De notre confrère reseauinternational.net – par Laurent Guyénot
Je n’ai pas vu le documentaire de Pierre Barnérias, «Les Survivantes», sorti en mai dernier. Mais j’ai regardé deux interventions de la principale «survivante» témoignant dans le film, Hélène Pelosse :
– son entretien avec André Berkoff sur Sud Radio le 27 mai : https://www.sudradio.fr/emission/le-face-a-face-385
– son intervention après la projection du film à Genève le 16 juin : https://www.geopolintel.fr/article3991
Voici mon analyse.
Commençons par la biographie de Hélène Pelosse, que je puise dans Wikipédia : née en 1970, elle fut directrice adjointe au sein du cabinet du ministre de l’Écologie, Jean-Louis Borloo, de 2007 à 2009. En 2009, elle est élue directrice générale par intérim de l’Agence internationale des Énergie renouvelables. Elle a démissionné de son poste en 2010.
Voici maintenant un extrait de son témoignage devant la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, déposé en décembre 2020, disponible sur https://www.morpheus.fr/abus-rituels-temoignages
«Je suis ici pour témoigner ce dont j’ai été victime enfant, à savoir des abus rituels sataniques comportant viols, tortures et sacrifices humains et impliquant des prêtres et des évêques de France.
Ce type de traumatisme qui relève de programmes démoniaques de contrôle mental est d’une atrocité sans nom. Il est particulièrement difficile de s’en souvenir en raison des facteurs suivants : il est recouru à des drogues et à des rituels de magie noire pour écraser la mémoire des enfants, sans compter le verrouillage du traumatisme dans une crypte par l’amnésie post-traumatique particulièrement sévère en raison du jeune âge, de la participation de membres de la famille et du degré d’atrocité des tortures commises».
Dans son témoignage, Hélène Pelosse inclut la citation suivante d’Alexandre Lebreton, dont je parlerai plus loin :
«Les fonctions naturelles dissociatives et amnésiques de l’esprit humain peuvent être exploitées dans un but de manipulation et d’exploitation de l’individu. Si ce trouble de la personnalité fractionnée avec ses murs amnésiques n’est pas – ou si peu – enseigné dans les facultés de médecine et qu’il est systématiquement controversé et décrédibilisé par une élite d’experts, c’est parce qu’il est l’axe principal du contrôle mental pratiqué par certaines organisations occultes dominantes» («Franc-maçonnerie et schizophrénie», Alexandre Lebreton, page 89).
D’après la bande-annonce, le film «Les Survivantes» fait une référence appuyée à un fameux documentaire d’Élise Lucet diffusé sur France 3 en 2000. J’en parlerai également plus loin.
Dans son entretien avec Berkoff, Hélène Pelosse fait une révélation très importante : elle a, dit-elle, eu «une amnésie post-traumatique de 42 ans». Ce n’est qu’à 42 ans, précise-t-elle ensuite, qu’elle s’est souvenu des abus sexuels sataniques qu’elle a subis dans son enfance. Jusque-là, elle vivait une vie normale et même visiblement une carrière très réussie. C’est un traumatisme, apparemment causé par des menaces de morts dans son milieu professionnel, qui l’ont «ramenée dans son inconscient» et ont donc fait surgir les souvenirs d’abus sexuels durant sa petite enfance. Avant 2012, dit-elle, «je ne me souvenais de rien». Pour décrire l’émergence des souvenirs, elle précise : «Je ne me suis pas souvenu avec ma tête, mais avec mon corps». Elle ne le précise pas, mais comme on va le voir, il est probable que ces souvenirs soient survenus dans un contexte psychothérapeutique.
De quoi s’agit-il ? De son grand-père, franc-maçon satanique : «Il a commencé à faire des choses avec ma mère, qui ne se souvient bien sûr de rien, qui ne s’est jamais souvenu de rien». Puis ce grand-père s’en serait pris à ses petits-enfants, les frères et sœurs et cousins d’Hélène, qui eux non plus ne se souviennent de rien. Hélène est la seule de sa famille à se souvenir.
Dans son intervention à Genève, Hélène livre d’autres détails. Elle dit avoir été victime d’une «tentative de meurtre par ondes» avant qu’elle ne parle à Pierre Barnérias. Et après, «Ils m’ont brûlé le sexe à distance, toujours avec des ondes». Parmi «Les Survivantes», dit-elle, «certaines ont été violées dans des rituels sataniques où il y avait le président François Hollande», certaines torturées dans des rituels qui ont lieu sous la pyramide du Louvre avec le président Macron.
Elle révèle ensuite que les morts (les victimes de rituels sataniques, certaines découpées en morceaux) lui apparaissent pour lui demander de témoigner pour les libérer. Elle a parfois des visions dans lesquelles elle reconnaît les personnes «consacrées», par quoi elle entend des personnes programmées pour participer à ces rituels en tant qu’abuseurs : «Moi j’ai des visions comme ça, les consacrés, je les vois – dans le réel, il y a quelqu’un devant moi – et puis je vois, ils ont des pieds de boucs».
