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La Grande Loge de France inaugure son nouveau musée

Ce jeudi 27 mars 2025, un événement d’envergure a marqué l’histoire de la Franc-maçonnerie française : l’inauguration du nouveau musée de la Grande Loge de France (GLDF). Plus de 450 invités[1] se pressaient en l’Hôtel de la Grande Loge de France, situé au 8 rue Louis Puteaux, dans le 17e arrondissement de Paris, pour célébrer cette réalisation ambitieuse.


[1] Petit sourire incident. Vous aurez peut-être relevé cet heureux présage : le nombre d’invités correspondant à celui du titre de notre Journal nous a également paru de bon augure…

Un moment solennel dans le Grand Temple Pierre Brossolette

La cérémonie s’est ouverte dans le cadre majestueux du Grand Temple Pierre Brossolette, un lieu emblématique de la GLDF, où ont eu lieu des tenues et des rencontres historiques, au cours des décennies. Le Grand Maître de la GLDF, Thierry Zaveroni, a prononcé un discours captivant, entouré de figures politiques et culturelles bien connues de la capitale. À ses côtés se trouvaient notamment Madame Karen Taïeb, Adjointe à la Maire de Paris en charge du patrimoine, de l’histoire de Paris et des relations avec les cultes, et Monsieur Geoffroy Boulard, Maire du 17e arrondissement. Leur présence a souligné l’importance de cet événement, au delà de la communauté maçonnique, pour la ville de Paris où prend place, avec ce musée, un nouvel acteur culturel original et enrichissant.

Dans son allocution inaugurale, Thierry Zaveroni a insisté sur la vocation du musée à incarner les valeurs humanistes et spirituelles de la GLDF, tout en s’ouvrant à un public plus large. « Ce musée est un pont entre notre tradition tricentenaire et les enjeux contemporains, » a-t-il déclaré, rappelant que la GLDF, forte de ses 32 000 membres et 940 loges, se veut un « rempart face aux extrémismes » et un promoteur de la laïcité et de la fraternité. Après ce discours, le Grand Maître, accompagné de ses invités d’honneur, a procédé à la coupe du cordon, symbolisant l’ouverture officielle du musée.

Un parterre de personnalités pour un site fédérateur

L’inauguration a attiré un public varié, reflet de l’ambition de la GLDF de dialoguer avec la société dans son ensemble. Parmi les 450 participants, on comptait des personnalités du monde politique, médiatique, scientifique, ainsi que des acteurs majeurs de la culture et du patrimoine. Des représentants d’autres obédiences maçonniques, comme la Grande Loge Nationale Française (GLNF), avec laquelle la GLDF a coorganisé les Entretiens Pic de la Mirandole, étaient également présents, manifestant un esprit de coopération interobédientielle. La présence de figures extérieures à la franc-maçonnerie, notamment des chercheurs et des historiens, a renforcé l’idée que ce musée s’adresse à tous, initiés comme profanes.

Des posts sur X, tels que celui de

  • @OrdoAbChaos147, ont capturé l’enthousiasme des participants : « Inauguration du Musée de la @GLDF_Officiel : J’y étais ! Une bonne idée que de vouloir y faire venir des enfants avec leur professeur, une bonne façon de démystifier dès le départ toute bêtise et de leur faire toucher du doigt la beauté. » Un autre utilisateur,
  • @LeHeros147, a ajouté : « Ce lieu mêle la Tradition et la modernité. Un moment à partager avec le plus grand nombre. C’est juste… magnifique ! Bravo à l’équipe du Musée de la @GLDF_Officiel. »
  • Ces témoignages spontanés reflètent l’émotion et l’espoir suscités par cette réalisation.

Un musée repensé pour transmettre et dialoguer

Le nouveau musée de la GLDF, situé au siège de l’obédience, est le fruit d’une année de travaux intensifs, initiée sous l’impulsion de Thierry Zaveroni, Grand Maître depuis 2022. Il s’inscrit dans une démarche de modernisation tout en restant fidèle aux racines historiques et spirituelles de l’obédience. Autrefois contenu dans un espace plus restreint d’une présentation classique, le musée a été entièrement repensé pour devenir un lieu « vivant », qui tisse un dialogue entre passé et présent. Il s’articule autour du triptyque MAB (Musée, Archives, Bibliothèque), inspiré des muséions antiques, ces temples grecs dédiés aux Muses, symboles de savoir et d’inspiration.

Les collections exposées offrent un panorama complet de trois siècles d’histoire maçonnique. Parmi les pièces phares, on trouve un registre de délibérations datant des origines de la GLDF, des textiles et bijoux maçonniques (cordons, sautoirs, médailles) illustrant les grades et les rites, notamment le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), pilier de la GLDF, ainsi que des objets prêtés par des institutions internationales. Une exposition dédiée aux francs-maçons résistants, avec des témoignages et des objets d’époque, rappelle leur rôle sous l’Occupation, lorsque le régime de Vichy avait interdit la franc-maçonnerie et pillé ses temples.

Un lieu d’ouverture et de partage

Ce musée incarne la volonté de la GLDF de s’ouvrir davantage à la Cité, comme l’a souligné Max Aubrun, président délégué du MAB, lors de l’inauguration : « Ce projet illustre une volonté d’ouverture, pour dépasser l’image de société discrète et devenir un acteur culturel reconnu. » Des outils numériques, tels que des écrans interactifs et des reconstitutions virtuelles, rendent l’expérience accessible à tous les publics : francs-maçons, chercheurs, scolaires ou simples curieux. Des visites thématiques sont prévues, notamment pour les enfants, afin de démystifier la franc-maçonnerie et de transmettre ses valeurs humanistes dès le plus jeune âge.

Le musée s’inscrit également dans une dynamique collaborative, notamment avec l’Association of Masonic Museums, Libraries and Archives in Europe (AMMLA), présidée par la GLDF depuis 2005. Cette ouverture s’est déjà manifestée lors des Journées du Patrimoine, où le siège de la rue Puteaux a attiré des milliers de visiteurs par le passé. Un espace notable du musée est dédié à la Loge Clio – du nom de la muse de l’Histoire – pour souligner que « transmettre, c’est prolonger la mémoire du monde ».

Un jalon dans l’histoire de la GLDF

Lieu de mémoire, de culture et de transmission, ce musée marque une étape majeure dans l’histoire de la GLDF, à la croisée du patrimoine maçonnique et de l’héritage spirituel. Initié sous Pierre Simon dans les années 1970, le projet MAB a évolué pour devenir un pôle d’excellence et cette rénovation en est l’heureux aboutissement. Elle intervient à un moment où la GLDF cherche à renforcer sa visibilité culturelle, dans un monde marqué par les crises et les tensions. Comme l’a rappelé Thierry Zaveroni lors de son propos, « la franc-maçonnerie joue un rôle essentiel dans notre société, en incarnant des valeurs humanistes face aux discours haineux et aux extrémismes ».

