c’est une réalité vivante du voyage initiatique. Dans les mythes, les traditions et les rituels, il est toujours là : matière informe à sculpter, obstacle à surmonter, fondation sur laquelle construire. C’est l’objet que l’on tient dans la main au début de son voyage et que l’on continue à peaufiner tout au long de son Œuvre.

Saxa loquuntur.

Les pierres parlent.

Pierre Cubique à Pointe

Et si l’on écoute attentivement, chacun nous interroge avant même que nous commencions à l’analyser grossièrement. Lorsqu’il s’agit d’un moyen, le Maçon qui entre dans le Temple trouve sa pierre à tailler. C’est la matière première, l’ego indompté, la somme des imperfections, des passions et des illusions à transformer. En ce sens, il sert à reconnaître ses propres limites, à transformer le profane en initié.

Dans ce cas, il est accueilli avec humilité, car le Frère sait qu’il n’est pas là pour juger les autres, mais pour s’améliorer. Il utilise le ciseau de l’introspection, le maillet de la volonté, l’équerre de la rectitude. Dans ce geste silencieux, jour après jour, il se renouvelle.

Ce n’est qu’une fois la pierre intérieure polie que la Lumière peut émerger. C’est pourquoi le travail sur soi est la véritable pierre angulaire de l’initiation. Mais le symbole peut être corrompu et le franc-maçon peut s’égarer. Quand la pierre devient une fin, quelque chose a mal tourné. Certains l’érigent en trophée, l’exhibent comme preuve de supériorité, la brandissent pour juger les progrès des autres.

Dans ce cas, ce n’est plus un outil de croissance, mais un objet de fierté. Il n’y a plus d’initiation, seulement une apparence. Le Temple se vide, l’équerre se courbe, le compas se ferme. Celui qui l’utilise pour construire un piédestal personnel a oublié que le franc-maçon ne procède pas pour lui-même, mais pour l’Humanité.

Non sibi, sed omnibus.

Pas pour lui-même, mais pour tout le monde.

Marteau, ciseau, Pierre
Marteau, ciseau, Pierre

Lorsqu’un franc-maçon jette une pierre, celle-ci peut aussi devenir une arme. Cela se produit lorsque nous oublions le devoir de silence, de discrétion et de tolérance, et que nous l’utilisons pour juger, diviser et frapper au lieu de comprendre.

Celui qui le jette a cessé de travailler sur lui-même et a commencé à « redresser » les autres. Il a oublié que la véritable construction n’est pas extérieure, mais intérieure. Il a perdu le sens des responsabilités. Pourtant, dans chaque loge, le risque existe que des pierres se transforment en projectiles. Cela se produit lorsque le rituel est confondu avec le pouvoir, le symbole avec le statut , le Temple avec une scène.

Il y a ensuite le franc-maçon qui l’évite, non par lâcheté, mais parce qu’il ne répond pas au jet par un autre. Il l’évite avec la force de la patience, la force d’un engagement constant, un silence plus éloquent que mille mots, car il sait que « œil pour œil » rend le Temple aveugle.

Dans le silence et l’espérance sera ta force .
Ésaïe 30:15

Tailleurs de pierres
Tailleurs de pierres

Le Maçon qui évite la pierre est celui qui a déjà passé l’initiation apparente. Il est celui qui sait que le plus difficile est de ne pas réagir comme prévu. Il est le Frère qui construit tandis que d’autres détruisent.

La pierre est donc tout.
C’est le début et la fin.
C’est le fardeau et le fondement.
C’est l’obstacle et l’opportunité.

Sur le chemin initiatique, on ne cesse de la rencontrer. On la trouve sur son chemin, dans ses défauts, dans les paroles d’un Frère, dans ses déceptions. Parfois elle nous entrave, parfois elle nous façonne. Mais rappelez-vous toujours : on n’est pas maçon parce qu’on possède une pierre, mais parce qu’on sait la façonner.

Et quand quelqu’un vous montre sa pierre comme une arme, offrez-lui la vôtre comme fondation pour construire ensemble. Car, après tout, c’est ainsi que se construit le Temple Universel : une pierre après l’autre, un Frère à côté d’un autre.

Le Temple est construit pierre par pierre, mais la Fraternité est fondée cœur par cœur.

Et toi, Frère : que fais-tu de ta pierre ?
Est-ce que tu le ponces ou tu le jettes ?
Est-ce que vous l’aimez ou est-ce que vous le dépassez ?
Car il ne suffit pas de l’avoir reçu. Il faut en avoir compris le sens.
Et là, vraiment, l’Opéra commence.

La pyramide d’Arapongas et son écho maçonnique dans la ville

De notre confrère brésilien tnonline.uol.com.br

Dans la petite ville brésilienne d’Arapongas, une structure intrigante attire l’attention : une pyramide construite en 1999 par l’architecte José Augusto de Mattos, connue sous le nom de « Pyramide de l’Humanité ». Cette œuvre monumentale, mesurant environ 14 mètres de haut et composée de blocs de béton armé, n’est pas une simple curiosité architecturale. Elle s’inspire des pyramides égyptiennes et mayas, symbolisant à la fois l’unité des cultures humaines et une réflexion sur les dualités fondamentales de l’existence.

Une Structure Inspirée des Civilisations AnciennesLa pyramide d’Arapongas se distingue par sa forme géométrique, directement influencée par les pyramides égyptiennes et mayas. Sa construction, achevée en 1999, reflète une volonté de célébrer l’héritage commun des civilisations passées. Avec ses 14 mètres de hauteur et sa base solide en béton armé, elle incarne une connexion entre les cultures anciennes et le présent, servant de mémorial aux efforts humains à travers l’histoire.

Cette inspiration vise à rappeler l’unité de l’humanité, malgré les différences géographiques et temporelles, et invite les visiteurs à réfléchir à leur propre place dans cette continuité.

@arapongas_de_cima novo monumento da cidade de Arapongas!! uma linda pirâmide, um grande ícone da maçonaria ! (ventos fortes para melhores imagens aéreas) #arapongas #Paraná #pracadomaçom #praca ♬ som original – Arapongas de cima

Un Hommage à l’Humanité et à sa Diversité

Selon les explications locales, la pyramide a été conçue comme un symbole d’unité culturelle. Elle représente les diverses expériences humaines, des réalisations architecturales des anciennes civilisations aux défis contemporains. Placée dans un parc accessible à tous, elle devient un lieu de rassemblement et de méditation, où les habitants et les visiteurs peuvent apprécier l’ingéniosité humaine. Cette idée d’universalité est renforcée par sa simplicité formelle, qui contraste avec la complexité des cultures qu’elle honore, suggérant que l’essence de l’humanité transcende les frontières.

Un Point de Repère Local et une Invitation à la Réflexion

Depuis son inauguration, la pyramide est devenue un repère emblématique à Arapongas. Elle attire non seulement les curieux, mais aussi ceux qui cherchent un espace de contemplation. Sa présence dans un parc public en fait un lieu ouvert, où la communauté peut se réunir pour des événements ou simplement profiter de son environnement. Alors que le monde dort, cette structure silencieuse continue d’incarner une permanence face aux changements rapides de notre époque, invitant à une pause pour réfléchir aux progrès et aux défis de l’humanité.

Une Résonance Contemporaine

En 2025, dans un contexte mondial marqué par les avancées technologiques et les défis environnementaux, la pyramide d’Arapongas prend une nouvelle dimension. Elle rappelle l’importance de préserver l’héritage culturel tout en regardant vers l’avenir. Sa solidité physique contraste avec la fragilité des écosystèmes et des sociétés modernes, offrant un symbole de résilience. Les habitants d’Arapongas, et les visiteurs, peuvent y voir un encouragement à unir leurs efforts pour construire un avenir durable, inspiré par les leçons des civilisations passées.

La pyramide d’Arapongas, avec ses racines dans les traditions égyptiennes et mayas, est bien plus qu’une structure architecturale. Elle incarne un hommage à l’unité de l’humanité, un lieu de mémoire et une invitation à la réflexion. Elle reste un témoignage poignant de la capacité humaine à créer et à s’élever, tout en restant ancrée dans un héritage commun. Cette œuvre continue d’inspirer, offrant un espace où le passé et le présent se rencontrent pour façonner l’avenir.

20/09/25 – Lausanne, Groupe de Recherche Alpina : Jubilé des 40 ans

Une journée pour célébrer la mémoire et penser l’avenir

Le Groupe de Recherche Alpina (GRA) fêtera son 40e anniversaire le samedi 20 septembre 2025 à Lausanne, dans les locaux des Loges maçonniques de Pt-Beaulieu. Une journée jubilaire placée sous le signe de la mémoire, de la fraternité et de la réflexion, qui réunira chercheurs, passionnés et amis de la Franc-Maçonnerie.

Le programme, conçu comme un triptyque, s’ouvrira par une rétrospective retraçant quatre décennies d’histoire et d’activités du GRA, suivi d’un panorama des publications et initiatives des organismes de recherche maçonnique d’Europe continentale (Allemagne, Suisse, France, Belgique).

Après une verrée fraternelle et un repas convivial, l’après-midi sera consacrée à une conférence-événement qui s’annonce déjà comme l’un des temps forts de la journée.

La Pieuvre

« La presse et la Franc-Maçonnerie : un dialogue conflictuel »

Le conférencier invité, Yonnel Ghernaouti, n’est pas un inconnu du paysage maçonnique. Auteur, chroniqueur et ancien rédacteur en chef de 450.fm, il a longtemps été une plume singulière de la GLNF, avant de s’imposer comme une voix reconnue de la chronique littéraire et maçonnique. Son parcours est riche : membre du bureau de l’Institut Maçonnique de France, initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, membre d’honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d’Épinal, il incarne un trait d’union entre la tradition et le débat contemporain.

Sa conférence interrogera une relation aussi passionnante que tumultueuse : celle de la Franc-Maçonnerie et de la presse.

Les Protocoles des sages de Sion
  • Dès le XVIIIe siècle, les premières condamnations religieuses et politiques relayées par les journaux posent les bases d’un antimaçonnisme médiatique.
  • Au XIXe siècle, la presse d’opinion catholique ou nationaliste amplifie les accusations, notamment lors de l’affaire Dreyfus où les francs-maçons sont accusés d’un « complot judéo-maçonnique ».
  • Le XXe siècle voit se déployer une propagande d’État : diffusion des Protocoles des Sages de Sion, persécutions sous Vichy, campagnes visant à discréditer les loges.
  • À l’ère contemporaine, le rapport presse/Maçonnerie oscille entre fascination sensationnaliste et complotisme viral, nourri par Internet et les réseaux sociaux.

La conférence se veut à la fois historique et prospective, rappelant combien ce dialogue conflictuel reste d’actualité à l’heure des fake news, des discours extrémistes et de la résurgence de l’antimaçonnisme.