Visiblement très religieuse, elle fait part d’autres expériences surnaturelles. «Moi je prie l’Esprit saint et je lui dis, montre-moi, si la personne elle est sous contrôle mental, ou non».
Il me semble évident qu’Hélène Pelosse est sincère. Elle ne ment pas. Cependant, la question est : ses souvenirs sont-ils réels ? Pour se faire une opinion, il est indispensable de se familiariser avec les centaines de cas similaires de «souvenirs retrouvés» et avec les controverses qu’ils ont suscités sur la possibilité de «faux souvenirs».
Souvenirs d’abus rituels sataniques
Dans les années 90, des cas de jeunes femmes se souvenant, à l’âge adulte, avoir été soumis à des rituels sataniques, se sont multipliés aux États-Unis. Dans la très grande majorité des cas, ces souvenirs émergeaient soit dans le cadre d’une psychothérapie dite «régressive», utilisant des techniques hypnotiques, soit dans un cadre religieux.
Dans leurs «flashbacks», des centaines de patientes ont vu des scènes d’une obscénité et d’une violence inouïes, se passant dans un cadre satanique. Sous hypnose, elles se «remémoraient» avoir subi, dans leur enfance ou leur adolescence, des sévices et des tortures atroces au cours de rituels sataniques impliquant de nombreuses personnes de leur famille ou de leur entourage.
Sur la base de tels témoignages, la rumeur s’est répandue qu’un vaste réseau sataniste sévissait en Amérique ; leurs rituels comportaient des tortures, des viols collectifs et la consommation de chair humaine, notamment celle de bébés assassinés devant leur mère. Les satanistes possédaient des techniques de manipulation mentale leur permettant de faire oublier à leurs victimes tout ce qu’elles subissaient dans ces rituels nocturnes, de sorte que celles-ci menaient une vie d’apparence normale durant le jour.
La rumeur, relayée par les grands médias, prit une ampleur telle que le FBI fut mis sur l’affaire. Aucune trace n’a pu être trouvée des dizaines de milliers de fœtus et de bébés que les satanistes étaient réputés avoir massacrés. Mais, bien sûr, cela ne fit qu’agrémenter la rumeur du soupçon de la complicité du FBI.
La touche satanique des souvenirs récupérés avait été introduite en 1980 par un livre retentissant, «Michelle Remembers». Michelle Smith, une femme de vingt-sept ans, souffrait d’une dépression consécutive à trois fausses-couches, lorsqu’elle consulta le psychiatre Lawrence Pazder. Au bout de quatre ans de thérapie, Michelle commença à «se rappeler», dans une forme de transe hypnotique, des scènes dignes d’un film d’horreur. Encouragée par l’écoute attentive, fascinée et crédule de son psychiatre, elle finit par se convaincre qu’elle avait subi, lorsqu’elle avait cinq ans et durant plus d’une année, des sévices sexuels et des tortures entre les mains d’une secte satanique, menée par le diable en personne, et dont sa mère (décédée à l’époque de la thérapie) aurait été membre. «Ses souvenirs profondément enfouis, restés virtuellement intacts durant vingt-deux ans, ont fait surface avec une pureté qui est un phénomène en soi», commente le docteur Pazder. Entre autres choses, Michelle aurait été enfermée nue dans une cage pleine de serpents, ou encore enterrée vivante dans une tombe ; elle aurait été témoin du massacre de plusieurs bébés et de fœtus humains, et elle aurait été forcée de commettre des actes sexuels d’une rare obscénité. Après chaque événement, un mécanisme de refoulement programmé par la secte serait entré en action, si bien que Michelle aurait continué une vie d’apparence normale et aurait tout oublié jusqu’à sa vingt-septième année (tandis que ses deux sœurs, elles, n’ont jamais rien remarqué). «Michelle Remembers» fut un immense succès de librairie, et fut largement responsable de la satanic panic des années 90.
Certaines églises évangéliques américaines, obsédées par le démon, ont fait grand usage des souvenirs récupérés de SRA (Satanic Ritual Abuse). Plusieurs psychothérapeutes qui ont aidé des patients à produire des faux souvenirs de satanisme étaient des pasteurs évangéliques, ou pratiquaient dans un cadre religieux. Parmi la littérature chrétienne, on retiendra «Dance With the Devil», un témoignage par Audrey Harper, une chrétienne born-again qui se «rappelle» avoir été plusieurs fois fécondée pour mettre au monde des bébés destinés à être consommés lors de rituels sataniques.