En inaugurant ce musée, la GLDF ne se contente pas de regarder le passé : elle se projette dans l’avenir.

40 jours dans le désert

Le désert s’étend devant nous comme une mer immobile, un océan de sable où le temps semble suspendu. Dans son silence écrasant, il murmure des vérités anciennes, des secrets que seul le vent ose porter. Quand l’on parle des 40 jours dans le désert, l’esprit se tourne souvent vers Jésus-Christ, retiré dans cette solitude aride pour jeûner et affronter les tentations. Pourtant, cette période résonne bien au-delà d’une seule tradition : elle est un symbole universel, une clé mystique ouvrant les portes de la transformation, de la purification et de la rencontre avec une Lumière intérieure.

Le désert : un sanctuaire de l’âme

Le désert n’est pas un simple lieu ; il est un temple sacré, un miroir où l’âme se contemple dans sa nudité la plus brute. Dépouillé des artifices du monde (bruits, richesses, distraction), l’être y entre comme un initié, laissant derrière lui les chaînes du superflu. Sous son soleil implacable, chaque grain de sable reflète une question essentielle :

Le désert est un creuset, un feu purificateur où l’ego s’effrite, où les illusions se consument. Dans cette solitude résonne une vérité profonde : le silence n’est pas vide, mais habité d’une présence invisible, une voix intérieure qui guide vers la connaissance de soi.
Dans cette immensité, Jésus a marché, Moïse a gravi des sommets, et des âmes innombrables ont cherché des réponses. Le désert est un seuil, une frontière entre le matériel et le spirituel, un espace où l’humain s’élève vers le sacré. Il ne tolère pas les faux-semblants ; il exige une authenticité absolue, comme un passage initiatique vers une vérité plus haute.

Le jeûne : une porte vers l’invisible

Le jeûne transcende la simple abstinence ; il est une clé sacrée, un rite où le corps se tait pour que l’esprit s’éveille. Dans le silence des sens, lorsque la faim physique s’efface, une autre quête se révèle : celle de l’infini, de l’absolu. Le jeûne dépouille l’être de ses attaches terrestres, le libérant des désirs matériels pour l’orienter vers des sphères plus subtiles. C’est un acte de purification, un renoncement au visible pour embrasser l’invisible, un écho au détachement des passions qui ouvre la voie à la Lumière.
Dans cette privation volontaire, l’âme se tient nue, sans les voiles des plaisirs éphémères. Le jeûne est un miroir de notre essence : il expose nos faiblesses, nos chaînes, mais aussi une force cachée. Il invite à dépasser la chair, à reconnaître que nous sommes souffle, esprit, Lumière. Chaque jour de jeûne est une marche intérieure, un pas vers la source enfouie en nous.

Le mystère du nombre 40

Pourquoi 40 jours ? Ce chiffre n’est pas un hasard ; il vibre d’une résonance mystique, traversant les cultures et les âges. Moïse passa 40 jours sur le mont Sinaï pour recevoir la loi divine, les Israélites errèrent 40 ans avant la Terre Promise, Jésus ressuscita après 40 jours parmi les siens, et Mahomet atteignit 40 ans lors de ses premières révélations. Quarante est un cycle complet, une gestation spirituelle, un temps où l’âme se dépouille, se forge et s’élève. Il symbolise un chemin de transformation, un rite de passage où l’ancien s’efface pour que le nouveau naisse. Le nombre 40 est une porte, un pont entre le terrestre et l’Éternel.

Les tentations : des ombres qui éclairent

Dans le désert, Jésus fait face à Satan, qui lui propose pouvoir, gloire et abondance. Ces tentations ne sont pas de simples obstacles ; elles sont des épreuves révélatrices, des miroirs tendus à notre humanité. Elles dévoilent nos désirs, nos failles, ces liens invisibles qui nous rattachent au monde matériel. Le désert les met en lumière, non pour nous perdre, mais pour nous inviter à les surmonter. Chaque tentation est un choix : succomber à l’illusion ou tendre vers la Lumière.
En résistant, Jésus trace une voie initiatique. Le désert devient une forge où l’âme est éprouvée, où la volonté se trempe comme l’acier. Les tentations, loin d’être ennemis, sont des guides masqués, des flammes qui consomment le superflu pour révéler l’essentiel.

Les leçons du désert

Que nous enseigne ce périple de 40 jours ?

Trois vérités émergentes des dunes mouvantes :

• La solitude comme révélatrice
Dans un monde saturé de bruit, le désert nous appelle à nous retirer, à nous dépouiller pour contempler notre essence sous un regard supérieur. La solitude, amplifiée par le jeûne, n’est pas un poids, mais un sanctuaire où l’âme se découvre. Dans cet isolement silencieux, face à l’immense étendue, les murmures intérieurs deviennent clairs, et le vide s’emplit d’une présence sacrée.

• La persévérance comme voie
Les 40 jours forment un cycle mystique, un chemin où l’âme se forge dans la patience et la foi. Chaque pas dans le désert, chaque jour de jeûne, est une victoire sur le doute, une progression vers une vérité plus haute. Le nombre 40 nous rappelle que l’élévation exige un effort constant, un pont à traverser pour atteindre l’Éternel.

• Les épreuves comme bénédictions
Tentations, privations et silences ne sont pas des fardeaux, mais des maîtres déguisés. Elles brûlent les illusions, révélant l’essentiel. Chaque épreuve est une flamme purificatrice, une étape vers la Lumière intérieure. Le désert enseigne que la croissance naît des défis, que l’âme s’élève dans le feu des ténèbres surmontées.

Une invitation éternelle

Les 40 jours dans le désert ne sont pas un récit figé ; ils sont un appel intemporel, une carte gravée dans le sable de notre être. Que nous suivions une foi ou cherchions un sens, le désert nous convie à abandonner nos fardeaux, à affronter nos ombres, à poursuivre notre vérité. Car c’est là, dans l’aridité et le silence, que l’âme trouve sa source, que l’humain s’approche de l’infini.
Osons ce voyage mystique. Entrons dans le désert de notre intériorité, car au terme des 40 jours, au-delà des épreuves, brille la promesse d’une renaissance, d’une Lumière qui éclaire le chemin vers notre essence éternelle.

🔗 Poursuivre l’exploration de la tradition Hermétiques : lesamisdhermes.com

La Franc-maçonnerie de São Carlos lance la cinquième édition de la Campagne de Solidarité « Ensemble, nous sommes plus forts »

De notre confrère saocarlosagora.com.br

Dans un geste de solidarité et d’engagement social, la Franc-Maçonnerie de São Carlos promeut la cinquième édition de la Campagne de Solidarité « Ensemble, nous sommes plus forts ». L’initiative vise à collecter des denrées non périssables, des produits de nettoyage et des produits d’hygiène personnelle au profit de la population nécessiteuse de la municipalité.