GRA Groupe de recherche Alpina
GRA Groupe de recherche Alpina

Une journée de partage

Au-delà du regard critique, ce jubilé se veut festif et fraternel. Il donnera à voir l’itinéraire d’un groupe de recherche qui a marqué de son empreinte la vie maçonnique helvétique et européenne, tout en offrant un espace d’échanges ouverts et féconds.

À travers ce jubilé, le GRA rappelle que la Franc-Maçonnerie n’est pas seulement une tradition, mais aussi un champ vivant de recherche, de débat et de culture.

Infos pratiques

Lieu : Loges maçonniques lausannoises, Pt-Beaulieu 1, Lausanne
Date : Samedi 20 septembre 2025, dès 9h
Participation : CHF 45.- (membres GRA, repas compris, hors boissons) / CHF 55.- (non-membres) / CHF 25.- (forfait sans repas)
Inscription obligatoire avant le 15 septembre : presidence@masonica-gra.chinfo@masonica-gra.ch – SMS au +41 79 481 57 46

Plus de détails

Vue de la ville, du Léman et de la Haute-Savoie, depuis la cathédrale.
Plus de détails Vue de la ville, du Léman et de la Haute-Savoie, depuis la cathédrale.

Dualité « Éros – Thanatos » selon Freud et le ternaire maçonnique

Sigmund Freud, dans son œuvre majeure Le Malaise dans la culture, propose une vision fascinante de la psyché humaine à travers la dualité des instincts fondamentaux : Éros et Thanatos. Ces deux forces, décrites comme les moteurs de la vie psychique et sociale, offrent une grille de lecture riche pour comprendre les dynamiques internes de l’individu et les tensions inhérentes à la civilisation.

Éros : L’instinct de vie

Eros

Éros, nommé d’après le dieu grec de l’amour, représente l’instinct de vie. Il regroupe les pulsions liées à la survie, à la reproduction et à la création. Cet instinct pousse l’individu à s’unir aux autres, à former des liens sociaux et à perpétuer l’espèce. Dans Le Malaise dans la culture, Freud souligne que Éros est à l’origine des aspirations humaines vers le plaisir, l’amour et la procréation. Cependant, cette force vitale se heurte aux contraintes imposées par la société, qui exige une sublimation de ces pulsions pour maintenir l’ordre et la cohésion collective. Ainsi, Éros devient une source d’énergie créatrice, mais aussi un vecteur de frustration lorsque ses expressions sont réprimées ou détournées.

Thanatos : L’instinct de mort

Thanatos

En opposition à Éros, Thanatos incarne l’instinct de mort, une pulsion agressive et destructrice qui tend vers la dissolution et le retour à l’état inorganique. Freud introduit cette notion dans ses travaux tardifs, suggérant que la tendance à la destruction est aussi fondamentale que celle à la vie. Thanatos se manifeste dans les comportements agressifs, les conflits internes et les désirs de mort, qu’ils soient dirigés contre soi ou contre autrui. Dans le cadre social, cette pulsion se traduit par les guerres, les rivalités et les tensions culturelles que Freud analyse comme des expressions refoulées de cet instinct. La culture, en tentant de canaliser Thanatos, engendre un mal-être profond, car elle impose des restrictions qui entrent en conflit avec cette force naturelle.

La tension entre Éros et Thanatos

Lune et soleil sur fond noir
Lune et soleil sur fond noir

La coexistence d’Éros et Thanatos crée un conflit permanent au sein de l’individu et de la société. Freud argue que la civilisation repose sur un équilibre précaire entre ces deux instincts. Éros cherche à unir et à construire, tandis que Thanatos pousse à détruire et à dissoudre. Cette dualité est au cœur du malaise décrit dans l’ouvrage : la culture, en réprimant les pulsions pour maintenir l’ordre, génère de l’angoisse et de la névrose. Par exemple, les interdits sociaux, tels que l’interdiction de l’inceste ou la régulation de l’agressivité, sont des manifestations de cette lutte. Freud voit dans cette tension une explication aux souffrances psychiques et aux désordres sociaux, suggérant que l’humanité est condamnée à osciller entre ces deux pôles sans jamais les réconcilier totalement.

Le principe ternaire : Une voie vers l’affranchissement du dualisme

Freud

Pour dépasser cette opposition binaire, Freud introduit un troisième élément qui agit comme un médiateur : la pulsion d’auto-conservation ou de maîtrise de soi. Ce principe ternaire permet de transcender la lutte entre Éros et Thanatos en offrant des mécanismes pour harmoniser ces forces conflictuelles.

La sublimation comme médiation

La sublimation est un processus clé dans cette dynamique. Elle consiste à détourner les pulsions, qu’elles soient érotiques ou agressives, vers des activités socialement valorisées, telles que l’art, la science ou la philosophie. Par exemple, un artiste peut transformer son agressivité en une œuvre puissante, tandis qu’un savant peut canaliser son désir de création dans des découvertes. Cette transformation ne supprime pas les instincts, mais les réoriente, permettant à l’individu de trouver un épanouissement tout en respectant les normes culturelles.

La culture elle-même devient un espace où ce principe ternaire s’exprime. En imposant des règles et des idéaux, elle offre un cadre qui canalise les énergies d’Éros et de Thanatos. Les institutions sociales, les lois et les traditions agissent comme des médiateurs, transformant les pulsions destructrices en constructions collectives. Cependant, cette synthèse n’est pas parfaite : elle engendre un coût psychique, comme le ressentiment ou la répression, qui alimente le malaise décrit par Freud.

La Franc-maçonnerie et le principe ternaire

La franc-maçonnerie, bien que distincte de la pensée freudienne, offre un parallèle intéressant avec ce principe ternaire, en particulier à travers sa structure symbolique et philosophique. Cette fraternité initiatique repose sur une triade fondamentale : la Sagesse, la Force et la Beauté, souvent représentées par les trois piliers du temple maçonnique. Ces principes peuvent être mis en relation avec la dynamique freudienne.

La Sagesse peut être associée à la pulsion d’auto-conservation, représentant la capacité de l’individu à réfléchir et à maîtriser ses instincts. La Force évoque Thanatos, avec son potentiel destructeur canalisé vers la construction d’un ordre moral et social. Enfin, la Beauté correspond à Éros, incarnant l’aspiration à l’harmonie et à la création. Cette triade maçonnique propose une synthèse qui dépasse le dualisme, invitant les membres à travailler sur eux-mêmes pour équilibrer ces forces.

Une pratique de transcendance

Dans les rituels et les enseignements de la franc-maçonnerie, l’accent est mis sur l’amélioration personnelle et la recherche de la lumière intérieure, ce qui résonne avec l’idée freudienne de sublimation. Les francs-maçons utilisent des symboles et des mythes pour transformer les pulsions individuelles en un projet collectif de perfectionnement. Cette approche peut être vue comme une application pratique du principe ternaire, où la maîtrise de soi devient un outil pour surmonter les conflits internes et externes. Cependant, la franc-maçonnerie diffère de Freud en ce qu’elle propose une voie spirituelle et morale, alors que Freud reste ancré dans une perspective psychanalytique matérialiste. Malgré cette différence, les deux systèmes convergent vers l’idée qu’un troisième terme – qu’il soit la sublimation ou la quête initiatique – permet de dépasser la dualité pour atteindre une forme d’harmonie.

La dualité Éros/Thanatos, au cœur de la pensée de Freud, illustre la complexité de la nature humaine, tiraillée entre vie et mort, création et destruction. L’introduction d’un principe ternaire, à travers la pulsion d’auto-conservation et la sublimation, offre une perspective d’équilibre, bien que précaire. La franc-maçonnerie, avec sa triade symbolique, enrichit cette réflexion en proposant une voie pratique pour transcender ces tensions. Ensemble, ces idées soulignent que le malaise dans la culture n’est pas une fatalité, mais le résultat d’une lutte dynamique que l’humanité peut apprendre à apprivoiser, à condition de reconnaître et d’intégrer ces forces contradictoires.

À la veille du Convent de Bordeaux, l’Ordre règne au sein du GODF

Le 160e Convent du GODF se réunit à Bordeaux à partir de demain mercredi pour son Convent annuel, après que le Conseil de l’Ordre et la Chambre Suprême de Justice Maçonnique (CSJM) se sont attachés à une remise en ordre des quelques opposants qui s’étaient manifestés çà et là au cours des années précédentes.

Pour rappel, pour ceux et celles qui ne s’en sont pas aperçus, le Conseil de l’Ordre n’a communiqué aux Loges ses PV de mars, avril et mai, que fin juin et courant juillet, alors qu’elles étaient en vacances, les rendant incapables d’apprécier les travaux de leur exécutif depuis février 2025, alors qu’elles sont appelées à examiner « attentivement » les différentes communications émanant du GODF concernant les procédures disciplinaires, inspections de Loges, décisions de la CSJM, applications de l’article 93…

Quant à la CSJM, précisément son président Yannick Foucaud a adressé le 9 juillet au président du Convent le discours qu’il y prononcera (voir la copie en fin d’article). Il y spécifie qu’il s’agit d’un message personnel, précision bienvenue comme l’on verra. L’ancien capitaine de gendarmerie, qui a quitté l’uniforme à l’été 2011, se présente, désormais, comme charcutier, profession qu’il exercerait donc dans le Volvestre, terroir situé au sud de Toulouse où il avait précédemment gagné ses galons, au cours de 23 années de service passées sur place.

Dans le texte « dont s’agit », il brocarde les avocats, qui font leur métier en qualifiant leur langage technique de « corporatiste ». Ils useraient et abuseraient notamment d’expressions latines comme « In limine Litis » (« au seuil du procès ») qui s’applique aux exceptions de procédure devant être invoquées dès le début de l’instance. Avec un humour dont chacun appréciera toute la portée en la circonstance, il relève que cette formule n’existe pas sous toutes les dictatures… Il se moque, sans le nommer, du défenseur d’Alain Bauer, qui s’est présenté en toge lors de l’audience du 17 juin, alors que rien ne l’interdit dans le RG : il suffisait qu’il mette son tablier ! Et tout à l’avenant. C’est la CSJM qui a inventé que les avocats maçons ne pouvaient pas plaider en toge, la CSJM n’a seulement pas inventé cette disposition, mais aussi beaucoup d’autres comme nous l’allons voir.

Nicolas Penin Grand Maître du GODF

Dans ce texte, donc, il dit ne pas vouloir endormir les délégués « avec des chiffres », mais il les anesthésie avec des mots creux, critiquant tous ceux qui ne se rangeraient pas à son opinion. Il se gausse des avocats et des plaignants, des justiciables qui font référence aux lois républicaines. Il se place, semble-t-il, sous l’égide de Nicolas Pénin qui, du temps où il était encore Garde des Sceaux, avait prononcé, lors d’une audience du 17 octobre 2023, cette phrase dangereusement ambigüe, restée dans les mémoires :

« nous ne sommes pas ici pour défendre les lois de la République, mais pour appliquer le règlement du Grand Orient de France ».

