Lomé, Togo – La Grande Loge Nationale Togolaise (GLNT) a récemment procédé à l’installation de son nouveau Grand Maître Julien Pitassa Kao, marquant un tournant significatif dans l’histoire de la franc-maçonnerie au Togo. Cet événement, qui s’inscrit dans une tradition séculaire de renouvellement de la direction des loges maçonniques, a suscité un intérêt considérable tant à l’échelle nationale qu’internationale.
Une Longue Histoire de Discorde
La GLNT n’a pas été épargnée par les tensions internes au cours des dernières années. La loge a connu une période de crise marquée par des conflits de leadership, des luttes de pouvoir et des divergences sur la gestion et l’orientation de l’institution. Ces tensions ont parfois débordé dans le domaine public, menant à des procédures judiciaires et des tentatives de réconciliation qui n’ont pas toujours abouti. La dernière élection du Grand Maître a été particulièrement controversée avec des allégations d’achat de conscience et des boycotts par certains membres dissidents
L’Installation du Nouveau Grand Maître
Comme le relatait notre édition du 28 février 2023, le Frère Ignace Anani Clomegah était passé à l’Orient Éternel. Le Frère Julien Pitassa Kao qui assurait l’intérim a été élu comme nouveau Grand Maître de la GLNT, une élection qui a eu lieu malgré le boycott de plusieurs factions dissidentes. Sa nomination a été validée par une majorité des membres présents.
Il a été officiellement installé par Yves Pennes, le nouveau Grand Maître de la GLNF, lors d’une cérémonie à Lomé le samedi 18 janvier dernier. Cette cérémonie a vu la participation de diverses loges sœurs venant de pays comme le Maroc, le Ghana, le Bénin, le Congo, le Sénégal, la Guinée et le Mali, soulignant l’importance de ce moment non seulement pour le Togo mais aussi pour la communauté maçonnique francophone africaine.
Contexte et Implications
La franc-maçonnerie en Afrique, en particulier dans les pays francophones, joue souvent un rôle significatif dans les réseaux de pouvoir et d’influence. Au Togo, comme dans d’autres nations, les francs-maçons sont souvent associés à des figures politiques, économiques et militaires influentes. L’élection d’un nouveau Grand Maître n’est donc pas seulement une question de direction interne de la loge mais peut aussi avoir des répercussions sur les dynamiques de pouvoir au sein du pays.
Les loges maçonniques africaines, bien que souvent discrètes, sont fréquemment au cœur de discussions sur leur influence sur les décisions politiques, l’économie et la société civile. La Grande Loge Togolaise, en particulier, a été impliquée dans des tentatives de médiation politique et de consolidation sociale à diverses époques de l’histoire togolaise.
Perspectives d’Avenir
Avec l’installation de Julien Pitassa Kao, la GLNT espère tourner la page sur les conflits passés et se concentrer sur une nouvelle ère de stabilité et de progrès. Toutefois, la question du temple de Djidjolé, un lieu symbolique et contentieux pour la loge, demeure un point sensible qui pourrait raviver les anciennes tensions. Les dissidents ont déjà manifesté leur désaccord en adressant des courriers au maire de Lomé pour contester la gestion de ce temple, ce qui laisse présager des défis à venir pour le nouveau Grand Maître.
L’installation du nouveau Grand Maître de la Grande Loge Nationale Togolaise est un événement qui reflète non seulement la dynamique interne des loges maçonniques mais aussi les complexités de l’influence maçonnique dans la gouvernance et la société africaine. Julien Pitassa Kao aura la lourde tâche de naviguer dans ces eaux tumultueuses, de réconcilier les factions internes et de diriger la GLNT vers un avenir plus harmonieux.
L’avenir dira si cette nouvelle direction pourra ramener la sérénité et la prospérité à la GLNT, ou si les anciennes querelles continueront de marquer l’histoire de la franc-maçonnerie au Togo.