La campagne a débuté le 24 mars, avec la distribution de boîtes de collecte dans différents points de la ville, tels que des copropriétés résidentielles, des supermarchés, des entreprises et des établissements commerciaux. La collecte se poursuivra jusqu’au 5 avril, date à laquelle les employés seront présents dans les principaux supermarchés et magasins de la ville pour encourager les dons.

En plus des dons physiques, la campagne accepte également les contributions en espèces via PIX, en utilisant les coordonnées bancaires suivantes :

PIX: 19428617000130
Benfeitoria Augusta e Respeitável Loja Simbólica Acácia de São Carlos

Tous les fonds récoltés serviront à acheter des paniers alimentaires de base, du matériel de nettoyage et des produits d’hygiène personnelle, qui seront distribués à des organismes caritatifs de la municipalité.

Depuis sa première édition en 2020, la Campagne de Solidarité « Juntos Somos Mais Fortes » s’est distinguée par l’importante collecte de dons, totalisant 50 tonnes de nourriture et de produits essentiels. Plusieurs entités en ont bénéficié au fil des ans, notamment la Maison de retraite fraternelle Dona Maria Jacinta Cantinho, le Refuge pour personnes âgées Dona Helena Dornfeld, l’ONG Nave Sal da Terra, l’ONG Amigo de São Judas, SOSopão, le CEAC Enfants du Pèlerin Fabiano de Cristo, Nosso Lar, l’Association spirite Luz e Caridade, l’Église Saint-Jean-Baptiste, la Société de Saint-Vincent-de-Paul de São Carlos, Oncovita et le Réseau des femmes de São Carlos pour la lutte contre le cancer.

Le Pardès et la Kabbale

Le sujet que je vais aborder aujourd’hui concerne une méthodologie initialement destinée à ceux qui étudient la Torah. (La loi, l’enseignement). Cette tradition illustre le cheminement intellectuel et spirituel qui mène à terme celui qui s’engage dans son étude au lieu où il peut atteindre un état de béatitude. Pour ma part, elle m’est parfaitement étrangère, ormis quelques bribes glanées ça et là et je vais tenter d’en approfondir sa signification.

Ce lieu cité plus haut, est le Pardès, et signifie jardin ou verger et s’apparente au mot paradis. On sait que dans la tradition de la Kabbale, chacune des lettres qui composent les mots de la Torah a un sens mystique. Le Pardès lui, est composé de quatre lettres (PRDS) qui désignent un degré de lecture tant des Écritures que de l’œuvre du divin.

Les quatre lettres de ce mot – pé, reish, daleth et sameck – sont chacune l’initiale d’un terme hébreu qui indique les quatre niveaux d’étude des Écritures :

  • PESHAT, c’est-à-dire le sens littéral du texte qui ne traite que du monde sensible.
  • REMEZ, c’est-à-dire l’allusion / insinuation qui consiste en un niveau plus élevé de l’étude.
  • DERASH, c’est-à-dire l’interprétation figurée qui est la parabole, la légende, le proverbe, le mythe.
  • SOD, c’est-à-dire le Secret, qui consiste dans le niveau ésotérique traitant de la métaphysique et de la révélation des réalités surnaturelles, secrètes et mystérieuses. (Source Wykipédia)

Par conséquent, le Pardès est un concept permettant de faire référence aux quatre niveaux de compréhension possible de la Torah (l’Enseignement) et aux quatre branches de l’enseignement de la Torah (c’est-à-dire respectivement :

Le Miqra (Ecritures), la Mishna (Répétition), le Talmud (Etude approfondie de la Mishna) et la Kabbale (explication ésotérique de la Torah)).

Le Pardès n’est pas un lieu géographiquement accessible, mais spirituel tout comme le paradis chrétien, l’Eden et autre Nirvana, où l’on ne peut accéder qu’en passant d’un état de conscience à un autre plus élevé.

La Kabbale, branche de la Torah, qu’il est préconisé d’aborder au 14ème degré est donc un tremplin pour s’élever, pour emprunter le chemin du Pardès. Ce voyage dont la Torah est un appui et un décryptage, est un voyage en soi, du monde extérieur, du monde physique vers le monde intérieur de la spiritualité, VITRIOL.

Entrer dans le monde de la Torah est donc un procédé pour s’engager vers le Pardès.

Parallèlement, prendre le chemin de la Perfection du REAA est un processus pour accéder au jardin d’Eden, approcher l’arbre de la connaissance et toucher l’inaccessible étoile.  L’endroit de la Vrai Lumière.

La découverte de Sod (le Secret) n’est donc rien d’autre que la découverte de son soi le plus intime tout comme en Franc-maçonnerie qui nous indique que c’est par l’introspection que l’on peut accéder aux secrets de l’univers. Voilà ce que je peux dire de ce sujet, tout au moins ce que j’ai pu comprendre et en tirer une explication simple.

Pourtant, ce qui m’a interpellé, c’est une certaine similitude avec notre processus initiatique de REAA et le but commun sous-jacent.

Mettons en parallèle les quatre lettres qui composent le Pardès :

  • PESHAT, Le monde sensible, extraction du monde profane et engagement sur la voie de l’initiation. C’est l’heure de l’appréhension du symbolisme, le moment d’établir les bases de notre temple et de puiser dans la transmission qui nous est prodiguée.

Le moment du dépassement, de la foi et de la confiance en l’autre.

J’ai le souvenir, jeune scout, de ma nuit de totemnisation. La lune était cachée et seul, au milieu d’un bois plongé dans le noir, j’écoutais tous les bruits qui m’environnaient, les bruissements des feuilles, les cris des oiseaux, le craquement des branches mortes, un scénario fantomatique mettant à l’épreuve mon courage. Inutile de préciser que je n’ai pas fermé l’œil de la nuit et que du fond de mon sac de couchage j’ai observé le jeu des étoiles qui me surplombaient. Au petit matin, fier d’avoir subit victorieusement cette étape, j’ai eu réellement le sentiment d’un aboutissement, d’une victoire sur moi-même. En guise de lauriers j’ai été affublé d’un surnom secret que j’ai fièrement enfoui dans ma mémoire.

Le cabinet de réflexion, les épreuves de l’initiation procurent cette même sensation de dépassement de soi et de confiance en ceux qui nous guident que j’ai ressenti à cette occasion.

  • REMEZ le moment d’étudier ce qui nous entoure l’architecture, la géométrie, la philosophie. Le moment de percevoir la lumière, de s’enrichir par la parole le dialogue et les voyages.

C’est aussi le palier qui nous incite à aller plus loin rapidement, quitte à obtenir les secrets du temple illégalement. C’est le moment de l’émancipation et de l’envol.

  • DERASH le mythe. Le nouveau Maître s’est enfin relevé, de l’horizontalité il est passé à la verticalité.

La goutte qui tombe a fait trois cercles concentriques. Il a victorieusement remonté le courant des trois spirales pour aujourd’hui se redresser et chercher l’origine de la goutte. Par substitution il est devenu Hiram et se doit d’en assumer l’exemplarité et la sagesse.