Il dénigre les conseils de famille, il déplore l’utilisation de l’article 183 (annulation des mesures irrégulières), il fustige la judiciarisation, sans mesurer ce que cet usage signifie du mal-vivre ensemble qu’éprouvent des membres de l’obédience. Il constate que les délégués au Convent sont les législateurs responsables d’un règlement général déséquilibré, contradictoire et dangereux, sans en dresser la liste. Les seuls qu’il ne dénigre pas sont l’INSM et le Conseil de l’Ordre, dont la CSJM constitue pourtant le bras armé. On a l’impression d’ouvrir la boîte de Pandore… Heureusement qu’avec lui, les anciens gendarmes ne vont pas par deux, comme la spécialité charcutière de l’Est de la France !

Esquisser des solutions, tracer des pistes de réflexion, évoquer les possibilités d’un avenir bienveillant n’entre manifestement pas dans ses vues. Il ne semble pas avoir conscience des devoirs de sa charge de président dans son expression « publique » (ou, du moins, au large public auquel il s’adresse) car le convent n’attend pas de lui un « message personnel », surtout d’un tel acabit, mais un état des lieux et une réflexion prospective de qualité. On verra que la CSJM a su se montrer particulièrement inventive dans la mise en œuvre de dispositions « très originales », puisque règlementairement inexistantes…

Alain Bauer

Le 17 juin 2025, la Section Permanente de la Chambre Suprême de Justice Maçonnique, dans l’affaire 25-2065-P, décide de suspendre Alain Bauer, ancien Grand Maître du GODF, le maçon le plus médiatique de l’obédience, et ce, sur requête du Conseil de l’Ordre. Notre rédaction rappelle que le frère Alain Bauer avait commenté cette procédure, en demandant que la présomption d’innocence lui soit appliquée et qu’aucune sanction ne puisse être prise à son encontre, tant que son affaire n’avait été définitivement jugée, même si, lui-même, ancien Garde des Sceaux de l’Obédience, savait pertinemment qu’il suffisait de « poursuites judiciaires », pour pouvoir être sanctionné comme le prévoit l’article 93-6…

Ce qui est ici surprenant, ce n’est pas que le frère Alain Bauer soit poursuivi, mais qu’il ne soit poursuivi que sur une décision prise par le Conseil de l’Ordre le 25 avril 2025, alors que les affaires qui le concernent avec la Caisse des Dépôts et Consignations et avec EDF-Proglio sont connues depuis 2014. Alain Bauer n’aurait-il pas dû être traduit en justice maçonnique depuis les poursuites engagées par le parquet national financier, donc depuis 2017 ? Tout cela laisse songeur et perplexe.

Ce qui est surprenant, c’est le libellé des considérants :

Page 11 : « Cette procédure n’a ni pour objet ni pour effet de constituer une sanction disciplinaire au titre de l’article 150, mais constitue une mesure purement administrative, conservatoire et non infamante », l’article 93 ne figurant pas au Livre VIII « de la Justice Maçonnique », ce qui confirme la nature non disciplinaire de la mesure.

Ce que la décision confirme dans son article 2 : « Cette suspension ne constitue ni une sanction disciplinaire, ni un jugement sur la culpabilité du frère Bauer, mais une mesure administrative de précaution prise dans l’intérêt de l’obédience ».

Cette mesure « se limite à la clarification judiciaire des faits ». Cette affirmation est proprement ahurissante, lorsqu’on sait que cette procédure administrative ne figure nulle part dans le RG du GODF, alors que la CSJM est commis de l’appliquer.

Alain Bauer

La seule procédure administrative qui existe dans le RG est la radiation d’une Loge pour défaut de paiement ou d’assiduité. Le terme de suspension est réservé à une sanction judiciaire et à elle seule. Par ailleurs, elle est limitée à 3 ans. Dans ce cas particulier, la procédure est suspendue sine die. En effet, avec les deux démarches en cours – la suspension et l’appel en cassation –, le délai de trois ans sera largement dépassé et le règlement général sera manifestement violé par l’instance censée le faire respecter.

Le frère Bauer a décidé de ne pas faire appel de cette décision, alors que son avocat avait plaidé la présomption d’innocence, ce qu’a retenu la Section permanente mais sans en tirer les conséquences, en s’arcboutant sur la règle qui précise que des procédures judicaires existantes suffisent à justifier la suspension.

Le 3 mars 2025, la Section d’appel de la CSJM dans l’affaire 2024-2005-P prend acte de la conciliation survenue entre le Conseil de l’Ordre et le frère Alain Asik, après que celui-ci a fait appel de la suspension de deux ans que lui avait infligé la Section permanente le 5 novembre 2024 sur demande du Conseil de l’Ordre du 21 août 2024.

Le Conseil de l’Ordre reprochait au frère Asik d’avoir adressé le 15 août 2024 à son carnet d’adresses privé un mail « dénonçant la mainmise de l’exécutif sur les deux autres pouvoirs (Justice aux ordres, législatif soumis, un GM soupçonné d’emploi fictif à l’UNSA, un déficit énorme dû à la gestion du GM, l’état de délabrement du GODF) et l’accompagnant de deux motions, l’une de défiance article 115 et l’autre d’une motion d’enquête sur la Justice Maçonnique qu’en le jugeant, la section permanente était à la fois juge et partie, qu’il ne bénéficiait donc pas d’un procès équitable. De plus, ces faits ont été rapportés par un blog maçonnique, en l’occurrence 450.fm en août 2025. LES CONSEILS de l’ORDRE (présidés par Guillaume Trichard et par Nicolas Penin) n’ayant pas porté plainte en diffamation ont préféré « l’étouffement« , au sens que l’on voudra bien donner à ce mot. De la même façon, le Convent 2024, saisi par une Loge pour porter plainte en diffamation contre 450.fm a refusé de mettre cette motion à l’ordre du jour. Ouf !

Gérard Sabater, Garde des Sceaux, présent pour le Conseil de l’Ordre, n’a pas pu contester :

  • que le GM Trichard bénéficiait d’une décharge syndicale UNSA à temps plein et qu’il était GM à temps plein du GODF ;
  • que, sous sa grande maîtrise, le déficit cumulé du GODF et de la Sogofim avait atteint 1,5 million d’euros, qu’un tel résultat dans le privé lui aurait valu d’être débarqué ;
  • que les courriels qui avaient été adressés par Alain Asik étaient couverts par le secret de la correspondance privée ;
  • que la motion d’enquête sur la justice maçonnique n’avait été ni porté à l’ordre du jour ni débattu au Convent 2024 (en effet, l’Orateur du Convent 2024, lors de la 2e séance du Convent, appelait à des réformes de la Justice et à des décisions éthiques.

À l’issue de ce débat, le frère Sabater a accepté de concilier avec le frère Asik. Très curieusement, la section d’appel décida que le frère Alain pourrait reprendre ses activités maçonniques le 6 juin 2025, soit 3 mois après le jugement, alors que cette décision aurait dû avoir un effet immédiat. Encore une des curiosités de la CSJM qui prolonge de trois mois une sanction devenue inexistante par le simple effet de la conciliation. Curieux délai, non ?

L’affaire Asik, ancien conseiller de la région Monde, a diffusé en PJ d’un mail privé deux motions, l’une de défiance, l’autre d’enquête sur la Justice Maçonnique. Le piquant de la chose est que ces deux motions n’ont pas fait l’objet de plainte, même du Conseil de l’Ordre. Gérard Sabater et Nicolas Pénin, craignaient-ils un rebondissement judiciaire ?

Le problème est que ces nouvelles bizarreries surviennent à la suite de nombreuses « inventions » de la CSJM, depuis l’automne 2020 où deux règlements intérieurs de la CSJM ont coexisté au sein de la CSJM, créant ainsi une insécurité juridique au détriment des justiciables. Cette coexistence lui a permis de rendre des décisions très contestables sur le plan du droit, en se servant justement du fameux « In limine litis » qui invite les contradicteurs à s’assurer que les procédures ont été scrupuleusement respectées.

L’épisode Aik nous permet de revenir sur les 2 motions adressées aux Loges en juillet 2024 pour être déposées au Convent 2024 par la Loge Franchise et Solidarité à l’Orient de Neufchâteau. L’une était une motion de création d’une commission conventuelle d’enquête sur la Justice Maçonnique (article 115), l’autre était une motion de défiance du Conseil de l’Ordre (article 114). Ces deux motions décrivaient avec force détails les dérives de ces deux instances, ce que reprenait, à son compte, Alain ASIK.

Genève,-,17 novembre:,Chef d'orchestre,Antoine,Marguier,Conduits, The,United, Musique, orchestre
Chef d’orchestre et son orchestre

Le sort de la motion d’enquête n’a pas dépassé le bureau du Convent. Le frère président qui connaît la musique (n’est-il pas chef d’orchestre dans la vie professionnelle ?) a étouffé la motion, en refusant de la soumettre au vote et en la « refilant » à la Commission des Vœux et Règlements. Celle-ci a décidé souverainement de ne pas la soumettre au débat ni au vote, alors que, statutairement, elle n’était pas concernée. Exit le simple débat qui aurait permis à de nombreux délégués d’intervenir sur les questions éthiques que ne manquent pas de poser d’assez nombreuses décisions de la CSJM, depuis novembre 2020 où deux règlements intérieurs de la CSJM existaient, l’un dans le Livre de la Constitution et du RG et l’autre sur le portail Netori, sans que les présidents de JFR n’en aient été informés.

La CSJM avait, dès lors, instauré l’insécurité juridique au sein du GODF, n’inscrivant plus de facto l’obédience dans une logique démocratique contrôlée.

Le sort de la motion de défiance fut vite réglé : il est impossible que « les Loges communiquent librement entre elles », comme le prévoit l’article 32. Le GSAI, en l’occurrence le frère Louis, malgré la demande de la Loge, n’a pas diffusé la motion de défiance. La Loge a essayé d’utiliser le système officiel de communication, mais il ne permet que la diffusion d’un A4 et il faut répéter la manipulation Loge par Loge, soit 3 mn par Loge soit 70h de travail… Et dire que les nouvelles technologies sont censées faciliter la vie !

Ainsi, pour les deux motions de 10 pages, c’était mission impossible : 700 heures de travail soit 20 semaines de travail légal à plein temps. Tout simplement, sous la grande maîtrise Trichard, le Conseil de l’Ordre a organisé l’impossibilité d’exercice de l’article 32. C’est une entrave manifeste à la liberté d’expression des Loges. Le conseil de l’ordre verrouille ainsi la communication des Loges, la motion de défiance qui peut être un véritable outil parlementaire comme la motion de censure n’existe pas au GODF qui est en plein déficit démocratique.

Mais qu’est-il arrivé à la Loge Franchise et Solidarité de Neufchâteau ?

Le Conseil de l’Ordre a porté plainte en Justice Maçonnique contre elle pour avoir déposé ces deux motions. Il a obtenu une suspension également administrative sine die de la Loge. Les membres de la Loge se sont résignés, quelques-uns sont partis, les autres ont promis qu’ils ne recommenceraient plus, le Conseil de l’Ordre a retiré sa demande de suspension de la Loge et a réinstallé solennellement la Loge après 9 mois de purgatoire.