Histoires vraies de faux souvenirs
La controverse sur les «souvenirs retrouvés» avait commencé avant le livre de Michelle Smith, dans le contexte de la vogue des psychothérapies régressives («Recovered Memory Therapies»), qui ont en commun de chercher la clé des problèmes psychologiques présents dans les souvenirs traumatiques refoulés de l’enfance, et d’utiliser pour cela l’hypnose ou des techniques approchantes, qui provoquent un état de conscience modifiée, hautement suggestionnable. Le phénomène touche très majoritairement des femmes.
Voici l’histoire typique de Olivia McKillop. Dans les années 1970 Olivia avait toujours été une enfant heureuse et épanouie. Pourtant, durant sa dernière année de lycée, elle sombra dans une dépression et entama une thérapie avec Tricia Green. Dès la fin de la première séance, sans que Olivia ait évoqué le moindre abus de la part de ses parents (elle se plaignait plutôt d’avoir été trop protégée et choyée), la psychothérapeute lui confia un livre destiné aux adultes qui ont subi des abus sexuels durant leur enfance mais l’ont oublié. Ce livre était «The Courage to Heal», de Ellen Bass et Laura Davis, paru en 1988 et vendu à plus de deux millions d’exemplaires.
Sous l’influence de cette lecture et des questions orientées de sa psy aux séances suivantes, Olivia se sentie entraînée dans un autre monde. «Progressivement, j’ai commencé à voir ma famille comme vraiment abusive et dysfonctionnelle». Puis Tricia Green la conduisit à travers des séances de visualisation guidée, pour «faire remonter le passé». Elle se concentra sur une scène banale de son enfance : un jour à la garderie, un réparateur était venu s’occuper du piano. «Et soudainement, j’ai visualisé qu’il se couchait sur moi. J’imaginais cet homme en train d’enlever mon pantalon et mon pull et se mettre à me lécher et à m’embrasser partout».
Ce «flashback», comme l’appela sans hésitation Tricia Green, bouleversa Olivia. Après cette séance, Olivia acheta d’autres livres sur les abus sexuels, le refoulement et les souvenirs «récupérés». Elle en fut profondément affectée. «Lorsque je me rendis à mon rendez-vous suivant, j’avais endossé l’identité d’une «rescapée de l’inceste» (incest survivor), et il n’y avait plus de retour possible».
Au fil des séances, de nouveaux «flashbacks» l’assaillirent. «Finalement, je me suis mise à croire que j’avais été molestée par six hommes en tout, y compris mon grand-père, mon père et mon frère Jerry». Olivia passa ainsi deux ans en thérapie. Elle quitta ses études et déménagea loin de ses parents. Toute sa vie et l’image qu’elle se faisait d’elle-même étaient maintenant dominées par la certitude d’avoir subi d’atroces sévices sexuels de la part de sa propre famille.
Un premier doute sérieux la frappa lorsqu’un enfant se confia à elle (elle était, cet été-là, animatrice dans un camp d’enfant) : «Mademoiselle, mon Papa fait quelque chose de mal avec moi, parce qu’il dort avec moi dans mon lit». En regardant cet enfant, Olivia réalisa que, dans son enfance, elle n’avait jamais éprouvé la souffrance et la confusion qu’elle lisait maintenant dans ce visage. Grâce au soutien de quelques amis qui, la connaissant depuis longtemps, ne croyaient pas à ses histoires d’abus sexuel, Olivia parvint à retrouver sa raison et prit conscience d’avoir été manipulée par sa thérapeute. Lorsqu’elle entendit parler du phénomène des «faux souvenirs», ce fut une révélation. Aujourd’hui, elle a renoué avec ses parents et son frère, qui lui ont pardonné ses accusations.
Son cas est tout sauf rare. Des dizaines d’autres sont rapportés dans le livre de Mark Pendergrast, «Victims of Memory» (HarperCollins, 1996), le plus complet des livres publiés sur le phénomène des «faux souvenirs». D’autres cas sont rapportés dans «Le Syndrome des faux souvenirs», écrit par Elizabeth Loftus, spécialiste de la mémoire et présidente de l’American Psychological Association avec l’aide de Katherine Ketcham (Exergue, 1997. J’ai moi-même fait traduire ce livre en français et l’ai publié en 1997 aux Éditions Exergue que j’avais créées. J’ai par ailleurs écrit quelques articles sur ce sujet, que j’ai beaucoup exploré.
Aucun des auteurs qui ont exploré et dénoncé le phénomène des faux souvenirs induits par régression hypnotique ne remet en question l’ensemble des témoignages de victimes d’inceste, ni même le fait que des souvenirs d’abus sexuels dans l’enfance puissent être réellement enfouis pour surgir brutalement à la conscience à l’âge adulte. Le phénomène a été documenté et théorisé par Pierre Janet entre 1885 à 1887.