  • SOD Enfin redressé, on recherche la perfection. Pour cela, il faut épouser des situations et des personnages qui nous amènent à vivre des degrés de sensibilités aussi différents qu’enrichissants les uns les autres.

Les légendes et les mythes lui donnent un enseignement qui lui permet de se hisser dans l’échelle de la compréhension.

Pourtant, rien n’est acquis et arrivé au 13ème  il doit redescendre dans le cabinet de réflexion, revisiter VITRIOL, et refaire son parcours afin de mieux comprendre où il se trouve.

Le 14ème degré lui donne un secret, mais est-ce pour autant « Le Secret » ?

Le nom de Dieu YHWH est écrit sur le Tétragramme au 13ème degré, lorsqu’il est placé sur l’autel des serments, et au 14ème degré au dessus et derrière le Trois Fois Puissant Grand Maître.

Encore quatre caractères hébreux employés pour nommer Dieu, Jéhovah ou Yahvé.

Ce nom qui fut communiqué à Moïse près du Buisson Ardent lorsque Dieu lui dit « Va dire aux enfants d’Israël, je suis Yahvé, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et de Jacob. C’est mon nom pour toujours et il restera dans vos mémoires. » Ce nom signifie la lumière, le mystère de la vie, en fait le Verbe.

Ce nom qui nous est communiqué, nous le connaissions déjà, nous l’avions en mémoire.

Pourquoi le REAA a-t-il emprunté le Nom Ineffable si ce n’est pour nous faire toucher le caractère sacré de notre engagement ?

Pour autant,  il nous est divulgué à un moment où nous devons acquérir un degré de conscience du parcours effectué.

Telle l’échelle de Jacob, nous grimpons paliers par paliers pour atteindre notre Pardès.

C’est par ces degrés de consciences que le REAA nous convie, invite, suggère, de tenter de rejoindre le sommet de l’échelle où se trouve ce que d’aucuns appellent Dieu, Adonaï, Jésus, Allah, ou le Grand Architecte de l’Univers.

Mais pour autant, la divulgation de ce secret nous indique-t-elle la connaissance du grand mystère ? « Tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir, mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras point ».

L’homme a quitté le paradis alors qu’il avait la connaissance et la compréhension de son créateur.

Son orgueil et sa vanité l’ont éloigné du centre initial.

Mais pour autant, pouvait-il se satisfaire de la révélation primordiale insufflée par Dieu alors que sa curiosité et son sens de l’exploration l’ont invité à chercher au-delà des limites imparties. Comme Lucifer il a cherché à obtenir toujours plus de lumière, ce qui l’a amené à s’éloigner du principe créateur.

Notre démarche est de réintégrer le Pardès, ce paradis perdu, là où la lumière divine que nous recherchons se trouve ?

La Kabbale croit en la métempsychose, à la réincarnation.

Dieu se réjouit de la mort de ses fidèles, car l’être humain revient sur terre sous forme humaine ou animale pour se purifier.

D’existence en existence, il doit chercher la vraie lumière et retrouver l’état édénique. Retrouver son androgynie primitive, son état avant la division en Adam et Eve qui doit nous conduire au « Saint des Saints ». Là, tout rentre dans l’unité et la perfection. L’homme qui arrive à cet état de pensée ne se distingue plus de son créateur, il en fait partie.

Introspection (VITRIOL) et réintégration (Pardès) seraient donc les deux indices que le rituel nous propose afin d’approcher le Grand Architecte de l’Univers. J’ai donc le sentiment que le barreau sur lequel je me trouve est plus une étape qu’un aboutissement.

Dans le noir de ma forêt, j’attends le petit matin et le grand jour qui va m’éclairer …

Équinoxe de Printemps

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La Franc-maçonnerie peut elle nous aider à réapprendre à vivre avec les saisons ?

La Franc maçonnerie se situe sur notre chemin de vie, elle en fait partie intégrante par choix, je dirai même que nos comportements sont profondément imprégnés également de ces choix maçonniques que nous suivront durant toute notre vie. Nous évoluons au fur et à mesure que notre pierre brute se modifie vers le perfectionnement, alors quoi de plus logique que d’accepter dans nos réflexions un lien avec les saisons que la vie nous propose.

« Une horloge biologique, mise en place par le grand architecte pourrions nous dire »

qui nous rappelle sans cesse notre union à la vie et aux éléments qui construisent le monde et qui nous y rattachent.

Oui nous vivons en osmose avec les éléments naturels de notre planète, c’est une évidence, ensuite arrive notre quête philosophique, notre recherche spirituelle. D’accord rien de nouveau.

Cependant force est de constater que nous avons tendance à oublier voire à négliger parfois les mécanismes, les principes dans lesquelles nous évoluons.

« le rythme des saisons principe régulateur indispensable au même titre que le sommeil »

creuset indispensable pour notre équilibre biologique et psychologique.

Alors suite à ce constat, que je veux bien admettre rempli de banalités, je me range vers ces forces naturelles que nous ne pouvons faire autrement qu’accepter…

Je vis avec les saisons en essayant de m’en faire mes alliés, avec dans mes bagages de quoi leurs donner une couleur et une dimension maçonnique.

Le Gand René a lui aussi son point de vue dans la video ci-dessous :

L’énigme des Maîtres -12- L’alphabet ne suffit pas pour lire

Pour lire l’article précédent : ici

– On ne plaisante avec la sécurité dans cette bibliothèque ! Lâcha Alexander. 

Ils sourirent du double sens de cette remarque évoquant à la fois les vigiles armés et la protection impérieuse de la bibliothèque en prévenance du feu, terrible souvenir des quatre incendies qui la ravagèrent depuis 1660.

Sur une table, il était bien là le coffret de bois sombre, scellé dans la table sur laquelle il se trouvait, avec une serrure énigmatique : un cadenas à code mobile de 21 positions dont chacune pouvait s’arrêter sur un des 26 caractères de l’alphabet latin.

Sur le côté était collé une étiquette sur laquelle des figures, qu’Alexander reconnut comme les lettres de l’alphabet crypté des francs-maçons, étaient disposées dans un carré de 5 par 5. 

Maintenant, il fallait choisir, pour le décoder, un des divers alphabets utilisés à des époques différentes et dans différents pays d’Europe par les Frères. Son intuition lui fit retenir celui de l’abbé Préau révélé en premier dans L’ordre des francs-maçons trahi en 1745.

Alexander utilise le dos d’un de ses chèques comme papier sur lequel il trace cet alphabet, le donne à Amélie pour qu’elle l’aide et, à l’énoncé des formes successives du message, il écrit sa traduction en lettres sur un second papier :

Ce fut vainement qu’ils essayèrent d’y trouver un sens cohérent, combinant les caractères en horizontal, en vertical, en diagonale.

Persévérant, comprenant qu’il fallait rajouter une autre logique, Alexander, songea à combiner les lettres avec le carré magique dit de Mars selon Agrippa, justement de 5 par 5, ce qui donnait aux lettres une position ordinale dans la phrase.