Lors de ce même Convent 2024, la Loge La Fraternité Vosgienne, Orient d’Épinal, constatant qu’un de ses frères, Jac∴ Ore∴, membre de la Loge depuis plus de 50 ans, avait fait, depuis 2020, l’objet d’un acharnement judiciaire de la part de quelques frères, alors qu’il n’avait fait que se défendre contre une radiation pour défaut d’assiduité, ce qui lui avait valu une exclusion par la CSM en mai 2024 et qu’il avait déposé une motion devant la Commission Sanctions Grâces et Dégrèvements pour obtenir la levée des sanctions qui le frappaient. Cette motion ne fut pas mise à l’Ordre du Jour du convent 2024, le débat démocratique fut ainsi évacué. Le président du Convent 2024 est le chef d’orchestre dont nous parlions plus haut. Il a magnifiquement orchestré le Convent qui s’est terminé avec deux heures d’avance. Lorsqu’il n’y ni débat, ni vote, les choses sont plus vite expédiées, n’est-ce pas ? Mais où peut donc, dès lors, aller se réfugier la démocratie ?

Quid de la Loge Fraternité Vosgienne ?

Le Conseil de l’Ordre a traduit la Loge et son Vénérable Maître devant la Section permanente. La Loge fut sanctionnée d’un blâme et son Vénérable Maître, Ale∴ Lau∴, délégué au convent, fut suspendu pour une durée d’un an. Ils n’ont pas fait appel, jugeant inutile de revenir devant une CSJM aux ordres du Conseil de l’Ordre.

Le Conseil de l’Ordre 2024-2025, sous Nicolas Pénin, ancien Garde des Sceaux, s’est permis de traduire en CJM un délégué au convent et deux Loges pour avoir déposé des motions qui ne leur plaisaient pas, obtenant leur condamnation.

Où est la souveraineté de la Loge ? Où est l’immunité parlementaire du délégué au Convent ? Où en est la République au GODF ?

Mais ce n’est que quelques-uns des épisodes 2024-2025. Il faut revenir au convent 2023. Lors de ce Convent, qui a vu l’élection de Guillaume Trichard à la grande maîtrise, une demande de création de commission conventuelle d’enquête sur la Justice Maçonnique avait déjà été déposée par deux Loges : Gabriel Narutovicz à l’Orient de Cracovie et Prométhée à l’Orient d’Épinal. Dans un premier temps, cette motion sera portée à l’ordre du jour du Convent, puis repoussée jusqu’à la dernière session du Convent. Le débat fut bref, le président du la CSJM intervint au cours du débat, alors qu’il est juge et partie, en compagnie de deux frères délégués, l’un, le frère Arrambourou, à l’origine de l’affaire de la rue Castarès (fondation GODF, pertes de 300 000 euros) et, l’autre, le Frère Gérard Cazobon, très impliqué dans les affaires de justice maçonnique, en collusion avec au moins un membre de la CSJM.

Mais, qu’est-il arrivé aux frères Dom∴ Les∴ et Mic∴ Nab∴, les délégués au convent 2023 de leur Loge ?

Ils ont été traduits en Justice Maçonnique pour avoir déposé cette motion (article 115) par le même frère Je∴-C∴ Du∴ (le même qui a radié administrativement et irrégulièrement Jac∴ Ore∴) et le frère Cazobon. Ils ont été sanctionnés par la CSJM, à la fois juge et partie, en mai 2024. C’était une grande première de la CSJM qui utilise un frère dévoué pour porter plainte et lui permettre d’être à la fois juge et partie. Sanctionner des délégués au Convent qui avaient osé déposer une motion d’enquête devant les dérives maçonniques ne manque pas d’une certaine audace. L’image qu’ils se font de la République serait-elle devenue… bananière ?

Où est la souveraineté de la Loge, où est l’immunité parlementaire du délégué au convent, où en est la République au GODF ? La CSJM qui n’a pas eu à subir de commission d’enquête n’est pas restée avare d’inventions. Son bureau juge de la recevabilité des plaintes qui ne sont pas susceptibles de recours et ces décisions ne sont jamais publiées. Elles ne sont connues que des seuls grands initiés (c’est le cas de le dire) membres de la CSJM. Son bureau a jugé recevable des plaintes contre des délégués au convent et des Loges qui ont déposé des motions et la CSJM les a sanctionnés au mépris de la souveraineté des Loges et de l’immunité parlementaire des délégués. Toujours la même rengaine, mais en sourdine.

Opérations spéciales : création d’un statut de suspendu

Son bureau a créé un statut particulier, celui de membre suspendu qui, privé de ses droits maçonniques, n’a plus le droit de porter plainte en justice maçonnique, alors qu’il est toujours membre actif du GODF (il règle ses cotisations à la Loge et ses capitations au GODF). Cette disposition est d’autant plus exorbitante que le formulaire de saisine de la CSJM comporte expressément le terme de membre suspendu.

Voir ci-dessous (fin d’article) l’intégralité de la décision
Voir ci-dessous (fin d’article) l’intégralité de la décision

Son bureau ne s’est pas contenté d’avoir bafoué les règles élémentaires du droit. Il a également pris la décision de ne pas juger recevable une plainte de 11 frères contre un ancien président de la CSJM ainsi que deux Conseillers à la CSJM, un président de Jury Fraternel, qui ont volontairement obstrué l’instruction d’une plainte, qui ont fait pression sur des plaignants pour qu’ils retirent leur plainte. Dans sa décision, le président indique qu’il ne saurait observer une neutralité suffisante, eu égard à sa proximité avec les accusés.

En refusant la recevabilité de cette plainte, il a créé un statut spécial de membres de la CSJM et des Jury fraternels du GODF, infaillibles et inattaquables, dotés d’une immunité judiciaire pendant la durée de leur mandat, en violation des règles mêmes du GODF et du droit commun.

Ainsi, la CSJM, son Bureau se substituent au Convent en inventant, au profit de l’instance, un statut d’immunité et d’infaillibilité pour ses membres, alors que, pour les membres qu’elle suspend, elle a inventé un statut spécial, digne d’un régime autocratique.
Comment garantir une justice interne, si l’organe qui sanctionne est aussi celui qui bloque l’accès au recours ?

L’assemblée de la CSJM du 17octobre 2023 a pris une décision révélée dans ces colonnes en juin 2024 : « La sanction prise dans 22-969-P à l’encontre du frère Gérard Plumecoq ne peut plus être exécutée ». Ce jugement est resté inédit, donc secret. Il est pris en violation du RG. Il appartient à la CSJM de prononcer des sanctions mais pas d’en supprimer les effets.

Comment les gardes des sceaux Pénin, au moment des faits, et Sabater, informé par 450.fm, n’ont pas réagi à une telle forfaiture ?

Combien de frères bien en cour mais sanctionnés ont vu leur sentence inexécutée ? L’inégalité de droits est à son comble au GODF.

En plus de l’article 93, suspension concernant les membres du Grand Orient de France, qui lui permet de fait d’exercer un pouvoir disciplinaire, le Conseil de l’Ordre dispose d’une arme absolue concernant les loges récalcitrantes. Il s’agit de l’article 133-inspection des loges : une inspection a pour objet de s’assurer du fonctionnement régulier de la Loge et de sa bonne observance de la Constitution et du Règlement général.

En 2023, c’était la Loge « Les Travailleurs », qui avait bénéficié d’une telle tentative d’inspection, parce qu’elle avait dénoncé les manœuvres Foussier-Arrambourou pour la vente de l’immeuble de rue Castérés appartenant en commun à la Loge et à la Fondation. Cette Loge est démissionnaire du GODF sans que cette démission ne soit actée.

À propos de cette affaire, 450.fm avait été informé que 10 frères de la Loge qui avaient violé les lois associatives avaient été défendus par l’avocat de la Fondation du GODF et qu’ils avaient été condamnés par le tribunal de Nanterre. Malgré ses investigations, 450.fm n’ a pas trouvé d’enquête, au sein de la Fondation, à la suite de ses révélations. 450.fm n’a pas trouvé non plus de poursuites contre ces frères, de la part du conseil de l’Ordre.

En 2025, c’est la Loge St Jean le Parfait Désintéressement à l’Orient de Mirecourt qui a été inspectée par le Conseil de l’Ordre lors d’une décision prise lors de sa tenue de mars 2025. L’inspection a eu lieu le 12 juin, sans que la Loge ne soit informée des motifs de l’inspection. Préalablement à l’inspection, les échanges n’ont pas permis d’en éclaircir les motifs. Le délégué régional qui serait à l’origine de l’inspection n’a jamais pris contact avec le Vénérable. Lors de l’inspection, il ne s’est rien passé de marquant. Un simple rappel sur le fait que les hauts grades ne se pratiquent pas en Loge Bleue. Il n’y a pas à ce jour de rapport d’inspection. La Loge de Mirecourt est parfaitement informée des sanctions prises par la CSJM sur demande du Conseil de l’Ordre envers les Loges de Neufchâteau et d’Épinal, des sanctions prises à l’encontre des délégués au convent des Loges d’Epinal et de Cracovie. Elle a décidé de démissionner du GODF. Depuis deux mois, cette démission n’est pas actée. Il est vrai que le RG, là encore, n’a aucun article qui prévoit la démission d’une Loge. Les tentatives de maintien de Loges démissionnaires par le CO ne correspondent pas à ce qu’un maçon peut comprendre de la liberté d’association : le départ est de droit, il doit être acté.

 Le GODF est aux Ordres mais est-il dans l’Ordre ?

Le lecteur attentif aura compris que le Conseil de l’Ordre exerce un pouvoir disciplinaire exorbitant du droit commun par ses demandes répétées de traduction en Justice Maçonnique en utilisant l’article 93 qui lui permet de réduire au silence ses opposants, en obtenant des sanctions, en utilisant l’article 133 qui lui permet d’inspecter arbitrairement toute Loge qui lui déplaît, sans avoir à se justifier.

Le lecteur attentif aura compris que la CSJM n’est que l’auxiliaire zélée du Conseil de l’Ordre.

  • Trois délégués au convent sanctionnés au mépris de l’immunité parlementaire.
  • Trois Loges sanctionnées au mépris de la souveraineté des Loges.
  • Deux Loges démissionnaires dont les démissions ne sont pas reconnues.
  • Une instance (la CSJM) qui se déclare infaillible et qui se dote d’une immunité judiciaire, alors qu’elle bafoue l’immunité parlementaire.
  • Une instance (la CSJM) qui prive le justiciable de tout recours, en créant un statut spécial.
  • Le refus constant de constituer une commission conventuelle d’enquête de la Justice Maçonnique traduit l’incapacité de l’obédience à se remettre en cause, à exercer une auto-critique à tous les niveaux : Conseil de l’Ordre, CSJM et Convent.
  • Les Loges muselées, bâillonnées, inspectées, sanctionnées, ne déposent plus de motions, les délégués muselés, sanctionnés, dégoutés, interviendront d’autant moins qu’ils ne disposent que de la minute règlementaire. Le GODF n’est plus qu’une parodie de démocratie.