Il faut se garder de généraliser, mais ce qui est en cause dans la controverse sur les faux souvenirs sont les visions obtenues par des techniques de «régression» relevant de l’hypnose, généralement accompagnées de suggestions de la part de thérapeutes. Ce qui est également en cause est une conception quasi informatique de la mémoire humaine, très éloignée du modèle développé par Janet. Selon Janet, la «dissociation» ne s’apparente pas à l’enregistrement de souvenirs préservés de façon fidèle dans l’inconscient ; il s’agit plutôt de contenus psychiques chargés d’émotions négatives, qui prennent une vie autonome sous le seuil de la conscience ordinaire. Par ailleurs, Janet n’a jamais utilisé ni recommandé l’hypnose pour retrouver des souvenirs, car l’on s’avait déjà à son époque que l’hypnose pouvait générer de faux souvenirs.
Le scénario classique en question est le suivant. Une jeune femme consulte un psychothérapeute pour un problème relativement bénin (crise conjugale, problème de poids, dépression, etc.). Le psy, adepte de la théorie selon laquelle l’inceste explique tout, influence sa cliente dans ce sens et l’encourage à retrouver des «souvenirs refoulés», la soumettant pour cela à des conditionnements émotionnels divers, et souvent à des séances d’hypnose. La patiente finit par produire des «souvenirs» d’inceste. Au fil des séances, de nouveaux souvenirs apparaissent, de plus en plus atroces, allant éventuellement jusqu’à des scènes de viols collectifs, de meurtres rituels, de cannibalisme. Les thérapeutes qui accompagnent les patientes dans cette descente aux enfers soutiennent que les scènes visualisées correspondent à des événements réels de la vie de la patiente, dont le souvenir aurait été massivement «refoulé» (repressed). Mais loin d’avoir résolu son problème initial, la patiente se transforme en victime paranoïaque, et il n’est pas rare qu’elle finisse à l’hôpital psychiatrique, après avoir traîné ses proches au tribunal sous les accusations les plus horribles.
Certaines de ces patientes, de plus en plus nombreuses à mesure que le phénomène des faux souvenirs a été mieux connu, finissent par remettre en doute leurs «souvenirs» et parfois se retournent en justice contre leurs thérapeutes. Comme Olivia McKillop, elles passent du camp des incest survivors à celui des retractors. Selon leurs psychothérapeutes, elles ont cédé à la pression sociale et à la honte. Fuyant devant leur réalité intérieure et familiale, elles préfèrent retourner dans le «déni», sorte de refoulement bis.
Mais les «rétracteurs», eux, ne voient pas les choses ainsi : elles pensent avoir été victimes de manipulation mentale de la part de leurs psychothérapeutes. Les «flashbacks» qu’elles ont pris un temps pour des souvenirs réels n’étaient en fait que des productions de leur esprit, déclenchées par suggestion hypnotique, mais aussi par leur propre désir de satisfaire leur thérapeute et de trouver une explication à leur problème. Nombre de ces ex-patientes (ce sont très majoritairement des femmes) se sont regroupées en association et publient une lettre d’information, «The Retractor». Certaines ont publié leurs témoignages, comme Meredith Maran, auteure de «My Lie : A True Story of False Memory»(2010).
Le débat est loin d’être clos. Peu de psychothérapeutes ont fait amende honorable. La plupart crient au complot, et s’efforcent de convaincre leurs patientes que les gens qui parlent de «faux souvenirs» sont motivés par une idéologie réactionnaire et veulent perpétuer le déni de l’inceste. La False Memory Syndrome Foundation est accusée d’être une couverture pour les pédophiles. Tout au long des années 1990, le sujet a secoué et divisé la profession des psychiatres et psychothérapeutes, qui restent encore incapables, d’un côté comme de l’autre, de donner une explication pleinement satisfaisante des phénomènes.
Depuis 1994, plusieurs livres ont commencé à répercuter l’opinion des sceptiques, à explorer l’hypothèse des «faux souvenirs» (pour une première approche, lire cet article). Il ne s’agit pas, pour leurs auteurs (comme Elizabeth Loftus ou Mark Pendergrast), de nier la réalité des abus sexuels d’enfants. Cette réalité est courante et effrayante, et personne ne cherche à la minimiser. Précisément, soulignent ces auteurs, la mascarade des faux souvenirs d’inceste nuit fortement au combat légitime des vraies victimes d’inceste. Il ne s’agit pas non plus d’affirmer que tous les souvenirs obtenus sous hypnose sont faux, mais d’aborder le phénomène avec beaucoup plus de prudence.
Voici un autre récit de «rétracteur», tiré comme celui de Olivia McKillop du livre de Mark Pendergrast.