APERILIBRUMAMICORUMTUORUM fut le résultat de l’ordre issu du chaos initial sur l’étiquette.

– C’est du latin, forcément, comme sur le message de Prague, mais sans espace entre les mots ! s’exclama Alexander. Et maintenant, que faire des 25 lettres pour avoir les 21 positions ?

 – Si on traduisait dans la langue de l’abbé, en  français ?

– C’est bien cela, ça marche, nous avons 21 lettres maintenant, regarde lui dit-il en lui tendant son bout de papier improvisé : OUVRE LE LIVRE DE TES AMIS

Alexander fit tourner le mécanisme avec jubilation pour faire apparaître le potentiel mot de passe, manipula délicatement la serrure, et le coffret s’ouvrit, dévoilant ses secrets. Ils en rirent comme des enfants.

Point de diamant ! Il n’y avait, sous formes de rouleaux, que plusieurs cartes astronomiques célestes.

Deux d’Albrecht Dürer datées de 1515, figurant les constellations, une vues au nord, l’autre au sud. Désignant à Amélie les portraits d’astronomes qui y sont représentés aux quatre coins du dessin du nord, Alexander remarqua :

– Il avait dû les étudier, quelle érudition pour une époque où l’imprimerie n’existait pas encore ! Par quelle tradition orale ou par quels manuscrits avait-il pu connaître les travaux de ces astronomes ? On reconnaît les personnages : l’égyptien Claude Ptolémée du IIe s., le successeur d’Hipparque et de ses tables astronomiques, connu pour son Almageste qui contient un catalogue de synthèse de 1022 étoiles regroupées en quarante-huit constellations ; le grec Aratos de Soles du IIIe av. J.-C., célèbre pour son poème les Phénomènes sur les positions respectives des constellations et leur attribuant les noms de personnages de la mythologie grecque ; le latin Marcus Manilius du premier siècle qui, dans son poème Astronomica, divisa le ciel en maisons, base de l’astrologie ;  le perse Abd al-Rahman al-Sufi qui illustra dans son Livre des étoiles fixes, au Xe s., chaque constellation par deux dessins descriptifs, l’un de l’extérieur d’un globe céleste et l’autre de l’intérieur.

– La vision globale de l’univers a tellement évolué d’erreurs en erreurs, d’abord géocentrée sur la terre, héliocentrée sur le soleil, puis galactocentrée et maintenant cosmocentrée sur l’univers ! Cette dernière avancée n’est-elle pas aussi une erreur qui ignorerait l’hétérotopie des multivers ? demanda Amélie.

Ils n’eurent pas le temps d’en discuter car ils trouvèrent aussi une carte mystérieuse où les astres deviennent des témoins silencieux de secrets anciens. Elle retint plus que toute leur attention. Penchés l’un contre l’autre, ils commencent à discerner des configurations particulières, des alignements d’étoiles qui révèlent des portails illustrés reliant des lieux précis. La carte mentionne Istanbul comme un lieu de convergence.

– Bien sûr, un portail ouvre sur Istanbul, une ville où les étoiles jouent un rôle central dans l’histoire et la spiritualité. Les constellations semblent danser au-dessus du Bosphore, reliant les cieux à la mystique de la ville.

– Pas étonnant, commenta Alexander, puisque l’un des astronomes les plus renommés associés à Istanbul est Taqi ad-Din Muhammad ibn Ma’ruf qui fonda l’observatoire de Constantinople en 1577. Il était l’un des plus grands observatoires astronomiques du monde pré-moderne. Taqi ad-Din a également construit une collection d’instruments astronomiques sophistiqués, y compris une sphère armillaire géante et une horloge astronomique mécanique précise pour mesurer la position et la vitesse des planètes. Ce qui montre l’importance d’Istanbul dans l’histoire de l’astronomie et son rôle dans l’avancement des études astronomiques pendant la période de l’Empire ottoman.

– Pourquoi cette importance accordée aux cieux d’après toi ? demanda Amélie.

– Les lettres du Coran seraient la matérialisation des signes du ciel, la création et le Livre en miroir ne seraient que révélations. Observer l’un ou l’autre, pourrait être la contemplation d’Allah.

En suivant les chemins tracés de sa main, effleurant à peine la carte, Amélie relève les indications étonnamment écrites non en arabe mais en caractères latins.

– Le premier portail astral conduit à une tour astronomique oubliée, où jadis, des érudits s’étaient réunis pour scruter le cosmos. Le deuxième portail conduit à Florence, où un observatoire astronomique indique les traces des savants de la Renaissance, où il y a eu des savants qui, comme les Grecs, se sont vraiment consacrés à l’astronomie. Ils ont eu une approche rationnelle et mathématiques et qui distinguaient l’astronomie de l’approche religieuse. Les cieux toscans murmurent des légendes de mystiques qui, sous le regard des astres, échangeaient des connaissances transcendant les frontières de la science et de l’ésotérisme.

– Mais il y a un portail différent, regarde, là, en bas de la carte. Nommé explicitement «Chemin des Alchimistes», il y a une figure de lion posant une de ses pattes sur la confluence de deux rivières ingurgitant avec sa gueule un liquide doré, le mot vitriolum écrit dessus.

Se penchant davantage sur le dessin, Amélie, fit remarquer que, sur leur le long, était indiqués Rhodanus et Arar.

– Je suis sûre que c’est une indication de Willey Reveley.

Autant qu’ils le purent, Alexander et Amélie prenaient des photos de tout ce qu’ils avaient découvert et les envoyait au fur et à mesure à Guido, sans trop savoir, encore, le rapport qu’il pouvait y avoir avec leur recherche sur la pose si particulière des mains sur les tableaux. Mais ils suivaient la voie.

  • – À l’évidence, il y a un lien comme avec celui de Christopher Wren qui fut aussi un ingénieux astronome. Outre la fabrication de remarquables cadrans solaires, il fut le premier à cartographier les cratères de la lune. Lui qui disait que les mathématiques sont les fondements imprenables de la géométrie et sont les seules vérités qui peuvent pénétrer dans l’esprit de l’homme sans incertitudes.
  • Alexander pressentait ainsi que des artistes, des scientifiques, des philosophes et des théologiens de différentes régions, de différentes époques pouvaient être unis par une quête commune, la compréhension profonde de l’univers et la préservation de la connaissance contre les forces de l’ignorance, de la superstition et de la destruction.

Après avoir remis tout en état et brouillé le code, enveloppant tendrement Amélie de son bras posé comme une étole sur la cicatrice de sa nuque, Alexander l’entraîna vers la sortie de la pièce, pensant tout haut

– Il y a un jeu de piste à suivre à Lyon. Nous verrons bien plus tard, ensemble avec nos amis, quand nous serons rentrés, donnons tous ses possibles au temps.

Cela mit un terme à la visite du musée.