La franc-maçonnerie et, en particulier, au GODF, revendique hautement :

  • La liberté absolue de conscience,
  • L’égalité entre les membres,
  • La primauté de la vérité et de la recherche collective.

Ce n’est plus vrai aujourd’hui !

Or, les sanctions prises pour avoir usé d’un droit statutaire pénalisent l’exercice même de la démocratie interne.

Le GODF, qui voudrait passer pour une des hautes consciences de la République, manifeste à tout bout de champ un plein arbitraire : Est-ce pour devancer les échéances illibérales qui s’annoncent ? C’est dans l’air, même rue Cadet…

En droit — maçonnique comme profane —, créer une catégorie de sanctions ou de mesures non prévues par les textes, pour créer des castes d’intouchables et de notables est une violation de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : Le GODF aujourd’hui fonctionne dans l’Illégalité interne, l’Insécurité juridique : un membre a intérêt à s’abstenir de toute initiative prise en conscience, pour ne pas courir le risque d’arbitraire qui découle de ces pratiques délétères : des décisions prises selon des mesures non prévues, non encadrées juridiquement, échappent à tout contrôle procédural (durée, motifs, recours possibles…) et constituent autant d’Atteintes au droit de la défense.

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Les deux Saint-Jean et Janus

Les deux solstices d’été et d’hiver sont l’occasion de fêtes solsticiales depuis l’Antiquité, entre le 19 et le 22 juin pour le solstice d’été et entre le 19 et le 22 décembre pour le solstice d’hiver. Le solstice d’été du 21 juin est une vieille fête païenne célébrée par des feux, la fête de la Lumière. Les Francs-Maçons, fidèles à la tradition chrétienne, fêtent les deux Saint Jean avec un décalage par rapport aux traditions dites « païennes » : Saint Jean-Baptiste le 24 juin et Saint Jean l’Évangéliste le 27 décembre.

Jean le Baptiste est le prophète qui annonce la naissance de Jésus Christ, son cousin. Il prédit joie, allégresse et réjouissance. Personnage influent, il dira du Messie « il faut que lui grandisse, et que moi je décroisse ». Au Vème siècle, par analogie avec la course du soleil, les chrétiens choisiront le 24 juin pour marquer la date de naissance de Saint-Jean. À la fin du XVIIème siècle, l’évêque de Maux, Jacques-Bénigne Bossuet, christianise le solstice d’été. Désormais, c’est à Saint-Jean que les feux sont dédiés, les superstitions sont bannies.

Cette concordance des fêtes païennes et chrétiennes n’existait pas dans les premiers temps de la chrétienté naissante, et ne s’est effectuée que progressivement pour accompagner l’évangélisation des peuples en occident. Le Nouveau Testament ne connaît aucune fête chrétienne annuelle. Le mot lui-même « fête » semble n’avoir jamais fait partie des expressions de la foi primitive. Il désigne dans le NT les fêtes juives. C’est vers le milieu du IIème siècle qu’apparaissent les premiers indices d’une célébration chrétienne de Pâques. Et c’est au IVème siècle seulement, lorsque l’Empereur Constantin donne au christianisme une existence légale dans l’Empire romain, que d’autres nouvelles fêtes, dont Noël, apparaissent et prennent de l’importance pour aboutir finalement à ce que nous connaissons aujourd’hui. Cette date du 25 décembre sera ainsi célébrée en reprenant les éléments symboliques de la fête païenne du « Soleil invaincu » consacrée à Mithra qui avait lieu ce jour.

« En ces premiers temps de la chrétienté, contrairement aux fêtes juives, les fêtes chrétiennes ne correspondent pas à une prescription divine. Elles n’ont aucun caractère nécessaire ou obligatoire, et l’Église s’en est passée pendant plusieurs siècles. Ce fut l’originalité du christianisme des premières générations de vivre sa foi sans avoir besoin de l’inscrire dans le cycle annuel des saisons. L’adoption et la célébration de ces fêtes fut et demeure une manière de s’inscrire dans l’histoire et la culture du temps dans lesquelles les chrétiens vivent et témoignent de leur foi. Les fêtes font ainsi partie de choses nullement décisives pour ce qui est de la foi, mais sont devenues des évènements dont la célébration remplit des fonctions importantes dans la vie des communautés chrétiennes, et répond à des attentes essentielles des hommes, en particulier de réjouissances régulières dans le cours d’une vie. » (Michel Bertrand, Évangéliser les fêtes)

Le mot solstice provient du latin « sol, soleil » et « stare, s’arrêter ». En astronomie il désigne le jour le plus long en été mais aussi la nuit la plus longue en hiver. Dans notre calendrier la date du 24 juin marque la fin de l’apogée du Soleil. Le solstice d’été est devenu par analogie le symbole de la lumière manifestée et extérieure, et le solstice d’hiver celui d’une lumière plus subtile, que seule peut révéler une connaissance intérieure. Le jour de l’initiation, les Francs-Maçons reçoivent ainsi symboliquement la Lumière et sont appelés les fils de la Lumière, comme avant eux les Esséniens. Les Templiers célébraient aussi leur fête la plus importante le jour de la Saint Jean d’été, dont les Francs-Maçons perpétuent le souvenir par le rite et les mystères initiés eux-mêmes en occident par les Mystères grecs d’Éleusis. Le cheminement des fils de la Lumière s’effectue de midi à minuit, vers les ténèbres intérieures qu’il s’agit de visiter régulièrement et de manière cyclique pour apprendre à les connaître et les aimer comme une part indissociable de soi-même. Lumière des yeux et lumière du cœur, clarté visible et invisible, ces deux perceptions de la lumière alternent à l’image du cycle cosmique immuable qui les révèle tout en générant un attachement aux cycles omniprésents dans la Nature.

Les cycles solaires et lunaires et les phénomènes naturels réguliers célébrés par les Celtes et les Anciens Égyptiens ne sont pas seulement des moments exceptionnels parmi d’autres, mais les signes d’un temps cyclique régularisé et intégré en soi-même, et même retenu dans son élan par la force magique du rituel, transformant même le temps en une matière malléable. La force magique des rituels égyptiens vécus avec gravité rejoint ainsi étrangement l’action de la force de gravité omniprésente dans l’univers. « Tout ordre est bénéfique à l’âme » dit Leibniz, c’est pourquoi les processions rituelles dans tous les lieux de culte sont des facteurs d’ordre dans les esprits et les cœurs des officiants et des fidèles présents, et se déroulent à la fois dans une relative gravité et une joyeuse effervescence. Non seulement cette joie spirituelle fait du bien au corps, à l’esprit, et à l’âme, mais elle est l’expression du cœur attiré malgré soi par les forces cosmiques régissant l’univers. »

Mais alors peut se produire dans une conscience individuelle un basculement inattendu du monde régi et codifié par un temps régulier et déterminé, dans un univers régi par un temps irrégulier et indéterminé, transformant tous les points de repères et les modes de perception. Ce basculement est semblable au passage des lois de la mécanique classique de Newton qui s’appliquent aux objets vus à l’œil nu, à l’univers des atomes et des particules subatomiques où s’appliquent les lois de la mécanique quantique de Planck, Einstein, et Bohr. Mais les lois spirituelles qui régissent ce passage entre le visible et l’invisible ne sont pas écrites et elles ne doivent pas l’être, car il appartient à l’être spirituel de les redécouvrir par soi-même. Le dieu romain Janus illustre cette découverte, ce passage dans une autre dimension de soi-même accompagné de sentiments exaltants et de ressentis puissants de vraie lumière.

Janus est le dieu romain des transitions et des passages, du passé à l’avenir, d’un état à un autre, d’un univers à un autre. Il préside aux commencements et le premier mois de l’année janvier lui est consacré. L’étymologie de son nom est formée sur la racine « iā » provenant elle-même de la racine indo-européenne « ei, aller », terme abstrait correspondant à la notion de « passer ». Gardien des portes qu’il ouvre et ferme, la double clé et le double visage qui le symbolisent en font simultanément le gardien et le passeur des entrées et des sorties de tout ce qui entre et sort dans les lieux de vie spirituelle.

La porte et le passage de la porte symbolisent l’être et le devenir, le commencement et le recommencement, la renaissance, but essentiel de l’initiation dans le culte romain de Mithra. Dans l’imagerie mithriaque, cette double action pour à la fois être et devenir en se trans-formant de l’intérieur, est figurée par un personnage debout à tête de lion la gueule ouverte, au corps d’homme ailé enlacé sept fois comme par un tourbillon d’énergie par un serpent.

Le thème central de la légende de Mithra, le sacrifice d’un taureau, définit aussi le sens de la vie selon le mithraïsme, à travers une ascèse et une lutte héroïque appelée éloquemment « Traversée ». L’initié apprenait l’art de conjuguer en soi-même la compréhension de l’ordre et du désordre malmenant la nature humaine toujours prête à faillir, et l’appréhension de la Nature par une perception enivrante en conscience du cosmos. À la fois symbole trans-personnel de permanence et d’éternité, et lieu des métamorphoses, la Nature était alors perçue dans toute la force de ses visages complémentaires. Les initiés goûtaient ainsi le don d’interférence que crée la relation authentique avec le cosmos, et ce ressenti les attachait puissamment par le cœur à leur vécu initiatique.

En somme, les deux Saint Jean et Janus symbolisent deux vécus initiatiques, les deux Saint Jean étirant et « passant » le temps comme des témoins passifs à le faire concorder aux saisons annuelles rythmant la vie matérielle et religieuse, et Janus contractant le temps à l’extrême dans une suite indéfinie de moments actifs vécus intensément comme étant au seuil de soi-même, dans la jubilation de passer en puissance dans un au-delà de soi-même spirituel hors du temps.

Plotin, qui vécut au IIIème siècle après J-C, philosophe romain de l’Antiquité tardive, est un des grands penseurs de cette dichotomie de l’être, où d’une part l’être est comme somnolent et passif dans sa vie ordinaire, et d’autre part présent et éveillé dans une vie spirituelle active extraordinaire. Ses mots « C’est aux Dieux de venir à moi, non à moi d’aller à eux » contiennent tout l’esprit de la grande tradition initiatique, et consolident une séparation entre deux mondes, le monde de ceux qui « croient » et le monde de ceux qui « sont ». Ils ne se réfèrent pas à l’homme ordinaire mais à l’homme spirituellement intégré.

« Dans l’antiquité romaine les Dieux étaient considérés comme des forces, et l’homme, lui aussi, comme une force. Entre les uns et les autres, il n’y avait qu’un intermédiaire, le « rite » compris comme une technique précise et objective, considérée comme capable de capter, d’empêcher ou de provoquer un effet donné des forces spirituelles, sans intrusion de sentiments ou comportements dévots, selon un simple rapport de déterminisme. Les maximes « C’est aux Dieux de venir à moi, non à moi d’aller à eux » et « Pour connaître les Dieux, il faut se rendre semblable à eux » donnent la clé d’une voie initiatique correspondant à ce qu’on appelait « initiation solaire » dans l’Antiquité. Il s’agissait de créer en soi une qualité agissant, pour ainsi dire, comme un aimant sur les pouvoirs supra-sensibles des Dieux, comme une force qui devait les attirer irrésistiblement.