«Laura Pasley est l’une des premières à avoir gagné son procès contre son thérapeute, Steve. Elle était allée le consulter pour tenter de résoudre sa boulimie et son obésité. «Dès ma première séance, en 1985, Steve me demanda si j’avais jamais été abusée sexuellement. Je lui ai dit que c’était le cas. Lorsque j’avais neuf ans, à la piscine, un garçon que je ne connaissais pas avait mis son doigt dans mon vagin, à travers mon maillot de bain, sous l’eau». Mais cet incident, qui avait fortement marqué Laura et dont elle se rappelait parfaitement, n’intéressait guère Steve. «Il m’a dit que je devais découvrir des choses enfouies plus profondément. Il m’a dit que, puisque j’avais un trouble alimentaire, cela signifiait automatiquement que j’avais été sérieusement molestée. Nous sommes donc partis à la recherche de souvenirs enfouis»».
De relaxations en visualisations, les «souvenirs» ont effectivement commencé à émerger. Laura fit bientôt apparaître dans son esprit des visions de sa mère pénétrant ses organes sexuels avec ses doigts, puis avec un cintre. Son thérapeute lui conseilla de participer à une thérapie de groupe qu’il dirigeait. L’effet de groupe est propice aux flashbacks. Il s’y produit une forme de transe collective, où les «souvenirs» et les ressentiments de chacun stimulent les autres. «J’avais ces flashbacks horribles de recevoir des lavements froids et des objets divers insérés dans mon vagin. Une autre fois, je vis mon frère et ses amis me pendre par les pieds. (…) Finalement, je vis des scènes de viol collectif et de viol par des animaux». L’état de santé de Laura ne s’arrangeait pas. Mais Steve la rassurait : il fallait que son état empire avant de s’améliorer.
Comme bien d’autres, Laura commença à s’éveiller de ce cauchemar lorsqu’elle entendit parler des «faux souvenirs». «C’était comme si une lumière s’était allumée dans ma tête. Lorsque j’ai réalisé ce qui s’était passé, j’ai appelé un bon psychologue. Je lui ai dit : «Ces flashbacks semblaient si réels ; ils étaient vraiment réels». Elle me répondit : «Ils étaient réels, mais pas la réalité». Je n’ai jamais oublié ces paroles». Laura passa le mot aux autres femmes du groupe. «Maintenant, nous avons toutes arrêté, sauf une fille, qui est vraiment un cas tragique. Elle a accusé sa mère de rituel satanique, et d’avoir assassiné sa sœur jumelle à la naissance. Peu importe qu’il n’y eût qu’une seule naissance enregistrée sur le certificat : elle pense que la secte satanique a trafiqué le certificat».
Aussi incroyable que cela paraisse, des cas comme ceux de Olivia McKillop et de Laura Pasley se comptent par dizaines de milliers aux États-Unis. Beaucoup ont d’abord accusé leurs parents, encouragés par leurs psychothérapeutes qui considèrent cette démarche comme libératrice. Et bon nombre sont allés jusqu’à les attaquer en justice. Il y a dix ans à peine, plusieurs de ces procès ont abouti à des condamnations de parents, sur la base exclusive de «souvenirs» déclenchés sous hypnose vingt ou trente ans après les faits supposés.
Le reportage de Élise Lucet
Le dossier des faux souvenirs concerne aussi les enfants. Dans «Le Syndrome des faux souvenirs», Elizabeth Loftus démontre qu’il est facile de générer des faux souvenirs chez les enfants. De plus, les enfants ont tendance à croire à leurs propres affabulations si les adultes y croient. Sur ce sujet comme sur d’autres, il est imprudent d’énoncer des généralités, il faut discuter au cas par cas, et il faut tenir compte du contexte : il n’est pas rare que des enfants de couples divorcés très conflictuels, soient manipulés (même inconsciemment) par leurs mères. Cela semble être le cas des enfants Pierre et Marie qui sont au centre du fameux documentaire de Élise Lucet diffusé sur France 3 en 2000, dont le documentaire de Pierre Barnérias semble faire grand usage. Quelques recherches permettent de comprendre que, si ce reportage a disparu du site de France 3, c’est simplement parce qu’il est si malhonnête qu’il a dû susciter des poursuites judiciaires bien méritées. Il déforme certains faits et omet des informations et des expertises (psychologiques et physiques) cruciales qui ont justifié le non-lieu. Voir ici.
À mon sens, le témoignage de la petite Marie (10 ans au moment des «faits», 12 ou 13 ans au moment du reportage) n’est tout simplement pas crédible. Celui de son petit frère, visiblement entraîné par sa sœur, l’est encore moins. Les experts interrogés sont tout sauf convaincants : le psy Pierre Sabourin avec son divan, qui passe 3 ans à faire dessiner les enfants, le pédopsychiatre Philippe Mazet qui a pour unique argument qu’il n’a «pas du tout, mais alors pas du tout du tout l’impression que les enfants affabulent», et le sociologue Paul Ariès avec sa théorie débile «c’est inimaginable donc c’est vrai» (autrement dit, plus c’est gros, plus ça passe !).
Encore une fois, je n’en tire aucune conclusion générale. J’incite simplement chacun à faire usage de son sens critique, et de développer un peu de méthodologie et de rigueur d’analyse.