La suite la semaine prochaine

Franck Fouqueray est l’invité du Podcast : « Les Frangins sont pas tous gâteux »

Le Podcast Maçonnique revient dans une nouvelle formule pour une nouvelle saison. Je sais que vous l’attendiez, alors voilà qui est fait !
Cette nouvelle mouture réserve quelques surprises : des épisodes plus longs, un comparse, Cédric, pour animer à deux et surtout des invités de marque.

Aujourd’hui, c’est Franck qui s’y colle. Oui, Franck Fouqueray, le fondateur de 450.fm, votre journal d’informations maçonniques préféré !

Alors n’attendez pas et venez écouter ce nouvel épisode disponible sur :

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Pour retrouver tous les épisodes, rejoignez le site du Podcast : Les Frangins sont pas tous gâteux.

Ou abonnez vous sur YouTube, Spotify ou Apple Podcast

Bonne écoute !

Foi et Franc-maçonnerie : paradoxe ou convergence ?

De notre confrère portuguais observador.pt – Par Eduardo Moreira da Silva

Les institutions si importantes dans la formation de la pensée occidentale doivent surmonter les antagonismes artificiels et embrasser un dialogue profond sur la condition humaine.

Cet article n’a pas pour but de défendre qui que ce soit, et encore moins d’attaquer qui que ce soit. Il s’agit d’une analyse qui place la philosophie dans son rôle de créatrice de concepts, cherchant à dépasser les débats superficiels et dénués de sens.

L’idée répandue d’une prétendue incompatibilité entre la franc-maçonnerie et le christianisme n’est pas nouvelle, surtout dans le contexte du catholicisme. Si, d’un côté, l’Église catholique et certaines branches protestantes maintiennent leur position de rejet envers la franc-maçonnerie, de l’autre, on sait que, dans plusieurs loges maçonniques, l’adhésion exige que le candidat affirme sa foi en un Dieu révélé.

Au lieu de répéter des arguments intemporels et souvent creux, il est important de se demander – en s’appuyant sur l’expérience humaine – s’il existe en fait une réelle incompatibilité entre ces deux réalités.

Fotografi efter blyantstegning udført ca. 1840 af N. C. Kierkegaard

Je commence par citer Søren Kierkegaard, l’auteur qui a écrit un livre pour expliquer qu’il n’était pas seulement un philosophe ou un écrivain esthétique, mais plutôt un auteur religieux dont le but est d’aider les individus à devenir de vrais chrétiens : « Om min Forfatter-Virksomhed » (traduit en portugais par « Point de vue explicatif de mon travail d’écrivain »). Pour Kierkegaard, être chrétien ne consiste pas en une simple adhésion institutionnelle, mais en une tâche existentielle qui exige une décision et un engagement personnels, dans un contexte où l’expérience de la foi est souvent négligée.

Cette approche valorise l’expérience individuelle et le choix existentiel, contrastant avec les points de vue qui cherchent à comprendre le christianisme à travers des systèmes rationnels et objectivants. Ce qui compte vraiment, c’est la pratique personnelle du christianisme, qui se traduit par un engagement éthique et spirituel intrinsèquement humain.

Kierkegaard critique également le concept de « christianisme » comme un obstacle à la vraie foi. Selon lui, en institutionnalisant la religion, la société transforme le christianisme en un ensemble de rituels et de doctrines dépourvus de l’élément vital – l’engagement personnel envers Dieu. Pour lui, la foi n’est pas un simple exercice rationnel, mais un paradoxe existentiel qui exige un saut qualitatif – un abandon radical au sacré, révélé dans l’expérience authentique de l’existence, dans la tension entre la finitude et ce qui la transcende.

Cette perspective nous rappelle les paroles du Christ dans le Sermon sur la montagne :

« Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est là dans le lieu secret. Et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » 

(Matthieu 6:6, traduction de Frederico Lourenço)

Nous trouvons ici l’appel à une expérience intime et directe de la foi, libre des dogmes et des systèmes théologiques. Saint Augustin exprime une idée similaire lorsqu’il affirme : « Si tu as compris, tu n’es pas Dieu » (Si comprehendis, non est Deus, sermon 117,3). En d’autres termes, le divin n’est pas saisi à travers des formulations rationnelles ou des systèmes théoriques, restant mystérieux et vivant dans l’expérience personnelle.

Si, en abandonnant les dogmes au profit d’une foi authentique et existentielle, on comprend que le christianisme assume une dimension essentiellement personnelle, il devient évident qu’il n’y a pas d’incompatibilité fondamentale entre la franc-maçonnerie et le christianisme. Tous deux partagent un chemin éthique qui transcende le simple rituel, basé sur l’expérience directe du sacré.

Dans une Europe en quête désespérée d’identité, il est impératif de cartographier l’histoire – non pas au sens traditionnel du terme, mais à la lumière du nouveau matérialisme, qui propose une approche dynamique, relationnelle et non linéaire, centrée sur les interactions et les forces qui façonnent la réalité. Ainsi surgit le paradoxe de la foi : une tension entre le matériel et le transcendant qui se révèle comme un élément constitutif de la sagesse nécessaire à la reconstruction de l’essence occidentale, par opposition à la sagesse fondée sur le conformisme. De cette façon, les institutions si importantes dans la formation de la pensée occidentale doivent surmonter les antagonismes artificiels et embrasser un dialogue profond sur la condition humaine, nous mettant au défi de transcender les limites du fini.

Les Ouvriers d’Hiram Abiff : Le Chemin Hermétique (II)

De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz PGM

Pour relire la partie 1 de cet article (cliquez ici)

Il existe une unité fondamentale au cœur de toutes les religions. Comme l’affirmait Swami Sri Yukteswar, né en 1855 à Serampore, en Inde, les vérités enseignées par les différentes confessions convergent vers une seule essence : une méthode unique guide l’évolution du monde, intérieur comme extérieur, et toutes les Écritures s’accordent sur un même but ultime de l’existence. Pourtant, les divergences entre ces traditions, amplifiées par l’ignorance humaine, obscurcissent cette grande Vérité, rendant son dévoilement ardu.

Le voyage initiatique de Christian Rose-Croix, image générée par IA
Le voyage initiatique de Christian Rose-Croix

La Tradition Initiatique, partagée par toutes les Écoles Initiatiques et les grandes religions, transcende ces divisions. Elle ne s’enracine ni dans les dogmes ni dans le fanatisme, mais dans une dimension qui dépasse le physique et la lettre des textes sacrés. Nos anciens Maîtres, dotés d’une conscience élevée, percevaient l’ésotérique au cœur de chaque enseignement. Lorsqu’un mouvement spirituel s’éloigne de cette tradition et de la Grande Énergie Universelle, il se réduit à une coquille vide, une forme intellectuelle dépourvue de vie, vouée à s’éteindre, comme un fil spirituel rompu qui cesse de nourrir l’institution.

L’existence, qu’elle soit physique ou spirituelle, est un mouvement perpétuel, soumis aux lois du plan où nous évoluons.