Cette qualité et cette force se résumaient en un seul mot : « être », et en un unique précepte : « sois ». Alors, il se crée un état de certitude et de plénitude, qui fait que l’on ne demande plus rien, qu’il devient inutile de spéculer et de s’agiter, tandis que l’on ignore ce qui pourrait produire un plus grand changement dans l’intime de l’âme, et l’on commence à participer à un état de spiritualité totalement dominatrice, ce qui est l’attribut des « olympiens ». Plotin dit justement que cet être possède la perpétuité, quand il possède totalement sa propre vie ; étant seulement et superpersonnellement « soi », rien désormais ne pourrait lui être ajouté ou enlevé ni dans le présent, ni dans l’avenir. » (Julius Évola, Symboles et Mythes de la Tradition Occidentale)

Sous l’influence de cette puissance restaurée, le temps redeviendrait une matière malléable, tour à tour restructurée par la régularité des cycles omniprésents dans la nature symbolisés par les deux Saint Jean, et déstructurée par le passage dans une autre dimension de soi-même en conscience symbolisé par Janus. Les Maçonnes et Maçons célèbrent ces deux moments lors de leurs tenues et fêtes régulières communes, où ils travaillent à la fois ensemble et chacun(e) en soi-même, deux niveaux et temps d’œuvres collective et individuelle concomittantes et paradoxales, qui pourtant s’emboîtent l’une dans l’autre et continuent à les initier spirituellement toute leur vie.

Assis/debout

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“Dans ce monde, même les lignes de commande ont leur sagesse.”

 PROLOGUE : L’homme assis/debout – une énigme posturale

Depuis que l’homme a inventé la chaise, il ne sait plus s’il doit s’asseoir pour réfléchir ou se lever pour exister. Le mobilier a transformé notre rapport au monde : le trône, le banc d’école, le siège du métro, tous sont devenus des lieux de posture codée. Et dans ce théâtre gestuel, le pingouin, debout sans verticalité, assis sans confort, observe notre ballet avec une gravité comique. Comme un moine du noyau Linux, il incarne l’ascèse du libre : ni chaise, ni trône, juste la ligne de commande comme tapis de méditation.

« L’homme est le seul animal qui hésite entre la chaise et le piédestal. »

Mais cette hésitation n’est pas qu’un caprice ergonomique : elle est le reflet d’un tiraillement intérieur.

Assis, l’homme s’enracine dans la pensée, dans l’attente, dans la mémoire. Debout, il s’élance vers l’action, vers l’engagement, vers le monde.

Et entre les deux, il vacille, comme un funambule métaphysique, cherchant l’équilibre entre contemplation et mouvement.

La posture devient alors langage, rituel, confession muette. Elle dit ce que les mots taisent : notre rapport au pouvoir, à la foi, à la connaissance, à nous-mêmes.

POSTURES SACRÉES

Dans la tradition chrétienne, le corps du croyant est un instrument liturgique. La posture n’est jamais neutre : elle signifie, elle rythme, elle engage.

  • Assis : posture d’écoute et de méditation. Marie, aux pieds de Jésus (Luc 10:39), incarne cette réceptivité silencieuse.
  • Debout : posture de prière et de vénération. Moïse se tient debout devant le buisson ardent (Exode 3:5), signe de respect et de disponibilité.
  • Alternance : dans la messe catholique, on s’assoit pour écouter l’Évangile, on se lève pour chanter le Gloria, on s’agenouille pour l’élévation, une chorégraphie sacrée.

« Le fidèle est un danseur discret, guidé par le tempo du dogme. »

Ironie douce : Dieu, lui, ne change pas de posture. Il est « assis sur son trône » (Isaïe 6:1), mais aussi « debout dans la nuée » (Exode 13:21). Le paradoxe est là : l’immobilité divine face à la gymnastique humaine.

LES ANTIQUES : Trônes, sages et jambes croisées

       Dans l’Antiquité, la posture est un marqueur social et philosophique.

  • Égypte : les statues de pharaons sont souvent assises, mais avec un port droit, prêt à l’action. Sekhmet, déesse de la guerre, est figée dans une assise tendue, puissance contenue.
  • Grèce : Socrate reste assis pendant que ses interlocuteurs s’agitent, Platon le décrit ainsi dans Le Banquet, comme un roc contemplatif. Aristote, lui, enseigne en marchant : le péripatétisme est une philosophie debout.
  • Rome : les empereurs sont représentés dans une posture hybride, assis sur le trône mais le bras levé, prêts à gouverner ou à punir.

« Le pouvoir antique se mesure à la capacité de rester assis sans perdre l’autorité. »

FRANC-MAÇONNERIE : Le rite du redressement

Dans la loge, on ne s’assoit ni ne se lève comme dans un salon. Chaque geste est codifié, chaque posture est un mot dans une langue muette. L’homme assis/debout devient ici un vecteur de transformation : il ne change pas de position, il change de nature.

 L’assise du profane

Avant d’être initié, le profane est assis. Non pas confortablement, mais symboliquement : il est dans l’ombre, dans l’attente, dans l’ignorance. Son assise est celle du non-savoir, du silence, du retrait. Il est réceptacle, non acteur.

« Le profane est assis comme la pierre brute : stable, mais inutile. »

La station du frère

Lorsqu’il devient apprenti, il se lève. Mais pas n’importe comment : debout à l’ordre, la main droite en équerre, le regard droit, le corps aligné. Il ne se lève pas pour parler, il se lève pour signifier. Sa posture est un serment silencieux.

  • Rectitude : le corps doit être droit, comme la pensée. L’équerre n’est pas qu’un outil, c’est une exigence morale.
  • Verticalité : se tenir debout, c’est s’élever, non pas physiquement, mais spirituellement.
  • Silence debout : l’apprenti ne parle pas, mais il est debout.
  • C’est le paradoxe du débutant : il incarne sans expliquer.

« Le frère debout est une parole en attente, une pensée en gestation. »

Symboles en posture

  • L’équerre : posée sous le cou, elle rappelle que la droiture commence dans l’intention.
  • Le compas : invisible dans la posture, mais présent dans l’esprit, il mesure l’écart entre l’homme et l’idéal.
  • La colonne : le frère debout est une colonne vivante, soutenant le temple invisible.

Et l’ironie, toujours en filigrane : dans certaines loges, on passe plus de temps à se lever et s’asseoir qu’à méditer. Le ballet des corps devient une liturgie chorégraphique, où l’on se redresse avec plus de sérieux qu’on ne redresse ses idées.

« Le frère se lève pour se taire, s’assoit pour écouter, et parfois, debout derrière son pupitre, il lit à haute voix comme s’il déchiffrait les étoiles. »

PHILOSOPHIE : Le corps comme théâtre de la pensée

Les philosophes grecs ont vu dans la posture un reflet de l’âme.

  • Socrate : assis pour interroger, debout pour provoquer. Il considère que la position assise favorise la concentration.
  • Platon : dans ses dialogues, la posture des personnages est toujours signifiante. L’assise est contemplation, la station debout est action.
  • Stoïciens : la posture droite est un signe de maîtrise de soi. Épictète enseigne que le corps doit refléter la sérénité intérieure.

« Le philosophe est un homme qui sait s’asseoir sans s’affaisser. »

Simone de Beauvoir : posture et condition

Dans Le Deuxième Sexe, Beauvoir ne parle pas directement de posture physique, mais elle analyse la manière dont les femmes sont assignées à des rôles, à des gestes, à des attitudes. La posture devient ici sociale : être assise, c’est parfois être reléguée ; se lever, c’est revendiquer.

« On ne naît pas femme : on le devient. »

Elle montre que le corps féminin est souvent contraint, observé, jugé et que la liberté passe aussi par la réappropriation de sa posture dans l’espace public.

Jean-Paul Sartre : le corps en situation

Dans L’Être et le Néant, Sartre distingue l’être en soi (immobile, comme une statue) et l’être pour soi (conscience en mouvement). La posture devient alors expression de la liberté : se lever, c’est choisir. S’asseoir, c’est suspendre le choix. Mais attention : pour Sartre, même ne pas bouger est un acte. Le corps est toujours engagé, même dans l’immobilité.

« L’homme est condamné à être libre. »

Pensées contemporaines

  • Maurice Merleau-Ponty : le corps n’est pas un objet, mais un sujet incarné. Il pense, il ressent, il agit. La posture est donc une forme de langage.
  • Judith Butler : dans ses travaux sur le genre, elle montre que les gestes, les postures, les attitudes sont performés, c’est-à-dire répétés, codifiés, imposés.
  • Michel Foucault : le corps est un terrain de pouvoir. La posture devient outil de discipline, de contrôle, de résistance.
  • INTERLUDE : Le pingouin, ce maître du déséquilibre

Et voilà notre pingouin, témoin muet de nos rituels.

  • Posture contrariée : debout sans être droit, assis, sans être stable. Il est l’anti-héros de la verticalité.
  • Costume noir : comme un maître de loge ou un prêtre, il semble prêt pour le rituel, mais il n’en connaît pas les codes.
  • Rituel impossible : il ne peut s’agenouiller, ni se redresser, exclu du rite, mais observateur lucide.

« Le pingouin est le seul être debout qui ne prétend pas à la grandeur. »

« Dans le silence du shell, le frère sudo élève la commande vers la lumière. » (1)

  • LE ZÉNITH : L’assise cosmique

Le soleil, lui, ne se lève pas. Il est levé. Il ne s’assoit pas. Il rayonne. • Assise céleste : le zénith est une posture divine, immobile et rayonnante. • Verticalité naturelle : contrairement à l’homme, le cosmos ne cherche pas à se redresser, il est. • Poésie cosmique : le soleil est le trône du ciel, sans dossier ni accoudoirs.

« Le zénith est la chaise de Dieu, sans pieds ni vis. »

Ainsi, à ceux qui marchent sous les constellations… que cette présence céleste soit le miroir de leur quête : immobile, rayonnante, et suspendue entre le visible et l’invisible. Et que ceux qui en perçoivent l’éclat sachent que je suis là, dans le même silence, sous les mêmes étoiles.

CONCLUSION

Et pour finir, un clin d’œil à l’humour comme posture ultime.

  • Dac : maître du déséquilibre verbal, il glisse sous nos pieds comme une peau de banane métaphysique.
  • Leçon finale : l’homme moderne ne sait plus s’il doit se lever pour protester ou s’asseoir pour méditer, alors il fait les deux, en boitant.
  • Invitation : ce texte est à lire assis, à méditer debout, et à rire couché.