MK-Ultra selon Alexandre Breton
Je voudrais insister maintenant sur une importante leçon pratique à tirer de ce dossier : le scepticisme s’impose lorsque des phénomènes de «souvenirs retrouvés» sont invoqués dans le dossier MK-Ultra, comme c’est le cas dans le livre de Alexandre Lebreton, «MK Ultra. Abus rituels et contrôle mental», un livre qui produit plus de confusion que d’éclaircissement par son manque de discernement.
Lebreton fait une grande place aux souvenirs d’abus sexuels retrouvés lors de séance de thérapie hypnotique. Il n’est pas troublé par le fait que, dans la plupart des cas de ce type, les «souvenirs retrouvés» vont s’élaborer au fil des séances. La patiente va d’abord se persuader qu’elle a vécu «des trucs incestueux», et après s’être documentée, finit par se souvenir de programmation Monarch. Ainsi Lebreton rapporte au sujet de Brice Taylor, traitée par la thérapeute Catherine Gould, «qui l’a beaucoup aidée. Ce sont d’abord les abus sexuels dans l’enfance qui sont remontés, puis les souvenirs d’abus rituels sataniques et enfin les mémoires concernant la programmation MK».
Jamais Lebreton ne considère la possibilité que de tels «souvenirs» soient au contraire le produit d’un trouble de la personnalité, aggravé par des pratiques dangereuses d’hypnothérapies. N’est-ce pas pourtant une hypothèse à prendre en compte ? On admet facilement que certaines de ces patientes qui élaborent des scénarios complexes d’abus durant leur petite enfance ont réellement été abusées d’une manière plus classique, ou ont été perturbées par une atmosphère familiale toxique, incluant peut-être un «secret de famille», et que cela ait causé une fragilité. Parfois, le traumatisme ne se situe pas dans l’enfance. Ainsi en est-il de Claudia Mullen, mentionnée par Lebreton : j’apprends, en quelques clics, que ses «souvenirs» d’enfance sont «remontés» après que, ayant subi un viol à l’âge adulte, elle entra en thérapie en 1992 avec Valérie Wolf. Cette dernière estima qu’elle avait les symptômes du survivant d’inceste, la mit sous hypnose, et l’aida à produire les «souvenirs» souhaités. Dans certaines conditions, un traumatisme physique avec hospitalisation peut déclencher des troubles mentaux, qui vont s’aggraver en thérapie : «En 1985 et en 1987 Brice Taylor, écrit Lebreton, a eu deux graves accidents. Ce sont les chocs provoqués par ces accidents qui ont commencé à faire remonter les souvenirs de son passé… beaucoup de souvenirs».
Loin de moi l’idée que tous les «souvenirs» produits sous hypnose s’expliquent facilement. Chaque cas est particulier, et certains sont extrêmement troublants, démontrant des facultés et des fragilités de l’âme humaine qui sont hors du commun. Mais ce qui est problématique, c’est l’empressement des auteurs de littérature à succès à faire rentrer tous les cas dans un grand sac unique auquel ils attachent l’étiquette qui leur plaît – l’étiquette MK-Ultra dans le cas de Lebreton.
Lebreton s’inscrit dans une école lancée par un livre paru en 1995, dont le titre français est «L’Amérique en pleine transe-formation», et dont le sous-titre anglais est «The true life story of a CIA mind control slave». Dans ce livre, Mark Phillips raconte comment il arracha Cathy O’Brien et sa fille d’un réseau gouvernemental qui avait fait d’elles des esclaves sexuelles. Sur la page Amazon du livre on lit que «C. O’Brien est une ancienne victime des expériences gouvernementales américaines de contrôle de l’esprit et a pu recouvrir ses ‘mémoires’ grâce aux travail et soutien de son compagnon Mark Phillips». Les «expériences gouvernementales» pratiquées sur Cathy depuis son plus jeune âge aurait fractionné son esprit en personnalités multiples, de sorte que, écrit-elle : «J’avais une personnalité pour la pornographie, une personnalité pour la bestialité, une personnalité pour l’inceste, une personnalité pour résister aux horribles abus psychologiques de ma mère, une personnalité pour la prostitution, et le reste de ‘moi’ fonctionnait un peu ‘normalement’ à l’école». Cathy, donc, fonctionnait à peu près normalement à l’école, c’est pourquoi ni ses proches ni elle-même n’avaient rien remarqué. La manière dont Phillips aida Cathy à «récupérer» ses souvenirs est sans surprise :
«Mon plus grand défi était d’apprendre à contrôler l’état de transe constant de Cathy pendant qu’elle mettait ses souvenirs par écrit. (…) grâce à mes propres recherches intensives en hypnothérapie, j’ai appris à contrôler les états de transe de Cathy. Je considérais cela comme une façon de la déshypnotiser. J’en vins à être considéré par les médecins de santé mentale comme un «expert» dans l’application de cet outil clinique peu utilisé pour récupérer la mémoire».