Chemin forestier en été
Chemin forestier en été

Selon leur niveau de conscience, les êtres humains cherchent un chemin au-delà du tangible pour donner sens à leur vie. Ce chemin, que nous nommons « Chemin Initiatique », est un processus d’expansion de la conscience, une traversée de l’obscurité vers la Lumière, de l’ignorance vers la sagesse et le sacré. Il nous révèle une compréhension plus profonde de nous-mêmes, des lois universelles et du Tout. Ce voyage, à la fois simple et complexe, exige une initiation préalable. En plongeant en nous-mêmes, en apprenant à nous connaître, nous entamons une transformation intérieure – non pas vers une perfection illusoire, car l’esprit est déjà pur, mais vers une ouverture de la conscience qui transcende la dualité. C’est un passage du doute à la clarté, où les réponses émergent au fil du parcours.

Dans le bouddhisme, ce chemin est soumis au Dharma et au Karma. Le Dharma exige discipline, persévérance et une attitude ouverte aux réalités spirituelles – une disposition à percevoir la Lumière en soi.

homme en méditation
Soleil levant, temple boudhiste

Il incarne la voie juste sur ce plan, où le bien triomphe du mal. Le Karma, quant à lui, reflète la loi hermétique de cause et d’effet, énoncée dans le Kybalion : toute action entraîne une réaction. « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse », ou encore « Fais à autrui ce que tu voudrais qu’on te fasse », comme l’enseigne Jésus dans Matthieu 7:12 et Luc 6:31. Maître Sri Anantram ajoute : « Tant que les ennemis intérieurs ne sont pas vaincus, les ennemis extérieurs reviendront toujours. » Ces ennemis – orgueil, inconstance, envie, dogmatisme, fanatisme, hypocrisie – sont si familiers qu’ils sont souvent pris, par ignorance, pour des alliés. Pourtant, tout ce qui nous arrive, qu’il s’agisse de bien ou de mal, n’est pas toujours karmique au sens de dettes passées. Ce sont souvent des expériences nécessaires à notre purification et à l’élévation de notre conscience. Si nous n’en tirons pas les leçons, elles se répéteront jusqu’à ce que nous les comprenions.

Serge Raynaud de la Ferrière l’exprime ainsi : « Une pierre qui roule ne crée pas de moule. » Rien dans l’Univers n’est statique ; tout est relié par des liens invisibles.

En ouvrant notre conscience, nous unissons ces fils subtils. La raison cède la place à l’intuition, nous permettant de voir au-delà du physique. Le chemin initiatique est une action consciente, portée par la certitude que tout est interconnecté. Les expériences, bonnes ou mauvaises, sculptent notre évolution. La Vérité réside en nous, et sanctifier chaque acte de notre vie revient à reconnaître que nous faisons partie du Tout. Ce chemin ne nous change pas au sens littéral ; il opère une alchimie intérieure, une transmutation en Lumière et en sagesse. Quelque chose de supérieur émerge alors, transcendant le matériel.

Alchimie laboratoire
Alchimie laboratoire

L’Initiatique est une communion consciente avec les états supérieurs de l’être. Sans amour – la force la plus puissante de l’Univers –, les mystères mineurs restent vains, profanes, incompris. Nos enseignements puisent leur essence dans les symboles, ces messagers de Lumière qui se révèlent à mesure que la conscience s’éveille. Le symbole, par sa nature sensible, rend l’invisible accessible. Mais pour l’initié, cela implique une mort symbolique au monde profane, à ses illusions et ses attachements. Cette connaissance acquise impose une responsabilité : agir avec détachement, compassion et bienveillance, afin que l’énergie initiatique ne se disperse pas. Comme le souligne Dion Fortune (Violet Mary Firth Evans) : « Très peu d’âmes possèdent la persévérance nécessaire pour progresser de manière tangible. Mais si le désir reste constant et inflexible, le but sera atteint, et le candidat accédera aux connaissances qui guideront ses efforts vers une fin précise. »

Helena Blavatsky

Ouvrir sa conscience, pratiquer le détachement et le lâcher-prise est déjà un grand pas. Le monde des illusions, aussi séduisant soit-il, doit être transcendé. Helena Blavatsky (1831-1891), figure majeure de la théosophie, nous guide ainsi : « Toi, néophyte en quête d’initiation, ou profane mû par la curiosité, apaise ton esprit, purifie tes pensées, calme tes émotions. Éloigne-toi du tumulte du monde, réfugie-toi dans ton être intérieur pour franchir en sécurité le seuil des mystères. Abandonne préjugés et égoïsme, fuis l’impulsivité, et contemple avec sérénité. » Vivre au centre, libre de l’humilité comme de l’orgueil, telle est la voie des ouvriers d’Hiram Abiff, artisans d’une transformation qui illumine l’âme et l’Univers.

Un Français sur trois a quitté la religion de son enfance : une mutation spirituelle en profondeur

Inspiré par un article de notre confrère fr.aleteia.org – Par Agnès Pinard Legry

Selon une enquête récente relayée par Aleteia le 27 mars 2025, 34 % des Français déclarent avoir abandonné la religion dans laquelle ils ont été élevés [1]. Ce chiffre, qui reflète une tendance croissante à la sécularisation et à la diversification des parcours spirituels, interroge les dynamiques sociales, culturelles et personnelles à l’œuvre dans la France contemporaine. Alors que le catholicisme, religion historiquement dominante dans le pays, perd du terrain, d’autres formes de quête de sens émergent, notamment un intérêt marqué pour des mouvements comme la Franc-maçonnerie.

Cet article explore les causes, les conséquences et les nouvelles orientations spirituelles de ce phénomène, en s’appuyant sur des données statistiques, des études sociologiques et des témoignages.

I. Un constat chiffré : la désaffection religieuse en France

Archevêque Dionysius Latas de Zante

Le chiffre de 34 % provient d’une étude menée en 2024 par l’Institut français d’opinion publique (IFOP), en partenariat avec des chercheurs spécialisés en sociologie des religions. Cette enquête, réalisée sur un échantillon représentatif de 2 500 personnes, montre une accélération de la sécularisation entamée dès le XXe siècle. Historiquement, la France a été façonnée par le catholicisme, qui a structuré son calendrier, ses institutions et ses valeurs pendant des siècles. Pourtant, selon l’INSEE, la proportion de Français se déclarant catholiques est passée de 81 % en 1986 à environ 47 % en 2020 [2]. Le dernier rapport de l’IFOP confirme cette érosion : parmi les 34 % ayant quitté leur religion d’enfance, la grande majorité (28 %) étaient initialement catholiques, tandis que les autres proviennent de minorités protestantes, musulmanes ou juives.

Personne en prière

Cette désaffection ne signifie pas nécessairement un rejet total de la spiritualité. Pierre Bréchon, sociologue et auteur de La France des valeurs (2017), note que « la sécularisation ne rime pas avec athéisme systématique. Beaucoup de Français restent en quête de sens, mais hors des cadres traditionnels » [3]. En effet, l’étude de l’IFOP révèle que 12 % des déserteurs religieux se tournent vers une autre forme de croyance ou de pratique spirituelle, tandis que 22 % se déclarent agnostiques ou athées.