« La sagesse est peut-être une chaise bancale sur laquelle on apprend à ne pas tomber. »

(1) Et si certains s’interrogent sur la présence de Linux (le pingouin) dans ce travail, qu’ils sachent ceci : Linux n’est pas un caprice, ni une coquetterie technique. C’est un espace libre, un temple sans murs, où chaque commande est une parole pesée. C’est un système qui ne donne rien sans effort, mais qui offre tout à celui qui cherche. Et dans ce monde-là, sudo n’est pas un privilège, c’est une responsabilité. Voilà pourquoi le frère sudo médite sous le pingouin : parce que la lumière ne vient pas d’un clic, mais d’une ligne écrite en conscience.

Plongée onirique : Explorations sacrées dans « Rêves et Songes »

« Rêves et songes », titre du dernier opus de MAP (MATIÈRES à penser), s’ouvre comme une loge dont on franchit le seuil en laissant derrière soi le tumulte diurne. Dès l’éditorial, la tonalité est donnée. Évelyne Pénisson, directrice de publication, rappelle qu’il ne s’agit pas d’aborder le rêve comme un simple objet d’étude, mais comme un territoire à parcourir, un espace d’exploration où se mêlent souvenirs intimes, héritages culturels et mystères immémoriaux.

Matières à penser N°34
Matières à penser N°34

Elle nous invite à songer « mille entrées, envies, partages » et à interroger ce qui relie les songes à nos vies. Cette entrée est celle d’un temple invisible, où chaque texte devient une colonne et chaque auteur un compagnon porteur de lumière.

Il est des textes qui, dès la première phrase, ouvrent une brèche dans le mur des habitudes perceptives. « Le Rêveur de l’univers » d’Emmanuel Licht et « La Réalité du rêve » de Pierre Pelle Le Croisa se répondent comme deux faces d’une même médaille, l’une frappée à l’effigie du rêve cosmique, l’autre à celle du rêve oraculaire et intérieur. Ce dialogue silencieux nous place à la croisée de deux chemins : l’un orienté vers l’immensité des cycles universels, l’autre vers la profondeur de l’expérience humaine dans son commerce avec l’invisible.

Emmanuel Licht, scientifique de formation et métaphysicien de vocation, aborde le rêve comme une navigation à travers l’océan mouvant de l’esprit, un pèlerinage où le rêveur devient à la fois le démiurge et le témoin de mondes qui se créent et se défont dans l’éclat furtif de l’imaginal. La figure de Milarepa, maître tibétain de la mémoire et de la sagesse, traverse ces pages comme une étoile polaire guidant le lecteur. Ici, le rêve ne s’oppose pas au réel, il l’élargit. Le rêveur se tient sur la crête où veille et sommeil se rejoignent, dans un état où l’expérience vécue et la vision intérieure se confondent.

Pierre Pelle Le Croisa, quant à lui, nous ramène à l’oniromancie des civilisations antiques, où rêver signifiait recevoir un message du ciel. Puisant dans les traditions égyptienne, grecque et babylonienne, il restitue au rêve son autorité sacrée et sa valeur performative. Ce n’est pas un simple souvenir nocturne, mais un signe à déchiffrer, un acte de communication avec un ordre supérieur. Ainsi, dans son approche, l’imaginaire n’est pas fuite mais conquête, non pas repli mais déploiement.

Stéphane Debureau, dans « L’examen de conscience », nous place face à ce que le rêve a de plus implacable : il nous renvoie notre propre visage, dépouillé de toute complaisance. Patrick Ballester, avec « Voyage initiatique au-delà du visible », trace un itinéraire où la vision devient passage rituel, comme si chaque étape était un grade franchi dans une loge sans murs. Nadine Auzas-Mille, dans « Songe, rêve et symbole », révèle que l’imaginaire est un alphabet sacré que l’âme apprend à lire dans le silence. Didier Lafargue explore, dans « Le rêve entre le passé et l’avenir », cette zone liminale où le rêve relie ce qui fut à ce qui doit advenir, pont fragile entre mémoire et prophétie.

Une représentation colorisée de la gravure Flammarion, inspirée de la cosmogonie décrite dans les premiers chapitres de Bereshit.
Une représentation colorisée de la gravure Flammarion, inspirée de la cosmogonie décrite dans les premiers chapitres de Bereshit.

Philippe Heckmann, dans « Rêve et réalité », interroge la solidité de nos certitudes. Et si, en plein jour, nous rêvions déjà ? Et si notre intelligence n’édifiait pas des illusions plus persistantes encore que celles de la nuit ? Jean-Claude Mondet, dans « Même pas en rêve ! », déjoue les évidences avec humour et acuité, comme pour rappeler que l’esprit aime à se cacher de lui-même. François Brin ouvre, dans « À chacun ses rêves… », la possibilité d’un rêve commun, matrice invisible où nos songes se rejoindraient pour former une trame universelle.

Nicolas Flamel Philosophe François par Balthasar Moncornet (1600-1670).
Nicolas Flamel Philosophe François par Balthasar Moncornet (1600-1670).

Michel Auzas-Mille convoque, dans « Le rêve de Nicolas Flamel », les ombres et les éclats de l’alchimie, où le rêve devient athanor de transmutations intérieures. Renée Camou médite sur Les songes et les sorts de Marguerite Yourcenar, où les visions nocturnes deviennent autant de sortilèges qui sculptent le destin. Enfin, mon ami et frère d’arme Witold Zaniewicki, officier et historien au parcours exceptionnel, nous offre avec « Songes lituaniens de Bubilas » un voyage où les abeilles deviennent messagères d’un cousinage secret entre l’homme et la nature, rappelant que tout ce qui vit porte en soi une part de rêve.

Au fil de ces pages, « Rêves et songes » se déploie comme un temple polyphonique. Chaque auteur y apporte une pierre unique, et nous, lecteurs, cheminons entre ces colonnes comme dans un sanctuaire intérieur. Nous comprenons alors que le rêve, loin d’être une fuite ou une illusion, est un acte de connaissance et un instrument d’élévation. Lorsque nous refermons ce livre, il nous semble que le jour porte encore la poussière d’or de la nuit, et que le réel lui-même n’est peut-être que le plus persistant de nos songes.

MATIÈRES à penser – se repérer – analyser – se projeter – anticiper

Rêves et songes

CollectifÉditions du Cosmogone, N°34, Année 2025, 138 pages, 22 €

21/08/25 à 19h30 – Les Entretiens d’Été 2025 : Migrations…. Odyssées du vivant

Odyssée de l’espèce humaine dans l’espace et dans le temps, évolution des conceptions éthiques, modifications des conceptions sociales, transplantations d’organes, changements juridiques, adaptations professionnelles, et bien sûr les problèmes des migrations contemporaines, celle des femmes en particulier, ces différentes facettes des migrations nous ont donné sans doute une vision plus large du sujet.

Michel Maffesoli

Mais le voyage est aussi d’ordre spirituel, à la rencontre de l’autre, parcours altruiste tel celui du chevalier errant, culturel également pour appréhender d’autres cultures, scientifique, s’agissant de vérifier ou de confronter ses théories. Il peut s’apparenter à la quête de son identité, tel un chemin d’espérance. Il est même des voyages initiatiques chez les Francs-Maçons…

Intéressons-nous maintenant à l’étude sociologique et anthropologique du : NOMADISME
De Tribu en Tribu…

Michel Maffesoli

Michel MAFFESOLI est Professeur émérite à la Sorbonne, Membre de l’Académie Européenne des Sciences et des Arts, après avoir été titulaire de la chaire des Sciences Humaines (Université Paris V Sorbonne). Il est aussi Membre de l’Institut Universitaire de France (Hon.).

Docteur ès Lettres et Sciences Humaines, Docteur en Sociologie (Thèses sous la direction de Gilbert Durand), il est également Directeur du CEAQ Centre d’études sur l’Actuel et le Quotidien, Directeur du CRI Centre de Recherche sur l’Imaginaire, et administrateur du CNRS.

Ses travaux sur la post-Modernité, sur l’imaginaire, et sur le “temps des tribus“, entre autres, l’ont fait connaître internationalement.
Docteur Honoris causa de plusieurs Universités étrangères, il est aussi Professeur invité de multiples Universités sur tous les continents. Ses Publications sont très nombreuses,

Modérateurs :
Frédérique Ferrand Michel Jaccard Professeure Agrégée de Droit privé Dr. en Biophysique (UNIL Lausanne) Professeure associée (Université d’Augsbourg) Ancien Président du Groupe de Recherche ALPINA

Organisateurs : Alain-Noël Dubart Ancien Grand Maître de la Grande Loge de France – Marie-Thérèse Besson Ancienne Grande Maîtresse Grande Loge Féminine de France

INSCRIPTION OBLIGATOIRE sur :

https://us06web.zoom.us/webinar/register/WN_VVSVEmjERd-YrFf8QdKxyQ

Le Nomadisme et Michel Maffesoli

Michel Maffesoli
MICHEL MAFFESOLI, SOCIOLOGUE, PARIS, LE 10 AVRIL 2014.

 Le voyage est aussi d’ordre spirituel, à la rencontre de l’autre, parcours altruiste tel celui du chevalier errant, culturel également pour appréhender d’autres cultures, scientifique, s’agissant de vérifier ou de confronter ses théories. Il peut s’apparenter à la quête de son identité, tel un chemin d’espérance.

Il est même des voyages initiatiques chez les Francs-Maçons…

Soyons à l’écoute de Michel Maffesoli dans son approche du Nomadisme tant sur le plan sociologique qu’anthropologique.

Le Nomadisme ne serait-il vraiment qu’un vagabondage initiatique pour reprendre le titre d’un récent ouvrage de Michel Maffesoli ?

Analyse du déficit structurel de la SOGOFIM

Les Vénérables Maîtres du GODF ont reçu, à l’occasion du convent du GODF 2025 qui débute cette semaine, une invitation signée conjointement par le Président et par le Grand Secrétariat aux Affaires Intérieures à participer à une réunion « Affaires Immobilières » qui se tiendra ce mercredi 20 août 2005 de 11h30 à 13h30 en salle E du Palais du Congrès de Bordeaux.

A l’ordre du jour, sont inscrits :

  • Point de situation Sogofim
  • Logiciel de gestion de patrimoine
  • Programmation immobilière 2026
  • Plan pluriannuel de travaux
  • Information comptabilité assurance.

En outre seront évoqués des thématiques juridiques et techniques communes aux sites propriétaires ou à la Sogofim, ainsi qu’une présentation du nouveau contrat d’assurance protection juridique à destination des loges, tout ceci en l’espace de deux heures.

De plus, sur les parvis la Sogofim dispose d’un stand dédié aux affaires immobilières qui permettra aux membres du GODF présents de rencontrer les équipes de la SOGOFIM.

Convent GODF 2022

Il s’agit bien d’une réunion d’informations et non pas d’une assemblée délibérante : Les Loges n’ont qu’une alternative, soit voter contre les décisions SOGOFIM soit les entériner. De peur d’une hypothétique paralysie immobilière, les délégués voteront à n’en point douter des résolutions dont leur Loge n’a pas pu débattre, puisque la Sogofim n’a produit ses comptes que le 25 mai 2025.