Phillips est souvent décrit comme «un familier de la CIA», mais rien n’étaye cette prétention, et son récit me fait l’impression d’un tissu d’affabulations de la part d’un personnage trouble, qui ne cache d’ailleurs pas ses fréquentations criminelles. Il me semble probable que c’est Phillips, et non la CIA, qui a fait de Cathy O’Brien son esclave par l’hypnose, dans un but à la fois narcissique et mercantile.
Le manque de recul critique de Lebreton par rapport à ce cas et tant d’autres provient en partie de sa conception de la mémoire humaine sur le modèle du disque dur d’ordinateur, programmable et compartimentable :
«Nous pouvons ainsi comprendre que l’esprit d’un individu est potentiellement programmable tel un ordinateur avec des fichiers et des codes d’accès. Ce phénomène de fracturation de la personnalité est la pierre angulaire des abus rituels car il ‘déverrouille’ la psyché qui devient alors accessible pour y intégrer une programmation».
Mais les limites de Lebreton viennent surtout du paradigme religieux qui domine sa vision du monde, et que résume bien cette phrase : «La puissance spirituelle ne peut venir que de deux sources : Jésus-Christ ou Satan…». Mon expérience me dit qu’on ne peut attendre aucune rationalité sérieuse de la part de quelqu’un qui pense ainsi. Le paradigme de Lebreton, emprunté à un traditionalisme d’inspiration évangélique, détermine son regard sur les religions non-chrétiennes. Son chapitre 2 est un bric-à-brac informe de clichés assimilant toutes les religions antiques au satanisme, «sans oublier le druidisme celtique», et la gnose, bien sûr, et ainsi de conclure que MK-Ultra n’a rien inventé. Ainsi, «le «Livre des Morts Égyptien» est un des premiers écrits faisant référence à l’utilisation de l’occultisme pour de la manipulation mentale». Ou encore : «Le culte à Mystères d’Éleusis utilisait dans ses rituels une potion sacrée appelée Kukeon qui contenait de l’ergot de seigle et qui se rapprochait beaucoup du LSD actuel (puissant hallucinogène)». Et ce grotesque contresens : «Dans le texte Gnostique intitulé «Gospel of Phillip» (sic), il est mentionné que «Dieu est un mangeur d’homme. C’est pour cette raison que les hommes sont (sacrifiés) à lui»». Avec une telle méthode, on pourrait facilement démontrer que les chrétiens mangent des bébés. Comme tous les chrétiens arque-boutés sur «la parole de Dieu», Lebreton a intériorisé la jalousie du dieu des juifs : «Le polythéisme des Mésopotamiens, des Sumériens, des Assyriens, des Perses et des Babyloniens était complètement lié aux entités démoniaques». Il assimile tout ça à la «religion sans nom», autrement dit le satanisme. C’est en effet Satan qui gouverne le monde, par les Illuminati :
«Satan aurait donc un plan établi pour régner sur terre et il utiliserait certains humains (lui vouant un culte) comme catalyseurs pour mettre en place son projet terrestre, des humains passés par la contre-initiation, une inversion de la sanctification aboutissant à des pouvoirs et des connexions d’ordre surnaturel… Il est intéressant de noter ici que la franc-maçonnerie se réfère également à de mystérieuses entités d’une autre dimension qui inspirent (pour ne pas dire qu’elles dictent) ses propres actions pour la mise en place de l’Ordre mondial. Les Illuminati, ou encore ceux qui composent «l’élite dirigeante» de la planète, semblent eux aussi avoir très vite compris l’avantage qu’ils pouvaient retirer de ces techniques pour dominer le monde. En fait, les Chrétiens auront reconnu que derrière ces techniques et ces tortures abominables, se cache la main de Satan, qui veut réduire l’humanité en esclavage, et se faire adorer comme Dieu, sous la forme de l’Antichrist (sic) annoncé par la Bible».
Remarquons que, si Lebreton déteste toutes les religions sauf le christianisme, le judaïsme ne semble pas lui poser de problème. Il fait l’impasse sur les rituels juifs sataniques, qui ont pourtant fait l’objet de travaux historiques, notamment par Ariel Toaff dans «The Bloody Satanic Sacrifice Rituals of the Jewish Race» (lire cet article de Ron Unz). Rien non plus, évidemment, sur la circoncision au huitième jour, véritable rite traumatique.