II. Les raisons d’un abandon

Qom en Iran Palais
Qom en Iran Palais

Plusieurs facteurs expliquent cette rupture avec la religion d’enfance. Le premier est sociétal : la laïcité, pilier de la République française depuis la loi de 1905, a progressivement relégué la religion à la sphère privée. Selon une analyse de l’Observatoire de la laïcité (2023), cette séparation a favorisé une désinstitutionnalisation des pratiques religieuses, notamment chez les jeunes générations [4]. « Mes parents allaient à la messe tous les dimanches, mais pour moi, ça n’a jamais eu de sens », témoigne Claire, 32 ans, cadre dans une entreprise parisienne. Comme elle, beaucoup citent un décalage entre les dogmes hérités et leur réalité quotidienne.

Un second facteur est la défiance envers les institutions religieuses. Les scandales de pédophilie dans l’Église catholique, révélés en France par le rapport Sauvé en 2021 (estimant 330 000 victimes depuis 1950) [5], ont ébranlé la confiance des fidèles. « J’ai grandi dans une famille très pieuse, mais après ces révélations, je ne pouvais plus cautionner cette institution », confie Julien, 45 ans, qui a coupé les ponts avec le catholicisme en 2022.

Enfin, l’individualisation des croyances joue un rôle clé. Dans La Religion des Français (2020), le sociologue Jean-Paul Willaime observe une montée du « croire sans appartenir » [6]. Les Français, influencés par la mondialisation et l’accès à une diversité de philosophies via Internet, composent désormais leur propre spiritualité, souvent en dehors des cadres rigides des religions traditionnelles.


III. Vers où se tournent les déserteurs religieux ?

les 3 religions monothéistes
symbole, musulman, chrétien, juif, judaïsme, catholique, lune, croix, étoile, david, croissant, islam, religion, paix, croyance, monothéisme

Si une majorité des 34 % se détourne totalement de la religion, une partie significative explore d’autres voies spirituelles. Parmi elles, les spiritualités orientales (bouddhisme, hindouisme) et le New Age gagnent du terrain, notamment chez les 25-40 ans. Cependant, un phénomène moins médiatisé mais notable est l’attraction exercée par la franc-maçonnerie, qui séduit certains de ces « orphelins spirituels » en quête de sens et de fraternité.


IV. La franc-maçonnerie : une alternative spirituelle ?

a) Une montée discrète mais réelle

La franc-maçonnerie, souvent perçue comme une société secrète ou un réseau d’influence, est avant tout une voie initiatique centrée sur la réflexion philosophique et la recherche de la « Lumière ». En France, elle compte environ 180 000 membres répartis dans diverses obédiences, dont le Grand Orient de France (GODF), la Grande Loge de France (GLDF) et la Grande Loge Nationale Française (GLNF) [7]. Selon une estimation interne du GODF, environ 15 % des nouveaux initiés depuis 2015 déclarent avoir quitté une religion traditionnelle avant de frapper à la porte des loges [8].

« Après avoir abandonné le protestantisme de mes parents, j’ai cherché un cadre qui valorise la liberté de pensée sans m’imposer de dogmes. La franc-maçonnerie m’a offert cela », explique Sophie, 38 ans, membre de la GLDF depuis 2023. Ce témoignage illustre une tendance : les anciens croyants, déçus par les institutions religieuses, trouvent dans la maçonnerie une structure qui conjugue rituel, symbolisme et autonomie spirituelle.

b) Pourquoi la franc-maçonnerie attire-t-elle ?

Plusieurs éléments expliquent cet attrait. D’abord, son caractère non dogmatique. Contrairement aux religions monothéistes, la franc-maçonnerie ne propose pas de vérité révélée, mais un cheminement personnel à travers des symboles (équerre, compas, temple de Salomon). « C’est une spiritualité sans dieu imposé, où chacun construit sa propre quête », précise Alain Bauer, ancien Grand Maître du GODF et auteur de Le Grand Orient de France (2018) [9].

Ensuite, elle répond à un besoin de communauté. Dans une société marquée par l’individualisme, les loges offrent un espace de fraternité et d’échange. « J’avais besoin de retrouver un sens d’appartenance, mais sans les contraintes d’une Église », raconte Marc, 50 ans, initié en 2021 après avoir rompu avec le catholicisme.

Enfin, la franc-maçonnerie séduit par son approche universaliste. Elle intègre des influences de traditions variées – hermétisme, alchimie, philosophie des Lumières – ce qui résonne avec ceux qui rejettent l’exclusivité des religions d’enfance. Une étude de l’Université de Paris-Sorbonne (2022) note que 8 % des Français ayant quitté leur religion envisageraient de rejoindre une loge maçonnique, un chiffre en hausse depuis dix ans [10].

c) Limites et défis

Cependant, ce transfert reste marginal et ne concerne pas tous les profils. La franc-maçonnerie exige un engagement (rituels, cotisations, discrétion) qui peut rebuter. De plus, son image élitiste ou ses liens historiques avec le pouvoir politique alimentent des réticences. « J’ai hésité à cause des clichés sur les réseaux d’influence, mais j’ai finalement trouvé une vraie richesse intérieure », nuance Sophie.


V. Une société en quête de sens

Le phénomène des 34 % illustre une mutation profonde du paysage spirituel français. Si la sécularisation progresse, elle s’accompagne d’une recomposition des croyances, où la franc-maçonnerie joue un rôle discret mais significatif. Selon Dominique Reynié, directeur de la Fondation pour l’innovation politique, « la France n’est pas devenue areligieuse, elle est devenue plurispirituelle » [11].

Cette évolution pose des questions sur l’avenir des religions traditionnelles et des institutions comme la franc-maçonnerie. Face à une jeunesse de plus en plus détachée des héritages confessionnels, les Églises devront peut-être s’adapter, tandis que les loges pourraient voir leur attractivité croître, à condition de surmonter les préjugés qui les entourent.


Sources

  • Reynié, Dominique, entretien dans Le Figaro, 15 janvier 2024.
  • Aleteia, « 34 % des Français ont quitté la religion de leur enfance », 27 mars 2025, fr.aleteia.org.
  • INSEE, « Enquête sur les pratiques religieuses en France », 2020.
  • Bréchon, Pierre, La France des valeurs, Presses Universitaires de Grenoble, 2017.
  • Observatoire de la laïcité, « Rapport annuel sur la laïcité en France », 2023.
  • Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), « Rapport Sauvé », octobre 2021.
  • Willaime, Jean-Paul, La Religion des Français, Cerf, 2020.
  • Estimation du Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France, 2024.
  • Données internes du GODF, communication personnelle, 2023.
  • Bauer, Alain, Le Grand Orient de France, PUF, 2018.
  • Université de Paris-Sorbonne, « Les nouvelles spiritualités en France », 2022.