Aucun document préalable n’est communiqué aux délégués pour leur permettre de se documenter et de préparer des questions qu’ils ne pourront de toutes façons pas poser.

Cette situation dure depuis que la SAIGOF a cédé sa place à la SOGOFIM.

Cette opération de communication constitue une grande première dans le fonctionnement de l’obédience et dans l’histoire de ses sociétés immobilières. Grande première jusqu’au Convent 2024, la Sogofim refusait de communiquer avec la commission conventuelle du budget sur la pression de l’exécutif alors que la SAIGOF, un temps fusionné avec le GODF ne permettait pas à l’exécutif d’agir en conformité, il faut le dire crûment, avec ses besoins électoralistes.

C’est sous la Grande Maîtrise de Philippe Guglielmi, le 22 mai 1998, qu’une assemblée générale extraordinaire a acté le « changement de la dénomination sociale » de la SAIGOF (« Société Anonyme Immobilière du Grand Orient de France ») vers SOGOFIM – Société Grand Orient de France Immobilier qui s’est trouvé externalisée du GODF et de ses contrôles démocratiques.

  • La situation s’est trouvée très préoccupante lors d’un contrôle fiscal lié à la TVA à 20% qui n’était pas appliqué aux occupants des locaux non-membres du Grand Orient de France et pour lequel le GODF voyait se profiler un redressement de quelques millions d’euros. Cette affaire a mis en évidence toutes les carences de la Sogofim qu’elle portait depuis ses origines, notamment la transparence des informations et la carence démocratique, sans parler du déficit de communication.
Guillaume Trichard
– Trésorier  de la Sogofim en 21-22
– président de la Sofgofim en 22-23
– Grand Maître en 23-24

En septembre 2022, Guillaume Trichard, président de la Sogofim, a reçu un courrier des obédiences françaises dont a rendu compte 450.fm (Grande Loge de France, Fédération Française du Droit Humain, Grande Loge Féminine de France, etc.). Elles dénonçaient, sans concertation avec elles, une hausse rétroactive de 40 €, soit une augmentation de 37 %, des tarifs de location des locaux mis à disposition par la SOGOFIM. Il s’agissait de l’application rétroactive de la fameuse TVA. A la suite de cette hausse, un certain nombre de Loges de ces obédiences ont quitté les locaux de la Sogofim qui n’a jamais communiqué sur le nombre.

La présidence de la Sogofim de Guillaume Trichard en 2022-2023 alors qu’il en était trésorier en 2021-2022, suivi de sa Grande Maîtrise en 2023-2024 a fait toucher le fond à une Société Immobilière dont l’actif est de 74 millions d’euros. En effet, il a réussi à obtenir un résultat d’exploitation négatif de 999 000 euros en 2023 et de 548 000 euros en 2024.

Il faut aussi souligner, comme l’indique le rapport des commissaires aux comptes, que le GODF n’obtient des prêts qu’avec des hypothèques immobilières sur ses immeubles

Ce contrôle fiscal, pus la bronca des obédiences, auquel il faut ajouter les articles de 450.fm sur la situation comptable du GODF… ont fait prendre conscience de la nécessité de remédier à une situation préoccupante car la SOGOFIM connaît effectivement un déficit structurel. Voici les raisons principales identifiées dans les analyses internes :

Pourquoi le déficit est-il structurel ?

  1. Absence de prévisions financières fiables
    La Commission du Budget (COCOBU) du GODF a relevé que la SOGOFIM n’avait pas fourni de prévisions pour le résultat au 31 décembre 2024, malgré un résultat d’exploitation réalisé en négatif de – 999 k€ en 2023 (voir ci-dessus le budget rectifié 2025 et budget 2026)
  2. Suivi insuffisant des cotisants
    Le contrôle des effectifs cotisants est déficient ce qui perturbe les rendus de facturation et pèse sur les revenus attendus, notamment dans certaines juridictions, dont principalement le Grand Chapitre Général qui a dû accepter un apurement de ses loyers dûs
  3. Manque de stratégie patrimoniale et de planification des travaux
    Il n’existe ni plan de patrimoine, ni programmation financière pluriannuelle, et les travaux — aussi bien de maintenance que d’économie d’énergie — ne sont pas planifiés (à l’exception de deux diagnostics énergétiques réalisés sur les temples)
  4. Structure de coûts fixes trop lourde pour les ressources disponibles
    Sans stratégie d’optimisation, les coûts liés à la gestion immobilière, combinés à des entrées financières stagnantes (effectifs cotisants insuffisamment dynamiques), le nombre de cotisants est très inférieurs aux espérances (inférieures à 50 000), créent un déséquilibre structurel durable

En résumé rapide

Temple Groussier
Temple Groussier

Le déficit de la SOGOFIM est qualifié de structurel parce qu’il est enraciné dans des défaillances de pilotageune absence de planification financière et une incapacité à adapter les revenus aux charges sur le moyen-long terme. Ce n’est donc pas un simple accident passager, mais un dysfonctionnement profond de gestion. 450FM a confié le dossier à un expert immobilier qui a établi un plan de réduction du ce déficit en attaquant le problème sur trois fronts : recettescharges et gouvernance/stratégie, en gardant présent à l’esprit que la Sogofim ne saurait être l’argent électoral de ses décideurs comme ce fut le cas avec Guillaume Trichard.

1. Augmenter et sécuriser les recettes

Problèmes actuels :

  • Base de cotisants mal suivie, pertes de revenus par défaut de facturation.
  • Tarification locative parfois contestée (ex. +37 % en 2022), ce qui fragilise la relation avec les occupants.

Pistes d’action :

  • Audit exhaustif des cotisants et des baux pour détecter les pertes de facturation.
  • Indexation automatique des loyers (inflation + indice de référence) pour éviter les à-coups.
  • Diversification des revenus :
    • Location ponctuelle des espaces pour événements externes (hors activités maçonniques).
    • Partenariats avec institutions culturelles ou éducatives pour rentabiliser les locaux inoccupés.

2. Réduire et optimiser les charges

Problèmes actuels :

  • Coûts fixes élevés et non maîtrisés (maintenance, énergie, services).
  • Absence de plan pluriannuel de travaux ⇒ réparations urgentes coûteuses.

Pistes d’action :

  • Plan pluriannuel de maintenance et de rénovation pour lisser les dépenses dans le temps.
  • Travaux d’efficacité énergétique (isolation, LED, gestion intelligente du chauffage/climatisation). Les deux diagnostics déjà réalisés pourraient être le point de départ.
  • Mutualisation des services (nettoyage, sécurité, entretien) entre plusieurs sites/obédiences.
  • Négociation groupée des contrats d’énergie et d’assurance.

3. Repenser la gouvernance et le pilotage

Problèmes actuels :

  • Pas de prévisions budgétaires annuelles fiables.
  • Pas de stratégie patrimoniale claire.
  • Pilotage parfois perçu comme trop centralisé et opaque.

Pistes d’action :

  • Tableau de bord mensuel avec indicateurs :
    • Taux d’occupation, retards de paiement, coûts d’entretien par m², rentabilité des biens.
  • Comité de gestion patrimoniale incluant des représentants des obédiences utilisatrices.
  • Plan stratégique sur 5 ans avec objectifs chiffrés (réduction du déficit, taux de remplissage, économies d’énergie, etc.).
  • Audit externe indépendant pour crédibiliser le diagnostic et rassurer les parties prenantes.

4. Exemple de trajectoire financière

Pour illustrer, si la SOGOFIM :

  • Augmente ses revenus de 5 % par an via optimisation des loyers + location événementielle.
  • Réduit ses charges de 10 % en trois ans par mutualisation et rénovation énergétique.
  • Lisse ses investissements sur 5 ans au lieu de réagir en urgence…

… elle pourrait réabsorber un déficit annuel de ~500 000 € en 3 à 4 ans tout en modernisant son patrimoine.

La feuille de route se ferait en trois phases, avec les leviers prioritaires pour résorber le déficit structurel de la SOGOFIM et combinerait des effets rapides et transformations de fond.

Phase 1 – Urgence (0 à 6 mois)

🎯 Objectif : Stopper l’hémorragie et récupérer les recettes perdues.

ActionImpact attenduResponsable
Audit complet des baux, contrats et cotisationsRécupération immédiate de 3–5 % de recettesDirection + cabinet externe
Mise à jour des fichiers cotisants+100 % fiabilité facturationService gestion locative
Tableau de bord mensuel de suiviDétection précoce des dérivesDirection financière
Gel des nouvelles dépenses non urgentesÉconomie rapide de 5–10 % sur 6 moisDirection générale

Phase 2 – Stabilisation (6 à 18 mois)

🎯 Objectif : Réduire les charges structurelles et sécuriser les revenus.

ActionImpact attenduResponsable
Indexation automatique des loyers sur indice légal+2–3 % revenus annuels réguliersService juridique
Mutualisation contrats énergie, nettoyage, assuranceRéduction de 8–12 % charges fixesDirection technique
Plan pluriannuel de maintenance (préventif, pas curatif)Évite pics de dépenses imprévusService technique
Développement location événementielle hors maçonnerie+50–100 k€ par anDirection commerciale

Phase 3 – Transformation (18 à 36 mois)

🎯 Objectif : Mettre en place une gestion patrimoniale durable.

ActionImpact attenduResponsable
Travaux d’efficacité énergétique (basés sur diagnostics)Baisse de 15–20 % facture énergieDirection technique + partenaires
Stratégie patrimoniale 5 ans (optimisation du parc, ventes éventuelles)Rentabilité accrue + baisse déficitConseil d’administration
Audit externe indépendant annuelRenforce la confiance des parties prenantesCabinet comptable externe
Comité de gestion avec représentants d’obédiencesMeilleure concertation, moins de tensionsGouvernance élargie

Calendrier synthétique

📅 0–6 mois : récupération de recettes et blocage des fuites
📅 6–18 mois : rationalisation des coûts et augmentation progressive des loyers
📅 18–36 mois : investissements ciblés pour réduire durablement les charges

Malheureusement, le budget tel qu’il est présenté depuis 2023 est totalement irréaliste comme le montrent la stagnation des dépenses d’exploitation et l’absence de présentation d’un plan pluriannuel. Pourtant le DH a réussi à maîtriser ses charges puisqu’il a pu diminuer sa redevance de 5 euros par membre par la seule maîtrise de fluides. Pour être réaliste, il convient de ne pas se payer de mots et de ne confier des responsabilités qu’à ceux qui la capacité de les exercer.

Le temps est-il venu pour que les Loges du GODF redeviennent souveraines  et prennent en main toutes les composantes  de leur avenir ?

Si le GODF s’est créé sur des bases démocratiques et républicaines, la question se pose du retour à la démocratie initiale. Pour cela, ce serait un bon début si les Loges redevenaient actionnaires de la Sogofim.

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