Par un autre réflexe qui ne surprend pas, Lebreton projette son prisme satanique sur les nazis. Comme dans «Out of Shadows», on a droit à l’amalgame entre Paperclip et MK-Ultra. L’ayant lu dans toutes ses sources, Lebreton est convaincu que MK-Ultra est peuplé de nazis, et ignore qu’à sa tête se trouvait un fils d’immigrants juifs hongrois (Sidney Gottlieb, Joseph Scheider de son vrai nom), et que parmi ses collaborateurs figuraient des gens comme John Gittinger, Harris Isbell, James Keehner, Lauretta Bender, Albert Kligman, Eugene Saenger, Chester Southam, Robert Lashbrook, Harold Abramson, Charles Geschickter et Ray Treichler – tous juifs. Voici un échantillon des méthodes de raisonnement de Lebreton. Il nous informe que les nazis mettaient du fluor dans l’eau des camps de concentration. «Les nazis n’utilisaient évidemment pas ce produit pour améliorer la santé dentaire de leurs prisonniers, bien sûr que non, cette médication massive des réserves d’eau en fluor servait à stériliser les prisonniers et à les abrutir pour s’assurer de leur docilité». Lebreton ne réalise même pas qu’il se contredit avec la phrase qui suit immédiatement : «Le chimiste Charles Perkins fut un des premiers à dénoncer les effets nocifs de la fluoraison de l’eau potable dans un essai qu’il publia en 1952».
Les arguments de Lebreton sont souvent de ce niveau, et rendent son livre inutilisable. Encore un exemple : dans son premier chapitre, portant sur l’Institut Tavistock, Lebreton se base sur des auteurs comme John Coleman et Jim Keith, adeptes des théories les plus délirantes. Il reprend au premier l’idée que le succès des Beatles est un complot Illuminati, ou que Jimmy Carter était un «candidat Mandchou» programmé par son psychiatre de Tavistock. Lorsqu’il cite (de seconde main) des savants impliqués dans la recherche sur la psyché humaine, Lebreton leur fait des procès d’intention, comme si toute recherche sur la manipulation mentale était ouvertement ou secrètement au service de la manipulation mentale. Par exemple, il cite William Sargant, qui explique les principes du lavage de cerveau dans «The Battle for the Mind : A Physiology of Conversion and Brain-Washing» (1957), en laissant entendre que ce professeur recommande ou expérimente le lavage de cerveaux, ce qui est totalement faux, comme il est facile de le vérifier. Avec de telles méthodes, on pourrait facilement «démontrer» que Lebreton fait lui aussi l’apologie de la manipulation mentale. Et d’ailleurs, il me semble bien que, comme toute la sous-culture américaine qu’il véhicule, son livre a un côté manipulatoire et donc contreproductif par rapport à son objectif affiché. Tout n’est pas à jeter chez Lebreton, car il a aussi lu quelques livres sérieux. Le sien aurait pu faire une synthèse utile s’il était deux fois moins épais et se limitait aux informations puisées dans des sources crédibles. Malheureusement, le tri est difficile à faire.
Pour aller plus loin
Cet article reprend des éléments d’un article précédent paru sur E&R, dont j’ai omis ici la première partie, sur le cas édifiant de la famille Ingram, ravagée par des faux souvenirs d’inceste satanique produits au départ dans le cadre de retraites évangéliques. L’article aborde aussi les «faux souvenirs» de vies antérieures, et les «faux souvenirs» d’abductions par des extra-terrestres, qui sont presque toujours provoqués également par des techniques «régressives», c’est-à-dire hypnotiques.
• https://www.egaliteetreconciliation.fr/La-fabrique-des-faux-souvenirs-et-le-dossier-MK-Ultra
J’ai aussi produit, sur E&R, une analyse du documentaire Out of Shadows, paru en 2022 sur le même sujet. J’y aborde la dimension politique du sujet, qui a été exploité par le mouvement Q-Anon, qui était essentiellement un PSYOP de l’équipe de Trump.
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Merci pour cet article très documenté, très riche, très instructif.
J’ai un “bémol” , un très gros bémol : l’auteur emploie le vocable “psychothérapeute” à de nombreuses reprises; à l’évidence, il s’agissait de psychanalystes. Ce sont ces derniers/dernières, au nom de leurs croyances induites par la psychanalyse, et utilisant la prise de pouvoir sur leurs “client(e)s/patient(e)s” , la dépendance psychologique qu’ils induisent chez ceux-ci et celles-ci, qui fabriquent ces faux souvenirs.
En aucun cas, il ne s’agit d’une démarche psychothérapeutique : les psychothérapeutes, et en particulier les hypnothérapeutes, formé(e)s à l’hypnose que je qualifierai de “moderne”, l’hypnose éricksonienne, non seulement ne sont jamais dans une démarche de prise de pouvoir sur leurs client(e)s/patient(e)s, mais, au contraire, sont dans une démarche destinée à (re)donner à la personne qui les consulte le pouvoir sur son fonctionnement psychologique personnel.
Votre confusion sémantique est donc extrêmement trompeuse et en devient grave.
J’ai dit,
Jérôme Lefrançois (médecin et praticien en hypnose éricksonienne)